30 septembre 2013

Insights

Le sage Râmana Mahârshi (ne pas confondre avec Maharishi, le gourou des Beatles…) disait que la réalisation du Soi (éveil ou illumination) n’était pas exclusivement réservée à l’espèce humaine : «Il n’est pas vrai que la condition humaine soit nécessairement la plus élevée et que l’on ne puisse atteindre la réalisation que dans de cette condition. Un animal peut atteindre la réalisation du Soi.» À mon avis, étant donné que les animaux n’ont pas le crâne bourré de croyances religieuses, c’est peut-être même plus facile pour eux que pour nous!  

Anthologie de l’Extase  
Textes rassemblés par Pierre Weil
Question de / Albin Michel; 1989

[Extraits] 

L’approche transpersonnelle, le regard de la science sur les états mystiques

«Trop de gens avec une vision limitée définissent l’essence de la science comme étant un contrôle prudent, une validation d’hypothèses, une recherche pour vérifier si les idées d’autres gens sont correctes ou non. Mais comme la science est aussi une technique de découverte, il lui faudra apprendre comment stimuler les intuitions et visions des expériences culminantes, et ensuite comment les traiter comme des données.»
~ Abraham Maslow, The Farther reaches of human Nature, 1971

Au cours de ces dernières décades qui précèdent la fin de notre vingtième siècle, on a pu noter un intérêt croissant aussi bien de la part de scientifiques, plus particulièrement de physiciens, de psychologues et anthropologues de renom que du public en général, pour un type d’expérience humaine à laquelle on a donné de nombreux noms différents, comme par exemple : extase mystique, illumination, nirvana, samadhi, satori, royaume des cieux, règne du Père, septième ciel, devekut, expérience transcendantale, métanoïa, conscience cosmique.
       Plusieurs facteurs peuvent être signalés comme causes aussi bien de l’augmentation de ces cas que de l’intérêt grandissant du public à ce sujet.
       Signalons en premier lieu le malaise de l’humanité devant la perspective de sa propre destruction; devant cette angoisse, de plus en plus nombreuses sont les personnes qui se posent les questions fondamentales sur le sens de notre existence et la place de l’homme dans le cosmos. Et si la question devient capitale et envahit toute l’existence d’un individu, elle peut déclencher chez celui-ci, par un processus qui nous échappe, l’entrée dans cet état de conscience cosmique.
       Un autre facteur, évident celui-ci, c’est la diminution des distances géographiques entre l’Occident et l’Orient; la facilitation des communications a mis les maîtres et sages de l’Inde, du Tibet, de la Chine et du Japon à notre portée. (…) Ils communiquent un savoir presque perdu ici; ils réveillent en ceux qui pratiquent leurs enseignements cette sagesse primordiale enfouie en chacun de nous.
       Lentement mais sûrement s’installe une authentique thérapie des maux de notre civilisation et de l’humanité, de ce que nous avons appelé la névrose du paradis perdu.
       Mais on pourrait penser que cette conscience cosmique, que cette expérience transcendantale n’est qu’une manifestation chimérique, une espèce de phantasme hallucinatoire, ou même, comme l’affirmaient certains psychiatres, un épisode ou crise psychotique.
       C’est là qu’intervient le troisième facteur : la recherche scientifique; celle-ci démontre de façon que l’on peut considérer aujourd’hui irréversible :
       - Qu’il s’agit bien d’une phénoménologie authentique, susceptible de contrôles expérimentaux rigoureux, physiologiques et psychologiques.
       On sait par exemple, depuis les travaux de Thérèse Brosse suivis de ceux de nombreux physiologistes américains, que ces états sont accompagnés de modifications du rythme respiratoire, cardiaque, électro-cutané et électro-encéphalographique, à tel point que l’on peut accompagner sur les graphiques le début et la fin du changement d’état de conscience. Ceci montre qu’il s’agit bien d’un phénomène réel.
       L’aspect psychologique de ces manifestations physiologiques a été étudié par de nombreux auteurs, par des méthodes d’analyse de contenu qui permettent de brosser un tableau d’ensemble assez précis et de faire un diagnostic de ce qui est vraiment transpersonnel.
       - Que les personnes actuellement vivantes et qui en sont l’objet sont non seulement normales, mais encore, surtout dans le cas de grands maîtres, présentent une intelligence, attention, mémoire, équilibre émotionnel et sens pratique tout simplement exceptionnels.
       - Que l’on en connaît maintenant les points communs aux différentes traditions; ce vécu présente un caractère transculturel.
       - On commence à décrire et tester les variables qui permettent l’élaboration de conditions favorables à son éclosion.

Une nouvelle branche de la psychologie

Ce type de recherche appartient aujourd’hui à une nouvelle branche de la psychologie : la psychologie transpersonnelle*. Née en Californie en 1969 comme quatrième révolution de la psychologie, issue du mouvement de psychologie humaniste, on peut citer entre ses précurseurs des pionniers de la psychologie moderne comme William Jones, Carl Gustav Jung qui forgea le terme transpersonnel, et Abraham Maslow.

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* Le transpersonnel : Lorsqu’un jour du troisième millénaire on se posera la question de savoir qu’elle fut la découverte la plus importante du XXe siècle, la réponse ne sera sans doute pas la force atomique ni celle des univers parallèles, mais celle de l’état transpersonnel de la conscience ou conscience cosmique. Cette dernière découverte constitue aujourd’hui le point de rencontre et de convergence entre la physique moderne et la psychologie, rencontre assez inattendue, si l’on tient compte de la distance qui semblait séparer ces deux disciplines; pourtant les états mystiques et les vues des grandes traditions spirituelles de l’humanité ont attiré l’attention de nombreux physiciens.

Témoignage

En revenant sur ma propre expérience toutes ces formes de consciences convergent en direction d’une espèce d’insight au sujet duquel je ne puis éviter d’attribuer une certaine signification métaphysique. Le point principal en est invariablement la réconciliation. C’est comme si les opposés du monde, dont le caractère contradictoire et conflictif provoque toutes nos difficultés et troubles, se dissolvaient dans l’unité. Non seulement, comme espèces, elles appartiennent à un et au même genre, mais une de ces espèces, la plus noble et la meilleure, est elle-même le genre, et imprègne et absorbe ses opposés en elle-même.
       Ceci est une manière obscure de le dire, je le sais, quand c’est exprimé en termes de logique commune, mais je n’arrive pas à échapper complètement à son autorité. Je sens que cela doit signifier quelque chose, quelque chose comme la philosophie hégélienne…
~ William James (The varieties of religious experience; 1926) 

Faire un avec le Tao (avec tout ce qui est)
Tao Te King
Chapitre XVI

Ce que l’on ne peut voir
Est appelé invisible
Ce que l’on ne peut entendre
Est appelé inaudible
Ce que l’on ne peut toucher
Est appelé imperceptible.

