31 octobre 2014

Ancrage dans le centre vital

Posture zazen. Les mains reposent sur les cuisses, au niveau du nombril, où se trouve le ‘kikaï tanden’ (océan d'énergie), connu aussi sous le nom ‘hara’. Mudra : main gauche posée sur la droite, paumes vers le haut, pouces joints.

Juste poser les mains sur le Hara (en se concentrant sur l'énergie et sans faire zazen), peut avoir des effets apaisant quand on se sent déstabilisé, énervé ou craintif, seul ou en public (lieu de travail, restaurants, transports publics, etc.). La capacité de maîtrise du stress augmente avec la pratique régulière, comme en toutes choses.

Selon la tradition orientale, le «Hara» est le collecteur d’énergie vitale. Ce serait aussi un pont entre le physique et le subtil ayant le pouvoir de nous déconnecter du «moi égocentrique» pour nous connecter à l’être essentiel. L’ancrage dans le Hara, exercé à chaque moment, peut faire du quotidien une pratique de la voie intérieure et de la maîtrise de la vie. Ce que nombre d’adeptes des arts martiaux pourraient valider; et, il n’est pas nécessaire de devenir un Bruce Lee. Qui plus est, je peux affirmer (pour ce que ça vaut) que ce n'est pas du "guru stuff" destiné à manipuler les gens, mais plutôt une façon efficace de ne pas se laisser manipuler. Voilà, nous sommes des tables de résonance (ou de raisonance?) et il nous appartient de choisir par qui/quoi nous souhaitons être influencés.

HARA Centre vital de l’homme
Karlfried Graf Dürckheim
Le courrier du livre; 1974

Extraits du chapitre V – L’HOMME QUI POSSÈDE LE HARA

1. Le Hara, force existentielle (extrait, p. 179)

Du début à la fin de sa vie, l’homme est préoccupé de sa permanence en ce monde. Il veut se maintenir et se préserver, et cela se traduit par un constant souci de sécurité et de stabilité. Il doit pouvoir aussi bien s’affirmer, s’imposer, que se défendre. S’il a perdu le contact avec l’Être supranaturel incarné en son être essentiel, ou s’il ne l’a pas encore retrouvé, il lui faut compter uniquement sur le monde dans lequel il vit et sur les facultés dont le Moi dispose pour maîtriser la vie. (...) 
       Il n’y a pas de malade dont la guérison ne soit compliquée par des crispations, des tensions intérieures, ni de rétablissement qui ne soit hâté par la disparition de ces tensions. C’est précisément dans la mesure où ces tensions sont liées à un Moi anxieux, toujours sur ses gardes, ou encore à un Moi opiniâtre qu’elles sont susceptibles de s’effacer lorsque l’homme a appris à rassembler ses forces dans le bassin, c’est-à-dire dans l’espace où se fait l’enracinement dans le Hara.

2. Dimensions nouvelles (extrait, p. 188 --)

C’est dans la mesure où le Hara libère l’homme du souci vaniteux ou de l’inquiétude de conserver son Moi qu’il pourra disposer pleinement de ses forces réelles. L’action des forces, qui viennent du centre, correspond à une action de la personne tout entière et fait ses preuves dans toutes les situations et dans tous les domaines. Qu’il s’agisse d’une performance sportive, d’une tâche intellectuelle, d’un travail ou encore d’une création artistique, la chose est accomplie sans heurt, d’une façon sûre et précise.  Ce calme qui envahit la personne dès qu’elle fait confiance à son centre permet à l’homme de jouir de tous ses moyens afin de répondre à une situation donnée. Le Hara le rend stable, clairvoyant, précis et efficace dans toute action. Celui qui a le Hara peut difficilement être renversé et soulevé. Grâce au Hara, il est capable d’accepter chaque situation telle qu’elle est, sans nécessairement devoir l’approuver, mais sans la rejeter non plus. Le Hara lui permet de prendre avec calme ce dont le Moi se serait automatiquement défendu, et même de le supporter, lorsque cela est nécessaire. Celui qui a le Hara peut endurer des souffrances physiques qui seraient sinon intolérables; les offenses n’ont pas  de prises sur lui, les réactions impulsives sont facilement évitées, mais, lorsqu’il le faut, il sait réagir, sans écouter son Moi peureux. La fausse sensibilité, même à l’égard des autres, disparaît. L’homme acquiert une force intérieure grâce à laquelle il peut affronter sans peur même les dangers. Le Hara semble le doter d’une cuirasse protectrice contre laquelle vient rebondir ce qui l’atteint facilement lorsque, au lieu d’être ancré avec calme et «en forme» dans son centre, il se crispe dans la position de défense caractéristique du Moi égocentrique ou, au contraire, s’avachit. Tant que l’homme est enraciné dans le Hara, il supporte le froid et la chaleur; il ne contracte ni refroidissement ni maladies contagieuses. Celui qui a le Hara peut également traverser des situations dangereuses sans en être dérangé. 
       S’il est ancré solidement dans le Hara, l’homme peut même supporter la pensée d’un anéantissement imminent sans être assailli d’une angoisse qui lui enlève toutes ses forces. On dirait qu’il est en contact, voire qu’il ne fait qu’un, avec une réalité que rien ne saurait toucher et qui le remet solidement sur ses pieds dès qu’il est attaqué ou même abattu. Faut-il en fait s’étonner qu’il acquière une assurance nouvelle vis-à-vis du monde et, par suite, une confiance nouvelle en ce dernier lorsque cette force à la source profonde le porte – force qui, du reste, se révèle d’autant plus fidèle qu’il s’y abandonne avec confiance, mais qui se retire dès qu’il s’en méfie. 
       L’expérience de cette force mystérieuse n’est pas seulement un moyen de mieux vivre en ce monde, elle procure une chose beaucoup importante : l’expérience d’une «dimension» située au-delà de l’horizon naturel. Mais il faut en prendre conscience. 
       À mesure que l’homme s’enracine dans le Hara, il sent naître en lui une force qui n’est pas celle que l’on a, mais celle sur laquelle tout notre être repose, celle que l’on est manifestement au fond de son être. L’homme prend, grâce à elle, conscience de sa participation à l’Être dont il fait partie intégrante dans un sens profond et envers lequel il est engagé davantage qu’envers le monde. Non seulement le Hara libère cette force venant de l’Être, qui fait disparaître la peur et donne la confiance, mais il ouvre aussi l’homme à une autre lumière et à la perception d’un sens profond. 
       Sans Hara, l’homme est prisonnier du Moi égocentrique. Tout ce que le Moi ne comprend pas lui paraît absurde. Or celui qui ne voit le monde que sous l’angle du Moi court le risque d’être sans cesse contrarié ou encore de tomber dans le désespoir devant l’absurdité et l’injustice qui règnent sur terre. Plus l’enracinement dans le Hara est solide, plus la vision que le Moi a du monde s’élargit. Une colère ou un désespoir qui menacent incitent alors à s’ancrer encore plus dans le centre et sont une occasion de s’ouvrir à une réalité révélatrice d’un sens qui est au-delà du sens et du non-sens. (...) Le Hara fait jaillir une lumière qui éclaire la vie tout entière ... (...) Or, cette lumière – tout comme la force intérieure – n’est conférée à l’homme que s’il s’adonne à la pratique du Hara. L’expérience de cette force et de cette lumière va de pair avec un élargissement du Soi. 
       Le Soi dont l’homme prend alors conscience n’est manifestement plus le Moi qu’il était auparavant, mais un Soi élargi qui se développe à mesure que se fait l’intégration du Moi existentiel dans l’être essentiel. L’homme perçoit alors une nouvelle dimension intérieure, il a le sentiment d’augmenter de volume, comme s’il avait fait éclater les limites étroites de son corps. Il a la sensation que cet illimité lui appartient en propre. Il fait l’expérience d’un élargissement de sa personne et en ressent l’effet libérateur. Il s’agit d’un élargissement dans lequel on ne se perd pas, qui permet au contraire, de trouver son véritable centre. On se trouve dans un espace nouveau sans limites précises. On dispose alors d’un nouvel espace respiratoire, d’un nouveau champ visuel, d’une nouvelle marge de liberté et d’un nouveau champ d’action. On découvre soudain avec étonnement et le cœur plein de reconnaissance combien, sans le Hara, on vivait dans un espace réduit, enserré qu’on était dans une enveloppe isolante barrant la voie tant à la force intérieure qu’à la lumière montant du fond de l’être. L’homme qui n’a pas le Hara dispose autour de lui et en lui d’un très petit espace; il lui manque aussi le rayonnement. 
       Pour celui qui est enfermé dans l’espace correspondant au Moi égocentrique, le monde et la vie n’ont pas d’ampleur. La personne n’a conscience que de ce qui se trouve sous forme concrète devant ses yeux ou du sentiment personnel qui l’occupe dans l’instant. Mais dès qu’elle a trouvé le centre qui donne accès à la transcendance, tout devient transparent. Le regard intérieur ne se laisse pas limiter, même dans les cas où le particulier qui sollicite sur le moment l’attention du Moi constitue une sorte de barrière pour le regard ouvert seulement sur le monde. (...) 
       Celui qui acquiert le Hara voit, de ce fait, s’établir un nouveau rapport entre lui et le monde, rapport caractérisé à la fois par une indépendance vis-à-vis du monde et par un libre attachement à ce dernier. Il peut s’unir au monde spontanément et sans peur parce qu’il a pris conscience qu’il était porté par un fond plus large. Il est alors en mesure de saisir le monde et de se laisser saisir par celui-ci, car il s’y sent déjà rattaché dans le fond de son être. Et s’il le faut, il est également capable de se détacher de tout ce qui constitue le monde parce que son nouveau Soi n’est plus accroché à ce dernier, contrairement au Moi égocentrique. L’homme qui n’a pas de Hara est dépendant du monde, car il lui manque le véritable contact, alors que l’homme ancré dans le Hara, n’étant pas dépendant du monde, reste en contact avec ce dernier. (...) L’homme ne se sent pas accepté ou renié selon les circonstances, mais porté, enveloppé avec amour par la vie tout entière. Il est empreint de l’unité de l’Être, du Grand Un au sein duquel les oppositions disparaissent, et il a accès, de ce fait, à une forme d’amour qui n’est ni égocentrique, possessive ni fixatrice, mais constitue un véritable abri et la rencontre, à travers l’union, d’éléments isolés. 
       (...) Il [l’homme] dispose d’une clairvoyance qui est au-delà de la connaissance du sens et du non-sens, et il connaît un amour qui est au-delà de l’amour et la haine propres à ce monde. La nouvelle dimension que le Hara lui ouvre est également au-delà de l’opposition qui existe pour le Moi entre l’ampleur et l’étroitesse. (...) 
       ... Le Hara lui donne accès au bonheur et aux bienfaits d’un amour pour ainsi dire cosmique, qui est impersonnel, différent de l’amour ressenti par une personne à l’égard d’une autre personne. 
       Cette expérience d’une forme d’amour à la fois génératrice de force, pleine de sens et non égocentrique, que le Hara permet de vivre et dont nous venons de parler, le débutant ne la vivra que sous la forme d’une grâce passagère. Sa réalité, le pouvoir régénérateur de la vie et l’action transformatrice du Hara sur l’homme, il ne les connaîtra que s’il s’exerce régulièrement, fidèlement, à la pratique de la Voie. 
       Celui qui entend parler du Hara pour la première fois ne peut manquer de se montrer sceptique à l’égard des innombrables effets positifs que ce dernier est censé avoir. Il ne pourra s’ouvrir à la vérité dont nous venons de parler et s’engager lui-même sur la voie de la pratique que s’il comprend que l’enracinement dans le centre – ou dans le Hara – signifie que la personne tout entière s’est libérée (et c’est une libération qui n’est pas seulement intérieure) de tout ce qui le sépare de la transcendance et des forces supranaturelles, notamment de son ennemi principal, le Moi à l’esprit autonome.

