27 décembre 2012

La tempête


J’aime les descriptions de l’hiver dans les romans de Gabrielle Roy. Vous aimerez peut-être cet extrait de Rue Deschambault.
 
Tableau : Winslow Homer
--------
 
L’hiver, au Manitoba, à la chère belle ferme de mon oncle, est-ce que nous dormions, à seize ans, les veilles de fêtes, lorsque le soleil en s’éteignant avait pris couleur inquiétante? Nous nous éveillions maintes fois pour écouter, d’une oreille méfiante, si le vent ne  grondait pas trop fort au-dessus du toit, et, pour un moment, nous nous rendormions en tirant jusqu’au menton la bonne couverture de laine.
       Or le matin de la fête, nous avons vu en nous levant que la neige tombée la veille se tenait coite; elle adhérait au sol, dormant sur place, comme un gros chat tranquille les pates en manchon. Un peu de soleil faisait luire les milles clignements d’œil de cette bête assoupie. Et nous avons pensé, ma cousine Rita, ses deux frères, Philippe et Adrien,  et moi qui me trouvais en vacances chez eux, que tien ne pourrait nous empêcher d’aller au rendez-vous de toute une jeunesse des environs, chez ces amis de mes cousins, les Guérin que je ne connaissais pas, mais ce seraient des gens aimables!... Comme j’étais prête à les aimer ces inconnus chez qui nous allions accourir par douze milles d’affreux chemin!
       Nous avions décidé de partir vers quatre heures de l’après-midi, nous accordant deux heures pour l’aller, car nous devions y être pour le souper. Quant au retour, est-ce que nous nous en inquiétions! Il se ferait sans doute aux petites heures de la nuit suivante, par un froid glacial. N’importe! []
       Vers deux heures, le ciel s’éteignit presque. De la maison de mon oncle Nicolas, bâtie su fond d’un petit bois, nous ne distinguions plus que les premiers trembles qui s’approchaient tout près de la galerie, petits arbres levant des branches noires dans un jour qui, peu à peu, comme une brume, avalait le geste des arbres, puis les arbres eux-mêmes; bientôt, nous aurions pu nous croire habitant non plus une maison des bois mais de n’importe où, en pays inconnu, une maison de montagne peut-être, tant elle devenait seule!... Et la neige commença de s’étirer à partir du sol, puis de voler, de monter, de remplir l’atmosphère. Mais mon cousin Philippe en riant dit qu’il connaissait si parfaitement le chemin pour aller chez les Guérin qu’il faudrait plus que cette poudrerie* pour l’empêcher de nous y conduire.
       Alors, il fut question de l’équipage que nous prendrions. Il y avait, chez mon oncle, pour voyager l’hiver, plusieurs moyens, et d’abord la vieille Ford avec ses toiles latérales garnies de petits carrés de mica, mais on s’en servait peu, car les chasse-neige n’existaient pas en ces temps-là pour ouvrir les routes. []
       Oh!, la bonne cabane de ces temps-là!
       [] Celle de mon oncle, toutefois, était sans poêle, depuis qu’un cahot de la route, ayant un jour jeté par terre les tisons et tout, le feu avait chassé dehors les occupants exposés à mourir de froid.
       Mais qu’elle était tout de même confortable, notre cabane en bonnes planches de sapin, tapissée à l’intérieur d’un gros papier brun, avec ses deux bancs rembourrés! []
       Vers trois heures et demie, croyant devancer la tempête, nous nous empilâmes en riant sous nos chaudes peaux de bison, des briques chauffées à nos pieds.
       Mon oncle était de mauvaise humeur. Oublieux du temps où il courait les danses à vingt milles à la ronde, il grommela que nous ferions mieux de rester au chaud par une journée comme celle-ci; qu’en tout cas, s’il nous fallait absolument partir, du moins devrions-nous prendre un traîneau plutôt que cette cabane de laquelle nous ne verrions ni les tournants, ni aucun repère de la route…
       Mais Philippe tira les rênes, et la cabane partit. [] Et nous voici jetés les uns contre les autres, riant, nous dégageant, retombant contre nez. []
       Mon cousin Philippe distingua un peu la ligne des bois tant que nous fûmes dans le petit chemin municipal, il n’y avait plus rien pour nous guider, car les bois s’étaient éloignés de la route, et nous n’en voyions plus rien. Du reste, le petit panneau vitré était devenu tout opaque de givre. Et puis qu’aurions-nous pu voir du dehors!
       [] À quatre heures à peine nous étions plongés dans l’obscurité.
       Alors nous avons allumé un fanal que nous avons essayé de pendre à son crochet au plafond. Mais les soubresauts menaçaient à tout instant de le faire choir sur nos têtes, et on finit par le tenir à la main, chacun à son tour. []
       Philippe, l’œil collé au panneau, renonça à essayer de voir quelque chose au dehors. Il laissa les rênes flotter, disant que les chevaux d’eux-mêmes iraient certainement jusqu’à la fourche des quatre chemins; là, au croisement, nous trouverions la ligne du téléphone; on n’aurait plus qu’à la suivre, de poteau en poteau, jusque chez les Guérin… jeu d’enfants!
        [] Et nous commençâmes, nous quatre, à raconter un peu ce que nous ferions plus tard une fois affranchis, tout à fait libres. []
        -- Si nous choisissions plutôt de mourir ensemble avant de devenir vieux, laids, bougons! Rien de plus facile! Nous n’aurions qu’à partir à pied dans la tempête…
       Ma cousine eut un petit frisson, et elle dit que nous avions bien le temps de vivre encore un peu avant d’être laids, d’être bougons… que du moins nous irions d’abord à la fête, n’est-ce pas?...
       À ce moment, la cabane donna quelques  grands coups comme si elle attaquait une rude pente, puis elle s’arrêta.
       Nous avons cessé de rire. [] Philippe ouvrit la porte, et la tempête sauta sur nous à l’intérieur de la cabane comme un démon. []
       Nous sortîmes un à un, pliés contre le vent, étouffés et presque aveuglés par sa violence. En aiguilles de feu, la neige piqua nos yeux. Mais eussions-nous pu malgré tout les tenir ouverts, qu’aurions-nous pu voir? Rien n’appartient mieux au vent que la neige si docile, si malléable! Et cette fine poussière gonflée, voici que le vent la tenait toute dans l’air. Oh! les beaux jeux du noir et du blanc confondus!
       L’exaltation que m’a toujours donnée la tempête était trop forte pour que le sentiment du danger pût avoir de prise sur moi. Debout près de la cabane, j’écoutais le vent, d’abord préoccupée de saisir ce qu’il disait, de définir ses grands coups de cymbale, ensuite sa pauvre plainte longuement étirée. Comment, sans autre instrument que lui-même, le vent produisait-il une telle variété de sons, un orchestre complet parfois d’éclats de rire et de douleur! Longtemps plus tard, quand il me fut donné d’entendre les cris des Walkyries, je me dis que c’était bien la musique du vent entendue autrefois, lorsqu’il chevauchait mille chevaux de neige au Manitoba.
        [] Remettons-nous en route. Les chevaux d’eux-mêmes nous ramèneront peut-être au chemin.
        Avant de rentrer dans la cabane, j’allai, me guidant le long de leurs flancs qui humaient, jusqu’à la tête de nos chevaux. Oh! leurs pauvres yeux! La vapeur sortant de leurs naseaux avait gelé sur leurs paupières; lourdes de glace, elles ne pouvaient plus s’ouvrir. Soufflant sur leur tête, réchauffant à notre haleine nos mais que nous appliquions ensuite sur cette glace, peu à peu nous avons délivrés leurs yeux vivants, à peine étonnés, qui papillotèrent en nous retrouvant de leur regard… En route encore une fois!
       Longtemps nos chevaux marchèrent, comme sûrs d’eux-mêmes, appuyant leur tête l’une contre l’autre, pour s’encourager sans doute.
       Plus tard, quand, de nouveau arrêtés, nous avons revu l’étrange et sinistre habitation noire au fond de la neige, nous n’avons pas eu peur.
       -- Ce doit être la même, dit Philippe. Dans la tempête, les chevaux tournent en rond.
       Alors une sorte de désespoir atteignit Adrien.
       -- Nous allons toujours et toujours revenir à ce tas de paille, se plaignit-il. C’est fatal.
       Et il parla d’un fermier qui, l’hiver dernier, ou était-ce deux ans auparavant, s’était égaré par une nuit pareille, en se rendant de sa maison à ses bâtiments.
       []
       -- Là-bas, si loin, il me semble avoir vu une lumière!...
       Tous les quatre, rapprochés, nous avons longtemps scruté cette houle de neige.
       [] Nous avons marché, tirant nos chevaux par la bride, vers cette lumière que nous n’avons plus revue ensemble, mais à tour de rôle. Au bout de cinq minutes, la lumière m’apparut un peu plus certaine, mieux saisissable. Presque au même instant, je heurtai un arbre.
       Immédiatement surgit une grande forme d’habitation, encore très imprécise, très lointaine.
       [] Quelques pas encore, et nous eûmes contourné le côté obscur de la maison carrée. Nos chevaux tentèrent de nous échapper. Une fenêtre éclairée s’encadra dans la nuit. Et enfin, nous avons vu la lampe à sa place sur une tablette, puis, non loin, la face de la veille pendule qu’un reflet éclairait; la berceuse aussi, et, sans doute, la chatte endormie sur un coussin; chaque chose à sa place!
       Élevant une lampe à la hauteur de ses yeux, mon oncle parut sur le seuil. Son visage disait le contentement de nous voir revenus et l’étonnement de nous découvrir si pue chagrinés.
       -- Entrez, entrez, bande de jeunes fous! Je me disais bien aussi que vous rebroussiez chemin… La sagesse vous est enfin venue, pauvres petits fous!...

