29 avril 2019

«La terre a mal au cœur»



Image : Brittany Jackson

La planète malade
Marc Alyn (1937- )

Je ne sais pas ce qui se passe,
Dit la Terre : j’ai mal au cœur!
Ai-je trop tourné dans l’espace
Ou bu trop d’amères liqueurs?

Les boues rouges, les pluies acides,
Le vert-de-gris dans l’or du Rhin,
Les défoliants, les pesticides,
N’en voilà des poisons malins!

C’est si fort que j’en perds la boule,
J’en ai les pôles de travers,
Ma tête à tant rouler se saoule :
Je vois l’univers à l’envers!

Je songe à ma rondeur de pomme 
Dans le commencement des temps, 
Juste avant que la dent de l’homme 
Ne vienne se planter dedans.

J’étais rouge et bleue, j’étais verte :
Air pur, eau pure, Oh mes enfants!
La vie partout, la vie offerte
À profusion, à cœur battant!

Puis vint la guerre : chasse à l’homme,
Puis la chasse : guerre à la bête.
À bas l’oiseau! Mort à l’énorme!
Il faut mettre au pas la planète!

À présent, la chimie me ronge,
Je compte mes baleines bleues,
Mes pandas, mes oiseaux de songe
Qui ferment un à un les yeux.

Au secours, les enfants des hommes!
Le printemps perd son goût de miel.
Redonnez sa fraîcheur de pomme
À la terre, fruit du soleil!

Compagnons de la marjolaine

Source :
Cent poèmes pour l’écologie
Choisis par René Maltête (photographe, 1930-2000)
Le cherche midi éditeur; 1991

Bruant des marais. Photo :

Hier, j’ai eu le privilège de voir un petit couple de Bruants des marais en passant à côté d’une haie. Trop mignons. Quelques merles d’Amérique jasaient dans les parages. Un baume sur le coeur. En m’arrêtant et en observant je prends aussi congé de la sinistrose ambiante. Je le redis, ma plus grande phobie c’est d’être un jour témoin d’un «printemps silencieux».

35 % des oiseaux migrateurs du Canada sont actuellement menacés d’extinction.

Selon les données d’environnement Canada (2014) :
• le Cardinal rouge était en augmentation importante  
• le Harfang des neiges en diminution importante
• la Tourterelle triste en augmentation modérée
• la Mésange à tête noire en augmentation modérée
• le Jaseur boréal en diminution importante
• la famille des Hirondelles était en sérieux déclin, dont l’Hirondelle rustique en diminution importante

À la rescousse des oiseaux

Ce que vous pouvez faire pour l’effort de conservation des oiseaux. Les petits gestes individuels additionnés ont des effets.

• Apprenez à connaître vos oiseaux

• Les oiseaux sont fascinants et inspirants. Ils améliorent nos collectivités et notre vie.

• On peut trouver des oiseaux partout, le long des cours d’eau, des lacs et des marécages, en forêt, en montagne et dans la plupart de nos paysages urbains.

• Apprendre à identifier les oiseaux est l'une des meilleures façons de se connecter avec le monde naturel, et c’est un premier pas vers une contribution à l’effort de conservation.

Par où commencer?

• Empruntez un guide des oiseaux à la bibliothèque

• Participez à une excursion de votre club d’ornithologie local

• Installez des mangeoires pour oiseaux

Malheureusement la plupart des graines proviennent de cultures OGM... méchant cercle vicieux puisque l’ogre Bayer/Monsanto est partout. Résultat : pas d’insectes, pas d’abeilles, pas de fleurs, pas d’oiseaux, pas de ...
   À voir : l’épisode du 21 février 2019 d’Enquête au sujet du Roundup de Monsanto.

Désolant de voir les sécheresses qui frappent de plus en plus fort aux Prairies (Alberta, Saskatchewan, Manitoba) autrefois appelées «grenier du monde». Nous revoilà aux causes premières : déforestation, monoculture, élevage intensif de bétail.
   «À cause de la déforestation des terres, le sol ne peut plus absorber l'eau, ce qui entraîne des inondations. La déforestation rend aussi le sol très fin et il s'érode sous l'effet du vent. De plus, ce milieu est à risque car il a un faible niveau de précipitations et le réchauffement climatique ne fait qu'empirer les sécheresses. Bref, la sécheresse de la Prairie canadienne est devenue une véritable catastrophe naturelle ayant de grandes répercussions sur les agriculteurs et la population. Elle a même engendré de grosses pertes de revenus économiques. L'érosion fait disparaître une partie des éléments nutritifs essentiels à la croissance des plantes.» (Wikipedia)

De plus, la folie pétrolière de l’Alberta a des effets pervers sur l’ensemble des Prairies, à des niveaux qu’on ne connaît que partiellement; et nos gouvernements ferment les yeux.

