31 janvier 2014

Trajectoires de vol


L’artiste et professeur de design Dennis Hlynsky se demandait quel genre de design émergerait des trajectoires de vol des oiseaux. Il a commencé à les filmer en 2005 avec un Flip video recorder, et maintenant il utilise Un Lumix GH2. Différents logiciels lui permettent de créer de brefs visuels illustrant le trajet de chaque oiseau. Les oiseaux ne sont pas animés digitalement ni superposés, on voit leurs trajectoires telles quelles en timelapse.

Plusieurs vidéos fascinantes (insectes, canards et autres animaux) :
http://sysvision.wordpress.com/

30 janvier 2014

Diagnostic


«Le patient ne parle pas ni ne comprend le langage des mots. Parfois, il fait des sons incohérents pendant des heures. Les autres personnes, les lieux et le temps le rendent très confus. Il répond toutefois à son nom. Je travaille avec lui depuis six mois, mais il néglige complètement son apparence physique et ne fait aucun effort pour s’occuper de lui-même. Il doit être nourri, lavé et habillé par les autres. Comme il n’a pas de dents, il faut lui le nourrir de purée. Sa chemise est toujours souillée parce qu’il bave tout le temps. Il ne marche pas. Son sommeil est erratique. Souvent, il se réveille au milieu de la nuit, crie et dérange tout le monde. La plupart du temps il a un comportement amical et joyeux, mais plusieurs fois par jour, il s’agite beaucoup sans cause apparente. Puis, il pleure jusqu’à ce qu’on s’occupe de lui.»
       Après avoir lu le diagnostic à ses étudiants, le Dr Ruskin leur demanda s’ils aimeraient s’occuper de ce patient. La plupart ont répondu non. Alors, il leur montra la photo du patient : un bébé de six mois.


Cette anecdote a beaucoup circulé. Mais aujourd’hui, je le relisais avec en mémoire tous les patients des centres de soins prolongés que j’ai vus… la description est à cent pour cent congrue. Back to the future…

Et si après la mort 
La lumière que tu vois
Au bout du tunnel
Signifiait que tu es
Encore une fois
Expulsé d’un utérus?

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Citaquote du jour 

À mesure qu’on avance dans la vie, on s’aperçoit que le courage le plus rare est celui de penser.
~ Anatole France

La pensée qu’on avait écartée et qui revient, il faut y prendre garde : elle veut vivre.
~ Jean Rostand

La mémoire c’est l’écho qui continue à se répercuter après que le son s’est éteint.
~ Samuel Butler

Ne prends pas la peine de penser pour moi : j’y suffis moi-même.
~ Euripide

La plupart des hommes sont incapables de se former une opinion personnelle mais le groupe social auquel ils appartiennent leur en fournit de toutes faites.
~ Gustave Lebon

L’homme est incapable d’abjuration. En lui, les croyances se superposent les unes aux autres comme des couches de peinture, sans se mêler, sans s’annuler.
~ Henri Fauconnier

Que si le moi est haïssable, aimer son prochain comme soi-même devient une atroce ironie.
~ Paul Valéry

Pourvu de qualités, faiseur d’œuvres et créateur de leurs conséquences, l’homme récolte le résultat de ses actions; il est monarque de la vie et poursuit son voyage selon ses propres actes; il a l’idée et l’ego, et sera reconnu aux qualités de son intelligence et à la qualité de son moi. Plus petite que la centième partie de la pointe d’un cheveu, l’âme de l’être vivant est capable d’infini. Elle n’est ni masculine, ni féminine, ni neutre, mais se joint à tout corps qu’elle prend pour sien.
~ Shwetaswatara Oupanishad

29 janvier 2014

Physiologie de l'hibernation


Si nous pouvions suivre les pulsions naturelles de la physiologie de l’hibernation, en principe, nous aurions beaucoup mangé en automne, et en ce moment, nous serions en train de dormir dans notre trou jusqu’au printemps, mais…

Le message s’adresse plus particulièrement aux populations vivant au nord du 40e parallèle.

