30 juillet 2017

Meilleur snapshot – ePrix de Montréal


 

@Twittakine – Trop drôle : M. Coderre arbore le sourire béat, reconnaissable entre mille, de l’ado timide, amoureux, qui voit soudain un fantasme se matérialiser sous ses yeux. Délicieux moment qui compense les mauvaises critiques qu’a essuyé le pauvre homme.

L’actrice et mannequin Kate Upton remplaçait Leonardo DiCaprio pour remettre un des trois prix. Photo : Agence OMI, Martin Chevalier; via Journal de Montréal  

M. Coderre affirme n’avoir aucun regret, que la formule E est là pour rester et qu’il y aura encore plus d’activités l’année prochaine.

Voilà ce qui se passe quand la «map» l’emporte sur la solidarité sociale. Le politicien est avide de pouvoir; par nature, il élabore des plans, des tactiques, des stratégies pour manipuler les situations et les gens et obtenir ce qu’il veut. Pour dominer les hommes, la formule la plus efficace est de les affaiblir en leur inoculant des sentiments d’insuffisance et de culpabilité.

28 juillet 2017

Les 70 ans de Serge Bouchard

Radio-Canada propose trois vidéos d’archives pour souligner son anniversaire
(27 juillet 1947). Étant une inconditionnelle du mammouth, je partage.

Une boîte, c’est une boîte. Les meilleures choses de la vie ne sont pas des choses.

70 ans et de nombreuses réflexions 
pour l’anthropologue Serge Bouchard

L'anthropologue, animateur et écrivain québécois Serge Bouchard fête son 70e anniversaire. Depuis plus de 30 ans, à la télévision, à la radio ou dans ses livres, ce grand penseur partage ses observations sur une multitude de petits et grands sujets humains. Retour sur quelques-unes de ses analyses au fil du temps.


Entretien à La vie d’artiste, 1999
Le phénomène de la haine et le danger qu’il représente pour la survie de l’humanité. Sa réponse est troublante et trouve résonnance avec l’actualité de ces dernières années.

(Transcription maison – trop bon!)

Le plus grand enjeu qui nous guette euh... je pourrais dire la fin du monde là, le plus grand enjeu qui nous guette, c’est nous-mêmes, c’est la haine. La haine, on devrait plus étudier ça. D’abord on étudie pas beaucoup l’amour, dans les livres de philosophie, dans les livres de psychologie, dans les livres de sociologie, et dans les analyses historico profondes qu’on lit, qu’on n’arrête pas de lire, y’a très très peu de choses de l’élémentaire qui nous occupe pourtant : le courage, l’amour, la bonté, des petits trucs comme ça.
   Mais y’en a un qui devrait nous préoccuper beaucoup, c’est la réalité de la haine. Nous sommes six milliards d’humains sur terre. Quand je suis venu au monde en 1947, on était deux milliards. On est en explosion démographique sur la planète. Six milliards de bibittes comme vous et moi, ça fait pas mal de monde. Pis  six milliards d’êtres intelligents qui seront dix milliards bientôt. Quand on va être 10 milliards. On est intelligents, donc on est des animaux extrêmement dangereux. On vit sur une ligne très tendue. On est dangereux. On est dangereux pour les autres, pour les animaux. D’ailleurs la preuve c’est que les espèces animales disparaissent. Malgré tout ce que les gens disent, à long terme y’a pas de place pour les animaux sur terre avec nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a pas de place pour rien d’autre que nous, et ce que nous faisons, et ce que nous détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, humanise tout.
   Mais aussi, il s’en prend à lui-même. Sa haine ne s’arrête pas à l’ours qu’il tue pour vendre sa rate pour 54 piasses. Sa haine va envers lui-même. Et l’histoire de l’humanité, sans être de mauvaise humeur là... c’est une histoire de meurtres, c’est une histoire de guerres, c’est une histoire d’extermination et c’est une histoire de racisme.
   Alors, je vous dirai que ce qui nous menace le plus, à dix milliards, ce serait de grands mouvements racistes haineux. Imaginez la scène! Depuis que le AK-47 existe et d’autres trucs euh... avec lesquels on peut exprimer notre haine avec beaucoup d’efficacité, je vous dirai que nous sommes haineux, des animaux haineux. Le serpent est venimeux, l’être humain est haineux. C’est dangereux. Et on devrait plus se méfier de ça que de la bombe atomique ou que des météorites et des martiens. La probabilité est beaucoup plus forte qu’une partie de l’humanité se mette à tuer l’autre partie. Pis j’veux pas devenir prophète et qu’un jour, dans 75 ans, ils ressortent cette cassette pis qu’ils disent «aïe, ce gars-là l’avait dit».
   Moi j’aime beaucoup les êtres humains. Mais quand je rentre dans certaines places, je m’en méfie, je me tiens le long du mur, pis j’ai ma place pour m’asseoir. Parce que, on a beau aimer, euh ... méfie-toi. Comme on dit, tu flattes pas un ours... naïvement. Les ours, c’est pas des oursons. (1)