30 octobre 2014

Intimidation et autodéfense

Il ne faut pas se le cacher, les humains ont grand besoin d’évoluer en matière de sexualité. Mais, on dirait plutôt qu’ils involuent... C’est horrifiant. De la lingerie inspirée du courant BDSM (pour bondage et discipline, domination et soumission, sadomasochisme) et plusieurs marques de luxe lancent des campagnes publicitaires inspirées de pratiques sexuelles perverses. Avons-nous besoin de ça? Ne sommes-nous pas suffisamment malades?

L’article sur le viol télépathique m’a fait penser aux viols physiques et au trafic de femmes, de jeunes filles et d’enfants (fillettes et garçons), répandu à la grandeur de la planète. Dans cet article, on constatait que  la ville de Mexico venait en tête de liste. Malheureusement,  je crois qu’en matière de meurtres/viols réels, cette nation ne donne pas sa place non plus.

 Linda Laplante dans la pièce Chaîne de montage; photo de Yanick MacDonald

Comme par hasard, hier, Catherine Perrin (émission Médium large) recevait Suzanne Lebeau au sujet de sa nouvelle pièce Chaîne de montage, inspirée du mystère des quelque 400 corps découverts dans le désert mexicain entre 1993 et 2001, à proximité de la ville de Juáres, dans l'État de Chihuahua. Tournages de films snuff? Trafic d'organes ou de chair humaine? L'affaire n'a jamais été résolue. 
       «Je suis arrivée au Mexique pour écrire tout autre chose. Je ne sais pas pourquoi, mais ce texte, je l'avais en travers de la gorge : le drame de ces femmes et du silence qui recouvre tout, exactement comme ce qui arrive présentement aux femmes autochtones [canadiennes].» 
       Dans la pièce, l'auteure lie ces meurtres à nos besoins économiques. «Je ne pouvais le prendre d'un autre point de vue que de mon point de vue à moi. Mon point de vue est celui d'une femme du Nord, explique-t-elle. Pourquoi le drame de ces femmes m'intéresse-t-il tellement, tout à coup? Pourquoi me concerne-t-il? Parce que je sens que je fais partie de cette fameuse chaîne. C'est une chaîne de montage, une chaîne de montage qui nous broie complètement, qui nous enchaîne et qui est une spirale inflationniste insupportable.» 
       Chaîne de montage est présentée du 27 octobre au 21 novembre au Théâtre de Quat'Sous, à Montréal. Mise en scène : Gervais Gaudreault.
Audio fil : http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2014-2015/

Il y a une quinzaine d’années je suivais des cours du soir à l’université. Le building était dans un quartier du centre-ville peu sécuritaire, cosmopolite et grouillant de monde louche, de dealers, etc. D’habitude je trouvais toujours une place à proximité, mais pas cette fois-là. En fin de soirée, donc, je marchais vite pour me rendre à la voiture car j’avais vu une couple de gars bizarres. Malheureusement ce soir-là, j’avais une voiture de courtoisie car la mienne était en réparation. En entrant dans l'auto, je cherchais le bouton qui barrait toutes les portes automatiquement – en vain! j’ai ouvert la fenêtre à la place. Il a suffit d’une minute pour qu’un intrus se pointe pour me demander je ne sais plus quoi. J’ai fini par trouver le piton pour les portes, mais pas celui des fenêtres. Alors, un autre type, que j’avais remarqué parce qu’il était appuyé dans l’embrasure d’une porte vis-à-vis de l'auto, s’est approché. Je paniquais. Il a empoigné le gars par le coude pour le faire reculer en me disant : «Quittez Madame. Gardez vos portes verrouillées et vos fenêtres fermées.» Sans doute un policier anonyme qui surveillait les parages. Ouf! Je tremblais comme une feuille en quittant.

