29 avril 2017

Des qualités très rares chez les élus

Quand verrons-nous des Jules Verne au pouvoir? Ça ferait changement de la collusion, de la corruption, du mensonge, de l'arrogance, et du mépris à l’endroit des citoyens...

Lettre de Jules Verne à un homme politique

Jules Verne (8 février 1828 – 24 mars 1905) n’est pas uniquement un écrivain bien connu et traduit dans toutes les langues, auteur de romans d’aventure inoubliables et inventeur de fabuleuses machines. Fait moins connu, il a aussi mené une carrière d’élu municipal, à Amiens, la ville natale de son épouse, et ce durant quinze ans. Jules Verne entre en politique en 1888 sur une liste républicaine, malgré ses convictions orléanistes, c’est-à-dire monarchistes modérées. L’«infirmité» qu’il évoque dans la lettre est sa claudication. Elle résulte d’une blessure causée par son neveu, Gaston Verne, qui lui avait tiré dessus en mars 1886 dans un accès de folie, contraignant alors le père des Voyages extraordinaires à l’immobilité... et à la politique amiénoise, par voie de conséquence.


11 mai 1888

Ma vieille bourrique, tu veux des éclaircissements? Les voici : mon unique intention est de me rendre utile, et de faire aboutir certaines réformes urbaines.

Pourquoi mêler toujours la politique et le christianisme aux questions administratives? Tu me connais assez pour savoir que, sur les points essentiels, je n’ai subi aucune influence. En sociologie, mon goût est : l’ordre; en politique, voici mon aspiration : créer, dans le gouvernement actuel, un parti raisonnable, équilibré, respectueux de la justice, des hautes croyances, ami des hommes, des arts, de la vie. Crois bien que je ne cache pas ma façon de penser sur les lois d’exil, je suis résolu, de même, à défendre, en toute occasion, la liberté de conscience de chacun. Donc ce que tu veux bien appeler «mon prestige» ne pourra que servir les causes respectables.

J’ajoute que, mon infirmité m’obligeant à une vie plus sédentaire, il m’est utile de rester en contact avec les affaires, et avec mes semblables. Question de métier. Plusieurs de mes collègues sont des enragés, on les calmera. D’autres ont du bons sens, tant mieux! Quelques-uns sont des imbéciles, tant mieux encore! Leurs propos m’égaieront. J’en ai besoin. 

Crois, mon cher Charles, à ma vieille amitié.

Source : http://www.deslettres.fr/#

Citation du jour 

“Has anyone ever been this committed to ending life on Earth?”
(Noam Chomsky on Republicans)   

Photo: The Intercept

26 avril 2017

Quand on aime Desjardins, c'est pour toujours

Des chanteurs québécois rendent hommage à Richard Desjardins

La maison de disques 117 Records présente un album de reprises par différents artistes, dont Philippe B, Fred Fortin, Avec pas d’casque et Keith Kouna, permettant aux générations suivantes de rendre hommage au poète de Rouyn-Noranda. 
   «C'était important pour nous de rendre hommage à un des plus grands de la ville de Rouyn-Noranda, mais aussi du Québec.» ~ Steve Jolin, président fondateur, Disques 7ième Ciel

L’écoute se termine dans 2 jours :
http://www.icimusique.ca/albumsenecoute/289/desjardins

Magnifique album. J’aime beaucoup, entre autres, Les Yankees par Klô Pelgag et Philippe Brach, et Dans ses yeux par Yann Perreau.



Va-t’en pas
Richard Desjardins

Album : Kanasuta: Là où les diables vont danser

Quand j'étais sur la terre
Sous-locataire
D'un kilo de futur
Des messieurs incomplets-veston
M'ont invité à une grande déception

Maintenant je ne pleure plus
Je ramasse des vies
Pour le jour J
Et dans mon coeur-bunker
Je frappe monnaie à ton effigie

Va-t'en pas
Dehors les chemins sont coulants
Les serments de rosée
Va-t'en pas
Dehors y a des silences bondés
D'autobus tombés sur le dos

Et vaniteux qu'ils sont
Aux bouquets de clés
Aux bijoux de panique
Ils vont t'asseoir dans un bureau
Pendant qu'ici il fait beau

Ils perceront l'écran
Pour t'offrir une carrière
Où noyer ton enfant
«Ils briseront les lois
Les cadenas et les os»