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L’hypothalamus est extrêmement sensible à la lumière. Il est biologiquement fait pour entraîner le corps et le cerveau dans le rythme des saisons en traquant de près l’allongement ou la diminution des journées. Lorsqu’il est orienté correctement, le contrôle de l’hypothalamus sur la sécrétion des hormones et des neurotransmetteurs est extrêmement précis.
       Lorsque les jours raccourcissent avec l’arrivée de l’automne puis de l’hiver, près d’une personne sur trois ressent un changement dans son énergie et ses impulsions. Ces changements semblent inspirés de la physiologie de l’hibernation : des nuits longues, un réveil difficile, une envie constante de pain, pommes de terre, pâtes, chocolat, bonbons, une baisse d’énergie et de la libido, une perte de motivation pour les projets nouveaux, des pensées ralenties… Entre les mois de novembre et mars, pour près de 10% des gens qui vivent au-dessus du 40e parallèle (Madrid en Europe, New York en Amérique), ces symptômes prennent la proportion d’une véritable dépression [par exemple, la sécrétion de la mélatonine – l’hormone du sommeil – commence la nuit quelques minutes après l’extinction des lampes si celle-ci a lieu à l’heure habituelle. Elle continue toute la nuit et, le matin, s’interrompt en quelques secondes avec la moindre exposition à la lumière].
       Le plus frappant, c’est que ces symptômes sont bien davantage physiques que psychologiques. Ce n’est pas étonnant, puisqu’ils sont plus le fruit d’un changement des rythmes que la conséquence d’une douleur émotionnelle.

Simuler l’aube naturelle

Il est sept heures et il fait nuit noire. La sonnerie du réveil déchire le calme et interrompt votre rêve. Les paupières lourdes, vous dirigez votre main avec difficulté vers l’intrus pour le faire taire. «Encore cinq minutes…», plaidez-vous piteusement. La journée commence mal. Mais comment faire autrement? Eh bien, en branchant un appareil tout simple sur votre lampe de chevet. Vous souhaitez vous lever à sept heures? Dès six heures quinze, l’appareil se met à éclairer la chambre. Tout en douceur, il stimule l’apparition – d’abord très lente puis de plus en plus rapide – de la lumière de votre nouvelle journée. Vos yeux, mêmes fermés, sont très sensibles à ce signal, qui est le déclencheur du réveil pour toutes les espèces animales depuis la nuit des temps. C’est ce signal que votre cerveau émotionnel a appris à reconnaître au cours des millions d’années d’évolution. Ce signal de l’aube, notre cerveau et notre corps y sont parfaitement adaptés. Dès les premiers rayons de lumière à travers nos paupières closes, aussi douce soit-elle, l’hypothalamus reçoit le message qu’il est temps d’organiser une transition hors du sommeil. Du coup, le réveil se fait naturellement et en délicatesse, sans interrompre un rêve qui aura compris qu’il doit se conclure de lui-même. La sécrétion matinale du cortisol se déclenche, la température du corps entame son ascension journalière. Lorsque l’intensité de la lumière augmente encore un peu, l’activité électrique du cerveau qui caractérise le sommeil profond entame elle aussi sa transition vers le mode du sommeil léger puis du réveil complet. Pour ceux que cette douceur inquiète, certains appareils sont dotés d’une «sonnerie de rattrapage», au cas où le signal de la lumière n’aurait pas été suffisamment efficace…
       …Il semble que la simulation de l’aube soit remarquablement efficace pour traiter les symptômes d’hibernation associés à la dépression saisonnière. (…) Il semble que le cerveau soit encore plus réceptif à cette méthode naturelle qu’à l’imposition d’une lumière vive artificielle.

[Servan-Schreiber relate ici les résultats étonnants de la technique chez les utilisateurs.]

Un des aspects les plus fascinants de la simulation de l’aube est sans doute le fait que cela peut-être bénéfique pour chacun de nous, que l’on soit déprimé ou non, que l’on soit stressé ou non. (…) Aujourd’hui, la simulation de l’aube semble être une solution tellement évidente au problème qu’on se demande pourquoi personne n’y a pensé plus tôt. Pourquoi se réveiller encore au son strident d’un réveil qui vient bousculer tous nos rythmes biologiques, alors qu’il est possible d’atterrir en douceur dans chaque nouvelle journée selon les règles naturelles de l’évolution?
       Il est même possible que cette technologie – quasiment transparente puisqu’elle ne demande aucune modification de nos habitudes de vie – ait une influence sur bien d’autres symptômes que les variations saisonnières de l’humeur ou les réveils difficiles. (…)

Source :
Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse 
David Servan-Schreiber
Coll. Réponses, Robert Laffont (2003)

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On dit, bien sûr, que la meilleure thérapie contre la dépression saisonnière reste la lumière naturelle. «Je n'ai jamais vu un skieur assidu souffrir de dépression hivernale», dit le Dr Iskandar, un spécialiste de ce type de dépression.
       La combinaison soleil/neige est assurément une source de lumière particulièrement intense; encore faut-il que le soleil soit au rendez-vous…

28 janvier 2014

Éducation boomer

Les parents ne savent plus trop comment aborder leurs ados. La communication semble très difficile, sinon impossible. Pâmant un kiddo en photo, immobile et tout kioute, mais je ne voudrais pas avoir en ce moment; leur éducation doit être assez complexe en effet.

