31 mai 2021

L’élégant déconfinement à la québécoise

La ruée des sans-gênes (et des sans-culottes au sens propre) se poursuit dans les parcs. Alors répétons-le : mettez au moins vos déchets dans des sacs-poubelle et rapportez-les chez vous si les bacs à ordures des parcs sont pleins. Incivilité exécrable. Ce sont les mêmes qui crient à tue-tête : touchez pas à ma «libârté»! Et ce faisant ils briment la liberté des autres -- qui voudrait pique-niquer à côté de ces malotrus?

Caricature : Godin / Le Devoir 31 mai 2021

La ruée des sans-gênes vers la nature

https://situationplanetaire.blogspot.com/2021/05/la-ruee-des-sans-genes-dans-la-nature.html

16 mai 2021

Les portes parlent

Se faire demander de prendre la porte doit être assez humiliant... Aïe.

Tableau : Kseniya Kovolenko

La Porte…

Élie Ayache

Entrée ou sortie? Bienvenue ou au revoir?
Ouverte le jour mais fermée le soir
Au seuil ou sur le pas, l’œil pour décider…
Le sort est scellé d’un tour de poignée

Très souvent toutes se ressemblent
Celles qui séparent comme celles qui rassemblent
Battante ou dérobée, en métal ou bois dur
Fermée sur le passé ouverte sur le futur

Frappez et on vous ouvrira dit le Prêcheur
Sonnez deux fois précisent-on au Facteur
NE PAS DÉRANGER! Demande le client de la 17
ATTENTION AU CHIEN! Prévient la petite affichette

Parfois l’oreille s’y colle pour percer le secret
D’un chuchotement que l’on voulait discret
Un petit mot glissé par le dessous
Rappelle à l’absent un prochain rendez-vous

Peu importe ce que la rumeur colporte
Le vent de mon indifférence l’emporte
Seuls l’amour et l’amitié m’apportent
Le désir irrépressible de leur ouvrir ma porte.

(Œuvres poétiques)

Cueilli sur https://www.poetica.fr/  

Photo : La porte d’Ishtar, porte de ville construite en -580 dans la ville de Babylone sur ordre du roi Nabuchodonosor II. Une oeuvre d’art del’empire néo-babylonien qu’on retrouve aujourd’hui au musée de Pergame, à Berlin.

La porte et son histoire

La porte, on l’utilise tous les jours. Oui, mais finalement, on ne sait pas d’où elle vient, ni comment elle a été inventée!

En quelques mots, une porte est simplement une ouverture dans un mur – appelée «baie» en architecture – permettant d’entrer dans une pièce ou d’en sortir. Ce qu’on désigne par le mot «porte» dans le langage courant est tout simplement la partie mobile permettant d’ouvrir ou de fermer le passage. Cette partie de la porte s’appelle l’huis, mot découlant du latin ostium signifiant «entrée, ouverture». Enfin, le chambranle désigne l’encadrement de la porte, se situant dans le plan du mur.

Durant la préhistoire, les hommes confectionnaient déjà des sortes de portes, afin de se protéger des prédateurs et du froid. La porte constituait déjà une certaine sécurité pour la famille.

Dans l’Antiquité Égyptienne, de véritables portes en bois fermaient les édifices importants tels que les grands tombeaux. Cependant, les maisons ordinaires étaient fermées par des toiles ou des nattes (tissus de paille, roseaux, etc.).

Au Moyen-âge apparaît le mot «porte», avec les châteaux forts. Avant cette époque, les portes étaient désignées par le terme «issues».

Au XVe siècle, le développement de l’urbanisation encourage de plus en plus l’utilisation de la serrure sur les portes.

Finalement, la porte a été inventée pour différentes raisons dont :

• La sécurité

• Le froid, la chaleur, etc. (protection contre les intempéries)

• La confidentialité : sans porte, tout le monde peut voir, entendre, entrer. Une porte sert aussi à accepter ou non l’entrée de quelqu’un dans son espace (c’est dans cette finalité que nous avons appris à frapper à la porte avant d’entrer).

• L’hygiène : les microbes extérieurs ne rentrent pas.

• L’organisation : on partage la maison en différents espaces de vie.

• L’isolation acoustique

• L’étanchéité à l’air, donc aux odeurs.

• Le symbole dans la société : certaines portes annoncent des édifices importants, par exemple l’Opéra Garnier.

• La décoration

• La sécurité face aux incendies : cette fonction est beaucoup plus moderne, puisque nous avons développé petit à petit des portes résistantes aux feux.