Le lendemain, j’ai décidé de m’inscrire à un cours d’initiation en autodéfense conçu pour les femmes. Mieux vaut prévenir que guérir... Le prof enseignait les arts martiaux dans un centre Kyokushin. Je crois que ces cours devraient être obligatoires dans toutes les écoles et les cegeps. Il y aurait sans doute moins de victimes d’intimidation. Quant aux femmes, je les encourage à y songer, vu que le nombre des agressions ne cesse d’augmenter.

Principaux bénéfices de la pratique des arts martiaux : concentration et coordination accrues, plus grand respect des autres, affirmation et confiance en soi, vitalité, discipline, meilleure gestion du stress quotidien et meilleur contrôle des émotions. Quel que soit l’art martial (karaté, kendo, etc.), la philosophie sous-jacente est la même : la discipline et le don de soi font partie intégrante de la démarche ainsi que la courtoisie et le respect de soi et des autres. Les adeptes sérieux font d’ailleurs preuve d’une assurance et d’un calme peu communs.

Quelques mises en garde et recommandations de base que tout le monde peut adopter (pas seulement à l’Halloween!), même si c'est peu, ce sera toujours ça de gagné :

- Restez conscientes de ce qui se passe à l’intérieur de vous et à l’extérieur
- Restez en alerte
- Gardez une attitude passive, non agressive, ne provoquez pas
- Prévention : utilisez vos cinq sens, fiez-vous à vos intuitions
- Restez conscientes de votre espace personnel, de votre bulle
- Même si l’approche est «amicale», gardez vos distances

- Il vaut mieux faire quelque chose pour sortir d’une impasse plutôt que de ne rien faire, il y a moins de séquelles psychologiques par la suite

- Regardez toujours autour de vous avant de déverrouiller la porte de votre résidence et d’y entrer; particulièrement s’il y a des haies de cèdres ou d’autres arbustes qui permettent le camouflage; même recommandation avant de sortir de votre voiture ou d’y entrer, vérifiez toujours les alentours 

- Attention aux mendiants, aux squeegees, aux «recherches de chiens ou d’objets perdus», aux demandes de renseignements ou de dépannage, etc.

- Attention aux mains dissimulées

- Si un voleur veut votre sac, lancez-le et fuyez à toutes jambes pendant qu’il va le chercher. Ne laissez pas votre portefeuille ou vos cartes de crédit, permis de conduire, etc., dans votre sac à main – portez-les sur vous (vos poches ou une ceinture de voyage) Note : faites des photocopies de toutes vos cartes importantes et gardez-les chez vous en lieu sûr – il sera plus facile de tout annuler en cas de vol 

- Si vous êtes menacées, klaxonnez sans arrêt, que vous soyez stationnées ou que vous rouliez; rendez-vous au poste de police le plus prêt et klaxonnez

- Verrouillez toujours vos portes aussitôt que vous êtes dans votre voiture; n’ouvrez ni votre fenêtre ni votre porte si l’on vous harcèle à un arrêt, démarrez s’il le faut

- Restez en alerte, respirez profondément et observez; tous vos sens devraient être allumés : vision, écoute, odorat. Vérifiez votre environnement à l’aide de votre vision périphérique, ne vous gênez pas pour vous retourner, rebrousser chemin ou changer de rue si vous pressentez une menace à distance de la part d’un individu ou d’un groupe 

- Fiez-vous à votre instinct et suivez-le! Sauvez votre peau est plus important qu’être «gentilles» avec des inconnus

Suite demain : Ancrage dans le centre vital (le Hara)

28 octobre 2014

Le viol télépathique

Photo : Francesca Woodman (1978-1979, New York)  

Enceinte

Je suis enceinte de prés verts…
Je porte en moi des pâturages…
Que mon humeur soit drôle ou sage,
je suis enceinte de prés verts…

Belle est l’image!
Doux le langage…
“Je porte en moi des pâturages…”

Et tout à la fois, mais qu’y faire?
je suis enceinte de déserts.
Et de mirages.
Et de chimères
De grands orages.
De regrets à tort à travers.
De rires à ne savoir qu’en faire.

Et mes grossesses cohabitent.
En tout mon être. Sans limite.

(Je cours après mon ombre, 1981)

~ Esther Granek (poétesse belge francophone née à Bruxelles le 7 avril 1927) 

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Notre sexocratie conditionne les gens, directement et indirectement, pour qu’ils pensent «sexe» quand ils se rencontrent. La télé, le cinéma, les livres, les magazines, la radio, Internet, bref, presque tous les médias poussent les gens à imaginer sans cesse toutes sortes de mises en scène sexuelles (peu importe qu’ils les manifestent physiquement ou non). Chez plusieurs, ces fantasmes sont rejoués mentalement en continu. À mon avis, les hommes sont plus vulnérables; des recherches en psychologie ont démontré qu'ils éprouvent des désirs sexuels (ou ont des pensées sexuelles) à toutes les sept minutes!

L’épidémie a atteint une telle proportion que, où que nous allions, où que nous regardions, nous butons sur des sous-entendus, des insinuations et des incitations qui tiennent du harcèlement sexuel. Du sexe mur à mur, commentait une sexologue. Si l’on est quelque peu sensible à cette dynamique, il est facile de «voir» ou de «ressentir» les projections mentales sexuelles des gens en public – un genre de drague psychique ou d’encan silencieux… L’intrusion peut parfois être aussi pénible (à un autre niveau) que le viol physique car elle se fait sans le consentement de la victime.

La banalisation du sexe, c’est-à-dire l’habitude de considérer la compulsion et l’obsession sexuelles comme «normales», et de voir la vie uniquement sous cet angle, a pris une ampleur déroutante. En vérité, on nous traite comme des chiens de Pavlov, et plusieurs en bavent un coup. D’où l’importance d’apprendre la maîtrise mentale en la matière, c’est possible, et cela n’a rien à voir avec une quelconque forme de puritanisme. C’est juste une question de respect envers l’autre. Mais le respect de nos jours? Autant chercher une aiguille dans un tas de foin. Par contre on a trouvé des aiguilles à coudre dans les frites congelées de l’usine Cavendish Farms (P.E.I)! C’est bien pour dire...

Voici un excellent article sur le viol télépathique (ou par les yeux, visuel, virtuel, etc.).

(Extraits / traduction maison)

Il est impossible d'empêcher quelqu'un
de vous baiser par le regard (Eyefucking)  
Par Leah Beckmann

Photo via le site Medium*  

Nous avons demandé à 10 femmes dans huit pays de noter chaque cas de harcèlement (sur la rue), chaque catcall, chaque ass-ogle (se faire lorgner le derrière), chaque regard sexuellement explicite – pendant une semaine. Résultat? De bonnes raisons d’avoir envie de s’enfermer.

Le Catcalling (un joli nom symbolisé par l'image d'un chaton au téléphone servant de cache à un comportement super grossier) est une chose que les femmes subissent partout dans le monde, dans chaque ville et pays, tout le temps.


Certaines femmes pensent qu’il s’agit d’un compliment; qu'une promenade sur Confidence Avenue est non seulement saine, mais qu'entendre les commentaires de mâles inconnus, habituellement criés d’un coin de rue ou d’une voiture qui passe, est «valorisant». C'est… un point de vue très douteux. Pour la plupart d'entre nous, le catcalling est au mieux mortifiant; au pire, il nous donne envie de leur arracher les yeux.