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État des populations d’oiseaux au Canada (Rapport 2012)   

Plus de 75 % des espèces d’oiseaux canadiennes passent au moins la moitié de l’année à l’extérieur du Canada. Lorsque l’abondance de nourriture et les chaudes températures de l’été canadien prennent fin, les oiseaux migrateurs quittent pour des climats plus chauds. Toutefois, la migration comporte des risques. Durant leurs voyages de centaines ou de milliers de kilomètres, les oiseaux doivent trouver de la nourriture, de l’abri et un parcours sécuritaire, tant en route qu’à destination. Ils dépendent d’une chaîne de haltes migratoires entre leurs habitats de reproduction et leurs habitats d’hivernage. Si l’habitat disparaît ou est endommagé à l’une de ces haltes dans leurs déplacements annuels, les conséquences peuvent être considérables.

Survol

Les espèces d’oiseaux qui migrent en Amérique du Sud ont diminué beaucoup plus que celles qui migrent sur des distances plus courtes.

À chaque étape de leur déplacements annuels, les espèces migratrices doivent trouver suffisamment d’habitat et de nourriture et éviter les nombreux dangers, tels que la pollution, les collisions avec les édifices et les tours, les tempêtes et la chasse non-contrôlée.

Le regroupement Les Oiseaux Migrateurs unit le Canada à d’autres pays. Les efforts de conservation au Canada dans le cas des oiseaux migrateurs connaissent le plus de succès lorsqu’ils favorisent une coopération et une coordination à l’échelle internationale.

Texte intégral :

État des Populations d’Oiseaux de l’Amérique du Nord 2016

La Liste de surveillance comprend 432 espèces ayant une cote de vulnérabilité de 14 ou plus, ou une cote de 13 assortie d’une tendance de fort déclin. Ces espèces sont celles qui sont les plus grandement menacées d’extinction si des mesures de conservation musclées ne sont pas mises en œuvre pour inverser les déclins et réduire les menaces.

21 avril 2019

Damnée vanité

Le carnage au Sri Lanka compte parmi les horrifiants sous-produits de la vanité.

Photo : Dinuka Liyanawatte, Reuters. Un homme pleure la mort d'un proche.

Selon le bilan actuel, la série d’attentats dans des hôtels et des églises a tué 207 personnes, dont 35 étrangers, et blessé 450 personnes. Pour les catholiques sri-lankais, à l'instar de ceux du reste du monde, Pâques est l'un des temps forts de l'année religieuse chrétienne.
    Le ministre des Finances Mangala Samaraweera a déclaré sur Twitter que les attaques semblaient être «une tentative coordonnée pour provoquer des meurtres, le chaos et l'anarchie».
   C’est infiniment triste, mais on n’a sans doute pas voulu croire aux alertes. Les attentats n’ont pas encore été revendiqués, mais le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait alerté ses services il y a 10 jours en indiquant qu'un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama'ath) projetait «des attentats suicides contre des églises importantes et la Haute commission indienne». Malheureusement trop tard... toutes les célébrations de Pâques ont été annulées dans le pays.
   Les autorités sri-lankaises ont décrété un couvre-feu immédiat et le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher la diffusion d’«informations incorrectes et fausses» en réponse à ces explosions.

Photo : Ishara S. Kodikara / Agence France-Presse. Les premières explosions qui ont été rapportées se sont produites à l’église Saint-Antoine, dans la capitale, et à l’église de Negombo.

«Élevons un peu notre pensée. Qu'est-ce que le désir de la gloire chez les hommes, à bord de cette terre qui vogue dans l'espace infini où elle naufragera un jour?

Il me semble voir à bord d'un gros vaisseau destiné au naufrage, ou plutôt dont le naufrage est continuel et déjà commencé, de nombreux passagers desquels pas un n'arrivera, et dont les premiers morts ont un désir insensé d'occuper la mémoire des survivants, de ceux qui vont bientôt disparaître et s'abîmer à leur tour.

Il est vrai qu'à le voir de près, le vaisseau est immense, que les passagers d'un pont ne connaissent pas ceux d'un autre pont, et que la poupe ignore la proue; cela fait l'illusion d'un monde.

Il est vrai encore qu'en même temps on meurt en un coin du vaisseau, on danse, on se marie, on fête les naissances tout à côté, et que l'équipage se reproduit et ne diminue pas.