Trois éléments indéchiffrables
Qui se confondent en un.

L’aspect supérieur est non lumineux
L’aspect inférieur est non obscur.

Indéfini il ne peut être nommé.
Forme sans forme
Image sans image
Clair-obscur indistinct.

On ne peut voir son visage
Ni suivre son dos.
Pourtant qui suit l’antique voie
Saura maîtriser le présent.

Connaître l’origine
Revient à marcher sur la voie.

Interprétation libre de Goddard (in Lao Tsé, Tao-Teh-King, A buddhist Bible, 1970) :
       «Au moment où l’on est capable de concentrer son esprit à l’extrême de la vacuité et de le maintenir là dans une sereine tranquillité, alors notre esprit fait un avec l’esprit de l’univers et est retourné à son état originel duquel son mental et toutes les choses de l’univers ont émergé comme apparences.
       Toutes choses se trouvent dans un processus périodique de manifestation et dissolution dans leur état originel. On pourrait appeler ceci une espèce d’inertie, une retraite de l’activité et de la manifestation, qui ramène toutes choses à leur état originel de composition. L’état originel est éternel. Comprendre cette éternité de la vacuité c’est l’illumination; sans cette illumination notre esprit s’épaissit dans la confusion et dans des activités nocives.
       Comprendre la vérité de l’éternité nous inonde de grâce; la grâce nous rend impartial; de l’impartialité découle la noblesse de caractère, la noblesse est comme le ciel.
       Être céleste signifie avoir atteint l’état de tao. Avoir atteint l’état de tao c’est devenir un avec l’éternité. On ne peut jamais plus mourir, même avec la décadence du corps.»

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Pensées du jour :

Si vous préservez votre esprit de tout jugement et n’êtes pas esclave de vos sens, votre cœur trouvera la paix.
~  Tao Te King

L’illumination, c’est d’abord la liberté d’être le raté que l’on est.
~ Alan Watts

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http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/01/moments-dillumination.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/01/moments-dillumination-2.html

29 septembre 2013

Cohen à Rotterdam



TAP: http://1heckofaguy.com/
Si vous êtes un(e) inconditionnel(le) de Leonard Cohen, c’est un site pour vous…

Rotterdam Concert, September 18th, 2013

Lover, lover, lover
Leonard Cohen

I asked my father
I said, "Father, change my name"
The one I'm using now, it's covered up
With fear and filth and cowardice and shame

Ah, but, lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

He said, "I locked you in this body
I meant it as a kind of trial
You can use it for a weapon
Or to make a woman smile"

Ah, but, lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

"Then let me start again," I cried
Oh, please let me start again
I want a face that's fair this time
I want a spirit that is calm

Ah, but, lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

"I never turned aside," I said
Oh, I, I never ever walked away
It was you who built the temple
It was you who covered up my face

Ah, but, lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

You may come to me in happiness
Or you may come to me in grief
You may come to me in your deepest faith
Or you may come in disbelief

Ah, but, lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me, oh
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

And may the spirit of this song
May it rise up, pure and free
May it be a shield for all of you
A shield against the enemy

Ah, but, lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me, oh
Yes and lover, lover, lover, lover
Lover, lover, lover, come back to me

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À écouter aussi, cette fameuse chanson ... avec sa voix d’aujourd’hui; toujours beau! – sur «1 Heck Of A Guy» 

Hey, That’s No Way to Say Goodbye

I loved you in the morning, our kisses deep and warm
Your hair upon the pillow like a sleepy golden storm
Yes, many loved before us, I know that we are not new
In city and in forest, they smiled like me and you
But now it's come to distances and both of us must try

Your eyes are soft with sorrow
Hey, that's no way to say goodbye

I'm not looking for another as I wander in my time
Walk me to the corner, our steps will always rhyme
You know my love goes with you as your love stays with me
It's just the way it changes like the shoreline and the sea
But let's not talk of love or chains and things we can't untie

Your eyes are soft with sorrow
Hey, that's no way to say goodbye

I loved you in the morning, our kisses deep and warm
Your hair upon the pillow like a sleepy golden storm
Yes, many loved before us, I know that we are not new
In city and in forest they smiled like me and you
But let's not talk of love or chains and things we can't untie

Your eyes are soft with sorrow
Hey, that's no way to say goodbye

28 septembre 2013

La sournoise reconnaissance faciale


J’ai été agréablement surprise d’entendre l’écrivain Dany Laferrière déclarer qu’il n’avait pas de téléphone cellulaire, et que le livre numérique n’avait pas sa faveur : «Le livre numérique va disparaître d’ici 30 ans. Le livre papier est une invention postmoderne, il garde la mémoire humaine. On y trouve des taches de café ou de sauce à spaghetti, la photo de l’être aimé, un trèfle à quatre feuilles et dans 20 ans ils seront encore là; le livre est un objet parfait.» L’historien André Champagne (présent à l’émission) se réjouissait d’avoir trouvé un ami : «Je suis tellement d’accord, je déteste les kindles … quand je vois les gens avec leurs kindles… je n’ai pas de cellulaire non plus, je suis un dinosaure et j’assume!»

Bien voilà qui me rassure, je ne suis pas seule. Je n’ai pas besoin de téléphone intelligent, je préfère me fier à ma propre intelligence et faire travailler ma mémoire.

Vous aimerez peut-être mes notes de lecture du «Journal d’un écrivain en pyjama» de Lafferrière :
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/07/ah-les-notes.html

Ça me fait penser… gmail n’arrête pas de me demander un code ou un numéro de cellulaire pour des raisons de sécurité – mais je ne peux même pas leur répondre que je n’ai pas de cellulaire! J Brillant. Possible que je perde mon compte et mon blogue, alors ne vous surprenez pas si je disparais du web éventuellement.


