30 septembre 2016

Beautés du jour


Photographe inconnu – harmonie de couleurs...

«Le chat semble mettre un point d'honneur à ne servir à rien, ce qui ne l'empêche pas de revendiquer au foyer une place meilleure que celle du chien. Il est un ornement, un luxe.» ~ Michel Tournier (Le miroir des idées)


Photographe inconnu – des chiens heureux! 

«Le chien, l’unique ami de l’homme, a un privilège sur tous les autres animaux, un trait qui le caractérise, c’est ce mouvement de queue si bienveillant, si expressif et si profondément honnête. Quel contraste en faveur de cette manière de saluer que lui a donné la nature, quand on la compare aux courbettes et aux affreuses grimaces que les hommes échangent en signe de politesse : cette assurance de tendre amitié et de dévouement de la part du chien est mille fois plus sûre, au moins pour le présent.»
~ A. Schopenhauer (Lichtstrahelen aus seinen Werken)


Photographe : Niall Carson / PA (Irlande) – Dublin horse show (Via The Guardian)

«Dans l'histoire millénaire de l'homme et du cheval, la douleur et la violence ont été la règle afin d'habituer le cheval aux signaux artificiels. Pourtant, au cours du dernier siècle, nous avons de plus en plus eu la preuve que, dans le cadre d'une relation de confiance, le cheval peut exécuter toutes les performances que nous lui demandons sans douleur et sans violence (et sans porter préjudice à son organisme !).
     Après des milliers d'années d'utilisation d'un mors en métal, nous connaissons le comportement ‘normal’ du cheval monté. Nous savons également que certains chevaux montrent une aversion pour le mors et parfois embarquent, refusent le mors, sont très nerveux. Ce que nous ne réalisons pas, c'est que cette aversion est très courante et se manifeste en général de façon plus subtile et plus difficile à percevoir. 
     Comment expliquons-nous cette nervosité ou cette tendance à embarquer chez un animal toujours calme au pré et gentil et tranquille pendant le pansage?
     De nombreux témoignages de cavaliers issus de toutes les disciplines confirment qu'il est possible de travailler sans mors avec un cheval, sans qu'il soit nécessaire d'infliger de la douleur à ce dernier afin de le diriger.»
~ Prof. Robert Cook & Dr Hiltrud Strasser


Photographe inconnu – Rollier à longs brins

L’oiseau chanteur qui a été une bénédiction pour la terre depuis des millions d'années – et durant toute l'histoire de l'homme – pourrait bientôt disparaître dans une violente tempête de négligences et de conséquences imprévues créée par l’homme. Pendant un an, Su Rynard et son équipe ont suivi les oiseaux au cours des saisons. Un voyage fabuleux. «Nous avons découvert que les causes du déclin chez les oiseaux chanteurs sont nombreuses, et que les solutions sont rares. Cependant, partout où nous sommes allés, nous avons rencontré des gens passionnés et concernés qui travaillent au changement – il ne s'agit pas uniquement de l'avenir des oiseaux, mais aussi de la santé de toute la planète.» ~ Su Rynard (The Cornell Lab of Ornithology)

Mieux que Monsanto / Bayer! 

«Nous nous conduisons sur la Terre que Dieu nous a donnée à peu près comme un éléphant dans le magasin de porcelaine, saccageant tout sur notre passage, alors que nous devrions veiller avec infiniment de tendresse à n’écraser ni le plus petit brin d’herbe, ni la plus timide fourmi.» ~ Maurice Mességué (Des hommes et des plantes)

«Combien de crimes commettons-nous dans la nature! Finalement, ils se retournent contre nous-mêmes, puisque nous faisons partie de la nature. Qu’avons-nous fait par exemple en débroussaillant les sous-bois? Nous avons tué des centaines de milliers de fourmis et d’insectes divers. Ce faisant, nous avons exterminé cette vaillante armée d’artisans et d’ouvriers qui assuraient l’ordre botanique. Sous terre, à deux doigts de la surface, tout s’enchaîne mystérieusement, solidement. Dans la nature, rien ne se perd, rien n’est détruit car tout se transforme, et est rendu à la vie sous d’autres formes. Il y a de quoi rester stupéfait devant le miracle de la vie végétale. Micro-organismes, plantes, animaux, hommes sont liés et dépendent étroitement les uns des autres en un équilibre miraculeux. C’est celui qu’on désigne de nos jours, en sacrifiant à la mode, par l’expression «d’équilibre écologique». Un beau jour, sur quelques mètres carrés de champ où à quelques pas sous terre s’élabore la vie, arrive un bulldozer conduit par un être humain. La machine creuse, retourne, jette dans un effrayant désordre ce merveilleux équilibre. Personne ne s’est aperçu de rien. Un coin de nature a été saccagé et violé. Passe un promeneur qui, sur ce massacre, jette un œil distrait et continue tout aussi distraitement son chemin. Pour lui, il ne s’est rien passé. Et pourtant, ce monde dans lequel il vit n’est plus comme avant.»
~ Daniele Manta et Diego Semoldi
(Nos amies les plantes, tome III, Éditions Famot, Genève; 1977)

The beauty of pollination


25 septembre 2016

Netflix ou livres?

«Lecture, une bonne façon de s'enrichir sans voler personne.» ~ Arlette Laguiller

Dans un article intitulé 4 Reasons You Should Really Read More, Jordyn Cormier explique pourquoi il est plus bénéfique de lire des romans (imprimés) que de regarder des films sur Netflix. 


Photo : Thomas Life  

«Entre Netflix et un roman de Steinbeck, habituellement Netflix gagne. Mais lire régulièrement améliorera votre vie davantage qu’Internet. Non seulement le livre augmente votre capacité de réflexion et de concentration, mais la lecture de romans est même thérapeutique.» (J. C.) 

  La lecture 
- stimule la créativité lire fait travailler l’imagination, la mémoire et les aptitudes cognitives car de nouveaux synapses se construisent dans le cerveau; 
- développe la confiance en soi – lire élargit notre vocabulaire et repousse les limites de notre intelligence; quel que soit l’âge, apprendre, acquérir des connaissances, fait grimper le sentiment de confiance;
- élargit notre perspective – lire favorise l’ouverture d’esprit et fait voyager dans la pensée des autres; les enfants qui lisent beaucoup ont plus tendance à développer de l’empathie et des compétences sociales;
- réduit le stress lire est une forme de détente active (même confortablement installé dans un hamac); le mental hyperactif est en vacances; c’est un moyen d’échapper aux soucis quotidiens parce qu’on se concentre sur autre chose que notre petit univers.

