29 juin 2013

«Fixez-vous, ne pensez plus…»

 
VI -- Rive du Gange ou le novice
Lanza del Vasto
(Le pèlerinage aux sources

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Je sais que tout le secret du yôg tient en deux pratiques en lesquelles je n’ai obtenu d’autrui aucun enseignement, ni de moi-même aucun progrès : c’est le contrôle du souffle et la méditation.
       La respiration est de toutes les fonctions du corps la seule qui soit volontaire ou involontaire à volonté. Il s’agit de la rendre volontaire et de s’en emparer. C’est par là qu’on a prise, de fil en fil, sur les autres fonctions. Et qui dit volonté, dit connaissance. Pour qui veut connaître son corps du dedans c’est la corde du puits. (…)
       Quant à l’autre pratique, je veux parler de la méditation, on nous dit : «Fixez-vous, ne pensez plus.» Ce qui ne me paraît pas difficile, mais tout uniment impossible.
       Jusqu’ici méditer c’était pour réfléchir sur un sujet donné, s’appliquer à l’approfondir en menant à bonne fin le discours intérieur. Jusqu’ici la connaissance était le fait d’une intelligence bien conduite. Depuis l’enfance nous avions exercé notre promptitude à courir sur la trame brillante des rapports, accumulé les richesses de la mémoire, forcé le jaillissement de l’invention. Aussi est-on fâché d’apprendre un beau jour que pour atteindre à la vérité, il convient d’abandonner tout à fait la puérile habitude de penser.
       Pourtant, si l’on ne se contente pas de réfléchir, mais qu’en outre on réfléchit sur la réflexion, on se heurte à cette évidence qu’il faut diviser pour penser. Il faut que l’objet de la pensée soit distinct, c’est-à-dire extérieur et multiple. La pensée a pour fonction d’unifier le multiple. Devant l’un, elle n’a rien à faire. Or la fin de la méditation c’est la connaissance de l’un, de l’un intérieur, du soi. La pensée ne peut donc pas s’introduire là. C’est un mystère que la nature même de la pensée, non son défaut, l’empêche de percer. Il faut que la pensée se renonce pour concevoir l’un. C’est pourquoi le Christ a dit : «Heureux les simples d’esprit.»
       Mais je ne suis pas un simple d’esprit et je ne suis pas heureux. Je poursuis moi-même une difficile simplification.
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       Méditer c’est entrer dans la vérité, sans la découvrir, sans la voir du dehors, sans l’ouvrir en paroles. 

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(…) Quand j’étais enfant, on me disait pour se moquer : «Il n’est pas difficile de prendre un petit oiseau; il suffit de lui mettre sur la queue quelques grains de sel, et aussitôt il se rend.» Et moi, nigaud, je courais derrière les mésanges du jardin avec ma pincée de sel toute prête.
       La méthode qu’on enseigne ici pour parvenir à la vérité absolue est, de même, d’une enfantine facilité : «Suffit de se connaître soi-même, de saisir sa propre pensée.»
       Lorsque je pense à ma propre pensée, la pensée que je pense n’est pas celle que je pense. Il suffit que je la saisisse pour qu’elle ne me serve plus à rien. Je suis comme l’homme qui essaie de se débarrasser de son ombre en sautant par-dessus. Je réfléchis, je me retourne sur moi-même; c’est la pensée qui est derrière moi, que je veux attraper comme le chien tourne et tourne, qui voudrait parvenir au bout de sa queue avec ses dents.
       Quand j’essaie de ne penser à rien, je pense à des riens. Quand ces riens se dissipent, je tombe dans le rien : je m’endors.
       Je me débats contre moi-même, c’est comme le combat de la main droite contre la gauche. On ne risque pas de s’y fouler. Il n’y a pas de pertes ni de victimes à ce combat, ni de défaite ni de victoire. C’est l’indifférence désespérée qui gagne.
       Je force la respiration. J’adopte ce qu’on appelle ici : «la plus petite mesure»,
c’est-à-dire douze secondes pour l’inspiration, quarante-huit pour la rétention, vingt-quatre pour l’expiration. Je transpire, je tremble, les yeux me sortent de la tête. Le Swami s’alarme, m’exhorte à la patience, c’est-à-dire somme toute à l’abandon de tout effort.
       Si le Swami montre tant de prudence, c’est qu’il vient de passer par de graves tracas au sujet d’un de ses disciples – mon prédécesseur dans cette cellule. Celui-ci, s’étant précipité sans considération dans des voies dangereuses, est arrivé à la folie.
       Le Swami a tort de se mettre en peine pour moi. Moi je regorge de sens commun, du sens le plus commun qui soit. Et aussitôt livré à moi-même je vais argumenter, ergotant et ratiocinant avec une assommante exactitude.

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Esprit humain bavard comme les mouches,
Mangeur de merde et buveur de soleil,
Louchant sur tout et lâchant ce qu’il touche,
Grain de poussière en éternel éveil…

Moments FADOQ

J’ai perdu ma carte de membre de la FADOQ (Fédération de l’Âge d’Or du Québec). Alors, je ne pourrai pas bénéficier des économies au golf. Mais bon, en ce moment c’pas bien grave, les greens sont inondés.


Quand j’oublie quelque chose d’important, je me traite de Zaza (Alzheimer niveau 1, selon le DSM-5). En fait, d’après moi, il s’agit plutôt d’un moment FADOQ – une étape avant…

Alors, pour retarder le processus, je muscle mon cerveau comme on dit, en m’adonnant à des «brain games» sur Internet. Et va pour les tests de mémoire cognitive et de dépistage de la maladie d’Alzheimer, les jeux de reconnaissance faciale (déterminer l’humeur des physionomies), de détection des couleurs, de mémorisation d’images (dans l’ordre, svp!), ou Mastermind, chasseur de mines, échecs, Majong solitaire, etc. Par contre, je n’ai pas essayé le jeu de reconnaissance faciale XXX auquel s’adonnent (peut-être) certains de nos élus; je ne vois vraiment pas l’intérêt (on leur voit à peine le visage), puisque nos élus ne reconnaissent jamais personne...!  

