25 novembre 2018

Simplicité et humanité

Nanao Sakaki, qui traduisait les haïkus d'Issa, a dit de lui : «il n’était pas doué de génie, mais il gardait honnêtement son expérience au fond de son cœur, il avait gardé sa simplicité et son humanité». C'est ainsi qu'Issa a écrit ses haïkus; c'est ainsi qu'il a créé son style. Rien d'extravagant. Il a digéré qui il était : un être humain avec des expériences humaines. Souvent en classe, je lis ces mots deux fois. Ne les oubliez pas, ils vous aideront. Ne vous inquiétez pas du style. Soyez qui vous êtes, respirez pleinement, soyez vivant. 
[...]
Si j’ai digéré tout ce que je sais et ce que je suis, alors quand j'écris une phrase, elle atteint directement votre cœur et votre esprit, et il n'y a pas de mots grinçants qui ne conviennent pas, pas de mots qui ont peur.
[...]
Un écrivain peut faire cela avec équanimité et clarté parce que ses os, son cœur et ses muscles l'ont mangé et qu'il est prêt à affronter sa peur. En définitive, un écrivain doit être prêt à s'asseoir au fond de la fosse, à s'engager à y rester et à laisser tous les animaux sauvages s'approcher, même à les appeler, à les affronter, à les noter et à ne pas s'enfuir.

~ Natalie Goldberg (Wild Mind, Living the writer’s life)

Le haïku est la forme d’écriture la plus dépouillée. Pourtant, elle éveille instantanément une image, un sentiment, une émotion, en dépit de l’économie de mots. Ce genre poétique peut à la fois «pacifier» et «illuminer».

Issa (Kobayashi Yataro) 1763-1828

Sortant du sommeil
après de longs bâillements
les amours du chat


Ce monde imparfait
Mais pourtant recouvert de
Cerisiers en fleurs  

Les hommes encore
même les épouvantails
ne sont pas droits

Le croissant de lune –
comme courbé par le froid
tellement intense

Lorsque l'on vieillit
même la longueur des jours
est source de larmes

ISSA HAÏKU
Traduction : Joan Titus-Carmel
ISBN : 2864321998
Éditeur : Verdier (01/10/1992)

À chaque fois que je lis les textes de l’écrivaine (française) Mireille Bergès, je ressens qu’elle «a gardé honnêtement son expérience au fond de son coeur, qu’elle a digéré qui elle est : un être humain avec des expériences humaines». Vision, humour, joie, nostalgie, tristesse, espoir, toute une panoplie d’émotions et de sentiments étalés sans autocensure. Visitez sa page, vous aimerez j’en suis certaine.

À propos
Scribouilleuse de petits textes que je partage ici pour me faire connaître. Certains ont déjà été publiés, d'autres non. Tous sont protégés.

Le 8 novembre 2018

De ces nuits où tout nous remonte à la gueule. Les erreurs. Les déceptions. Les trahisons. Les échecs. Les choses moches. Uniquement les choses moches. Alors on lit. On fume. On dévalise le frigo. On se remplit. Pour les chasser. Ne pas leur laisser de place. Une heure. Deux heures…

Les garces se faufilent. En douce. Au détour d’une lampe éteinte. On a beau enfouir la tête sous l’oreiller, se lover sous la couette, se recroqueviller. Elles sont là, ces idées tordues. Rallumer la lampe. Se lever. Marcher. Ouvrir la fenêtre. Écouter les bruits de la nuit… Frissonner et se coucher à nouveau. Et voilà que les sales souvenirs repartent à l’assaut. Quatre heures. Cinq heures…

De ces nuits où plus rien ne vaut la peine. Ni les amis. Ni les plus proches ni les plus chers. Pas même la vie. Six heures…

La nuit meurt à petit feu. Une lueur s’infiltre dans la fente du volet. Les oiseaux ne s’y trompent pas et rivalisent de trilles et vocalises. Se lever une fois encore. Faire couler le café. Ouvrir grand la fenêtre et humer l’air du jour. Et soudain, là, devant nous, le soleil jaillit et colorie l’herbe, les arbres, les toits… Un éblouissement de matin nouveau.
Alors les chagrins de la nuit sont effacés. Ce sera une belle journée.

M.B. Essen'ciel

Illustration : Aleutie (insomnie)  

Bonheur
Le 22 novembre 2018

Il y aurait le mauve, celui de l'encre de mes premiers mots
et l'odeur de la craie hanterait ma mémoire.
Je tournerais émue les pages fragiles
d'un livre au papier jauni.
L'argent de l'olivier scintillerait,
Là, j'ai grandi, là, on m'a aimée.
Le vert bouteille du chêne apparaîtrait, parfois,
Selon les caprices du vent qui soulèvent la jupe de la tonnelle.
Par-dessus nos têtes, le ciel, bleu saphir parlerait de l'Orient.
Changeante, câline ou cruelle,
Outremer ou turquoise,
La Méditerranée bercerait nos sommeils,
Elle nous embarquerait pour d'audacieux périples.
Il y aurait des géraniums devant la fenêtre,
Des pétunias et des bouquets de capucines,
Fuchsia, framboise, incarnat,
Lilas, parme, rose thé,
Des couleurs qui chantent la gaieté.

