28 février 2016

Notre répulsion envers la religion

Le règne de Maurice Duplessis (de 1933 à 1936 et 1944 à 1959) fut baptisé Grande noirceur. Cette période fut une sorte d’apogée de l’hégémonie cléricale sur les écoles, les universités et les soins de santé, car l’Église catholique appuyait les campagnes électorales du parti au pouvoir. Un mariage de raison et d’intérêts financiers. 
     «[À l’époque], les familles sont toutes à peu près figées dans un modèle similaire; la religion est omniprésente, et ce, jusque dans les programmes scolaires : la moitié des 700 pages guidant les sept années du primaire est consacrée à l'enseignement religieux. Même en mathématiques, on calcule des chapelets...» (Marie-Andrée Chouinard, Le Devoir, 2010)
     Souvenons-nous des orphelinats et des écoles de réforme pour filles et garçons. Beaucoup de jeunes aujourd’hui ne connaissent même pas ce pan de notre histoire, ni le sort horrifiant réservé aux enfants autochtones dans les pensionnats religieux. Parlons-en de la charité chrétienne :
     Dans l’optique de redressement des enfants, les châtiments corporels étaient considérés comme normaux :
«Il y avait des châtiments corporels très durs, des coups. Une de mes sœurs a été enfermée dans un placard sans manger pour indiscipline pendant une semaine.» (Mathias, 50 ans, Pikogan, 31 janvier 1996.)
«J’ai vraiment su ce que c’était que l’injustice au pensionnat : il y en avait qui avaient de très fortes punitions et d’autres des plus douces.» (Peter, 44 ans, Pikogan, 17 avril 1996.)
     Même s’ils n’étaient pas infligés par tous les religieux, les coups et punitions (heures à genoux, lavage de la bouche au savon, etc.) n’étaient pas perçus comme de la violence, du moins pas illégitime.
~ Marie-Pierre Bousquet, Être libres ou sauvages à civiliser? http://rhei.revues.org/3415#tocto1n6


Lorna Standingread (à gauche), survivante des pensionnats autochtones, lors de la journée de clôture des travaux de la commission Vérité et réconciliation. Photo Blair Gable, Reuters.

Dans la foulée de la Révolution tranquille (années 60), beaucoup de Québécois s’affranchirent du joug religieux, souhaitant que la laïcité soit implantée dans toutes les institutions autrefois sous le contrôle de l’Église. Mais le clergé a défendu ses acquis bec et ongles durant la décennie suivante. Aujourd’hui, les arguments des opposants à l’aide médicale à mourir suggèrent que nous ne sommes pas totalement libérés de l’empoigne.

Pour mieux comprendre notre répulsion

L’autre jour, je cherchais une version électronique du Refus global (1948) de Paul-Émile Borduas (1905-1960). J’ai trouvé une réédition : Refus global et Projections libérantes (1977). L’introduction de François-Marc Gagnon (professeur d’histoire de l’art, critique et écrivain) est fantastique. Je n’ai rien lu de mieux comme description du conditionnement subi par les pré-boomers et les boomers.

Extraits

Refus Global doit exercer une singulière fascination sur l'imaginaire québécois pour que l'on ne cesse de le publier et de le republier. Son message essentiel est-il mieux compris pour autant? C'est une autre question.
     Il faut se rendre à l'évidence : l'intervalle de temps qui nous en sépare s'élargit chaque jour davantage. Il appartient à une époque dont les gens de ma génération n'arrivent plus à faire saisir l'atmosphère à leurs étudiants. Nous ne partageons plus avec eux ce fond commun d'expériences et de vexations qui, à lui seul, permettrait d'aller vite à l'essentiel, de procéder par allusions rapides, par touches successives, par évocation de quelques mauvais souvenirs... Ce que nous avons vécu, enduré, détesté est décrit maintenant comme l’«idéologie de conservation» par le sociologue Marcel Rioux. Il a mille fois raison et caractérise parfaitement d'un mot toute une époque, mais, je le crains, l'abolit du même coup dans la conscience québécoise, comme l'exorcisme expulse le démon du possédé. En un sens, c'est bien ainsi et je ne souhaite pas plus que lui, le retour à la «grande noirceur» duplessiste. Mais il s'agit ici de comprendre un texte publié en 1948 et qui plus est, toujours lu au Québec, avec de moins en moins de prise sur l'époque qui l'a vu naître. Pourtant ne faut-il pas savoir de quoi Refus Global fut le «refus» pour comprendre le manifeste de Borduas? Cela va sans dire? Il n'y a qu'à lire le texte pour le savoir? Les ponts ne sont pas si coupés que je le dis? Voyez la suite et dites-moi si cela ne ressemble pas à quelque voyage en Grande Garabagne? Place à l'exotisme!