Bref, je peux identifier tableaux, œuvres littéraires et musicales, chansons, films et stars se situant entre Stonehenge et la fin du 20e siècle. Après, c’est plus difficile, mais je reconnais Céline Dion…


À l’heure où les candidatures aux mairies se multiplient, je me demande pourquoi Céline ne se présente pas comme mairesse à la Ville de Montréal. Elle possède toutes les qualités requises : charisme, bilinguisme, réputation internationale, indépendance financière. En plus, elle connaît la musique et dispose d’un réseau de sponsors et de contacts hors du commun (dont Oprah!). Autre atout : c’est une femme génération X capable d’une grande détermination. Ah, j’oubliais le plus important : intègre et honnête. Imaginez le vote des fans – elle l’emporterait haut la main, du tout-cuit. Et pourquoi pas un Guy Laliberté comme candidat indépendant, il a voyagé en navette spatiale, après tout. Si les deux vedettes étaient élues, voilà qui redorerait le blason de la ville; Montréal serait désormais sur la map. Et Régis Labeaume aurait beau se pavaner devant son stade, euh…

Ah zut, comment les «brain games» ont-ils pu me faire délirer sur la politique municipale. Tut, tut, tut, ma pauvre Zaza, t’as encore oublié – ce doit être à cause du jeu Labyrinthe ou bien de la pluie.

28 juin 2013

Jeff et Freedom : une connexion particulière


A Rainy Day (aperçu)  


Jeff Guidry and His Eagle Named Freedom

Le livre : 
       Un témoignage émouvant rempli d'espoir, d'amour, de confiance et de vie; cette histoire vécue confirme la connexion spirituelle que les êtres humains et les animaux partagent. 
An Eagle Named Freedom, My True Story of a Remarkable Friendship, chronicles my life with Freedom

Mot de l’auteur :
       J’ai toujours aimé les animaux; et lorsque j'étais enfant j'ai eu toute une ménagerie – notre chien Friskie, un poisson-chat, des iguanes, serpents et lézards, mais curieusement jamais d’oiseaux. J'ai fait partie des Marines, mais j'ai grandi principalement en Californie du Sud. J'ai quitté le collège après quatre mois pour jouer dans un band Rock & Roll; ce que j'ai fait pendant longtemps.
       Quand j'ai commencé à faire du bénévolat au refuge faunique Sarvey (Sarvey Wildlife Care Center) en 1995, j'avais cessé de jouer professionnellement et je cherchais quelque chose qui me passionnerait autant que la musique. J'ai découvert cette passion un jour d'été lorsqu’une aiglonne à tête blanche, très abimée fut amenée. Ses ailes étaient fracturées et elle était gravement déshydratée. Un lien s’est formé ce jour-là et ma vie a changé pour toujours. On l’a appelée Freedom, en hommage à son esprit; elle ne volerait plus jamais et vivrait à Sarvey pour le reste de sa vie. Elle devint l’un de ces oiseaux de Sarvey qu’on entraîne pour les programmes éducationnels. En devenant son partenaire humain, j’acceptais les joies et les responsabilités : travailler avec elle, l’amener en promenade et la laisser m’enseigner; nous formons une équipe. Nous offrons des programmes éducatifs dans les écoles et ailleurs, et nous participons à des pow-wows Amérindiens.
       Après deux ans de tandem avec Freedom, on m’a diagnostiqué un lymphome non hodgkinien de stade 3. Après quelques mois d’une chimiothérapie de huit mois, Freedom commença à venir me voir dans mes rêves, elle détruisait les cellules cancéreuses avec ses serres et son bec. Lorsque j'ai appris ma rémission, je suis sorti avec Freedom pour partager mon soulagement et ma joie. Ce jour-là, elle a fait quelque chose d'incroyable : elle a mis ses ailes autour de mes épaules pour m’envelopper. Il s'agit d'un comportement inhabituel chez un aigle, et elle ne l'a jamais refait.
       Freedom et moi continuons d’enseigner dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes à l'importance de prendre soin du monde naturel que nous partageons tous.

De très belles pages : http://wanblimani.blogspot.ca/

Jeff et Freedom lors d'une conférence :
https://www.youtube.com/watch?v=nMingidt6pc&NR=1&feature=endscreen

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Pensée du jour :

Be kind, for everyone you meet is fighting a hard battle.
~ Philo  

27 juin 2013

L’irremplaçable amitié

Photographe : Tim Flach*, More Than Humans

On a peu de besoins quand on est
vivement touché par ceux des autres.

~ Lessing

***
Je connais la valeur de l’amitié.
Qui voudrait vivre sans elle?
Elle est estimable
quand elle partage les joies,
inestimable
quand elle partage les douleurs.

~ Joseph Von Görres

***
Les jouissances de l’amitié,
Je l’avoue,
Sont la véritable béatitude.
En fait de bonheur,
il ne faut pas rechercher
le «pourquoi»,
ni regarder au «comment».
Le meilleur
et le plus sûr
est de le prendre
comme il vient.

~ Duchesse de Choiseul

***
Sais-tu ce qui fait
disparaître la cage?
La sympathie
vraie et profonde,
l’amitié,
la fraternité
l’amour.
Ils ouvrent la cage
comme un charme enchanteur.
Celui qui n’a pas cette chance
demeure dans la mort.
Car où naît la sympathie,
naît la vie.

~ Vincent Van Gogh

***
Voici,
je mets mes clefs sur la porte;
je résilie tous droits
sur ma maison.
Accordez-moi
seulement au départ
quelques
bonnes paroles.

~ Tagore

***
Par la douceur
le cœur le plus dur
peut s’attendrir.  
Mais essaie
de le façonner
et de le polir,
il rougira comme le feu
ou s’engourdira
comme la glace.

~ Tchouang-Tse

***
Sometimes in this lifetime,
we meet a special soul,
who fills our very essence,
to almost overflow,
we drink the cup of friendship,
it tastes like ruby wine,
and you know within your heart,
this meeting was Divine...

~ Unknown


Photographe : Tim Flach*, More Than Humans 

Les gens peuvent aimer votre apparence,
mais c’est votre personnalité qui les fidélisera.

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* Ce photographe est stupéfiant… En fait, il n’y a pas vraiment de mots pour qualifier ses œuvres : http://www.timflach.com/
Si vous aimez les chevaux, la série EQUUS est renversante. 

Une interview au sujet de sa dernière publication More Than Humans (extrait) : 
 
I have to ask Tim the unavoidable and probably really daft question that lies behind my professional crush on him: what goes on when he takes these stunning images? Does he have a special connection with the animals that brings out a human side to them, invisible to us non-animal-whispering cretins until Tim communicates between us and them?
       “It’s an interesting question about the humanness that we find in an animal,” Tim says, looking patient as he gets ready for a long explanation – it appears my question has been asked before. “It can be argued that humans have a tendency to find in animals what they have in themselves. Anthropomorphism is something that is often debated and in some circles it is questioned whether it’s about that or about us centring ourselves to everything around us – anthropocentrism. I would probably argue that we always want to find humanness in things and identify it through ourselves. Naturally we like the puppy with big eyes because it’s like our baby with big eyes, and it’s been proven, now that they can scan brains, that the same bit of brain is active when looking at puppies as when we look at babies, so it’s understandable that these triggers work. And yes, I do use anthropomorphism intentionally, but I’m also aware of its context. The bigger question is how we occupy the animal’s space, and in a sense, how we appropriate our experiences around an understanding and apply them to the animals. It could be just simply us talking to our cats thinking they understand us. But ultimately I would argue that the bigger question really is, how do we understand our perceptual space? There’s an idea called ‘Umwelt’ about perceptual bubbles which asks ‘can we actually understand another human?’ We can share certain commonalities, but we all have a unique perceptual space. And an animal has another perceptual space, it’s just perhaps a bit more removed.”  