Mais, qu'importe? Il n'est pas moins voué tout entier à un seul et même terme. Nul ne sortira de cette masse flottante pour aller porter son nom ni celui de ses semblables sur les rivages inconnus, sur les continents et les îles sans nombre qui étoilent le merveilleux azur. Tout se passe entre soi et à huis-clos. Est-ce la peine? – J'ai fait la paraphrase, mais Pascal a rendu d'un mot cette pensée : combien de royaumes nous ignorent!»

~ Charles-Augustin Sainte-Beuve, 1804-1869 (Mes Poisons)

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«La pensée de Nietzsche, comme sa vie, est emblématique d'une crise qu'il pressentait imminente et qui est la nôtre : crise des valeurs et des identités, obsession du travail et de la «croissance», cynisme, dépressions et narcotiques multiformes, règne de la pensée unique. Nietzsche mesurait la santé d'un homme à l'amour qu'il se portait à lui-même; non pas à la relation plus ou moins maniaco-dépressive que chacun entretient avec son image, mais au lien profond, voire souterrain, qu'on entretient avec son existence tout entière.» (Louis Godbout, journal Le Devoir, 2000)

«Primitivement l'individu fort traite, non seulement la nature, mais encore la société et les individus faibles comme des objets de proie : il les exploite tant qu'il peut, puis continue son chemin. Parce qu'il vit dans une grande incertitude, alternant entre la faim et l'abondance, il tue plus de bêtes qu'il ne peut en consommer, pille et maltraite plus d'hommes qu'il ne serait nécessaire.
   Sa manifestation de puissance est en même temps une expression de vengeance contre son état de misère et de crainte; il veut, en outre, passer pour plus puissant qu'il n'est, voilà pourquoi il abuse des occasions : le surcroît de crainte qu'il engendre est pour lui un surcroît de puissance.
    Ce n'est pas ce qu'il est, mais ce pour quoi il passe qui le soutient ou l'abat : voilà l'origine de la vanité.»

~ Friedrich Nietzsche, 1844-1900 (Humain, trop humain

17 avril 2019

M. Macron devra s’armer de patience

Il aurait dû consulter quelques ouvrages de restauration architecturale avant de claironner que Notre-Dame de Paris serait reconstruite d’ici la fin de son mandat. Hum... assez présomptueux le monsieur.

Comme tout le monde, j’ai eu tout un choc en voyant Notre-Dame de Paris en flammes, sidérée par cette photo aérienne montrant l’ampleur du sinistre.


On s’attend à retrouver les choses telles quelles, d’un jour à l’autre. Et soudain, le côté éphémère des choses nous rattrape; même les roches s’effritent pour finalement devenir du sable.

Image : Bado (Le Soleil, Québec, 16 avril 2019)

En 2013, on a célébré le 850e anniversaire de sa construction. Elle survécu à bien des drames politiques, à des guerres civiles et à des ennemis extérieurs, elle a été témoin de grandioses célébrations religieuses et monarchiques. Si seulement elle pouvait parler... Je dis ça, mais Victor Hugo l’a fait parler.
   J’ai pensé à tous les gens, célèbres et inconnus, qui avaient foulé ses dalles noir et blanc, plongé les mains dans ses bénitiers, prié, médité ou rêvassé, allumé des cierges en faisant des vœux... Elle représente une synthèse de petites anecdotes et de grands événements.
   Et bien sûr j’ai pensé aux bâtisseurs, artisans, sculpteurs et peintres qui au fil des siècles en ont fait une œuvre d’art incommensurable. Je me suis rappelé la trilogie historique Kingsbridge de Ken Follet – Les Piliers de la Terre (1989), Un monde sans fin (2007) et Une colonne de feu (2017). Le premier tome nous plongeait au cœur de la construction d’une cathédrale gothique avec Tom le bâtisseur. L’histoire se déroule en Angleterre, mais l’on peut transposer.
   Et puis, j’ai eu des frissons en songeant aux impressionnants concerts d’orgue que j’y ai entendus. On a annoncé que le grand orgue n’avait pas été touché par les flammes mais... 
   Imaginons ce que comporte un travail de restauration : depuis 2014, après de multiples ajouts et restaurations, le grand orgue compte 115 jeux réels et on dénombre près de huit mille tuyaux. La transmission est devenue numérique pour les cinq claviers de 56 notes chacun ainsi que le tirage des 115 jeux réels.

