17 juin 2013

Résonance positive

Quand ma grand-tante (rencontrée deux fois) est morte, ça ne m’a pas dérangée du tout. Les relations s’établissent par la connexion, notamment physique (sensorielle). Sans ce pré-requis, des liens affectifs ne peuvent se développer, ni durer s’ils ont déjà existé. Privée d’eau et de soleil, la plante meurt.

Photographe inconnu

L’amour conscient

Le chemin de l’amour conscient a trois dimensions différentes étroitement liées. Au niveau collectif, il a un sens d’évolution. Des siècles de déséquilibre entre les modes d’être masculin et féminin ont laissé une cicatrice profonde dans la psyché humaine. Personne n’échappe aux effets de cette blessure – qui imprègne à la fois nos vies intérieures et extérieures. Intérieurement, nous expérimentons cela comme une fracture entre le cœur et l’esprit, le sentiment et la pensée, la tendresse et la force; extérieurement, cela se manifeste dans la guerre entre les sexes et dans les ravages insensés de la nature qui mettent en danger notre planète. Tant que la conscience humaine ne pourra transformer le vieil antagonisme entre masculin et féminin en une alliance créative, nous resterons divisés et en guerre avec nous-mêmes, en tant qu’individus, couples, sociétés et races.
       Pour que les relations soient florissantes, elles doivent refléter et promouvoir qui nous sommes vraiment, au-delà de toute image limitée de nous-mêmes, concoctée par la famille, la société ou notre propre esprit.
       Le tiraillement entre aimer de façon inconditionnelle et aimer sous conditions rehausse la tension entre deux différents côtés de notre nature – l’ouverture inconditionnelle du cœur et les manques et les besoins conditionnels qui font partie de notre personnalité. La friction entre ces deux aspects de notre nature peut allumer un feu purificateur qui éveille le cœur au défi réel, au risque exorbitant et au cadeau immense de l’amour humain.  
       L’amour inconditionnel a ses raisons que la raison ne peut connaître. L’amour inconditionnel n’implique pas qu’une relation doive prendre une forme particulière. Nous pouvons aimer profondément quelqu’un et être pourtant incapables de vivre avec cette personne.

~ John Welwood, Pour une psychologie de l’éveil 

Photographe inconnu

Résonance positive

Tout au long de l’histoire, philosophes, poètes et métaphysiciens nous ont proposés de superbes définitions de l’amour. Néanmoins, ces définitions, si pérennes soient-elles, font bien souvent abstraction du côté peut-être un peu moins glamour de l’amour, c’est-à-dire, son aspect physique, biologique et neurologique.

Comment allier mythologies et mécanismes physiques?

«D’abord et avant tout, l’amour est une émotion, un état temporaire qui s’élève et infuse à la fois votre esprit et votre corps. À l’instar de toutes les émotions, l’amour survient comme un changement de température subit et distinct, comme une force subtile fugitive. Le ressenti est exquis, c’est agréable, extraordinairement bon, comme quand on boit une grand verre d’eau pas une journée torride. Cependant, bien au-delà du bien-être, un micro moment d’amour, comme toutes les émotions positives, change littéralement votre état d’esprit. Les frontières entre vous et non-vous – ce qui existe au-delà de votre peau – se détend et devient plus perméable. Quand l’amour vous infuse, vous voyez moins les différences entre les autres et vous. L’amour peut même vous procurer un sentiment d’unité et de connexion palpable, une transcendance qui vous donne l’impression de faire partie de quelque chose de plus vaste que vous.
       Peut-être contre-intuitivement, l'amour est-il bien plus omniprésent que vous ne le pensiez  pour la simple raison que l'amour est connexion. C’est une poignante extension du cœur éprouvée, par exemple, quand vous regardez un nouveau-né dans les yeux pour la première fois ou quand vous partagez un câlin d’adieu avec un ami très cher. Vous pourriez même ressentir subitement une affection et un sentiment de partage semblables au milieu d’un groupe d'étrangers réunis pour s'émerveiller de l’éclosion d’œufs de tortues de mer ou pour applaudir de joie lors d’un match de football. Ce que je veux dire c’est que l'amour s'épanouit pratiquement n'importe quand si deux ou plusieurs personnes – même des étrangers – se connectent de par une émotion positive partagée, qu’elle soit modérée ou intense.» (Dorion Sagan)

Au jeu de l’amour, trois importants joueurs participent : le cerveau, l’hormone ocytocine, et le nerf vague qui connecte le cerveau au reste de votre corps. Barbara Fredrickson appelle ce trio «résonance positive» (un concept similaire à celui de l’altération limbique) et compare le processus à un miroir dans lequel les partenaires se synchronisent, se réfléchissent et renforcent leurs émotions. Ce ne sont pas des moments anodins. À l’intérieur de cette réflexion / extension, vous voyez beaucoup plus loin. Un puissant échange d’énergie circule en aller-retour et jaillit comme une décharge électrique.

