30 mars 2013

Qui êtes-vous?



Tableau : Hans Burgkmair et sa femme Anna Vienna, par Lucas Furtenage

Avez-vous déjà réfléchi au fait que vous êtes la seule et unique personne avec qui vous passerez toute votre vie – la seule!

Tous les autres – enfants, partenaires, amis, collègues, quel qu’en soit le nombre – peuvent disparaître n’importe quand avant vous. Et quel que soit le degré d’intimité que vous aurez avec eux, vous êtes la personne avec qui vous aurez la relation la plus intime.

Pourtant, nous avons souvent l’impression de vivre à l’intérieur d’un corps étranger.

Alors, que faisons-nous de notre identité actuelle?
Nous l’aimons, la rejetons ou la détestons.  

Étant donné que souvent nous ne l’aimons pas vraiment, nous courrons tous azimuts après des amours-miroirs…

Quel dommage de détester autant la personne avec qui nous passerons notre vie entière!

Ella Maillart disait : «C’est toujours vous-même que vous retrouvez à la fin du voyage. Plus vous pourrez vous regarder en face rapidement, mieux ça vaudra.»
:-)

29 mars 2013

Des amis vivants

Mieux que les toutous de peluche, non?
Parions que cet enfant-là ne craindra jamais les chiens et les aimera toute sa vie!   
:-)
P.S. : un ami à qui j'ai envoyé les photos m'a répondu :

«Tous les «bébés» sont des âmes pures qui s'entendent bien entre elles!»  
Sympa. 


Crédit photos : Cindy Clark, Pennsylvania

Peu lui importe que vous ayez tort ou raison, que vous soyez chanceux ou non, riche ou pauvre, cultivé ou ignare, saint ou pécheur. Vous êtes son compagnon et cela lui suffit. Il restera toujours près de vous pour vous réconforter, vous protéger et il ira jusqu'à sacrifier sa vie pour vous. Il vous sera fidèle dans les bons et les mauvais moments. C'est votre femme, votre mari? Non, seulement votre chien. 

~ J.K. Jérome



Mon chien Kirikou

Mon chien Kirikou est foufou,
Il joue beaucoup avec nous.
Il s'amuse avec le ballon,
Et nous fait tourner en rond.
Le soir il dort sur le canapé,
Comme un vrai bébé.

~ Katell, 5 ans, de Squiffiec

 
Mon chien 

Dans mon jardin
J'ai vu un chien
Il était noir et blanc
Et s'est assis sur le banc
Il s'est mis à aboyer
Je l'ai donc rentré
Je l'ai posé sur le canapé
Il s'est endormi à point fermé
Alors pour lui prouver mon amour
Je l'ai donc embrassé.

~ Mathilde, 9 ans, de Sarcelles

Crédit photo : chien guide, site MIRA

Ode au  chien

Le chien me demande
mais je ne réponds pas.
Il saute, court dans le champ
et me pose mille questions sans parler
ses yeux  
sont deux questions humides
deux flammes liquides qui interrogent
mais je ne réponds pas
parce que je ne sais pas

Homme et chien
parcourant la campagne

Les feuilles brillent comme si quelqu’un les avait
embrassées une par une
les oranges jaillissent du sol
pour faire des petites planètes dans les arbres
rondes comme la nuit,
et vertes
chien et homme
nous allons par les parfums du monde
foulant le trèfle
la campagne du Chili
dans les doigts clairs de septembre.

Le chien s’arrête,
poursuit les abeilles
saute un ruisseau turbulent
écoute des lointains aboiements
pisse sur une pierre
et vient me porter le bout de son museau
à moi, comme un cadeau.
Dans sa douce fraîcheur
en me communiquant sa tendresse
il me demande des yeux
pourquoi le jour, pourquoi la nuit
pourquoi le printemps ne porte rien dans son panier
pour les chiens errants
sinon des fleurs inutiles
des fleurs, des fleurs, toujours des fleurs.

Voilà ce que me demande le chien
voilà ce que je ne réponds pas.