Le danger potentiel du «tag» sur Facebook
Par Cherise Udell (5 août, 2013)  
Source : Care 2

Vous êtes-vous demandé pourquoi Facebook insiste tant pour que ses abonnés taguent (identifient) leurs photos, en particulier leurs visages? Ils accumulent ainsi une gigantesque banque de visages reliée aux renseignements personnels des utilisateurs. Plus de 500 millions de personnes dans le monde ont volontairement téléchargé (en fait donné à Facebook) environ 90 milliards de photos. Facebook, cette méga base de données orientée sur l’obsessionnelle sécurité, est une poule œufs d’or bien installée dans son nid qui pond sans arrêt. Pour mieux profiter de ses oeufs, Facebook a acquis Face.com, une entreprise spécialisée en technologie de reconnaissance faciale. Ce qui confirme la conclusion d’un rapport de recherche sans précédent de l’Université Carnegie Mellon, à savoir que Facebook «est essentiellement une banque de données mondiale d'identification photographique».

L’idée sous-jacente (et pas seulement via Facebook) est que vous (ou la police, le FBI, la CIA, les entreprises de commercialisation, les mécréants ou quiconque) pouvez numériser sans contrainte chaque visage que vous croisez en public avec votre téléphone intelligent. La technologie de reconnaissance faciale, en fait, était déjà utilisée par le secteur privé haut de gamme dans les magasins qui cherchaient à identifier des acheteurs célèbres quand ceux-ci passaient le pas de la porte. Maintenant, c’est à notre tour.

Non seulement le logiciel de reconnaissance faciale peut-il identifier avec une précision remarquable chaque individu, mais il pourra aussi relier ce visage à des informations privées comme votre adresse civique, le nom de votre employeur, votre répertoire de numéros de téléphone; il saura aussi qui sont vos amis et si vous êtes allé à l'université ou non.

Je sais tout ça parce que j'étais à une conférence de Blogger à Park City (Utah). L’une des sessions s’intitulait : «La technologie de l’avenir pour les réseaux sociaux». On présentait ce scénario de reconnaissance faciale comme inévitable, en dépit des objections concernant la confidentialité. Et il semble que Facebook, qui a travaillé très dur pour trouver un moyen de monétiser son service, est maintenant prêt à faire des méga-dollars avec l'énorme quantité de données que ses clients lui fournissent gratuitement avec une naïveté déconcertante.

La seule façon de contourner cela est de ne pas taguer – ou de donner une fausse description de la photo (du genre : «arbre de fond d’écran»); c'est ce que je fais maintenant, lorsque je tague. Bien sûr, s'abstenir de poster des photos personnelles est la meilleure solution, mais : a) à quoi sert Facebook si vous ne pouvez pas poster de photos? et b) vous ne pouvez pas contrôler ce que votre oncle Bob, votre colocataire ou vos amis adolescents décident de télécharger/taguer. Vous pouvez également modifier le paramètre de confidentialité de votre page Facebook et éliminer certaines options d'indexation – mais cela n’empêchera Facebook d'enregistrer les informations biométriques de vos photos.

Malheureusement, il est trop tard pour moi. J'ai publié des centaines de photos de mon visage identifiées à mon nom. Et Facebook me reconnaît, comme en témoigne sa supposément sympathique offre d’identifier automatiquement mes photos non-taguées.

Ce qui autrefois paraissait un geste anodin (identifier un visage) et un excellent moyen de partager des photos avec les amis et la famille, semble désormais de plus en plus terrifiant. La façon d’évoluer de la technologie de reconnaissance faciale fait regretter les mascarades beaucoup plus invitantes du 17e siècle!

Complément :
BBC News (June 2012)

In another step forward for stalkers and creepy exes Facebook has acquired Israeli facial recognition firm, Face.com so Facebook can know your face even better than it already does. Facebook currently uses the firm's technology to suggest friends for a user to tag in photos they upload – a hilarious/awkward misfires.

"This transaction simply brings a world-class team and a long-time technology vendor in house," a Facebook spokesperson told BBC News. Old fashioned folk who subscribe to quaint notions of anonymity and personal privacy fear that Facebook is in the process of creating the world's largest facial recognition database, which may eventually move from the digital world into physical space.

Basically, some day soon anyone will be able to point a smartphone at a babe on the train and be presented with details of their identity, relationship status and personal history, which will render mX's Looking at you section redundant.

If the facial recognition application is giving you a not-so-fresh feeling of invasion Slate Magazine has the details on how to opt-out.

COMMENTAIRE

Le moins qu’on puisse dire c’est que les propriétaires de médias sociaux savent très bien exploiter le côté exhibitionniste de l’homme…

C’est quand même dommage qu’on ne puisse pas utiliser ces médias la tête en paix à cause, entre autres, de l’intrusive NSA et de sa soi-disant protection contre le terrorisme. 

Bien sûr les gens disent toujours «je n’ai rien à cacher», mais bon… pensez à quel point nous sommes suivis, photographiés, filmés partout; c’est plutôt hallucinant et ridicule. Aucune éthique.

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Prochainement : Consumérisme esthétique et violence de la photographie 

27 septembre 2013

Difficile de donner «gratuitement»?