Fredrickson nous met en garde contre la conception simpliste de l’amour propre aux cultures individualistes de l’Occident. Nous pensons que les émotions appartiennent au domaine privé, qu’elles doivent être confinées à l’intérieur de l’esprit et de la peau. De sorte que nous parlons de nos émotions en utilisant des adjectifs possessifs : «mon anxiété», «sa colère», «son intérêt». Si l’on suit cette logique, l’amour semble appartenir à la personne qui le ressent. La résonance positive défit ce point de vue. L’amour jaillit et se répercute entre / parmi les gens – au milieu des échanges interpersonnels – et conséquemment appartient à toutes les  personnes impliquées et au tissu connectif métaphorique qui les relie, même si c’est temporaire. Plus que n’importe quelle autres émotion donc, l’amour n’appartient pas à une seule personne, mais à des paires ou à des groupes de personnes. Il existe de par les connexions.

L’anxiété, la dépression et même l’isolement ou le manque d’estime de soi éveillent la méfiance. Le sentiment d’insécurité est le premier obstacle à l’amour. Le second est l’absence de connexion sensorielle et temporelle avec autrui – très fréquent dans notre civilisation artificielle. Nul doute qu’en l’absence de présence physique les semi-connexions par téléphone, email et autres, sont importantes. Mais le corps, sculpté par les forces naturelles de la sélection pendant des millénaires, n’a pas été conçu pour les abstractions de l’amour à grande distance – les XOXs et les LOLs. Le corps veut plus.

La véritable connexion est un pré-requis fondamental à l’amour. C’est la principale raison pour laquelle l’amour n’est pas inconditionnel, puisqu’il requiert une destination particulière. Ni abstraite ni électronique, la véritable connexion est physique et se déploie en temps réel. Elle requiert la coprésence sensorielle et temporelle des corps. Selon les scientifiques, le principal mode de connexion sensoriel reste le contact visuel. Les autres formes de contact sensoriel en temps réel – le toucher, la voix ou les postures et gestes en miroir – peuvent bien sûr se substituer au contact visuel et connecter les gens. Toutefois, le contact visuel – les yeux dans les yeux – pourrait bien être le plus puissant déclencheur de connexion et d’unité.

La présence physique est le passe-partout de l’amour, de la résonance positive.

~ Barbara Fredrickson
Love 2.0: How Our Supreme Emotion Affects Everything We Feel, Think, Do, and Become

Source de l’extrait (traduction/adaptation maison) : http://www.brainpickings.org/  
(Une source incroyable d’inspiration; j’ai notamment découvert les lettres «Dear Mark Twain» sur ce site…)

About:
Brain Pickings is the brain child of Maria Popova, an interestingness hunter-gatherer and curious mind at large, who also writes for Wired UK and The Atlantic, among others, and is an MIT Futures of Entertainment Fellow. She has gotten occasional help from a handful of guets contributors.
       Brain Pickings is a human-powered discovery engine for interestingness, a subjective lens on what matters in the world and why, bringing you things you didn’t know you were interested in — until you are.
       Because creativity, after all, is a combinatorial force. It’s our ability to tap into the mental pool of resources – ideas, insights, knowledge, inspiration – that we’ve accumulated over the years just by being present and alive and awake to the world, and to combine them in extraordinary new ways. In order for us to truly create and contribute to culture, we have to be able to connect countless dots, to cross-pollinate ideas from a wealth of disciplines, to combine and recombine these ideas and build new ideas – like LEGOs. The more of these building blocks we have, and the more diverse their shapes and colors, the more interesting our creations will become.

COMMENTAIRE

Certaines personnes peuvent être privées de connexion physique/sensorielle en raison d’un handicap physique, mental ou autre; pensons notamment aux enfants autistes.

Or, les animaux de compagnie sont toujours là! prêts à offrir consolation et soulagement aux souffrances occasionnées par ce manque. Et souvent, ils sont plus doués que les humains en matière de transmission d’amour inconditionnel...  

Mignonne cette boule de poils toute chaude et douce, non? Oh là là! 
(Photographe inconnu)   

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