Nous allons, homme et chien
dans cet immense matin vert
réunis par le vide exaltant de la solitude
où seuls nous existons
l’unité parfaite,
chien  rosée et  poète
car il n’y a pas d’oiseau caché sans trille
ni de fleur secrète sans arôme
pour deux compagnons
nous
dans ce monde humidifié par la nuit
distillation verte
prairie balayée par des rafales d’air orangé
le chuchotement des racines
la vie en cheminant, en respirant,
et l’amitié ancestrale
la chance
d’être chien, d’être homme
converti en un seul animal
à six pattes
la queue couverte de rosée

~ Pablo Neruda

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I can’t think of anything that brings me closer to tears than when my old dog – completely exhausted after a hard day in the field – limps away from her nice spot in front of the fire and comes over to where I’m sitting and puts her head in my lap, a paw over my knee, and closes her eyes, and goes back to sleep. I don’t know what I’ve done to deserve that kind of friend.

~ Gene Hill

27 mars 2013

Consolation

Quand j’ai fait euthanasier ma chatte, je me suis réfugiée dans cet album. Seul endroit où j’arrivais à atténuer mon immense peine. En boucle et pendant des semaines que je l’ai fait jouer...

Le piano, le violoncelle et les flutes m’emmenaient dans un autre univers où il n’y a ni temps, ni distance, ni séparation. 

C’est aussi toute la beauté des instruments acoustiques



Feng Shui: Music For Balanced Living
By Daniel May

Metal; Wood; Water; Fire; Earth; Wind; Chi; Yin &Yang

Performers:
Daniel May (piano); Daniel May (midi); Joseph Chang (pipa); Lily Hsu (erhu); Hideo Kobiashi (percussion); Darius Gottlieb (cello); Masakazu Yoshizawa (bamboo flute, shakuhachi).

25 mars 2013

Les irritants

Quotidiens ou occasionnels...  

Oh que le minou a l’air irrité! Sais pas s’il est dégriffé…
Photographe inconnu 

Durant mon break j’ai eu un plaisir fou à lire Ça m’agace!, par Jean-Louis Fournier (Éditions Anne Carrière; 2012). Les illustrations de Jean Mineraud sont formidables

Seul irritant : j’en aurais lu encore plusieurs pages… 

Quelle excellente méthode pour ventiler son shenpa (irritants obsessionnels)! J’ai donc décidé d’y aller à fond la caisse en démarrant un journal* d’irritants bien enrobés d’humour – caricatures incluses. Essayez, c’est amusant et défoulant.

Un extrait à titre d’exemple :

Le ministre de la Santé (1)

Tous les jours, j’entends à la radio des campagnes de dépistage, des statistiques effrayantes. Il faut que j’aille faire des examens, des analyses, des scanners. Il faut que j’en parle à mon médecin, à mon pharmacien, sinon… Sinon, quoi? Je vais mourir?

Pour ne rien vous cacher, je m’en doutais un peu, c’est une tradition dans la famille. Mon arrière-grand-père est mort, mon grand-père est mort, mon père est mort, je crois que c’est héréditaire.

Actuellement, vous me proposez un dépistage du cancer colorectal. Vous m’en parlez tous les jours à la radio. J’ai, comme tout le monde, une trouille panique du cancer. Le colorectal, c’est un nouveau, je n’y pensais pas. Maintenant, grâce à vous, j’y pense. Ça me fait une nouvelle inquiétude.

Pour nous rassurer, vous avez choisi une voix féminine minaudante. Elle nous dit que, pris à temps, le colorectal ne tue qu’un e personne sur dix. Les neuf autres pourront choisir un autre cancer, il y a l’embarras du choix.

Monsieur le ministre, pourquoi me conseillez-vous toujours d’aller parler à mon médecin et à mon pharmacien? Je n’ai rien à leur dire et eux, rarement une histoire amusante à me raconter. Je n’ai surtout pas envie qu’ils m’annoncent une nouvelle pas drôle. Moins je les vois, mieux je me sens.

Monsieur le ministre, j’ai peur que vous nous portiez la poisse.

Vos messages, je me les mets dans le colorectal.