Pourquoi nous est-il si difficile de donner? D’une part, pour donner, il faut être adulte, et nous sommes restés, pour la plupart d’entre nous, de grands enfants. D’autre part, donner nécessite un véritable apprentissage, et rares sont ceux qui maîtrisent la chose. Pourquoi cet apprentissage ne se fait-il pas plus naturellement? C’est très simple : il ne nous vient jamais à l’esprit que nous n’agissons pas en adultes, ou que nous ne savons pas donner. On se méprend sans le vouloir. On a l’air d’être adulte et on donne toutes les apparences de quelqu’un de généreux. Mais nos indicibles sentiments souterrains, c’est-à-dire l’espoir plus ou moins conscient de recevoir en échange, viennent contredire les apparences.
(…)
Apprendre à donner est l’un des plus grands apprentissages de la vie, et cette leçon est une réponse à la peur.
(…)
Au fil des années, nous nous comportons comme des êtres de plus en plus indépendants, capables de nous prendre en charge, du moins en apparence. On apprend à s’habiller seul, à se nourrir seul, puis à gagner sa vie. Pourtant, une part de nous-mêmes semble ne jamais devoir franchir le stade de la petite enfance. Pour employer une métaphore, nous gardons profondément enfouie en nous la peur que personne ne soulagera notre faim : faim de nourriture, soif d’argent, désir d’amour, appétit d’éloges, etc. Et, comme tout assouvissement est par définition temporaire, on sait qu’on ne sera jamais définitivement rassasié.
       Cruel dilemme que nous vivons au quotidien : nous sommes incapables de donner et d’aimer. Consciemment ou non, nous manipulons les autres, parce qu’il y va de notre survie. Si ses besoins interfèrent avec les nôtres, nous ne pouvons supporter le bien-être d’autrui. Nous nous sentons impuissants, pris au piège, furieux, frustrés, mécontents et insatisfaits. Pour couronner le tout, nous avons peur.
       Existe-t-il une chose plus terrifiante que de savoir sa survie dépendante de quelqu’un d’autre? Adultes tenaillés par la peur, enfants ou nourrissons, même combat! Les années n’ont rien changé et les questions restent toujours les mêmes : «Vont-ils me quitter? M’aimeront-ils toujours? Vont-ils s’occuper de moi? Vont-ils tomber malades et mourir?»
       La peur empêche de donner véritablement. On est obsédé par l’éventualité d’une carence, d’un manque, comme si notre existence allait manquer de «carburant» et tomber en panne. Pas assez d’amour, pas assez d’argent, pas assez de reconnaissance sociale, pas assez d’attention… Pour résumer : pas assez de tout. Habituellement, la peur prend sa source dans un certain domaine de notre vie. Puis elle s’étend comme une hydre et se généralise. Vient alors la tentation du repli sur soi. On se referme comme une huître et on protège jalousement son territoire. Les gens qui ont peur pourraient être représentés comme des êtres prostrés, accroupis, les bras refermés sur eux. Extérieurement, ils ont une tout autre allure. Il peut s’agir d’un brillant homme d’affaires recherchant l’approbation de son supérieur, d’un cadre d’entreprise prenant des décisions dangereuses et irresponsables, d’une mère au foyer reprochant à son mari ou à ses enfants de l’empêcher de vivre sa vie, d’une femme carriériste si exigeante avec les hommes qu’elle se retrouve seule, d’un homme ne pouvant tolérer l’indépendance de son épouse, etc.
       À titres divers, toutes ces personnes sont mues par un sentiment de peur qui les fait agir dans le seul intérêt de leur propre survie. Intérieurement, ce sont autant de gens prostrés.
       Si vous vous reconnaissez dans ce genre de description, il est temps de mûrir et de redresser la barre. Rares sont les personnes qui détiennent vraiment le secret de la maturité et de la générosité. Comme nous faisons attention à notre santé et à notre corps, nous avons aussi appris à nous méfier de ceux qui pourraient nous flouer ou se servir de nous. C’est pourquoi, à moins de recevoir quelque chose en échange, on se sent comme le dindon de la farce.
       Ceci ne veut pas dire qu’il faut s’interdire de jouir d’un «retour» des choses. Quand on donne par amour plutôt que par intérêt, on reçoit souvent plus qu’on ne pouvait imaginer.

Relâcher l’étreinte!

Quand on vit perpétuellement dans l’attente, on perd un temps infini à penser que le monde est décidément trop cruel. C’est dans ce douloureux état d’esprit que j’ai vécu jusqu’à l’âge d’environ trente-cinq ans. Un jour, je me suis enfin rendu compte que, même si je pouvais tout avoir dans la vie, «ce ne serait jamais asse!». Plus j’avais, plus j’étais insatisfaite. Je voulais toujours plus d’amour, d’argent, de reconnaissance professionnelle, etc. J’étais dans un état d’angoisse permanent. Je croyais dur comme fer que tout ce que j’obtiendrais finirait pas s’évanouir. Et qu’il ne me resterait plus rien au final. Bref, je me cramponnais de toutes mes forces à une foule de choses sans parvenir à jouir de quoi que ce soit.
       De toute évidence, une telle attitude ne me profitait guère, ni à quiconque de mon entourage. Il était temps pour moi de porter un autre regard sur la vie. Comme je l’ai déjà dit, j’ai consulté beaucoup d’experts en psychologie, lesquels ont su apporter des réponses à bon nombre de mes questions. En substance, pour me débarrasser de cette peur du manque, j’ai appris que je devais me comporter de manière diamétralement opposée, c’est-à-dire faire le contraire de ce que j’avais toujours fait! Au lieu de m’agripper désespérément à quelque chose, je devais progressivement relâcher mon étreinte, pour finalement en faire cadeau. C’est un exercice difficile, mais il n’y a pas de potion magique pour devenir adulte. Cela prend du temps, et je n’ai pas terminé. Cependant, depuis que je m’applique à devenir généreuse au sens profond du terme, j’ai eu le plaisir immense de constater que mon sentiment de pouvoir personnel, mon aptitude à aimer et ma confiance en moi ont décuplé Si vous y mettez la même persévérance, vous observerez les mêmes résultats, je vous en fais la promesse solennelle! 

Extrait de :
Tremblez mais osez!
Docteur Susan Jeffers
(Psychologue et auteur de nombreux ouvrages)

Cette merveilleuse psychologue est décédée en octobre 2012; mais le site reste bien vivant (articles de Jeffers, ateliers basés sur ses enseignements, etc.) :
http://www.susanjeffers.com/home/index.cfm?CFID=2959418&CFTOKEN=85275983

COMMENTAIRE

En effet, nous naissons avec la peur au ventre (celle de notre mère et la nôtre) et avec un sentiment d’insécurité incontournable puisque nous sommes dépendants de nos parents pour tous nos besoins. Si nous n’apprenons pas à nous défaire de cette peur atavique du manque par nous-mêmes, eh bien, la vie s’en charge… parfois durement.  

Pensée du jour :
L’apprentissage le plus important est de savoir désapprendre.

«Je suis absolument sûr de deux ou trois choses que j’ai pris toute ma vie à apprendre… et j’ai des doutes sur celles-là aussi!» (Denis Gagné, psychologue)

26 septembre 2013

Le citron de Damoclès

 
(...) Samedi soir, je me suis engagé intellectuellement à essayer d'identifier la source de toute mon anxiété. Voici ma pathologie particulière : sans dieu, sans philosophie, sans altruisme héroïque, sans grand chose à croire, je suis coincé avec moi-même en tant qu'auteur de mes propres malheurs. Je n'ai nulle part où adresser mes plaintes. Il n'y a aucun super univers à qui me plaindre de ma tuyauterie métaphysique défectueuse. Donc, en temps de crise, je regarde vers l'intérieur et j’exécute quelques routines d’autodiagnostic.