Va-t'en pas
Dehors y a des orgies d'ennui
Jusqu'au fond des batteries
Va-t'en pas
Dehors j'ai vu un ciel si dur
Que tombaient les oiseaux

Tu sais que je lis
Sous les robes du temps
Et dans les lignes du ciment
Toi tu as des yeux
Qui trahissent le sort
Tu mérites l'amour

Maintenant que tu vois
Tout ce qui n'existe pas
Et si tu veux venir
Neptune me guide
Où j'ai semé des larmes
Mes armes sont en fleurs

Va-t'en pas
Moi j'ai tant d'amis
Je peux pas les compter
Va-t'en pas
J'ai autant d'amis
Que mille Mexico
Va-t'en pas  

Photo via ICI Musique

Vimy – Le 9 avril 2017, le Canada a commémoré le 100e anniversaire de la bataille de la crête de Vimy qui avait duré trois jours. Richard Desjardins explique la genèse de sa chanson et son point de vue sur cet événement historique : 
   «En quelques journées, 30 000 morts ou blessés, dont 10 000 Canadiens et 20 000 Allemands. 
   Cette opération militaire commandée par l’armée britannique – dont nous faisions partie à titre de corps expéditionnaire – se voulait une diversion pour permettre aux forces françaises de tenter plus au sud une percée majeure vers l’Allemagne. Il n’y eut pas de percée. 
   Qualifiée de victorieuse par l’Histoire, la conquête de la crête de Vimy par les Canadiens fut pourtant éphémère, les deux armées regagnant leurs propres tranchées après d’horribles combats souvent achevés à la baïonnette. 
   Les dignitaires présents à Vimy prétendront que ce fait d’armes, authentiquement canadien, nous a définitivement affranchis du joug britannique et constitue de fait la véritable naissance de notre nation. 
   L’idée qu’une tuerie programmée soit à l’origine d’une naissance nationale peut ne pas être partagée par tous, à commencer par le soldat canadien qui écrit à sa femme, à la veille de l’assaut.» https://www.facebook.com/RDesjardinsOfficiel
 


Vimy
(Éditions Foukinic)

Si au moins
c’était pour toi
pour la rivière ou l’moulin
j’comprendrais mieux pourquoi que demain
demain j’vas tuer quelqu’un

Quelqu’un que j’connais pas avec
une rivière un moulin
avec une femme comme toi
qui chérit aussi bien
Demain j’vas l’tuer pour rien

Si la vie veut m’offrir
un dernier sentiment
ce serait mon désir
de mourir avant lui

Au moins qu’on m’épargne
la frayeur
de croiser son regard

Enterre mes outils dans la cour
Détache le chien pour toujours
T’offriras ta beauté
à mon frère qui la voulait aussi

Si jamais je reviens
t’auras le réconfort
d’un p’tit assassin
ou d’un grand homme mort

Pour rien, pour rien, pour rien.

22 avril 2017

Jour de la Terre chez les Tlichos

Ah, les industriels et les biochimistes sans conscience! Des fois je me lève la nuit pour les haïr, sans aucun remords.

Une bombe est tombée dans le lac Sahtu
Par Serge Bouchard ǀ 16/02/2017

À Deline, sur les rives de l’immense lac Sahtu, les Tlichos (Côtes-de-Chien) pêchaient des ciscos durant toute l’année, une tradition vieille de plusieurs millénaires.

Photo : Sahtu, Jason Pineau

À l’embouchure de ses rivières, il y avait en effet des endroits où l’eau ne gelait pas en hiver en raison des forts courants. Les familles dénés aimaient bien s’y regrouper pour faire bonne réserve de ciscos, ces petits salmonidés cousins du corégone, poissons des profondeurs et de l’eau froide.

Sur la rive sud-est du lac Sahtu, les nomades tlichos croisaient parfois des T’atsaot’ine (Couteaux-jaunes) du Grand lac des Esclaves, venus par la vieille piste Idaà pour chasser et pêcher eux aussi. Dans la langue des Esclaves (Slavey), «sahtu» désigne l’ours brun (Ursus arctos) que les Américains et les Anglais ont curieusement appelé «grizzly».

C’est l’explorateur Alexander Mackenzie qui, traduisant du déné, aurait nommé le lac Sahtu «Great Bear Lake». Il s’agit d’un plan d’eau géant, situé dans les Territoires du Nord-Ouest : 325 km de long, 200 km de large, véritable mer intérieure qui se classe parmi les 10 plus grands lacs du monde. Avec ses 400 m de profondeur par endroits, l’eau y est extrêmement froide, on l’imagine bien.