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* Un peu à la manière de ce que propose Anne-Marie Jobin dans Journal créatif et Exercices créatifs zen :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/11/a-vos-plumes-sur-vos-deux-pieds.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/03/impact-social-de-la-creativite.html

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Ça me fait penser à ce médecin «différent» entendu aux Francs-Tireurs – à voir si vous avez accès à la zone : http://video.telequebec.tv/video/14931

Résumé du site : Marc Zaffran est médecin généraliste et écrivain sous le pseudonyme de Martin Winckler. Français d'origine, il vit à Montréal depuis 2009 et est maintenant résident permanent du Canada. Dans ses romans les plus marquants (dont La maladie de Sachs, porté à l’écran par Michel Deville), il traite de la médecine en milieu rural, de la pratique gynécologique, de la formation des docteurs, ou, comme dans son plus récent ouvrage, En souvenir d'André, du suicide assisté. Très critique par rapport au système de santé, ses propos l'ont catapulté au rang des enfants terribles de la profession en France. Il s'entretient avec Richard Martineau sans détour et avec une liberté de conscience rare chez les professionnels de la santé.

Enfin un médecin qui retourne aux gens la liberté de choisir leurs soins, le droit d’avorter ou non, de vivre et de mourir. Nous sommes chanceux de l’avoir au Québec, les médecins de cette catégorie sont rarissimes!

Webzine et articles…
http://martinwinckler.com/  
http://blogue.passeportsante.net/martinwinckler/

Son journal d’écrivain
http://wincklersblog.blogspot.ca/2013/01/autoportrait-en-baladin.html

18 mars 2013

A little break

Source illustration : http://www.fullcupthirstyspirit.com/

J’ai besoin de quelques jours d’immersion dans la nature
– autant en profiter tandis qu’on le peut encore! 
À bientôt donc chers visiteurs,  
Boudacool
:-)

16 mars 2013

Piazzolla : quel génie!

Concert, 1985. 
Superbe ce mélange accordéon/violon qui chantent à l'unisson.



Astor Piazzolla : accordéon

Fernando Suarez Paz : violon

Oscar Lopez Ruiz : guitare électrique

Hector Console : contrebasse

13 mars 2013

L’enfant n’est pas une feuille blanche


Il est pratiquement impossible de nier le caractère original d’un enfant tellement son individualité est présente dès les premiers jours de la vie. L’enfant n’est pas une feuille blanche sur laquelle les parents écrivent un scénario. D’ailleurs, les parents sont les premiers à s’étonner devant les différences marquées que manifestent les enfants dès la naissance.

À l’expérience, on se rend compte que quelque chose de l’individualité d’un être échappe à toute analyse. Bien qu’il soit juste d’affirmer qu’une bonne présence contribue assurément à la formation d’une identité du vivant. Certains facteurs d’influence demeurent incompréhensibles. Un garçon venu d’un milieu défavorisé sur le plan psychologique peut très bien réagir en développant une force d’affirmation exemplaire. Une fille ayant joui de toute l’attention et de toute la bienveillance requise peut très bien sombrer dans la dépression.

En dernière analyse, on ne sait pas pourquoi un adolescent a choisi de se suicider en réaction à sa première de cœur, alors qu’il a eu de bons parents, qu’il était capable de s’exprimer et qu’il avait de bonnes notes à l’école. Même si l’on pouvait expliquer un tel geste par une faiblesse intérieure causée par un milieu qui ne lui permettait pas de prendre conscience de lui-même, on ne peut vraiment incriminer les parents qui souvent ont fait de leur mieux.

Il semble à propos de citer ici le sage Khalil Gibran qui, dans Le prophète, parle ainsi aux parents :
Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même. Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

À l’écoute du poète, il paraît souhaitable d’adopter une psychologie qui rend à l’enfant tout son pouvoir personnel. Le rôle des parents ne s’en trouve pas changé pour autant, mais il se trouve allégé de sa toute-puissance. Si les parents doivent veiller à préserver et à stimuler l’élan vital de l’enfant, ils ne sont cependant pas responsables de son destin. Toujours, ils s’efforceront d’être à l’écoute de cette individualité en devenir, de respecter ses besoins d’expression, tout en sachant que cet être a une destinée dont il est lui-même l’artisan et dont il a toute la responsabilité.

On peut même se demander si les tensions entre parents et enfants n’ont pas pour but d’amener tous les protagonistes à une meilleure connaissance d’eux-mêmes, à travers la joie comme à travers la peine. Vue sous cet angle, aucune expérience n’est véritablement négative. Tout sert en définitive à mieux se connaître et à s’orienter dans le vaste champ de la vie.