C'était l'époque où l'on nous répétait de la chaire, de la tribune politique, de partout... que notre permanence historique reposait sur trois piliers : le catholicisme romain (désigné comme «la foi» sans plus), la langue française et les coutumes dites du bon vieux temps. D'abord la foi! La foi, la loi, la croix, les trois oies du bon père Hébert, maître en éloquence sacrée! Un Canadien français - j'évite «Québécois», anachronique pour l'époque – se reconnaissait d'abord et avant tout à une série de comportements pieux : la messe du dimanche bien sûr, de préférence la grande et la chantée, plus longue et plus pénible et donc plus méritoire que la basse, mais aussi bien, quand nous étions encore aux études, les premiers vendredis du mois, durant lesquels tout un collège impatient de vider les lieux gueulait à fendre l'âme «O Jésus, ô saint sacrament!», la confession hebdomadaire, la communion quotidienne si possible - on tirait encore la langue en ce temps-là - la contorsion en entrant dans l'église : il s'agissait de plonger la main au bénitier, poser le genoux en terre tout en retirant son couvre-chef d'un seul mouvement, les «Bonjour mon «paîre», Bonjour mon «fraîre», Bonjour ma «sœur» quand, d'aventure, nous rencontrions quelques ecclésiastiques en soutane sur la rue ou dans les corridors de nos maisons d'enseignements... En matière religieuse, nous étions d'une érudition sans bornes. Tout un chacun savait distinguer le rosaire du chapelet, le cierge pascal d'une simple chandelle, le ferme propos de l'acte de contrition, les limbes du purgatoire, la sacristie du confessionnal, l'hostie du pain bénit, la confirmation de l'extrême-onction, les saintes huiles du saint chrême... Ceux d'entre nous - et c'était la majorité - qui s'étaient usés les genoux sur les degrés de l'autel ou avaient siégé au chœur, costumés en chanoines miniatures, en savaient encore plus. La garde-robe ecclésiastique n'avait pas de secret pour eux. Aube, surplis, cordon, manipule, chasuble, étole, amict et barrette leur passaient entre les doigts dans un froissement de soie moirée et une vague odeur de vin sucré. Ils fixaient les yeux sur toute une batterie d'ustensiles sacrés que les prêtres seuls manipulaient mais dont ils savaient et l'usage et le nom : ostensoir, calice, ciboire, «goupillon» (le mot est dans Refus Global, comme on sait), corporal, instrument de paix... Il leur revenait le privilège d'agiter l'encensoir et de vider prestement la burette de vin, un coup l'office terminé. Mieux encore, ils s'entendaient en formules cabalistiques, en latin de cuisine : Lavabo inter innocentes manus meas, Mea culpa, mea culpa, mea MAXIMA culpa.
     Il nous reste encore de ces hautes époques l'écho de quelques cantiques et rengaines sentimentales que nos mères chantonnaient en vaquant à leur tâche ménagère : Ave, Ave, Maria, J'irai la voir un jour, Plaisir d'amour ne dure qu'un jour, chagrins d'amour durent toute la vie, Minuit chrétien, c'est l'heure solennelle (à vrai dire ce cantique relevait plutôt du droit paternel : nos pères le chantaient à pleins poumons en prenant leur douche), Avec les saints anges et tous les élus.... Il est né le divin Enfant. Jouez au bois! Raisonnez, musettes!, Ça bergers, ensemblons-nous. Laissons là tout le troupeau, qu'il erre à l'aventure, Esprit scindé / cendez parmi nous, Adeste fideles.
     Les plus doctes d'entre nous pratiquaient Saint Thomas d’Aquin, dit le Docteur Angélique, parce qu'il avait repoussé d'un tison ardent tenu entre ses doigts une femme de mauvaise vie qui avait tenté de le séduire, Jacques Maritain, Etienne Gilson et l'abbé Grenier, le seul «philosophe» québécois. Nous fréquentions le Docteur Séraphique (qui sait ce que celui-là avait fait pour se mériter pareil sobriquet!), Saint Albert le Grand, Cajetan, Suarrez, Guillaume d’Occam et son rasoir, Dun Scot, Avicenne, Avicebron... Ce n'est pas assez dire. Nous vivions dans la compagnie de ces vieilles barbes. Un peu plus, nous les croyions nos contemporains en vertu d'un de ces syllogismes rustiques dont l'époque avait le secret. La Vérité tout entière est consignée dans la Somme Théologique de l’Aquinate. Tous les autres n'ont fait que commenter la dite Somme. Or la vérité est intemporelle. Donc... vous me suivez? donc... nous sommes les contemporains de cette scholastique cohorte. La présence de Maritain et de Gilson dans ses rangs n'ajoutait-elle pas à la plausibilité de la conclusion? Que nous restait-il à faire sinon de commenter les commentateurs, sans fin et pour l'éternité.
     Aucun peuple plus que nous, je crois bien, n'avait creusé les inextricables problèmes de la morale catholique. Le péché mortel était notre grande obsession. Il nous guettait tous à chaque instant : manquer la messe le dimanche était Péché mortel, manger de la viande le vendredi, aussi. Blasphémer, «sacrer», prononcer le nom de Dieu ou des choses saintes en vain, cacher un péché mortel en confession étaient tout aussi répréhensibles. En matière de sexualité, nos prêtres étaient sans rémission. Rien ne leur échappait, ni les mauvaises pensées, ni les mauvais désirs, ni les mauvais regards, ni les mauvais touchers, ni les mauvaises actions. Nos parents se débattaient misérablement avec leur conscience d'un acte sexuel à l'autre. Avait-on «empêché la famille»? Avait-on employé les moyens contre nature (l'innocent condom ou le coïtus interromptus)? S'étaient-on livrés à des attouchements indécents? à des caresses lascives? à des touchers sur les parties honteuses? à des baisers colombins (le French kiss de nos ancêtres gaulois)? avaient-on jeté les yeux sur des revues obscènes? avaient-on assisté à des spectacles indécents au Gaité par exemple? (le spécialiste de cette dernière question, le père d'Anjou, S.J., nous servait chaque dimanche, à Saint-Thomas apôtre, où j'allais écouté ses sermons du dimanche, de vives descriptions des charmes de Lili Saint-Cyr, la «bayadère infâme» comme il l'appelait, qui dépassait en invention ce que la pauvre strip-teaseuse aurait pu imaginer). Et cela ne faisait que commencer. Suivaient bientôt : l'adultère, décrit comme l'acte conjugal commis avec une personne du sexe en dehors des saints liens du mariage, la bestialité, la sodomie, l'homosexualité, (masculine et féminine), la pédérastie, la masturbation («Sur vous même ou avec un autre?» - «Sur vous-même, mon père.»), l'acte conjugal avec une personne consacrée, un prêtre, un frère enseignant ou une religieuse. L'horrible Merkelback, la Bible du confesseur que notre clergé conseillait comme des médecins leur Rouvière, avait tout catalogué. On nous le servait à petites doses dans la boîte obscure du confessionnal.



Que de souffrances, que de terreurs aussi! «Offrez ça à la Bonne Sainte-Anne.» «Mettez tout cela au pied de la croix.» «Pourquoi me blasphémez-vous?» nous chuchotait une tête de Christ sanglant couronné du buisson d'épines, quand par malheur, un «sacre» nous échappait par mégarde. «Voyez ce Christ qui a tant aimé les hommes ...» «Voici le précieux sang de Jésus ...» Jésus est dépouillé de ses vêtements. Jésus monte au calvaire. Jésus tombe pour la première fois. Véronique essuie la sainte Face de Jésus. Jésus rencontre sa sainte Mère. Jésus tombe pour la deuxième fois. Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix. Jésus tombe pour la troisième fois. Jésus est cloué sur la croix. Jésus est abreuvé de vinaigre. Jésus est couronné d'épines. Un soldat transperce le côté de Jésus : il en sort du sang et de l'eau. Jésus est mis en croix. On tire sa tunique au sort. Madeleine pleure au pied de la croix. Marie Pleure au pied de la croix. Jésus meurt sur la croix et le rideau du Temple se déchire. Les ténèbres couvrent la surface de la terre. Joseph d’Arimathie reçoit le corps de Jésus et le met au sépulcre. Amen!
     Que de terreur aussi! Toute notre enfance marquée par les horrifiantes gravures du Catéchisme en images. Je ne peux oublier la gravure de l’Enfer qui montrait un gouffre au sein duquel trônait Satan, une paire de cornes sur la tête, dés ailes de chauve-souris sur le dos et des sabots de bouc aux pieds. Sur la paroi rocheuse étaient inscrits les noms exécrés des sept péchés capitaux. Une horloge grand-père venait compléter le décor. En lieu et place du cadran, on lisait : «Toujours, Jamais», ce qui voulait dire, nous expliquait-on, dans un murmure : «Toujours rester. Jamais sortir de ce lieu maudit.» Au bas de l'image enfin, grouillait toute une engeance de pécheurs et de pécheresses en petite tenue, mais dont on avait pris soin de dissimuler le sexe et les seins par des banderoles disposées habilement, pour ne pas donner occasion de pécher quand il s'agissait d'édifier.
[...] 
     Je vous écris d'un temps où l'on se méfiait de la ville, de Montréal encore plus que de Québec. Certes la ville était un lieu de perdition morale – cela allait sans dire – mais c'était surtout un lieu de perdition culturelle. On y était trop exposé à l'autre, au Chinois de la buanderie, au Juif du petit magasin du coin, au Polonais au fond de la mine, à l’Italien sur le chantier de construction. (L’Anglais, discret, ne faisait pas partie de notre paysage ethnique. Isolé sur sa montagne, il arpentait des lieux que nous ne fréquentions pas.) Comme nous la ressentions cette existence de l'autre dans sa différence! Comment pouvait-on parler yiddish que nous confondions avec l’hébreu, lire de droite à gauche, «à l'envers», porter une petite calotte noire, une grande barbe et des frisettes de chaque côté des oreilles? Comment pouvait-on avoir les yeux bridés et se promener avec un sac de linges sales sur le dos? ou encore se gaver de pâtes, sentir l'ail à plein nez? Au fond, nous ressentions devant leur résistance à l'assimilation la même impatience que nos ancêtres, devant leur insuccès à évangéliser et à franciser les Indiens. Comment pouvait-on vouloir rester «sauvage»? L'existence de l'autre dans notre sein constituait une sorte de scandale permanent, une hérésie majeure qui ne faisait qu'exciter notre désir, combien méritoire! de convertir, de ramener au bercail sous la houlette du Pasteur commun, le pape de Rome et ses fiers représentants, les évêques du Québec, tout ce troupeau de dissidents.
[...] 
     «L’Église catholique, fidèle à ses méthodes d'obscurcissement, use ici de sa toute-puissante influence pour prévenir la diffusion de ce qui n'est pas littérature édifiante (le théâtre classique est pratiquement réduit à Esther et à Polyeucte qui s'offrent en hautes piles dans les librairies de Québec, le dix-huitième siècle semble ne pas avoir eu lieu, Hugo est introuvable). (André Breton, pages 11 à 14 d’Arcane 17, publié en 1947 aux Éditions du Sagittaire) 
[...] 
     «Et l'on est sans remords, couvert par la Toute-puissance Divine, la très haute et très efficace protection du clergé. Le clergé qui lui non plus, ne désire pas d'homme pensant, agissant, jugeant, susceptible de critiquer, de crier! Des esclaves! Des esclaves à qui il est interdit dès le bas âge un comportement humain supérieur, par défense mortelle, éternelle, de toucher à tout ce qui est noble et courageux et dangereux. Des êtres crevant dans la crainte; ne pouvant juger des hommes et des choses que d'après des valeurs nominales. Voilà ce qu'il nous faut, ce qu'il nous faut à tout prix!».
     Ces «esclaves», il [Borduas]  les avait vus devant lui, «RANGÉS, SILENCIEUX, INHUMAINS», lors de son premier contact avec les élèves de l’École du meuble. «Ils attendent des directives précises, indiscutables, infaillibles. Ils sont disposés au plus complet reniement d'eux-mêmes pour acquérir un brin d'habileté, quelques recettes nouvelles à ajouter à un faux bagage pourtant lourd à porter.» Refus Global rédigé avant Projections libérantes mais marquant la fin du mouvement de pensée dont ce dernier pamphlet retraçait les étapes avait stigmatisé d'une phrase tout ce système.
     «... grands maîtres des méthodes obscurantistes nos maisons d'enseignement ont dès lors les moyens d'organiser en monopole le règne de la mémoire exploiteuse, de la raison immobile, de l'intention néfaste.» (Borduas)
     On dira : c'était surestimer la puissance de l'école! Mais, il faut prendre conscience que l'école alors toute entière aux mains du clergé, était le grand canal de transmission idéologique dans notre milieu. Certes les évêques pouvaient lancer des mandements et les curés nous rappeler à nos devoirs de dimanche en dimanche, mais c'était l'école qui transmettait la foi (le petit catéchisme), le bon parler français (la grammaire) et les préjugés raciaux et autres (l'histoire du Canada et l'histoire sainte).
[...]