Tellement froide, en vérité, et si pauvre en nourriture, que seulement 16 espèces de poissons s’y trouvent. Toutes mangent les malheureux ciscos. La rive nord-ouest est bordée par la toundra; on peut y apercevoir des bœufs musqués, des caribous aussi. Les Tlichos y ont souvent affronté les Inuits venus des côtes de la mer de Beaufort pour tenter leur chance près du Grand lac de l’Ours.

C’est un pays de légendes, de mythes et de prophètes. D’où lui vient cette inspiration spirituelle? Peut-être de son ciel au milliard d’étoiles ou de ses paysages d’épinettes qui ont poussé drues, magnifiques misères des grandes solitudes, ou encore des crans rocheux du Bouclier canadien qui plongent dans ses eaux noires.

L’hiver y est si long et rigoureux que, malgré son immensité, le lac est gelé par endroits huit mois par année. Ici, les caribous des bois viennent jaser avec ceux de la toundra, manière d’échanger des regards au pied de la montagne de l’Ours, une montagne sacrée. Tellement sacrée que les Tlichos, de concert avec les Dénés sahtu (Peaux-de-Lièvre), sont parvenus à négocier avec les gouvernements en 1996 un vaste territoire protégé, qu’ils ont nommé Saoyú and Æehdacho, un lieu historique national où la beauté du monde sera respectée scrupuleusement. En fait, ils ont voulu conserver les paysages immémoriaux de la taïga. Il fallait absolument le faire, car s’il est une terre martyrisée en ce bas monde, c’est bien le pays du lac Sahtu.

Sur ses rives, en 1930, on a découvert des gisements d’argent et de pechblende, cette dernière étant la principale source de radium et d’uranium. Pendant plus de 10 ans, l’industrie en a extrait le radium pour traiter le cancer mais, du même coup, a rejeté l’uranium, alors considéré comme un déchet, dans ses eaux pures. Durant la Deuxième Guerre mondiale, on a tenté d’en récupérer le plus possible, non pas pour dépolluer, mais pour alimenter le projet Manhattan, le programme américain ayant mené à la production de la bombe atomique.

Toutefois, pour le lac Sahtu, c’était trop tard : ses eaux étaient irrémédiablement empoisonnées, et son fragile équilibre, absolument brisé. La pêche commerciale fut interrompue, la pêche de subsistance aussi. Qui veut manger des ciscos radioactifs et des poissons truffés de mercure? Vers 1945, un rapport du gouvernement fédéral confirmait le pire : le lac Sahtu était devenu un désert biologique.

Le lac Sahtu se déverse dans le fleuve Deh Cho, qui signifie «grand fleuve» en langue déné, tout comme le Mississippi signifie «grand fleuve» en langue algonquienne. Malheureusement, les toponymes dénés furent ignorés par les Canadiens anglais : ne cherchez pas le Deh Cho, il s’appelle le fleuve Mackenzie. Et les cinq bras du lac Sahtu portent des noms rappelant les compagnons anglophones de John Franklin, un autre explorateur colonial.

Pas un mot sur les nombreux guides dénés de Mackenzie et Franklin; aucune mémoire des guides métis francophones et des voyageurs canadiens-français qui étaient si familiers de ces immensités. Mais il y a pire : quel lieu voudrait s’appeler Port Radium – ou Uranium City sur le lac Athabasca? Qui veut célébrer le mercure et le plomb? Qui souhaite applaudir la mort d’un lac sacré, grand comme une mer, sacrifié au profit de tous les eldorados du monde? On en aura cassé des œufs pour faire la grande omelette du progrès.

Nul besoin d’être le prophète déné Naïdzo pour poser la question : cet uranium nous a-t-il enrichis ?

Source : Québec Science ǀ L'esprit du lieu
http://quebecscience.qc.ca/Une-bombe-est-tombee-dans-le-lac-Sahtu-

Serge Bouchard (anthropologue) anime avec Jean-Philippe Pleau (sociologue) l’émission C’est fou... diffusée le dimanche soir sur ICI Radio-Canada Première. En compagnie d'invités et de chroniqueurs réguliers, ils explorent l'endroit et surtout l'envers d'un sujet de société. Les éditoriaux de Serge Bouchard sont toujours passionnants. Pour les écouter cliquez sur le calendrier et choisissez une date :
http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/C-est-fou

Entièrement d’accord avec l’internaute Stéphane Peter : «Les émissions de qualité sont assez rares qu'il est important de souligner celle-ci. C'est un réel plaisir de vous retrouver, messieurs, à chaque semaine.» (2 février 2017) https://www.facebook.com/icicestfou

21 avril 2017

La barrière est ouverte!