Alors. Le harcèlement sexuel envers les femmes (sur la rue) est-il aussi répandu qu'on l’imagine? En septembre, nous avons demandé à des femmes de 10 villes différentes de tenir un journal pour noter toutes les attentions indésirables à leur égard, incluant chaque avance de la part d'un inconnu, chaque regard et sourire concupiscents et les "Hey baby!".

Endroits : New-York, San Francisco, Los Angeles, Mexico, Berlin, Italie, Mongolie, Tel Aviv, Nairobi, Singapour.

Voici ce que nous avons appris :

1. Basé sur les expériences individuelles de ces 10 femmes, Mexico est la pire du groupe - avec 29 catcalls dans la même semaine. San Francisco et Nairobi se disputaient la seconde place, avec 17 et 16 catcalls. Tel Aviv et Occidental College de L. A. en avait le moins, seulement deux. (Pour notre correspondante d’Occidental College, les deux catcalls sont arrivés hors campus, de sorte qu’on pourrait attribuer un zéro au collège.)


Graphique via le site Medium

2. L'Italie l’emporte pour le stéréotype culturel le plus vrai. À défaut de grands cris, avec leur "Mama mia! quand la lune se reflète dans tes yeux je suis comme une pizza au pepperoni", les mâles de Rome, de Sicile et de Cinque Terre n’auraient pas pu l’avoir davantage sur le nez, même en se forçant.

(...)

8. Dans plusieurs villes les hommes semblaient très préoccupés par le sourire des femmes. Les catcalls les plus communs étaient des variations de : "Je peux avoir un sourire?" ou "Hé fille! t’as oublié comment sourire?"

(...)

13. Les hommes aiment souvent – souvent – reluquer les seins et les fesses des femmes; et le reste de leur corps. L'un des "thèmes" les plus courants relevés par les femmes était le regard persistant sur leurs jambes quand elles marchaient.

14. Les clichés ne s'appliquent pas seulement aux travailleurs de la construction.

(...)

17. Donc : que signifie tout cela? Cela signifie que nous devrions examiner de très près le monde qui nous entoure. Je veux dire physiquement, dès maintenant, ouvrez les yeux et regardez yeux et regardez dans le bosquet là. Y a-t-il un homme caché dedans? Parce qu'il y a une chose que nous savons : peu importe où nous en sommes dans ce vaste monde qui est le nôtre, quand une femme marche pour se rendre au travail, ou s’acheter des chaussures à talons ou des tampons à l'épicerie, ou quand elle chante Taylor Swift dans sa Jetta, ou qu’elle est debout, littéralement juste debout n'importe où sur la terre ferme, on trouvera toujours un pervers pour exiger une preuve que la dame se souvient comment sourire.

Article complet en anglais – ça vaut la peine de lire les témoignages des 10 femmes :
https://medium.com/matter/its-impossible-to-prevent-someone-from-eyefucking-you-a1cd688392b2

* Source : Medium – un site participatif d’une grande richesse où tout le monde peut soumettre ses idées et ses histoires
https://medium.com/about/welcome-to-medium-9e53ca408c48

26 octobre 2014

La sécurité à dose sécuritaire...


Bien sûr, la prudence, la vigilance et le discernement sont toujours de mise. Mais quand j’entends tous les débats sur l’augmentation des mesures de sécurité gouvernementales à la suite des événements de la semaine dernière, je vois se profiler des dérapages qui risquent de brimer les droits et libertés légitimes d’une majorité de Monsieur et Madame Tout-le-monde qui n’a absolument rien à se reprocher.

Oui à la sécurité (autant que possible), mais non à l’obsession.

La sécurité n'est pas notre objectif
~ Alan Cohen (alancohen.com) 

En roulant sur un chemin de campagne j'ai dépassé un camion de service. Au-dessus du véhicule un ouvrier sciait des branches. À côté du camion, face à la route, il y avait un panneau de signalisation, sur lequel on lisait en grosses lettres noires sur fond orange : LA SÉCURITÉ EST NOTRE OBJECTIF.

Quelque chose me dérangeait dans ce message. Je reconnais l'importance de la sécurité au travail; mais le travail – et la vie – signifie plus que de veiller à sa sécurité. Si la sécurité est votre principal but, vous ne ferez pas grand chose et vous aurez peu de plaisir. (...)

Les deux aspects fondamentaux de la vie sont réparation et création. La réparation est reliée à la survie, l'autoprotection et la restauration de ce qui est brisé. La vie est un problème, et notre rôle est de tirer le meilleur parti des mauvaises situations. La création est reliée à l'exploration, l'expansion et la célébration. La vie est une aventure à goûter et apprécier. Deux signalisations – réparation : «la sécurité est notre objectif», et création : «cueillir les fruits de la vie est notre objectif».

Certes il y a des moments où nous avons besoin de réparer ce qui est brisé. Mais c'est un aspect secondaire du jeu, tout comme la sécurité est un aspect secondaire de la taille des arbres. Corrigez et réparez quand c’est nécessaire, mais revenez à la création dès que possible. Même quand vous devez corriger une chose, juste un changement d'attitude peut rendre l’obligation plus amusante.

Un texte a circulé sur Internet faisant valoir que nous avions beaucoup de plaisir quand nous étions enfants sans toutes les mesures de protection prescrites aujourd'hui. Nous faisions du vélo à toute vitesse sans casques, conduisions des voitures sans ceintures de sécurité, et nous allions où nous voulions sans que nos parents nous épient pour nous protéger d’éventuelles attaques. Nous avons survécu à cette enfance sans défenses élaborées, et nous nous sommes amusés. Je ne dis pas que les enfants devraient abandonner leurs casques, les ceintures de sécurité ou la supervision parentale à l'Halloween. Je dis simplement que la vie est plus importante que la protection.

Pour mieux comprendre la différence entre confiance et protection, il faut voir le délicieux documentaire appelé BABIES. Le film suit le training social de quatre bébés dans quatre cultures différentes : Afrique, États-Unis, Japon et Mongolie. La scène d'ouverture montre le bébé africain, nu, assis dans la poussière, jouant avec des insectes et qui se paie du bon temps. Ensuite, un couple de San Francisco installe leur enfant dans une voiturette sophistiquée pour vélo, équipée de tous les gadgets de sécurité possibles. L'enfant africain a l’air plus heureux, et ses parents aussi. Il y a lieu de se demander combien de gadgets de protection il faut pour que nos enfants soient en sécurité et heureux? Et nous?

4 Babies, 4 Countries, 1 Year (trailer)


À 85 ans, Nadine Stair, dans son fameux essai «Si je pouvais revivre ma vie» confessait : «J'ai été l'une de ces personnes qui ne va nulle part sans un thermomètre, une bouillotte d’eau chaude, un imperméable et un parachute. Si c'était à refaire, je ne voyagerais plus léger.»

Il n'est jamais trop tard pour voyager léger ou avoir une enfance heureuse. Élaguez les arbres si c’est nécessaire, mais profitez d'eux quand vous le pouvez.

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Mais, la palme d’or de l’ironie en matière de sécurité alimentaire revient à l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Cette dernière exige que la compagnie Field Roast Grain cesse toute distribution de ses produits végétaliens... parce qu’ils n’ont pas été testés sur des animaux!!! Étant donné qu’elle considère qu’il s’agit «d’imitations de viande», les produits doivent contenir un ratio de protéines équivalent à celui de la viande. Conséquemment l’agence veut obliger la compagnie à tester ses produits sur des rats vivants. INCROYABLE. Quand nous sommes végétariens, l’une de nos principales motivations est d’épargner les animaux d’élevage et de laboratoire. Fichtre! La stupidité humaine est définitivement une énergie renouvelable, inépuisable...  

24 octobre 2014

Qui sont les «autres»?