Cueilli sur https://blog.allomarcel.com/2015/04/la-porte-et-son-histoire/  

11 mai 2021

Le sniper nous prive d’un être irremplaçable

«Quand j'étais jeune, j'admirais les gens intelligents. Maintenant que je suis vieux, j'admire les gens gentils.» ~ Abraham Joshua Heschel 

Les gens qui disent que personne n’est irremplaçable m’agacent royalement. C’est totalement faux! À moins qu’ils ne fassent allusion aux clones ou aux robots humanoïdes.

«Le jeudi 16 juillet 2020, dix heures cinquante-cinq, Marie meurt. Le sniper peut ranger son fusil longue portée. Son travail est fait. Il peut maintenant aller ailleurs, viser la tête d’une autre victime innocente.» ~ Serge Bouchard (Un café avec Marie; Épilogue, p. 263)

La nouvelle du décès de Serge Bouchard ce matin m’a secouée; j’ai crié oh nooon! et j’ai pleuré.

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ICI Radio-Canada info : L’anthropologue, auteur et animateur Serge Bouchard s’est éteint à l’âge de 73 ans. Pendant plus de 25 ans, il a partagé ses réflexions au micro de Radio-Canada.

   Homme de radio, Serge Bouchard a animé des émissions phares telles que De remarquables oubliés, Une épinette noire nommée Diesel et Les chemins de travers.

   Il coanimait l'émission C'est fou... avec Jean-Philippe Pleau depuis plusieurs années. Ses problèmes de santé étaient en train de se résorber, a-t-il déclaré au micro de Pénélope.  «C’est sûr que c’est très difficile, on encaisse le choc. Un modèle unique d’humain comme il ne s’en fait plus beaucoup», a souligné Jean-Philippe Pleau, qui coanimait l'émission de réflexion C'est fou... avec M. Bouchard. 

ICI Radio-Canada nouvelle :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1792183/anthropologue-serge-bouchard-mort

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Si Gilles Carl et René Angélil méritaient des funérailles nationales, Serge Bouchard en mérite doublement! c'est un «remarquable» que nous n’oublierons jamais. 

J’essaie d’absorber le choc. Au fil des ans, j’ai écouté ses différentes séries en direct ou en archives. Il est le seul à avoir déverrouillé mon intérêt pour l’histoire. Il savait captiver son auditoire. J'ai peine à imaginer que je n'entendrai plus jamais cette voix unique en direct. 

Je viens de terminer «Un café avec Marie» que j’ai lu à doses homéopathiques pour étirer le plaisir. Aucune phrase inutile ou dénuée de sens, aucun mot inutile, une prose qu’on peut dire poétique; subtilité, sensibilité, humanisme, humour; on sourit, on acquiesce, on sourcille, on réfléchit tout du long.

J’en veux à l’univers de nous l’avoir arraché, tandis qu’on voit un nombre incalculable de célébrités vénales, stupides et superficielles accaparer les médias radiophoniques, télévisés et numériques. On a accordé une importance démesurée à la sosotte Maripier Morin qui, de par son côté pervers narcissique, fait penser à Donald Trump – ces gens-là n’atteignent jamais l’âge de raison, ils vont mordre les gens au propre et au figuré (comme les enfants à la garderie) toute leur vie.

«Aujourd’hui je ne rêve plus à cette tête fendue par une hache. La lecture, l’école, les récits, la philosophie, la science et tant de belles rencontres avec des esprits riches et ouverts ont chassé mes idées noires de petit garçon apeuré. Le savoir et la culture m’ont fait trouver la beauté, le sublime. Cependant, j’ai encore mes peurs. En 2016, Donald Trump s’est emparé de son trône en cultivant parmi ses fans la peur des Mexicains. Aujourd’hui, ses partisans, bedonnants à casquettes, ignorants et armés, ne se gênent plus pour faire peur au monde. Ces brutes grossières, vêtues comme des bouffons, complotistes et démentes, m’effraient plus que l’araignée velue, plus que la COVID-19. C’est qu’elles carburent à l’ignorance, une arme d’assaut à l’épaule. Quand je les vois aux nouvelles télévisées, ou sur le web, je vois l’échec de l’humanité. Et l’échec de l’humanité, c’est surtout cela que je crains aujourd’hui, au milieu de mes nuits de vieil insomniaque.»  ~ Serge Bouchard (Un café avec Marie / Un petit garçon dans la nuit, p. 110-111)  

Commentaire de Josée Blanchette / Le Devoir 16 avril 2021 : Dégusté Un café avec Marie, de Serge Bouchard. Quel poète de la nature que cet homme à la sensibilité exquise doublée d’un verbe qui résonne. Les 70 textes réunis sous ce titre ne parlent pas de vieillesse, mais suintent l’expérience acquise à force de se faire varloper le cuir de l’âme. «C’est tranquille que l’on s’éternise», dit Bouchard avant d’ajouter plus loin : «Au pays de la solitude, le mélèze est un cache-chagrin et les cocottes suspendues à ses branches sont comme les grains usés d’un interminable rosaire.»