* Tempête de neige, blizzard.

La tempête
Rue Deschambault
Gabrielle Roy
Flammarion; 1955  

Gabrielle Roy, avec des enfants de l'école où elle enseignait peut-être...
--------
COMMENTAIRE

Un ami et moi nous sommes égarés en ski de randonnée lors d’une tempête. Nous étions partis très tôt le matin pour baliser des pistes (en skis tout court, non pas en Ski Dozer), sans boussole ni carte ni repères. (Très très malin! Il fallait être jeune, intrépide, inconscient, et se croire invincible pour faire pareille chose.) Donc, à un certain moment, il s’était mis à neiger et venter très fort, à haute vitesse et sans relâche, alors que nous étions déjà très éloignés du camp de base. La neige avait recouvert toutes les pistes. Nous avons retrouvé le camp sept heures plus tard! totalement épuisés, vidés, vannés… En plus, ayant chuté sur une pente, je m’étais pété le nez sur la glace; il s’était mis à tellement enfler que j’ai pensé qu’il était cassé. Heureusement que non.

Quand il neige ici, il neige… toute trace de nous peut disparaitre dans le temps de le dire. Ensevelissement garanti, gratuit, pas besoin de d’entrepreneurs de pompes funèbres. Mais, ça ne doit pas être drôle de mourir de froid, pas plus que de chaleur ou de faim… Tout compte fait, je préfèrerais mourir de rire; mais encore là, ce pourrait être passablement douloureux.

A bit of humor…


Manitoba Blizzard
 
When Lena got off work up there at Lake Woebegone, it was snowing heavily and blowing to the point that visibility was almost zero. She made her way to her car and wondered how she was going to get home.
 
She sat in the car while it warmed up and thought about her situation. She remembered Bill's advice that if she got caught in a blizzard, she should wait for a snowplough to come by and follow it. That way she would not have to worry about going off the road or getting stuck in a snow drift.
 
Sure enough, in a little while, a snowplough went by and she pulled out and began to follow it. As she followed along behind the snowplough, she felt quite comfortable and smug as they continued on their way and she was not having any problem with the blizzard or road conditions.
 