Refus Global contestait une idéologie, mais il conteste aussi la nécessité de l'idéologie comme tel.
     Les termes très généraux par lesquels il stigmatise l'idéologie de conservation s'applique aussi bien à toutes les idéologies qui l'ont suivie, en autant qu'une idéologie est toujours le fruit d'une élite de définisseurs de culture tentant d'imposer des vues au reste des hommes, par la persuasion et par la force, par le discours politique, les chantres du bon parler français ou autre, les lois et la police. Refus Global contestait un système d'enseignement, mais il conteste aussi l'enseignement comme tel puisqu'il attend plus de la spontanéité de l'enfant que des recettes transmises par les maîtres à coup de baguettes et de devoirs à la maison. Refus Global contestait l'académisme naturaliste, figuratif et réaliste, mais il conteste toute forme d'art tentant à s'imposer par autre chose que sa propre puissance de révélation, fut-ce le déterminisme historique défini par les historiens d'art journalistes. Très explicitement, il propose l'anarchie comme l'exact équivalent de l'automatisme pictural, sur le plan politique. Autrement dit, le refus de Refus Global est global.

Introduction intégrale : édition numérique réalisée par Pierre Patenaude 
http://classiques.uqac.ca/classiques/borduas_paul_emile/refus_global_projections_liberantes/refus_global_projections_lib.html

25 février 2016

Toxicomanie : nouvelle perspective



Ce vidéoclip est adapté du best-seller (New York Times) Chasing the Scream: The First and Last Days of the War on Drugs de Johann Hari. 

La plupart des gens pensent que la toxicomanie découle de la drogue elle-même. Or, il semble que ce ne soit pas le cas.

Dans cette vidéo, on explique comment notre environnement et l’absence de liens avec les autres jouent un plus grand rôle dans le développement de la toxicomanie que la dépendance physique.

Une perspective différente et instructive, pour dire le moins.

Sous-titrage en français.


24 février 2016

Parfois on veut juste pleurer

Les parents et les jeunes devraient lire l’autobiographie  d’Arielle Desabysses «14 ans et portée disparue» – pourquoi pas une lecture obligatoire dans les écoles et cégeps. Ce livre pourrait aider à prévenir plutôt qu’à guérir.

Acheté et lu d’une traite. Une histoire infiniment triste, une expédition dans l’ignoble système d’exploitation sexuelle. Contrairement à ce qu’on pense, ces drames sont très fréquents ici-même.

L’histoire nous offre du même coup un aperçu de ce que vivent les familles autochtones – à ce jour, on n’arrive même pas à dénombrer les disparitions et les assassinats!



Résumé de l’éditeur :
Mars 20xx. Arielle, 14 ans, se rebelle contre l'autorité de son père. Elle ne voit qu'une solution pour faire bouger les choses : fuguer.
8h : Arielle fait semblant de partir pour l'école à l'heure normale.
9h25 : Elle prend l'autobus en direction de Montréal et débarque au terminus Henri-Bourassa.
17h46 : Le jour décline. Désorientée, l'adolescente se réfugie sur un banc de parc, coin Pie-IX et Monselet.
22h15 : Épuisée, frigorifiée, elle s'endort.
1h22 : Elle est réveillée par quelqu'un qui fouille dans son sac, puis violée et battue par deux hommes.
6h38 : Un inconnu lui offre son aide.
18h35 : Arielle se réveille dans un lit, nue, écrasée sous un corps. On la viole à nouveau.
21h20 : Reprend conscience dans une ruelle, étendue à plat ventre sur l'asphalte.

C'est le début d'un long cauchemar qui l'entraînera malgré elle jusque dans un réseau de trafic humain. Là où les jeunes filles de son âge sont très populaires en tant qu'esclaves sexuelles...

14 ans et portée disparue
Arielle Desabysses
Éditions De Mortagne, octobre 2015

Extraits  

«Les engueulades entre mon père et moi étaient déjà fréquentes, et elles ne cessaient d’empirer. ... Plus on voulait rendre à l’autre la monnaie de sa pièce, plus les affrontements s’aggravaient. On était prisonniers de ce cercle vicieux, à tel point qu’il nous était impossible d’entrevoir une issue.» (p. 39) 
   «Je devais partir, m’éloigner, avant qu’il ne soit trop tard. C’était une question de vie ou de mort, j’en étais persuadée. ... Avant même que je comprenne ce qui était en train de se passer, je me suis retrouvée dehors, mes bottes dans la neige, mon sac sur l’épaule, mes pas me dirigeant vers le terminus d’autobus au lieu de me mener vers l’arrêt d’autobus scolaire, avec seulement trois dollars en poche. ... Après une heure et demie de marche, je montais dans un autobus en direction de Montréal.» (p. 48-49) 
   «Lorsque le jour a commencé à décliner, j’étais frigorifiée et totalement désorientée après avoir erré pendant des heures. Je me suis étendue sur un banc de parc, en serrant mon sac à dos contre ma poitrine pour tenter de me réchauffer. ... Je ne sais pas exactement depuis combien de temps je dormais, mais des voix m’on tirée du sommeil. ... Je me suis débattue farouchement, mais ils étaient trop forts et trop lourds pour que je réussisse à les pousser et à me sauver. ... Terrorisée, j’ai déclaré forfait. ... Sanglots. Coups de poing en plein visage. Étourdissements. Douleur lancinante de mon pubis jusqu’au fond du ventre. Mains puissantes autour de mon cou. Suffocation. Mal cuisant à ma gorge. Implorations inutiles. Supplice barbare et inoubliable.» (p. 54-55) 
   «J’ai remonté délicatement mon jeans et je me suis remise tranquillement sur mes deux pieds. J’ai ramassé mes vêtements, éparpillés sur le sol, puis j’ai quitté le décor du premier acte de ma tragédie, ce plateau ténébreux et maudit à proximité de la rue Monselet.» (p. 57) 
   «Comment pouvait-on se montrer si abject avec ses semblables? Comment avais-je pu être aussi ingénue, aussi naïve, et ne pas avoir compris que Djafar [le «bon samaritain» qui l’avait «aidée»] allait profiter de ma détresse? Comment un être humain pouvait-il agir aussi inhumainement? Comment un homme, des hommes, pouvaient-ils agir avec une telle cruauté, une telle violence, une telle obscénité? Comment des hommes pouvaient-ils se conduire comme des monstres? Comment une jeune fille comme moi avait-elle pu devenir cette loque? En vingt-quatre heures?» (p. 67-68)