@Twittakine – En voyant ce photoquote tellement «oh yes!», j’ai eu envie d’un à-côté. J’ai pensé à Krishnamurti, le maître-serrurier qui décadenassait portes et barrières. Cette question complétait le message d’hier – une entourloupette de mon subconscient assez comique.


Section Questions et réponses

36. Sur le sens de la vie (p. 287-288)

Nous vivons, mais ne savons pas pourquoi. Pour un grand nombre d’entre nous, la vie n’a aucun sens. Pouvez-vous nous dire la raison d’être et le but de nos vies?

Pourquoi me posez-vous cette question? Pourquoi me demandez-vous de vous dire quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que nous appelons vivre? La vie a-t-elle un sens? Un but? Vivre, n’est-ce pas son propre but et son propre sens? Pourquoi voulons-nous plus? Parce que nous sommes si mécontents de nos vies, elles sont si vides, si vulgaires, si monotones, avec l’infinie répétition des mêmes gestes, que nous voulons autre chose. Notre vie quotidienne est si insignifiante, assommante, intolérablement stupide, que nous disons : «il faut qu’elle ait un autre sens» et c’est pour cela que vous posez la question. Mais l’homme qui vit dans la richesse de la vie, qui voit les choses telles qu’elles sont, se contente de ce qu’il a; il n’est pas confus : il est clair et c’est pour cela qu’il ne demande pas quel est le but de la vie. Pour lui, le fait même de vivre est le commencement et la fin. Notre difficulté est que, notre vie étant vide, nous voulons lui trouver un but et lutter pour y parvenir. Un tel but dans la vie ne peut être qu’une expression de l’intellect, sans aucune réalité. Un but poursuivi par un esprit stupide et un cœur vide, sera vide. Ainsi vous vous demandez comment enrichir vos vies (intérieurement, non pas d’argent, j’entends bien) : cela n’a pourtant rien de mystérieux. Lorsque vous dites que le but de la vie est d’être heureux, ou de trouver Dieu, ce désir de trouver Dieu n’est qu’une fuite devant la vie et votre Dieu n’est qu’une chose appartenant au connu. Vous ne pouvez vous acheminer que vers un objet que vous connaissez; si vous construisez un escalier vers ce que vous appelez Dieu, ce n’est certainement pas Dieu. La vérité est comprise en vivant, non en s’évadant de la vie. Lorsque vous cherchez un but à la vie, vous vous évadez, vous n’êtes pas en train de la comprendre. La vie est relations, la vie est action en relation; mais lorsque je ne comprends pas mon monde de relations ou lorsque celles-ci sont confuses, je cherche un «sens» à ma vie en me demandant pourquoi elle est vide. Pourquoi sommes-nous si seuls, si frustrés? Parce que nous n’avons jamais regardé en nous-mêmes pour nous comprendre. Nous ne voulons pas nous avouer que cette vie est tout ce que nous connaissons, et que nous devrions, par conséquent, la comprendre pleinement et complètement. Nous préférons nous fuir nous-mêmes et c’est pour cela que nous cherchons le but de la vie loin de nos relations. Si nous commençons à comprendre l’action – c’est-à-dire nos relations avec les personnes, les possessions, les croyances et les idées – nous voyons que la relation elle-même est sa propre récompense. Vous n’avez nul besoin de chercher, c’est comme chercher l’amour. Pouvez-vous le trouver en le cherchant? L’amour ne peut pas être cultivé. Vous ne le trouverez que dans le monde des relations, et c’est parce que nous n’avons pas d’amour que nous voulons un but dans la vie. Lorsque l’amour est là, qui est sa propre éternité, il n’y a pas la recherche de Dieu, parce que l’amour est Dieu.

C’est parce qu’elles sont si remplies de faits techniques et de superstitieuses litanies que nos vies sont vides; et c’est pour cela que nous cherchons un but en dehors de nous-mêmes. Pour trouver le but de la vie, nous devons passer par la porte de nous-mêmes; mais consciemment ou inconsciemment, nous évitons de voir les choses telles qu’elles sont, et voulons, par conséquent, que Dieu nous ouvre une porte située au-delà. Cette question sur le but de la vie n’est posée que par ceux qui n’aiment pas. L’amour ne peut être trouvé que dans l’action, laquelle est relation.