Photo : Midcentury Mom, 1952 http://www.shorpy.com/


C’était bien différent il y a 40/50 ans. Les parents ne se cassaient pas les méninges : les menaces et les conseils étaient simples et irréfutables.

Exemples : 

Ce que je dois à ma mère  
(Auteur inconnu)

Ma mère m'a enseigné à APPRÉCIER LE TRAVAIL BIEN FAIT
«Si vous voulez vous entretuer, faites-le dehors. Je viens de finir le ménage.»

Ma mère m'a enseigné la RELIGION
«Tu ferais mieux de prier pour que ça disparaisse du tapis.»

Ma mère m'a enseigné le VOYAGE DANS LE TEMPS
«Si tu te corriges pas, je t’assomme et tu te réveilles au milieu de la semaine prochaine!»

Ma mère m'a enseigné la LOGIQUE
«Parce que je l'ai dit, voilà pourquoi.»

Ma mère m'a enseigné à DEVENIR UN ADULTE
«Si tu manges pas tes légumes, tu grandiras jamais.»

Ma mère m'a enseigné à PRÉVOIR
«Assure-toi de porter des sous-vêtements propres, au cas où t’aurais un accident.»

Ma mère m'a enseigné l’IRONIE
«Continue de pleurer, et je vais te donner une bonne raison de pleurer.»

Ma mère m'a enseigné l'OSMOSE
«Ferme ta bouche et mange ton lunch.»

Ma mère m'a enseigné la CONTORSION
«Non mais, regarde donc la saleté que t’as derrière le cou!»

Ma mère m'a enseigné l’ENDURANCE
«Tu vas rester assis là jusqu’à ce que la SOUPE soit partie.»

Ma mère m'a enseigné la MÉTÉO
«On dirait qu’une tornade a traversé ta chambre.»

Ma mère m'a enseigné l’HYPOCRISIE
«Si je te l’ai dit une fois, je te l'ai dit un million de fois. N’exagère pas!»

Ma mère m'a enseigné le CERCLE DE LA VIE
«Je t’ai amené dans ce monde, mais j’peux pas t’en sortir.»

Ma mère m'a enseigné la MODIFICATION DE COMPORTEMENT  
«Arrête de faire comme ton père!»

Ma mère m'a enseigné la SAGESSE
«Quand t’auras mon âge, tu comprendras.»

Ma mère m'a enseigné l’ANTICIPATION
«Attends qu’on arrive à la maison, tu verras.»

Ma mère m'a enseigné la GÉNÉTIQUE
«T’es exactement comme ton père.»

Ma mère m'a enseigné la  MÉDECINE
«Si t’arrêtes pas de loucher, tes yeux vont rester comme ça.»

Ma mère m'a enseigné la PES (perception extra sensorielle)
«Mets ton chandail; tu crois que je le sais pas quand t’as froid?» 

Ma mère m'a enseigné l’HUMOUR
«Si tu te coupes les orteils avec la tondeuse, cours pas vers moi pour de l’aide...»

Et le meilleur :

Ma mère m'a enseigné la JUSTICE
«Un jour tu auras des enfants, et j'espère qu'ils seront exactement comme toi.»

Photo : Ritzy Picnic, 1952 http://www.shorpy.com/ 

COMMENTAIRE

Parfois les menaces et les conseils étaient accompagnés de gifles ou de raclées. Et puis, on a basculé dans la permissivité absolue. La voie du milieu n'a pas trouvé chemin...

27 janvier 2014

Come alive

(Photo : Québec Hebdo)
“Practically everyone is a manic depressive of sorts, with his up moments and his down moments, and you certainly don’t have to be a humorist to taste the sadness of situation and mood. But there is often a rather fine line between laughing and crying, and if a humorous piece of writing brings a person to the point where his emotional responses are untrustworthy and seem likely to break over into the opposite realm, it is because humor, like poetry, has an extra content.”
~ E.B. White, (Some Remarks On Humor, 1941)

(Pub Bose sound systems)
“Don’t ask what the world needs. Ask what makes you come alive, and go do it. Because what the world needs is people who have come alive.”
~ Howard Thurman

(Photo : Elena Shumilova)
“How freely we live depends both on our political system and on our vigilance in defending its liberties. How long we live depends both on our genes and on the quality of our health care. How well we live – that is, how thoughtfully, how nobly, how virtuously, how joyously, how lovingly – depends both on our philosophy and on the way we apply it to all else.”
~ Lou Marinoff (Plato Not Prozac)

26 janvier 2014

Ce qui nous hante



Si vous avez fait les choses que vous vouliez faire, ou fait des choses que vous ne vouliez pas faire, sans doute avez-vous agi par instinct et que cela vous servait. Sinon, comment les choses auraient-elles pu si bien vous servir?