Entretien à Reflets d’un pays, 1981
Le jeune Serge Bouchard raconte qu’il a accompagné pendant deux ans des routiers dans leurs déplacements. «C’est un mode de vie, être chauffeur de camion, c’est plus qu’un emploi, c’est un métier au sens d’autrefois.»

Entretien à Second regard, 2015
La peur de vieillir et la prise de conscience nécessaire à chaque personne.
«Vieillir, c’est l’horreur [...] c’est un navire qui fait naufrage. Il y a moyen de bien vieillir, d’avoir un sourire et d’être un beau vieux, une belle vieille. Ça existe, ça existe beaucoup d’ailleurs, et il faut insister là-dessus. Sinon, à 50 ans, on va déposer le bilan.»

Vous trouverez tous les liens d’archives de ses émissions

“Nobody wants to be here and nobody wants to leave.” ~ Cormac McCarthy, The Road

How do you feel?
I feel like an old man watching is body falling apart like an old car.
The Romeo Section, a Vancouver-based contemporary espionage thriller that centres on a veteran agent who sets out to recruit a high-value informant (CBC Radio-Canada). Thème principal : le trafic de drogues.  

(1) À propos de haine et de violence...


«Avant même d’en avoir terminé avec le désespoir et la souffrance d'un meurtre, vous étiez déjà en route vers un autre. Plus de sang, plus de violence.»
~ Letizia Battaglia


Cette citation de la photographe confirme les propos de Serge Bouchard. Et l’on peut penser à une autre mafia : le terrorisme (individuel, de groupe, local ou international) qui frappe à l’aveugle, partout dans le monde depuis plusieurs années.

Letizia Battaglia : la mafia à l’œil

Letizia Battaglia, l'une des premières photojournalistes femmes d'Italie, a documenté pendant près de vingt ans les crimes de la mafia en Sicile. Ses clichés en noir et blanc témoignent d'une Sicile qui, dans les années 70 et 80, faisait face aux exécutions quasi-quotidiennes de la mafia. Elle couvrait parfois jusqu'à cinq meurtres par jour : «Les mafiosi de Corleone étaient arrivés à Palerme pour la détruire, pour voler notre argent, pour donner de la drogue à nos enfants, c'était horrible. C'était une guerre civile, avec des Siciliens qui tuaient d'autres Siciliens.»
     La vie quotidienne de la population extrêmement pauvre ainsi que celle de l’élite extrêmement riche font partie de sa collection qui compterait quelque 600 000 clichés.


«Une femme qui photographiait les "mafiosi", c'était la honte. Une grande honte pour la mafia. J'ai reçu quelques menaces, parfois j'ai eu très peur... Maintenant je le dis avec légèreté, mais c'était compliqué.»
     «La violence, les hommes qui meurent, la douleur des femmes, les enfants qui crient, on ne peut pas les oublier. Les enfants avec le visage triste quand ils voyaient leur père mort, c'est trop lourd et ce n'est pas fini.»
     «Mes photographies, elles sont peut-être bonnes, on peut même peut-être dire que j'ai eu du succès. Mais ça, je m'en fous. Parce que ce que je voulais ce n'était pas le succès. C'était le changement. C'était que mes neveux, mes enfants et leurs enfants connaissent une réalité différente. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.»
     Avec ses expositions présentées à travers le monde et l'édition de livres, elle poursuit sa lutte contre l'emprise de Cosa Nostra car, dit-elle, «la mafia est devenue plus grande encore, elle est partout. Il faut continuer à lutter jusqu'à la fin». 