«Même s’il est facile de vous laisser distraire par l’accès universel et instantané au divertissement vidéo, ne laissez pas tomber vos livres. La lecture de romans fait de vous un être plus multidimensionnel, équilibré et intelligent. Ouvrez ce roman couvert de poussière que vous aviez mis de côté et redécouvrez l'amour de la lecture que vous avez toujours eu», conclut l’auteur.

Détails sur les bénéfices (en anglais) :
http://www.care2.com/greenliving/4-reasons-you-should-really-read-more.html


Photo et citations ci-après : brigitisis.centerblog.net

«Lis avec lenteur à une époque où l'on nous parle de lecture rapide et de lecture en diagonale.» ~ Jean Prieur

«On ne sait pas généralement combien il est troublant de clore un livre. De fermer la porte d'une maison aimée dont on a refait la toiture tout l'été, dans laquelle on a vécu jour et nuit et que l'on quitte, soulagé et fourbu, séparé mais pas encore dépris.» ~ Céline Minard

«La lecture, charmant oubli de vous-mêmes et de la vie.» ~ Rivarol

«Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même. Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie.» ~ Montesquieu

~~~

J’ai maintes fois essayé de lire des romans sur écran, sans réussir à en terminer un seul. En dépit de mon vif intérêt, au bout de vingt minutes, je décroche, ma vision se brouille; un vrai soporifique. Tandis que je peux lire un livre imprimé non stop (ou presque) s’il me passionne. En plus, le livre «papier» n’émet pas de pollution lumineuse.

On disait autrefois que lire beaucoup pouvait rendre myope car on utilisait trop le champ de vision rapproché. Imaginez aujourd’hui! Il paraît que les enfants deviennent myopes de plus en plus en bas âge (8-9 ans!) notamment parce qu’ils ont souvent le nez collé sur des bidules électroniques ou la télé.



La pollution lumineuse

Une autre bonne raison de privilégier les livres (imprimés).

(Source ICI Radio-Canada Info) La lumière bleue est omniprésente, même si on ne la voit pas. Elle se retrouve dans la majorité des appareils électroniques, comme le téléphone intelligent, l'écran d'ordinateur et le téléviseur. Loin d'être inoffensive, cette lumière dérègle notre horloge biologique, selon plusieurs chercheurs. La surexposition à cette lumière bleue peut également nuire à la santé visuelle.

On passe beaucoup de temps devant les écrans sans vraiment s'en rendre compte. Les Québécois naviguent sur Internet en moyenne 20 heures par semaine (dont un peu plus de 7 heures sur un appareil mobile) et regardent la télévision 34 heures par semaine (statistiques de l’Université de Sherbrooke 2014).

Les chercheurs recommandent de réduire notablement le temps passé devant les écrans et de fermer le téléphone intelligent et l’ordinateur quelques heures avant d’aller dormir. 

24 septembre 2016

Un chien attend sur le bord de la route



A dog sits waiting

A dog sits waiting in the cold autumn sun,
Too faithful to leave, too frightened to run.

He’s been here for days now with nothing to do,
But sit by the road, waiting for you.

He can’t understand why you left him that day.
He thought you and he were stopping to play.

He’s sure you’ll come back, and that’s why he stays.
How long will he suffer! How many more days!

His legs have grown weak, his throat’s parched and dry.
He’s sick now from hunger and falls, with a sigh.

He lays down his head and closes his eyes.
I wish you could see how a waiting dog dies.

~ Kathy Flood

(Traduction maison) 

Un chien attend

Un chien attend, assis dans le soleil froid de l'automne,
Trop fidèle pour quitter, trop effrayé pour courir.

Il est ici depuis des jours maintenant, sans rien à faire,
Mais il s'assoit au bord de la route, il t'attend.

Il ne comprend pas pourquoi tu es parti ce jour-là.
Il pensait que tu t'étais arrêté pour jouer avec lui.

Il est certain que tu vas revenir, c’est pourquoi il reste là.
Combien de temps souffrira-t-il? Combien de jours encore?

Ses pattes se sont affaiblies, il a soif, sa gorge est sèche.
Il est malade, affamé; il s’écroule en soupirant.

Sa tête repose sur le sol et il ferme les yeux.
J'aimerais que tu vois comment meurt un chien qui attend.

~~~

Avec la nouvelle réglementation concernant les pitbulls au Québec, j’ai bien peur que pour éviter les frais, certains propriétaires vont larguer leurs chiens au bord des routes. J’ignore pourquoi les Québécois sont des champions en matière d’abandon animalier. Manquons-nous de coeur? C’est peut-être à cause de la forte influence de l’éducation religieuse catholique qui fait de l’Homme le roi de la création ayant tout pouvoir sur ce qui lui est prétendument inférieur (femmes, enfants, animaux...). 

Heureusement, il y a des hommes différents comme en témoigne la touchante histoire de ce vétérinaire.

Dans une cage avec un pitbull gris


Dr Andy Mathis 

Résumé

En février dernier, le vétérinaire Andy Mathis, affilié au Granite Hills Animal Care à Elberton en Géorgie (États-Unis), reçut un appel à la fin de sa journée de travail. Une femme avait trouvé un chien affamé, abandonné, gisant au bord d’une route de campagne. Il lui demanda d’emmener l’animal pour l’examiner. La jeune femelle (pitbull gris) souffrait d’épuisement, d’anémie, d’hypothermie et d’un sévère prolapsus génital. 

Le vétérinaire se demandait s’il devait tout tenter pour sauver la chienne ou s’il ne valait pas mieux l’euthanasier pour mettre fin à ses souffrances vu son état lamentable. Il décida de demander l’avis de ses abonnés sur Facebook. Après avoir expliqué la situation, la majorité a répondu «essaye». Les internautes baptisèrent la jeune femelle Graycie Clair. Motivé par leurs encouragements, Andy Mathis décida de relever le défi. Au bout de trois jours d’opérations et de traitements quotidiens multiples, l’état général de la chienne s’améliora.

Mais, terrifiée par les humains et incapable de faire confiance au vétérinaire, elle refusait de se nourrir. Mathis eut une idée originale pour gagner sa confiance et lui prouver qu’ils étaient égaux. Pendant plusieurs jours il mangea dans une gamelle, assis à côté de Graycie Clair dans sa cage.  