De l’espoir pour l’orgue de Notre-Dame
Christophe Huss
Le Devoir, 16 avril 2019

Le grand orgue de Notre-Dame a pu être sauvé des flammes et de la fusion par les pompiers. Photo: Stéphane de Sakutin / Agence France-Presse

Contrairement aux informations contradictoires ayant circulé lundi soir selon lesquelles ses tuyaux auraient fondu, le grand orgue de Notre-Dame de Paris aura tenu bon devant les flammes et la fusion. Laurent Prades, le régisseur général de Notre-Dame de Paris, chargé de l’inventaire des objets d’art de la cathédrale, a affirmé mardi à la radio Europe 1 que le plus grand orgue de France était «inutilisable, mais préservé».
   Encore mardi matin, le ministre de la Culture, Franck Riester, affirmait pourtant au micro de France Inter que l’orgue avait «l’air d’avoir été assez atteint». Or, il appert qu’aucun de ses 8000 tuyaux n’a fondu et, information importante et étonnante, «il n’a pas pris une seule goutte d’eau», selon M. Prades.
   Pour Michael Adda, directeur de La Dolce Volta, l’éditeur du plus récent disque de l’orgue, Bach to the Future, par l’organiste Olivier Latry, un des trois titulaires l’orgue, la prudence reste de mise : «Pour l’heure, il s’agit d’informations visuelles et de structure. L’orgue est couvert de suie et de poussière, il est injouable parce que l’alimentation est évidemment hors d’usage et aura besoin d’un accord général, mais l’important est que les tuyaux, dont certains du XVe siècle, sont intacts».
   L’orgue de choeur qui se trouvait sous le brasier est aussi debout. Par contre, il a été abondamment arrosé afin de préserver les stalles du XVIIIe siècle qui le jouxtaient.

Clavier bien tempéré

Il se pourrait cependant qu’un excès d’optimisme contrebalance le catastrophisme ambiant de la veille. C’est une prudence à laquelle invitait au micro de l’Agence France Presse l’un des organistes de Notre-Dame, Philippe Lefèbvre, en poste depuis 35 ans. Il considère l’orgue comme «sauvé, mais en danger». À ses yeux, la structure de l’instrument, qui «date du début du XVe siècle», serait recouverte «par des gravats, de la poussière et de l’eau».
   Philippe Lefèbvre, qui n’est pas sur place, mais à Montréal, un village du sud-ouest de la France où il réside, craint que «dans les mois qui viennent, tout cela va sécher et risque de provoquer des problèmes de structure», tout en espérant que «cela va rester stable».
   Le Devoir a eu le rare privilège de pouvoir s’entretenir mardi matin avec Olivier Latry, sorti du mutisme dans lequel il s’était enfermé depuis la tragédie. Dans un bus l’amenant de Vienne à Dresde avec les cuivres du Philharmonique de Vienne, l’organiste avoue n’avoir pas vraiment dormi la nuit dernière. En apprenant le «miracle», au matin, il n’a «pas sauté de joie», mais a été «un peu rassuré».
   Olivier Latry confirme les dires de son collègue : «Effectivement, l’orgue est sauvé, mais en danger. Il n’est pas utilisable – il n’y a plus d’électricité de toute façon – mais il y a un double problème : l’eau sur la terrasse au-dessus de l’orgue et aussi un pignon qui menace de s’effondrer. Trois possibilités : ou ce pignon ne tombe pas; ou il tombe côté parvis; ou il tombe côté cathédrale, perce la voûte et chute du côté de l’orgue. La cathédrale va être fragilisée pendant des mois.»
   Advenant une stabilisation favorable des structures, le processus de restauration ne peut être planifié à ce stade. «On ne peut pas monter à la tribune, car c’est beaucoup trop dangereux, il faut sonder et on ne peut donc pas connaître l’étendue réelle des dégâts. Il est possible qu’il faille démonter l’ensemble de l’instrument, comme il se peut qu’on ait à dépoussiérer les tuyaux.»