«Qu'est-ce qu'un poète? Un homme malheureux qui cache en son coeur de profonds tourments mais dont les lèvres sont ainsi disposées que le soupir et le cri, en s'y répandant, produisent d'harmonieux accents.»
~ Søren Kierkegaard (Diapsalmata)

Les Autres

Vous êtes là
Dans la foule
En croisant votre regard j'aperçois votre vie
Vos espérances

Peu importe la beauté
J'observe les expressions
Les traits
Les différences

Je n'attends rien
Et l'essentiel parfois
Est simplement votre existence

Hostile

Je vis dans un monde bleu et blanc
Un monde en mouvement
Généreux et hostile à la fois
Ici je ne suis rien, ou pas grand-chose
Je vis au jour le jour, même si je construis un futur
Je cherche mes limites
J'apprends à respecter
J'accepte mes défauts
Je contrôle mon arrogance et ma haine
Je me bats quand il le faut
J’aime
Je déteste
Et parfois, je succombe…

~ Gaëtan Hochedez  http://flash.zeblog.com/ 

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L’Homme pour l’homme

L’homme est un loup pour l’homme
L’homme est une corde pour l’homme
Ne te laisse pas engouffrer
Ne te laisse pas serrer 

L’homme est une pelle pour l’homme
L’homme est un traître pour l’homme
Ne te laisse pas anéantir
Ne te laisse pas trahir 

L’homme est un fauve pour l’homme
L’homme est une peste pour l’homme
Ne te laisse pas bouffer
Ne te laisse pas crever 

L’homme est un ravage pour l’homme
L’homme est une foudre pour l’homme
Ne te laisse pas démolir
Ne te laisse pas assourdir 

L’homme est un loup pour l’homme
Ne te laisse pas vampiriser
L’homme est un proche pour l’homme
Auprès d’un proche tu peux cicatriser 

~ Edward Stachura (traduction Mary Telus)

23 octobre 2014

Vive le déni!

En réalité, il n’y a rien de plus efficace que le déni pour passer au travers des coups durs.

Je poursuis ma recherche de remèdes musicaux/drôles. En voici un.

Quatuor Salut Salon
Angelika Bachmann et Iris Siegfried (violonistes), associées à Sonja Lena Schmid (violoncelle) et à Anne-Monika von Twardowski (piano), ont créé ce quatuor ludique au début des années 2000. Musique classique et pop, jazz, airs populaires... interprétés avec grande virtuosité et désinvolture.

«La musique nous aide à construire nos vies spirituelles, nous apaise, nous console, nous redonne de la joie, nous rend allègre, nous fait danser, chanter.»
~ Éric-Emmanuel Schmitt

«La musique offre aux passions le moyen de jouir d'elles-mêmes.»
~ Friedrich Nietzsche (Le Gai Savoir)

Compétition :


22 octobre 2014

Trucs pour réduire le stress

N’avons-nous pas toutes les raisons du monde d’être hyper anxieux? Je n’ose même pas imaginer ce que les gens à tendance hypocondriaque peuvent éprouver… Je lisais un topo sur des espèces de tiques nouvellement répertoriées, notamment la tique des bois Rocky Mountain qui cause les mêmes symptômes que l’Ébola. Oh baby, baby!

John Tsilimparis offre quelques suggestions pour composer avec la phobie de l’Ébola : When we are faced with crisis situations of this magnitude, we get anxious and excessively worry that our sense of safety and security is threatened. We become fearful for ourselves and for our loved ones. For many of us this anxiety and worry is manageable, but for others it can become debilitating. Some tips to help manage these fears...  
http://www.huffingtonpost.com/john-tsilimparis/7-tips-to-coping-with-ebo_b_6000834.html

Et puis, la nouvelle qui vient de tomber au sujet de l'attentat au Parlement d'Ottawa, ne nous aidera sûrement pas à nous calmer...

Tout cela s’ajoute au stress quotidien déjà trop élevé. Alors, il vaut peut-être la peine de pratiquer ces quelques exercices pouvant nous aider à minimiser les dégâts psychologiques de l’anxiété – il y a déjà suffisamment de fous sur la planète! 

Photo : Catherine Nelson compose ces paysages imaginaires en assemblant des centaines de photographies (via La boîte verte)

Source de l’article : SpryLiving.com / Huffpost Healthy Living

Qui ne vit pas de stress quotidiennement – stress conjugal/familial, stress financier ou stress relié au travail? Ce n'est un secret pour personne, la vie est remplie de facteurs stressants, mais chez certains, le sentiment d'anxiété peut être si excessif, qu’il mine leur existence; de plus il émerge souvent sans cause spécifique. Près de 18% de la population adulte américaine souffre d'un trouble de l'anxiété, selon les estimations de l'Institut National de la santé mentale. 
       «Heureusement, les anxieux chroniques peuvent lutter contre les inquiétudes et les pensées nocives qui les hantent», dit le psychothérapeute John Tsilimparis, fondateur-directeur du Anxiety and Panic Disorder Center de Los Angeles. 
       Ci-après, Tsilimparis propose dix trucs durables pour réduire l'anxiété au quotidien. «Ces conseils sont ‘durables’ parce que ce sont des techniques pour la vie durant que vous pouvez utiliser à volonté». Donnez-vous du pouvoir en étant votre propre instrument de changement», écrit-il dans son dernier ouvrage Retrain Your Anxious Brain: Practical and Effective Tools to Conquer Anxiety (octobre 2014).

1. Neutralisez votre besoin de perfection

Le dicton «il n'y a pas d’échec, seulement des degrés de réussite» est toujours vrai. Mais, être parfait, est un but fort séduisant. Pour beaucoup d'entre nous, la perfection semble être la garantie suprême pour obtenir sécurité et bonheur.
       Le perfectionnisme met la barre trop haute et nous fait voir la vie en «tout ou rien». Nous ne réussirons pas à 100%, nous échouons à 98%. Ou, en compétition, si nous terminons deuxième, nous ne gagnons pas l’argent, nous perdons l'or.
       Par conséquent, notre perfectionnisme vis-à-vis de l’apparence, la carrière ou l’obtention des meilleures notes à l'école instaure de faux standards de vie qui peuvent exacerber notre niveau de stress.

2. Cessez de vouloir plaire à tous et chacun

Faire des autres les gardiens de notre estime de soi est la meilleure garantie pour vivre de l’inquiétude chronique, et de ne jamais en voir la fin. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas plaire à tout le monde tout le temps. En fait, nous ne pouvons même pas plaire de temps en temps. 
       Par conséquent, nous détestons dire «non». Mais, pour sa défense, disons que «plaire aux autres» (comme le perfectionnisme) donne parfois des résultats positifs et conduit probablement à de nombreuses réussites. 
       «Plaire aux autres» réduit votre propre pouvoir parce que vous laissez votre estime de soi être définie par des gens comme votre patron, vos collègues, votre conjoint, votre famille, vos amis, etc. À chaque fois que vous vous sentez bien parce que vous avez reçu l’approbation de quelqu’un, vous nourrissez votre anxiété. Continuez ainsi et vous ne verrez jamais la fin; vous serez constamment anxieux. Alors, cessez de le faire!

3. Laissez tomber l'illusion du contrôle

Croire que vous avez du pouvoir sur chacune des circonstances de votre vie peut vous inciter à essayer de tout contrôler : les gens, le processus du vieillissement, la circulation, le marché boursier, etc. 
       Parfois, vous pouvez même essayer de contrôler une chose en sachant rationnellement que c’est impossible. Alors, si vos premiers efforts ne fonctionnent pas, vous mettrez au point des stratégies pour essayer de contrôler ce qui est incontrôlable. Et si vous échouez, c’est inévitable, vous vous sentirez désespéré et votre niveau d’anxiété montera en flèche. 
       Essayer d’avoir le contrôle absolu signifie que nous voulons des garanties pour tout. Nous voulons nous assurer que les risques que nous prenons tourneront bien, que nos partenaires ne nous quitteront pas, que nous ne serons jamais malades, ou que nous ne serons jamais au chômage ni en manque d'argent. Nous avons inconsciemment des attentes de «résultats» qui ne laissent aucune place au déroulement naturel des choses de la vie. 
       Le plus ironique, c'est qu'en essayant de contrôler tout le temps, nous éprouvons essentiellement le sentiment de perdre le contrôle. Donc, laissez tomber!