Voyez la réaction de la chienne (article original et vidéo) :
http://www.demotivateur.fr/article-buzz/il-s-enferme-dans-une-cage-avec-un-pitbull-regardez-bien-ce-qu-il-se-passe-quand-il-commence-a-manger-4763

22 septembre 2016

Colombes, fuyez!



C’était la Journée internationale de la paix hier. Hum.

La paix est-elle à vendre, comme l’eau, les terres...?
Bizarre, personne ne semble intéressé à l’acheter ou la voler...

J’ai quelque fois proposé que tous les belliqueux soient rassemblés une fois par an (ou plus souvent si nécessaire) pour s’entretuer à mains nues – dans un endroit isolé, loin de toute civilisation. L’idée est vieille comme la guerre. C’est dire! Et je suis persuadée que tous les gens qui ont le goût de vivre en paix y ont songé.

La morale de la fable d’Ésope et Abstémius Les Vautours en guerre entre eux et pacifiés par les Colombes était : «Les querelles entre méchants doivent être stimulées plutôt qu’apaisées, car tandis qu’ils se déchirent, ils laissent les honnêtes gens vivre en paix.» On aimerait bien...

La version de Jean de La Fontaine :

Les Vautours et les Pigeons

Mars autrefois mit tout l'air en émute.
Certain sujet fit naître la dispute
Chez les oiseaux, non ceux que le Printemps
Mène à sa cour, et qui, sous la feuillée,
Par leur exemple et leurs sons éclatants,
Font que Vénus est en nous réveillée;
Ni ceux encor que la mère d'Amour
Met à son char; mais le peuple vautour,
Au bec retors, à la tranchante serre,
Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre.
Il plut du sang : je n'exagère point.
Si je voulais conter de point en point
Tout le détail, je manquerais d'haleine.
Maint chef périt, maint héros expira;
Et sur son roc Prométhée espéra
De voir bientôt une fin à sa peine.
C'était plaisir d'observer leurs efforts;
C'était pitié de voir tomber les morts.
Valeur, adresse, et ruses, et surprises,
Tout s'employa. Les deux troupes, éprises
D'ardent courroux, n'épargnaient nuls moyens
De peupler l'air que respirent les ombres :
Tout élément remplit de citoyens
Le vaste enclos qu'ont les royaumes sombres.
Cette fureur mit la compassion
Dans les esprits d'une autre nation
Au col changeant, au coeur tendre et fidèle.
Elle employa sa médiation
Pour accorder une telle querelle :
Ambassadeurs par le peuple pigeon
Furent choisis, et si bien travaillèrent
Que les vautours plus ne se chamaillèrent.
Ils firent trêve; et la paix s'ensuivit.
Hélas! ce fut aux dépends de la race
À qui la leur aurait dû rendre grâce.
La gent maudite aussitôt poursuivit
Tous les pigeons, en fit ample carnage,
Et dépeupla les bourgades, les champs.
Peu de prudence eurent les pauvres gens,
D'accommoder un peuple si sauvage.

Tenez toujours divisés les méchants :
La sûreté du reste de la terre
Dépend de là. Semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
Ceci soit dit en passant : je me tais.

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En émute : en émeute, en émoi; maintenu pour la rime.

Ceux du Printemps : les rossignols

Les colombes sont les oiseaux de Vénus. La Fontaine a déjà utilisé cette expression dans La Colombe et le Fourmi «...Dès qu’il vit l’oiseau de Vénus».

Retors : crochu.

Sa peine pour avoir volé le feu des dieux? Avoir le foie rongé par un vautour.

Source : http://www.lafontaine.net/

19 septembre 2016

Paradoxale vanité

La vanité, ce vilain défaut humain, nous fait croire que nous sommes le centre de l’univers et dotés d’une intelligence exceptionnelle. La vanité engendre snobisme, mesquinerie, méchanceté, cruauté, voire assassinat verbal et physique.

Il suffit de regarder des bribes d’un quelconque gala artistique pour constater que la vanité n’empêche pas les gens de se ridiculiser eux-mêmes – soit par leur tenue vestimentaire, leur conduite ou leurs propos. Croyant s’élever, ils s’abaissent. Centrés dans leur quête de gloriole, ils ne se voient pas. On retrouve le même phénomène chez les politiciens... La vraie humilité et la simplicité ont tellement meilleur goût.

Le remède : nous arrêter souvent pour admirer la voie lactée et ainsi relativiser notre importance ou réaliser la hauteur de notre insignifiance dans cet univers peuplé de d’incalculables constellations et galaxies. En tout cas, ça aide à décrocher de notre fatuité innée et bien cultivée.



«Élevons un peu notre pensée. Qu'est-ce que le désir de la gloire chez les hommes, à bord de cette terre qui vogue dans l'espace infini où elle naufragera un jour? Il me semble voir à bord d'un gros vaisseau destiné au naufrage, ou plutôt dont le naufrage est continuel et déjà commencé, de nombreux passagers desquels pas un n'arrivera, et dont les premiers morts ont un désir insensé d'occuper la mémoire des survivants, de ceux qui vont bientôt disparaître et s'abîmer à leur tour. Il est vrai qu'à le voir de près, le vaisseau est immense, que les passagers d'un pont ne connaissent pas ceux d'un autre pont, et que la poupe ignore la proue; cela fait l'illusion d'un monde. Il est vrai encore qu'en même temps qu'on meurt en un coin du vaisseau, on danse, on se marie, on fête les naissances tout à côté, et que l'équipage se reproduit et ne diminue pas. Mais, qu'importe? Il n'est pas moins voué tout entier à un seul et même terme. Nul ne sortira de cette masse flottante pour aller porter son nom ni celui de ses semblables sur les rivages inconnus, sur les continents et les îles sans nombre qui étoilent le merveilleux azur. Tout se passe entre soi et à huis-clos. Est-ce la peine? – J'ai fait la paraphrase, mais Pascal a rendu d'un mot cette pensée : ‘Combien de royaumes nous ignorent!’»

~ Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869)
Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988 (p.138)

«Primitivement l'individu fort traite, non seulement la nature, mais encore la société et les individus faibles comme des objets de proie : il les exploite tant qu'il peut, puis continue son chemin. Parce qu'il vit dans une grande incertitude, alternant entre la faim et l'abondance, il tue plus de bêtes qu'il ne peut en consommer, pille et maltraite plus d'hommes qu'il ne serait nécessaire. Sa manifestation de puissance est en même temps une expression de vengeance contre son état de misère et de crainte ; il veut, en outre, passer pour plus puissant qu'il n'est, voilà pourquoi il abuse des occasions : le surcroît de crainte qu'il engendre est pour lui un surcroît de puissance. Il remarque à temps que ce n'est pas ce qu'il est, mais ce pour quoi il passe qui le soutient ou l'abat : voilà l'origine de la vanité.»

~ Friedrich Nietzsche (1844-1900)
Humain, trop humain / Oeuvres I (1978) / Robert Laffont, Bouquins 1990 (181 p.897)

Citations via : http://bribes.org/lexique.htm



«L’ego est comme une ombre qui recouvre notre être; et c'est cette ombre qui est touchée par l'ego des autres. À force de recevoir des flèches, l'ombre peut s'écrouler, mais souvent les gens ont peur de souffrir. Ils refusent de recevoir ces flèches, et mettent un bouclier... Ils restent alors dans l'ombre! Lorsqu'on accepte d'être ouvert, sans peur, le bouclier n'existant pas, les flèches sont reçues et l'ego s'effondre.»

~ Olivia Namer (Mon cher ego)

18 septembre 2016

Voir et entendre


Photographe : R. Lamarque

Je le répète pour l’énième fois : profitez de la nature tandis que vous y avez encore accès librement... ça change des smartphones et c’est réconfortant.

Voir et entendre

Voir est une des choses les plus difficiles au monde : voir ou entendre, ces deux perceptions sont semblables. Si vos yeux sont aveuglés par vos soucis, vous ne pouvez pas voir la beauté d'un coucher de soleil. Nous avons, pour la plupart, perdu le contact avec la nature. La civilisation nous concentre de plus en plus autour de grandes villes : nous devenons de plus en plus des citadins, vivant dans des appartements encombrés, disposant de moins en moins de place, ne serait-ce que pour voir le ciel un matin ou un soir. Nous perdons ainsi beaucoup de beauté. Je ne sais pas si vous avez remarqué combien peu nombreuses sont les personnes qui regardent le soleil se lever ou se coucher, ou des clairs de lune, ou des reflets dans l'eau.

N'ayant plus ces contacts, nous avons une tendance naturelle à développer nos capacités cérébrales. Nous lisons beaucoup, nous assistons à de nombreux concerts, nous allons dans des musées, nous regardons la télévision, nous avons toutes sortes de distractions. Nous citons sans fin les idées d'autrui, nous pensons beaucoup à l'art et en parlons souvent. À quoi correspond cet attachement à l'art? Est-ce une évasion? Un stimulant. Lorsqu'on est directement en contact avec la nature lorsqu'on observe le mouvement de l'oiseau sur son aile; lorsqu'on voit la beauté de chaque mouvement du ciel; lorsqu'on regarde le jeu des ombres sur les collines ou la beauté d'un visage, pensez-vous que l'on éprouve le besoin daller voir des peintures dans un musée? Peut-être est-ce parce que vous ne savez pas voir tout ce qui est autour de vous que vous avez recours à quelque drogue pour stimuler votre vision.

Il y a l’histoire d’un maître religieux qui parlait tous les jours à ses disciples. Un matin où il se trouvait sur son estrade, s’apprêtant à parler, un petit oiseau se posa sur le rebord de la fenêtre et se mit à chanter de tout cœur. Lorsqu’il se tut et qu’il s’envola, le maître dit : «Le sermon de ce matin est terminé.»

[...]

Il n’existe pas de maître, il n’existe pas d’instructeur, il n’existe personne pour vous dire ce que vous devez faire. Chacun de nous est seul dans ce monde fou et brutal.  

~ Krishnamurti

Se libérer du connu, chapitre 11, Voir et écouter. La beauté. L’austérité. Les images. Les problèmes. L’espace. Éditions Stock 1979 (p. 110-111)  

16 septembre 2016

L’ADN Gaulois des chefs québécois


Twittakine@ J’ai ri aux éclats en lisant l’article du magazine Elle à table à propos de notre «toque-star» Ricardo Lavallée, «ambassadeur de la Nouvelle-France» et «gentleman trappeur». Savoureux.

J’ai pensé que le journaliste Julien Bourré s’était gouré. Qu’il décrivait plutôt le chef Martin Picard, propriétaire du resto Au Pied de Cochon et d’un Sugar Shack dans les bois. Ses descriptions sont donc exactes, mais attribuées au mauvais chef... 
     Martin Picard a de l’ADN de Gaulois, c’est sûr. D’ailleurs il ressemble énormément à Obélix. «Un quadra bien portant à la barbe fournie», disait Étienne Labrunie (ViaMichelin 2009). Il porte souvent des chemises à carreaux de bûcheron et une casquette (il est anti toque). Comme le célèbre Gaulois, il est doté d'un appétit insatiable et prépare des festins copieux. Il élève des cochons qu’il égorge lui-même et chasse le chevreuil au lieu du sanglier. Ce chef appartient à la civilisation décadente «porc/bacon» québécoise (1). Il inclut du porc dans presque tous ses plats. «On ne va pas au restaurant pour manger de la salade!», dit-il. Après une poutine au foie gras, de la tourtière et des grands-pères à l’érable copieusement arrosés de vin, le client est prêt pour un triple coma – cholestérolitique, diabétique, éthylique –, et un pontage. Au fond, c’est un Heart Attack Grill classé haut-de-gamme par les «carnivores cool».


Martin Picard à sa cabane à sucre (érablière)

Extrait de l’article d’Elle à table :
«... L’appétit autonomiste de Ricardo évoque le fonctionnement des anciens établissements pionniers, ces sociétés de défricheurs capables de tout produire en autarcie, comme autant de petites arches de Noé. Il y a chez lui, comme en tout Québécois, une vénération de la retraite dans l’érablière, équivalent autochtone de la palombière ou de la datcha : pendant « le temps des sucres » (entre 4 et 6 semaines autour de Pâques), un porc est traditionnellement sacrifié et congelé en plein air, véritable garde-manger dont on tire des charcuteries fumées au bois d’érable, des «oreilles de crisse» (chips de couenne de porc frite au saindoux) ou des fèves au lard. Cela se déguste avec des délices de cabane sucrière comme les œufs au sirop ou la tire sur neige... (...) Ricardo vit à proximité du fort de Chambly, au bord d’un affluent houleux du Saint-Laurent qui a dû servir de décor à la geste de Jacques Cartier et aux guerres indiennes. (...)»