Un brin d’histoire
Site de Notre-Dame de Paris

Le grand orgue

Il y eut sans doute des orgues à Notre-Dame de Paris dès sa construction au XIIe siècle mais Léonin, compositeur d’organa, fondateur de l’École Notre-Dame et qualifié d’optimus organista, puis Pérotin le Grand (1160-1220), ne connurent sans doute que de petits instruments dans le chœur. Pour autant un «grand orgue» est sans doute construit à Notre-Dame au cours du XIIIe siècle. En 1330 les comptes de la cathédrale mentionnent le versement de cachets à un organiste.
   Quelques années plus tard apparaît le nom de Jean de Bruges, organiste et peut-être aussi facteur d’orgues. L’instrument est alors suspendu en «nid d’hirondelle» sous une fenêtre haute de la nef : il s’agit d’un orgue encore modeste de 6 pieds en montre comprenant un seul clavier avec 4 à 6 tuyaux par note. En 1401 on décide de construire un nouvel orgue sur la tribune de pierre au-dessus du grand portail ouest. Depuis cette date, 50 organistes se sont succédé aux claviers du grand orgue suspendu sous la rosace du couchant.
   L’un des premiers, en 1450, fut le célèbre auteur du Vrai mystère de la Passion, Arnoul Gréban. De siècle en siècle, le grand orgue s’agrandit et fait l’objet de multiples restaurations et reconstructions jusqu’à prendre, au XVIIIe siècle, les proportions qu’il a encore actuellement. À chaque époque l’orgue de Notre-Dame fait l’objet des soins les plus attentifs et se trouve doté de jeux nouveaux et d’améliorations techniques ; les facteurs d’orgues s’attachent toutefois à conserver le meilleur des strates antérieures et c’est pourquoi il existe encore aujourd’hui quelques tuyaux de l’époque médiévale.
   Le grand orgue échappe à la tourmente de la révolution, grâce sans doute à l’interprétation de musiques patriotiques telles que celles composées en 1792 par l’organiste Balbastre, auteur de variations sur La Marseillaise et l’air ça ira. En 1868, après les travaux du facteur d’orgues Aristide Cavaillé-Coll, initiés par l’architecte Viollet-le-Duc, il trouve sa plénitude symphonique avec 86 jeux, sur 5 claviers et pédalier.
   Louis Vierne, organiste de 1900 à 1937, le modifie à deux reprises et Pierre Cochereau, organiste de 1955 à 1984, l’augmente et le modernise de 1963 à 1975. Puis en 1992, il fait l’objet d’une restauration complète qui permet de restituer les sonorités symphoniques de l’orgue de Cavaillé-Coll tout en préservant les strates antérieures (XVIIe et XVIIIe siècles) et en associant les apports indéniables du monde contemporain.
   Témoin authentique de plusieurs siècles de la musique et de la facture d’orgues françaises, le grand orgue de Notre-Dame de Paris est l’un des rares instruments français qui permettent de servir avec sincérité et émotion de nombreux répertoires et de susciter la création à travers la composition musicale et l’improvisation.
   On peut l’entendre au cours des offices dominicaux sous les doigts de l’un des trois organistes titulaires (Vincent DUBOIS, Olivier LATRY, Philippe LEFEBVRE) et le samedi soir lors d’une audition donnée par des organistes invités, venus du monde entier pour jouer ce prestigieux instrument. Ces auditions ont accueilli des milliers d’organistes des cinq continents. En outre des récitals d’orgue sont organisés en soirée dans le cadre de la saison de concerts de l’Association Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris.



L’orgue de chœur 

L’orgue de chœur est un instrument de 30 jeux répartis sur deux claviers et un pédalier. Son histoire commence au début du XIXe siècle, aux lendemains de la Révolution, moment où la «mode» des orgues de chœur se répand dans les églises pour palier au manque de musiciens du culte. Instrument du cœur de la liturgie de la cathédrale, il fait l’objet depuis ses origines de grand soin à l’image du talent des organistes qui s’y sont succédé.
   Prenant une part importante dans le dispositif musical de Notre-Dame de Paris, l’orgue de chœur remplit plusieurs fonctions rendues possibles grâce à la richesse et à la diversité de sa palette sonore. Pour les offices quotidiens de semaine au cours desquels il intervient seul, il se fait tantôt soliste, tantôt accompagnateur, soutenant le chantre ou l’assemblée. Le week-end ou lors de cérémonies exceptionnelles, il alterne avec le grand orgue pour le dialogue entre le chant de la foule et le chant venant du chœur. On peut dire qu’il est aussi l’instrument des chrétiens de l’île de la Cité, exprimant leurs joies et leurs peines aux différentes célébrations. Enfin, il se fait le partenaire privilégié et fidèle de la maîtrise de la cathédrale, que ce soit pour les nombreux concerts et enregistrements où sa présence est nécessaire comme pour les offices où le chœur et l’orgue unissent leurs voix pour chanter la Gloire de Dieu.
   D’avril 1989 à décembre 1992, lors de la restauration du grand orgue, ce fut le seul instrument de Notre-Dame; bien des organistes de passage à Paris avouèrent alors au titulaire, Yves CASTAGNET, combien ils auraient souhaité disposer d’un tel instrument… en tribune! 

14 avril 2019

L’art d’éliminer les journalistes d’enquête

J’ai trouvé la clé du bonheur.
Entourez-vous d’animaux et 
Tenez-vous loin des idiots.

Le «chat de l’ambassade»

Beaucoup d’internautes ont avancé diverses hypothèses sur le sort du chat de Julian Assange.   


Julian Assange, que la police britannique a arrêté et expulsé de l'ambassade équatorienne jeudi, aurait donné son chat bien-aimé en octobre dernier pour qu'il ne soit plus prisonnier avec lui. Assange a libéré le félin – connu sous le nom de «chat de l'ambassade» – car son «isolement est devenu insupportable» et pour «lui permettre une vie plus saine», a rapporté le journal italien La Repubblica.