La première et la dernière liberté
Par Krishnamurti (1895-1986)
Traduction de Carlo Suares 
Préface d’Aldous Huxley
Éditions Stock; 1954

Trouver le but de notre vie


@Twittakine – J’ai souvent eu l’impression que trouver le but de ma vie avait été le but de ma vie. Préoccupation futile car ma vie n’a jamais eu de but. Elle n’en a pas aujourd’hui et n’en aura pas demain.

Le constater peut être angoissant, mais on se fait à l’idée. Puis, un moment de grâce peut surgir, le même sentiment de libération qu'on éprouve en devenant athée. La conspiration des idées chimériques prend fin. Jouissif. Une liberté de plus. C'est pas banal.

Combien de fois avais-je lu «cessez de chercher des réponses, elles viendront de soi au moment opportun». C’est vrai.

À force de voir des séniors au volant – parfois de véritables dangers publics – j’avais résolu de cesser de conduire à 75 ans. Mais, je me suis ravisée, car j’ai trouvé ce que sera le but de ma vie une fois rendue à cet âge vénérable : «rouler vite parce que je dois me rendre où je m’en vais avant d’oublier où je m’en vais».

16 avril 2017

Accolades (hugs) de Pâques

Les grands congés fériés suscitent des rencontres avec des amis et/ou des membres de la famille. Pâques peut donner envie de faire la paix avec certaines personnes de l’entourage. Les accolades sincères font parfois des miracles. En tout cas, c’est peut-être ce dont nous avons le plus besoin en ces moments d’anxiété et de chaos universels où nous sommes psychologiquement sur le qui-vive.

Si vos amis humains sont absents, vos amis animaux sont toujours là. 


Les accolades sont bénéfiques pour la santé puisqu’elles
stimulent le système immunitaire  
réduisent la dépression et le stress
revivifient
n'ont aucun effet secondaire désagréable

Un médicament miracle donc, entièrement naturel : il ne contient pas de produits chimiques, d’ingrédients artificiels, de pesticides et d’agents de conservation.

Un cadeau presque parfait : pas de bris mécanique, pas de paiement mensuel, non polluant, non imposable et entièrement remboursable!

Une source de plaisir réciproque : on est simultanément donneur et receveur.

Une assurance santé (mentale et physique) gratuite, valide à vie sans examen médical!

(Adaptation d'un email anonyme)

L’accolade chaleureuse est toujours bienvenue et appréciée – elle peut consoler, rassurer, réconforter, sauver, témoigner amour, empathie, affection, appréciation...

Certaines photos (comme celle-ci) rendent palpable le sentiment, l'émotion; plutôt intense. Départ? Retrouvailles?
 
J'espère que ses parents ne lui ont pas servi son ami au dîner de Pâques!
 
Source: Manuscripts & Archives, Yale University Library

 
 
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Adorable photos of Hugging in London (to celebrate National Hugging Day)
January 21, 2014

http://now-here-this.timeout.com/2014/01/21/36-adorable-photos-of-hugging-in-london-to-celebrate-national-hugging-day/

Photo : John Phillips. Les accolades sont comme les baisers, sauf qu’on n’utilise pas son visage.

Photo : Moritz Hellwig. L’accolade apaise quand on a peur.

Photo : Andreas Eldh. L’accolade est une drogue qui n’a pas été déclarée illégale par l’État.

Photo : Lucian Lanten
 
Photo : Cosimo Matteini
 

14 avril 2017

Observer les oiseaux améliore notre santé mentale

On commence à voir plus de boules de plumes revenant de leur long périple. Un divertissement sans égal pour ma cervelle d’oiseau (dont je suis fière!). C'est miraculeux.  

(Photographe inconnu)

Je n’ai pas besoin de résultats de recherche pour constater les bénéfices de l’ornithologie... sur moi. Mais ajoutons un peu de crémage sur le gâteau, c’est Pâques après tout.

Ces données s’additionnent au nombre croissant de preuves qui démontrent que l’accès à des milieux naturels renforce le système immunitaire et diminue le stress, l’anxiété et la dépression.

