9 juin 2013

Pour Fred Pellerin : «L’Accent»

Sympa ce portrait de Fred Pellerin par Thibaud de Corta

Fred Pellerin est un être d’une grande sensibilité qui ne cache pas du tout sa vulnérabilité; c’est peut-être pour ça qu’il a tant de succès. J’imagine mal les plus méchants des chroniqueurs le matraquer; ce serait comme frapper un enfant innocent devant caméra. Alors, je me réjouis que Fred ait échappé aux habituels massacres qu’on voit à ce genre de talk-shows (On n’est pas couché).

À voir : L’Accent récité par Fernandel (impossible d’intégrer le clip) :  
http://www.dailymotion.com/video/xz4f37_fernandel-dit-le-poeme-l-accent-de-miguel-zamacois-jean-pierre-aumont_shortfilms

L'Accent
Par Miguel Zamacoïs (1866-1955) 

De l'accent! De l'accent! Mais après tout en-ai-je?
Pourquoi cette faveur? Pourquoi ce privilège?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
«Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde!»
Et que, tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...

Eh bien non! je blasphème! Et je suis las de feindre!
Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne puis que les plaindre!
Emporter de chez soi les accents familiers,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne!
Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit,
L'accent? Mais c'est un peu le pays qui vous suit!
C'est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage!
C'est pour les malheureux à l'exil obligés,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers!

Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause,
Parler de son pays en parlant d'autre chose!...

Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent!
Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant!
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l'oreille!
Mon accent! Il faudrait l'écouter à genoux!
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages!
Écoutez! En parlant, je plante le décor
Du torride Midi dans les brumes du Nord!
Mon accent porte en soi d'adorables mélanges
D'effluves d'orangers et de parfum d'oranges;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides!
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,
Àtoutes mes chansons donne un même refrain,
Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole!

Poème extrait de «La fleur merveilleuse»

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COMMENTAIRE

Des dialectes, patois, accents, il y en a une multitude en chaque langue. J’ai de la difficulté à saisir l’accent gaspésien ou acadien, l’accent texan ou britannique, etc. Il faut se familiariser.

Je me souviens de ma première visite à Paris, il y a quarante ans. À l’époque, nous n’avions pas le choix d’imiter le français «parisien» pour nous faire comprendre. Et les anglicismes étaient très malvenus. Quinze ans plus tard, lors d’une énième visite dans cette capitale, je commande un «gâteau» au chocolat dans un bistro. Le serveur fait semblant de ne pas comprendre. Je répète, et il me répond : «Ah, Madame veut un cake? Fallait le dire!» Brrrrr. Aujourd’hui, les Français sont plus anglicisés que les Québécois… Le monde change.

Difficile de nous comprendre dans nos tours de Babel locales et internationales : )   
Peut-être que l’Espéranto serait une solution?
http://www.esperanto.qc.ca/

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