Wikileaks confirme que le chat d'Assange est en sécurité
Par Rachel Frazin - 04/13/19 04:02 PM EDT

Wikileaks a confirmé après son arrestation vendredi que le chat de Julian Assange était en sécurité.
   «Nous pouvons confirmer que le chat d'Assange est en sécurité», a tweeté l'organisation samedi. «Assange a demandé à ses avocats de le sauver des menaces de l'ambassade à la mi-octobre. Ils seront réunis dans la liberté», a-t-on ajouté.
   «Nous pouvons confirmer que le chat d'Assange est sain et sauf. Assange a demandé à ses avocats de le sauver des menaces de l'ambassade à la mi-octobre. Ils seront réunis dans la liberté. #FreeAssange #NoExtradition pic.twitter.com/zSo8RfXXc9
    – WikiLeaks (@wikileaks) 13 avril 2019

The Hill

Maintenant que nous voilà rassurés sur le chat, allons au cœur de la manœuvre politique derrière l’arrestation d’Assange.

Le dénonciateur de la CIA Edward Snowden a décrit l'arrestation dramatique de Julian Assange comme un «moment sombre pour la liberté de la presse» et a qualifié Scotland Yard de «police secrète de la Grande-Bretagne».
   Snowden, qui a fui les États-Unis après avoir divulgué des fichiers top-secrets de la National Security Agency (NSA), s'est exprimé sur Twitter alors que le patron de Wikileaks était traîné hors de l'ambassade de l'Équateur.
   Edward Snowden a fustigé la police britannique pour l'arrestation du directeur de Wikileaks Julian Assange.
   Il a fallu six ou huit agents pour traîner Assange à travers les portes de l'ambassade et le hisser dans un fourgon de police qui attendait dehors.
   L'arrestation met fin à une saga de sept ans au cours de laquelle le pirate aux cheveux blancs s'est caché des autorités britanniques, suédoises et américaines.
   Snowden sur Twitter : «Les images de l'ambassadeur de l'Équateur invitant la police secrète du Royaume-Uni à se rendre à l'ambassade pour faire sortir de l'édifice un éditeur de journalisme primé, qu’il le veuille ou non, vont finir dans les livres d'histoire. «Les critiques d'Assange peuvent applaudir, mais c'est un moment sombre pour la liberté de presse.»
   Le gouvernement américain a accusé Snowden en 2013 d'avoir violé la loi sur l'espionnage du pays.
   La Russie lui a accordé l'asile cette année-là, asile prolongé au moins jusqu'en 2020.
   Snowden, 35 ans, a ensuite publié sur Twitter une capture d'écran d'une déclaration du Haut Commissaire des droits de l'homme aux Nations Unies écrite en 2016.
   Les importants documents «d’arrière plan» ont mis en évidence la position de l'ONU selon laquelle Assange a été détenu à tort et devrait revendiquer une compensation auprès de la Grande-Bretagne et de la Suède.
   Il a ajouté : «Les Nations Unies ont formellement déclaré que sa détention était arbitraire, une violation des droits de l'homme. Ils ont fait des demandes répétées pour qu'il soit libéré, même très récemment.»

Source :

Comment se débarrasse-t-on des journalistes d’enquête indésirables? D’abord on salit leur réputation (ce fut le cas d’Assange – la presse officielle a eu un malin plaisir à rapporter des calomnies à son sujet sans jamais rien vérifier). Ensuite, on les emprisonne, ou on les torture et les balance dans des ravins, ou on les empoisonne, ou encore on les fait dépecer et jeter dans des sacs à ordures, etc. Le nombre de journalistes d’enquête qui disparaissent et/ou sont tués à travers le monde augmente à chaque année.
À lire : la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer sur
Reporters sans frontières : https://rsf.org/

Mairead Maguire Requests Permission to Visit Assange
In Human Rights – by Mairead Maguire – April 14, 2019