Selon une recherche de l’université d’Exeter, du British Trust for Ornithology, et de l'université Queensland, les personnes qui vivent dans des quartiers où ils voient plus d’arbres, d’arbustes et d'oiseaux, améliorent leur santé mentale. Il semble que pour les gens à mobilité réduite ou confinés dans une chambre d'hôpital, le simple fait de voir un jardin et des oiseaux par la fenêtre peut améliorer considérablement leur moral. Détails (en anglais) :
http://www.exeter.ac.uk/news/featurednews/title_571299_en.html

Bien que les causes du stress et de l’anxiété soient variées, les chercheurs recommandent de passer un peu de temps à chaque jour dans la nature, notamment à observer des oiseaux. Ce qui pourrait nous aider à déployer nos propres ailes...  

Si l’ornithologie et le tree hugging n’est pas votre truc, il existe d’autres façons de prendre une dose quotidienne de nature :
- manger dehors
- marcher dans un parc ou un boisé
- jardiner 
- faire ses exercices dehors
- amenez les enfants et/ou le chien au parc
- faire du cerf-volant
- aller au travail en vélo plutôt qu’en voiture, et ainsi de suite.

À-côtés :

Vidéo en temps réel
http://cams.allaboutbirds.org/channel/38/Ontario_FeederWatch/

Mon top – All about birds 
http://www.birds.cornell.edu/Page.aspx?pid=1478#_ga=1.213394068.1802196579.1492194404

Printemps

Sabine Sicaud

Et puis, c’est oublié.
Ai-je pensé, vraiment, ces choses-là?
Bon soleil, te voilà
Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier.

Le miracle est partout.
Le miracle est en moi qui ne me souviens plus.
Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus;
Il fait beau voilà tout.

Je m’étire, j’étends mes bras au bon soleil
Pour qu’il les dore comme avant, qu’ils soient pareils
Aux premiers abricots dans les feuilles de juin.

L’herbe ondule au fil du chemin
Sous le galop du vent qui rit.
Les pâquerettes ont fleuri.

Je viens, je viens! Mes pieds dansent tout seuls
Comme les pieds du vent rieur,
Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul.

(Tant de gris au-dehors, de gris intérieur,
De pluie et de brouillard, était-ce donc hier?)

Ne me rappelez rien. Le ciel est si léger!
Vous ne saurez jamais tout le bonheur que j’ai
À sentir la fraîcheur légère de cet air.

Un rameau vert aux dents comme le «Passeur d’eau»,
J’ai sans doute ramé bien des nuits, bien des jours...
Ne me rappelez rien. C’est oublié. Je cours
Sur le rivage neuf où pointent les roseaux.

Rameau vert du Passeur ou branche qu’apporta
La colombe de l’Arche, ah! la verte saveur
Du buisson que tondra la chèvre aux yeux rêveurs!

Être chèvre sans corde, éblouie à ce tas
De bourgeons lumineux qui mettent un halo
Sur la campagne verte aller droit devant soi
Dans le bruit de grelots
Du ruisseau vagabond suivre n’importe quoi,
Sauter absurdement, pour sauter rire au vent
Pour l’unique raison de rire... Comme Avant!

C’est l’oubli, je vous dis, l’oubli miraculeux.
Votre visage même à qui j’en ai voulu
De trop guetter le mien, je ne m’en souviens plus,
C’est un autre visage et mes deux chats frileux,
Mon grand Dikette-chien sont d’autres compagnons
Faits pour gens bien portant, nouveaux, ressuscités.

Bon soleil, bon soleil, voici que nous baignons
Dans cette clarté chaude où va blondir l’été.

Hier n’existe plus. Qui donc parlait d’hier?
Il fait doux, il fait gai sur les bourgeons ouverts...  

Recueil "Douleur je vous déteste"; Les poèmes de Sabine Sicaud (Stock)
Tous droits réservés ©

Via http://www.lespoetes.net/phpoeme.php?id=1922

Rouge-gorge familier

10 avril 2017

Les jours filent...

Oui, les jours filent et disparaissent pour toujours.
À chaque soir, on en soustrait un du total.

"L'espérance et le souvenir m'ont trompée tous les deux, sans que j'aie pu me corriger ni de me souvenir ni d'espérer." -- Anne Barratin, 1845-1911 
(Chemin faisant, Éd. Lemerre, Paris, 1894) 

Photo : © Yva Momatiuk / John Eastcott (au Montana).