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Le cerveau émotionnel ne «désapprend» jamais la peur. Si le cerveau cognitif est détruit, ou s’il ne fait pas son travail, la peur reprend immédiatement le dessus. Les cicatrices dans le cerveau émotionnel peuvent rester présentes pendant des années, prêtes à se réactiver. (…)

Les cicatrices émotionnelles du cerveau limbique semblent toujours prêtes à se manifester dès que la vigilance de notre cerveau cognitif et sa capacité de contrôle fléchissent, même temporairement. L’alcool, par exemple, empêche le cortex préfrontal de fonctionner normalement. C’est pour cette raison que nous nous sentons «désinhibés» dès que nous buvons un peu trop. Mais c’est précisément pour cette même raison que, lorsque nous avons meurtris ou traumatisés par la vie, nous risquons, sous l’effet de l’alcool d’interpréter une situation bénigne comme si nous étions agressés une fois de plus et de réagir violemment. Cela peut également se produire lorsque nous sommes simplement fatigués ou trop distraits par d’autres préoccupations pour garder le contrôle sur la peur imprimée dans notre cerveau limbique.

Les psychiatres connaissent bien cet aspect de l’état de stress post-traumatique. Ils savent qu’il y a une déconnexion entre les connaissances appropriées du présent et les émotions inappropriées, résidus du traumatisme passé. Ils savent que c’est ce qui rend ce syndrome si difficile à traiter. Leur expérience leur a appris qu’il ne suffit pas simplement de parler pour établir une connexion entre les vieilles émotions et une perspective mieux ancrée dans le présent. Ils savent même que le simple fait de raconter le traumatisme encore et encore ne fait qu’aggraver les symptômes. Ils savent enfin que les médicaments non plus ne sont pas très efficaces.

Si un traumatisme est trop fort, par exemple à la suite de tortures, d’un viol, ou de la perte d’un enfant, le mécanisme de digestion du cerveau peut être submergé. Mais cela peut aussi arriver avec des événements bien moins graves, simplement parce que nous sommes particulièrement vulnérables au moment où ils se produisent, notamment si l’on est un enfant – et donc incapable de se protéger – ou si l’on est dans une position de fragilité.

Que ce soit en raison de l’intensité du traumatisme ou de la situation de fragilité de la victime, un événement douloureux devient alors « traumatisant » au sens propre du terme. Au lieu d’être digérée, l’information concernant le traumatisme se voit alors bloquée dans le système nerveux, gravée dans sa forme initiale. Les images, les pensées, les sons, les odeurs, les émotions, les sensations corporelles et les convictions que l’on a tirées sur soi sont alors stockés dans un réseau de neurones qui mène sa propre vie. Ancré dans le cerveau émotionnel, déconnecté des connaissances rationnelles, ce réseau devient un paquet d’information non traitée et dysfonctionnelle que le moindre rappel du traumatisme initial suffit à réactiver.

Un souvenir enregistré dans le cerveau peut être stimulé à partir de n’importe lequel de ses constituants. Un ordinateur a besoin d’un mot d’une adresse exacte pour retrouver ce qu’il a en mémoire (comme un bibliothécaire a besoin de connaître l’emplacement exact d’un livre pour le retrouver dans les rayons). À l’inverse, l’accès à un souvenir dans le cerveau se fait par analogie : n’importe quelle situation qui nous rappelle un aspect de quelque chose que nous avons vécu peut suffire pour évoquer le souvenir complet. Ces propriétés de la mémoire sont bien connues : on appelle cela « l’accès par le contenu » et « l’accès par les correspondances partielles ». Cela a des conséquences importantes pour les souvenirs traumatiques. À cause de ces propriétés, n’importe quelle image, n’importe quel son, odeur, émotion, pensée ou même sensation physique qui ressemble aux circonstances de l’événement traumatique peut déclencher le rappel de la totalité de l’expérience stockée de façon dysfonctionnelle. Souvent, l’accès aux souvenirs douloureux se fait par le corps.

Les « petits » traumatismes laissent une longue trace. Une étude en Australie dans un service d’urgences illustres les conséquences multiples des « petits » chocs émotionnels. Les chercheurs ont suivi pendant un an les victimes d’accidents de la route qui étaient passées par le service. À la fin de l’année, ils leur ont fait passer une série d’examens psychologiques. Plus de la moitié avaient développé des syndromes psychiatriques depuis leur accident. Un bon nombre avaient même développé une anorexie, une boulimie ou un abus d’alcool ou de drogue, sans autres symptômes. La très importante leçon de cette étude est qu’il n’y a pas que l’état de stress post-traumatique, et de loin, qui nécessite de rechercher les événements passés ayant pu laisser des cicatrices émotionnelles qui font encore souffrir. Dans toutes les formes de dépression ou d’anxiété, il faut systématiquement essayer d’identifier dans l’histoire du patient ce qui a pu déclencher les symptômes qui le gênent aujourd’hui. Puis il faut éliminer le plus grand nombre possible de ces traces émotionnelles.