After some time had passed, she was somewhat surprised when the snowplough stopped. The driver got out of the cab and came back to her car. He signalled her to roll down her window and asked if she was all right, as she had been following him for a long time.
 
Lena said she was fine and told him of her husband’s advice to follow a plough when caught in a blizzard.
 
The driver replied it was okay with him and that she could continue to follow him if she wanted... 
 
But he wanted her to know that he was done with the Wal-Mart parking lot and was going over to Canadian Tire next.

23 décembre 2012

J’aime mieux les fées

Un joli montage photo contemporain représentant des esprits de la nature...  

À l’âge de cinq ans, ma mère m’a amenée rencontrer le Père Noël chez Eaton -- chaine de grands magasins (1). Je n’ai pas du tout aimé ce vieux bonhomme rouge et son faux rire (2). De toute façon, je savais que c’était mes parents qui achetaient les cadeaux.

Alors, j’ai refusé de m’assoir sur les genoux de ce faux-jeton, et j’ai trottiné joyeusement vers la Fée des étoiles. Elle n’était pas plus authentique que le Père Noël, mais elle semblait plus sympathique. Comme j’aurais aimé recevoir en cadeau sa baguette magique couverte d’étoiles brillantes! J’avais eu la piqure de la magie en voyant The Wizard of Oz au cinéma peu avant.

L’on trouve dans les cultures de toutes les époques, l’idée qu’il existe des créatures ni humaines ni animales, des sortes d’esprits qui veillent sur la nature. Selon les cultures, on les appelait dévas ou fées, elfes, gnomes… Ces créatures se manifestent aux clairvoyants en empruntant différentes apparences, souvent humaines; mais ce sont essentiellement des vortex d'énergie. Il existe une abondante iconographie les illustrant.


D’origine sanscrite le mot déva signifie «être de lumière». Il désigne globalement les êtres spirituels qui régissent la nature. Les dévas ont une connaissance instinctive des interactions énergétiques. Ils vivent au plan astral et sont les gardiens de la mémoire ou de la maintenance des choses. Leur but est aussi d’améliorer les formes de vie avec lesquelles ils travaillent, en fonction des influences physiques en présence. Ils ont chacun leur champ d’action spécifique. Par exemple, les dévas des fleurs ne s’occupent que des fleurs, d’autres que des corps physiques, d'autres encore que des objets, etc. Ils sont toujours prêts à coopérer avec les humains; d’où l’avantage de s’ouvrir à une coopération mutuelle – Eileen Caddy en fut un excellent exemple.


Les êtres spirituels de la nature sont innombrables. Peut-être aurez-vous le plaisir d'en voir quelques-uns en forêt ou dans votre potager. Ces petites lumières sont ravies lorsque nous apprécions leur travail et que nous les remercions. Même si vous ne les voyez pas, remerciez-les, vous ressentirez leur présence.


La science a démythifié ces petits ouvriers des mondes subtils, puisqu’elle peut maintenant expliquer tous les mystères… enfin presque. Les scientifiques ne sont pas très ouverts à l’idée qu’il y a peut-être une Intelligence qui veille à la réalisation de nos formes-pensées – ou cocréations. Alors, même si la science nous dit que la photosynthèse fait en sorte que les feuilles verdissent, par delà cette constatation, comment expliquer le phénomène?

*******
NOTES
 

(1) J’aimais bien le restaurant art déco du 9e étage chez Eaton, avec ses vieilles clientes qui semblaient ressuscitées des vestiges du Titanic. On a revampé son look quelques années avant sa disparition en 1999.
       En 2000, la ministre de la Culture classait comme monument historique, la salle à manger, son foyer promenoir, le mobilier, ainsi que les murales et bas-reliefs du restaurant à la demande déposée par Héritage Montréal. La transformation de l’ancien magasin Eaton en centre commercial a entrainé la démolition de la cuisine du restaurant du 9e étage, dont certains des équipements anciens ont été sauvegardés et entreposés en vue d’un éventuel retour. Bien qu’il soit actuellement conservé en hibernation par le propriétaire avec l’attention du ministère de la Culture, ce lieu magnifique sombre chaque année davantage dans l’oubli ce qui, à moyen terme, peut en menacer sa conservation tout en privant la population d’un lieu emblématique.

 
(2) Attirant le Santa Claus de 1906? Bien sûr, dans les années ‘50 il est devenu moins repousssant; par contre il s'est mis à ressembler à une machine distributrice de Coca-Cola…



-------
Les personnes qui lisent Situation planétaire depuis le début savent que je suis allergique aux fêtes – non pas aux congés qui viennent avec, bien sûr.
Si mon point de vue humoristique vous intéresse ... :
ce lien a été réactivé http://situationplanetaire.blogspot.ca/2010/12/les-fetes.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/12/la-saison-de-livresse.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/01/anesthesiant-onereux.html

21 décembre 2012

Paul Lung : mine 0,5mm sur papier A2!


Catégorie «travail de moine»  

Il y a eu tout un quiproquo à propos de cet artiste. Certains prétendaient qu’il s’agissait de trucages ou de superpositions photographiques. Si bien qu’il a dû se filmer pour prouver qu’il ne s’agit pas de photos mais bien de dessins hyperréalistes.
 
Plusieurs artistes réalisent des chefs-d’œuvre au crayon, mais ceux de Paul Lung, notamment ses chats (poil par poil) sont impressionnants!
 
Il n’utilise jamais d’efface. Ses sketchs, inspirés de ses propres photos, peuvent prendre jusqu’à 60 heures de travail chacun.
 
L’artiste habite à Hong Kong. Il dessine principalement chats, famille et amis, «avec émotion et passion», dit-il. Il en faut...
 

  
 

19 décembre 2012

Les préceptes de Ryôkan


Artiste : Sherrie Lovler, Ink Monkey Press


Les préceptes* 

Un ensemble de conseils donnés par Ryôkan à ses contemporains. Toujours bien connus au Japon, on trouve encore parfois ces préceptes affichés dans les demeures des gens.