Puis, elle rencontre la «bonne samaritaine» qui l’introduira dans un réseau d’exploitation sexuelle de gangs de rue – alcool, drogues, violences physiques, intimidation, menaces et viols collectifs. L’accoutumance rapide aux drogues fait en sorte qu’il faut «travailler» pour les payer. Fuir? Impensable, les gangs de rue sont solidaires en dépit de leurs rivalités. Un cercle vicieux apocalyptique qui ne laisse entrevoir que la mort comme issue. Comment des jeunes filles de cet âge peuvent-elle sortir du piège? 

«Que tu sois une jeune fille de quatorze ans habillée de la tête au pied comme si tu partais en randonnée de motoneige ou que tu sois une jeune femme de vingt-cinq ans vêtue d’une simple culotte sur laquelle il y a «Baise-moi» brodé sur le derrière, ça revient au même. D’une façon ou d’une autre, quelqu’un quelque part aura envie de te baiser, de te posséder, de te dominer. ... Le sexe et l’argent sont les deux principales choses qui gouvernent le monde. Détenir le pouvoir.» (p. 107) 
   «Comment des hommes, sans doute des pères de famille et des époux aimants, peuvent-ils demander des faveurs sexuelles à une jeune fille, visiblement mineure, et ne ressentir aucun remords lorsqu’ils embrassent leurs enfants sur le front? Comment une société soi-disant aussi évoluée que la nôtre peut-elle occulter d’aussi sombres failles?» (p.123) 
   «Il ne faut pas oublier que le sexe est un marché très lucratif – une vraie mine d’or pour certains. Et puis, il n’y a aucun risque de se retrouver au chômage, puisque la demande ne cessera jamais. C’est de l’argent «vite fait», mais à quel prix…» (p. 130)

Un autre «sauveur» lui propose de fuir à Niagara Falls vu que les policiers, alertés par la famille, sont à ses trousses. Un complice du réseau vient la chercher :
   «Environ une demi-heure a passé et la voiture s’est arrêtée. ... On était à l’arrière d’un garage ou un bâtiment de ce genre (dans le secteur de Rivière-des-Prairies, je crois, mais je peux me tromper). ... Une angoisse foudroyante a jailli dans tout mon corps, comme si je recevais des électrochocs. ... Comment Alan avait-il pu se montrer aussi attentionné s’il savait dans quel genre de merdier il m’envoyait? ... Pour tromper ma vigilance? ... J’ai ouvert brusquement la portière et je me suis élancée à l’extérieur. J’ai couru le plus rapidement possible, mais un homme à la peau foncée m’a soudainement plaquée au sol. Mon crâne a percuté l’asphalte et j’ai eu envie de vomir. L’homme a soulevé ma tête et l’a recouverte d’un sac en toile. ... Il m’a frappée en plein visage en cognant violemment ma tête contre l’asphalte et je me suis évanouie.» (p. 147-149)

La suite est inimaginable – séquestration par des trafiquants d’humains.


Street art : Zilda. La rue devient le décor de nos mémoires : c’est le travail de l’artiste rennais. Il mélange peinture, scénographie et photographie pour ressusciter et réinterpréter les figures de l’imaginaire collectif. Ces œuvres éphémères sont amenées à disparaître mais là où elles ont été, chacun se souviendra de ce qu’il avait oublié. (Via boumbang.com)

Après deux mois d’horreurs : 
   «Les tremblements de terre se sont arrêtés, les grondements du tonnerre se sont éloignés, les mugissements du vent dans les feuilles se sont tus, les racines des arbres se sont replantés dans la terre, lentement, prudemment.» (p. 197) 
   «La vie est une succession d’événements qui se définissent ainsi : dramatiques, banals et fastes. Chacun vivra sa part respective de ces trois types d’événements. Malheureusement, la vie ne suit aucune règle, elle n’exerce aucune justice, elle nous porte même d’innombrables préjudices. La répartition est donc inégale et inique, mais nous sommes totalement impuissants devant ces injustices. Nous ne pouvons qu’essayer de bien mener notre vie à travers les fatalités qui échappent à notre contrôle.» (p. 199)

«Les victimes du trafic d’êtres humains au Canada sont forcées à se prostituer par des trafiquants, des proxénètes ou des membres de gang de rue en échange de leur vie sauve, tandis que les victimes d’exploitation sexuelle ont été «recrutées» puis forcées à se prostituer pour des trafiquants, des proxénètes ou des membres de gangs de rue en échange de nourriture, d’un toit, de vêtements, etc. Il n’y a pas beaucoup de différence entre les deux cas, car les victimes se retrouvent esclaves d’une certaine façon. Le terme esclave est valide dès qu’une personne est vendue, échangée, utilisée, violentée ou cédée. De ce fait les victimes du trafic d’êtres humains ou de l’exploitation sexuelle sont également des victimes d’esclavage ou d’esclavage sexuel.» (p. 226) 
   «Au Canada, les trafiquants ont des manuels qui leur enseignent des tactiques de conditionnement et d’exploitation des êtres humains, principalement de sexe féminin. Leurs procédés incluent la séquestration, la violence physique, le viol en groupe, les menaces de violence envers les victimes et leurs famille, l’induction d’une dépendance aux drogues, etc. 
   »Grâce à des manipulations subtiles et intelligentes, les trafiquants canadiens d’êtres humains créent souvent une dépendance affective en prétendant vouloir être le petit ami ou le conjoint des victimes. Les trafiquants sur le plan international, eux, dupent leurs victimes en leur promettant du travail, les envoient dans un pays dont ils ne parlent pas la langue, puis ils leur volent leur passeport, les isolent, etc. 
   »Les trafiquants canadiens d’êtres humains trouvent leurs proies dans les endroits fréquentés par les jeunes : les écoles, les parcs, les terminus d’autobus, certaines stations de métro, les centres commerciaux, les arcades, etc. Au départ les victimes sont comblées tant au niveau affectif que matériel. Alors, les trafiquants mettent en place leur stratégie machiavélique, les jeunes filles s’éprennent d’eux. Au bout de quelques semaines ou de quelques mois, ils leur ordonnent de rembourser leurs prétendues dettes en vantant les avantages de la danse (à 10$ ou 20$, cette dernière permettant au client de toucher la jeune fille) et, très vite, de la prostitution, puisque les prétendues dettes ne cessent de s’accumuler.» (p. 233-235) 
   «Les problèmes de santé physique et mentales sont, bien sûr, des répercussions de l’esclavage sexuel recensées presque inévitablement chez toutes les victimes. Peu importe la durée de leur «exposition» les risques de perturbations sont importants. 
   »Les manifestations sont nombreuses et d’intensité variable, et leurs conséquences peuvent être graves, voire mortelles : insomnie, stress élevé, manque d’appétit, consommation d’alcool et/ou de drogues, ITS, VIH, hépatites, grossesses non désirées, etc. ...
   »Ce ne sont pas tous les clients qui se protègent, surtout avec des jeunes mineures. D’ailleurs, de nombreux proxénètes offrent les activités sexuelles sans condom pour un léger supplément. On compte de nombreuses blessures physiques. Les jeunes filles subissent très souvent la violence des clients et des proxénètes; ces derniers les obligent parfois à des actes avilissants – sodomies répétées, urolagnie, coprophagie, pratiques sado-maso gore, etc.» (p. 236) 
   «Le jour où j’ai fugué, j’étais à des lieux d’imaginer que des viols répétés, l’exploitation sexuelle et un kidnapping allaient bouleverser mon existence à tout jamais. Aujourd’hui, à l’âge adulte, et en toute connaissance de cause, je peux vous assurer que mes choix seraient bien différents, si j’avais la possibilité de remonter dans le temps.» (p. 239)