Je vous connais. Je sais que certains parmi vous me diront d’essayer une religion. Certains m'exhorteront à suivre une psychothérapie. D’autres – la plupart – me demanderont pourquoi je n’ai pas une réserve de bourbon. Permettez-moi de vous expliquer pourquoi ces trois options ne fonctionnent pas pour moi :

Religion – Je crois en la puissance transcendante de la foi. J’y crois. Mais je suis un cynique, un sceptique, un sacré entêté, et la nature même de la foi est un anti-déclencheur pour moi. Sincèrement, je ne peux pas croire en quelque chose dont l'existence m'oblige à ignorer les facultés mêmes sur lesquelles ma foi est censée se fonder.

Psychothérapie – J'ai essayé la psychothérapie, et je pense que c'est d’une merveilleuse complaisance. Je reconnais le pouvoir de guérison de la communication interpersonnelle. Je sais à quel point c’est valable de partager son fonctionnement intime avec une personne astreinte au secret professionnel. Comme je suis quelqu'un qui ne sait pratiquement jamais quand se la fermer, et une sorte d’exhibitionniste psychologique (ces pages le prouvent), je peux donc apprécier. Mais ça ne m'aide pas.

Bourbon – Ah, le bourbon. Oui, il y a toujours le bourbon. Mais il ne résout rien, bien sûr. Les produits pharmaceutiques ne guérissent pas tous. Certains d'entre eux sont juste une aide temporaire. Le bourbon peut faire ça aussi. Le bourbon pourrait même le faire fort agréablement. Mais le téléphone pourrait sonner alors que je suis à moitié saoul; je fais quoi là?

Oh, il y a aussi les habituelles perversités «exotiques» de la philosophie orientale. Il y a les tisanes et l’aromathérapie, et même le bon vieux stoïcisme de la Nouvelle Angleterre. Mais, il me semble que tenter de «guérir» l'anxiété, c'est comme essayer de dompter un chat : vous pourriez croire que vous faites des progrès, mais en réalité vous vous habituez simplement au chat.
(...)

Dans Fear and Trembling, le célèbre auteur danois Soren Kierkegaard disait : «lutter contre le monde entier est réconfortant, mais que lutter contre soi-même est horrible». Et il a raison. Faire face à mon anxiété est peut-être la meilleure façon de la vaincre, mais ce n'est certainement pas la plus agréable. Mais autrement, c’est le déni. Je devrais peut-être investiguer…

Just Morons (28/06/2004)  
http://www.justmorons.com/articles/day040628.html



Quand le stress s’installe sournoisement…

Troubles d'estomac : Le stress peut ravager le système digestif, réduire le débit sanguin, causer des spasmes, des ulcères et la maladie cœliaque.

Douleurs à la mâchoire : Les gens stressés grincent des dents pendant le sommeil, et serrent la mâchoire sans s’en rendre compte pendant la journée. Un problème de dentition peut en résulter.

Chancre labial : La zone entourant les lèvres peut enfler et se fendiller car le stress compromet la capacité de combattre l'inflammation et l'infection.

Rhumes fréquents : Le stress abaisse l'immunité et déclenche la production de cortisol, une hormone qui inhibe la capacité de lutter contre l'infection. Le stress chronique peut aussi déclencher des maladies inflammatoires comme l’asthme et les maladies auto-immunes et cardiovasculaires.

Problèmes cutanés : La tension fait en sorte que la peau produit plus d’huile et conséquemment un encrassement des pores. Des éruptions cutanées et de l’acné peuvent s’ensuivre. Le stress peut aussi occasionner une sécheresse, des démangeaisons, des fissures, de l’eczéma et du psoriasis. Une étude de Johns Hopkins a démontré qu’il y avait souvent un lien entre le stress chronique et le cancer de la peau.

Gain de poids : Certains donnent dans l'hyperphagie pour compenser le stress. Or le stress pousse le corps à produire du cortisol qui devient ainsi tel un supplément de nourriture qu'il transforme en graisse abdominale.

Conclusion :
Le stress et ses malaises physiques racontent le lien intime entre le corps et l'esprit.

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Pensées du jour :

Se permettre de se sentir mal nous remet sur la route de se sentir bien.
       Quand on ne veut pas se sentir mal, on met toute son énergie à combattre ce sentiment. Si cette énergie servait à corriger cette situation, nous cesserions bientôt de souffrir.

Une tension est une information qui ne circule pas.
       Si Antoine savait que je ne le rappelle pas parce que j’ai peur qu’il me fasse des reproches, il ne serait pas tendu avec moi.
       Si je savais que tu me dis des mots durs parce que tu supportes mal que je ne sois pas avec toi, les mots que tu dis auraient une autre résonnance.
       Si mon patron est inquiet, il est porté à exercer plus de contrôle. Je le perçois alors comme un tyran.

La maturité permet de s’affirmer sans agresser et de s’ouvrir sans devoir se soumettre.

Denis Gagné, psychologue
(L’air de rien, etc.)

25 septembre 2013

L’observation

(Photographe inconnu)

Un homme vint rencontrer le maître Zen Ikkyo et lui demanda quelques conseils de sagesse pour le guider dans la vie. Ikkyo hocha gentiment la tête et écrivit sur un bout de papier un seul mot : «attention». L'homme dit qu'il ne comprenait pas et demanda quelque chose de plus précis. Ikkyo écrivit : «attention, attention». Après une nouvelle requête du visiteur, Ikkyo écrivit un dernier message : «attention, attention, attention, attention».

Le principal but de la méditation est de développer l'attention, l’observation. Lorsque nous méditons, nous nous assoyons confortablement les yeux fermés, et puis nous prenons conscience des énergies qui circulent en nous sans arrêt : pensées, sensations, émotions. Nous devons développer notre capacité de simplement regarder passer ces distractions avec un sentiment d'acceptation.

Comment pouvons-nous acquérir cette capacité? Nous devons commencer par être un témoin qui ne s’identifie pas au contenu de son esprit.

Si vous regardez un chien, vous n’êtes manifestement pas le chien; si vous regardez un arbre, vous êtes séparé de l’arbre. Il en va de même pour l'esprit. Observez sans s’identifier est la clé. Observez votre esprit sans réprimer, prévenir et juger vos pensées, et lentement elles deviendront anonymes. Vous réaliserez que vous n'êtes pas vos pensées, vos sensations, vos émotions.