Confronté à toute la variété des destins individuels, Jung concluait déjà que certains êtres ont besoin de s’exprimer à travers des expériences éminemment sombres, comme le meurtre, pour arriver à assumer le tréfonds de leur inconscient. Une telle perspective fait frémir et invite à beaucoup de tolérance dans les jugements posés sur les êtres humains. Marie-Louise von Franz, disciple de Jung, parlait elle-même des criminels comme de rédempteurs négatifs qui portent pour nous les meurtrissures et les souffrances que nous cachons au fond de nous-mêmes. Si chacun de nous osait assumer sa part d’ombre, peut-être y aurait-il moins de conflits sanglants sur la planète. Notre fascination pour les grands criminels révèle combien nous participons intimement de leur nature, que nous le voulions ou non.

Si on considère les expériences négatives comme des révélateurs de la joie fondamentale d’existence, on considère également les grandes crises individuelles comme des occasions privilégiées de changement. Il est indéniable qu’une enfance difficile, des années d’alcoolisme ou même un épisode de violence peuvent agir comme des stimulants qui aident un individu à trouver le chemin d’une vie plus satisfaisante. Il serait cynique de penser que des parents aient pu avoir le sadisme de souhaiter de telles épreuves à leurs enfants et de leur en imputer du même coup la responsabilité.

Nul ne peut éviter la souffrance. Nous pouvons même la saluer, car elle nous confronte aux questions essentielles de l’existence. Elle constitue un facteur fondamental de la vie puisque personne n’y échappe. C’est l’aiguillon qui tire les êtres vers une attitude juste. Elle éveille tout autant qu’elle détruit. Devant une telle perspective, il devient mesquin d’accuser les parents d’être responsables de la souffrance de leurs enfants ou, à l’inverse, d’accuser les enfants d’être responsables de la souffrance de leurs parents. Les êtres humains ont besoin de la souffrance pour grandir; il devient même parfois malsain que des parents essaient de l’épargner à tout prix à leurs enfants.

~ Guy Corneau
Extrait de L’amour en guerre; 1996

COMMENTAIRE

Chacun naît avec son propre bagage karmique. Et parfois, si nous essayons d’empêcher les gens de vivre les expériences qu’ils ont choisies avant de s’incarner, ils recréeront les mêmes circonstances plus tard – dans cette vie-ci ou une vie future… En réalité, chacun développe son niveau de conscience, de compassion et d'amour à son propre rythme, et finira par quitter définitivement le plan terrestre l'âme en paix.  

Vous aimerez peut-être :
http://airkarma-mestengo.blogspot.ca/2010/11/premiere-partie.html

12 mars 2013

Masse coronale

 
 
Sous toute réserve quant à l’authenticité de ces données…

Sur le gif le point noir c’est la terre, ce que l’on voit c’est une éjection de masse coronale produite par le soleil qui vient frapper la terre. Une partie des particules venant du soleil arrive à pénétrer jusqu’à la terre au niveau des pôles, et en arrivant dans notre atmosphère elles créent les aurores polaires.

10 mars 2013

Une douceur sur le sentier

Peintre : Irène Chartrand

En complément au message "La mort de l'ours", cette superbe version de Notre sentier de Félix Leclerc (orchestration par François Dompierre) - dommage qu'on ne puisse pas l'intégrer aux blogues... c'est à écouter :
http://www.youtube.com/watch?v=zjkJWTh5lsw&feature=share&list=AL94UKMTqg-9CFrJg4kS0Qkw60vZAYT9Tm   

Notre Sentier
Félix Leclerc

Notre sentier près du ruisseau
Est déchiré par les labours
Si tu venais fixe le jour
Je t'attendrais sous le bouleau
Les nids sont vides et décousus,
Le vent du nord chasse les feuilles,
Les alouettes ne volent plus,
Ne dansent plus les écureuils,
Même les pas de tes sabots
Sont agrandis en flaques d'eau.

Notre sentier près du ruisseau
Est déchiré par les labours
Si tu venais fixe le jour
Je guetterais sous le bouleau.
J'ai réparé un nid d'oiseau,
Je l'ai cousu de feuilles mortes,
Mais si tu vois, sur tous les clos,
Les rendez-vous des noirs corbeaux,
Vas-tu jeter aux flaques d'eau
Tes souvenirs et tes sabots?

Tu peux pleurer près du ruisseau,
Tu peux briser tout mon amour.
Oublie l'été, oublie le jour,
Oublie mon nom et le bouleau.