4. Respiration profonde vs respiration superficielle

Les gens qui souffrent d'anxiété ne savent pas respirer correctement. La respiration superficielle par le haut du thorax peut provoquer de l’hyperventilation et générer plus d'angoisse. Mais la respiration profonde par le diaphragme peut réduire le stress et fournir l'oxygène nécessaire au cerveau pour l'aider à mieux faire face aux symptômes de l'anxiété. 
       Exercice : Placez votre main sur votre estomac et gonflez l’abdomen. Ensuite, respirez profondément en regardant le ventre et la poitrine se soulever. Ce faisant, pensez à certains aspects de la respiration, comme à l’expansion vos poumons ou à l'air qui passe par vos narines. Maintenez votre respiration pendant trois secondes, puis expirez par la bouche; répétez cinq fois. Si vous pratiquez cette technique de respiration profonde trois fois par jour vous réduirez considérablement votre niveau de stress.
       Ne prenez pas les avantages de la respiration profonde pour acquis. Elle fait partie intégrante de la réduction du stress et ne peut être ignorée. Et plus important encore, elle fournit au «mental survolté» un objet de concentration autre que le stress de la journée. La respiration profonde est le meilleur outil pour détourner notre attention du stress. Essayez, mais n’attendez pas la perfection. Il faudra du temps au corps pour s’ajuster et devenir conscient de votre nouvelle façon de respirer.

5. Relaxation musculaire progressive

Comme la respiration profonde, c'est un outil très efficace car vous pouvez le faire n'importe où. Ne le faites pas uniquement lorsque vous êtes anxieux. Je suggère un minimum de deux fois par jour, matin et soir. À long terme, elle réduira votre niveau de stress notablement.
       Il s’agit de tendre puis de relâcher les muscles lentement, c’est aussi simple que ça. L’exercice répond à deux buts : détendre les muscles naturellement (puisque vous êtes sans doute très tendu) et distraire votre «mental survolté» en l'aidant à se concentrer sur quelque chose de différent. 
       Étirez ou tendez les groupes musculaires pendant 5 à 10 secondes, puis relâchez la pression. Vous pouvez répéter plusieurs fois avec les mêmes groupes de muscles. À vous de les choisir. Par exemple, commencez par les pieds et les chevilles puis remontez. Étirez et tendez les poignets, les bras et les épaules, puis, le cou et le visage. 
       Pour le stretching du matin et du soir, étendez-vous sur le dos et croisez la jambe droite par dessus le corps, en pivotant les hanches pour que le genou touche le sol. Faites de même avec l'autre jambe. Vous pouvez également ramener les genoux sur la poitrine, etc.

6. Enracinez-vous

N’asseyez pas d’attaquer votre stress de front pour le faire disparaître. Ça ne marche pas! L'astuce consiste à vous «enraciner» dans une activité concrète qui vous ramène à la réalité. Cela vous rappellera que vous êtes ok!
       Distrayez votre mental avec des tâches concrètes comme le nettoyage, le lavage, le rangement, etc. Ou essayez quelque chose de manuel comme presser une balle de tennis dans votre main ou un autre objet. Sentez sa texture. C’est doux? C’est rugueux? 
       Essayez de tenir un cube de glace dans votre paume aussi longtemps que possible, puis changez de main (sans vous geler la peau bien sûr!) Gardez à l'esprit que votre cerveau ne peut pas être à deux endroits en même temps, le cube de glace redirigera vos pensées immédiatement.

7. Remplacement des pensées

On utilise cette technique de redirection de la pensée ("recadrer la pensée") depuis très longtemps, et elle est efficace si vous savez comment faire. Lorsque vous reconnaissez une pensée négative qui vous stresse, dites : «stop!». Écrivez-la puis trouvez une pensée alternative. Écrire la pensée alternative vous aidera même si vous n'y croyez pas. Les pensées alternatives sont des pensées simples, plus rationnelles, qui apaisent. Elles vous donneront de la hauteur de vue.
       Par exemple, si vous craignez un congédiement parce que récemment vous étiez en retard à une réunion très importante, stoppez cette pensée sur-le-champ et remplacez-la par un pensée plus rationnelle : «Je ne suis qu’un humain et je ne peux pas toujours prévoir les bouchons de circulation. Ma valeur ne dépend pas du fait d'être un employé parfait.»

8. Acceptez votre anxiété

Accepter l'anxiété, «faire la paix» avec elle, ne signifie pas renoncer à lutter contre l'anxiété; cela signifie : ne vous battez contre l'anxiété du moment. Grosse différence. 
       L'acceptation définitive de vos symptômes de stress est la première étape pour diminuer leur emprise. Acceptez d’être effrayé et examinez les pensées négatives qui se présentent. S’agit-il d’un danger ou d’un embarras? La plupart du temps, notre stress vient d’une «anticipation», c'est-à-dire que nous paniquons d’avance pour des choses qui souvent ont peu de chance de se produire. 
       Ce n’est parce que vous êtes anxieux qu’un danger se cache automatiquement quelque part. Le stress fausse notre raisonnement et nous pousse à penser de cette façon.

9. Imagerie guidée

Cette technique  a beaucoup d’importance, mais elle est généralement la plus négligée. L’exercice inclut la respiration profonde par le diaphragme telle que décrite plus haut. Fermez les yeux et pensez à un endroit qui représente la paix et le calme pour vous –  peut-être votre maison, une plage, une forêt, ou la présence d'un être cher ou d'un animal. 
       Imaginez ensuite vous y rendre et que vous accueillez l’expérience à bras ouverts. Y a-t-il des sons, des odeurs? Voyez-vous des paysages particuliers? Soyez précis, prenez le temps de noter les détails de l'imagerie jusqu'à ce que vous sentiez votre niveau de stress baisser. Essayez deux fois par jour.

10. Exercice quotidien

Enfin, nous savons tous que l'exercice fait secréter des endorphines, les hormones qui peuvent améliorer positivement votre humeur et votre sentiment de bien-être. L’exercice ne signifie pas faire du cardio ou de la gym trois heures par jour. Cela signifie bouger le plus possible. Par exemple marcher de 15 à 30 minutes, une ou deux fois par jour; faire du vélo, de la marche rapide, du tennis ou du golf; faire du yoga ou des Pilates. Plus vous serez actif, mieux vous vous sentirez. Si vous passez votre temps affalé devant un écran, vos chances de modifier votre humeur et de réduire votre stress sont minces, voire nulles.

N'oubliez pas, la vie n'a pas de télécommande, donc levez-vous et changez de canal par vous-même!

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L’exercice a des effets biochimiques anti-inflammatoires et peut conséquemment freiner le développement d'un cancer. Ce n'est pas une assurance tous-risques, mais pensez-y. Selon des statistiques récentes, une personne sur deux en souffre.  

20 octobre 2014

Vie nomade

«Les riches qui pensent que les pauvres sont heureux ne sont pas plus bêtes que les pauvres qui pensent que les riches le sont.» ~ Mark Twain

J’imagine bien Mark Twain dans une vie de nomade à la Jack Kerouac… en Rom ou en gitan. Ce mode de vie est quasi impossible aujourd’hui, car surveillance et contrôles d’identité deviennent de plus en plus omniprésents. Avant c’était «Dieu» qui nous watchait, maintenant ce sont les satellites, les robots et Internet (je les trouve plus menaçants que «Dieu», enfin, dépendant de la religion...) 