BIOGRAPHY
Tim has worked for a number of popular titles including National Geographic and The New York Times Magazine but is becoming best known for his stunning animal portraits.
     Born in London Tim studied Fine Art at Central Saint Martins College of Art and Design and has received numerous awards including The International Photography Awards for professional photographer in Fine Art, Wildlife Photographer of the Year and Hasselblad Masters amongst many others.
     Adding to his existing success Tim has now been awarded a fellowship by the BIPP.

26 juin 2013

Aimer, c'est aussi laisser partir



Tu peux partir
 
Le monde peut quitter le monde, quand il veut
Partir où bon lui semble, quand il veut
Faire d'avril un mai, d’un mai un novembre
Tout est dans la manière … dans la manière

Tout est dans la manière
Tout est dans la manière
Tout est dans la manière

Tu peux quitter le monde, quand tu veux
Aller où bon te semble, quand tu veux
Chercher ton bonheur, loin de moi, ailleurs
Mais il y a la manière ... la manière

Mais il y a la manière
Mais il y a la manière
Mais il y a la manière

Tu dois t'risquer à toi-même, accéder à ton monde
Celui qui te fait plaisir, en dehors du rêve
C'est tout ce que j'peux t'dire, c'est tout ce que j'peux t'dire
Tu peux partir …

Mais il y a la manière
Mais il y a la manière
Mais il y a la manière

Tu peux quitter le monde
Mais il y a la manière …

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Tu peux partir (2)

J'te vois encore quand t'es pas là
Quand il fait noir c'est encore pire
Y a un vide quand je croise les bras
Y a rien à faire, j'peux plus me mentir
Déjà cinq mois à essayer
De ramasser ce que t'as laissé
Fermer les boîtes pour plus te sentir

J'entends de moins en moins tes mots
Depuis qu'il te pousse des ailes dans le dos
Tu voulais pas que je parte ce soir là
Quand je t'ai trouvée, t'étais plus là

Depuis que t'es petite que c'est comme ça
Toutes ces blessures qui te rappelaient
Ce que tu te souvenais même pas
Le dernier choc qui est venu te chercher
Dans un malaise qui t'as prise par surprise

J'aurais jamais pensé que tu me manquerais autant
Tu peux voler, je vais m'arranger pour oublier l'image
De ton corps sur le plancher

Salut ma belle
Tu peux partir
J't'embrasse
J't'oublie pas
Tu peux mourir

J'entends de moins en moins tes mots
Depuis qu'il te pousse des ailes dans le dos
Tu voulais pas que je parte ce soir là
Quand je t'ai trouvée t'étais plus là

J'entends de moins en moins tes mots
Depuis qu'il te pousse des ailes dans le dos
Tu voulais pas que je parte ce soir là
Quand je t'ai trouvée t'étais plus là

J't'embrasse
J't'oublie pas
Tu peux partir
 
(Groupe La Chicane)

COMMENTAIRE 

En lisant ces textes de chanson on peut facilement penser qu'il est question de suicide.

Dans notre culture, la mort est taboue. Certaines formes de mort sont considérées «acceptables» et d’autres «inacceptables».

- Si vous mourez en allant tuer des ennemis à la guerre, c’est correct (même qu'on fera de vous un héros).
- Si vous mourez d’un accident cardiovasculaire, c’est correct (mais on pourrait vous considérer à tendance suicidaire parce que vous fumiez ou mangiez trop de bacon).
- Si vous mourez d’un accident de voiture, c’est correct (mais on pourrait aussi vous considérer à tendance suicidaire parce que vous conduisiez trop vite).

La façon de mourir devient inacceptable quand il s'agit d’un choix personnel, c'est-à-dire de s'enlever la vie soi-même.

Par exemple, même quand la souffrance physique est intolérable on hésite encore à euthanasier. La souffrance physique est visible tandis que la souffrance psychologique peut être moins apparente; pourtant, l'une et l'autre sont tout aussi insupportables. Tout le monde ne naît pas avec la même propension à la joie de vivre. Il y a même des localités géophysiques dont les énergies ambiantes favorisent la propension au suicide. Alors...  

En regardant récemment un documentaire sur le sujet, j’ai noté que les proches d’un suicidaire se sentent coupables et comprennent rarement la cause du geste.

Néanmoins, la question reste la même : à qui appartient notre corps?

Si la question vous intéresse, voyez le libellé «Euthanasie» dans Situation planétaire.  

Jour après jour

A helping hand by Poivre

Les mauvaises nouvelles pleuvent quotidiennement, rajoutant à l’affliction. Je n’ai pas encore trouvé de réponse satisfaisante à cette question : pourquoi attendons-nous les catastrophes, les tragédies, pour devenir «humains», coopérer et nous rendre utiles? Tout à coup nous nous sentons concernés, nous oublions nos différents (et nos différences) et portons secours aux sinistrés!

Je songe notamment aux inondations en Alberta. Et aussi à ce réseau de médecins virtuels disponibles sur webcam pour faciliter la tâche des médecins opérant en zones de guerre. Renversant, mais il se trouve des internautes pour leur prêter de mauvaises intentions – il s’agirait de marketing patriotique!

Et puis, pendant ce temps-là, le moindre irritant superficiel nous fait grimper dans les rideaux…

Ce n’est pas la sagesse qui mène l’humanité vers l’extinction…

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Leçons tirées des tragédies
Par LeeAnn Taylor

C'est souvent à travers les expériences les plus sombres que nous devenons le plus lumineux. Il est idiot de tenter d’esquiver ces expériences car c’est en les accueillant que nous évoluons le plus rapidement.

À l'âge de vingt-six ans, j'ai découvert que trois de mes quatre enfants étaient porteurs du gène X Fragile (FMR1), une maladie génétique pour laquelle il n'existe aucun traitement. La période qui suivit fut la plus sombre de ma vie.

Voici les leçons que j’ai apprises. J’espère qu'elles vous mèneront plus loin dans la lumière.

1. J'ai appris qu’en portant le fardeau de quelqu’un d’autre, le nôtre s’allégeait; au bout du compte, tout s’arrange.
 
2. J'ai appris que lorsque nous allions vers les autres, nous trouvions l’espoir, la force et la volonté de transcender nos propres défis.
 