Biographie et vidéo documentaire :

Il y a des voix, comme celle de Leclerc, si chaleureuse et enveloppante, qu’on n’oublie jamais et qu’il fait toujours plaisir de réentendre. J’avoue que ça ne me dérange pas du tout d’être parasitée par ses chansons.

Le parasite cérébral, appelé ver d’oreille (earworm ou musical itch), désigne un thème musical, une mélodie ou une suite de notes dont le souvenir est persistant, répétitif et difficile à repousser. Ce phénomène toucherait 97 à 99 % de la population.

Malheureusement, le phénomène peut être très déplaisant lorsque des chansons-poisons, d’agaçants jingles/slogans publicitaires ou des thèmes d’émissions resurgissent sans qu’on le veuille. Un matin, je me suis réveillée avec une pub des années 70! Il semble que rien ne s'efface de nos fichiers mentaux, qui se ferment et s'ouvrent involontairement.

Et quand on songe à la pollution sonore qu’on subit quotidiennement contre notre gré, eh bien, ça fait peur… 

Quelques liens d’intérêt

Le Regroupement Québécois Contre le Bruit - (RQCB)
http://www.rqcb.ca/fr/accueil.php

Quelques exemples (si vous ne craignez pas de les attraper!) :
http://verdoreille.tumblr.com/

Rapports de recherche sur les liens entre cerveau, musique et son (bilingue) :  
BRAMS International Labotary for Brain, Music, and Sound Research
http://www.brams.org/

Amoureux de la musique mais incapable de battre la mesure : http://www.brams.org/2011/03/Phillips-Silver_2011/

A frog in your throat or in your ear? :
http://www.brams.org/2011/09/hutchins_frog/

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Vous aimerez peut-être :
http://artdanstout.blogspot.ca/2012/07/disparition-du-silence.html

8 mars 2013

Aux femmes

 
S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement,
Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé,
Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule
Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule,
Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.
 
Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la! Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son espoir, son rayon sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.
 
Aux femmes
~ Louise Ackermann, Paris, 1835

6 mars 2013

La mort de l’ours

«Piégé, chassé, cirque ou zoo? C’est ça la vie?»
 
La mort de l’ours
Par Félix Leclerc
 
Où allez-vous, Papa loup
Chapeau mou, médaille au cou
Vous a-t-on nommé shérif
Des montagnes et des récifs?
 
Non, mon fils, j'ai pris un bain
Chaussé guêtres et canne en main
Vais porter hommage au roi
Si tu veux, viens avec moi
 
N'orignal ni carcajou
Je ne connais roi que vous
Peigne plutôt tes poils fous
Et suis-moi à pas de loup
 
Ils ont marché quatre lieux
Arrivés près d'un torrent
Sauvage et débordant
De cris et de chants d'adieu
 
Bonjour Sire, c'est moi, le loup
M'voyez-vous, m'entendez-vous?
Suis venu à travers bois
Vous saluer, comme il se doit
 
Il se tient droit, salue l'ours
Qui a la patte dans le piège
Plein de sang dessus la mousse
Et tombe la première neige
 
Le petit loup est ému
Et voudrait rentrer chez lui
Le gros ours, le gros poilu
Lui sourit et dit merci
 
Ils sont revenus de nuit
A travers bouleaux jolis
Le plus grand marchait devant
Et pleurait abondamment.


 
Mon ours
Par François David
 
Il n’a plus de bouton
À son pantalon.
Il a perdu la ficelle
Qui lui servait de bretelle.
On voit dépasser la paille
Au niveau de sa taille.
Et on aperçoit de la mousse
Sur sa jolie frimousse.
Mais moi je l’aime pourtant
Au moins autant qu’avant.
Je l’aimerai toujours
Mon ours.
 
Poésie jeunesse

4 mars 2013

Se fier aux intuitions


Comme il est facile de dévier dans ce domaine. Souvent, nous passons à côté de choses formidables juste parce que nous ignorons la lumière verte qui s’est allumée.

Un rappel.