Extraits/adaptation d’un article de Christophe Parayre (Agence France-Presse, Toulouse, septembre 2016)

En complément :
Y a-t-il des colères justes?
La violence : les humains sont-ils mauvais jusqu’à l’os?

Nous ne pouvons plus compter les victimes de la violence meurtrière dont l’espèce humaine est la championne. Voici une explication tout à fait plausible à ce penchant inné de tueur qui habite l’homme, proposée par des chercheurs scientifiques. ... 

25 juillet 2017

La toute-puissante économie

C’est quasiment pathétique d’entendre le maire de Montréal se dépatouiller avec «sa» course de formule E. Ses arguments ne tiennent pas la route. À vrai dire, c’est insupportable, et insultant pour les gens qui voient au-delà de la mascarade.

«Le vulgaire imbécile est toujours avide de grands événements, quels qu’ils puissent être, sans prévoir s’ils lui seront utiles ou préjudiciables : il n’est ému que par sa propre curiosité.» ~ L’Arioste, 1474-1533 (Roland furieux)

Montréal avait déjà l’air d’une ville en état de siège ou post-séisme. Impossible de circuler dans le labyrinthe des chantiers, interdictions et détours.  

Photo : Radio-Canada/Simon-Marc Charron. Les travaux en vue de la course de la formule E perturbent la circulation au centre-ville.

Carte : Montréal Métro. Un millier de personnes enclavées; avec le débordement périphérique, ce sera assez infernal. Comme pour toute course qui se respecte, les Barbies hôtesses seront au rendez-vous, tel que promis par les organisateurs...

L’événement soulève donc la grogne pour d’excellents motifs. À lire :
La Formule E : nous n’avions pas besoin de ça
Les quatre raisons pour lesquelles Montréal aurait dû passer son tour
Par Philippe Mercure, éditorialiste (La Presse)   

Le monde se portera beaucoup mieux quand les élus cesseront de baiser les pieds des lobbyistes (c'est une véritable pandémie).

«Quand l’argent précède, toutes les portes s’ouvrent.»
~ William Shakespeare (Les Joyeuses commères de Windsor

M. Coderre voulait "remettre les pendules à l'heure" aujourd'hui. 
Voici une manière différente de voir la chose...

Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles
Par Bernard Maris
Le Seuil, 2003 


L’économie est un anesthésique du même tabac que le latin à l’église, et sans doute l’économie a t’elle beaucoup gagné là où la religion a beaucoup perdu. Il y a un côté transique dans la prière commune, que l’on retrouve dans l’incantation économique à la Confiance chantée en canon dans toutes les réunions, du G7 ou d’ailleurs.

N’importe quel esprit un peu ouvert comprenait que le communisme était une «perversion de la rédemption des humbles», une hérésie religieuse, mais une religion tout de même. Point n’est besoin d’être grand clerc pour voir dans l’économie orthodoxe, la loi de l’offre et de la demande et le libéralisme idéalisé une utopie, comme le communisme, et comme lui une religion avec ses fidèles, ses papes, ses inquisiteurs, ses sectes, son rituel, son latin (les maths), ses défroqués, et peut être un jour, rêvons, son Pascal et son Chateaubriand.

La «main invisible», ruse hégélienne de la raison, raison dominant la raison des hommes, est un avatar du Saint -Esprit. Idem le marché (son autre nom) omnipotent, omniprésent et ubiquitaire, être de raison supérieure, substance immanente et principe des êtres – «vous n’êtes qu’un raisonnement coût-bénéfices» cause transcendante créant le monde, et qui a tous les attributs de la divinité, y compris le destin : personne ne peut échapper au marché. Il existait avant vous et existera après. Dès lors il est impossible de penser l’après-économie. Voilà pourquoi la fin de l’histoire, la new economics (la fin des cycles, vieille resucée libéralisée des croyances en la croissance optimale en vigueur dans l’après-guerre) sont indissociables du libéralisme. La fin de l’histoire arrange bigrement ceux qui ont le pouvoir. La fin de l’histoire, c’est bien si je suis en haut. L’éternité du marché, qui justifie la domination de quelques dizaines de milliardaires dont la fortune équivaut au PIB cumulé des cinquante pays les plus pauvres, ressortit au principe du droit divin. Le droit du marché est le droit du plus fort. Les dictateurs ont toujours cherché à justifier démocratiquement, par 98% de oui, leur place.