3. J'ai appris que lorsque je souffrais, mes semblables souffraient aussi; nous ne sommes pas séparés, nous sommes pareils et «unis».
 
4. J'ai appris que la foi n'était pas l'acceptation aveugle des choses que nous ne connaissions pas, mais plutôt une ferme confiance que ce que nous savions (à travers l'esprit) allait se manifester et nous indiquer la marche à suivre.
 
5. J'ai appris que l'espoir n'était pas une commodité mesurable, mais une force expansive et infinie, porteuse de grande lumière, qui nous menait vers de magnifiques destinations. Lorsque nous nous accrochons à cet espoir, nous devenons invincibles.
 
6. J'ai appris que mon coeur était mon centre du savoir, non pas ma tête; quand je l'écoute intuitivement, j’y trouve une infinie sagesse qui me pousse vers l'avant.
 
7. J'ai appris que l'amour, la lumière et l’espoir étaient mes meilleurs amis; lorsque je les appelais, ils étaient toujours là.
 
8. J'ai appris qu’en effet, j’étais formidable, ni faible ni impuissante, et que si je j’étais fermement convaincue de cette grandeur, je pouvais résolument faire face à tout ce que la vie pouvait m’envoyer...
 
* Auteur de : The Fragile Face of God: A True Story About Light, Darkness, and the Hope Beyond the Veil.
 
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COMMENTAIRE

Il y a une dizaine de jours, j’accompagnais quelqu’un à l’hôpital. Après l’intervention, nous sommes retournés à l’embarcadère de transport adapté. En raison de l’heure de pointe, nous avons attendu la wagonnette pendant plus d’une heure.
 
Ce fut alors un défilé continu de cancéreux, d’amputés, d’obèses morbides, d’éclopés, d’arthritiques… en fauteuils roulant ou clopinant avec un déambulateur. J’avais l’impression d’être dans un film apocalyptique 3D, avec un sentiment d'impuissance…

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Avais-je vraiment le choix lorsque dans «une indescriptible Lumière d’un Lieu où j’étais consciente» j’ai accepté de «revenir sur la terre»?

Je me souviens de cette clarté vivante de milliers de particules cristallines et de ce confort lucide du REGARD IMMOBILE qui embrasse le mouvement du temps et de la terre. Je me souviens de cette faculté de nouer le passé au futur du champ temporel de notre système solaire. J’ai aussi le souvenir d’une vision panoramique, la conscience voit tout, sans avoir des yeux de chair.

Je ressens, comme si c’était hier, cette incroyable compassion des «voyageurs arrivés» qui pourraient enfin se reposer dans l’extase d’un Eden douloureusement gagné. Je les vois tendre leurs mains … vers leurs frères de la terre. Chaque point de conscience capte les pensées échangées.

Je conserve le souvenir de murmures colorés, de vagues musicales déferlant dans l’Immensité, de pensées induites dans ma conscience, lesquelles s’installent comme étant programmées d’Eternité.

Tout ce récit repose sur la conscience de ne pas avoir perdu la «mémoire d’exister» entre le moment où j’ai quitté ma dernière enveloppe, charnelle et celui où j’ai accepté de REVENIR, de reprendre un corps sur la planète TERRE.

~ Marie Jeanne Edel
http://www.mariejeanne-edel.com/biographie/ 

25 juin 2013

Quand on nous blesse

«L’indifférence : parce que certaines personnes
ne méritent pas vos émotions.»

Je remplacerais «ne méritent pas» par «sont fermées à» ou «incompatibles à».

Néanmoins, il existe diverses manières de composer avec les comportements d’autrui. Et puis, si une personne ne veut ni tempérer ni comprendre, il vaut mieux en effet cultiver l’indifférence plutôt que de gâcher sa vie à ruminer.

Questions à se poser quand on nous blesse

Les gens se font du mal quotidiennement entre eux. Trouver des moyens de faire face aux blessures peut représenter un défi majeur. Étant plutôt «sensible», j'avoue m’être laissée atteindre par ces attitudes – parfois sévèrement. J'ai donc cherché de meilleures façons d’y faire face.

Les questions que je trouve utile de me poser quand cela se produit :

Est-ce intentionnel?
Si l'autre personne a dit ou fait quelque chose de blessant, il est préférable d’exprimer votre mécontentement. Compacter mène à la frustration et à la dépression; et quand la colère éclate, elle peut causer beaucoup de dommages. De plus, en ne vous exprimant pas, vous pourriez encourager votre interlocuteur à vous blesser davantage. D’un autre côté, si la personne n'était pas de mauvaise foi, pardonnez-lui et oubliez; dans ce cas-là, c’est facile...

Est-ce récurrent?
Certaines personnes s’irritent constamment des mêmes choses; en particulier si elles sont obsessionnelles/compulsives (TOC). Par exemple, elles peuvent vous engueuler parce que le lit est mal fait (si elles ne supportent pas les draps froissés), ou parce que vous êtes resté 10 minutes de trop sous la douche (si elles détestent être en retard). De deux choses l’une : soit vous changez votre façon de réagir, soit vous acceptez leur façon d’agir. Comprendre facilite la tolérance ou le pardon.

Vaut-elle la peine?
La personne qui vous blesse constamment épuise votre énergie et peut corroder votre estime de soi. Vaut-il vraiment la peine d’entretenir cette relation? Faut-il rompre – ou bien suffoquer? Ne restez pas prisonnier d’un cycle destructeur. Si votre cœur et votre intuition vous y incitent, libérez-vous. C’est une décision qui pourrait changer votre vie pour le mieux!

~ Shubhra Krishan

COMMENTAIRE 

Lorsque les gens nous blessent ou se fâchent contre nous, en réalité ce qu’ils veulent c’est obtenir notre amour. Au fond, ils ne souhaitent pas nous blesser ou nous voir fuir. Le pire c’est que le prétexte est rarement significatif. Ces personnes expriment simplement leur propre souffrance, et celle-ci n’a rien à voir avec nous. Même si elles nous blâment, et disent que c’est de notre faute, en fait, leur souffrance vient de leurs propres blessures intérieures non résolues. Il ne faut surtout pas croire que nous sommes responsables de leurs malaises. Certes, nous sommes parfois des déclencheurs, mais leur souffrance intérieure était là en premier lieu. Alors, si la personne exprime sa colère, n’argumentez pas ou ne vous défendez pas; restez silencieux, ouvrez votre cœur et transmettez-lui un peu d’amour, même si la tentation de lui dire qu’elle a tort est particulièrement intense. Car, nous sommes souvent plus portés à nous défendre, à nous fâcher, à rendre la pareille, à protéger notre vanité ou notre dignité à tout prix.

En réalité, lorsque nous sommes blessés ou souffrants (de part et d'autre), ce que nous voulons c’est un peu d’écoute, de gentillesse et de compréhension, et que l'autre nous prenne dans ses bras.