Vu les réactions des lecteurs québécois le magazine a présenté des excuses et posté certains commentaires – très drôles :
http://www.elle.fr/Elle-a-Table/Les-dossiers-de-la-redaction/News-de-la-redaction/SelonLeELLEFrance-il-faut-savoir-s-excuser-3290695

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(1) L’histoire nous apprend que dans toutes les civilisations décadentes les gens meurent de gloutonnerie ou de faim :
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/07/la-civilisation-porcbacon-emergeante.html

14 septembre 2016

Migration

Si vous croyez que je suis obsédée par la question des réfugiés, vous avez raison. C’est tellement horrible, colossal, insensé, étriqué. Qu’on songe aux clandestins mexicains aux États-Unis ou aux migrants syriens en Europe, aux murs qui s’érigent un peu partout, la question demeure : comment héberger tous ces gens qui arrivent par milliers? En principe, quand on est bien dans son pays, on y reste. Néanmoins, il suffit d’un changement politique, économique ou climatique, ou d’une guerre civile, pour que tout bascule. 
     Durant toute transformation significative, la saleté, la boue et la puanteur montent à la surface. Nauséabond. Nos vieux systèmes ancrés dans la peur, l’avidité, la corruption, le racisme, la ségrégation, l’égoïsme, le mensonge et l’injustice s’écroulent et doivent être transformés. Néanmoins, plusieurs s’y agrippent. Comme dit le proverbe : ‘si ça brasse sur le navire, ne t’accroche à rien qui traîne sur le pont’.

Principales routes migratoires pour l’Europe par les Balkans :


L’agence Frontex, qui surveille les frontières de l’Union européenne, estime que 60 % des entrées illégales sur le territoire européen ont eu lieu en 2014 par la Méditerranée centrale, c’est-à-dire en Italie et Malte. La périlleuse traversée maritime sur des embarcations souvent fragiles constitue une nouvelle épreuve pour des migrants qui ont déjà derrière eux un long périple. Ainsi, les Érythréens, qui fuient la «prison à ciel ouvert» qu’est devenu leur pays, doivent-ils traverser le Soudan-du-Sud et le Soudan avant de se mettre en quête d’un bateau en Égypte, en Lybie ou en Tunisie. Toujours selon Frontex, un migrant sur cinq tente de pénétrer en Europe par l’est de la Méditerranée, soit en arrivent par la mer sur les îles grecques, soit en transitant par voie terrestre par la Turquie. Beaucoup s’engagent ensuite dans une longue traversée des Balkans afin de rejoindre l’Europe du nord.

Source : Le Monde, 04/09/2015 
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/09/04/comprendre-la-crise-des-migrants-en-europe-en-cartes-graphiques-et-videos_4745981_4355770.html




Album  Migration / Titre Road Trip
Étiquette : Nice Up! Records, 4 mars 2016
Artiste : Poirier (collaboration Dubmatix) DJ / producteur, originaire de Montréal, QC http://poiriersound.com/biography-poirier/

«Les sociétés et les gouvernements poussent souvent les individus et les communautés à bout avec des lois violentes, des mesures intenables et le conflit continuel. Ces entités restreignent nos déplacements et nos libertés pour établir un genre de chaos propice à l'exploitation. Il est temps de briser cet étranglement et d'apporter une nouvelle unité non pas motivée par le profit mais par le souci des autres. 
     Le titre de cet album exprime la réalité de la migration – un problème qui ne peut pas et ne devrait pas être évité en 2016. Pour être juste, la migration a été un problème majeur depuis des siècles et des millénaires. Le monde est constamment en train de se reconfigurer, les gens se déplacent d'un endroit à un autre, cherchant toujours quelque chose de mieux. Les choses changent, le temps avance, et la musique est un point de rencontre, un dialogue. Les idées et la musique se déplacent avec les gens. Rien n'est statique. À travers la musique, nous pouvons encore entendre les traces de ce qui s'est passé il y a des décennies, des siècles et des millénaires. Cet album est fait de plusieurs collaborations, et chacune a une histoire différente, un chemin différent, et tous sont à la recherche d'un meilleur endroit pour vivre et partager.» ~ [Guislain] Poirier 

Les clandestins

Des hommes pour la plupart
martyrs du hasard
par une nuit sans lune
sur des esquifs de fortune
commencent leur fuite incertaine
organisée par le passeur
alliance d’argent et de haine

On raconte qu’il est une terre
remède à leur malheur
où la satiété est reine
femme, enfant, père et mère
laissés dans leur contrée lointaine
attendront
que par ces héros
l’abondance advienne

À vous qui faites ripaille
sourds aux damnés de la faim
à vous qui livrez
une inégale bataille
à ceux qui vous tendent la main
accueillez dans vos forteresses
un peu de leur grande détresse

~ Kamal Zerdoumi (poète originaire du Maroc)

Commentaire de l’auteur sur Poética (22 avril 2016) : Ce poème a été écrit entre 2011 et 2012, après la publication de «L’exil et la mémoire» [éditions L’Harmattan]. J’avais alors le projet d’écrire un recueil intitulé «Indomptable espérance». Finalement, j’ai écrit trente poèmes. «Clandestins» est né avant la tragédie des migrants – Syriens en particulier. Le point de départ en fut les clandestins qui transitaient par le Maroc avant de passer en Espagne ainsi que «le passeur», une nouvelle de Le Clézio.
Via : http://www.poetica.fr/a-propos/

