Tableaux : Ed
Fairburn*, http://edfairburn.com/
J’arrive où je suis étranger
Rien n’est
précaire comme vivre
Rien comme être
n’est passager
C’est un peu
fondre comme le givre
Et pour le vent
être léger
J’arrive où je
suis étranger
Un jour tu passes
la frontière
D’où viens-tu
mais où vas-tu donc
Demain qu’importe
et qu’importe hier
Le coeur change
avec le chardon
Tout est sans
rime ni pardon
Passe ton doigt
là sur ta tempe
Touche l’enfance
de tes yeux
Mieux vaut
laisser basses les lampes
La nuit plus
longtemps nous va mieux
C’est le grand
jour qui se fait vieux
Les arbres sont
beaux en automne
Mais l’enfant
qu’est-il devenu
Je me regarde et
je m’étonne
De ce voyageur
inconnu
De son visage et
ses pieds nus
Peu à peu tu te
fais silence
Mais pas assez vite
pourtant
Pour ne sentir ta
dissemblance
Et sur le
toi-même d’antan
Tomber la
poussière du temps
C’est long
vieillir au bout du compte
Le sable en fuit
entre nos doigts
C’est comme une
eau froide qui monte
C’est comme une
honte qui croît
Un cuir à crier
qu’on corroie
C’est long d’être
un homme une chose
C’est long de
renoncer à tout
Et sens-tu les
métamorphoses
Qui se font
au-dedans de nous
Lentement plier
nos genoux
Ô mer amère ô mer
profonde
Quelle est
l’heure de tes marées
Combien faut-il
d’années-secondes
À l’homme pour
l’homme abjurer
Pourquoi pourquoi
ces simagrées
Rien n’est
précaire comme vivre
Rien comme être
n’est passager
C’est un peu
fondre comme le givre
Et pour le vent
être léger
J’arrive où je
suis étranger
~ Louis Aragon
Sillons
J’ai foulé la terre
Usant des corps, pas-à-pas
De contrées en cités
Sous millions de visages
Myriades d’empreintes
Visibles et invisibles
~ Boudabla, mars 2013
* L’artiste utilise une variété de supports pour créer ses œuvres, notamment,
des cartes géographiques.
Chargés de sens ces fabuleux portraits…
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