7 avril 2017

Un tyran disparaît, dix autres surgissent

“We’re gonna win. We have the force. We have the faith. And we will not rest until we have purified this country. In the name of God.” ~ Commander, Republic of Gilead (adaption cinématographique 1990 du roman The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood) 

«Ils ont tous fait de leur mieux pour tuer tuer étant la plus grande ambition de la race humaine et le premier incident de son histoire mais la civilisation chrétienne est la seule qui a remporté un si grand triomphe qu’elle peut en être fière. Dans deux ou trois siècles, on reconnaîtra que tous les tueurs compétents étaient chrétiens; alors le monde païen ira à l’école chrétienne – non pas pour acquérir sa religion, mais ses armes.» ~ Mark Twain, 1835-1910 (The Mysterious Stranger)

Cette citation de Twain s'applique aujourd'hui à d'autres courants religieux, et à des systèmes politico-économiques (capitalistes et communistes); et tristement – tuer, la plus grande ambition de la race humaine – n'a pas changé.

Photo : Unicef 
«Pourrais-tu, toi, Stepan, les yeux ouverts, tirer à bout portant sur un enfant?» 
~ Albert Camus (Les justes, 1952)

«Après tout, Gandhi a prouvé qu'on pouvait lutter pour son peuple, et vaincre, sans cesser un seul jour de rester estimable.» ~ Albert Camus (Actuelles III, Chroniques algériennes, 1939-1958)

Comment 2016 est devenue l’année la plus effroyable pour les enfants de Syrie

Aucun enfant en Syrie n’est à l’abri des horreurs de la guerre. Chaque jour, les enfants sont confrontés à des attaques. La violence est omniprésente et détruit des endroits où les enfants devraient se sentir en sécurité : des écoles, des hôpitaux, des terrains de jeu, des parcs publics et les maisons où habitent les enfants. Ce sont les enfants qui ont payé le plus lourd tribut à cette guerre qui dure depuis six ans. Leur souffrance n’a jamais été aussi élevée l’année dernière lorsque la violence a atteint un niveau record.

https://www.unicef.be/fr/comment-2016-est-devenue-lannee-la-plus-effroyable-pour-les-enfants-de-syrie/

Arrêt sur Images

Civilisation scarifiée
Géographie de l’intolérable
Impression de mort

Notre société sidérée bafouille sa vérité
Nos lèvres tremblantes parlent de dignité

les visages flottent
se noient
se ressemblent

notre monde se partage
quotas de vivants
quotas de morts

les anges gardiens sont en fuite
trébuchent sur la frontière de l’inconcevable

les rossignols ne chantent plus
figés à la bifurcation de la destinée

Sybille Rembard, 2015

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Les roses d’Ispahan

Le petit homme triste compte les morts.
Dans la colonne de gauche, ceux qu’on voulait très effectivement tuer,
dans celle de droite ceux qu’on ne voulait pas, les morts par erreur en quelque sorte.

Le Chef s’est demandé ce matin en regardant les comptes s’il fallait
mettre à part les femmes et les enfants, le petit homme triste espère
que non, cela lui ferait tout recommencer depuis le début, il est

SI LAS!

SI, LA

Voilà un chant (un champ!) d’oiseau qui monte du jardin parfumé
de roses entre deux sifflements de fusées

Un champ d’oiseaux

SI, LA

SI, LA BAS

le Général voulait bien arrêter de tuer par erreur, je n’aurais plus qu’une
colonne [BLINDEE] (de chiffres) dit le vieil homme triste.
Les temps seraient très durs pour les comptables, les officiers, sous officiers,
soldats et assistantes d’ingénieurs

SI LA

SI, LA BAS

le Général voulait bien arrêter de tuer par erreur!
(Pourquoi diable des assistantes d’ingénieurs?).

Les roses rouges dans un jardin d’Ispahan
Les roses rouges sur le sable près du visage des mourants

Un jeune merle siffle innocent insouciant
Un jeune merle provocateur, sifflant dans les jardins du Ministère de la
Guerre d’Ispahan

Écoutez le siffler, petits hommes tristes!

Jean-Pierre Villebramar

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Le positivisme

Il s’ouvre par-delà toute science humaine
Un vide dont la Foi fut prompte à s’emparer.
De cet abîme obscur elle a fait son domaine;
En s’y précipitant elle a cru l’éclairer.
Eh bien! nous t’expulsons de tes divins royaumes,
Dominatrice ardente, et l’instant est venu
Tu ne vas plus savoir où loger tes fantômes;
Nous fermons l’Inconnu.

Mais ton triomphateur expiera ta défaite.
L’homme déjà se trouble, et, vainqueur éperdu,
Il se sent ruiné par sa propre conquête
En te dépossédant nous avons tout perdu.
Nous restons sans espoir, sans recours, sans asile,
Tandis qu’obstinément le Désir qu’on exile
Revient errer autour du gouffre défendu.

Louise Ackermann (Poésies Philosophiques)  

Source des poèmes : http://www.poetica.fr/a-propos/

Il n’y aura pas de roses pour les enfants assassinés en Syrie.
Les enfants et les fleurs ne croissent pas sous les bombes.

Photo : Alan Buckingham. Rose d’Ispahan, aussi connue sous le nom de «Pompon des Princes».

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