Par conséquent, il vaut mieux prendre du recul et laisser la poussière redescendre. Il faut aussi comprendre que la personne qui attaque ne connaît pas de meilleures façons de composer avec ses propres blessures.

Rester calme et posé dans une atmosphère de colère et de souffrance est peut-être la chose la plus difficile à apprendre. Mais la récompense n’a pas de prix…

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COMPLÉMENT (vidéo en anglais)

Pourquoi pardonner?

Comment passer de la colère et de la haine à la compassion, la clarté et la prise de conscience?

J'ai créé cette vidéo pour partager ce que j'ai compris du pardon.

En pratiquant des techniques de méditation expressive, j'ai guéri mon cœur et je suis devenue plus consciente de mes choix. Je pouvais mettre mon énergie dans la colère et le ressentiment OU me concentrer sur l’amour de soi et apprécier ma vie. Dans cette vidéo, j’explique comment j’en suis venue à choisir la seconde option.

Si vous êtes en résonance avec ce message, s'il vous plaît partagez-le. Le monde a grand besoin de pardon.

~ Prajito Dove 
 
 


Why forgive?

How can we move from anger and hatred to compassion, clarity and awareness?

I made this video to share with you how I came to understand what forgiveness is.

Through a practice of powerful expressive meditation techniques I healed my heart and became more aware of my choices. I could put my energy into anger and resentment, OR focus on loving myself, and enjoying my life. How I came to choose the latter is explained in the video.

If this message resonates with you, please share on your social media networks. The world needs more forgiveness.

Join The Laughing Buddhas: http://discovermeditation.com/ 


24 juin 2013

Franglais-parler

N’étant pas une journaliste certifiée 100% bio, je peux me permettre une drôlerie en Franglais en ce jour où la question linguistique apparaît invariablement au menu de la Fête nationale. Ah, si ce n’était qu’une question de langue…

Cette parodie, écrite en 1980 par le Bloke pur laine Miles Kington, est tirée de Let’s Parler Franglais Again! 

 Illustration : Merrily Harpur

Dans le Health Food Shop

Client : Bonjour. Je cherche un plain strong white flour.

Assistante : Ne cherchez pas ici, Monsieur, white flour est toxique et deadly. Nous sommes un magasin sérieux.

Client : Oh. Quelle sorte de farine vous avez?

Assistante : Nous avons wholemeal, wheatmeal, mealwhole, 110% fullwheat, 120% wheat-of-the-loom ou 150% millstone grit.

Client : Et la différence?

Assistante : Nulle. Elles sont toutes organically grown avec real dung et hand ground dans notre mill à Buckminster Fuller. Elles sont transportées ici dans un organically built farm wagon.

Client : Et les sacs sont rangés sur les shelves ici par ruddy-cheeked yokels dans smocks traditionnels?

Assistante : Of course.

Client : Hmm. Je prends un 1 lb sac de 200% stonewheat.

Assistante : Ça fait £4.80.

Client : C’est cher.

Assistante : Health food est toujours cher. C’est le wholepoint. Nous ne voulons pas avoir chaque Tom, Dick and Harry dans le shop.

Client : Humm. Et je veux acheter un carrier bag.

Assistante : Quelle sorte de carrier?

Client : Il y a différentes sortes?

Assistante : Oui, bien sûr. Wholeweave, brownbag recycle. Third Worlweave, Arty Dartington ou Jethrotwill.

Client : On peut les manger?

Assistante : Non. On peut manger les Chinese rice paper bags, mais ils ne sont pas très forts.

Client : OK. Un sac de stonewheat et Chinese paper bag.

Assistante : Un moment, je vais calculer sur mon abacus. £4.80 + 60p, c’est… c’est…

Client : £5.40.

Assistante : £5.80.

Client : Votre abacus est sur le blink.

Assistante : Un abacus ne va jamais sur le blink. J’ai simplement ajouté 40p pour le Save The Honeybee Appeal.

Client : Le honeybee est en danger?

Assistante : Non pas encore. Mais il faut anticiper. Sauvons le honeybee maintenant pendant qu’il est sauf! Plus tard, il sera trop tard!

Client : OK. OK. Voici £5.80. Merci et au revoir.

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COMMENTAIRE

My God, ce gars-là était visionary!
30 ans plus tard, la question remains : sauverons-nous le honeybee…? 

Il serait peut-être plus relevant de sauver les abeilles avant la langue? Car à quoi sert une langue s’il n’y a plus rien de valable à manger?
Pas de pollinisation = OGM garantis. Qui choisira pour nous?
Ah mais, il restera peut-être quelques cans de bines et de corn à noyer dans le Ketchup.

23 juin 2013

Humour dans la grisaille

 
Je n’aurais pas cru que «le navet» (un légume dont je ne raffole pas) s’intégrerait à mon rituel café matinal. Une quotidienne (ou presque...) savoureuse.

Le Navet satirique mais poli *  

[Extrait]
 
Zuckerberg «déçu» qu’un homme interdise à Facebook d’utiliser son image sans consentement écrit

2013/06/19
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L’homme de Laval, qui utilise Facebook gratuitement et volontairement depuis cinq ans pour communiquer avec ses amis, organiser des événements, retrouver des membres éloignés de sa famille, chercher du travail, faire connaitre ses opinions politiques, publier des photos, découvrir des groupes de musique et débattre avec des collègues, a en effet publié sur son mur hier une longue tirade dans laquelle il menace le réseau social de poursuites pour «atteinte à [sa] vie privée».
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Au moment de mettre en ligne, le Lavallois continuait de courageusement protéger sa vie privée en téléversant sur Facebook toutes les photos du dernier souper en tête à tête avec sa blonde ainsi que celles de son bébé naissant.


(En français «québécois»; plus facile à comprendre à l’écrit qu’à l’oral, pour ceux qui ont de la difficulté avec l’accent…)

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* Une touche de Polically Incorrect à la Bill Maher, mais courtoise.
http://www.real-time-with-bill-maher-blog.com/
http://www.huffingtonpost.com/bill-maher/
 

22 juin 2013

Nature : de stupéfiants phénomènes

La Nature a ses propres déclencheurs (comme on le voit dans ces clips).
Nous arrivons parfois à en prévenir / contrôler certains éléments, mais ce faisant, nous provoquons parfois plus de dégâts que de bienfaits… À mon humble avis, il peut être assez difficile de déterminer ce qui est purement «naturel» de ce qui est conséquence des interventions humaines (apprenti-sorciers).