Les méthodes de traitement que j’ai exposées au cours des pages précédentes visent toutes à renforcer ces mécanismes d’autocomplétion qui caractérisent tous les organismes vivants – de la cellule à l’écosystème en passant par l’être humain.

Dans les années 1940, la médecine a été transformée par l’avènement des antibiotiques. Pour la première fois, des maladies jusque-là mortelles ont pu être vaincues par un traitement spécifique. Leur efficacité était telle que tout ce qui avait été essentiel à la pratique de la médecine – la relation médecin-malade, la nutrition, l’attitude du patient – s’était vu remis en question : pour peu que le malade prenne ses pilules, celles-ci le guérissaient même si le médecin ne lui parlait pas, même si le malade se nourrissait mal et même s’il restait complètement passif et indifférent à son traitement. C’est de ce fantastique succès qu’est née en Occident une nouvelle manière de pratiquer la médecine, inconnue auparavant : une approche du malade qui ne prend plus en compte son histoire, son contexte, sa force vitale intérieure et sa capacité d’autoguérison. Cette approche purement mécanique du malade et de la maladie s’est généralisée à toute la médecine, bien au-delà des maladies infectieuses. Aujourd’hui, presque tout l’enseignement médical consiste à diagnostiquer une maladie spécifique et lui associer un traitement spécifique. C’est une approche qui fonctionne remarquablement bien pour les maladies aiguës : une appendicectomie pour une appendicite, de la pénicilline pour une pneumonie, de la cortisone pour une allergie… Mais elle révèle rapidement ses limites dès qu’il s’agit de maladies chroniques dont elle ne guérit que les crises et les symptômes. Autant que nous savons remarquablement bien soigner un infarctus du myocarde et sauver la vie du malade avec de l’oxygène, de la trinitrine et de la morphine, autant ce traitement n’a en rien fait reculer la maladie sous-jacente qui a bouché les artères coronaires du cœur. À ce jour, ce sont surtout des modifications profondes du mode de vie du malade qui sont capables de faire reculer cette maladie chronique des artères : gestion du stress, contrôle de l’alimentation, exercice, et ainsi de suite.

Il en va de même pour l’anxiété et la dépression, qui sont des maladies chroniques par excellence. Il est illusoire de croire qu’une seule intervention ou même une seule modalité d’intervention puisse systématiquement rééquilibrer les interactions complexes qui, ensemble, entretiennent un état de maladie chronique depuis des années, voire des décennies.

Nous avons fait le tour de nombreux outils pour accéder au plus profond de l’être émotionnel et en restaurer la cohérence. Alors, concrètement, par où commencer? L’expérience accumulée au Centre de médecine complémentaire à Pittsburgh nous a permis de mettre au point des règles assez simples pour choisir une combinaison appropriée à chaque personne.

La première chose à faire est d’apprendre à contrôler son être intérieur. Chacun développe au cours de sa vie des méthodes d’autoconsolation pour gérer les passages difficiles. Malheureusement, il s’agit le plus souvent de la cigarette, du chocolat, de la crème glacée, de la bière ou du whisky, voire l’anesthésie de la télévision. Ce sont, de loin, les manières les plus courantes de se consoler des aléas de la vie. Si nous avons été en contact avec la médecine conventionnelle, ces toxines de tous les jours ont facilement pu être surclassées par un tranquillisant (comme le Valium, l’Ativan ou le Xanax), ou par un antidépresseur. Dans les années 1960, presque tous les journaux médicaux américains étaient remplis de publicités pour le Librium – le prédécesseur du Valium. Celles-là annonçaient fièrement : «Du Librium. Quel que soit votre problème!» Si au lieu d’un médecin, c’est un groupe de lycéens, d’étudiants ou d’amis un peu perdus eux-mêmes qui nous donne des conseils, les tranquillisants auront été remplacés par des méthodes d’autoconsolation plus drastiques encore comme la cannabis, la cocaïne ou l’héroïne.