Ne pas trop parler.
Ne pas parler vite.
Ne pas parler fort.
Ne pas donner son avis quand il n’est pas sollicité.
Ne pas couper la parole…
Ne pas dire le contraire de ce que l’on pense.
Ne pas prendre la parole avant que l’autre ait terminé sa phrase.
Adapter les propos à la situation.
Ne pas parler de raison à quelqu’un qui est ivre.
Ne pas parler de raison quand soi-même, on est ivre.
Ne pas parler de raison à un homme en colère.
Ne parler de raison quand on est soi-même en colère.
Ne pas insister sur les détails.
Ne pas parler en exigeant.
Ne pas dévoiler ce qu’un autre veut cacher.
Ne pas faire de demi-plaisanteries.
Ne pas taquiner à la légère.
Ne pas surestimer quelqu’un.
Ne pas répondre à quelqu’un sans bien comprendre ce qu’il veut dire.
Ne pas aborder des sujets de querelles.
Ne pas parler de sujets politiques.
Ne pas tromper un enfant.
Ne pas faire de leçons savantes à un enfant.
Ne pas parler longtemps sans raison.
Ne pas prendre plaisir à utiliser un mot dont on n’a pas complètement compris le sens.
Ne pas parler avec mystère.
Ne pas tenir des propos inutiles.
Ne pas dire de mal d’autrui.
S’abstenir de propos pas vraiment utiles.
Il est difficile d’écouter avec attention la réponse d’autrui.
Il est difficile d’exprimer quelque chose dans sa totalité.
Il faut savoir extraire les aspects nécessaires et faire un résumé.
Ne pas revenir sans cesse sur quelque chose que l’on a irrémédiablement perdu.
Ne pas parler de ses exploits.
Ne pas se glorifier de ses succès.
Ne pas développer des choses sans importance en sachant qu’elles sont sans importance.
Ne pas dire à quelqu’un quelque chose qu’il lui est insupportable d’entendre.
Ne pas lui dire des choses qu’il n’aime pas entendre.
Ne pas dire quelque chose sans tenir compte de l’état émotionnel de l’autre.
Ne pas parler à haute voix auprès de quelqu’un qui dort.
Ne pas faire semblant de tout savoir.
Ne pas forcer quelqu’un à écouter son propre avis.
Ne parler pas de sujets religieux impunément.
Ne pas abuser de paroles pour demander un service à quelqu’un mais dire juste ce qui est nécessaire.
Ne pas tenir tête.
Ne pas user de flatteries.
Ne pas faire de reproches avant d’avoir fait le tour de la question.
Ne pas faire facilement des promesses car l’on risque de manquer à sa parole.
Ne pas tenir de propos licencieux.
Ne pas aborder un nouveau sujet alors que l’on n’a pas fini de traiter le premier.
Ne pas dire à l’un ce que l’on veut dire à l’autre.
Parler sous le couvert de la gentillesse peut se transformer en rancune.
Ne pas médire dans le dos de quelqu’un mais lui dire en face, ce que l’on pense.
Ne pas parler de quelqu’un d’un sujet qu’il ne connait pas.
Sous le couvert du savoir, dire des choses que l’on ne sait pas.
Dire tous les mots qui expriment le regret est regrettable.
Ne pas revenir sur des paroles déjà dites.
Ne pas se confondre en amabilités.
Ne pas dire à quelqu’un ce qui n’est pas convenable pour lui. 

~ Daigu Ryokan (1758-1831)

-------
* Contes Zen
Ryôkan Le moine au cœur d’enfant
Traduction du japonais et composition par Claire S. Fontaine
Le Courrier du livre; 2001 

Ryôkan n’a pas laissé de notes précises sur les évènements de sa vie mais a légué, à travers des textes poétiques et son admirable calligraphie, un trésor de sagesse infinie.
       Sur le ton du conte, le lecteur trouvera dans ces pages des anecdotes qui lui permettront de rencontrer ce personnage exception inscrit dans la mémoire du peuple japonais comme « le moine qui jouait à la balle avec les enfants ».

Extrait de l’avant-propos :
Ryôkan n’a pas choisi la solitude, ni la pauvreté comme un renoncement aux choses du monde. Ryôkan n’a renoncé à rien, il s’est mis en position d’accueillir et de recueillir la totalité de l’univers. () Peut-être ce moine « pauvre et solitaire » fut l’être le plus riche et le plus entouré qui soit. Riche et entouré des myriades de cellules vivantes de toutes les galaxies… Et tous ceux qu’il rencontrait, ses amis, les paysans, les villageois, les enfants, étaient comme contaminés par cet espace infini que Ryôkan portait en lui et qui rayonnait sous forme de douceur. ~ Claire S. Fontaine

COMMENTAIRE

Je garde cette liste bien en vue, à proximité du téléphone et de l’ordi…

Les réseaux sociaux sont en totale opposition à ces préceptes, oh-la-la! Si nous les suivions, je suppose qu’une quantité phénoménale de médias disparaitraient.

 
-------
Pensée du jour :

C’est l’intelligence du téléphone qui augmente tandis que celui de l’usager plafonne.
~ Pierre Verville, humoriste

17 décembre 2012

L’Amour n’est pas une émotion


L’Amour est une force, néanmoins, il rend vulnérable.
Vous pouvez expérimenter l’amour, mais vous ne pouvez pas le décrire ou l’expliquer totalement.
L’Amour est au-delà de la vue, du toucher, de l’odorat et de l’ouïe.
Quand il y a Amour, l’égo s’évapore comme rosée au soleil.
L’Amour ne tolère pas la distance; la haine ne peut tolérer la proximité.
L’Amour est un phénomène de lâcher prise total.
 
-------
 L’Amour unit
 
L’amour unit. La perfidie divise et désunit. Il est important de trouver l’harmonie et l’unité qui ne peuvent être atteintes que lorsque tout est exposé au grand jour. Lorsque l’amour s’épanche, tous les obstacles s’écroulent. Ne résiste pas au mal, mais surmonte le mal par le bien. Garde cette pensée en toi. Beaucoup de forces sont à l’œuvre dans le monde d’aujourd’hui : des forces de lumière et des forces de ténèbres. Concentres-toi sur les forces de lumière, et sur ce qu’il y a de meilleur en chaque personne et en chaque chose. C’est là ton rôle dans le concert du monde. C’est de cette façon que ton aide sera la plus précieuse.
 