Jack Kerouac (à droite) et Neal Cassady (à gauche), en 1952. La photo a été prise par Carolyn Cassady, l'épouse de Neal. Rue des Archives/RDA

«Une fois de plus, nos valises cabossées s'empilaient sur le trottoir; on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie.»
~ Jack Kerouac (Sur La Route)

Kerouac a dû se retourner dans sa tombe lorsqu'une vieille valise lui ayant appartenu ainsi que son imperméable et son pardessus râpés ont été acquis aux enchères par Johnny Depp pour 15 000 et 10 000 dollars.

“The only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved … the ones who ... burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles." ~ Jack Kerouac

Sur ce tapuscrit en rouleau de 36 mètres, Kerouac tapa en 1951 l'édition originale de son mythique roman "On The Road".

À la mort de Kerouac la plus grande partie des archives allèrent à sa chère mère, ainsi qu'à sa femme Stella Sampas. Les archives seront finalement achetées par la New York Public Library, à l'exception du fameux rouleau. Ce dernier sera mis aux enchères le 22 mai 2001et acheté 2,46 millions de dollars par Jim Irsay le propriétaire de l'équipe de football  des Colts d'Indianapolis. Le rouleau a été confié à un universitaire, James Canary, chargé de faire vivre et de veiller sur ce long ruban.

Source (très bon résumé biographique) :
http://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_02_Biog_Americans/nm_10_02_kerouac_jack.htm

Sur la même note vagabonde

Propos d’un poète gitan, Jean-Marie Kerwich (L’Évangile du gitan
Sélection via : http://lefildarchal.over-blog.fr/ 

«Je suis un vagabond comme Halladj ou Kabir étaient tisserands. Un de ces êtres qui ne représente rien pour le monde. Leur pauvreté fut l’origine de la poésie. Les poètes prenaient entre leurs mains un bout de ciel et le caressaient délicatement comme on caresse un nouveau né, et soudain la parole était vêtue de poésie… 
       Pour gagner quelques sous, je garde un immeuble devant lequel j’essaie à mon tour d’attraper un morceau du ciel. Quand j’y parviens, le ciel se pose sur ma poitrine et il écoute les battements de mon cœur. 
       Dieu a bien dressé le décor. Le commencement fut terrible : père saltimbanque, mère paysanne. L’école communale où j’étais le dernier de la classe. J’aimais regarder les livres d’images.»

«Enfant, je portais la sainte auréole du jeune manouche qui devait dérober ce que le monde lui avait volé – c’est-à-dire la grâce d’être ce que j’étais. 
       Alors je me vengeais, et aucun poireau, chou, ou pomme de terre ne me reprochait de les avoir volés dans le champ de leur paysan… 
       Les gadgés aujourd’hui connaissent ce langage du départ, mais ils ont beau le connaître, jamais les pommes des vergers ne leur tendront les mains… 
       Où est-il ce gitan?... Il marche en évitant les feuilles mortes, de peur de blesser leur doux sourire immortel. Il va de saison en saison, ses pas sont des poèmes.»

«Ce n’est pas facile d’écrire un poème. Creuser la page blanche pour trouver le tendre mot caché dans les profondeurs de l’âme; J’ai beau creuser, je tombe à genoux sur la page, épuisé de chercher cette pensée qui pourrait tant m’aider.»

«Le poète porte les blessés sur ses épaules, ces mots qui se battent pour que le bien règne, mais il tombe dans la boue  tandis que les écrivains mondains festoient dans les salons littéraires. 
       Je ne sais pas écrire avec talent, je ne connais pas la méthode… Pendant que je me tourmente chaque nuit, cloîtré dans ma prison de chair, les faux poètes ripaillent et poétisent sans connaître le vrai sens des mots… je ne connais rien au monde littéraire mais je sais distinguer les bons livres comme je sais reconnaître une simple fleur des champs… Chaque heure de ma vie j’aiguise comme des couteaux mes phrases, à seule fin qu’elles puissent trancher la gorge des mauvais livres.»

«Je ne relis jamais ce que j’écrit; je ne trouverai plus mon chemin pour partir ailleurs. Mes phrases sont des villages pour les âmes en peine. Mieux vaut ne pas se retourner vers eux, ça ferait pleurer l’encre des mots écrits…  
       J’ai du mal à tenir une plume : ma main droite a trop longtemps tenu en équilibre sur un portique de cirque.»

«Pour que les phrases soient ivres, il faut que le poète ait bu un bon vin solitaire de la couleur d’un tapis d’orient noué à la main par une douce jeune fille que la méchanceté des hommes n’a pas encore violée. 
       La vie est terrible et pourtant le blé pousse encore, les fleurs sauvages fleurissent, elles ne peuvent s’empêcher de pardonner c’est plus fort qu’elles.»

«Mais maintenant je dois retrouver ma vie nomade. Il est temps d’atteler mon cœur et de partir.»

Même source de référence :  


Le film «Liberté» (2010), du réalisateur Tony Gatlif qui a consacré sa vie à filmer la vie des Roms, des tsiganes, nous rappelle que sur les deux millions de bohémiens qui vivaient en Europe au temps de la Seconde Guerre mondiale, 250 000 à 500 000 d’entre eux furent exterminés dans les camps nazis.
       L’exubérance de la musique, la flamme des robes des femmes sur le noir délavé des habits des hommes sont tressés avec l’osier de la douleur. Être sédentaire, c’est ne plus être sur la route qui va… Les fantômes vivent dans les pierres! Liberté est littéralement possédé par la poésie de l’âme tsigane, les roulottes, les violons, les voix gutturales ardentes. Même les arbres dansent… Quand vient la tragédie s’installe le Silence.
(Le Fil d’Archal)

«À Auschwitz, la seule révolte a été celle des gitans, qui quand ils ont compris qu’ils ne reverraient jamais les leurs se sont jetés sur les nazis et les kapos.» ~ Tony Gatlif

«Si quelqu’un s’inquiète de notre absence
Dites-lui qu’on a été jeté
Du ciel et de la lumière
Nous les seigneurs de ce vaste univers…

À force de leur limer la peau
Ils sont partis pieds nus là-bas
Là où les anges et Dieu
N’existent plus… »

19 octobre 2014

Mélomanie du jour

«Oubliez la pomme par jour; pour être en santé, essayez 20 minutes de musique classique par jour.» ~ Dr Frances Le Roux

Je ne prends pas de chance :
une pomme par jour 
un poème par jour
20 min. de musique classique par jour
+ une bonne dose de rire par jour

Voilà, je devrais être capable de passer au travers de l’hiver!

Vous aimerez peut-être : Musique et système immunitaire
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/10/musique-et-systeme-immunitaire.html

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J’adore ces musiciens : talentueux, drôles, virtuoses, créatifs... nous sommes des millions à les apprécier!

The Cello Song - (Bach is back with 7 more cellos) – The Piano Guys
Steven Sharp Nelson:



Can't Help Falling in Love (Elvis) – The Piano Guys
Jon Schmidt:



The Piano Guys Youtube page
http://www.youtube.com/channel/UCmKurapML4BF9Bjtj4RbvXw

15 octobre 2014

À quoi sert la littérature?

Aussitôt que j’ai pu lire, ce fut fatal. Ni mes parents ni les profs n’ont eu besoin de me pousser. Il est vrai qu’à l’époque les distractions n’étaient pas aussi nombreuses et diversifiées : nous n’avions ni ordinateur, ni téléphone intelligent, ni tablette…

Mais, encore maintenant, le livre papier a ma préférence. Et pour moi, la vraie littérature, est le meilleur des bonbons.