Extraits de :  

Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines

Charles Bukowski
Traduction : Thierry Beauchamp
Éditions du Rocher 2008

Ces choses

Ces choses auxquelles nous apportons notre soutien
n'ont rien à voir avec nous,
et nous nous en occupons
par ennui par peur par avidité
par manque d'intelligence;
notre halo de lumière et notre bougie
sont minuscules,
si minuscules que nous le supportons pas,
nous nous débattons dans l'Idée
et perdons le Centre :
tout en cire mais sans la mèche,
et nous voyons des noms qui jadis signifièrent sagesse,
comme des panneaux indicateurs dans des villes fantômes,
et seules les tombes sont réelles.

Un poème

un poème est une ville remplie de rues et d'égouts
remplie de saints, de héros, de mendiants, de fous,
remplie de banalité et de bibine,
remplie de pluie et de tonnerre
et de périodes de sécheresse, un poème est une ville en guerre,
un poème est une ville demandant à une horloge pourquoi,
un poème est une ville en feu,
un poème est une ville dans de sales draps
ses boutiques de barbier remplies d'ivrognes cyniques,
un poème est une ville où Dieu chevauche nu
à travers les rues comme Lady Godiva,
où les chiens aboient la nuit et chassent le drapeau ;
un poème est une ville de poètes,
la plupart d'entre eux interchangeables,
envieux et amers...
un poème est cette ville maintenant
à 80 kilomètres de nulle part,
à 9h09 du matin,
le goût de l'alcool et des cigarettes,
pas de police, pas de maîtresses, marchant dans les rues,
ce poème, cette ville, fermant ses portes,
barricadée, presque vide,
mélancolique sans larmes, vieillissante sans pitié,
les montagnes rocheuses,
l'océan comme une flamme lavande,
un lune dénuée de grandeur,
une petite musique venue de fenêtres brisée...

un poème est une ville, un poème est une nation,
un poème est le monde... 

et maintenant je colle ça sous verre
pour que l'éditeur fou l'examine de près,
et la nuit est ailleurs
et les dames grises indistinctes font la queue,
les chiens suivent les chiens vers l'estuaire,
les trompettes font pousser les gibets
tandis que de petits hommes enragent contre des choses
qu'ils n'arrivent pas à faire

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The Days Run Away Like Wild Horses Over The Hill 

Charles Bukowski
Black Sparrow Press, 1969

“the worst men have the best jobs
the best men have the worst jobs
or are unemployed
or locked in madhouses.”

“well, we all have our sharks, I’m sure, and there’s only one way to get them off before they hack and nibble you to death stop feeding them; they will find other bait; you fattened them the last dozen times around now set them out to sea.”

“I am old when it is fashionable to be young; I cry when it is fashionable to laugh. I hated you when it would have taken less courage to love.”

“we are dying birds we are sinking ships the world rocks down against us and we throw out our arms and we throw out our legs like the death kiss of the centipede: but they kindly snap our backs and call our poison “politics.”

“we are like roses that have never bothered to bloom when we should have bloomed and it is as if the sun has become disgusted with waiting it is as if the sun were a mind that has given up on us.”

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“You have to die a few times before you can really live.” 

The laughing heart

your life is your life.
don’t let it be clubbed into dark
submission.
be on watch.
there are ways out.
there is light somewhere.
it may not be much light but
it beats the
darkness.
be on watch.
the gods will offer you
chances.
know them, take them.
you can’t beat death but
you can beat death in life,
sometimes.
and the more often you
learn to do it,
the more light there will
be.
your life is your life.
know it while you have
it.
you are marvelous.
the gods wait to delight
in
you.

7 avril 2017

Un tyran disparaît, dix autres surgissent

“We’re gonna win. We have the force. We have the faith. And we will not rest until we have purified this country. In the name of God.” ~ Commander, Republic of Gilead (adaption cinématographique 1990 du roman The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood) 

«Ils ont tous fait de leur mieux pour tuer tuer étant la plus grande ambition de la race humaine et le premier incident de son histoire mais la civilisation chrétienne est la seule qui a remporté un si grand triomphe qu’elle peut en être fière. Dans deux ou trois siècles, on reconnaîtra que tous les tueurs compétents étaient chrétiens; alors le monde païen ira à l’école chrétienne – non pas pour acquérir sa religion, mais ses armes.» ~ Mark Twain, 1835-1910 (The Mysterious Stranger)

Cette citation de Twain s'applique aujourd'hui à d'autres courants religieux, et à des systèmes politico-économiques (capitalistes et communistes); et tristement – tuer, la plus grande ambition de la race humaine – n'a pas changé.

