12 janvier 2022

La touchante histoire de Mike

 Une histoire à la fois belle et triste. J’ai pleuré à la fin.

Merci au réalisateur pour ce portrait d’une extrême sensibilité interprété à merveille par le comédien Dino Tavarone. Pour beaucoup de sans-abri, l'animal de compagnie est leur seule famille. Comme le disait un humoriste "si tu cherches l'honnêteté et la fidélité dans une relation, adopte un chien".

MIIKE


Ce film, basé sur un fait vécu, s'accroche à l'espoir d'un homme, mais aussi au pouvoir de l'amour qui lui permettra de rester courageusement auprès de celle qu'il aime, et ce jusqu'à son tout dernier battement de coeur.

Concepteur / réalisateur : Luke Bélanger

À voir sur https://www.tv5unis.ca/videos/mike

Chronique ciné : Journal Métro 

Pendant trois décennies, Domenico Mike Meduri faisait partie du paysage d’Outremont et du Mile End. Cet itinérant déambulait sur les avenues du Parc, Laurier et Bernard, accompagné de son vélo avec lequel il trimbalait ses tonnes de sacs et un vieux piano. Trois ans après sa mort, ce personnage attachant du quartier reprendra vie au grand écran.

Intitulé Mike, le surnom de l’homme d’origine italienne, le film s’articule autour de sa réalité d’itinérant et de son amour pour les animaux.

Le court-métrage de 20 minutes est l’idée du producteur outremontais Luke Bélanger, qui croisait souvent Mike lors de promenades avec son chien.

«Je voulais faire un hommage à ce monsieur-là. Il était spécial. Il peignait, il jouait de l’harmonica. Il parlait quatre langues. C’était quelqu’un d’éduqué et de cultivé», décrit M. Bélanger.

Après avoir vécu la guerre, Domenico est arrivé au Canada dans les années 1950 et aurait été boulanger. Personne ne connaît la véritable raison derrière son errance dans les rues jusqu’à sa mort à l’âge de 82 ans, en février 2014. Le choc émotif après la fin d’une relation amoureuse en serait la cause.

Bien qu’il habitait un petit logement, Mike a toujours préféré la rue. «Il ne voulait pas rester dans la maison. Ça ne lui plaisait pas», se remémore son frère, Diego Giovanni, qui voulait l’héberger chez lui à Mont-Saint-Hilaire.

Selon lui, le film permettra que son frère ne tombe pas dans l’oubli.

Deux histoires

Le film de Luke Bélanger est l’amalgame de deux histoires, et non une biographie du célèbre itinérant. Le réalisateur s’est inspiré du moment où il a dû mettre fin à la vie de son chien pour ensuite le transposer à la réalité de Mike.

Le court-métrage raconte l’histoire d’un itinérant octogénaire qui est incapable de laisser partir sa vieille chienne Meg, condamnée à mort. Mais l’homme s’accroche à l’idée qu’il reste une lueur d’espoir alors que la santé de sa seule amie se détériore.

Sans budget, le film a été tourné bénévolement dans différents lieux d’Outremont et du Mile End fréquentés par Domenico.

Les ressemblances entre le personnage, joué par Dino Tavarone, et le vrai Mike sont frappantes, d’après les passants qui ont croisé le plateau de tournage en novembre.

«C’était incessant. Les gens m’interrompaient pour me demander si c’était Mike», mentionne le réalisateur.

L’itinérance et les animaux

Le court-métrage se veut aussi un clin d’œil à l’amour de Domenico envers les animaux et son plaisir à nourrir les chats errants.

«Mike ramassait tous les animaux dans la ruelle. Des chats abandonnés, des oiseaux blessés. Il s’occupait des portées de chats», raconte M. Bélanger.

Aux yeux du directeur général de l’Accueil Bonneau, Mike représente bien l’attachement des itinérants à leur animal de compagnie. Il s’agit souvent de leur principale relation affective.

«Pour eux, quand l’animal meurt, c’est un drame parce que c’est la perte de quasiment tout», explique Aubin Boudreau.