~ Eileen Caddy, Ce qu’il m’a dit
 
-------
Quand le cœur parle et que le cœur écoute, l’harmonie en résulte.
Quand la tête parle et que la tête écoute, la querelle en résulte.
 
-------
Le monde semble imparfait en surface, mais en profondeur il est parfait.
La perfection se cache; l’imperfection se pavane.
 
-------
LOVE
 
Don’t talk, just act.
Don’t say, just show.
Don’t promise, just prove.

-------
L’amour a deux filles :
La bonté et la patience.
~ Proverbe

--------
En fait de bonheur,
il ne faut pas rechercher
le «pourquoi»,
ni regarder au «comment»;
le meilleur et le plus sûr
est de le prendre comme il vient.
~ Duchesse de Choiseul

15 décembre 2012

D’immenses amoureux de musique

Ils comptent tous deux parmi mon top virtuoses.
Nul besoin d'effluves d’encens et de «joints» pour partir !  :-)
 
1. Touchant témoignage de Ravi Shankar et Yehudi Menuhin à propos de l’un  et de l’autre.
 



2. Shankar et sa fille : un dialogue «voix / instrument» d’une parfaite harmonie et complicité. Connexion d’âme à âme, et ce petit sourire de satisfaction… Tellement beau de voir ça, c’est si rare. Cette musique nous transporte vers des sommets lumineux.




Mots de Yehudi Menuhin; 1976-1999
 
- Il faut toujours que de la tête au cœur, l'itinéraire soit direct.
 
- Mais quand nous sommes confrontés à dix facteurs différents qui agissent tous les uns sur les autres et se combinent pour engendrer au total un nombre astronomique de variantes, la raison abdique et seule l'intuition s'avère à la hauteur.
 
- Nous allons au ciel par la terre où la réalité est tellement opposée à cet idéal dont rêve tout être humain.
 
- Il n’y a plus ni amour, ni amitié. Tout est tellement plat. 
 
- Il n'est pas nécessaire de méditer au nom de Jésus, de Bouddha ou de qui que ce soit. Il suffit de méditer, tout simplement. Méditer.
 
- Nos vies sont bien courtes, mais nous sommes habités par l'infini, la créativité, la nécessité de préparer l'avenir.
 
- Nous ne savons pas ce que sera l'avenir, mais nous savons ce que nous souhaitons qu'il soit, et cela doit rester notre but.
 
- C'est peut-être un des plus grands accomplissements que de vivre jusqu'à un âge avancé en gardant sa tête, son sens de l'humour et son charme.
 
- Il faudrait se lever tous les jours avec un sentiment d'espoir et que la journée se termine avec l'impression d'un progrès.
 
- Quelle serait la tâche d'un être cosmopolite et de musique si ce n'est de porter du pollen de fleur en fleur, inséminer, disséminer, tisser des réseaux et construire de fragiles ponts? Telle est ma mission.
 
Mots de Ravi Shankar; 1920-2012
 
- Lorsque j’ai commencé à travailler avec George Harrison, je suis un peu devenu une pop-star moi-même. Partout où j’allais, on me reconnaissait. Je n’aimais pas du tout cela, confiait-il dans un entretien au quotidien britannique The Gardian en juin 2011.
 
- Everybody has a right to like or dislike anything or anyone. From a flower to a flavor to a book or a composition but it is very sad that in our country we actually fight over such things in an unseemly manner.
[Chacun a le droit d’aimer ou de ne pas aimer une chose ou quelqu’un. D’une fleur à une saveur à un livre ou à une composition, mais il est triste que notre pays se batte à propos de telles choses de manière malséante.] 
 
- Pop changes week to week, month to month. But great music is like literature.
[La pop change de semaine en semaine, de mois en mois. Mais la grande musique, c’est comme la littérature.]
 
- In our culture we have such respect for musical instruments, they are like part of God.
[Dans notre culture, nous avons un grand respect des instruments de musique; comme s'ils faisaient partie de Dieu.]

13 décembre 2012

Le troc


Survie et interdépendance obligent  
 
La plupart de nos actes sont motivés par un but unique : obtenir des autres des biens, des services, de l’affection, de l’amour, etc. Nous réussissons parfois sans trop d’efforts. Si les conditions sont défavorables, certains n’hésiteront pas à utiliser la force, le vol, l’extorsion, le chantage et la manipulation (ouverte ou masquée). Le troc (commercial ou affectif) reste une méthode comme une autre de se procurer ce qu’on veut.
 
Donner pour recevoir ou donner pour donner
 
Dans notre monde polarisé, on remarque deux principaux profils : les personnes qui fonctionnent au niveau de l’égo et celles qui fonctionnent par delà l’égo.
 
Chez les personnes de la première catégorie, l’attitude peut venir de patterns socioculturels reliés à la survie ou de vieilles blessures non résolues. En général elles ont l’impression d’être abandonnées, coupées de leur Source. Les personnes de la seconde catégorie savent que leur âme est multidimensionnelle, qu’elles sont aimées et connectées à la plus grande Source de vie intelligente de l’univers (All That Is). En général, elles ont confiance et se sentent en sécurité, quelles que soient leurs conditions de vie. On voit des gens dans l’extrême pauvreté capables de partager le peu qu’elles ont.
 
L’égo n’est jamais heureux car il incapable d’éprouver de la satisfaction. Vous venez de recevoir une parcelle d’amour ou d’appréciation? Deux minutes plus tard, vous voilà en ligne au buffet en quête de nouvelles bouchées. Malheureusement, au banquet de l’égo personne ne quitte rassasié...
 