Il y aurait plus loin, tout au long du chemin,
Des genêts bouton d'or
Au parfum de miel entêtant.
Une bougainvillée téméraire grimperait à l'assaut de la grille,
Abri précaire mais rassurant,
Orangé flamboyant
Sur le gris de l'ennui.
Il y aurait des tomates,
Des fraises,
Quelques poivrons,
Les étals du marché
Quand l'été se fait lourd.

Il y aurait un chat bien sûr,
Yeux mi-clos,
Vautré en plein soleil
Et je m'apaiserais à caresser son dos.
Il y aurait les pins
Plus loin sur la colline,
Émeraudes penchées,
Bruissantes de cigales.
Il y aurait le noir corbeau de ses cheveux,
Le bleu pâle de tes yeux,
Et puis sa peau couleur brugnon que le soleil avive,
Le rose de tes joues répondrait aux lauriers
Qui bordent la restanque.
Oh ! vous, mes aimés!

Il y aurait tout cela
Et bien plus encore,
L'odeur du pain perdu,
Celle du lavandin,
Un ami,
Un amour,
Un sourire...
Des couleurs plein les mirettes
Pour le feu d'artifice
Et puis des coquelicots dans un champ de blé,
Pour la simplicité,
Pour le bonheur discret,
Pour dire que j'existe
Et que ...
J’aime la vie!

M.B. Rêves-Poussières

20 novembre 2018

Une odeur rance d’idéologie orangiste anglo-saxonne

L’élection de Doug Ford démontre une chose, c’est qu’il ne faut pas hésiter à postuler pour un job même quand on n’a aucune expérience / compétence.

Le premier-ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, promulgue des lois pour plaire à son électorat conservateur anglophone, en miroir du Parti progressiste-conservateur du Canada. En fait, la francophobie existe depuis les premiers temps de la colonisation anglo-saxonne. Le Parti libéral du Canada ne fait pas mieux en la matière; mais il profite de l’occasion pour mousser son image de marque en vue des prochaines élections. Pf!

«Toute cette affaire illustre les dysfonctions du multiculturalisme, qui a réduit un des peuples fondateurs du Canada au statut de groupe folklorique parmi tant d’autres. Les Franco-Ontariens ont toutes les raisons du monde de résister. Et nous, de les appuyer.» ~ Brian Myles (Le Devoir, 17 novembre 2018)


De son côté le premier-ministre désigné du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a été membre du défunt parti anti-bilinguisme; il ne se déclare pas ouvertement francophobe, mais il agit «comme si»...

«Le Canada n’est pas vraiment un pays bilingue, mais plutôt anglophone qui tolère le français. Notre bilinguisme existe dans nos textes de loi, sans plus! Il dessert notre gouvernement fédéral pour rehausser son image auprès du G7. En réalité le français est pauvrement reconnu au Canada, sauf évidemment au Québec. Il est également en perte de vitesse au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue...
   Il faudra beaucoup plus que des textes d’opinion pour brasser nos gouvernements... Une extrême mobilisation politique des minorités francophones à travers le pays... Une négociation sans précédent entre le fédéral et l’Ontario... Une ferme solidarité Ontario-Québec... pour préserver et faire progresser notre socio-économie francophone : une force positive chez nous, dans les Amériques et le Monde.» ~ Annik Chalifour, juriste (L’Express, 16 novembre 2018)  


J’ignorais qu’un groupe Ku Klux Klan canadien avait existé dans les années 20! – une branche radicale en marge du mouvement orangiste anglo-saxon.

Slogan actuel de la Grand Orange Lodge of Canada :
Toward God, Our Queen, Our Country & Mankind
Working Together for Family, Community and Country

Personne n’est contre la vertu.  

L’histoire ne se répète pas, elle continue   

Les minorités francophones au Canada et les lois antifrançaises

L’idéologie orangiste

Source : Université Laval

Au lendemain de la création de la Confédération canadienne (1867), les francophones de plusieurs provinces anglaises assistèrent, impuissants, à l'adoption de plusieurs lois et réglementations antifrançaises et anticatholiques au Canada anglais, notamment en qui ce qui a trait aux écoles confessionnelles à l'extérieur du Québec.