À voir, écouter ou lire :

Serge Bouchard, le moineau sauvage

Anthropologue chevronné, grand ami des Amérindiens, libre penseur, écrivain prolifique, homme de radio à la voix magnétique, Serge Bouchard est un personnage hors du commun. Dans le documentaire Le moineau sauvage, celui qui a fasciné des dizaines de milliers d'auditeurs et de lecteurs en racontant la vie des autres... raconte la sienne. Une vie qui fut tout, sauf banale.

Durée : 45 min

Année de production : 2020

Date de diffusion : 2021-01-29

Production : PVP DOC VIII inc.

Pays : Canada

Réalisateur : Luc Cyr

https://ici.tou.tv/serge-bouchard-le-moineau-sauvage

Patrice Roy rencontre Serge Bouchard / Téléjournal Montréal / 19 mars 2021  

https://ici.radio-canada.ca/tele/le-telejournal-18h/site/segments/reportage/348044/pandemie-reflexion-anthropologue-serge-bouchard

Entrevue à Plus on est de fous plus on lit! / 3 mars 2021

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/plus-on-est-de-fous-plus-on-lit/segments/entrevue/345591/serge-bouchard-un-cafe-avec-mari

Les émissions animées par Serge Bouchard à la radio de Radio-Canada :

Le lieu commun (9 septembre 1992 au 30 mars 1997)

Les chemins de travers (25 juin 2000 au 17 août 2014)

Une épinette noire nommée Diesel (24 février 2003 au 14 mars 2003)

De remarquables oubliés (28 février 2005 au 27 octobre 2011)

Récit (6 janvier 2018 au 5 janvier 2020)

Les petits philosophes (26 décembre 2011 au 26 janvier 2012)

C’est fou... (27 juin 2010 – mai 2021)

Ses deux derniers livres :

L’allume-cigarette de la Chrysler noire

Serge Bouchard

Soixante-quatre textes brefs de l'inimitable Serge Bouchard, d'abord écrits pour être lus au micro de son émission C'est fou... (Ici Radio-Canada Première). La suite de C'était au temps des mammouths laineux et des Yeux tristes de mon camion. Un regard singulier sur le monde contemporain où la marginalisation des peuples autochtones côtoie la nostalgie de l'enfance et les mystères de l'écriture. Une prose où s'entendent les inflexions d'une voix unique, absolument singulière, qui nous parle de près, de tout près, comme à des proches.

Boréal; coll. Boréal Compact

Date de publication : 2021-05-03

 

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Du diesel dans les veines : la saga des camionneurs du Nord 

Serge Bouchard / Mark Fortier

«Plutôt que de toucher le fond de l’ignorance et de l’ennui, les routiers goûtent à un plaisir de nos jours interdit : prendre le temps d’être avec soi. Aller au fond des choses. Ils savent un secret très ancien : celui de la durée.»

   De novembre 1975 à octobre 1976, Serge Bouchard a voyagé avec des camionneurs dans le Nord-Ouest québécois. Son but: étudier et observer leur travail pour en faire le sujet de sa thèse de doctorat. Serge Bouchard et Mark Fortier ont transformé la matière de cette recherche ethnographique unique en un portrait vivant et pénétrant du monde des routiers.

   Il y est question de mouvement, de routes et de béton, mais aussi des célèbres «truck stops» où domine le personnage de la «waitress», de marginalité, d’infini, de solitude, d’accidents et, surtout, du plaisir d’être camionneur. Le regard de Serge Bouchard transforme la machine et son chauffeur en véritables personnages. Chacun a son histoire, ses cicatrices, son usure, sa musique. On peut parler comme un camion, avec une grosse voix tranquille, de la même manière que les conteurs innus savent parler comme un ours.

   Ce livre nous entraîne bien au-delà des routes du Nord à l’époque des grands chantiers de la Baie-James. Il nous parle des mystères de la vie, de la liberté et de la création.

LUX Éditeur

Date de publication : 2021-04-08