Pensées du jour :

«Quand on observe la nature, on y découvre des plaisanteries d’une ironie supérieure.»
~ Honoré de Balzac

«On ne commande à la nature qu’en lui obéissant.»
~ William Shakespeare

“After you have exhausted what there is in business, politics, conviviality, and so on – and have found that none of these finally satisfy, or permanently wear – what remains? Nature remains.”
~ Walt Whitman

Dragon de feu (Australie)



Une tornade du feu haute de 30 mètres tourbillonnant pendant une quarantaine de minutes. Les tornades de feu se produisent lorsqu'une colonne d'air chaud s’élève et entre en contact avec un feu existant – ou en crée un. Le caméraman Chris Tangey a filmé ce phénomène plutôt occasionnel; il était à la recherche de nouveau matériel pour Alice Springs Film and Television.

Il se trouvait à 300 mètres de la spirale de feu, dont le son ressemblait à celui d’un avion de chasse, malgré qu'il n’y ait aucun vent. En 23 ans de tournage, le caméraman affirmait n’avoir jamais été témoin de pareil incident : «À un certain moment, il y avait trois tornades différentes; j’ai filmé tout au long des 40 minutes. L'expérience était incroyable, en matière de durée et d’effets variés. En 1923, un tourbillon de feu était apparu au Japon lors du grand tremblement de terre de Kanto; 38 000 personnes tuées en 15 minutes.»

A pillar of cloud by day.... and also several pillars of fire! Raw footage of this awesome "firenado" event recorded by chance by TV cameraman Chris Tangey on September 11 2012 at Curtin Springs cattle station, Northern Territory, Australia. You are encouraged to turn the volume up loud to truly experience this phenomenon. Please note: The above natural event was NOT caused by global warming/climate change or whatever it is called.
Copyright 2013 Chris Tangey
http://www.youtube.com/user/christangey  

 


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Cellule d’orage inhabituelle (Texas)



A Supercell Thunderstorm Over Texas
Video Credit / Copyright: Mike Olbinski 
Each day a different image or photograph of our fascinating universe is featured, along with a brief explanation written by a professional astronomer.

Est-ce un nuage ou un vaisseau spatial extraterrestre? Il s’agit d'une immense cellule d’orage; une forme inhabituelle et parfois dangereuse. Ces cellules peuvent se transformer en tornades, tempêtes de grêle, pluies torrentielles ou en vacuum. Sinon elles sont tout simplement spectaculaires. Ce type de cellule recèle un méso-cyclone – une colonne d'air ascendant entourée de courants d'air descendants. Ces orages peuvent se produire en plusieurs endroits sur terre mais ils sont particulièrement fréquents à Tornado Alley (USA). Le clip montre les nouveaux nuages se formant près du coeur, la poussière tourbillonnant sur le sol, les éclairs flashant dans la couche supérieure de nuages, tandis que le complexe remarquablement sculpté tourne dangereusement. Enfin, après quelques heures, comme illustré dans la séquence finale, une pluie torrentielle tombe alors que la tempête commence à s’éloigner.

21 juin 2013

Au coeur de l’Être

Florilège Carl Gustav Jung – individualité et organisation sociale... quelle pertinence!


At times I feel as if I am spread out over the landscape and inside things and am myself living in every tree, in the splashing of the waves, in the clouds and animals that come and go, in the procession of the seasons.

C'est le sentiment que la vie a un sens plus vaste que la simple existence individuelle qui permet à l'homme de s'élever au-dessus du mécanisme qui le réduit à gagner et à dépenser.
Essai d'exploration de l'inconscient (1942)

Citations tirées de Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933) 

À mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n’est plus la voix irritée d’un dieu, ni l’éclair de son projectile vengeur. La rivière n’abrite plus d’esprits, l’arbre n’est plus le principe de vie d’un homme, et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l’homme et l’homme ne s’adresse plus à eux en croyant qu’ils peuvent l’entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations symboliques.
       La société, éprouvant dans son ensemble le besoin de posséder une incarnation de la puissance magique, utilise pour véhicule l'appétit de pouvoir d'un homme et le désir de soumission des masses, créant ainsi la possibilité du prestige personnel.

L'impossibilité ou le refus de voir l'individuel, dont on ne perçoit même plus l'existence, équivaut tout simplement à étouffer l'individu, ce qui détruit au sein d'un groupe social les éléments de différenciation. Car c'est l'individu qui est par excellence le facteur de différenciation. Les plus grandes vertus, les créations les plus sublimes, comme aussi les pires défauts et les pires atrocités, sont individuels.
       Plus une communauté est nombreuse, plus la sommation des facteurs collectifs, qui est inhérente à la masse, se trouve accentué au détriment de l'individu par le jeu des préjugés conservateurs ; plus aussi l'individu se sent moralement et spirituellement anéanti, ce qui tarit ainsi la seule source possible du progrès moral et spirituel d'une société [...]. Tout ce qu'il y a d'individuel en lui est condamné à sombrer, c'est-à-dire à être refoulé. De ce fait tous les facteurs individuels deviendront inconscients, tomberont dans l'inconscient; ils y végéteront et s'y transformeront selon une loi implacable en une manière de négativité systématique, de malignité principielle, qui se manifestent en impulsions destructrices et en comportements anarchiques. Ces tendances deviendront agissantes sur le plan social, chez l'individu tout d'abord : certains sujets à tempérament prohétique deviennent l'instrument de crimes à sensation (meurtre de roi, etc.); mais elles se font sentir chez tous de façon indirecte, à l'arrière-plan, par une décadence morale inévitable de la société.

Plus un corps social est petit, plus est garantie l'individualité de ses membres; plus sont grandes leur liberté relative et les possibilités d'une responsabilité consciemment assumée. Hors de la liberté, point de moralité.

Notre admiration pour les organisations colossales s'amenuise dès que nous entrevoyons l'envers de la médaille, qui est fait d'une accumulation et d'une mise en relief monstrueuses de tout ce qu'il y a de primitif dans l'humain, et d'une destruction inéluctable de l'individualité en faveur de l'hydre qu'est, une fois pour toutes et décidément, n'importe quelle grande organisation. Le coeur d'un homme d'aujourd'hui, façonné sur l'idéal collectif moral régnant, s'est transformé en une «caverne de brigands», ce que l'analyse de son inconscient révèle de façon frappante, même si cet homme n'est pas troublé le moins du monde. Et dans la mesure où il est normalement «adapté» à son entourage, les plus grandes folies, oui, les plus grandes infamies commises par son groupe ne l'incommoderont pas et ne le troubleront pas, en apparence, la quiétude de son âme, pourvu que la majorité de ses concitoyens et de ses semblables croie à la haute moralité de l'organisation sociale régnante.