1. Le mouvement orangiste au Canada
Cette attitude antifrançaise et anticatholique puisait sa source, entre autres, au fait que beaucoup de loyalistes, qui sont venus s'installer au Canada, étaient des «orangistes» convaincus. Les orangistes préconisaient une doctrine anticatholique et antifrançaise, inspirée par la reconquête en 1690 de l'Angleterre par le prince protestant Guillaume III d'Orange (1650-1702) – en anglais «William III of Orange». Celui-ci mena une lutte sans merci contre les ambitions françaises en Flandre et devint ainsi le plus grand ennemi du roi Louis XIV.
   En 1830, le journaliste et politicien Ogle Robert Gowan (1803-1876) fonda à Brockville en Ontario la Loyal Orange Association of Canada («Association loyale d'Orange du Canada»), une société protestante affiliée au mouvement orangiste mondial originaire de l'Irlande du Nord. Le nombre des loges orangistes augmenta rapidement dans la plupart des colonies britanniques, notamment au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard, dans l'Ouest canadien, même au Québec (23 000 membres chez les seuls anglos-protestants répartis dans quelque 45 loges, surtout dans l'Outaouais, les Cantons de l'Est et à Montréal).
   À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, un Canadien anglais sur trois était membre de cette organisation prônant la suprématie anglo-saxonne blanche, équivalant aux WASP des États-Unis («White Anglo-Saxon Protestants»).
   À partir de 1920, le mouvement orangiste perdit de l'ampleur, mais il y avait encore près de 100 000 membres qui garantissaient la pérennité des quelque 2000 loges présentes au Canada. En 1972, on dénombrait le même nombre de membres dans tout le Canada. Il y eut plusieurs premiers ministres provinciaux orangistes dans la plupart des provinces (Ontario, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, etc.).
   Le mouvement orangiste fut très important au Canada; il a exercé une influence considérable sur la vie sociale et politique canadienne à un point tel qu’il s'est retrouvé impliqué au cœur des conflits linguistiques et religieux qui ont bouleversé l'histoire du Canada. Le mouvement orangiste donna naissance à un groupe encore plus intolérant et raciste, le Ku Klux Klan canadien, qui connut ses racines les plus profondes dans les petites villes de la Saskatchewan en raison du «péril jaune», mais aussi à cause des Noirs, des juifs et des catholiques.


Au cours de la décennie 1920, le Ku Klux Klan du Canada se voulait non seulement un mouvement d'intolérance, mais à la fois une réplique populiste de la guerre de 1914-1918 et une opinion dominante de l'époque, qui voulait conserver un Canada britannique (cf. Keeping Canada British, de James M. Pitsuba, University of British Columbia Press, 2013). 


2. Les luttes scolaires
Pendant des décennies, le Canada fut victime des luttes scolaires et religieuses. Ces nombreuses luttes scolaires de la part des minorités francophones au Canada anglais ont eu de nombreuses conséquences. Malgré l'anglicisation d'une partie croissante de leur effectif, ces communautés minoritaires organisèrent durant des décennies la lutte pour leur survivance. L'Église de Rome fut souvent appelée à arbitrer ces conflits, mais elle s'est généralement rangée du côté des évêques irlandais qui considéraient que la pratique du catholicisme hors du Québec passait par l'usage de la langue anglaise. L'Église de Rome, pour qui tout nationalisme paraissait suspect, s'est toujours montrée conciliante à l'égard des assimilateurs anglo-canadiens.

– La Nouvelle-Écosse
Déjà, en 1864, la Nouvelle-Écosse avait adopté une loi sur les écoles publiques, l'Education Act, dite loi Tupper, qui faisait de l'anglais la seule langue d'enseignement. En effet, la loi instaurait un enseignement unilingue anglais et non confessionnel, tout en supprimant toute subvention aux écoles catholiques et francophones. Pour les Acadiens, cette loi équivalait à leur assimilation culturelle, religieuse et linguistique. Ce fut une période sombre pour l'évolution de la culture française dans cette province. Durant presque un siècle, la plupart des enfants francophones durent fréquenter l'école anglaise. Dans les districts ruraux, très peu d'élèves terminèrent leur école primaire. Dans les villes, seule une minorité d'élèves réussit à terminer leur secondaire. Mais tous les manuels demeurèrent en anglais, de même que les examens provinciaux. Quant aux enseignants, ils  furent tous formés au Teachers College de Truro.

– Le Nouveau-Brunswick
En mai 1871, le gouvernement provincial du premier ministre George Edwin King décida de faire disparaître les «écoles de paroisse» où l'on enseignait le français et la religion catholique. Il fit adopter la Common School Act ("Loi sur l'école commune"), qui spécifiait que l'école publique était dorénavant «neutre» ("neutral"). Dans ces écoles, il fut interdit aux enseignants d'enseigner le catéchisme et de porter des symboles religieux distinctifs, ce qui empêchait les communautés religieuses de fournir du personnel qualifié. Les parents francophones furent tenus de payer une double taxe scolaire pour envoyer leurs enfants dans des écoles privées ou accepter, à l'encontre des recommandations de leur clergé, de les acheminer dans les écoles publiques gratuites en anglais. Cette mesure discriminatoire souleva même une émeute dans la petite ville de Caraquet. Les élites acadiennes en appelèrent aux tribunaux et au Parlement fédéral pour désavouer cette loi, mais ce fut sans succès.