Confiance en l’intuition

Nous avons pour la plupart été formés dès l’enfance à nous méfier de nos sentiments, à ne pas nous exprimer vraiment et honnêtement, et à ne pas reconnaître qu’au plus profond de notre être se trouve une nature aimante, puissante et créatrice. Nous apprenons très facilement à nous ajuster à notre entourage, à suivre certaines règles rigides de comportement, à supprimer nos élans spontanés et à faire ce qu’on attend de nous. () Nous sommes rarement soutenus dans notre effort pour avoir confiance en nous, pour écouter notre vérité intérieure et pour nous exprimer d’une façon directe et honnête.

Lorsque nous réprimons et que nous nous méfions systématiquement de notre savoir intuitif, recherchant à la place l’autorité, la validation et l’approbation des autres, nous nous dépouillons de notre pouvoir personnel, ce qui amène le sentiment d’être désemparé, vide, une victime. Ensuite viennent la colère et la rage, et si ces sentiments sont aussi réprimés, c’est la dépression et l’apathie. Nous pouvons subir tout simplement ces sentiments, mener une vie d’engourdissement et de désespoir tranquilles, mourir. Nous pouvons aussi chercher à compenser notre sentiment d’impuissance en essayant de contrôler et de manipuler notre entourage. Nous pouvons même exploser finalement dans une rage incontrôlée, qui sera extrêmement exagérée et déformée pour avoir été longtemps refoulée. Aucune de ces possibilités n’est très positive.

La vraie solution consiste à nous rééduquer, à écouter et à nous fier à la vérité intérieure qui se manifeste à nous à travers nos sentiments intuitifs. Nous devons apprendre à agir d’après eux, même si cela peut paraître risqué et effrayant au début, parce que nous ne jouons plus la sécurité, nous ne faisons plus ce que «nous devrions» faire pour plaire aux autres, suivre des règles, ou nous en remettre à une autorité extérieure. Vivre de cette façon, c’est risquer de perdre tout ce à quoi nous avons tenu pour des raisons de (fausse) sécurité extérieure, mais nous y gagnerons l’intégrité, la plénitude, la vraie puissance, la créativité, et la vraie sécurité de savoir que nous sommes alignés sur la puissance de l’univers.

Je n’essaie pas de déconsidérer ni éliminer l’esprit rationnel en suggérant que notre conscience intuitive est la seule force qui guide nos vies. L’intellect est un outil très puissant, que l’on utilisera pour soutenir et exprimer notre sagesse intuitive. ()

Que signifie se fier à son intuition? Cela signifie se régler sur les sentiments qui viennent des «entrailles» – le sens profond de notre vérité personnelle – dans n’importe quelle situation, et d’agir en accord avec eux, d’instant en instant. Quelque fois vos «entrailles» peuvent vous dire de faire quelque chose d’inattendu ou d’incompatible avec vos projets antérieurs; elles peuvent vous demander de croire en quelque chose d’illogique. ()

Les gens peuvent être quelquefois temporairement déçus, irrités ou un peu déstabilisés quand vous changez vos anciens patterns relationnels. Il se peut qu’ils s’éloignent de vous; il vous faut être disposé à laisser partir les gens. S’il existe un lien profond, il y a des chances pour que vous soyez à nouveau proches dans le futur. En attendant, chacun a besoin de grandir à sa façon et à son rythme. Si vous continuez à suivre votre voie, vous attirerez de plus en plus de gens qui vous aimeront comme vous êtes et voudront entrer en relation avec vous sur un mode nouveau.

Apprendre à se fier à son intuition est une forme d’art et, comme toute forme d’art, le perfectionnement vient avec la pratique. Il faut consentir à faire des «erreurs»; à essayer quelque chose et échouer, puis à essayer autre chose la fois suivante; à se mettre quelque fois dans une situation embarrassante ou à se sentir stupide. Votre intuition est toujours cent pour cent correcte, mais il faut du temps pour l’entendre correctement. Si vous consentez à prendre le risque d’agir d’après ce que vous croyez être vrai et à faire des erreurs, vous apprendrez très vite, en constatant ce qui marche et ce qui ne marche pas. Si vous vous freinez de peur de vous tromper, vous passerez peut-être toute votre vie à apprendre à faire confiance à votre intuition.
[]