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Tandis qu’on fait un procès post mortem au cinéaste Claude Jutra, je me dis que nous devrions éviter de piédestaliser des célébrités, d’utiliser leurs noms en toponymie ou de les corréler à des événements récurrents... pour des raisons évidentes.  

Lors d’une interview Arielle Desabysses disait que parmi les clients qui fréquentent les réseaux de mineures on trouve des gens de tous les milieux : «autant des personnes haut placées, des juges et des avocats que des commis de dépanneurs». Dans le documentaire Le commerce du sexe, une travailleuse du sexe disait : «J’ai comme clients des hommes d’affaires, beaucoup d’ingénieurs, des avocats, beaucoup de fonctionnaires, et aussi des gens du milieu de l’humour.» (1) 

Matière à enquête? Des têtes tomberaient? Ah mais, il faudrait d’abord dénoncer. Or cela est humiliant et risque de se retourner contre les plaignant(e)s, comme dans l’affaire Ghomeshi...

Arielle Desabysses disait aussi que le problème du trafic d’êtres humains est très sérieux au Canada – partout entre Montréal et Vancouver. Il n’est pas rare, lors de perquisitions, de trouver des mineures, âgées de 14 ans et moins, attachées aux murs des maisons closes. Si après deux semaines on n’a pas retrouvé les disparues, les chances de les récupérer sont quasi nulles. On dit qu’après avoir été enlevées, l’espérance de vie des jeunes filles est de 5 ans. «Il y a beaucoup plus de pédophiles qu’on ne le croit. La pédophilie est en croissance et l’inceste aussi d’ailleurs», disait-elle.

Est-il possible aux survivant(e)s de se réconcilier avec le genre humain, et en particulier avec les hommes et la sexualité? Tâche herculéenne je suppose.  

J’ajouterai qu’il est particulièrement crucial d’apprendre (et d’enseigner) à détecter les «psychopathes d’à côté» qui se multiplient comme le chiendent, qu’il s’agisse de pédophiles ou autres, en particulier les «gentils»...
http://artdanstout.blogspot.ca/2015/02/le-psychopathe-da-cote.html

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(1) Voyez Industrie du sexe 1, 2, 3; 30 juillet 2015 : http://artdanstout.blogspot.ca/2015/07/industrie-du-sexe-2-le-peak-de.html

22 février 2016

Réseautage dernier cri

@Twittakine Formidable! aucun impact environnemental – à moins que votre huile de jambes soit devenue une énergie fossile. # Je m’appelle Mona :  
http://artdanstout.blogspot.ca/2016/02/je-mappelle-mona.html

Comment se faire des amis SANS Facebook

En ce moment, j'essaie de me faire des amis en dehors de Facebook, tout en appliquant les mêmes principes.
 
Alors tous les jours, je descends dans la rue et j'explique aux passants ce que j'ai mangé, comment je me sens, ce que j'ai fait la veille, ce que je suis en train de faire, ce que je vais faire ensuite, je leur donne des photos de ma femme, de ma fille, du chien, de moi en train de faire le jardin, à la piscine et plein d'autres choses encore.
 
J'écoute aussi les conversations des gens et je leur dis «j'aime!».
 
Et ça marche.
 
J'ai déjà 3 personnes qui me suivent :
2 policiers et un psychiatre.

(Auteur inconnu)

20 février 2016

Voler en solo hors du cocon familial

En guise d’intro au texte «La famille surévaluée» : Flying Solo, un documentaire (en anglais) sur les gens qui choisissent de vivre seuls. La moitié de la population en Amérique du Nord vit seule et il y a plus de gens célibataires que mariés. Ça doit vouloir dire quelque chose...



Flying solo

Présentation du site Doc Zone (traduction maison) :

Vivre seul était autrefois considéré comme une honte, une aberration sociale. Plus maintenant.
   Aujourd'hui, les grandes tendances comme les technologies de communication, l'urbanisation, l'égalité entre les sexes et la longévité accrue modifient radicalement cette réalité. Le grand nombre d'adultes vivant seuls est quelque chose de tout à fait nouveau dans l'expérience humaine. 
   Tout au long de l'histoire et dans toutes les cultures, la cellule familiale a été la pierre angulaire de la société. Blottis les uns contre les autres dans des igloos, des huttes de boue, des maisons en rangée de style victorien ou des tours à logements, les humains, les animaux les plus sociaux, avaient toujours partagé leur toit. La nourriture, la sécurité, la santé et la reproduction en dépendaient. L'exil était la punition la plus sévère, surpassée uniquement par l'exécution.
   Aujourd'hui, cependant, nous sommes entrés dans une ère d'expérience sociale sans précédent où de plus en plus de gens choisissent de vivre seuls. Le nombre d'adultes vivant seuls a triplé en un demi-siècle. En Amérique du Nord, plus de cinquante pour cent d'entre nous sont célibataires. Près du tiers de tous les logements ne compte qu’un seul résidant. Les personnes seules sont maintenant plus nombreuses que les personnes mariées. 

Pourquoi? Quelle différence cela fait-il?


Photo extraite du documentaire

À travers les profils d'exubérants célibataires, une courte histoire de la famille nucléaire et de son érosion progressive, et un regard sur le rôle des femmes, de la technologie et de l'urbanisation dans ce courant orienté vers le célibat, Flying solo révèle de manière réfléchie et provocante ce qui alimente la tendance et ce que cela signifie pour notre avenir.

Si vous avez accès à la zone : http://www.cbc.ca/doczone/episodes//flying-solo

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Pas étonnant que tant de gens choisissent de vivre seuls quand on voit le nombre de familles dysfonctionnelles où les enfants (et les conjoints) sont maltraités psychologiquement et/ou physiquement. Et les séquelles sont ahurissantes. En outre, on exige que les enfants respectent leurs parents! Il n’y a pas de raison de respecter quelqu’un qui ne nous respecte pas. 
   Jusqu’en 1980, 1 père sur 12 commettait l’inceste. Le père, même s’il était un abuseur sexuel, avait toute autorité sur ses enfants, et de ce fait il était inattaquable en justice. Les mères fermaient les yeux. C’est grâce au mouvement féministe que la dénonciation de l’inceste a pu émerger. 


Le bonheur total.

Pourquoi faire des enfants quand on sait pertinemment qu’on ne pourra pas les loger convenablement, leur assurer une éducation adéquate et les nourrir suffisamment? Or l’Église catholique continue d’interdire la contraception – condoms, pilules et autres. Comme dit l’auteur de l’article «un peu moins d’enfants ne nuirait pas dans un monde comptant déjà 7,4 milliards d'individus». Par contre, il est vrai que, encore aujourd’hui, les enfants fournissent de la main-d’œuvre à bon marché, voire gratuite, n’est-ce pas?