C'est dans la victoire remportée sur la psyché collective que réside la vraie valeur, la conquête du trésor, de l'arme invincible, du précieux talisman ou de tous autres biens suprêmes inventés par le mythe. Quiconque donc s'identifie à la psyché collective et s'y perd — c'est-à-dire, en langage mythique, se laisse engloutir par le monstre — va par conséquent se trouver au voisinage immédiat du trésor que garde le serpent, mais au détriment de toute liberté.

20 juin 2013

Sûtras 36, 37 : vérité et non-vol

"Oh mon Dieu! Regarde ce qu'a fait le chat!"

Sûtra 36 – La vérité
Après s’être établi dans la vérité, chaque pensée et action aura l’effet désiré.

En d’autres termes, les effets suivront les actions d’un yogui établi dans la vérité.

La vérité a trois aspects : la vérité effective ou des faits, la vérité réfléchie et la vérité absolue.

Celui qui pratique yama (maîtrise de soi) doit commencer par dire la vérité des faits. La vérité effective est sujette à la vérification des faits. Les paroles, les jugements et les actions doivent être basées sur les faits. Il doit y avoir quelque chose qui existe à propos de ce que l’on dit. Par exemple, si l’on dit qu’untel est homme mauvais ou qu’il est un criminel ou un politicien, ce doit être basé sur des faits Un fait est ce qui est perçu par le mental à travers les sens de perception (connaissance). Si vous entendez quelque chose de quelqu’un sans le vérifier depuis sa source et l’acceptez comme un fait, c’est peut-être néanmoins contraire à la vérité. Les gens prennent plaisir à projeter les choses parce qu’ils sont en général influencés par la jalousie, la colère, l’attachement, le dégoût, etc. Il ne faut pas croire ce qu’ils disent, il faut découvrir la source. Si la source est pure et non polluée, dépourvue de jalousie, etc., alors les déclarations sont probablement basées sur les faits. Sinon, quand bien même ce serait un fait, il pourrait être pollué par de nombreuses fausses adjonctions.
       Le vrai pratiquant de yama ne doit pas accepter les soi-disant faits sans vérification. Les faits de toute rumeur ou déclarations sans vérification appropriée et sans examiner la pureté du motif et la nature de la source. Donc, ce qui paraît être un fait n’en est pas forcément un. Quand, on parle, il faut être très attentif à ce que l’on dit, à qui on parle et pourquoi on parle. En général les gens aiment bien se délecter de rumeurs et de nouvelles à sensation. Ces individus prennent plaisir à divulguer des fausses allégations (…).  

La vérité réfléchie. Le deuxième stade de la pratique de la véracité doit être basé sur la vérité réfléchie. Quoi qui soit fait, dit ou pensé doit être en rapport direct avec la vérité absolue. Il ne faut pas parler sur la base des seules supposition et spéculation car elles sont des projections du mental. Quand le mental est libéré de l’attachement et de l’aversion, des identifications et de la peur, alors, et alors seulement, la vérité absolue peut s’y refléter. Par conséquent, le mental doit être purifié par la pratique de la non-offense (ahimsâ).

La vérité absolue : comprendre que le Dieu absolu est présent en chaque être et chaque chose et que seul le Soi est vérité absolue et qu’il est inconditionné. Quand cela est appliqué dans la vie de jour en jour, alors ça ne doit être conditionné par aucun objet dense, cela doit être universel. Quoi que l’on fasse, dise ou pense, cela doit être applicable partout sans aucune limitation nationale, continentale, géographique ou autre.

En résumé, le pratiquant de la véracité doit très peu parler (avec le minimum de mots) et cela également si c’est nécessaire. L’abstinence du mensonge n’est pas la véracité, c’est négatif, tandis que la vérité (satya) est positive. 

Sûtra 37 – Le non-vol
Après s’être fermement établi en l’état de non-vol, le yogui atteint le tout diamant.

Quand le désir d’accumulation de la richesse, le désir de la propriété d’autrui et la tendance au vol, etc., ont complètement disparu du mental du yogui, celui-ci devient le maître de la richesse. Il est en mesure de la donner à ceux qui en ont besoin. Ici les diamants sont mentionnés symboliquement et représentent la richesse.

Le non-vol n’est pas simplement l’abstinence du vol. Comme il a déjà été dit, le désir même d’avoir plus de richesses que ce qui est nécessaire équivaut à un vol. La richesse est un libre don de la nature. Chaque homme et chaque animal a un droit égal sur la richesse. L’existence même de tous les êtres dépend de la richesse. Si quelqu’un désire accumuler la richesse qui est une propriété commune à tous les êtres, cette personne doit être considérée comme un voleur et punie par tout gouvernement loyal.

Ce dont une personne a besoin pour son existence, cela seul lui appartient; celui qui désire avoir plus que ses besoins pour l’existence est un voleur et mérite une punition.

«Étant enchaînés par des centaines de désirs et demeurant dans les désirs et aversions, ils accumulent la richesse par des moyens injustes pour gaver leurs propres sens.» Bhagavad Gita (XVI; 6, 7)

Source: Les Yogasûtras de Patanjali
Commentés par Sadânanda Sarasvati

COMMENTAIRE

De bonnes vacances aux membres de la Commission Charbonneau; bien méritées pour avoir entendu autant de menteries dans leur quête de faits...  :-)

19 juin 2013

Abeilles et arbres

Semaine des pollinisateurs


 
«Les néonicotinoïdes passent les abeilles à tabac : le gouvernement du Québec doit les interdire.»
Nature Québec; 18 juin 2013

Nature Québec, la Fédération des apiculteurs du Québec et les AmiES de la Terre de Québec pressent le gouvernement du Québec d’interdire à court terme les néonicotinoïdes dans les grandes cultures. Dans l’esprit de sa nouvelle Politique de souveraineté et de sécurité alimentaire, il est nécessaire que le Québec bannisse ces pesticides et se dote d’un plan d’action pour assurer la survie des colonies d’abeilles présentes sur son territoire. Les organismes font cette demande au cœur de la semaine des pollinisateurs, qui se déroule du 17 au 23 juin et durant laquelle se tiendront diverses activités.
       L’abeille est le plus important des insectes pollinisateurs et rend de multiples services écologiques. « Environ 40 % des aliments à haute valeur nutritive contenus dans notre assiette au Québec proviennent du travail des abeilles par la pollinisation des fruits, légumes et autres plantes », nous rappelle Valérie Fournier, entomologiste et professeure agrégée à l’Université Laval. Au Canada, un tiers de la production de nourriture dépend de la pollinisation par les insectes. Certaines cultures, comme le bleuet et la canneberge, sont particulièrement dépendantes de cette pollinisation. Le déclin des pollinisateurs menace l’intégrité des écosystèmes naturels et la productivité des agro-écosystèmes. Rappelons par exemple que, sans pollinisateurs, jusqu’à 75 % de la productivité des bleuetières du Québec s’envolerait.
       L’impact économique des pollinisateurs est considérable. En effet, Agriculture et Agroalimentaire Canada  estime à plus de deux milliards de dollars la valeur annuelle de la contribution des abeilles à la pollinisation des cultures au Canada. Et cela n’inclut pas l’apport des pollinisateurs sauvages qui n’a pas encore été chiffré. 