Si l’économie est une religion, ce que pensent, finalement, beaucoup d’économistes ayant pignon sur colloque ou place dans les conseils du Prince («L’économie politique est la religion de notre temps», Serge Latouche : «L’économie politique est la religion du capitalisme», Michel Aglietta et André Orléan), indiscutablement le marché, sa divinité, a une certaine allure : la Raison, le Progrès, le Bonheur, la Démocratie et autres candidats fort acceptables à l’essence éternelle sont tous contenus en lui.

Les problèmes des religions c’est qu’elles engendrent les fanatismes, les sectes (on disait, à juste titre, dans les salons de Louis XV, la «secte des physiocrates», personnages qui se signalaient par leur arrogance et la complexité de leurs discours), les hétérodoxies, les papes, les gourous, l’École de Chicago est une secte, bornée à bouffer du foin, mais dangereuse et convaincante comme toutes les sectes. Les libertariens sont une secte, à peine plus sectaire que la précédente. Les chartistes sont une secte. La société du Mont-Pèlerin est une secte avec ses rites et ses cravates ornées du visage d’un douanier. Les micro-économistes sont une secte. Les théoriciens de l’économie industrielle sont une secte, dont l’obscurantisme et le fanatisme donnent froid dans le dos. Il n’est pas difficile de repérer le taliban sous l’expert, et le fou de Dieu sous le fou de l’incitation.

Il y a aussi une manière rigoriste ou désinvolte de pratiquer, en trompant son monde et allant à la confesse. Il y a les prêcheurs et les convertis. Les libéraux les plus fanatiques viennent souvent du marxisme, c’est-à-dire ont changé simplement de religion. On voit des abbés de cour, des Trissotin, des pères Duval ou des abbés Dubois, des Talleyrand qui clopinent et des chanteurs en grégorien, des beautés et bontés du marché. Mais le problème de la religion est qu’il est extrêmement difficile, lorsqu’on en a été nourri, de penser hors d’elle. [...]

Au fait, les économistes… De quoi parlez-vous? Savez-vous que lorsqu’on a compris que la «science» économique était une religion, l’économie devient passionnante? On peut l’aborder sous l’angle de la mathématique pure rien n’est plus respectable que le plaisir pur du chercheur, détaché des contingences mercantiles, qui produit ses théorèmes de mathématique, mais qu’il ne les baptise lois économiques, par pitié ! Sous l’angle de l’histoire des faits, de la pensée, de la philosophie économique, de la comptabilité, de la statistique descriptive... De la rhétorique comme il est amusant, alors, d’observer les travaux de couture des uns et des autres pour emmailloter plus ou moins habilement dans de la «science» leur idéologie!

La Révolution avait coupé le cordon religieux. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, avec la coupure du cordon de la religion économique.

Alors, les économistes… De quoi parlez-vous? Du Saint-Esprit ou de la valeur?

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(1) Bernard Maris (23/9/46 – 7/1/2015), l’économiste en chef de Charlie Hebdo, à l’humour digne de cette joyeuse maison, prof d’économie rêvé, fait partie des tristes victimes des attentats du 7 janvier. Ses compétences, ses responsabilités dans la vie civile (membre du conseil scientifique d’Attac et membre du conseil général de la Banque de France), n’avaient d’égales que la singularité absolue de ses positions dans le monde uniforme et puissant des économistes : partisan de l’instauration d’un revenu d’existence universel, il militait pour la sortie de l’euro et l’effacement d’une partie de la dette privée et publique. Journaliste, professeur, esprit curieux et ouvert, Bernard Maris était une personnalité à part, un style en soi, brillant et mordant.

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«Ne parle pas d’argent; je n’adore pas un dieu qui se donne si vite au derniers des drôles.» ~ Euripide

22 juillet 2017

Le cheval, selon Boucar

Coïncidence : mes bien-aimés chevaux à l’honneur. Quand je pense à tout ce qu'on a infligé jusqu'à maintenant aux chevaux, et aux animaux en général, je suis horrifiée, peinée et indignée. Malgré leur grande force, comme les enfants, ils sont totalement vulnérables et démunis face à la cruauté des humains. (Si le sujet vous intéresse, visitez le libellé "Zoofriendly" du blog Situation planétaire.) 