Il est évidemment essentiel de substituer à ces méthodes peu efficaces – et le plus souvent toxiques – des techniques qui utilisent les capacités d’autoguérison du cerveau émotionnel et qui permettent de rétablir l’harmonie entre la cognition, les émotions et un sentiment de confiance dans l’existence. À Pittsburgh, nous encouragions chacun à découvrir sa capacité de cohérence cardiaque et à apprendre à entrer dans cet état de cohérence au moindre stress (ou lorsque la tentation apparaissait de se reposer sur une méthode moins saine – et moins efficace – pour gérer la tension du moment).

Ensuite, il faut identifier, si possible, des événements douloureux du passé qui continuent d’évoquer des émotions difficiles dans le présent. Le plus souvent, les patients sont les premiers à sous-estimer l’importance des abcès émotionnels de la vie, ravivant à chaque instant la douleur ou limitant le plaisir. La plupart des praticiens traditionnels ont tendance à ne pas y prêter attention ou bien ne savent pas comment aider les patients à s’en libérer.

Il faut toujours faire l’inventaire des conflits chroniques dans les relations affectives les plus importantes : autant dans la vie personnelle – parents, enfants, époux, frères et sœurs – qu’au travail – patron, collègues, employés. Ces relations conditionnent notre écosystème émotionnel. Assainies, elles nous permettent de recouvrer notre équilibre intérieur. Si elles polluent continuellement le flux de notre cerveau émotionnel, elles finissent par bloquer ses mécanismes d’autoguérison. Parfois, le simple fait de résoudre les conséquences des traumatismes du passé permet aux relations affectives de prendre un nouvel élan. Libéré des spectres qui n’ont rien à faire dans le présent, chacun peut alors inventer une manière entièrement nouvelle d’entrer en relation avec les autres. Apprendre à contrôler sa cohérence cardiaque permet aussi de mieux gérer ses relations affectives. La communication émotionnelle non violente est aussi une méthode directe et remarquablement efficace pour harmoniser les relations affectives et retrouver l’équilibre de soi. Nous devrions tous continuellement nous entraîner à une meilleure communication émotionnelle.

Enfin, pour atteindre la véritable paix intérieure, il est souvent essentiel pour nous de trouver un sens plus profond au rôle que nous jouons dans notre communauté, au-delà de notre famille immédiate. Ceux qui ont la chance de découvrir une telle source de sens sont en général propulsés plus loin qu’un simple retour au bien-être : ils ont le sentiment de puiser leur énergie dans ce qui donne un sens à la vie elle-même.

Extraits de :
Quérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse  
David Servan-Schreiber
Coll. Réponses, Robert Laffont (2003)

COMMENTAIRE

Il a raison… mais encore une fois il faut expérimenter par soi-même pour en apprécier les bénéfices; et ça exige beaucoup de vigilance. Et en ce qui concerne les petits traumas affectifs, peut-être faut-il apprendre à ne pas se prendre trop au sérieux.

À propos de cohérence cardiaque, vous aimerez peut-être :
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http://artdanstout.blogspot.ca/2013/07/ce-coeur-qui-bat.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/02/de-cur-ferme-cur-ouvert.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/02/laissez-votre-cur-parler-votre-cerveau.html

25 janvier 2014

Que vaut l'instant?

Notes de lecture

Un instant attrapé au vol!

Dans le fond, la vie n’est qu’une addition d’instants merveilleux, désastreux ou neutres. Comme ils disparaissent pour toujours, la seule façon de les faire «vivre» c’est de s’en rappeler et d’y penser. Mais si l’on doit faire un effort pour se rappeler, c’est qu’on a oublié.

Mais comme le dit Kennedy dans son roman, l’instant (dans le sens d’opportunité exceptionnelle) dont on ne profite pas ne se représente jamais; ou bien on le saisit, ou bien on le perd. D’une façon, les gens atteints d’Alzheimer sont privilégiés car, contrairement à nous, tout ce qui compte c’est l’instant. Ils ne peuvent pas s’accrocher au passé, ils n’en ont plus! 

Mine de rien, je suis en train de faire le tour de l'oeuvre de Kennedy. J'aime ses réflexions philosophiques disséminées ici et là à travers ses romans.

Citations tirées de :
Cet instant-là 
Douglas Kennedy
Belfond; 2011

À quel instant «pas maintenant» se transforme en «jamais»?
~ Luther (Wie bald ‘nicht jetzt’ ‘nie’ wird?)

-- On croit que tout est solide et puis, brusquement, on se rend compte que ce n’est pas le cas. Et alors on se demande comment notre radar n’a pas été capable de capter à quel point ça clochait. -- …Chacun de nous a une facette qu’il préfère ne pas révéler. C’est pour ça que nous ne pouvons jamais connaître complètement une personne, même quelqu’un de très proche.