Ceci est à moi!
Marie-Noëlle Agniau

Il y a ces petites tentes au milieu des villes, comme autant de balises de détresse. Il y a ces hommes et ces femmes, assis par terre, ceux et celles à qui on a l’habitude de donner, puis les autres, ceux et celles qu’on ignore, comme s’ils n’étaient pas là, recroquevillés, osant à peine lever les yeux. Sans domicile fixe. Les abréviations sont commodes : elles désignent une réalité en la vidant de sa substance. En la déréalisant. SDF. Voilà trois lettres qui finalement font écran. On peut certes s’interroger. Pourquoi abréger cette réalité, cette réalité-là et pas une autre? Pourquoi au contraire ne pas parler des «domiciles fixes» que nous sommes? DF? Non, le langage opère parfois d’étranges réductions et redouble d’une certaine manière ce qui déjà fait défaut. Le sans domicile fixe est privé non seulement d’un «chez-soi» mais plus encore d’un nom propre, singulier, irremplaçable. Il est devenu une abstraction, une vague collectivité, anonyme, quantifiable, observable comme un phénomène objectif. Plus ou moins. Une statistique. Une marge. Il est le fatal horizon quotidien d’une cité qui préférerait le cacher. L’indésirable, un parmi tant d’autres, pour lequel notre mobilier urbain se fait repoussoir. Un être dont l’être serait précisément périphérique. Mais voilà, il y a ces petites tentes au milieu des villes. 
     Que signale cet abri de fortune? Ce qu’on ne veut pas voir, ce que dissimulaient ces trois lettres. Ce que nous voulions ignorer en passant. Parce que celui ou celle qui n’a pas de «chez-soi» semble nous menacer. Aussi l’oubli de l’autre fonctionne à plein. Le SDF est la part anéantie du regard humain. Cette part est même devenue une habitude sociale. Celle qui consiste à neutraliser d’une manière ou d’une autre ceux qui «gênent». Car leur désordre est trop grand. Mais voilà, il y a des tentes, des tentes au milieu des villes, sur les trottoirs. Elles accrochent le regard, si on veut bien ne pas passer comme avant, faisant semblant de ne pas voir. Quelqu’un est peut-être à l’intérieur. Cette tente nous rappelle les conditions nécessaires de toute intimité, le sens véritable de la «vie privée». Ou comment l’absence de ce que l’écrivain Virginia Woolf appelait une «chambre à soi» (cette sorte de maison intime dans la maison) modifie profondément l’existence humaine. 
     La sphère du propre. Autre façon de questionner la propriété comme extension du corps et de la personne. Certes, je ne suis pas la chose. Et la chose n’est pas moi. Entre les deux, il y a l’irréductibilité de la personne humaine. Cela dit, le «domicile fixe» garantit les conditions de vie de l’individu, la conservation de sa dignité. Celle-ci passe et passe d’abord par les gestes les plus simples, la satisfaction des besoins vitaux : comme dormir, manger mais aussi se laver. Ce qui est en jeu ne doit pas être perçu seulement comme ce qui exclut l’autre au sens où «ceci est à moi» veut dire «ceci n’est pas à toi». La propriété privée est ici envisagée de manière exclusive et négative. Or il y a un degré en dessous duquel l’absence de propriété signifie l’aliénation de l’homme. Sa possible déshumanisation dont une des formes est la désocialisation. En effet, la propriété est légitime dans la mesure où elle permet la conservation du «propre» : ce qui est à soi mais bien plus ce qui est soi. Elle est une appropriation de la personne par elle-même. D’abord comme corps, comme intégrité physique et morale : cette liaison est nécessaire. De plus, le «domicile fixe» constitue cette synthèse du collectif et du singulier, la possibilité de faire coexister une sorte de vivre-ensemble avec la sphère intime. À part soi. Qui ne regarde que soi. Aussi nier la possibilité même de cette sphère privée (ainsi de tout totalitarisme) revient à nier l’homme en tant que tel. On supprime le nom et le prénom, on réduit à néant (ou à presque rien) la sphère intime, le corps humain et ses besoins. On affame, on épuise, on humilie les forces vitales. On rend impossible ou difficile la propreté. Bref, on assiste à la décomposition de la valeur de la vie d’un homme. L’idée même d’intimité devient suspecte. Toujours trop sacrée. Toujours trop en retrait. Toujours trop «soi». Toujours trop individuelle. 
     Vivre dehors, sans domicile fixe, pose cette même question de l’intime et de sa nécessaire sauvegarde. La vie propre se réduit au minimum et l’on comprend que certains s’y accrochent comme à la dernière manifestation objective de leur existence : un bout de trottoir, un vieux carton, une vieille couverture. Elle se réduit au minimum, à la vue de tous. Cette vue est insupportable. C’est alors (à supposer qu’elle ait un sens) notre honte qu’on ne veut pas voir. Honte de laisser-faire et de passer son chemin.
(p. 115/117)

Méditations du temps présent
La philosophie à l’épreuve du quotidien 2
L’Harmattan, 2008

12 septembre 2016

Des symboles identitaires vulnérables et obsolètes

“The sky’s the limit”, disait-on. Notre folie des grandeurs et des hauteurs n’a pas de limite, pas même le ciel. Comme Icare, nous montons toujours plus haut avec nos ailes de cire, et nous finirons par chuter un jour ou l’autre. Partout dans le monde, c’est la compétition à savoir qui détiendra la plus haute tour indestructible. Ainsi que l’armée la plus puissante, les sous-marins et les drones les plus puissants, la bombe nucléaire la plus puissante, etc. Ensuite, les dirigeants discutent de paix internationale dans le confort de luxueuses forteresses hôtelières (1).


Image : War games, photographe Léo Caillard https://www.leocaillard.com/

«Nietzsche disait ‘ce qui ne tue pas rend plus fort’, cependant, ce qui ne tue pas laisse des cicatrices.» ~ Joe Frank (At the Border)

Cent chiens sauveteurs, pour la plupart sans bottes, sans masques ni protection, commencèrent au lendemain des attentats à flairer les ruines du WTC pour trouver des survivants. Même si très peu de gens ont pu être tirés hors des décombres, Denise Corliss, sapeur-pompier volontaire, a été étonnée de l’impact extrêmement positif et thérapeutique de sa chienne, dont la présence et la douceur touchaient les survivants et les bénévoles.


