13 novembre 2013

La loi du moindre effort


La loi du moindre effort
Par Chikung
Paperblog, 15 avril 2009

Pour comprendre cette maxime, il est important de savoir que le cerveau apprend et fonctionne à son meilleur quand nous mettons le moins d’effort possible pour faire quelque chose. Pendant des milliers d’années, les maîtres taoïstes ont mis l’accent sur ce principe en recommandant de ne pas utiliser plus de 60 à 70 % de notre capacité pour accomplir nos tâches physiques et spirituelles. La loi psychophysique de Weber-Fechner donne une raison précise pour laquelle ce principe est si important : «les sens sont organisés pour remarquer la différence entre deux stimuli plutôt que de remarquer l’intensité absolu d’un stimulus». Quand nous mettons tous nos efforts à faire quelque chose, quand nous accordons une force inutile à l’accomplissement de nos objectifs, notre corps tout entier finit en général par être tendu. Et cette tension fait en sorte que notre cerveau et notre système nerveux sentent plus difficilement les subtiles impressions sensorielles qui nous permettraient de réaliser nos intentions de la façon la plus créative possible.

La loi du moindre effort n’est cependant pas une échappatoire pour la paresse. Notre santé, notre bien-être et notre croissance personnelle ont besoin d’un équilibre dynamique entre tension et relaxation, entre yang et yin. Ils dépendent aussi de notre capacité de savoir, par le truchement de notre senti intérieur et de nos sens extérieurs, ce qui est nécessaire ou non dans nos efforts et nos actes. Pour sentir clairement, il faut que nous soyons capables de faire l’expérience d’une partie ou d’une dimension de nous qui est paisible, dégagée et libre de toute tension. C’est la sensation d’impressions subtiles émanant de cet espace plus détendu qui nous permet d’observer et de laisser aller les tensions inutiles dans d’autres parties de nous. En bref, pour agir efficacement, il faut être détendu. Mais cette détente intérieure ne doit pas être un «effondrement» de notre corps ou de notre conscience. Il s’agit plutôt de la «relaxation vigilante» du chat. Ce genre de relaxation permet au degré approprié de contraction de se faire dans toute situation donnée. Il s’agit de la tension vitale que nous appelons «tonus».

Le pouvoir de la liberté de perception

Il existe de nombreuses raisons évidentes pour lesquelles nous devons apprendre à laisser aller la tension inutile. Cependant, une raison qui est souvent passée sous silence est que la relaxation libère le cerveau et lui permet de remarquer un spectre plus vaste et plus subtil de données et d’impressions, ainsi que d’y réagir. Cette augmentation de liberté de perception s’avère une des contributions majeures à notre santé étant donné qu’elle permet au cerveau et aux autres systèmes du corps de faire un usage maximum de leur pouvoir pour cerner les problèmes et y réagir de façon appropriée. Les hormones, les enzymes, les endorphines, les lymphocytes T et les neuropeptides produits par le cerveau et le corps changent énormément si nous réussissons à voir les choses sous d’autres angles. En d’autres termes, cela veut dire que nos énergies ne sont pas verrouillées dans de vieux scénarios mais qu’elles sont libres de réagir aux possibilités et aux besoins réels du moment.

Il existe une merveilleuse histoire taoïste qui illustre à la perfection l’importance de la liberté de perception. Un homme marchait péniblement le long d’une route poussiéreuse, avec sur son épaule son long bâton au bout duquel étaient accrochées toutes ses possessions. Le conducteur d’une charrette tirée par un cheval vit l’homme et lui offrit de monter à l’arrière de la charrette. L’homme accepta en remerciant le conducteur avec reconnaissance. Alors que l’attelage avançait cahin-caha sur la route, le conducteur entendit du bruit venant de l’arrière de sa charrette. En se retournant, il vit que, le bâton toujours sur son épaule, l’homme était brinquebalé d’un côté à l’autre de la charrette. «Pourquoi ne déposez-vous pas votre bâton et ne vous détendez-vous pas un peu?» lui suggéra le conducteur. «Je ne veux pas ajouter de poids à votre charrette déjà si chargée», lui répondit sincèrement l’homme qui essayait de toutes ses forces de garder son équilibre.

Quiconque a étudié un art martial, le Thaï Chi, le Chi Kung, la danse, etc., sait que le corps est capable d’une intelligence, d’une sensibilité et d’une agilité remarquables quand nous réussissons à nous débarrasser des tensions inutiles. Il y a une légende qui raconte qu’un maître de Thaï Chi était si détendu et si sensible aux forces l’entourant et l’habitant que tout son corps ondulait quand une mouche se posait sur son épaule. Et il y a cette légende d’un autre maître sur la main duquel un oiseau venait souvent se poser. Chaque fois que le maître sentait l’oiseau se tendre pour prendre son envol, il détendait simplement sa main et l’oiseau n’avait plus rien de solide d’où s’élancer. Même si ces légendes semblent provenir du domaine fantastique, c’est la capacité d’être intérieurement sensible en pleine action, d’être suffisamment détendus et libres pour ressentir les variations subtiles de nos sensations et émotions, qui est la clé de notre santé et de notre bien-être. Et c’est grâce à la respiration naturelle que nous pouvons connaître cette sensibilité et cette liberté.

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