La nature selon Boucar
Samedi 22 juillet 2017

Histoire du cheval : 10 000 ans d'exil

«Il est le seul animal à avoir accompagné l'homme dans toutes ses guerres de conquête, mais aussi dans toutes ses vantardises.» L'historien et membre de la Société d'histoire de la Haute-Yamaska Mario Gendron nous présente l'histoire du cheval, animal mythique qui aurait parcouru la planète à l'état sauvage avant de joindre son destin à celui de l'homme.

À droite, le poulain "Vimy" de la 20e Batterie de campagne de Lethbridge né sur la crête après la bataille et sa mère, à gauche.  Photo : Radio-Canada / Bibliothèque et Archives Canada

Si la bête est née en Amérique il y a 60 millions d’années, sa forme plus moderne disparaît du continent environ 10 000 ans avant notre ère. S’étant déplacé en Asie par le détroit de Béring, puis en Europe, le cheval est domestiqué tardivement par l’homme, des millénaires après le cochon, la vache ou le chien.

Retour au bercail

Curieusement, c’est en Amérique que le cheval va connaître le plus de succès.

Après avoir été utilisé par de nombreuses civilisations, souvent pour en exposer les richesses ou en démontrer la puissance militaire, l’animal retourne en bateau sur son continent originel au milieu du 17e siècle. Par la suite, toutes les classes sociales auront des chevaux en Amérique. Les Français, les Hollandais et les Anglais vont tous en importer, et de nombreuses nations autochtones vont l’adopter, notamment pour la chasse.

La pureté de la race, un mythe?

Selon l’historien, l’illusion de la pureté génétique du cheval, démentie par les scientifiques, ressemble beaucoup à celle qui entoure l’aristocratie. Ainsi, même si l’on considère que l’ancêtre d’un cheval est pur, le mélange génétique se poursuit avec sa descendance.

Les chevaux ne sont pas purs dans l’absolu de la génétique, ils sont purs uniquement [quant à] certains caractères qui se reproduisent. Ceux qui tiennent les livres de génétique ont intérêt à dire que la race est pure et qu’elle a des qualités intrinsèques.



Boucar Diouf (né le 26 mai 1965) est un biologiste, océanographe, humoriste, conteur, chroniqueur et animateur de télévision québécois d'origine sénégalaise (peuple Sérère). Arrivé au Québec en 1991 à Rimouski pour y faire des études supérieures, il a enseigné un temps la biologie à l'Université du Québec à Rimouski. Il mène actuellement une carrière d'humoriste. Dans ses sketches, il traite régulièrement de questions d'intégration et des différences culturelles.

20 juillet 2017

Patch et Stewball

Ce cheval serait né avec un patch en forme de poulain blanc, selon la légende de la photo. Hum... je suis sceptique. Que ce soit à l’aide de peinture (non toxique j’espère) ou de retouche par logiciel, c’est chouette.

D’un autre côté, la nature crée parfois des bizarreries «naturelles» – tel ce mignon petit chien bicolore gréé d'un cœur.


Complainte du petit cheval blanc 
Paul Fort

Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage!
C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.

Mais toujours il était content, menant les gars du village,
À travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant.

Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage!
Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.

Hughes Auffray ~ Stewball

Il s'appelait Stewball
C'était un cheval blanc
Il était mon idole
Et moi, j'avais dix ans.

Notre pauvre père,
Pour acheter ce pur sang,
Avait mis dans l'affaire
Jusqu'à son dernier franc.

Il avait dans la tête
D'en faire un grand champion
Pour liquider nos dettes
Et payer la maison

Et croyait à sa chance.
Il engagea Stewball
Par un beau dimanche
Au grand prix de St-Paul.

"Je sais, dit mon père,
Que Stewball va gagner."
Mais, après la rivière,
Stewball est tombé.

Quand le vétérinaire,
D'un seul coup, l'acheva,
J'ai vu pleurer mon père
Pour la première fois.

Il s'appelait Stewball.
C'était un cheval blanc.
Il était mon idole
Et moi, j'avais dix ans.

Grey mare

En Amérique, la ballade Stewball était plus populaire chez les afro-américains du sud où le cheval gagnant était appelé 'Skewball' ou 'Kimball’, et c’était apparemment l’une des chansons des chain gangs (1). La chanson a été enregistrée par Leadbelly en 1940 (CD disponible via le Musée Smithsonian), par Joan Baez (album ‘Joan Baez’), par Peter, Paul et Mary, et un certain nombre d'autres artistes.