Denise Corliss et son golden retriever Bretagne (je n'ose même pas imaginer la peine de cette femme)

«Bretagne, la dernière chienne de sauvetage des attentats du 11 septembre, est décédée le 7 juin 2016 à Cypress, au Texas. Souffrant d'insuffisance rénale et d'une dégradation de son état de santé, sa propriétaire, la sapeur-pompier volontaire de Cy-Fair Denise Corliss, a fait le douloureux choix de l'euthanasier.
     Une douzaine de pompiers de la caserne et des forces d'intervention du Texas lui ont rendu hommage. Après l'intervention, Bretagne a été transportée dans un véhicule des forces de l'ordre, enveloppée dans le drapeau de l'État. «C'est un moment très dur pour les sapeurs-pompiers, a expliqué le pompier David Padovan. Elle a servi son pays. Sa communauté. C'est juste une petite façon pour nous de l'honorer.»
     Bretagne a commencé sa carrière à l'âge de deux ans sur le site du World Trade Center, dans le sud de Manhattan à New York, lors des attentats du 11 septembre où quelque 3000 personnes ont trouvé la mort. Avec son maître, elle a passé dix jours sur place à chercher des survivants dans les décombres. En 2005, elles étaient également intervenues après la catastrophe des ouragans Katrina et Rita. 
     À sa retraite à l'âge de 9 ans, Bretagne était devenue la mascotte et l'ambassadrice des pompiers de Cy-Fair et faisait office de chien de thérapie auprès des enfants.»
(Source : lefigaro.fr; extrait) 

Nietzsche disait aussi «il n’y a pas assez d’amour et de bonté dans le monde pour avoir le droit d’en prodiguer à des êtres imaginaires». En effet. Alors, qu’on en prodigue en masse aux chiens! Si vous cherchez un vrai héros désintéressé, regardez votre chien – il est prêt à mourir pour vous. Le chien bien entraîné est bienveillant et paisible, et sa force tranquille fait en sorte que les gens se tournent vers lui pour trouver réconfort lorsqu’ils sont en détresse. Dommage que des humains malveillants entraînent des chiens à devenir des tueurs; ce sont ces entraîneurs qu’il faudrait bannir...

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(1) Beaucoup de gens attendent que la paix vienne des autres. Les poignées de main entre diplomates et dirigeants, au nom du bien de l’humanité et de la paix dans le monde, ne servent qu’à nous endormir, à masquer la réalité. Car derrière la façade, les actes de violence et les guerres se multiplient, causant à de nombreuses populations civiles des dommages irréparables et des souffrances inimaginables. Mais, la guerre c’est très payant – demandez à votre banquier dans quelles entreprises (privées ou gouvernementales) il investit l’argent de vos placements... 

Alors, il ne nous reste plus qu’à pratiquer la paix individuellement, avec de petits gestes anodins pourtant significatifs : donner un peu d’argent à un mendiant; sourire à quelqu’un sur la rue (s’il n’a pas les yeux rivés sur son smartphone); donner du temps à quelqu’un qui a besoin d’écoute; caresser un chien qui attend un peu d’affection; être patient avec les membres de sa famille; respecter ses collègues et ses voisins; être bienveillant envers les animaux (pas juste les animaux de compagnie); éviter de nuire le plus possible à la nature. Les occasions ne manquent pas. Cela dit, il est bien sûr recommandé d’éviter les personnes résolument égoïstes, désagréables, violentes, voire, toxiques.

10 septembre 2016

Happy Birthday Grandma!


@Twittakine Ah, pouvoir célébrer ses 102 ans! «En vieillissant, on apprend à troquer ses terreurs contre ses ricanements.» ~ E.-M. Cioran



La vieillesse
Par Philippe Noiret (1930-2006)


Photo : film Père et fils

Il me semble qu’ils fabriquent des escaliers plus durs qu’autrefois. Les marches sont plus hautes, il y en a davantage. En tout cas, il est plus difficile de monter deux marches à la fois. Aujourd’hui, je ne peux en prendre qu’une seule.

À noter aussi les petits caractères d’imprimerie qu’ils utilisent maintenant. Les journaux s’éloignent de plus en plus de moi quand je les lis : je dois loucher pour y parvenir. L’autre jour, il m’a presque fallu sortir de la cabine téléphonique pour lire les chiffres inscrits sur les fentes à sous.

Il est ridicule de suggérer qu’une personne de mon âge ait besoin de lunettes, mais la seule autre façon pour moi de savoir les nouvelles est de me les faire lire à haute voix – ce qui ne me satisfait guère, car de nos jours les gens parlent si bas que je ne les entends pas très bien.

Tout est plus éloigné. La distance de ma maison à la gare a doublé, et ils ont ajouté une colline que je n’avais jamais remarquée avant.

En outre, les trains partent plus tôt. J’ai perdu l’habitude de courir pour les attraper, étant donné qu’ils démarrent un peu plus tôt quand j’arrive.

Ils ne prennent pas non plus la même étoffe pour les costumes. Tous mes costumes ont tendance à rétrécir, surtout à la taille. Leurs lacets de chaussures aussi sont plus difficiles à atteindre.

Le temps même change. Il fait plus froid l’hiver, les étés sont plus chauds. Je voyagerais, si cela n’était pas aussi loin. La neige est plus lourde quand j’essaie de la déblayer. Les courants d’air sont plus forts. Cela doit venir de la façon dont ils fabriquent les fenêtres aujourd’hui.

Les gens sont plus jeunes qu’ils n’étaient quand j’avais leur âge. Je suis allé récemment à une réunion d’anciens de mon université, et j’ai été choqué de voir quels bébés ils admettent comme étudiants. Il faut reconnaître qu’ils ont l’air plus poli que nous ne l’étions; plusieurs d’entre eux m’ont appelé «monsieur»; il y en a un qui s’est offert à m’aider pour traverser la rue.

Phénomène parallèle : les gens de mon âge sont plus vieux que moi. Je me rends bien compte que ma génération approche de ce que l’on est convenu d’appeler un certain âge, mais est-ce une raison pour que mes camarades de classe avancent en trébuchant dans un état de sénilité avancée.

Au bar de l’université, ce soir-là, j’ai rencontré un camarade. Il avait tellement changé qu’il ne m’a pas reconnu. 

(Via Babelio)

Le bonheur parfait selon vous? «Le cul bien sur la selle de mon andalou, le nez au vent dans la fraîcheur du matin, avec les Pyrénées enneigées au loin. Et mon labrador qui, lui, sourit, la langue pendante.»
Que possédez-vous de plus cher? «Ce que j'ai de plus cher, je ne le possède pas. En l'occurrence, Monique, ma femme, Frédérique, ma fille. Et mes petits-enfants, Deborah et Samuel.»
~ Philippe Noiret

«Lorsqu'on s'interroge, au seuil de la vieillesse, on découvre qu'on n'a rien fait de ce que l'on avait arrêté, que les voeux les plus chers ne se sont pas réalisés, que rien n'est arrivé de ce que l'on attendait, et que, en somme, le temps a galopé en marge du chemin que l'on s'était tracé... Et l'on s'en est à peine aperçu...»
~ Pierre Aguétant (Le Coeur secret)

Court métrage «Le passager» (? Claude Delon 1992-1993) Irrésistible!  