Selon lui, la présence d’un chien ou d’un chat est bénéfique pour un sans-abri.

«On pense à la zoothérapie, mais quand les gens consomment, parfois ils vont se priver de prendre une bière en moins pour nourrir leur chien. Les personnes en situation d’itinérance traitent bien leur animal», soutient M. Boudreau.

6 janvier 2022

Funeste colonialisme

Après avoir vu de funestes documentaires sur le colonialisme, la conclusion est simple : «T’es pas beau l’humain!» ou comme le disait Mark Twain «Peu m'importe qu'il soit blanc, noir, jaune ou indien [rouge]. Il suffit qu'il soit un homme, il ne peut rien être de pire.» En réalité, il n’y a pas de mots pour qualifier les niveaux de haine et de cruauté de l’espèce humaine qui atteignent souvent des paroxysmes. C’est ce qu’on voit dans les séries «Décolonisations» et «Décolonisations, du sang et des larmes».

Comment coloniser

Si tu veux dominer

rafle des terres et chasse

les communautés locales.

Fais en sorte qu’elles n’aient

ni toit, ni eau, ni nourriture

et parque-les comme du bétail.

Elles seront à ta merci.

Puis, n’oublie pas de leur dire

que c’est toi qui les «sauveras»

de la famine, avec les ressources

... que tu leur as volées

Boudabla, 2017

Le colonialisme et l’esclavage n’ont pas disparu, ils perdurent simplement sous un autre nom : mondialisation

En réalité, les Premières Nations du Canada n’ont jamais été décolonisées... Il y avait tout simplement du "nettoyage ethnique" (ethnic cleansing)

Décolonisations (3 épisodes) 


TV5 Saison 1 – À contre-courant de l'histoire officielle des colonisateurs, une fresque percutante qui inverse le regard pour raconter, du point de vue des colonisés, 150 ans de combat.

Diffusé sur : https://www.tv5unis.ca/decolonisations

Décolonisations, du sang et des larmes (2 épisodes)


TV5 Saison 1 – Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que la France étend sa domination à travers les cinq continents, son empire colonial s'enfonce brusquement dans près d'un quart de siècle de sang et de larmes.

Diffusé sur : https://www.tv5unis.ca/videos/bande-annonces/80621

ARTE Boutique : https://boutique.arte.tv/detail/decolonisations

«Depuis qu’il y eu deux hommes sur la terre, cela a été un écœurant spectacle de les regarder agir; cela n’a pas changé depuis et ne changera vraisemblablement jamais. Pourquoi notre terre, qui pourrait être d’un séjour passablement agréable pour des êtres intelligents, est-elle transformée en enfer par la stupidité de ses habitants?» ~ Alexandra David-Néel

Dommage que notre ambassadeur québécois des nations autochtones, Serge Bouchard, soit décédé – il ne se serait pas privé de prendre la plume et la parole au sujet des cimetières autochtones récemment découverts. D’un autre côté, il n’aurait pas été surpris puisqu’il a côtoyé de nombreuses communautés autochtones durant toute sa vie.

Aux questions «pourquoi les autochtones vivaient-ils dans la misère (et encore aujourd'hui)» et «pourquoi cette diminution rapide de leurs moyens de subsistances»? il répondait : «Il y a des raisons à tout. Les colonisateurs ont utilisé et utilisent la sélection «naturelle» par l’assassinat silencieux : acculturation/assimilation (civiliser), métissage, transmission de maladies, dépossession de territoires (donc des sources de nourriture), parcage dans des prisons sans barbelés appelées réserves, etc. La population des Premières Nations de la colonie constituait, pour les Britanniques, un obstacle à sa croissance et à sa prospérité. En vue d’assimiler et de civiliser les Indiens, dans les écoles on forçait les enfants à renoncer à leurs langues, à leurs tenues, à leur religion et à leurs modes de vie traditionnels. C’est ainsi qu’on mit en place, partout au Canada, un réseau de 132 pensionnats de confessions catholique, unie, anglicane et presbytérienne en collaboration avec le gouvernement fédéral. De 1857 à 1996, plus de 150 000 enfants autochtones ont fréquenté les pensionnats.»

