20 octobre 2014

Vie nomade

«Les riches qui pensent que les pauvres sont heureux ne sont pas plus bêtes que les pauvres qui pensent que les riches le sont.» ~ Mark Twain

J’imagine bien Mark Twain dans une vie de nomade à la Jack Kerouac… en Rom ou en gitan. Ce mode de vie est quasi impossible aujourd’hui, car surveillance et contrôles d’identité deviennent de plus en plus omniprésents. Avant c’était «Dieu» qui nous watchait, maintenant ce sont les satellites, les robots et Internet (je les trouve plus menaçants que «Dieu», enfin, dépendant de la religion...) 

Jack Kerouac (à droite) et Neal Cassady (à gauche), en 1952. La photo a été prise par Carolyn Cassady, l'épouse de Neal. Rue des Archives/RDA

«Une fois de plus, nos valises cabossées s'empilaient sur le trottoir; on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie.»
~ Jack Kerouac (Sur La Route)

Kerouac a dû se retourner dans sa tombe lorsqu'une vieille valise lui ayant appartenu ainsi que son imperméable et son pardessus râpés ont été acquis aux enchères par Johnny Depp pour 15 000 et 10 000 dollars.

“The only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved … the ones who ... burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles." ~ Jack Kerouac

Sur ce tapuscrit en rouleau de 36 mètres, Kerouac tapa en 1951 l'édition originale de son mythique roman "On The Road".

À la mort de Kerouac la plus grande partie des archives allèrent à sa chère mère, ainsi qu'à sa femme Stella Sampas. Les archives seront finalement achetées par la New York Public Library, à l'exception du fameux rouleau. Ce dernier sera mis aux enchères le 22 mai 2001et acheté 2,46 millions de dollars par Jim Irsay le propriétaire de l'équipe de football  des Colts d'Indianapolis. Le rouleau a été confié à un universitaire, James Canary, chargé de faire vivre et de veiller sur ce long ruban.

Source (très bon résumé biographique) :
http://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_02_Biog_Americans/nm_10_02_kerouac_jack.htm

Sur la même note vagabonde

Propos d’un poète gitan, Jean-Marie Kerwich (L’Évangile du gitan
Sélection via : http://lefildarchal.over-blog.fr/ 

«Je suis un vagabond comme Halladj ou Kabir étaient tisserands. Un de ces êtres qui ne représente rien pour le monde. Leur pauvreté fut l’origine de la poésie. Les poètes prenaient entre leurs mains un bout de ciel et le caressaient délicatement comme on caresse un nouveau né, et soudain la parole était vêtue de poésie… 
       Pour gagner quelques sous, je garde un immeuble devant lequel j’essaie à mon tour d’attraper un morceau du ciel. Quand j’y parviens, le ciel se pose sur ma poitrine et il écoute les battements de mon cœur. 
       Dieu a bien dressé le décor. Le commencement fut terrible : père saltimbanque, mère paysanne. L’école communale où j’étais le dernier de la classe. J’aimais regarder les livres d’images.»

«Enfant, je portais la sainte auréole du jeune manouche qui devait dérober ce que le monde lui avait volé – c’est-à-dire la grâce d’être ce que j’étais. 
       Alors je me vengeais, et aucun poireau, chou, ou pomme de terre ne me reprochait de les avoir volés dans le champ de leur paysan… 
       Les gadgés aujourd’hui connaissent ce langage du départ, mais ils ont beau le connaître, jamais les pommes des vergers ne leur tendront les mains… 
       Où est-il ce gitan?... Il marche en évitant les feuilles mortes, de peur de blesser leur doux sourire immortel. Il va de saison en saison, ses pas sont des poèmes.»

«Ce n’est pas facile d’écrire un poème. Creuser la page blanche pour trouver le tendre mot caché dans les profondeurs de l’âme; J’ai beau creuser, je tombe à genoux sur la page, épuisé de chercher cette pensée qui pourrait tant m’aider.»

«Le poète porte les blessés sur ses épaules, ces mots qui se battent pour que le bien règne, mais il tombe dans la boue  tandis que les écrivains mondains festoient dans les salons littéraires. 
       Je ne sais pas écrire avec talent, je ne connais pas la méthode… Pendant que je me tourmente chaque nuit, cloîtré dans ma prison de chair, les faux poètes ripaillent et poétisent sans connaître le vrai sens des mots… je ne connais rien au monde littéraire mais je sais distinguer les bons livres comme je sais reconnaître une simple fleur des champs… Chaque heure de ma vie j’aiguise comme des couteaux mes phrases, à seule fin qu’elles puissent trancher la gorge des mauvais livres.»

«Je ne relis jamais ce que j’écrit; je ne trouverai plus mon chemin pour partir ailleurs. Mes phrases sont des villages pour les âmes en peine. Mieux vaut ne pas se retourner vers eux, ça ferait pleurer l’encre des mots écrits…  
       J’ai du mal à tenir une plume : ma main droite a trop longtemps tenu en équilibre sur un portique de cirque.»

«Pour que les phrases soient ivres, il faut que le poète ait bu un bon vin solitaire de la couleur d’un tapis d’orient noué à la main par une douce jeune fille que la méchanceté des hommes n’a pas encore violée. 
       La vie est terrible et pourtant le blé pousse encore, les fleurs sauvages fleurissent, elles ne peuvent s’empêcher de pardonner c’est plus fort qu’elles.»

«Mais maintenant je dois retrouver ma vie nomade. Il est temps d’atteler mon cœur et de partir.»

Même source de référence :  


Le film «Liberté» (2010), du réalisateur Tony Gatlif qui a consacré sa vie à filmer la vie des Roms, des tsiganes, nous rappelle que sur les deux millions de bohémiens qui vivaient en Europe au temps de la Seconde Guerre mondiale, 250 000 à 500 000 d’entre eux furent exterminés dans les camps nazis.
       L’exubérance de la musique, la flamme des robes des femmes sur le noir délavé des habits des hommes sont tressés avec l’osier de la douleur. Être sédentaire, c’est ne plus être sur la route qui va… Les fantômes vivent dans les pierres! Liberté est littéralement possédé par la poésie de l’âme tsigane, les roulottes, les violons, les voix gutturales ardentes. Même les arbres dansent… Quand vient la tragédie s’installe le Silence.
(Le Fil d’Archal)

«À Auschwitz, la seule révolte a été celle des gitans, qui quand ils ont compris qu’ils ne reverraient jamais les leurs se sont jetés sur les nazis et les kapos.» ~ Tony Gatlif

«Si quelqu’un s’inquiète de notre absence
Dites-lui qu’on a été jeté
Du ciel et de la lumière
Nous les seigneurs de ce vaste univers…

À force de leur limer la peau
Ils sont partis pieds nus là-bas
Là où les anges et Dieu
N’existent plus… »

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