Il y a une chanson américaine qui lui est étroitement liée, appelée ‘Molly and Tenbrooks’ (et aussi Run, Molly, Run; Old Tim Brooks; Tim Brooks; The Race Horse Song), qui raconte la compétition entre deux célèbres chevaux de course Mollie McCarty (Californie) et Ten Broeck (Kentucky) lors du East-West Four-mile Kentucky Match le 4 juillet 1878.

Il existe plusieurs versions de la saga Molly/Ten Broeck, et le folkloriste D.K. Wilgus croyait qu'il y avait un lien entre la ballade Stewball et celle de Molly/Tenbrooks dans lesquelles on raconte que Mollie McCarty aurait fait une chute fatale, tel que mentionné dans la version Stewball de Joan Baez.

Mais ce n’est pas arrivé. Ten Broeck l’a dépassé et a remporté la course; mais Mollie McCarty en a gagné plusieurs par la suite et a donné naissance à trois poulains. 

http://www.tbheritage.com/Portraits/MollieMcCarty.html

Joan Baez ~ Stewball

Stewball was a good horse
He wore a high head,
And the mane on his foretop
Was as fine as silk thread.

I rode him in England,
I rode him in Spain,
And I never did lose, boys,
I always did gain.

So come all you gamblers,
Wherever you are,
And don't bet your money
On that little gray mare.

Most likely she'll stumble,
Most likely she'll fall,
But you never will lose, boys,
On my noble Stewball.

As they were a-ridin'
'Bout halfway around,
That gray mare she stumbled
And fell on the ground.

And away out yonder,
Ahead of them all,
Came a prancin' an' dancin'
My noble Stewball. 


Peter, Paul & Mary ~ Stewball



Oh Stewball was a racehorse, and I wish he were mine.
He never drank water, he always drank wine.

His bridle was silver, his mane it was gold.
And the worth of his saddle has never been told.

Oh the fairgrounds were crowded, and Stewball was there
But the betting was heavy on the bay and the mare.

And a-way up yonder, ahead of them all,
Came a-prancin' and a-dancin' my noble Stewball.

I bet on the grey mare, I bet on the bay
If I'd have bet on ol' Stewball, I'd be a free man today.

Oh the hoot owl, she hollers, and the turtle dove moans.
I'm a poor boy in trouble, I'm a long way from home.

Oh Stewball was a racehorse, and I wish he were mine.
He never drank water, he always drank wine.

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(1) Chain gang : groupe de prisonniers enchaînés ensemble et contraints d'effectuer des travaux pénibles, qui consistaient par exemple à casser des rochers, généralement le long des routes et voies ferrées en construction. Ce système a principalement été utilisé aux États-Unis où, en 1955, il a été abandonné dans tous les États à l'exception de l'Arizona.

Southern chain gang, Detroit Publishing Co. Bibliothèque du Congrès, 1903.
(Source : Wikipédia)  

16 juillet 2017

Je me laisse prendre à tout coup

Photo : SimStl. Île d’Orléans

16 juillet, Dessine-moi un été, chronique Amour des mots et poésie avec Christian Vézina : La rêverie (ou le vieux qui nageait vers le large). Je comprends pourquoi il passe en fin d’émission. On a souvent envie de silence après l’avoir entendu. Envie de rester avec les images, les émotions, les sentiments, le sourire, le rire, le brin de nostalgie, l’émerveillement. (Contrairement à lui, je cherche mes mots...)

Audiofil :
http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/dessine-moi-un-ete


Site de l'auteur https://twitter.com/capveranda

D’abord poète, par la suite homme de scène, Christian Vézina a publié deux recueils de poésie accompagnés de CD aux éditions Planète rebelle, Doux comme dans fauve (1999) et L’inventaire des miracles (2009). Si le comédien et coauteur de Henri Bricole, Le poète fait du chapeau et La veillée chez le maréchal-Ferron n’a guère besoin de présentation, le poète, lui, avait tout à révéler. C’est en fêtant ses quarante ans sur l’île d’Orléans qu’il s’est dit que c’était le moment ou jamais d’écrire, avant de reprendre la route des théâtres et des festivals (au Québec comme en Europe) avec son petit cirque de mots… Et c'est cette réflexion qui a donné naissance à L’inventaire des miracles. (Source : Planète rebelle)