Quand j’observe ce qui se passe avec la pandémie, j’ai l’impression que le glas a sonné pour l’espèce humaine. J’avoue que ça ne me fera pas de peine si elle disparaît. J’ai déjà dit dans un article, que si j’étais une extraterrestre en visite touristique, en voyant les comportements des humains je virerais de bord à la vitesse de la lumière.

Pour faire suite à l’article «Excès et résolutions» (Situation planétaire) je republie ce passage d’une interview avec Serge Bouchard.

La pandémie, une remarquable leçon d’humilité

Danielle Beaudoin / Radio-Canada Société, 27 décembre 2020

«La pandémie nous rappelle des choses élémentaires : la vie et la mort. Qui vit, qui meurt. Et nous l'avons en pleine face.» – Serge Bouchard

Comme un coureur des bois, l’anthropologue Serge Bouchard a consacré sa vie à parcourir les territoires oubliés de notre histoire en Amérique, à apprivoiser les cultures autochtones et à apprendre le langage des épinettes. Aujourd’hui, il nous parle de la pandémie, et à travers elle, de nous, sans concession.

Vous, l'anthropologue, l'ancien, le sage, que vous dit la pandémie sur nous, les humains?

La première remarque qui me vient à l'esprit, toujours, c'est qu'il n'y a aucune surprise dans l'existence et l'apparition de cette pandémie. Et non seulement il n'y a aucune surprise, mais c'est probablement une avant-garde qui nous annonce des pandémies bien pires à l'avenir.

C'est lié au fait que nous sommes maintenant presque huit milliards sur la Terre. Huit milliards d'humains, c'est beaucoup de monde. Et la loi naturelle des espèces veut que si vous êtes trop nombreux comme espèce, la nature va réguler, elle va couper dans le tas. Et sa façon de le faire, ce sont des pandémies. Ce sont des maladies, ce sont des bactéries.

Bon, je ne suis pas très optimiste, mais c'est comme ça. On est vraiment vraiment vraiment devant l'inconnu. Et ce n'est même pas une grosse pandémie pour une population de huit milliards. On est rendus à 1 536 000 morts. Du point de vue de Sirius, ce n'est rien.

La nature, c'est un tout. La planète Terre, c'est un tout. Nous ne sommes pas extérieurs à la nature. La pathologie qui s'est développée dans l'histoire de l'humain, c'est qu’à cause de notre intelligence, j'imagine, à cause de notre mémoire, de notre accumulation du savoir, on a été capables de modifier nos environnements naturels. On a été capables de se reproduire sans fin, avec des systèmes économiques et des systèmes de production qui nous permettaient de manger, de nous sauver, etc. Mais pour le faire, le prix qu'il y a eu à payer, c'est qu'on s'est extirpés de la nature, on s'est placés en face de la nature. En fait on s'est dénaturés, on s'est enculturés. On est devenus des êtres de culture.

Et regardez-nous aujourd'hui, nous sommes des caricatures. C'est-à-dire que nous sommes prisonniers d'un système économique, d'un système de consommation. Et d'un environnement. Et on ne peut plus en sortir. Cet environnement, c'est le pétrole, c'est l'électricité, c'est l'énergie. Ce sont les chaînes de distribution. On a transformé nos environnements immédiats. Nous vivons dans des villes, dans des banlieues. Même dans les campagnes, nous ne vivons plus dans la nature.

Tout ça fait qu'on a détruit l'environnement. On a extirpé du métal, on a extirpé du pétrole, on a pollué l'eau. Il n'y a rien qu'on n'a pas fait. Et puis aujourd'hui, la nature se venge. De la même façon que la nature va se venger sur les caribous. Quand les caribous deviennent 800 000, un million dans le Nord, ils mangent tout le lichen, ils mangent tout. Puis ils modifient l'environnement. Ils sont trop nombreux, ils n'ont plus à manger, etc. Et là arrive soudainement une pandémie caribouesque, et les trois quarts meurent. C'est la nature qui fait ça. C'est la nature qui dit : «Bon, assez, c'est assez». [...]