Photo : Unicef 
«Pourrais-tu, toi, Stepan, les yeux ouverts, tirer à bout portant sur un enfant?» 
~ Albert Camus (Les justes, 1952)

«Après tout, Gandhi a prouvé qu'on pouvait lutter pour son peuple, et vaincre, sans cesser un seul jour de rester estimable.» ~ Albert Camus (Actuelles III, Chroniques algériennes, 1939-1958)

Comment 2016 est devenue l’année la plus effroyable pour les enfants de Syrie

Aucun enfant en Syrie n’est à l’abri des horreurs de la guerre. Chaque jour, les enfants sont confrontés à des attaques. La violence est omniprésente et détruit des endroits où les enfants devraient se sentir en sécurité : des écoles, des hôpitaux, des terrains de jeu, des parcs publics et les maisons où habitent les enfants. Ce sont les enfants qui ont payé le plus lourd tribut à cette guerre qui dure depuis six ans. Leur souffrance n’a jamais été aussi élevée l’année dernière lorsque la violence a atteint un niveau record.

https://www.unicef.be/fr/comment-2016-est-devenue-lannee-la-plus-effroyable-pour-les-enfants-de-syrie/

Arrêt sur Images

Civilisation scarifiée
Géographie de l’intolérable
Impression de mort

Notre société sidérée bafouille sa vérité
Nos lèvres tremblantes parlent de dignité

les visages flottent
se noient
se ressemblent

notre monde se partage
quotas de vivants
quotas de morts

les anges gardiens sont en fuite
trébuchent sur la frontière de l’inconcevable

les rossignols ne chantent plus
figés à la bifurcation de la destinée

Sybille Rembard, 2015

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Les roses d’Ispahan

Le petit homme triste compte les morts.
Dans la colonne de gauche, ceux qu’on voulait très effectivement tuer,
dans celle de droite ceux qu’on ne voulait pas, les morts par erreur en quelque sorte.

Le Chef s’est demandé ce matin en regardant les comptes s’il fallait
mettre à part les femmes et les enfants, le petit homme triste espère
que non, cela lui ferait tout recommencer depuis le début, il est

SI LAS!

SI, LA

Voilà un chant (un champ!) d’oiseau qui monte du jardin parfumé
de roses entre deux sifflements de fusées

Un champ d’oiseaux

SI, LA

SI, LA BAS

le Général voulait bien arrêter de tuer par erreur, je n’aurais plus qu’une
colonne [BLINDEE] (de chiffres) dit le vieil homme triste.
Les temps seraient très durs pour les comptables, les officiers, sous officiers,
soldats et assistantes d’ingénieurs

SI LA

SI, LA BAS

le Général voulait bien arrêter de tuer par erreur!
(Pourquoi diable des assistantes d’ingénieurs?).

Les roses rouges dans un jardin d’Ispahan
Les roses rouges sur le sable près du visage des mourants

Un jeune merle siffle innocent insouciant
Un jeune merle provocateur, sifflant dans les jardins du Ministère de la
Guerre d’Ispahan

Écoutez le siffler, petits hommes tristes!

Jean-Pierre Villebramar

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Le positivisme

Il s’ouvre par-delà toute science humaine
Un vide dont la Foi fut prompte à s’emparer.
De cet abîme obscur elle a fait son domaine;
En s’y précipitant elle a cru l’éclairer.
Eh bien! nous t’expulsons de tes divins royaumes,
Dominatrice ardente, et l’instant est venu
Tu ne vas plus savoir où loger tes fantômes;
Nous fermons l’Inconnu.

Mais ton triomphateur expiera ta défaite.
L’homme déjà se trouble, et, vainqueur éperdu,
Il se sent ruiné par sa propre conquête
En te dépossédant nous avons tout perdu.
Nous restons sans espoir, sans recours, sans asile,
Tandis qu’obstinément le Désir qu’on exile
Revient errer autour du gouffre défendu.

Louise Ackermann (Poésies Philosophiques)  

Source des poèmes : http://www.poetica.fr/a-propos/

Il n’y aura pas de roses pour les enfants assassinés en Syrie.
Les enfants et les fleurs ne croissent pas sous les bombes.

Photo : Alan Buckingham. Rose d’Ispahan, aussi connue sous le nom de «Pompon des Princes».