13 juillet 2017

Quelque chose qui nous élève

Après tous les récents messages teintés de morosité et de cynisme, je me suis évadée dans la nature, caméra à la main, cherchant des sujets d’émerveillement; c’est le meilleur endroit (pour moi). Le retour au monde fébrile des humains est toujours pénible, même si j'habite dans une petite ville très «verte», tranquille et agréable. J’ai de la difficulté à y vivre des moments aussi «sublimes» et paisibles que dans les lieux plus «sauvages». Je devrais peut-être faire des efforts pour découvrir des sources d’émerveillement dans mon environnement immédiat. C’est l’une des choses que nous suggère Maggie McCracken.


«La capacité de s’émerveiller remplace adéquatement la religion, la prière et la dévotion. Il suffit d’admirer un ciel étoilé, un oiseau s’envoler, une fleur s’ouvrir, un bébé sourire, pour qu’un sentiment de gratitude monte spontanément. Mais, il faut prendre le TEMPS de s’arrêter.» ~ William Martin, Taoist Living (1)

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Au lieu d’investir dans des armes de destruction massive qu’aurions-nous à perdre à investir dans des armes de bonification massive de l’humanité?
larguons des bombes remplies d’ocytocine (2) sur nos potentiels «ennemis»  
remplaçons les prescriptions de Fentanyl (3) par des prescriptions d’ocytocine  

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Pourquoi cultiver l’émerveillement?
Par Maggie McCracken (Care2)

Si vous revenez sur les moments où vous avez ressenti un sentiment de stupéfaction mêlée de respect, de quoi vous rappelez-vous? Peut-être l’avez-vous éprouvé en visitant le Grand Canyon, ou en en regardant les imposants gratte-ciels des rues de Manhattan. Ou, peut-être lors d’un concert live... écouter de la musique bien jouée peut déclencher ce sentiment.

Indépendamment de ce que vous trouvez particulièrement impressionnant, vous connaissez sûrement la sensation : on se sent incroyablement petit avec une impression de faire partie de quelque chose de beaucoup plus grand que soi. Dans une étude de 2015, un groupe de chercheurs de l'Université de Californie, Irvine, décrit le phénomène ainsi «c’est ce sens de l’émerveillement que nous éprouvons en présence de quelque chose d'immense qui dépasse notre compréhension du monde».

L’importance de ce sentiment 

Bien sûr, l'expérience est fort agréable, mais contribue-t-elle à une vie plus saine et heureuse? Les chercheurs disent oui. Ils ont constaté que plus ces expériences étaient fréquentes, plus les comportements altruistes ainsi que l'empathie et la bonté augmentaient. Et ce n'est pas tout. Selon Psychology Today, les gens qui vivent régulièrement ces états d’esprit ont tendance à avoir des niveaux élevés d’ocytocine; ce peptide est aussi reconnu pour réduire l’inflammation des tissus, et par conséquent la douleur.

«Ces expériences évoquent l'émerveillement et l'étonnement», écrit Amélie M. Gordon, PH.D. dans Psychology Today. «Elles ne sont pas seulement agréables, elles sont transformatrices; elles nous incitent à contempler le sens de la vie et à nous voir comme une partie d'un ensemble plus vaste.»

La cabane dans les arbres... contemporaine

Comment en faire l'expérience plus souvent

Ce serait formidable si nous pouvions tous visiter régulièrement de nouveaux endroits et voir des paysages et des décors différents, mais malheureusement, ce n'est pas réaliste. Cependant, il y a plein d’occasions de s’émerveiller dans la vie quotidienne... il suffit d’y mettre un peu d'efforts. Voici quelques idées.

Pratiquer la randonnée. Grimpez au sommet d'une colline surplombant un magnifique paysage est l'une des plus façons les plus efficaces de susciter l’émerveillement.

Se lever tôt et regarder le lever du soleil. Les couchers de soleil sont magnifiques, mais nous en voyons plus fréquemment. Moins de gens ont la chance de contempler un lever de soleil, tandis qu’il projette ses rayons roses sur la terre.

Regarder les étoiles. Mais pas seulement en passant. Sortez de la ville et admirez la voie lactée sans pollution lumineuse nocturne. 