La famille surévaluée
Marty Nemko*, Ph.D. (Psychology Today)

La famille est une vache sacrée qui ne devrait peut-être pas l'être. Les politiciens, les clercs et les gens ordinaires vénèrent la famille comme notre plus importante institution.

Pourtant, je crois que la famille est surévaluée. Tant de personnes souffrent abominablement à cause de leur famille.



15 EXEMPLES DE SOUFFRANCES INDUITES PAR LA FAMILLE

Bien sûr, il y a les plus évidentes :

- Violence envers les enfants
- Violence conjugale
- Inceste
- Violence psychologique

Beaucoup plus souvent, il y a les souffrances moins dramatiques mais quand même pénibles :

- Votre conjoint ne vous aime plus, mais, la peur, l'inertie et le passé partagé empêchent la dissolution. Alors, vous poursuivez coûte que coûte votre vie peu reluisante.
- Votre parent essaye toujours de vous contrôler ou de vous humilier même si vous êtes un adulte.
- Autrement que pour plaisanter, votre enfant adulte refuse de vous parler.
- Votre adolescent crie régulièrement «Je te déteste, maman!».
- Votre enfant adulte est de retour sur votre canapé, encore en train d’essayer de «se trouver» (quête identitaire) à l'aide de drogues ou d'alcool.
- Vous n’êtes pas assez compétent pour rivaliser avec un frère, une soeur ou un parent qui vous décourage.
- Vous faites de gros efforts pour prendre soin de votre parent âgé, principalement motivé par la culpabilité.
- Intérieurement, vous croyez que vous pourriez mieux utiliser votre temps, votre énergie et votre argent.
- Votre conjoint ne gagne pas un salaire suffisant ou n’en fait pas assez à la maison.
- Un membre de la famille malveillant, exclu du testament d’un parent âgé, dressera des allégations sans fondement qui plongeront les héritiers dans une poursuite judiciaire inutile.
- Vous souffrez à cause des problèmes d’aliénation, d’alcoolisme, de toxicomanie ou de jeu compulsif d’un membre de la famille, ou simplement à cause de sa paresse et de son parasitisme. 



Des millions de gens ne parlent même pas aux membres de leur famille. Des millions d'autres investissent des années et des fortunes en thérapies pour tenter d'annuler les souffrances causées par la famille. 
   Tout cela ne devrait pas nous surprendre. Après tout, autrement qu’avec les amis, nous sommes parachutés dans notre famille d’origine au hasard, sans avoir un mot à dire. Nous choisissons notre conjoint, mais les hormones, les intérêts pécuniaires et d'autres facteurs compromettent la réussite – à preuve le taux de divorce à 50 %, peu importe ce que nous avons dépensé pour «Ma journée spéciale». 
   Même s'il est inconvenant d’en discuter, l'argent fait partie de l'équation quand on évalue l’importance de la famille. Élever des enfants coûte une fortune, sans parler du conjoint qui reste au foyer. Pour payer tout cela, beaucoup de gens choisissent des carrières lucratives loin d’être satisfaisantes comme celles qu'ils auraient autrement choisies. Si ce n'était de la nécessité de soutenir une famille, pensez-vous qu’autant de gens vendraient de l'assurance, seraient exterminateurs, réparateurs d'égouts ou commerçants? Plusieurs auraient peut-être choisi une carrière dans les arts, les organisations sans but lucratif, la programmation de jeux électroniques, le mentorat...



Contrarguments

Je peux imaginer ce que pensent certains lecteurs :

«Quoi? Vous préconisez une société sans enfants?»
Encourager mes lecteurs à réfléchir sérieusement avant d'avoir des enfants ne mènera pas à un monde sans enfants. Je demande simplement aux gens d'être plus circonspects, de ne pas répondre aux attentes de la société par réflexe. En outre, certains environnementalistes soutiennent que la surpopulation représente une grande menace pour l'environnement. Un peu moins d'enfants ne nuirait pas dans un monde comptant déjà 7,4 milliards d'individus.

«La vie est encore plus difficile sans le soutien de la famille.»
Je ne dis pas que les gens n'ont pas besoin de soutien. Je conteste la présomption que la famille doit être la ressource de premier choix. Par exemple, si votre enfant échoue à répétition et vous demande de l'argent parce qu'il/elle est en chômage, plutôt que de succomber à la culpabilité qu’impose la société – «'il/elle est de la famille» –, vous seriez sage de considérer le problème dans son entière dimension, c’est-à-dire, en réfléchissant aux impacts sur vous, lui/elle, votre famille, et, oui, sur la société. Par exemple, donner votre argent à Sam the Slug (1) aurait-il un rendement net plus favorable au bien général que s’il était investi, par exemple, dans une entreprise qui développe un médicament pour prévenir la crise cardiaque, la principale cause de décès?

L’essentiel de mon message est qu’il faut éviter de succomber automatiquement aux conventions et, à la place, faire des choix conscients, fondés sur ce qui contribuera au plus grand bien de tous : vous, votre famille et la société.

* Marty Nemko a fait ses études en psychologie tout en étant chauffeur de taxi la nuit à New York et en jouant du piano dans des bistros les weekends. Il est l’auteur, entre autres, de Cool Careers for Dummies. https://en.wikipedia.org/wiki/Marty_Nemko

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(1) Aventures d’une limace sympathique à l’appétit insatiable (conte pour enfants).
On peut aussi se référer au film Tanguy : la mère avait dit à son fils unique (Tanguy) : «Tu es tellement mignon, si tu veux tu pourras rester à la maison toute ta vie». À 28 ans, il habitait toujours chez ses parents; beaucoup de chantage affectif et de désagréments dans la cellule familiale...

18 février 2016

Oeil de lynx, œil de taupe...



La Besace
Jean de La Fontaine

Jupiter dit un jour : «Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur :
Si dans son composé  quelqu'un trouve à redire, 
             Il peut le déclarer sans peur; 
             Je mettrai remède à la chose.
Venez, singe; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux, faites comparaison 
             De leurs beautés avec les vôtres.
Êtes-vous satisfait?» - Moi? dit-il; pourquoi non?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché;
Mais pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché :
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.
L'ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort;
Glosa sur l'éléphant, dit qu'on pourrait encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles;
Que c'était une masse informe et sans beauté. 
             L'éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles : 
             Il jugea qu'à son appétit 
             Dame baleine était trop grosse.
Dame fourmi trouva le ciron trop petit, 
             Se croyant, pour elle, un colosse.
Jupin les renvoya s'étant censurés tous,
Du reste contents  d'eux.
Mais parmi les plus fous
Notre espèce excella; car tout ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes :
On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain.
             Le fabricateur souverain
Nous créa besaciers tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui :
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.

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La Besace : Désigne la double poche du bissac («Bissac n. m. XVe siècle du latin bis, deux fois, et sac). Sac fendu en long par le milieu et dont les extrémités forment deux poches.» - «Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française», tome 1, Paul Robert, Société du Nouveau Littré, 1965, p. 484).

Jupiter est le père et le roi des dieux dans la mythologie romaine. Il est représenté ici sous les traits du créateur. On l’assimile au Zeus grec.

Dans son composé : Dans sa nature.

Glosa : Critiqua.

À son appétit : À son goût.

Le ciron : Acarien fréquemment évoqué par Pascal pour représenter le plus petit être visible. On le trouve sur les détritus, croûtes de fromages, farines...

Jupin : Nom familier de Jupiter (fréquent chez La Fontaine).

Contents : L’édition de 1668 écrit «content», ce qui est une faute nette. En effet, comment le créateur peut-il être content de ces fous ? L’édition de 1678 écrit elle aussi «content» mais corrige en «contents» dans ses errata.

Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous : L’opposition entre la vue perçante du lynx et celle, très limitée, de la taupe, se trouve, avant La Fontaine, chez Rabelais («Tiers-Livre», chapitre XV).

Besaciers : Porteur d’une besace (ici, à deux poches, un bissac). Voir Plutarque «La Vie des Hommes illustres»  ... Ésope avait été bien sage quand il dit que les hommes portaient chacun à leur cou une besace, et que dans la poche de devant ils mettaient les fautes d’autrui, et dans celle de derrière les leurs propres.» («Vie de Crassus», LXI ; t. 2, p. 96).

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C’est Avianus (*) avec «La Guenon et Jupiter» qui a fourni à La Fontaine l’inspiration de cette fable. Baudoin l’écrira à son tour en français («Du Singe et de ses Enfants»). La Fontaine se tournera vers Phèdre (IV, 10) pour l’image donnant son titre à la fable. Dans la version d’Avianus, Jupiter veut que tous les animaux paraissent devant lui afin de déterminer lequel a les plus beaux petits. Le loup de la fable 6 n’avait pas de maître. Ici, les animaux en prennent un qui, loin de les protéger efficacement, les tyrannise.

(*) Avianus est un auteur latin du premier siècle après Jésus-Christ. Il a mis en latin les fables d’Ésope. Son œuvre, perdue depuis le IXe siècle, a été retrouvée à la fin du XVIe siècle puis traduite en français par Pierre Pithou, un érudit français. La Fontaine s’en inspirera largement. (D’après «La Fontaine – Fables», Édition préfacée et commentée par Pierre Clarac - notes de Marie-France Azéma; éditions ‘Le Livre de Poche’, n° 1198, 1996, p. 29).

Source : http://www.lafontaine.net/index.php

15 février 2016

Je m’appelle Mona

Bonjour!

Profil (de face) :

Mon image, c’est toute ma vie. À un certain moment, un voleur m’a cachée sous son lit pendant deux ans. De retour chez moi, un gamin m’a blessée au coude en me lançant un caillou. J’ai visité New York et Tokyo. Un touriste russe m’a envoyée une tasse de thé en pleine figure, mais la vitre blindée m’a protégée; car, étant donné ma fragilité, je vis désormais dans un caisson que je ne quitte plus. Un logiciel de reconnaissance des émotions a évalué mon énigmatique sourire : bonheur à 83 %, dédain à 9 %, peur à 6 %, colère à 2 %, neutralité à 1 %, étonnement à 0 %. Sourire fixé, analysé, pour l’éternité, comme un selfie. 

Mais, j’en ai marre de faire tapisserie.

Alors j’ai décidé de revamper mon look, d’ajouter une petite touche sexy. Tout le monde le fait sur Internet, pourquoi pas moi? Virtuelle jusqu’au bout des ongles.

Si vous aimez mon selfie, envoyez-moi des «Like».

Rendez-vous dans mon smartphone! 

   Mona Lisa  

(Source des éléments anecdotiques : Wikipedia)


Image : Bruno Sousa (via Worth1000.com). J'ai vu beaucoup d'adaptations de La Joconde, mais celle-là sort de l'ordinaire.

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En passant : si votre avatar Twitter / Facebook est un authentique portrait de vous, pensez à mettre à jour ...au moins aux 10 ans.

Au départ, l’intérêt des photos personnelles tenait au lien affectif qui s’y rattachait – souvenirs d’événements marquants, bons moments entre amis, etc. En général, les selfies servent le même but. Par contre, je me demande comment on peut développer un lien affectif avec des centaines, voire des milliers, d’«amis»? Hum. La surabondance donne parfois la nausée, un peu comme le «séminaire gastronomique» du film La Grande Bouffe qui se termine par un suicide collectif – l’on mange jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Certains adeptes défendent le selfie becs et ongles, disant que le narcissisme n’a rien à y voir, et que c’est de la psychologie de comptoir que de le prétendre.

Bon, je me fiche royalement qu’il s’agisse de narcissisme ou non...

Ce qui me dérange c’est la facture environnementale de ces activités, somme toute passablement égoïstes. La dope selfie coûte très cher.

Les cartes de câblage web sous-marin font peur. Et s’imaginer que cela n’a aucun effet sur la santé physique de la faune marine et terrestre et la nôtre me semble très naïf (1). Sans parler de notre santé psychologique. 
   On parle constamment des informations disponibles «dans le nuage», mais ces données auxquelles on accède peu importe où l'on se trouve ont besoin d'être logées physiquement quelque part. Avec l'explosion de l'infonuagique vient le besoin grandissant de centres de données pour les héberger. (La Sphère, ICI Radio Canada, Première, 25 avril 2015) 
   En effet, la question revient souvent parce que le web est un monstre énergivore sans équivalent. Internet coûte extrêmement cher à la planète en énergies sales. Nos communications magiques dévorent du charbon, du nucléaire et décapitent des montagnes. Les structures matérielles de routage et de stockage courent sous les océans, sous terre et dans les airs. 
   Le documentaire Internet, la pollution cachée (2014) m’a fait prendre conscience de cette réalité invisible. J’ai eu un choc. C’est pitoyable. Il est impossible d’éliminer l’usage Internet car on nous l’impose dans divers secteurs essentiels (services publics, bancaires, gouvernementaux, etc.), mais pensons à tous les clicks futiles (je m’inclue dans le lot de coupables). 
   Les visiteurs qui me lisent régulièrement savent que je n’ai ni smartphone ni tablette. On pourrait en conclure que je suis contre l’internet, mais ce n’est pas le cas. Néanmoins, je déplore la pollution, l’esclavage et l’abrutissement qu’entraînent les jouets électroniques dans leur sillage. (Extrait de «Le côté sale du nuage», 30 avril 2015, L’art est dans tout)

Il suffirait pourtant d’être moins compulsif, plus «conscient».

«Être inconscient, c’est tout simplement ne pas savoir ce qu’on fait, c’est-à-dire être incapable d’évaluer la portée de ses actes.» ~ Charlotte Joko Beck


Via :  site paixetdéveloppement.net  

(1) Dans un rapport consacré à l’impact sanitaire et environnemental des nanomatériaux, l’EEB (Bureau européen de l’environnement) pointe du doigt l’absence d’information sur les volumes de production, la nature des procédés et des nanomatériaux utilisés (sous couvert, notamment, du secret industriel), les risques accrus d’exposition pour les êtres humains, et de dispersion dans l’environnement, d’autant que l’on ne connaît pas les risques potentiels que font peser, à moyen et long terme, chacun de ces nanomatériaux. 
   Du fait de leur nature chimique, mais aussi de leurs propriétés physiques (dimension, surface, forme et structure), les nanoparticules se comportent de façons très différentes, et peuvent, par inhalation, ingestion ou absorption au travers de la peau ou des organes internes, traverser des barrières qui, d’ordinaire, protègent nos organes de toute intrusion extérieure. Ainsi, certains nanomatériaux seraient susceptibles de traverser la barrière placentaire, et aller au contact des bébés avant même qu’ils ne soient nés, affirment les rapporteurs. 
   De nombreux nanomatériaux sont reconnus comme toxiques pour les tissus humains et les cellules en culture. Ils induisent un stress oxydant, des inflammations à la cytokine et la nécrose cellulaire. Contrairement aux particules plus larges, les nanomatériaux peuvent être absorbés par les mitochondries et par le noyau cellulaire. Des études ont démontré la possibilité pour les nanomatériaux de causer des mutations de l’ADN et d’induire des changements majeurs à la structure mitochondriale, pouvant conduire à la mort de la cellule. Les nanoparticules peuvent être mortelles pour le cerveau des truites avec des effets comparables à un empoisonnement au mercure. 
   Un projet dit «Nanogenotox» coordonné par l’Afsset mais impliquant plusieurs pays européens [...] étudie quatorze nanomatériaux manufacturés (classés en trois groupes : dioxyde de titane, silice et nanotubes de carbone choisis car déjà utilisés dans des produits tels que cosmétiques, aliments, produits de consommation courante) du point de vue des risques d’exposition (orale, cutanée, inhalée, avec test in vivo). Les nanoparticules sont comme l’amiante dans les années 1960, une révolution dangereuse si elle n’est pas encadrée. Même si les nanotechnologies sont censées économiser de la matière en favorisant la miniaturisation ou la substitution, dans l’immense majorité des cas, les applications conduisent à des usages dispersifs, en incorporant des particules de métaux dans des produits sans espoir de recyclage. Cela est particulièrement gênant pour des métaux comme le zinc, le titane et l’argent. Les volumes en jeu ne sont pas anecdotiques. Par exemple, la production de nano-argent représentait 500 tonnes en 2008, soit près de 3 % de la production mondiale d’argent métal. (InternetActu.net)