Donner pour recevoir appauvrit tandis que donner pour donner enrichit. Tous les jours nous avons des centaines d’occasions de donner sans dépenser un cent : rendre service gratuitement, envoyer un mot gentil par email, offrir de l’attention, de l’écoute, un sourire, un bisou, un regard d’acceptation, d’amour inconditionnel, etc.
 
Le bonheur croît avec l’usage, c’est contagieux et l’expérience n’a pas de prix.
 
Il est vrai que plus on donne plus on reçoit. Et miracle, à force de donner sans attente de retour, l’égo finit par se calmer, lâcher prise et capituler. Le voilà enfin rassuré…
 
En réalité, l’égo n’a rien à craindre car c’est la loi de l’attraction qui est en jeu. Alors, à nous de choisir notre façon de donner à chaque moment.
 
«La plus grande récompense pour un acte de bonté n’est pas ce que vous en retirez, mais ce que vous devenez en le faisant.»
(Auteur inconnu)  

-------
Complément  

Répondre aux besoins intérieurs

Si vous éliminez le sentiment de séparation, vos besoins ne seront plus basés sur la peur et l'insécurité. Chacun apporte son bagage de besoins dans ses relations, mais il n’est pas nécessaire de les transformer en attachements. L’attachement se développe lorsque les besoins ne sont pas compris ni reconnus. Les besoins que vous confiez à un partenaire ne seront jamais vraiment comblés. Conséquemment, même si votre partenaire se fend en quatre pour répondre à tous vos besoins, ce sera comme s’il n’en satisfaisait aucun. Vous serez éventuellement acculé à vous demander d’où viennent ces besoins. Vous pourrez répondre à cette question en examinant la manière dont vous vous sentez vis-à-vis du sentiment de séparation, car c’est l’anxiété sous-jacente à ce sentiment de séparation d'avec Dieu, d’avec l’esprit et d’avec le Soi qui crée le besoin au départ.

Dans beaucoup de relations il y a une différence déconcertante entre les deux partenaires par rapport à ce qu’ils considèrent important. Comment deux personnes qui passent leur temps à manœuvrer pour obtenir ce qu’elles veulent peuvent-elles guérir de leur manque? Nous devons faire une distinction entre les besoins extérieurs, comme avoir un toit et de la nourriture, et les besoins intérieurs. Les besoins intérieurs sont ceux qui vous procurent un réel sentiment de sécurité.

Si vous êtes sur deux voies différentes, tôt ou tard le partenaire le plus faible cèdera au plus fort, ou l'un de vous réprimera ses véritables besoins tout en espérant trouver son bonheur dans le sacrifice de soi.

Ça fonctionne rarement.

Céder aux besoins d'une autre personne est en fait une forme d’attachement. Après avoir réprimé vos propres désirs, vous serez forcé de vous accrocher à l’autre et de compter sur lui pour obtenir satisfaction. Il s'agit d'une forme de séparation de votre véritable identité, et en fin de compte, vous ne pouvez espérer utiliser la séparation pour atteindre l’union.

Le but est de développer en vous l'équilibre masculin/féminin au lieu de vous attacher aux forces de quelqu’un d’autre pour compenser vos faiblesses.

Deepak Chopra, The Path to Love

10 décembre 2012

Pardon et tranquillité d’esprit

 
L'âme est de par nature indulgence. Votre âme pardonne, peu importe ce que les autres ont pu faire. Pour votre âme c’est facile car elle sait que certaines personnes sont incapables d’être aimantes envers vous ou envers elles-mêmes. Votre âme ne s'offense jamais puisqu’elle sait que les gens ne peuvent pas vous traiter autrement qu’ils se traitent eux-mêmes. Efforcez-vous d’attribuer de bonnes intentions à ce que les autres font. Généralement, ils ne cherchent pas à vous faire du mal. Les gens peuvent agir sans amour parce qu'ils manquent d'estime de soi ou de confiance en soi. Leurs centres du cœur ne sont pas encore éveillés. N’attendez pas de ceux qui vous ont blessé qu'ils le reconnaissent et s'en excusent. Pardonnez-leur comme vous le feriez avec de jeunes enfants qui ne connaissent pas mieux. Un jour leurs centres du cœur s’éveilleront.

Commencez par vous pardonner. Laissez votre âme transférer son amour dans votre plexus solaire. Utilisez cet amour pour vous pardonner quelque chose que vous avez fait et qui vous dérange encore. Laissez l'amour bienveillant, harmonieux et indulgent de votre âme circuler en vous. Recevez l'amour de votre âme pendant que vous vous pardonnez.

Vous pouvez offrir le pardon de votre âme à d'autres personnes. Pensez à une personne qui aurait fait quelque chose qui vous met en colère ou vous bouleverse encore. Si vous êtes prêt à libérer ces sentiments et à expérimenter le pardon de votre âme, connectez-vous à l’âme de la personne. Centrez-vous sur votre âme et faites rayonner son pardon. Vous pourriez dire à la personne : «Je te pardonne tout ce que tu as fait que je perçois comme blessant. Je libère tout apitoiement ou tout blâme qui nous a séparés. Je me pardonne pour toutes les fois où j'ai été incapable de t'offrir de l’amour». Rappelez-vous certaines occasions où vous avez aimé cette personne et lui avez pardonné. Rappelez-vous à quel point vous étiez en paix par la suite. Voyez-vous comme quelqu’un qui pardonne, qui ne s’offense pas parce que les gens sont incapables d'aimer.

Pardonner ne signifie pas qu’il faut agir ou faire quelque chose de spécifique. C'est une attitude d'amour exempte de jugement et de condamnation. Pardonner aux autres ne signifie pas que vous devez fermer les yeux et approuver leur comportement, ni vous sentir supérieur. Pardonner aux autres libère l'énergie négative à l’intérieur de vous, et vous permet d’aimer à la manière de votre âme. Chaque fois que vous choisissez l'amour, vous êtes le gagnant. Lorsque vous pardonnez aux autres, votre corps est en meilleure santé, votre estime de soi augmente et vous avez plus d'énergie à consacrer à votre vie.