[...] “Unfortunately, it is my belief that Julian Assange will not see a fair trial. As we have seen over the last seven years, time and time again, the European countries and many others, do not have the political will or clout to stand up for what they know is right, and will eventually cave into the Unites States’ will. We have watched Chelsea Manning being returned to jail and to solitary confinement, so we must not be naive in our thinking: surely, this is the future for Julian Assange.
   “I visited Julian on two occasions in the Ecuadorian Embassy and was very impressed with this courageous and highly intelligent man. The first visit was on my return from Kabul, where young Afghan teenage boys, insisted on writing a letter with the request I carry it to Julian Assange, to thank him, for publishing on Wikileaks, the truth about the war in Afghanistan and to help stop their homeland being bombed by planes and drones. All had a story of brothers or friends killed by drones while collecting wood in winter on the mountains.
   “I nominated Julian Assange on the 8th January 2019 for the Nobel Peace Prize. I issued a press release hoping to bring attention to his nomination, which seemed to have been widely ignored, by Western media. By Julian’s courageous actions and others like him, we could see full well the atrocities of war. The release of the files brought to our doors the atrocities our governments carried out through media. It is my strong belief that this is the true essence of an activist and it is my great shame I live in an era where people like Julian Assange, Edward Snowden, Chelsea Manning and anyone willing to open our eyes to the atrocities of war, is likely to be hunted like an animal by governments, punished and silenced.”
   “Therefore, I believe that the British government should oppose the extradition of Assange as it sets a dangerous precedent for journalists, whistleblowers and other sources of truth the US may wish to pressure in the future. This man is paying a high price to end war and for peace and nonviolence and we should all remember that.”

Mairead Maguire, Nobel Peace Laureate, Co-Founder, Peace People Northern Ireland, Member of World BEYOND War Advisory Board

Source:

The Assange Arrest Is A Warning From History
In Human Rights – by John Pilger – April 13, 2019

The glimpse of Julian Assange being dragged from the Ecuadorean embassy in London is an emblem of the times. Might against right. Muscle against the law. Indecency against courage. Six policemen manhandled a sick journalist, his eyes wincing against his first natural light in almost seven years.
   That this outrage happened in the heart of London, in the land of Magna Carta, ought to shame and anger all who fear for “democratic” societies. Assange is a political refugee protected by international law, the recipient of asylum under a strict covenant to which Britain is a signatory. The United Nations made this clear in the legal ruling of its Working Party on Arbitrary Detention.
   But to hell with that. Let the thugs go in. Directed by the quasi fascists in Trump’s Washington, in league with Ecuador’s Lenin Moreno, a Latin American Judas and liar seeking to disguise his rancid regime, the British elite abandoned its last imperial myth: that of fairness and justice.
   Imagine Tony Blair dragged from his multi-million pound Georgian home in Connaught Square, London, in handcuffs, for onward dispatch to the dock in The Hague. By the standard of Nuremberg, Blair’s “paramount crime” is the deaths of a million Iraqis. Assange’s crime is journalism: holding the rapacious to account, exposing their lies and empowering people all over the world with truth.
   The shocking arrest of Assange carries a warning for all who, as Oscar Wilde wrote, “sew the seeds of discontent [without which] there would be no advance towards civilisation”. The warning is explicit towards journalists. What happened to the founder and editor of WikiLeaks can happen to you on a newspaper, you in a TV studio, you on radio, you running a podcast.
   Assange’s principal media tormentor, the Guardian, a collaborator with the secret state, displayed its nervousness this week with an editorial that scaled new weasel heights. The Guardian has exploited the work of Assange and WikiLeaks in what its previous editor called “the greatest scoop of the last 30 years”. The paper creamed off WikiLeaks’ revelations and claimed the accolades and riches that came with them.
   With not a penny going to Julian Assange or to WikiLeaks, a hyped Guardian book led to a lucrative Hollywood movie. The book’s authors, Luke Harding and David Leigh, turned on their source, abused him and disclosed the secret password Assange had given the paper in confidence, which was designed to protect a digital file containing leaked US embassy cables.
   With Assange now trapped in the Ecuadorean embassy, Harding joined the police outside and gloated on his blog that “Scotland Yard may get the last laugh”. The Guardian has since published a series of falsehoods about Assange, not least a discredited claim that a group of Russians and Trump’s man, Paul Manafort, had visited Assange in the embassy. The meetings never happened; it was fake.
   But the tone has now changed. “The Assange case is a morally tangled web,” the paper opined. “He (Assange) believes in publishing things that should not be published… But he has always shone a light on things that should never have been hidden.”
[...]

John Pilger is an acclaimed documentary film maker.

Source:

3 avril 2019

L’Albatros, de Baudelaire à 1000 jours

À la recherche de l’albatros

Daphné Laurier-Montpetit | 13 juin 2013
Transit de la Polynésie Française aux îles Salomon
1000 jours pour la planète 

Albatros à sourcils noirs (Thalassarche melanophris). Crédit photo Jean Lemire 

Me voilà dans l’hémisphère sud, au beau milieu du Pacifique. Rien que du bleu autour et quelques poissons volants. Parfois, on devine une île à proximité par la présence d’oiseaux marins. Il y a quelque chose de si majestueux chez ces animaux! Grande romantique que je suis, je répète intérieurement mon poème favori :

Souvent pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

Je rêve de voir cet oiseau depuis ma première lecture du poème de Baudelaire, dans un cours de français au secondaire. Je me retrouve finalement dans le domaine de l’albatros, les yeux grands ouverts.