– L'Île-du-Prince-Édouard
Dès 1873, les autorités provinciales pratiquèrent une politique d'assimilation qui eut pour effet de mener les Acadiens à la quasi-disparition des acquis, notamment en matière scolaire: les écoles française furent interdites. Des historiens soutiennent qu'en 1876 la province de l'Île-du-Prince-Édouard aurait adopté une Official Language Act («Loi sur la langue officielle»). Celle-ci aurait fait de l'anglais la seule langue des registres, de la publication des journaux et lois de la Législature, ainsi que dans les tribunaux. Mais les lois adoptées avant 1862 furent refondues sous le titre "The Acts of the General Assembly of Prince Edward Island from the establishment of the Legislature in the thirteeth year of Reign of His Majesty the King George the Third, A.D. 1773". Cette refonte ne reprenait ni tous les titres des lois adoptées au cours de cette période, ni l'intégralité de leur texte. Il paraît donc impossible de vérifier l'existence de nombreuses lois autrement que par leur seul titre. Plusieurs lois scolaires, restrictives pour le français, auraient existé : 1830, 1834, 1837, 1841, 1847, 1861, 1880. Cependant, les registres provinciaux ne contiennent plus les textes des lois.

– L'Ontario
Quant à la province de l'Ontario, elle se rendit célèbre par son Règlement 17 qui interdisait l'enseignement en français au-delà des deux premières années du niveau primaire dans les écoles de la province. Les élites canadiennes-française se mobilisèrent pour faire respecter l'article 93 de la Loi constitutionnelle de 1867, mais cette disposition constitutionnelle se révéla inefficace pour la protection des droit des minorités francophones, du fait qu'une disposition semblait trop exposée aux pressions politiques de la majorité anglophone. Par ailleurs, l'interprétation qu'en fit en 1916 le comité judiciaire du Conseil privé de Londres apparaît aujourd'hui restrictif: «Les droits linguistiques ne jouissent d'aucune protection au plan constitutionnel, à l'exception de l'usage du français devant les tribunaux et aux parlements d'Ottawa et de Québec.»

– Le Manitoba
La loi de 1870 créant la province du Manitoba, c'est-à-dire la Loi sur le Manitoba, accordait une protection aux écoles séparées francophones (article 22) et établissait le bilinguisme officiel au sein du Parlement (article 23), tout comme pour le Québec. Cependant, tout bascula en 1890 avec l'adoption de la fameuse Official Language Act (ou Loi sur la langue officielle), qui fit de l'anglais la seule langue des registres, des procès-verbaux et des lois du gouvernement manitobain. L'anglais devenait aussi la seule langue permise dans toutes les activités judiciaires.
   Dans la province du Manitoba, Wilfrid Laurier, fraîchement élu premier ministre du Canada en 1896, avait refusé de désavouer la loi provinciale. Le compromis dit Laurier-Greenway ne rétablit pas le système des écoles séparées, mais permit à nouveau l'enseignement religieux, selon certaines normes, dans les écoles publiques. Toutefois, un règlement sur les écoles, appelé le «compromis Laurier-Greenway», comprenait une disposition permettant l'enseignement d'une autre langue que l'anglais dans les «écoles bilingues», là où 10 élèves ou plus parlaient cette langue. Il s'agissait de consacrer une demi-heure par jour à l'enseignement de la religion en français. Ce compromis fut de courte durée, car de nouveaux règlements annulèrent cette disposition en 1896 et firent de l'anglais la seule langue d'enseignement dans toutes les écoles publiques du Manitoba.

– La Saskatchewan et l'Alberta
En 1905, lors de la création des provinces de la Saskatchewan et de l'Alberta formées à même les Territoires du Nord-Ouest, aucune garantie constitutionnelle ne fut accordée aux minorités franco-catholiques de ces nouvelles provinces, alors que le gouvernement fédéral ne manifestait pas de volonté pour protéger ces droits, pas plus qu'il ne l'avait fait lors des conflits scolaires au Nouveau-Brunswick et au Manitoba. La loi scolaire de l'Alberta, l'Alberta School Act adoptée en 1905, imposa l'anglais comme seule langue d'enseignement, tout en autorisant un certain usage du français dans les classes primaires. En Saskatchewan, la School Act de 1909 fit de l'anglais la seule langue d'enseignement, mais permit usage limité du français dans les classes primaires. En 1927, le Ku Ku Klan de cette province mena une campagne contre l’enseignement en français, le port de l’habit religieux et la présence de crucifix dans les écoles.
   En 1929, une troisième loi de la Saskatchewan abolissait encore le français dans les écoles; cette loi reprenait et explicitait celle de 1918. En 1931, une modification à la Loi scolaire imposait l'anglais comme unique langue d'enseignement dans les écoles publiques de la province. Le français étant interdit durant les heures normales de classes, mais il était permis d'offrir des cours de français après la classe. Malgré la pénurie d'enseignants, le gouvernement interdit l'embauche d’enseignants formés au Québec et détenant un brevet d'enseignement obtenu dans cette province; il rendit illégal tout brevet d’enseignement non obtenu en Saskatchewan.