La mémoire, quel fouillis d’émotions! Quoique cet afflux de réminiscences et d’associations d’idées puisse sembler chaotique à première vue, l’une des grandes vérités concernant la mémoire est qu’elle ne fonctionne jamais de façon arbitraire. Il existe toujours une connexion ou une autre entre les souvenirs, parce que toute chose obéit à une logique narrative. Et le récit sur lequel chacun de nous s’escrime, c’est ce que nous disons être notre vie.

On ne saisit l’importance d’un événement, son influence durable sur notre personnalité que bien après qu’il a rejoint la sphère de la mémoire.

…S’asseoir quelque part en compagnie de soi-même, soudain retranché de la confusion du monde, est aussi facile qu’essentiel. (…) Mais la vie ne vous laisse jamais entièrement en paix.

Il y a des moments de la vie où on voudrait se faire tout petit, plaquer ses mains sur ses yeux et effacer les conséquences de sa crétinerie par un simple effort de volonté.

…L’orgueil est la force la plus destructrice qui existe au monde, celle qui nous pousse à ne plus considérer que la pulsion de défendre nos si fragiles certitudes, et donc d’ignorer toutes les autres interprétations du scénario qu’est notre vie. Il nous conduit à adopter une position et à ne plus en bouger, nous empêche de seulement considérer la raison pour laquelle quelqu’un nous supplie de l’écouter. L’orgueil va si loin qu’il peut nous obliger à repousser la seule personne nous ayant jamais offert la chance d’un bonheur véritable. L’orgueil tue l’amour.

Nous sommes l’accumulation des paradoxes que la vie a mis sur notre chemin, stimulants ou atterrants, porteurs d’une lumière cristalline ou des plus denses ténèbres. Nous sommes le résultat de ce qui nous est arrivé, et nous avançons toujours chargés de ce qui nous a définis, de ce dont nous avons manqué, de ce que nous avons voulu sans avoir pu l’obtenir, de ce que nous avons trouvé et perdu. (…) Certaines expériences nous transforment si profondément qu’elles demeurent à jamais avec nous, et nous ne pouvons pas vraiment refermer la porte sur ce qui nous hante.

Nous prenons toujours des risques en vivant. Toujours. Sans cesse, nous nous persuadons de suivre un scénario, une trajectoire où nous espérons trouver ce qui nous satisfera, ou du moins ce qui nous permettra de penser que notre court passage sur terre a une certaine validité, une certaine cohérence, une certaine plénitude.

Existe-t-il un seul aspect de l’aventure humaine qui soit «complet»? Ou bien tout est-il successivement trouvé et perdu, perdu et retrouvé?

L’amour est sans cesse la quête fondamentale, car que signifie une route sans destination concrète? De quelle façon pourrions-nous maintenir cette avancée impétueuse mais toujours moins aisée, sans quelqu’un pour ralentir la course effrénée, pour lui donner un peu de sens, pour conférer un but crédible à ce périple?

Et au milieu de toutes ces forces discordantes, il y a aussi l’instant. L’instant qui peut tout bouleverser ou ne rien changer.

24 janvier 2014

Pourquoi perd-on la mémoire?


Qu’un souvenir…

J’ai retrouvé cette petite synthèse aide-mémoire (copiée sans noter la source à l’époque, encore une fois mea culpa). 

Comment ça marche?

La mémoire, c’est l’aptitude à enregistrer des informations et la possibilité de les exprimer et de s’en servir pour se rappeler (mémoire orientée vers le passé) ou pour construire et faire des projets (mémoire orientée vers l’avenir).

La mémoire, c’est une succession de 3 phases distinctes : l’entrée, le stockage et la sortie des informations.

1. L’entrée des informations, c’est apprendre à enregistrer
«Ce ne sont pas les choses qui sont intéressantes mais c’est moi qui m’intéresse aux choses». Nos cinq sens participent à l’élaboration de la mémoire, c’est ensuite le cerveau qui va organiser toutes les informations reçues en les structurant.

2. Le stockage des informations organise les informations reçues  
Il faut que l’on comprenne les informations  pour pouvoir mieux se rappeler. Les moyens de stockage sont variés : la répétition, les moyens mnémotechniques, l’expérience.

3. La sortie des informations  
Il faut qu’il y ait un besoin (la stimulation) et un interlocuteur donc une envie de communiquer avec les autres. Nos émotions (peur, tristesse, joie, colère) favorisent ou parasitent le fonctionnement de la mémoire.

Nos différentes mémoires

Les 3 types de mémoire liés à la notion du temps

1. La mémoire immédiate  
Mémoriser une information de quelques secondes à une minute (numéro de téléphone consulté dans l’annuaire). Elle s’affaiblit avec l’âge et peut se rééduquer.