À l’adolescence j’ai eu un coup de foudre pour Camus. En ce moment, je savoure son journal à dose homéopathique : Les Carnets 1, Mai 1935 – février 1942. Si jamais ça vous intéresse (domaine public) :
http://classiques.uqac.ca/classiques/camus_albert/camus_albert.html
Quelques sélections à la fin du message.

Bibliothèques mobiles des années 30 – le principe revient; très bonne idée vu les compressions budgétaires en éducation. Par chance que notre ministre de l’éducation (Dr Yves Bolduc) s’est ravisé concernant l’élimination des budgets alloués aux bibliothèques scolaires…

Bookmobile, 1933/1936, Île-du-Prince-Édouard, Canada; Carnegie Public Library

Bibliobus, 1930/1934, Colombie-Britannique, Canada, Carnegie Fraser Valley Regional Library



Synthèse de la vidéo :

Bénéfices psychologiques de la grande littérature

L'écrivain et philosophe Alain de Botton et l’équipe de School of Life ont créé de brillants guides pour mieux naviguer dans la vie moderne : l'art de vivre seul, entretenir un rapport plus sain avec la sexualité, trouver un travail enrichissant, entre autres.

Dans ce clip amusant, ils vantent les mérites de la littérature qui, selon eux, peut faire grandir notre sentiment d’empathie, valider et ennoblir notre vie intérieure, et nous fortifier contre la peur paralysante de l'échec.

Cultiver l'empathie est capital : ce n'est que lorsque nos astucieux cerveaux travailleront en harmonie avec notre coeur que nous pourrons réaliser notre véritable potentiel.

La littérature permet de gagner du temps

On peut avoir l’impression de perdre son temps, mais en réalité, la littérature nous épargne beaucoup de temps, parce qu'elle nous donne accès à une gamme d'émotions et d'événements qui nous prendraient des années, des décennies, voire des millénaires à expérimenter directement. La littérature est l’un des plus grands simulateurs de la réalité – une machine qui vous fait passer à travers un nombre infini de situations dont vous ne pourriez jamais être témoin en direct.

La littérature rend plus sympathique 

La littérature a un côté magique, car elle nous permet de voir les choses à travers les yeux de quelqu'un d'autre; elle nous permet d'examiner les conséquences de nos actes sur autrui d'une manière qui serait autrement inaccessible; elle nous propose des modèles de gens bienveillants, généreux, sympathiques.

La littérature s'oppose aux valeurs du système dominant qui récompense l'argent et le pouvoir. Les écrivains sont de l'autre côté – ils nous sensibilisent à des idées et des sentiments d’une valeur plus profonde, mais ils n’on pas les moyens de se payer du temps d'antenne dans notre monde mercantile et cynique, exclusivement préoccupé du statut social.

La littérature est un remède contre la solitude

Nous sommes plus bizarres que nous voulons l'admettre. Nous n’arrivons pas facilement à livrer notre pensée. Mais nous trouvons dans les livres des descriptions de notre moi authentique et d’événements, dépeints avec une honnêteté que la simple conversation ne peut rendre. Dans les meilleurs livres, c'est comme si l'écrivain nous connaissait mieux que nous – ils trouvent les mots pour décrire la fragilité et la bizarrerie des expériences de notre vie intérieure... Les écrivains ouvrent nos coeurs et nos esprits, et nous donnent des cartes routières pour y voyager en sécurité, avec moins de paranoïa ou de sentiment de persécution...

La littérature prépare à l'échec

Durant toute notre vie, l'une de nos plus grandes peurs est l’échec, la peur de nous gourer, de devenir «un perdant», comme on dit dans les médias. À chaque jour, les médias nous rapportent des histoires d’échec. Il est intéressant de noter que beaucoup d’ouvrages littéraires parlent également d'échec – d'une manière ou d'une autre, un grand nombre de romans, pièces de théâtre et de poèmes tournent autour de gens qui ont échoué et fait des bêtises... Mais dans la littérature, on ne juge pas aussi durement que les dans médias, ou de façon aussi linéaire...

La littérature mérite son prestige pour une raison bien simple – elle peut nous aider à vivre et à mourir avec un peu plus de sagesse, de bonté et de santé mentale.

Découvert sur http://www.brainpickings.org/

School of Life http://www.theschooloflife.com/

Des heures de découvertes...

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Extraits
Cahier 1, mai 1935 – septembre 1937
Albert Camus  

Mai 35

Vanité du mot expérience. L'expérience n'est pas expérimentale. On ne la provoque pas. On la subit. Plutôt patience qu'expérience. Nous patientons - plutôt nous pâtissons.
    Toute pratique : au sortir de l'expérience, on n'est pas savant, on est expert. Mais en quoi ? (p. 13)

Ciel d'orage en août. Souffles brûlants. Nuages noirs. À l'est pourtant, une bande bleue, délicate, transparente. Impossible de la regarder. Sa présence est une gêne pour les yeux et pour l'âme. C'est que la beauté est insupportable. Elle nous désespère, éternité d'une minute que nous voudrions pourtant étirer tout le long du temps. (p. 14)

Jeune, je demandais aux êtres plus qu'ils ne pouvaient donner : une amitié continuelle, une émotion permanente.
    Je sais leur demander maintenant moins qu'ils peuvent donner : une compagnie sans phrases. Et leurs émotions, leur amitié, leurs gestes nobles gardent à mes yeux leur valeur entière de miracle : un entier effet de la grâce. (p. 15)

Janvier 36

(…)
Prisonnier de la caverne, me voici seul en face de l'ombre du monde. Après-midi de janvier. Mais le froid reste au fond de l'air. Partout une pellicule de soleil qui craquerait sous l'ongle mais qui revêt toutes choses d'un éternel sourire. Qui suis-je et que puis-je faire - sinon entrer dans le jeu des feuillages et de la lumière. Être ce rayon de soleil où ma cigarette se consume, cette douceur et cette passion discrète qui respire dans l'air. Si j'essaie de m'atteindre, c'est tout au fond de cette lumière. Et si je tente de comprendre et de savourer cette délicate saveur qui livre le secret du monde, c'est moi-même que je trouve au fond de l'univers. Moi-même, c'est-à-dire cette extrême émotion qui me délivre du décor. Tout à l'heure, d'autres choses et les hommes me reprendront. Mais laissez-moi découper cette minute dans l'étoffe du temps, comme d'autres laissent une fleur entre les pages. Ils y enferment une promenade où l'amour les a effleurés. Et moi aussi, je me promène, mais c'est un dieu qui me caresse. La vie est courte et c'est péché que de perdre son temps. Je perds mon temps pendant tout le jour et les autres disent que je suis très actif. Aujourd'hui c'est une halte et mon cœur s'en va à la rencontre de lui-même.

Si une angoisse encore m'étreint, c'est de sentir cet impalpable instant glisser entre mes doigts comme les perles du mercure. Laissez donc ceux qui veulent se séparer du monde. Je ne me plains plus puisque je me regarde naître. Je suis heureux dans ce monde car mon royaume est de ce monde. Nuage qui passe et instant qui pâlit. Mort de moi-même à moi-même. Le livre s'ouvre à une page aimée. Qu'elle est fade aujourd'hui en présence du livre du monde. Est-il vrai que j'ai souffert, n'est-il pas vrai que je souffre ; et que cette souffrance me grise parce qu'elle est ce soleil et ces ombres, cette chaleur et ce froid que l'on sent très loin, tout au fond de l'air. Vais-je me demander si quelque chose meurt et si les hommes souffrent puisque tout est écrit dans cette fenêtre où le ciel déverse sa plénitude. Je peux dire et je dirai tout à l'heure que ce qui compte est d'être humain, simple. Non, ce qui compte est d'être vrai et alors tout s'y inscrit, l'humanité et la simplicité. Et quand suis-je plus vrai et plus transparent que lorsque je suis le monde? (…)
(p. 16-17)