7 septembre 2016

Le cri

En 2005, l’ONU estimait le nombre de sans-abri à 100 millions à travers le monde. En 2015, on estimait qu’il y avait 1,6 milliards de gens qui n’avaient pas de logement adéquat – soit le quart de la population mondiale. Pourtant ni l’argent ni la nourriture ne manquent dans le monde, mais ces ressources sont concentrées entre les mains de gens qui choisissent de ne pas partager, de détourner des fonds ou d’ignorer délibérément le sort misérable de leurs semblables. 
     Les réfugiés sont des personnes qui n’ont plus de toit, qui ont perdu leurs biens, qui n’ont plus de racines, qui ont faim et qui n'ont plus de contrôle sur leur destinée; ce sont des victimes des guerres, des compétitions économiques et des machinations politiques; ils vivent dans un no man’s land brutal, hantés par d’inimaginables anxiétés et tribulations. Certains pays ont fait preuve de grande générosité tandis que d’autres ont fait preuve de dureté et les camps de détention ont rendu la vie des réfugiés aussi misérable sinon pire qu’avant. 
     Collectivement, plusieurs pays occidentaux se dissocient de ces injustices, ne voient pas comment ils pourraient aider ou s’efforcent de consolider leur position financière dans le monde. Or l’indignation ne compense pas l’apathie et l’inaction. L’empathie qui ne produit pas une quelconque action positive devient un ulcère purulent. (Philip Lindsay, Ageless wisdom philosophy) 



Le cri

Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre,
Entend autour de lui les vagues retentir,
Qu'à perte de regard la mer immense et sombre
Se soulève pour l'engloutir,

Sans espoir de salut et quand le pont s'entrouvre,
Parmi les mâts brisés, terrifié, meurtri,
Il redresse son front hors du flot qui le couvre,
Et pousse au large un dernier cri.

Cri vain! cri déchirant! L'oiseau qui plane ou passe
Au delà du nuage a frissonné d'horreur,
Et les vents déchaînés hésitent dans l'espace
À l'étouffer sous leur clameur.

Comme ce voyageur, en des mers inconnues,
J'erre et vais disparaître au sein des flots hurlants;
Le gouffre est à mes pieds, sur ma tête les nues
S'amoncellent, la foudre aux flancs.

Les ondes et les cieux autour de leur victime
Luttent d'acharnement, de bruit, d'obscurité;
En proie à ces conflits, mon vaisseau sur l'abîme
Court sans boussole et démâté.

Mais ce sont d'autres flots, c'est un bien autre orage
Qui livre des combats dans les airs ténébreux;
La mer est plus profonde et surtout le naufrage
Plus complet et plus désastreux.

Jouet de l'ouragan qui l'emporte et le mène,
Encombré de trésors et d'agrès submergés,
Ce navire perdu, mais c'est la nef humaine,
Et nous sommes les naufragés.

L'équipage affolé manœuvre en vain dans l'ombre;
L'Épouvante est à bord, le Désespoir, le Deuil;
Assise au gouvernail, la Fatalité sombre
Le dirige vers un écueil.

Moi, que sans mon aveu l'aveugle Destinée
Embarqua sur l'étrange et frêle bâtiment,
Je ne veux pas non plus, muette et résignée,
Subir mon engloutissement.

Puisque, dans la stupeur des détresses suprêmes,
Mes pâles compagnons restent silencieux,
À ma voix d'enlever ces monceaux d'anathèmes
Qui s'amassent contre les cieux.

Afin qu'elle éclatât d'un jet plus énergique,
J'ai, dans ma résistance à l'assaut des flots noirs,
De tous les cœurs en moi, comme en un centre unique,
Rassemblé tous les désespoirs.

Qu'ils vibrent donc si fort, mes accents intrépides,
Que ces mêmes cieux sourds en tressaillent surpris;
Les airs n'ont pas besoin, ni les vagues stupides,
Pour frissonner d'avoir compris.

Ah! c'est un cri sacré que tout cri d'agonie :
Il proteste, il accuse au moment d'expirer.
Eh bien! ce cri d'angoisse et d'horreur infinie,
Je l'ai jeté; je puis sombrer!

~ Louise Ackermann; 1813-1890 (Poésies philosophiques, 1871)

3 septembre 2016

Un courageux travailleur originaire de Calgary

Un Canadien parcourt 1 944 km chaque jour pour travailler comme Barista

This is That, CBC 6 juillet 2016  

Ted Clark n'ayant pas trouvé de travail dans sa ville natale Calgary, a dû élargir sa recherche : «Je sais que ça semble fou mais l’endroit le plus proche où j'ai pu trouver un emploi était à Vancouver.»

Clark a décroché un emploi comme barista dans la sélecte région de Mount Pleasant, mais il n'a pas voulu déménager : «Nous aimons trop le style de vie de Calgary pour nous éloigner, donc je roule pendant 13 heures chaque jour pour aller travailler», dit-il.

Selon Clark, il dépense environ 500 $ par semaine pour le gaz et parcourt 5 832 km à chaque semaine. Pour combler le manque à gagner, il fait aussi de la sollicitation en ligne pendant qu'il conduit... Mais il dit que ça vaut vraiment la peine puisqu’il peut passer 26 heures avec sa famille chaque week-end dans la ville qu'il adore. Ainsi, il peut vivre son rêve.  

«Si pour gagner deux fois plus, il faut travailler deux fois plus, je ne vois pas où est le bénéfice.» ~ Raymond Castans

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L'émission This is That ne se contente pas de parler d’actualité, elle la fabrique. (L’émission a remporté trois prix du Canadian Comedy Awards et la médaille d’or du New York International Radio Awards en 2014)



Canadian Man Drives 1,944 km Every Day to Work as Barista

This is That, CBC July 06, 2016 

When Ted Clark couldn't find work in his hometown of Calgary he had to broaden his search: "I know it sounds crazy but the closest job I could find was in Vancouver."

Clark landed a job as a barista in Vancouver's fashionable Mount Pleasant area but was unwilling relocate to the city: "We just love the Calgary lifestyle too much to move away from it, so I drive 13 hours every day to work," says Clark.

According to Clark, he spends roughly $500 a week on gas and traverses 5,832 km every week. But he says it's all worth it to spend 26 hours with his family each weekend in the city that he loves.

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This is That is an award-winning satirical current affairs show that doesn't just talk about the issues, it fabricates them.

http://www.cbc.ca/radio/thisisthat