– Les Territoires du Nord-Ouest
Un autre recul du français a pu être observé dans le cas des Territoires du Nord-Ouest, annexés au Canada en 1869. Par la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest de1877, la Constitution de ces territoires garantissait le bilinguisme à l'Assemblée législative et dans les tribunaux. Toutefois, le 22 janvier 1890, le député conservateur D'Alton McCarthy présenta un projet de loi à la Chambre des communes pour modifier la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest et abolir le caractère bilingue de ce territoire canadienne. Il précisait ainsi son objectif: «Mon seul désir est de travailler au bien général et l'on verra, je crois, que notre intérêt le plus véritable est de travailler à établir dans ce pays l'unité de race avec l'unité de la vie nationale et l'unité de langage.» Une ordonnance de 1892 fit de l'anglais la seule langue possible dans les écoles et les tribunaux.  Le Conseil des Territoires du Nord-Ouest abolit ensuite les écoles séparées, c'est-à-dire catholiques et françaises.

3. L'identité canadienne-française & québécoise
En même temps, les Canadiens de langue française durent modifier les paramètres de leur identité. Au lieu de rester confinée au Québec, cette identité canadienne-française s'est étendue à toutes les communautés francophones du Canada. Ce faisant, l'identité francophone pancanadienne heurta beaucoup d'anglophones peu enclins à encourager l'usage du français hors Québec. Le nationalisme franco-canadien et, par le fait même, la survivance du français au Canada se développèrent chez toutes les élites francophones, y compris au Québec. La thèse du «pacte des deux peuples fondateurs» fut reprise par l'abbé Lionel Groulx (1878-1967) et invoquée par plusieurs autres nationalistes au Québec. En réalité, ce fut une période qui marqua le recul constant de la situation du français dans des secteurs importants de la vie politique, sociale et économique.
   Les Canadiens français mettront du temps à comprendre que, s'ils avaient subi depuis 1867 toute une série de restrictions de leurs droits scolaires, c'était beaucoup plus parce qu'ils étaient «francophones» que parce qu'ils étaient «catholiques»; de leur côté, les catholiques anglophones du Québec n'ont jamais connu ce genre de problème. Néanmoins, cette vision du «Canada français catholique» se maintiendra jusqu'à la Révolution tranquille du Québec, alors que le nationalisme québécois eut pour effet de marquer une rupture idéologique entre le Québec et les minorités francophones du reste du Canada. Le lien de solidarité s'est brisé entre ces minorités francophones et la majorité francophone du Québec. Les Québécois ont, en quelque sorte, laissé tomber les francophones hors Québec considérés comme définitivement «perdus», ce qui n'est pas le cas. En même temps, les francophones du Québec ont cessé de revendiquer leur identité «canadienne-française» pour l'identité «québécoise». Dorénavant, les Québécois allaient appeler les Canadiens de langue française «francophones hors Québec».

Dernière mise à jour : 01 juil. 2017

11 novembre 2018

Il y a assez de tout dans le monde...

L'armée américaine attend les migrants  

Des policiers et des militaires américains ont procédé à des exercices à la frontière entre le Mexique et le Texas, dimanche, avant l'arrivée des caravanes de migrants que le président Donald Trump souhaite repousser. Il a annoncé qu’il pourrait déployer 10 000 soldats en plus des 5000 déjà à la frontière.
   Pour le moment, les milliers de migrants ont repris la route vers le nord, après quelques jours de repos à Mexico. Ils se trouvent toujours à plus de 1800 kilomètres de la frontière.
   Le gouvernement du Querétaro a fait savoir que 6531 migrants s'étaient déplacés sur son territoire, entre vendredi et samedi. Parmi ceux-ci, 5771 sont partis dimanche matin après avoir été hébergés dans l'un des abris préparés pour eux.
   Ces chiffres semblaient plus importants que le décompte effectué par les autorités de la ville de Mexico. D'autres migrants pourraient donc s'être joints à la caravane. (Associated Press)

Contrairement à la majorité des Américains, ces personnes ne sont même pas armées. Elles cherchent à fuir la violence de leur propre pays et risquent de se faire tirer à bout portant à la frontière américaine. Quel paradoxe, c’est fou.

«Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. Vivons plus simplement, pour que d’autres puissent tout simplement vivre.» ~ Gandhi  

Photoquote via https://twitter.com/joshfoxfilm 

ILS VIENNENT ET S'EN VONT

LES JOURS NÉFASTES VIENNENT ET S’EN VONT

Les jours néfastes, comme l'hiver, viennent et s'en vont,
Ne pas s'effrayer, ils prendront fin, ils viennent et s'en vont
Les douleurs fraîches de l'homme ne restent pas longtemps,
Comme des clients à la file, elles viennent et s'en vont.

Le malheur, la persécution et l'oppression à la tête des nations
Comme une caravane en voyage, viennent et s'en vont.
Le monde est un jardin fleuri, les hommes sont des fleurs,
Que de violettes, de roses embaumées, viennent et s'en vont!

Que le fort ne se vante pas, que le faible ne s'attriste pas
Différents passages changeants, viennent et s'en vont;
Le soleil, sans crainte, fait jaillir sa lumière,
Les nuages vers l'oratoire, viennent et s'en vont.