Marcher très lentement. Par une belle journée, marchez autour de votre bloc.... Prenez le temps de regarder les fleurs, de respirer leur parfum et d’observer les écureuils et les oiseaux qui jouent et s'amusent.


Devenir touriste dans sa propre ville. Découvrez de nouveaux quartiers, parcs publics, musées et sites intéressants.

Consulter des médias inspirants. Cherchez des médias qui vous élèvent et vous laissent un sentiment d’émerveillement, tels que des récits de voyage ou des documentaires sur la nature.

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(1) A Society in Fibrillation by William Martin Blog 7/10/17

Fibrillation:  the quivering and fluttering of the heart caused by uncoordinated contraction of the individual fibrils in the heart muscle; often caused by disjointed signals of the sympathetic nervous system. 
     [] Our world is full of tweet-driven fight or flight signals. We are off-balance all of the time because no sooner does one tweet ripple through the internet than another one on an entirely different, but equally insane, theme plops into the media pond. How can we possibly maintain a balanced life in the midst of such a lunatic energy? Perhaps this is a purposeful strategy meant to keep us in this state; or it may be simply the result of a deranged leadership. Whatever the cause, the personal path to sanity and effective action lies in finding ways to keep ourselves in a healthy, steady, non-agitated state of being. 
     My first suggestion is to take measures to severely limit the presence of the tweets and other fear-producing media presentations. This is not a head-in-the-sand avoidance mechanism. It is a sane necessary step to help restore a normal rhythm to our daily life. The current leadership of our society depends on keeping us off-balance and afraid. This keeps our sympathetic nervous system in a constant state of activity and inhibits any arising of well-considered action. In the fight/flight state of mind the only thing the body cares about is lashing out at whatever feels threatening in the moment, or running away as fast as possible. The mind is not able to entertain creative solutions or to take patient steps toward effective long-term goals. []

Source : http://www.taoistliving.com/index.html
https://www.facebook.com/taoistliving/

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(2) L’ocytocine, l’hormone qui crée des liens  

Tant chez les humains que chez les autres animaux, on peut dire que l’ocytocine est un peptide qui joue le rôle de ciment des relations sociales. Elle aurait en effet la capacité d’associer les contacts sociaux à des sentiments agréables, aidée en cela par d’autres neuromédiateurs, telle la dopamine.

Suivez le guide...  

D’autres études mettant à profit des tests psychologiques sur les habiletés sociales des participants ont démontré que l’ocytocine améliore l’empathie surtout chez les sujets ayant les capacités sociales les moins développées. Ces résultats ont d’ailleurs suscité de l’intérêt sur le potentiel thérapeutique de cette molécule pour atténuer les symptômes de dysfonctionnements sociaux comme les phobies ou l’autisme. 
     En réduisant l’anxiété et favorisant la confiance, l’ocytocine contribue donc à la stabilisation des liens sociaux et des comportements de type coopératif, altruiste, empathique ou même de sacrifice. Ce dernier pouvant être associé à l’agressivité défensive de la mère, par exemple face à un individu du groupe qui triche ou refuse de coopérer. Elle contribue donc non seulement à moduler nos émotions, mais également à influencer des processus de plus haut niveau comme nos jugements moraux.

Source : Le cerveau à tous les niveaux  http://lecerveau.mcgill.ca/avance.php

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(3) Au sujet de la dépendance au Fentanyl et aux opiacés (vidéos et articles) :

Unstoppable: The Fentanyl Epidemic
http://www.cbc.ca/firsthand/features/heres-what-you-need-to-know-about-opioids-and-addiction

12 juillet 2017

La 6e inclura les humains

Selon les dernières données scientifiques la sixième extinction de masse progresse à pas de géant. Et il semble que l’humanité joindra les rangs des espèces disparues à jamais. «Fausse nouvelle!», diront les trumpistes.

Pour une fois, je suis d’accord, certains spécimens humains survivront :
Caricature : Nawak (via www.mrmomdialisation.org )

J'imagine que ce ne sont pas les frères Trump qui ont fait le coup; il ont déjà tué leur lot d’animaux en voie d’extinction.

Comme beaucoup de chasseurs, Don Jr et Eric Trump prétendent aimer les animaux. Aiment-ils leur propre progéniture? Ouah.