Photo :
Dinuka Liyanawatte, Reuters. Un homme pleure la mort d'un proche.
Selon
le bilan actuel, la série d’attentats dans des hôtels et des églises a tué 207
personnes, dont 35 étrangers, et blessé 450 personnes. Pour les catholiques sri-lankais,
à l'instar de ceux du reste du monde, Pâques est l'un des temps forts de
l'année religieuse chrétienne.
Le ministre des Finances Mangala
Samaraweera a déclaré sur Twitter que les attaques semblaient être «une
tentative coordonnée pour provoquer des meurtres, le chaos et l'anarchie».
C’est infiniment triste, mais on n’a sans
doute pas voulu croire aux alertes. Les attentats n’ont pas encore été revendiqués,
mais le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait alerté ses
services il y a 10 jours en
indiquant qu'un mouvement islamiste appelé NTJ (National Thowheeth Jama'ath)
projetait «des attentats suicides contre des églises importantes et la Haute
commission indienne». Malheureusement trop tard... toutes les célébrations de
Pâques ont été annulées dans le pays.
Les autorités sri-lankaises ont décrété un
couvre-feu immédiat et le blocage temporaire des réseaux sociaux pour empêcher
la diffusion d’«informations incorrectes et fausses» en réponse à ces
explosions.
Photo
: Ishara S. Kodikara / Agence France-Presse. Les premières explosions qui ont
été rapportées se sont produites à l’église Saint-Antoine, dans la capitale, et
à l’église de Negombo.
«Élevons un peu notre pensée.
Qu'est-ce que le désir de la gloire chez les hommes, à bord de cette terre qui
vogue dans l'espace infini où elle naufragera un jour?
Il me semble voir à bord d'un gros
vaisseau destiné au naufrage, ou plutôt dont le naufrage est continuel et déjà
commencé, de nombreux passagers desquels pas un n'arrivera, et dont les
premiers morts ont un désir insensé d'occuper la mémoire des survivants, de
ceux qui vont bientôt disparaître et s'abîmer à leur tour.
Il est vrai qu'à le voir de près, le
vaisseau est immense, que les passagers d'un pont ne connaissent pas ceux d'un
autre pont, et que la poupe ignore la proue; cela fait l'illusion d'un monde.
Il est vrai encore qu'en même temps on
meurt en un coin du vaisseau, on danse, on se marie, on fête les naissances
tout à côté, et que l'équipage se reproduit et ne diminue pas.
Mais, qu'importe? Il n'est pas moins
voué tout entier à un seul et même terme. Nul ne sortira de cette masse
flottante pour aller porter son nom ni celui de ses semblables sur les rivages
inconnus, sur les continents et les îles sans nombre qui étoilent le
merveilleux azur. Tout se passe entre soi et à huis-clos. Est-ce la peine? – J'ai
fait la paraphrase, mais Pascal a rendu d'un mot cette pensée : combien de royaumes nous ignorent!»
~
Charles-Augustin Sainte-Beuve, 1804-1869 (Mes
Poisons)
~~~
«La pensée de Nietzsche, comme sa vie, est
emblématique d'une crise qu'il pressentait imminente et qui est la nôtre :
crise des valeurs et des identités, obsession du travail et de la «croissance»,
cynisme, dépressions et narcotiques multiformes, règne de la pensée unique.
Nietzsche mesurait la santé d'un homme à l'amour qu'il se portait à lui-même;
non pas à la relation plus ou moins maniaco-dépressive que chacun entretient
avec son image, mais au lien profond, voire souterrain, qu'on entretient avec
son existence tout entière.» (Louis Godbout, journal Le Devoir, 2000)
«Primitivement
l'individu fort traite, non seulement la nature, mais encore la société et les
individus faibles comme des objets de proie : il les exploite tant qu'il peut,
puis continue son chemin. Parce qu'il vit dans une grande incertitude,
alternant entre la faim et l'abondance, il tue plus de bêtes qu'il ne peut en
consommer, pille et maltraite plus d'hommes qu'il ne serait nécessaire.
Sa manifestation de puissance est en même
temps une expression de vengeance contre son état de misère et de crainte; il
veut, en outre, passer pour plus puissant qu'il n'est, voilà pourquoi il abuse
des occasions : le surcroît de crainte qu'il engendre est pour lui un surcroît
de puissance.
Ce
n'est pas ce qu'il est, mais ce pour quoi il passe qui le soutient ou l'abat :
voilà l'origine de la vanité.»
~ Friedrich
Nietzsche, 1844-1900 (Humain, trop humain)
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