Le pays caresse son fils studieux comme une mère,
Les peuples ignares, vagabonds, viennent et s'en vont,
Le monde est un salon, Tchivan, les hommes sont des invités,
Telle est la loi de la nature, ils viennent et s'en vont.

DJIVANI (1846-1912) Dernier trouvère arménien

Traduction Louise Kiffer
Source : Poèmes arméniens http://hezamid.blogspot.com/

~~~

Nous sommes des locataires sur cette planète. Des parasites extrêmement nuisibles. Alors il est possible que "la propriétaire" n’ait pas le choix de nous flanquer à la porte, sans doute de manière brutale.

«L’industrie lourde est peut-être l’une des principales causes de la guerre. Lorsque l’industrie et l’économie s’associent à la politique, elles doivent inévitablement entretenir un mouvement de séparation pour préserver leur stature économique. Tous les pays, grands et petits, agissent de la sorte. Les petits pays sont armés par les grandes nations – certains discrètement, clandestinement, d’autres ouvertement.

Devons-nous toute cette souffrance et cet énorme gaspillage d’argent en armements, au besoin d’afficher sa fierté ou de se montrer supérieur aux autres?

C’est notre terre, non pas la vôtre ni la mienne. Nous sommes appelés à y vivre, à nous aider les uns les autres, non pas à nous détruire les uns les autres... Si vous blessez les autres, si vous tuez les autres, en raison de la colère, de la haine ou du massacre organisé appelé guerre, vous vous détruisez vous-même.»

~ J. Krishnamurti (1895-1986), philosophe, écrivain et conférencier
(Extrait d’un entretien; mars 1983)

À nous de choisir, que voulons-nous voir au lever du jour?

Ça :


Ou ça :

Hallerbos (Belgique) est bien connu des photographes pour son incroyable tapis de jacinthes qui couvre l’ensemble de la forêt; pendant une brève période au printemps, le bois ressemble à un conte de fées.

6 novembre 2018

Diouf : le fleuve dans le sang

Boucar Diouf est un biologiste, doctorant en océanographie, humoriste, conteur, auteur, animateur et chroniqueur Québécois de racine sénégalaise.

Notre bien-aimé sage se donne en spectacle :


MAGTOGEK ou le chemin qui marche

Magtogoek ou le chemin qui marche, c’est le nom que les Algonquins avaient donné au fleuve Saint-Laurent avant l’arrivée de Jacques Cartier. Boucar raconte dans cette production, son amour pour le majestueux fleuve dont les eaux coulent désormais dans ses veines. Ce spectacle est un voyage historique sur un flot d’humour et de science dont vous sortirez la rate dilatée, le vague à l’âme apaisé et les tempêtes intérieures bien calmées.

Calendrier de la tournée :


Parenthèse
Puisqu’il est question du fleuve – La famille von CAQ élue par les Québécois chante sa mélodie du bonheur : plus de circulation maritime sur le fleuve (cargos pétroliers et paquebots de croisière), d’autoroutes jusqu’au grand nord, de barrages hydroélectriques, de déforestation, d’exploitation pétrolière et de pipelines, etc. On dirait que la chorale clanique s’inspire du modèle environnemental brésilien (?). D’ici quatre ans, la famille CAQ devrait donc avoir atteint ses objectifs économiques. Conseil : voyez le fleuve au plus vite, avant qu’il ne soit défiguré et vidé de ses espèces à tout jamais. Quant à ses rives, vous risquez de buter sur de nombreux sites de forage pétrolier-gazier – bon voyage quand même.
Fin de la parenthèse

Quand on voit un Doug Ford (premier ministre de l’Ontario) qui veut retourner au programme d’éducation sexuelle des années 1980, y’a de quoi grimper au plafond. Les Ontariens auraient besoin d’un Boucar Diouf...

Caricature : Serge Chapleau; La Presse, 15 août 2018

«Si vous ne pouvez pas lire ce livre avant votre premier baiser, ce n'est pas grave. Il vous sera aussi bien utile avant de tomber amoureux, de former un couple, de vous marier, de fonder une famille, d'élever vos enfants et même de devenir grands-parents.»
   «Ce livre est une exploration humoristique et scientifique sur la reproduction humaine depuis le coup de foudre jusqu'à ce que les enfants nés du couple quittent la maison familiale et se reproduisent à leur tour. Comprendre pour mieux célébrer l'amour, l'attachement, la vie de couple, mais aussi pour lutter contre les discriminations et les violences sexuelles, tel est le sens de ma démarche, ce qui me tient à coeur.»