Si vous voulez pardonner aux autres et que vous sentez que c'est difficile, ne forcez rien. Commencez par vous pardonner de ne pas être capable de vous pardonner. Puis, laissez votre âme transférer son amour dans votre plexus solaire. Laissez cet amour circuler jusqu'à ce que vous soyez prêt à pardonner à l'autre, au moment qui conviendra. Pardonner aux autres ne vous oblige pas à communiquer avec la personne ni à poser un geste extérieur quelconque. Le pardon est une attitude intérieure qui vous apporte la paix. Vous choisissez de ressentir la sérénité qui émerge lorsque vous laissez tomber le ressentiment, la colère, la peur ou la culpabilité que vous éprouviez.

Sanaya Roman, Soul Love

-------

COMMENTAIRE
Fonctionner au niveau du cœur plutôt qu’au niveau du plexus solaire fait partie du changement de fréquence. Il faut être vigilant car l’égo nous ramène très vite dans ses ornières. Sa petite voix dénigrante est prête à nous blâmer, ainsi que les autres, à la moindre occasion.

Qui dit jugement, dit condamnation et punition.

Il est important de se pardonner avant de pardonner aux autres, car nous vivons dans une dynamique de cocréation – à 50/50 de responsabilité.
Pour faciliter le processus nous pouvons utiliser des formules comme :
Je me pardonne de croire que je suis …………………..
Je me pardonne de m’être jugé comme étant …………………

L’exercice en vaut la peine car nous prenons conscience que toutes ces affirmations de l’égo sont subjectives, sans fondement.

-------
Vous aimerez peut-être ces extraits de Stephan Bodian à propos d’ouverture de cœur et de pardon :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/03/de-cur-ferme-cur-ouvert.html

-------
Pensées du jour

- Le pardon est la plus savoureuse des vengeances.
- Si quelqu’un t’as offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.
~ Lao Tsu

S’accrocher à la colère c’est comme avaler du poison en espérant que l’autre mourra.
~ Le Bouddha

Qui se venge d’un petit affront cherche à en recevoir de grands.
~ Proverbe chinois

Mieux vaut passer la nuit dans l’irritation que dans le repentir de la vengeance.
~ Proverbe touareg

Comme on dit : forgive and forget!

8 décembre 2012

Énergies complémentaires



À l'adolescence, j’ai usé mes vinyles de Dave Brubeck jusqu’à ce que l’aiguille passe au travers... Inutile de dire que lorsque les CDs sont apparus, j’ai tout racheté.
 
Le groupe pakistanais Sachal a réalisé cette interprétation de Take Five en hommage au jazzman disparu la semaine dernière. Original et très agréable à écouter. J’aime bien le solo de tablas en remplacement de la batterie.
 
Pour rester dans l’énergie - ou la couleur - locale, voici un texte de Chopra à propos des énergies masculines et féminines. Note : j’ai récemment publié plusieurs de ses textes, néanmoins mes blogs ne sont pas des blogs-satellites de Chopra – j’ai tout simplement envie de vulgariser ces mémos remplis de sagesse.  :-)
 
Les énergies de Shiva et Shakti
 
En observant les énergies de Shiva et Shakti, l’on se rend compte qu’il est totalement inadéquat de dire que Shiva est mâle et que Shakti est femelle, puisque ces termes limitent Dieu qui ne peut pas être limité.
 
Nos esprits se limitent à voir le masculin et le féminin comme des pôles opposés, mais Shiva et Shakti sont appariés depuis l'aube de la création. Ils forment un ensemble divin qui choisit de s'exprimer en prenant l'apparence masculine et féminine.
 
Vous et moi nous faisons la même chose. Bien que mon corps soit de sexe masculin, mon moi intérieur s’identifie à l’esprit dans son ensemble, et c'est pourquoi mon âme inclut Shiva et Shakti.
 
Shiva est silence. Shakti est pouvoir. Shiva est créativité. Shakti est création. Shiva est amour. Shakti est aimante. Ces qualités ne sont pas opposées, elles se complètent; il s’agit d’une description parfaite de l’union sacrée. La maturité en amour signifie que nous sommes en mesure de nous voir dans l’être aimé et vice-versa.
 
Rester coincé dans les stéréotypes du genre sexuel, défendre sa masculinité ou sa féminité, et accuser l'autre sexe d’être la cause de tous les maux sont des trahisons à l’égard de l’union sacrée.
 
L’union sacrée puise sa passion dans l’inclusion. La passion envers une autre personne s'estompera, mais la passion envers la vie elle-même est éternelle.
 
Lorsque les deux énergies cosmiques Shiva et Shakti sont connectées, le flot de la passion supporte un potentiel de créativité illimité. Une tension s’installe entre les pôles du silence et du pouvoir, comme le désir ressenti entre un homme et une femme qui ne peut être satisfait que par un échange d'amour.
 
Le courant qui les relie est la force créatrice de l'univers, qui n’est concentrée nulle part ailleurs qu’en vous. Vous êtes le véhicule par lequel ce courant peut circuler, il n’a besoin de personne d'autre.
 
Deepak Chopra, The Path to Love
Nous sommes des agents doubles... :-)

Graphie du corps


Peintre : Van Dongen

Un extrait du livre Le soin de l’âme par Thomas Moore.
J’aime la grande sensibilité de ce psychothérapeute.

La poétique de la maladie physique

Le corps  humain est une immense source d’imagination, un terrain sur lequel joue capricieusement l’imagination. Le corps est l’âme sous son jour le plus riche et le plus expressif. Dans le corps, l’âme s’exprime d’innombrables manières, avec des gestes, des vêtements, des mouvements, des formes, des expressions, de la température, des éruptions cutanées, des tics, des maladies.