Ne luttez pas, observez

Lorsque vous essayez de méditer, surtout au début, les pensées se bousculent, elles viennent de partout. Comme des nuages, elles couvriront le moindre bout de ciel bleu. Comme un essaim d'abeilles elles vous empêchent de voir clairement. Et quand il y a trop de pensées, notre instinct naturel nous pousse à nous battre contre elles.

Essayez de vous battre avec votre ombre. Les pensées sont des fantômes. Si vous essayez de les combattre vous perdrez la bataille.

Vous devez être un observateur, un témoin. Il suffit de regarder les pensées calmement, de les observer. Laissez-les venir et partir, apparaître et disparaître. Prenez simplement note de la pensée qui monte, la pensée est là, puis, la pensée n’est plus là – et un jour, vous commencerez à remarquer des écarts de silence entre les pensées. Avec le temps, les pensées réduiront et l'écart de silence augmentera.

Le sentiment de libération ressenti une fois que vous réalisez que vous n'êtes pas votre esprit est extraordinaire. Il n'y a pas plus d'anxiété, et vous vous sentez bien dans ce profond lâcher-prise. Vous savez que vous pouvez passer par-dessus le mental pour accéder à votre havre intérieur de paix, de calme et de clarté. L'esprit devient clair et net, vous êtes plus productif, centré et détendu.

Pragito Dove
Laughing Buddhas Network  

24 septembre 2013

Superbe manège, mais…

J’ai publié plusieurs articles au sujet des chevaux sur Situation planétaire, et je comptais en poster d’autres ici également. Coup d’envoi inattendu – cette vidéo reçue avant-hier : The KFPS Royal Friesian Horse.



Oui, c’est une magnifique vidéo, et oui, le Frison compte certainement parmi les plus beaux spécimens de chevaux de race. Mais, le dressage «haute école», avec ses prouesses contre-nature qui ne respectent pas du tout les caractéristiques socio-comportementales des chevaux, me répugne.

Quand je compare à ce qui se fait chez ÉQUILIBRE, où les chevaux vivent de façon naturelle et sans ferrage, je trouve ça vraiment triste pour les Frisons…

Alors, en réalité, les grands gagnants toutes catégories, sont :
Photo : site ÉQUILIBRE

Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec la haute couture. Les pauvres modèles, perchées sur des chaussures d’une hauteur ridicule, déforment leur anatomie et risquent de se casser le cou – de mémoire, je crois que c’est déjà arrivé lors d’un défilé de mode.

Et cela nous renvoie encore à cet éternel problème de société : nous utilisons les animaux égoïstement sans jamais tenir compte de leurs vrais besoins ni des souffrances que nous leur imposons. Alors que nous pourrions en faire des partenaires de mieux-être, par exemple en équithérapie. Une recherche scientifique des plus éloquentes :
Guérir avec les chevaux
https://www.youtube.com/watch?v=7MkuBKhsNXM  

http://www.equi-libre.fr
Ferrer ou ne pas ferrer les chevaux?
Radio France International & EQUILIBRE
Le ferrage ne respecte pas les chevaux. Dans ce reportage Pierre ENOFF, ingénieur spécialisé dans la locomotion équine, nous présente les inconvénients d'une pratique, le ferrage, qui altère gravement la métabolisme du cheval et perturbe sa locomotion.



Bref, j'ai ferré mon cheval
Une expérience malheureusement vécu par nombre de propriétaires de chevaux. A méditer. Ce documentaire dénonce sans concession les absurdités du monde équestre traditionnel. "Ferrage, l'insupportable fléau" fait réfléchir: que penser du maréchal ferrant, du vétérinaire du monde équestre traditionnel, que penser des fourbures, du naviculaire et autres désordres de la locomotion équine générés par la pratique du ferrage des chevaux?
Comme disait Hugues Aufray : Il s'appellait Stewball...



Si vous aimez les chevaux :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/03/merci-aux-chevaux.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/01/hippofriendly-versus-hippophagie.html


http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/10/equitherapie.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/10/a-mes-chevaux.html

http://situationplanetaire.blogspot.ca/2010/06/en-quete-de-verite-2.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2010/06/espoir.html

23 septembre 2013

Clin d’œil d’automne

(Photos : Boudacool)

J’ai profité des beaux jours de la semaine dernière pour rincer l’œil de ma caméra avec quelques plantes et fleurs dont les couleurs n'avaient pas encore terni.


Je raffole des graminées, les épis sont doux comme le duvet des oiseaux ou le poil du chat angora. Je me souviens d’une fois où j’étais devant une grande tale de pennisetum remplie de petits oiseaux suspendus aux branches qui mangeaient les graines. Vraiment mignon.



Des papillons jaune-beige volaient autour, les derniers sans doute. Difficiles à photographier avec mon appareil minimaliste (il y en a un sur la fleur jaune du milieu, si vous pouvez le trouver – pas évident!).
       En passant, j’ai vu un seul papillon monarque cet été, et il s’est écrasé sur mon pare-brise (je roulais sur l’autoroute)! J’étais vraiment fru.

Et j’ai pensé à :

La pauvre fleur disait au papillon céleste
Victor Hugo

La pauvre fleur disait au papillon céleste :
- Ne fuis pas!
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t'en vas!

Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d'eux,
Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes
Fleurs tous deux!

Mais, hélas! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel!
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel!

Mais non, tu vas trop loin! - Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre
À mes pieds.

Tu fuis, puis tu reviens; puis tu t'en vas encore
Luire ailleurs.
Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs!

Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles,
Ô mon roi,
Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes
Comme à toi!


22 septembre 2013

Intelligence sociale


Par Daniel Goleman

Un jour, après une réunion au centre-ville de Manhattan qui s’était terminée tard, je cherchais un raccourci. Je suis donc entré dans l’atrium d'un gratte-ciel, espérant utiliser la porte de sortie que j'avais repérée de l'autre côté, ce qui aurait raccourci mon trajet à travers les buildings.

Mais, dès que j'ai eu atteint le hall aux nombreux ascenseurs, un gardien en uniforme a fait irruption.

Il agitait les bras en criant :
«Vous ne pouvez pas traverser ici!»
«Pourquoi pas?», lui ai-je demandé, perplexe.
«Propriété privée! C'est une propriété privée!» criait-il, visiblement en colère.

J’avais pénétré par inadvertance une zone de sécurité non identifiée.
«Il serait utile de mettre une affiche ‘défense d’entrer’ sur la porte», ai-je suggéré dans une fébrile tentative de le raisonner.