~ Boucar Diouf  


Boucar disait... Pour une raison X ou Y
Les éditions La Presse, mai 2017

Ce thème a fait l’objet d’un spectacle (aperçu) :  

Un à-côté :

Saviez-vous que le français est une langue animale?

«Myope comme une taupe», «rusé comme un renard»
«Serrés comme des sardines»...
Les termes empruntés au monde animal ne se retrouvent
pas seulement dans les fables de La Fontaine, ils sont partout...

La preuve : que vous soyez fier comme un coq,
fort comme un boeuf, têtu comme un âne, malin comme un singe
ou simplement un chaud lapin, vous êtes tous, un jour ou l'autre,
devenus chèvre pour une caille aux yeux de biche.
Vous arrivez à votre premier rendez-vous fier comme un paon
et frais comme un gardon et là ... pas un chat!
Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse
vous a réellement posé un lapin.
Il y a anguille sous roche et pourtant le bouc émissaire
qui vous a obtenu ce rancard,
la tête de linotte avec qui vous êtes copain comme cochon,
vous l'a certifié : cette poule a du chien, une vraie panthère!
C'est sûr, vous serez un crapaud mort d'amour.

Mais tout de même, elle vous traite comme un chien.
Vous êtes prêt à gueuler comme un putois
quand finalement la fine mouche arrive.
Bon, vous vous dites que dix minutes de retard,
il n'y a pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Sauf que la fameuse souris malgré son cou de cygne
et sa crinière de lion est en fait aussi plate qu'une limande,
myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque
et rit comme une baleine. Une vraie peau de vache, quoi!

Et vous, vous êtes fait comme un rat.
Vous roulez des yeux de merlan frit,
vous êtes rouge comme une écrevisse,
mais vous restez muet comme une carpe.
Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez,
mais vous sautez du coq à l'âne et finissez par noyer le poisson.
Vous avez le cafard, l'envie vous prend de pleurer comme un veau
(ou de verser des larmes de crocodile, c'est selon).
Vous finissez par prendre le taureau par les cornes
et vous inventez une fièvre de cheval
qui vous permet de filer comme un lièvre.

Ce n’est pas que vous êtes une poule mouillée,
vous ne voulez pas être le dindon de la farce.
Vous avez beau être doux comme un agneau
sous vos airs d'ours mal léché,
faut pas vous prendre pour un pigeon,
car vous pourriez devenir le loup dans la bergerie.
Et puis, ça aurait servi à quoi de se regarder comme des chiens de faïence.

Après tout, revenons à nos moutons : vous avez maintenant une faim de loup,
l'envie de dormir comme un loir et surtout vous avez d'autres chats à fouetter.

Boucar 

1 novembre 2018

Gombo louisianais à la Zachary

J’aime Zachary Richard d’amour inconditionnel. Quel être charismatique, et drôle par-dessus le marché (1). 

Annonce de dernière minute : concert intime ouvert au grand public

Le samedi 3 novembre 2018 à 20h, ouverture des portes à 19h
L’Astral : 305, rue Sainte-Catherine Ouest
Montréal, QC

ZACHARY RICHARD SOLO
Présenté par COUP DE CŒUR FRANCOPHONE

Francophone militant, écologiste engagé, poète, chanteur, auteur et compositeur, Zachary Richard présente Gombo, son 21e album en carrière. Après une absence de quelques années, il est de retour au Québec pour présenter un spectacle solo intime, accompagné de sa guitare, son harmonica et son accordéon. Avec humour et quelques histoires louisianaises, il dévoile ses nouvelles chansons, empreintes de sonorités cajuns, et revisite ses plus grands succès.

Futures performances à travers le Québec :


Le gombo est le plat louisianais typique. Composé de plusieurs ingrédients et influencé par multiples traditions, le gombo est le produit et le symbole de la culture métissée.
[...] Coréalisé par une légende musicale de la Nouvelle-Orléans, David Torkanowsky, Gombo met en lumière les talents de plusieurs musiciens fabuleux dont les guitaristes Roddie Romero, Shane Theriot, Rick Haworth et le multi-instrumentaliste Francis Covan. Un hommage à la culture métissée de Louisiane, Gombo est un voyage passionnant à travers l'univers d'un des plus brillants auteur-compositeurs d'Amérique du Nord.