Les néonicotinoïdes : des coupables déjà connus
Depuis quelques années, nous assistons à un déclin fulgurant des pollinisateurs. Certains coupables ont déjà été identifiés, notamment les parasites et les pathogènes, mais aussi une famille d’insecticides appelée néonicotinoïde. Mis au point dans les années 1980, les néonicotinoïdes forment aujourd’hui la classe la plus employée d’insecticides. Ils sont utilisés comme enrobage des semences de maïs et de soya, et se répandent dans la plante. Ils ont la propriété d’agir sur le système nerveux central des insectes, allant jusqu’à provoquer la paralysie et le trépas. Parmi les autres effets notés, les néonicotinoïdes affaiblissent le système immunitaire des pollinisateurs, réduisent leur capacité à retrouver leur ruche, et peuvent entraîner la mort des reines et des colonies de bourdons. Or, depuis quelques années, la quasi-totalité des semences de maïs vendues au Québec et plus de la moitié des semences de soya sont enrobées avec ces produits. 

Suite : http://www.naturequebec.org/accueil/

La Chine se retrouve avec de graves problèmes en culture maraîchère puisque les abeilles ont disparu (parmi bien d’autres insectes également utiles). De sorte qu’ils doivent faire le travail des abeilles eux-mêmes, «à la main». Méchant défi : 
http://www.blinkx.com/watch-video/abeilles-disparues-en-chine/YFRUPovogcVQ650YhUr-7g

L'héritage des arbres  
 
Le botaniste Francis Hallé*, auteur de Plaidoyer pour l’arbre (Éd. Actes Sud, Arles, 2005) était de passage au Québec. 
 
«L’arbre n’est l’apanage de personne. Il mérite d’être reconnu comme un patrimoine commun à toute l’humanité, dont la connaissance doit être collective.» Quelle est l’ampleur des réalisations des arbres, notamment leurs prouesses biochimiques et génétiques, les communications qu’ils établissent entre eux ainsi que leur sensibilité aux phases lunaires et aux variations du champ magnétique terrestre? Quelle est la place de l’arbre dans les villes et son apport dans nos vies?
 
* Cofondateur du célèbre Radeau des Cimes et responsable des missions jusqu’en 2001, Francis Hallé a consacré toutes ses recherches aux plantes tropicales, en particulier celles des forêts humides des basses altitudes et a effectué huit missions pour étudier les canopées des forêts équatoriales. Francis Hallé a participé au tournage du film de Luc Jacquet, Il était une forêt, qui a été soumis au Festival de Cannes 2013.

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Francis Hallé parcours le monde entier pour faire l'inventaire des canopées forestières. Le 24h l'a rencontré alors qu'il revenait du Boisé-des-Muir, près de Huntingdon.

Quel message voulez-vous transmettre?
FH : Je voudrais transmettre l'idée que l'arbre que nous connaissons maintenant n'est pas celui de mes parents ou de mes grands-parents. Il a complètement changé, il est beaucoup plus intéressant maintenant parce que les découvertes scientifiques se sont accumulées.

Justement, quelle découverte scientifique récente a été faite sur l'arbre?
FH : Selon des recherches scientifiques en cours au Japon, les arbres nous permettraient de prévoir les tremblements de terre. Les racines qui sont plus grosses que ce que l'on voit font comme une antenne. Ils mettent une électrode dans le tronc et dans les racines, et ils obtiennent une courbe régulière tant qu'il ne se passe rien et, quand un séisme arrive, la courbe s'emballe. C'est génial ça, et tout à fait passionnant.

Vous avez affirmé que si l'on plantait suffisamment d'arbres, on parviendrait à contrebalancer intégralement le réchauffement climatique, est-ce vrai?
FH : Oui, j'en suis persuadé, mais je ne suis pas partisan de cette solution. Si on a des émissions toxiques, il faut les arrêter. Ce n'est pas parce que les arbres vont nous rendre le service d'absorber ces émissions que nous avons le droit de les produire. C'est une solution valable, mais pas souhaitable.

Vous avez été à l'initiative du documentaire Il était une forêt de Luc Jacquet, qui sortira en salle prochainement, d'où vous est venue cette idée?
FH : J'ai vu les forêts primaires tropicales disparaître. Quand j'étais jeune chercheur, il y avait de belles forêts primaires partout, personne n'aurait pu penser que 50 ans après c'était fini. Et donc je me suis dit : «Nous n'arrivons pas à arrêter la déforestation, nous allons au moins faire un film, sinon nos successeurs vont nous dire, non seulement vous n'avez pas été capables de protéger ces forêts, en plus vous n'avez même pas fait un film pour que l'on sache à quoi cela ressemblait». Pour moi, c'était indispensable de faire un film. Ça m'a pris 20 ans pour trouver le bon réalisateur et surtout le financement.

Qu'en est-il de vos missions scientifiques sur les canopées forestières?
FH : Nous faisons une superbe mission au Laos depuis 2011. Les forêts du pays sont très abîmées, comme souvent en Asie du Sud-Est. Mais, nous avons trouvé beaucoup de nouvelles espèces. C'est une mission d'inventaires de la biodiversité et des canopées forestières demandée par le gouvernement laotien.

Source de l’interview : http://www.24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/actualites/archives/2013/06/20130613-101939.html

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J’ai déjà recommandé le site «Communiquer avec les arbres» dans Situation planétaire. L’on y trouve une multitude de rapports de recherche scientifique, des projets innovateurs, articles, vidéos et références :
http://communiquer-avec-arbres.skynetblogs.be/

Si vous avez 45 minutes à consacrer à 5 ans de tournage pour admirer les œuvres de la Nature, vous ne le regretterez pas :
Les saisons en forêt
Un périple spectaculaire à la découverte de la Terre, de sa faune et de sa flore. «L’ultime portrait» de notre planète, avec des images à couper le souffle. Considérée comme la meilleure série documentaire sur la faune et la flore sauvages jamais réalisée, cette série a nécessité cinq ans de tournage - c’est l’un des plus gros budgets documentaires de la BBC. (Communiquer avec les arbres)

Note : L'on pourrait au moins nous épargner les pubs intercalées! Surtout pour un film comme celui-là. Vraiment...

http://www.dailymotion.com/video/xjhaz7_planete-terre-09l...


Planète Terre - 09l11 - Les saisons en forêt par wildkillah
 
À voir aussi : la série «Dessine-moi un paysage bio»
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=EDepFsY9y-g#!