Aussi :
http://www.paixetdeveloppement.net/monde-science-et-technologies-dangers-risques-technologiques-et-impasses/

Un court métrage (9 min.) en anglais : https://thoughtmaybe.com/who-pays-the-price/

Who Pays the Price?
Heather White, Lynn Zhang; 2014

The Human Cost of Electronics is a short film that seeks to humanize the largely hidden and anonymous global labor force that enables the ubiquitous technoculture, documenting the harsh conditions in which electronics are made and how this really impacts those people’s lives, and the environment. Toxic chemicals, plastics, and sweat-shop working conditions all contribute to the global machine that disseminates digital technologies, hidden in plain sight. Through direct footage of factory workers, interviews with them and analysis of the conditions, Who Pays the Price asks the question of the viewer, calls to action to stop the exploitation and toxification of people and the natural world.

Résumé : La facture de la techno en vies humaines. – Dans les manufactures chinoises les ouvriers souffrent de leucémie. Tous les objets (smartphones, ordinateurs, jouets, chaussures, crayons, papeterie, etc.) fabriqués en Chine  (et ailleurs) contiennent des composants chimiques hautement toxiques. Ces produits menacent la santé des ouvriers, mais également celle des consommateurs. Plus de 200 millions de Chinois travaillent dans ces environnements pollués. Selon les statistiques gouvernementales, une personne est empoisonnée à toutes les 5 heures, majoritairement par le benzène. Les experts affirment que ce nombre est beaucoup plus élevé. En ce moment, nous n’avons aucune alternative; il faut en réclamer auprès des grands fabricants. Un produit électronique sans benzène coûterait aux consommateurs seulement 1 $ de plus.

12 février 2016

Série «la fête de l’amour» – 3



«Le miracle de l’amour, ce n’est pas d’aimer un homme ou une femme : c’est de s’aimer soi-même juste assez pour être capable d’aimer vraiment une autre personne.»

~ Roger Fournier, écrivain et réalisateur

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«Un homme (ou une femme) qui entre dans ta vie, c’est tout un aria et il faut que ce soit un plus. J’exige de l’authenticité. Si ce n’est pas en résonance, il n’y aura rien, pas de ‘ok d’abord’, pas de demi-mesure. À quoi bon avoir tant souffert si ça ne sert pas? Autrement dit, je rentabilise ma merde. Quand vous permettez à quelqu’un de vous aimer et vice-versa, vous êtes responsable. Tout l’entourage y gagne aussi.»

~ Dominique Bertrand, animatrice et auteur

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«Vous chérissez la liberté... Je ne crois pas qu’il faille faire de la fidélité un dogme, mais je ne crois pas qu’on puisse donner une valeur positive à la trahison. Ce qui est grave, ce n’est pas d’avoir une ou des aventures avec quelqu’un d’autre que celui ou celle qu’on aime, c’est l’acte de trahison. 
   On est dans une société qui n’a plus le moindre souci de la parole donnée. Et c’est à partir de cette idée de trahison qu’il faut discuter de la fidélité. Parce que si on accepte l’idée qu’en matière amoureuse la trahison de l’autre est permise – de même qu’en politique et en économie – on cautionne la trahison en permanence. ‘Je te regarde dans les yeux et en même temps je te trahis tout le temps.’»

~ Jean-Claude Guillebaud (La tyrannie du plaisir)


Quand même drôle celle-là!

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«Rien de moins courageux qu'un homme qui trompe sa femme.» (L'homme du lac)

«Y a-t-il quelqu'un pour condamner le meurtre d'une âme? Pouvez-vous me le dire? Comment peut-on porter plainte contre un homme parce qu'il a assassiné une âme, est-il possible de le traîner devant un juge et de le faire reconnaître coupable?» (La Femme en vert)

~ Arnaldur Indridason, auteur de romans policiers

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Tuant une mouche
j'ai blessé
une fleur

~ Kobayashi Issa, 1763-1827 (Haïku)

Si vous aimez les haïkus, voire en écrire, visitez le site HaikuNet de Philippe Costa.
À lire : la rubrique «et insolent» – trop drôle! http://www.haikunet.org/pages/01g_insolent_haiku.htm

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Parfois, prendre le mauvais train peut nous amener à la bonne gare.
Perte de repères : on ne voit plus les choses de la même manière.

What’s LIFE? A magazine.

L’humanité s’accroche (depuis des millénaires!) à des concepts très étroits de l’amour : on croit qu’il se limite à la romance sentimentale ou à l’attraction émotionnelle-sexuelle entre deux personnes ou au lien familial. L’amour continue d’être mal compris parce que la littérature, le cinéma, la publicité, les médias et la société perpétuent (et promeuvent) ces définitions réductrices de l’amour. Les gens les acceptent parce qu’ils choisissent de ne pas penser par eux-mêmes… parce qu’ils permettent aux autres de leur dicter quoi faire, penser et croire. 
   Il me semble que l’humanité devrait être assez évoluée pour s’affranchir de ces croyances puériles résultant en comportements toxiques (cruauté psychologique et physique, possessivité et jalousie, viols, crimes passionnels, infanticides, suicides...), et suffisamment mûre pour passer à une perception de l’amour inclusive.
   Dans un contexte de plus grande maturité émotionnelle, les autres ne seraient pas des proies, des objets de désir à s’approprier, mais des personnes avec lesquelles on pourrait entretenir des relations sinon profondes à tout le moins respectueuses et cordiales. Ce serait tellement plus simple! 
   L’amour, dans son vrai sens, n’est pas soumis aux croyances limitées, séparatistes ou individualistes de la conscience humaine.

(Extrait de «Ce fameux amour», 14 février 2013, L’art est dans tout)

Alors, bonne Saint-Valentin, seul(e) ou en compagnie! 

- Si le cœur vous en dit, prenez le temps d’exprimer votre amour aux êtres qui vous sont chers (j’inclus les animaux de compagnie); on oublie souvent car on prend tout pour acquis.

- Si vous n’aimez pas les fêtes «commerciales obligées», donnez-vous le droit de passer à côté sans culpabilité. On peut aimer 365 jours par année, sans conditions ni élastiques.

- Portez un chandail ou un foulard rouge (ou rose) : c’est revitalisant en cas de déprime hivernale, on oublie la grisaille.

- Et, le 15 février, le prix des fleurs, gâteaux, friandises et trouvailles thématiques peut chuter (comme notre dollar) jusqu’à 50 % – même le chocolat équitable. Patientez et profitez-en!

- Dernière suggestion 
Si vous aimez quelqu’un, le montrer est mieux que de le dire.
Si vous cessez d'aimer quelqu’un, le dire est mieux que de le montrer.