Les artistes ont tenté de représenter les pouvoirs expressifs du corps de maintes façons, depuis les odalisques jusqu’aux portraits officiels, depuis les chaires de Rubens jusqu’aux géométries cubistes. La médecine moderne, par ailleurs, s’acharne à trouver des remèdes et ne s’intéresse pas à l’art du corps. Elle veut enrayer toutes les anomalies avant même que nous ayons la chance de les lire, de chercher leur sens. Elle limite le corps à des éléments chimiques et anatomiques et cache le corps expressif derrière des graphiques, des tableaux, des nombres et des diagrammes structurels. Imaginons une approche médicale plus respectueuse de l’art, plus intéressée au caractère suggestif symbolique et poétique d’une maladie ou d’un organe défectueux.

Il y a quelques années, à Dallas, James Hillman donna une conférence sur le cœur. Il y démontra que la tendance actuelle à faire du cœur une pompe mécanique ou un muscle est extrêmement limitée et pouvait même être impliquée dans la fréquence des affections cardiaques. Quand nous parlons des problèmes cardiaques de la sorte, nous ignorons les images dotées d’âme que le cœur, siège du courage et de l’amour, nous envoie. () Le point de vue d’Hillman était le suivant : nous portons atteinte au cœur quand nous traitons comme un organe physique simple ce que la poésie et la chanson ont depuis des siècles comme le siège de l’affection. ()

Si mon côlon souffre en raison de mon angoisse, c’est que cet organe n’est pas un banal morceau de chair au fonctionnement biologique. Il a un lien avec la conscience et avec un mode d’expression particulier. () Au lieu de faire de la maladie un simple phénomène physique, nous pourrions en faire un état de l’individu et du monde, l’échec du corps à trouver son plaisir. Le plaisir ne fait nécessairement référence à la gratification des sens ou à la poursuite frénétique des expériences, des possessions ou des amusements nouveaux. L’épicurien véritable se donne au plaisir avec des égards pour son âme; ainsi, il n’en devient pas compulsif. () Nous pensons à la pollution en termes d’empoisonnement chimique, mais l’âme peut aussi être empoisonnée par l’oreille. Nous devrions également avoir conscience de la valeur des parfums et des arômes. ()

Nous pourrions considérer une bonne partie de nos maladies actuelles comme l’affirmation corporelle dans un univers d’engourdissement culturel. L’estomac ne prend aucun plaisir aux aliments surgelés ou en poudre. La nuque se plaint du polyester. Les pieds se meurent d’ennui par manque d’exercice dans des endroits intéressants. Le cerveau se déprime à l’idée de se voir comparé à un ordinateur, et le cœur n’aime sûrement pas se voir traiter comme une pompe. De nos jours, les humeurs n’ont pas grand-chance de faire de l’exercice, et le foie a perdu sa place de siège de la passion. Tous ces organes nobles, à la poésie riche, grouillants de sens et de pouvoir sont devenus des fonctions.

Notre culture a sûrement l’imagination la plus pauvre qui ait jamais été. Notre époque est aussi la seule de l’histoire à chasser le mystère du corps et de son mode d’expression par la maladie. ()

Pour une bonne partie, la maladie prend racine dans les causes éternelles. La doctrine chrétienne du péché originel et les quatre nobles vérités bouddhistes nous enseignent que la vie humaine est blessée dans son essence, que la souffrance appartient à la nature des choses. Nous sommes blessés en participant à la vie humaine, en étant les enfants d’Adam et Ève. Il est illusoire de penser que, tout naturellement, nous sommes intacts, sans blessure. Toute médecine qui vient de l’idée d’échapper à la blessure humaine essaie d’éviter la condition humaine.

Avec cette perspective plus large à l’esprit, nous pourrions examiner nos vies et voir comment nos actes sont susceptibles de porter atteinte aux racines mêmes de notre existence. Nous pourrions partir à la recherche de nos contradictions et de nos aliénations intérieures. Je ne laisse pas entendre qu’il faille nous sentir coupables de nos symptômes. Je veux dire que nous pourrions nous laisser guider par nos problèmes physiques au moment d’ajuster notre existence à la volonté des dieux. Nous pourrions faire la même chose en tant que société. ()

Quand nous admettons que nos corps portent une âme, nous avons des égards pour leur beauté, leur poésie et leur expression. Nos exercices pourraient avoir plus d’âme. ()

Nous peignons le corps, nous le photographions, nous dansons avec lui, nous le décorons de produits cosmétiques, de bijoux, de costumes, de tatouages, d’anneaux et de montres. Nous savons que le corps est un monde d’imagination, elle-même essence de son âme. Le corps sans imagination prend la voie de la maladie. Lorsque nous sommes malades, nous pourrions aussi considérer la souffrance corporelle comme le rêve de son éclatement. Nos hôpitaux ne disposent généralement pas de l’équipement nécessaire pour faire face à l’âme dans la maladie. Il ne faudrait pas beaucoup pour remédier à la situation, parce que l’âme n’a que faire de la technologie dispendieuse et des experts hautement qualifiés. (…)

Nous pouvons faire du corps une série de réalités mais, si nous lui donnons son âme, il devient une inépuisable source de «signes». Quand nous prenons soin de notre corps physique et imaginaire, nous prenons aussi bien soin de notre âme. Des projets de ce genre demandent énormément parce qu’il est difficile de conjurer notre époque de réalité – de poétique médicale. Je me demande si le jour viendra où les noms de Paracelse, Ficin et Emerson figureront bien haut sur la liste des lectures obligatoires des étudiants en médecine. Quand l’étudiant en médecine étudiera-t-il sérieusement la représentation du corps dans l’art? Quand la visite chez le médecin inclura-t-elle la revue de l’histoire de son patient, de ses rêves et de ses fantasmes personnels concernant la maladie?

Ce jour viendra sans doute, parce qu’il est déjà venu. Ficin, le thérapeute de la Renaissance avait un luth sur lequel il interprétait la maladie de son patient. La carrière de Keats est facilement passée de la médecine à la poésie. Emerson, le philosophe, a exploré les mystères de la maladie. La solide emprise que maintient la fantaisie technique de l’existence sur la conscience moderne paraît céder sur certains plans. Peut-être y a-t-il une chance que le corps, animé par une appréciation renouvelée pour son art propre, soit libéré de son identification à un corpus – un corps – et sente de nouveau l’éclat de l’âme.