~~~

(1) Transcription de l’interview à l’émission Gravel le matin (01/11/2018) :

Au sujet de la vie en Louisiane, compte tenu du climat politique tendu :
Z.R. : ... On est obligé d’espérer. L’espoir c’est pas un cadeau du ciel. Il y a un engagement qui est pris. ... La démographie... la jeunesse dans ce pays-là prendra le dessus pour créer une vision plus claire et plus saine de la vie sur la planète. Entretemps, il faut juste tenir le cap. ... Je ne me lève pas le matin en disant aujourd’hui ce sera encore une galère, je me lève en disant y va se passer des choses positives, on va pouvoir remonter la pente.

A.G. : En même temps on voit que le discours de Trump fait des petits, on l’a vu au Brésil et en d’autres pays, ce qui fait que l’inquiétude grandit partout.
Z.R. : Y faut dénoncer ces choses-là. La parallèle le plus flagrant et qu’on agite tout le temps c’est l’Allemagne des années 30, et c’est arrivé parce que les gens ne se sont pas soulevés contre. Je pense que c’est Talleyrand qui a dit que la démocratie ne marche pas quand les bonnes gens ne font rien. C’est la responsabilité des citoyens de s’engager, de s’impliquer et de ne pas simplement se lamenter. C’est sûr qu’on est en proie à une peur aux États-Unis. Une peur causée par rapport à la vie tout simplement. Pour une famille moyenne c’est difficile financièrement. Donc dans mon pays, dans la Louisiane, on est complètement attaché au pétrole comme activité économique. On a beaucoup de réticence à imaginer un avenir où on peut se défaire des fossil fuels, mais on est obligés. Ce qui est encourageant c’est que les jeunes partout dans mon pays, ils ont une vision de la chose qui est beaucoup plus inspirante et beaucoup plus lucide que ma génération de «vieux cons».

À propos du maintien du français en Louisiane :
Z.R. : À chaque jour qu’on s’apprête à fermer le cercueil sur le cadavre de la culture franco-acadienne en Louisiane, le corps se lève et demande une autre bière. Ça fait 250 ans que ma famille est en Louisiane, on aurait pu être assimilés, oubliés, depuis un siècle déjà. On est toujours là. Y’a quelque chose dans cette culture qui refuse de mourir. Et malgré ce que dit Madame Bombardier, et je pense que c’est un point de vue très Québeco-centré [1], nous sommes 33 millions en Amérique du Nord à parler français, dont la plupart sont aux États-Unis, comme moi. Et y’a des cultures vivaces qui se battent parce que c’est sûr qu’on vit en milieu minoritaire. C’est un peu comme valser avec un gorille dans l’espoir qu’y nous marche pas sur les pieds. Mais on y arrive quand même. Je suis très très fier d’être bilingue. Je suis même obligé d’être trilingue parce que dans mon pays maintenant c’est l’espagnol qui est parlé le plus souvent.

A.G. : Chantez-vous en espagnol?
Z.R. : Je fais semblant. Je parle un excellent espagnol de restaurant. Mais je dirais que le français en Louisiane  va beaucoup mieux depuis une génération. Parce qu’il y a une confluence de plusieurs choses. D’abord, l’éducation commence à porter fruit, on a une minorité dans une génération qui est lettrée en français. On a aussi nos voisins américains qui ont découvert la valeur économique, pas seulement culturelle et sociale, de la langue française, et quand il s’agit de la piasse, et si on peut faire une piasse en parlant français, c’est là que les Américains font «ding! ça vaut quelque chose». Et nous nous sommes débarrassés de cette hantise et de ce mépris dont mes parents ont été victimes. Mes parents sont allés à l’école à 6 ans sans voir entendu parler anglais et se sont fait dire qu’il était défendu de parler français.

A.G. : Que pensent les jeunes [Louisianais] du Québec? Viennent-ils au Québec?
Z.R. : Que les jeunes viennent ou pas au Québec, on est très conscients de la famille francophone. En Louisiane nous enseignons encore. Aujourd’hui, on dépend de la francophonie pour enseigner à nos enfants. Nous n’avons pas suffisamment d’enseignants de langue française, pas comme langue seconde, ça on en a plein. Mais pour enseigner les sciences et les mathématiques en français ça prend un certain niveau de compétence, on est train d’en former. Mais pour le moment, nos enseignants nous viennent de l’Afrique, de la France, de l’Acadie et du Québec. Et donc, on a un visage multiple de la francophonie et nous sommes très très conscients que nous faisons partie d’une grande famille dont pour le moment on dépend – cette grande famille dysfonctionnelle qu’est la francophonie dont le cousin le plus important et le plus riche avec la plus grosse Cadillac est quand même le Québec. Ça fait qu’on aimerait bien embarquer dans la voiture.

A.G. : Donc on pourra entendre les chansons de votre album Gombo à l’Astral samedi soir...
Z.R. : Oui, mais aussi des classiques, sinon je risque de me faire lyncher...

Audiofil :

[1] Zachary a suivi le débat de chez lui en Louisiane. À l’émission Tout le monde en parle, la journalise Denise Bombardier a tenu des propos démontrant son ignorance (une fois de plus), elle qui se croit au-dessus de la mêlée de par sa «grande culture». Elle a, bien entendu, suscité de vives réactions chez les francophones hors Québec. Je la cite : «À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba, je suis allée encore au mois de janvier chez les Métis, on ne parle plus français.»
   Selon le recensement de 2016 de Statistique Canada, 42 505 personnes parlaient le français au Manitoba et plus de 2,7 millions de Canadiens étaient en mesure de soutenir une conversation en français à l’extérieur du Québec.
   «Je trouve ça un petit peu dommage de parler comme ça de la francophonie quand on ne la connaît pas, cette francophonie. Si Mme Bombardier voyait vraiment ce qui se passe en francophonie, je pense qu’elle serait pleine d’admiration pour ces francophones, ce travail qu’ils font au quotidien et cette conscience qu’ils ont de leur identité, leur langue et leur culture.» Denis Desgagné, président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques.

Les justifications de Denise Bombardier :