Ma remarque le rendit encore plus furieux : «Sortez! Sortez!», cria-t-il.

Mal à l’aise, j'ai rapidement battu en retraite. Sa colère me suivait pendant que je déambulais à travers les buildings adjacents.

Quand quelqu'un déverse ses émotions toxiques sur nous – quand il éclate de colère, profère des menaces, ou montre du dégoût ou de l’arrogance – il nous transfère ses émotions négatives. Son geste a de puissantes répercussions neurologiques : les émotions sont contagieuses. Nous «attrapons» les émotions intenses comme un virus de grippe – et cela se traduit par un rhume émotionnel.

Chacune de nos interactions est teintée d’une émotion quelconque. Nous pouvons donc faire en sorte que l'autre se sente un peu mieux, beaucoup mieux, un peu moins bien, ou très mal, comme ça m’est arrivé. Au-delà de ce qui se passe dans l’instant, l’empreinte de l’humeur peut rester longtemps après le contact direct – une rémanence émotionnelle (un afterglower).

Ces transactions tacites font partie de notre économie émotionnelle : des gains et des pertes nets contractés lors de nos interactions journalières. En soirée, le solde net des sentiments échangés détermine en grande partie le genre de journée que nous avons eu… bonne ou mauvaise 

Source : http://www.awakin.org/read/

21 septembre 2013

L'amour résiste aux fâcheux...


Un très grand amour, ce sont deux êtres qui se rencontrent et, complices, échappent jusqu’au bout à la réalité. Vous avez ainsi des couples merveilleux qui vivent côte à côte sans cesser de s’inventer et qui restent fidèles à cette œuvre d’art, malgré tous les pièges du tel quel…
~ Romain Gary

20 septembre 2013

Rompre ses chaînes


La personne qui vous a fait du mal – qui vous a violé ou qui a tué votre famille – est également ici. Si vous êtes toujours en colère contre cette personne, si vous n’avez pas pardonné, vous restez enchaînés. Tout le monde peut confirmer cette réaction émotionnelle : lorsque quelqu’un vous a offensé et que vous n'avez pas lâché prise, à chaque fois que vous le voyez ou y pensez, vous avez le souffle coupé ou votre cœur saute des battements. Si le traumatisme était vraiment grave, vous rêvez de vengeance. Au-dessus de vous il y a une montagne de paix – et nous voulons tous y aller – mais à chaque fois que vous essayez de grimper cette colline, la personne à qui vous n'avez pas pardonné vous ramène vers le bas. Lâcher prise ou non est un choix personnel. Personne ne peut vous dire combien de temps pleurer un mort ou rager contre un viol. Néanmoins vous ne pourrez pas avancer tant que vous n’aurez pas rompu la chaîne.
~ Leymah Gbowee

Vous aimerez peut-être :  
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/06/quand-on-nous-blesse.html
 
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Justice, Karma, Nekam
Source : https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/accueil

Deux problèmes essentiels s'imposent dans le questionnement sur la justice : 

D'une part le problème moral du juste malheureux : le monde semble trop clément avec les "pragmatiques" (ou les "salauds" pour parler comme Sartre), c'est-à-dire avec ceux qui ne s'embarrassent pas de morale. Les exemples de Job (tradition juive), de Jésus (pour les chrétiens), ou de Socrate (pour les grecs) témoignent de l'ingratitude du monde dénoncée par les philosophes comme un scandale philosophique. Ainsi donc, le questionnement moral sur la justice commence avec le cri de l'injustice. 

D'autre part, deuxième problème - plus proprement spirituel - celui de la confiance ou de la foi : Comment pourrait-on faire plus confiance à une justice invisible (transcendante, divine, karmique, comme on voudra) qu'à la justice terrestre (celle des tribunaux, des juges et des avocats)? Cela semble absurde à celui qui n'a que sa raison pour en juger. Socrate et Jésus, et avec eux tous les bouddhistes qui font confiance au Karma, ne sont-ils pas tout simplement, de ce point de vue, des fous inconscients, des croyants stupides, insensibles au tort qu'ils subissent? Les approches spiritualistes de la justice suscitent des réticences ironiques, des critiques sarcastiques. Elles rencontrent la défiance de tous les rationalistes qui dénoncent un marché de dupe, une farce de consolation. Mais "à quoi bon être juste, si c'est pour finir comme Jésus ou Socrate?".

A. Différentes conceptions de la justice : Par Justice, il ne faut pas seulement entendre textes de lois et tribunaux, c'est-à-dire la justice historique ou positive, mais aussi un processus naturel de rétribution des actes individuels en fonction de leur intention et de leurs effets - même si l'existence d'une telle justice, pour les athées/rationalistes radicaux, fait problème. Cette deuxième définition constitue le sens mystique ou anagogique de la Justice (que certains appellent aussi "naturelle", voire divine, ou transcendante), telle qu'elle se dégage d'une lecture de la Bible ou des Sûtras. 

B. Approche biblique. Dans ce contexte, qu'est-ce que la Justice? Justice, en hébreu, se dit Nekam, terme qui veut dire aussi Vengeance - terme lourd de malentendus. Car si d'un point de vue juridique, dans les conflits humains, la Bible semble recommander une stricte équivalence de la sanction au tort subi, elle invite en fait au dépassement de ce calcul purement humain (et souvent discutable et souvent discuté sous le thème de la loi du Talion; Ex 21:23, Lev 24:17, Deut 19:21) et dès le Lévitique qui rappelle que ce n'est pas la vengeance mais la réconciliation qui est l'horizon de la justice (Lev 19: 18). Et surtout, d'un point de vue mystique (surplombant ici les point de vue moraux et juridiques), c'est "Dieu qui venge", ainsi que le dit Psaume 94 : la Justice est de laisser Dieu faire son œuvre, non d'agir à sa place. Selon ce psaume, Dieu rétribue chaque acte, œil pour œil, et dent pour dent, si l'on veut. 
       Est-ce ce que nous observons autour de nous? Les criminels sont-ils aussitôt punis selon les plans de la justice divine? Non, car cette Justice s'accomplit à un rythme et selon des modalités qui Lui appartiennent. A cet égard, l'impatience des victimes, bien que compréhensible, doit être relativisée - raison pour laquelle les Prov 24:29 et l'Évangile selon Matthieu conseillent paradoxalement de s'efforcer plutôt de consentir au tort subi (Matt 5:38). Mais afin, bien sûr, de mieux laisser s'accomplir la justice divine. Selon Matt, nul n'est finalement autorisé, même pas Jésus, à se faire Juge ou justicier à la place de Dieu. Vouloir juger est spirituellement toxique et les enseignements spirituels conseillent toujours le pardon. Haïr quelqu'un, c'est lui donner un pouvoir énorme. La haine et le jugement sont déjà une défaite. Mieux vaut y renoncer, et observer patiemment. 