Le retour à la nature est impossible. Et ce qui existe aujourd'hui, ce sont des restants. Mais ce n'est même plus ça. La nature est devenue un terrain de jeu pour les sports extrêmes. Les jeunes s'habillent dans je ne sais pas quel magasin spécialisé, ils sont tout en velcro, en ci, pis en ça. Et leur peau n’a même plus contact avec la nature. [...]

La pandémie est-elle, selon vous, un miroir grossissant des inégalités?

Disons que l'inégalité, c'est la loi. Et l'humanité est un échec. On a plein de gadgets, d’inventions. On va avoir des autos qui se conduisent toutes seules; c'est parfaitement inutile! La partie riche de l'humanité est rendue beaucoup trop loin. Ça s'appelle les classes moyennes de l'Occident. Et pendant ce temps-là, dans la vraie réalité du monde, il y a des enfants qui ne vont pas à l'école, qui meurent faute de remède. Il y a des enfants qui n'ont pas d'eau et vivent dans la misère la plus extrême.

Juste ce que je viens de dire devrait déclencher une opération générale d'urgence universelle planétaire. On ne le fait pas. Toute ma vie, j'aurai entendu parler des enfants, et toute ma vie, j'aurai entendu qu'il faut faire quelque chose. Alors, sur le plan politique de la santé universelle, l'organisation universelle de la santé, c'est un échec total. Et c'est la responsabilité de tous. Évidemment, ça tient à la culture des choses, ça tient au système économique, ça tient à l'histoire coloniale. Et nous sommes trop nombreux, et il y a beaucoup de laissés pour compte. [...]

J'ai 73 ans, je me suis usé, j'ai vécu, et à un moment donné, je vais mourir. Et puis je suis vieux. Je déteste qu'on me dise que je suis jeune. Je vais avoir bientôt 75 ans, et 75 ans sur Terre, c'est un bon morceau de temps. C'est un bon morceau de temps pour des mortels comme nous.

Donc, nous sommes mortels, mais nous ne voulons pas être mortels. Et notre réflexe naturel depuis toujours, c'est universel, c'est de dire : "Bon, je vais penser à autre chose ce soir".

Alors la pandémie, c'est une claque sur la gueule. En fait, c'est une leçon d'humilité. La pandémie, la COVID, c'est vrai. Ce n'est pas une abstraction. On peut vraiment l'attraper, on peut vraiment mourir. Alors ça nous replace dans notre fragilité fondamentale.

«Un être humain qui est bien équipé pour vivre, c'est un être humain qui sait mourir. Qui sait qu'il va mourir, et qui apprivoise cette idée.» ~ Serge Bouchard

[...] Être politicien, politicienne, c'est un métier que moi je ne voudrais pas faire. Alors, je respecte. Comme un monteur de ligne, je ne voudrais pas faire ça en janvier. Être premier ministre, pour moi, c'est pareil. C'est d'une complexité inouïe.

Ce que je condamne, c'est la bêtise. Je pourrais vous dire que je condamnerais la présidence de M. Trump. Oui, volontiers, mais ce n'est pas très difficile ni à dire ni à faire. C'est la bêtise, quelle qu'elle soit. Mais la bêtise, je la condamne en politique, comme partout. Dans les médias, dans la vie privée, dans les gens que je rencontre.

Évidemment, je hurle quand je vois de la corruption, quand je vois de la bêtise. Mais je ne suis pas rapide à condamner les gouvernements. Et je n'ai pas de position politique particulière. Parce que de façon générale, sur la planète, il n'existe aucun système politique qui soit notre sauveur pour le moment. On avait pensé au communisme, on avait pensé au socialisme, on avait pensé à tout et à n'importe quoi. Mais en vérité, on n'a jamais trouvé la solution politique sur la planète. [...]

Article intégral – ô combien intéressant :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1754081/pandemie-nature-peur-mort-vieux-serge-bouchard-anthropologie