C’est dans l’hémisphère sud et dans le Pacifique qu’on retrouve ce voyageur, là où les vents sont favorables. Dans l’Atlantique, où les courants d’air sont incertains, il risquerait de rester prisonnier. J’ai beau scruter l’horizon, pas d’albatros en vue. J’en suis bien certaine, parce que son vol est si particulier qu’on le reconnaît au premier coup d’œil. Armé de ses ailes immenses, mesurant parfois plus d’un mètre chacune, l’albatros plane sur des milliers de kilomètres.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Pas étonnant qu’il soit si encombré, une fois à terre. Cet oiseau est né pour planer, pouvant rester plusieurs dizaines de jours en vol, sans jamais se poser! Toutes ailes déployées, il se laisse porter par les grands vents, dépensant à peine plus d’énergie qu’au repos. Si le vent tombe, l’albatros se pose sur l’eau, indiquant le mauvais temps au marin attentif.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid!
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait!

Je pense au sort de l’albatros. Si les marins ne pratiquent plus les jeux cruels décriés par le poème, l’oiseau n’est malheureusement pas tiré d’affaire. Après des années de chasse intensive pour sa viande et ses plumes, ce sont aujourd’hui les filets de pêche et le plastique qui le guettent. On estime que 100 000 albatros rendent l’âme chaque année, après s’être empêtrés par accident dans les palangres destinées aux grands thons. Aux îles Midway, les albatros de Laysan se remplissent l’estomac de morceaux de plastique à la dérive, jusqu’à mourir de malnutrition. Ce sont donc 18 des 22 espèces d’albatros qui sont aujourd’hui menacées. C’est à se demander si j’en verrai un jour...

Je garde l’œil ouvert sur la mer, à la recherche du mythique albatros. Anciennement, une superstition disait que ces oiseaux portaient l’âme d’un marin perdu en mer. L’écologiste, l’amoureuse de la mer et la poétesse en moi s’unissent quand je pense à L’Albatros.

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.



Albatros à queue courte

Crédit photo Jean Lemire

L’albatros à queue courte (Phoebastria albatrus) est un albatros de taille moyenne dont la petite queue lui vaut son nom. Plus des 4/5 de la population totale nidifient sur l’île de Torishima, à 480 km au sud du Japon. Les données satellitaires montrent que l’aire d’alimentation des albatros à queue courte couvre tout le Pacifique Nord, des zones tempérées aux zones subarctiques. Quelques oiseaux ont été observés à Midway, dans l’archipel d’Hawaï, durant la saison de reproduction.

Les observations réalisées sur Torishima témoignent du rythme suivi par l’espèce pour perdurer. Les couples se forment pour la vie. La femelle et le mâle peuvent demeurer quelques années ensemble avant de s’accoupler pour la première fois, vers l’âge de 8 ou 9 ans. La saison d’accouplement commence au début octobre; la ponte se déroule vers la fin du mois et au début novembre. Le fruit de cette union n’est qu’un seul œuf, lequel sera couvé durant 65 jours. L’éclosion des oisillons se produit à la fin décembre et au cours du mois de janvier. Les petits commencent à voler à la fin mai et durant juin. La maturité sexuelle est atteinte vers 4 ans.

Population : environ 2 300

Au cours des 19e et 20e siècles, les albatros à queue courte ont été chassés à outrance pour leurs plumes. Jusqu’à 10 millions d’oiseaux auraient été ainsi tués. En 1933, le gouvernement japonais a interdit la chasse des albatros à queue courte sur Torishima, de loin le plus important site de nidification. Toutefois, ces oiseaux commencèrent à déserter l’île. En 1949, on croyait l’espèce éteinte, mais elle fut redécouverte en 1951. Une cinquantaine d’individus en bas âge avaient sans doute continué à vivre en mer. L’espèce est maintenant activement protégée et, depuis 1954, l’île est redevenue un lieu de nidification et de ponte.

Malgré les mesures de protection adoptées, l’espèce demeure exposée à une foule de dangers. Comme tous les albatros, ils s’empêtrent aisément dans l’équipement de pêche (palangre) et les débris de plastique sont facilement pris pour de la nourriture.

Torishima étant une île volcanique, une éruption durant la saison de reproduction pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour l’espèce. Les autorités japonaises sont prêtes à déménager les albatros à queue courte si cette situation devait se produire.

En 2010, des séismes volcaniques ont causé un glissement de terrain qui a enseveli plusieurs oisillons sur l’île de Torishima.

RÉFÉRENCES: Liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et Encyclopedia of Life.


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