C. Approche bouddhiste. La tradition bouddhiste ne dira pas autre chose : les ignorants qui embrasent le monde du feu de leurs passions, s'enferrent dans leur volontarisme, dans l'enfer de leurs revendications, et ne voient pas tourner la roue du Karma. Karma désigne la force motrice du devenir, le processus d'engendrement des causes et des effets. Karma vient de la racine Kr, d'où dérivera le terme latin creare, et plus tard le terme français créer. La volonté personnelle crée des tendances; l'ego, dénoncé comme une illusion, produit pourtant bien des effets réels (samskara = rémanences ou empreintes) et d'ailleurs douloureux - douloureux dans la mesure où l'ego, fondamentalement inquiet, cherche (finalement en vain) à contrôler le devenir.
       Toute la sagesse bouddhiste est une désillusion paisible qui consiste à mettre en garde contre nos interventions volontaires dans le jeu du karma (car toute volonté ne fait que créer du karma). 
       Comment cette désillusion est-elle possible? Par l'exercice de l'observation, le développement d'une attention plus aigue et plus continue aux intentions/karma que nous générons et à leurs effets.

D'où ces deux conclusions qui nous semblent d'une portée majeure pour la vie morale et spirituelle : 

1. Principe de responsabilité. On peut sans doute cacher beaucoup de choses à son voisin, voire s'en raconter à soi-même, mais cela n'exonère d'aucune responsabilité : nous avons à répondre de nous, de notre karma, des conséquences de nos actes, même de ceux qui ont eu lieu sans témoin humain.

2. Comprendre la justice transcendante est à la fois cause et effet d'un exercice de la patience : plus on la comprend plus on est patient, plus on est patient, plus on la comprend. Pas du tout parce que la vengeance est un plat qui, comme on dit se mangerait froid, mais parce que nul ne peut se faire justicier à la place de la Justice sans aggraver sa peine. Ne nous trompons pas de patience, et ne la confondons pas avec la vengeance. Être patient ne veut pas non plus dire : rester passif. Être patient veut dire : observer, avec endurance et persévérance, rester un témoin attentif, sans réagir sous la dictée des émotions. 

Évidemment, le cynique, l'athée et la rationaliste sincère peuvent toujours répliquer qu'il ne s'agit finalement pour eux que de "croyances" et de bons sentiments : mais toute la sagesse, qu'elle soit chrétienne ou bouddhiste, consiste à élever la confiance aveugle ou la foi du charbonnier au niveau d'un Savoir relativement assuré. Comment? Par une ascèse appropriée qui permet de Voir-ça directement, de l'expérimenter personnellement, non d'y croire bêtement, mais de le comprendre. Quelle ascèse? Tout simplement, la pratique de l'attention (satipathana bouddhiste, nepsis et hésychia chrétiennes). Non point par la routine de prières plus ou moins mécaniques, mais par une culture de la vigilance aiguisée (+ veilles et jeûne). Donc, pour plus de justice, il faut aussi plus de justesse dans sa façon de vivre. 

Cela semble-t-il difficile et trop exigeant pour les rationalistes ordinaires? Mais "tous les athlètes s'imposent une ascèse rigoureuse; eux (les sportifs) c'est pour une couronne périssable, nous pour une couronne impérissable", dit Paul (Cor I, 9:25). 

Bibliographie

Dictionnaire encyclopédique du Bouddhisme, Philippe Cornu, éd. du Seuil, 2006.

La Bible, TOB, Cerf, 2004.

Platon, Apologie de Socrate, Gallimard, Pléiade, 1950.

19 septembre 2013

Beauté indescriptible


Je cherche des qualificatifs car j’ai usé à la corde : splendide, magnifique, superbe, ravissant, admirable, somptueux, formidable, renversant, extraordinaire, exceptionnel, de toute beauté, etc.

Dans ce cas-ci, on peut tous les attribuer à ces créatures …? je cherche le mot!
De toute façon, je reste bouche bée. 

Allons-nous les faire disparaître, comme tant d’autres espèces, en allant au bout de notre folie destructrice?!

Site : http://www.birdsofparadiseproject.org/



Projet Oiseaux-du-Paradis
Les oiseaux du paradis sont parmi les plus belles créatures sur la terre - et un exemple extraordinaire d'adaptation évolutive. Sur ce site, vous trouverez ce que peu de gens ont pu voir à l'état sauvage : un déploiement de couleurs, de sons et de mouvements qui rendent ces oiseaux tellement remarquables. Ensuite, vous pourrez approfondir en découvrant les principes qui ont guidé leur évolution, et l'aventure épique qu'il a fallu pour vous présenter les 39 espèces d'oiseaux du paradis.

[The birds-of-paradise are among the most beautiful creatures on earth — and an extraordinary example of evolutionary adaptation. On this site you can find what few have witnessed in the wild: the displays of color, sound, and motion that make these birds so remarkable. Then you can delve deeper, examining the principles that guided their evolution and the epic adventure it took to bring you all 39 species.]

The Birds-of-Paradise Project reveals the astounding beauty of 39 of the most exquisitely specialized animals on earth. After 8 years and 18 expeditions to New Guinea, Australia, and nearby islands, Cornell Lab scientist Ed Scholes and National Geographic photojournalist Tim Laman succeeded in capturing images of all 39 species in the bird-of-paradise family for the first time ever. This trailer gives a sense of their monumental undertaking and the spectacular footage that resulted. Filmed by: Tim Laman, Ed Scholes, and Eric Liner.

 

Also be on the lookout for the Cornell Lab's and National Geographic's gorgeous coffee-table book (http://amzn.to/RYb7IL), a major exhibit at the National Geographic Museum (http://ngmuseum.org/bop), a TV documentary (http://amzn.to/12jtkBL), articles in Living Bird (http://www.allaboutbirds.org/Page.asp...) and National Geographic magazines, and a North American lecture tour (http://bit.ly/VRD6eJ).