À mesure que vous prenez conscience du dialogue subtil entre votre intuition et vos autres voix intérieures, il est capital de ne pas vous rabaisser ni de réduire l’importance de cette expérience. Essayez de rester un observateur assez objectif. Notez ce qui arrive quand vous suivez votre intuition. Le résultat est en général un surcroît d’énergie et de puissance, et la sensation que tout est en ordre. Maintenant, remarquez ce qui arrive quand vous doutez de vos sentiments, quand vous les réprimez ou n’en tenez pas compte. Invariablement, vous observerez une baisse d’énergie, des sensations de faiblesse ou d’impuissance, et une souffrance affective et/ou physique. Dans tous les cas, vous retirerez un enseignement, aussi essayez de ne pas vous condamner quand vous ne suivez pas votre intuition (ce qui ajouterait les reproches à la souffrance!) Souvenez-vous qu’il faut du temps pour créer de nouvelles habitudes; en maintes occasions je ne suis pas encore assez courageuse ou consciente pour me faire complètement confiance et agir exactement selon ce que je ressens. J’apprends à me montrer patiente et compatissante envers moi-même tandis que je progresse dans le courage d’être authentique.
[]

Une vitalité accrue constitue l’une des meilleures preuves que vous suivez votre intuition. Vous avez l’impression d’une plus grande circulation d’énergie vitale dans votre corps. Vous vous sentez même parfois dépassé par ce surplus d’énergie que votre corps a de la difficulté à contenir. Vous pouvez aller jusqu’à vous sentir fatigué par ce trop plein d’énergie. L’énergie ne dépassera en aucun cas vos capacités, mais vous devez vous élargir un peu! Votre corps augmente sa capacité d’accueillir l’énergie universelle. Détendez-vous et reposez-vous au besoin. Vous vous sentirez bientôt plus équilibré et vous prendrez plaisir à cette augmentation d’intensité.
[]

Voici quelques situations caractéristiques que vous pouvez rencontrer lorsque vous suivez votre intuition. Les phrases entre parenthèses sont des exemples de pensées ou sentiments typiques qui ont pu vous empêcher de faire confiance à votre intuition dans la passé.

- Quitter une fête ou une réunion parce que vous vous rendez compte que vous n’avez pas envie de rester (même si vous avez peur de ce que les autres vont penser ou que vous craignez de manquer quelque chose de bien).

- Prendre des leçons de chant, de musique, de danse ou autre, simplement parce que l’envie vous en prend (même si vous pensez ne pas avoir le moindre talent ou que vous êtes trop vieux pour apprendre ou que vous risquez d’avoir l’air ridicule).

- Ne pas rendre service à quelqu’un qui vous le demande, parce que vous n’en avez pas envie et que vous savez que vous éprouverez du ressentiment si vous le faites (même si vous avez peur d’être égoïste, de perdre un ami ou de vous faire un ennemi d’un collègue).

- Donner votre avis sur une question parce que vous en avez assez de faire semblant d’être d’accord avec les autres (même si vous n’osez pas normalement vous expliquer ainsi).

Avoir confiance en son intuition signifie être soi-même, être vrai et authentique dans ses communications, être disposé à essayer de nouvelles choses.

Shakti Gawain
Vivez dans la lumière
Le Souffle d’Or; 1986

Vous aimerez peut-être la série «Intuition», 31 décembre 2010 :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/search?updated-min=2010-01-01T00:00:00-05:00&updated-max=2011-01-01T00:00:00-05:00&max-results=50

2 mars 2013

Humanité sans frontières

Tableaux : Ed Fairburn*, http://edfairburn.com/ 

J’arrive où je suis étranger
 
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D’où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu’importe et qu’importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l’enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C’est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l’enfant qu’est-il devenu
Je me regarde et je m’étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d’antan
Tomber la poussière du temps
C’est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C’est comme une eau froide qui monte
C’est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu’on corroie
C’est long d’être un homme une chose
C’est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l’heure de tes marées
Combien faut-il d’années-secondes
À l’homme pour l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n’est précaire comme vivre
Rien comme être n’est passager
C’est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J’arrive où je suis étranger
 
~ Louis Aragon
 

Sillons 
 
J’ai foulé la terre
Usant des corps, pas-à-pas
De contrées en cités
Sous millions de visages
Myriades d’empreintes
Visibles et invisibles
 
~ Boudabla, mars 2013


* L’artiste utilise une variété de supports pour créer ses œuvres, notamment,
des cartes géographiques.
Chargés de sens ces fabuleux portraits…