2. La mémoire à moyen terme  
Mémoriser et se rappeler (stockage) une information de 1 minute à quelques heures (un rendez vous). Elle s’affaiblit avec l’âge et peut être stimulée et conservée.

3. La mémoire à long terme 
Mémoire biographique : notre histoire, notre langue. Elle est définitive et ne s’affaiblit pas.
Mémoire épisodique : celle des événements en relation avec le temps et le lieu. Elle s’affaiblit avec l’âge. Cette mémoire est liée à la mémoire biographique.
Mémoire sémantique : l’apprentissage scolaire comme le calcul, la grammaire, les chansons, les poèmes.
Mémoire procédurale : c’est celle des gestes techniques, professionnels (conduite auto, vélo, tricot) elle reste très longtemps et peut s’améliorer. 

Les 2 types de mémorisation 

1. La volontaire 
Nous décidons ce que nous allons retenir, nous engageons alors des efforts, de l’attention et de la concentration.

2. L’involontaire 
Nous retenons à force de répétition (publicité, horaires répétitifs)

Pourquoi perd-on la mémoire?

Quel que soit notre âge, nous avons tous des pertes de mémoire. Elles nous inquiètent davantage lorsque nous sommes plus âgés.

L’angoisse, l’inquiétude, les responsabilités rendent moins disponibles, donc diminuent les capacités de mémorisation. L’oubli fait partie de la mémoire.

Certaines pertes de mémoire sont normales et d’autres sont liées à une maladie. Si vous avez un doute, consultez.

Au cours de notre vie, nous utilisons seulement de 30 à 40% de notre capital de neurones (cellules nerveuses); donc il y a toujours de la réserve pour développer notre mémoire.

En conclusion, nous n’avons pas une seule mémoire que nous jugeons performante ou déficiente mais des mémoires. Si l’une d’elles nous parait défaillante, nous pouvons compenser avec les autres.

23 janvier 2014

Journal d’une vie

Nostalgie de la vieille dactylo, du verre de scotch et du mégot au coin des lèvres... à la Hemingway ou George Orwell? J’ai vendu ma vieille Underwood à un collectionneur, mais je me demandais que faire de la Hermes 3000 (1958) – j’en ai vue une à 275$ sur eBay.  

Eh bien, sur ce site http://www.usbtypewriter.com/index.html on propose des kits Mixed bred – vintage typewriter combiné au mode USB. Je vais essayer de trouver un ordiman qui pourrait rendre le tout compatible. Trop hot!
 
Ma Hermes 3000

Mais là n’est pas mon propos. Je veux juste parler du fait que beaucoup de gens renoncent à de nouveaux projets en raison de leur âge, comme s’ils étaient finis, et je vous propose un modèle très différent de Hemingway...

Car ce matin, je feuilletais un livre que j’avais donné à ma mère en espérant lui donner le goût de raconter sa vie par écrit (elle écrivait bien, beaucoup de sagesse toute simple). Mais la biographie de la dame la rendait si nostalgique qu’elle ne l’a pas lue au complet. Hé, effet contraire! Peut-être que ma mère ne voulait pas retourner dans sa mémoire parce qu’elle regrettait de ne pas avoir fait ce qu’elle aurait voulu… Bref, elle a vécu son livre, mais ne l’a pas écrit… Dommage.

En passant, je continue à lire le journal de bord de George Orwell : fascinant, je suis rendue à mars 1942, en pleine guerre. 
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/12/orwell-blogueur-et-feministe-avant.html  


Donc, voici le topo : Marguerite Lescop est une femme très vivante et enthousiaste que les défis de la vie n’ont jamais rebutée. Capable de se «r’virer sur un 10 cents» comme on dit en chinois. À la toute fin de son livre Le tour de ma vie en 80 ans, elle partage quelques-unes de ses maximes préférées :

Le verbe aimer conjugué aux trois étapes de la vie :
1 : Je m’aime  2 : Je t’aime  3 : J’aime.

Ne dis jamais tes défauts aux autres; ils s’en apercevront bien assez vite.

On a le jugement formé au moment où l’on n’a plus de jugement à porter.

Dans la vie, on a deux certitudes : le présent et la mort.

L’humour est une façon pudique de se mettre à nu.

Le bonheur n’a pas son pareil pour nous rendre heureux.

La passion est comme une fournaise sans thermostat.

Avouer son erreur, c’est se pardonner à soi-même.

Paradoxe : un acte gratuit est toujours payant.

Recette de bonheur :
les pieds bien sur la terre,
le cœur sur la main
et la tête dans le ciel.

Le silence est préférable à la parole, surtout quand on n’a rien à dire.

La vieillesse et l’adolescence se ressemblent : la susceptibilité les unit.

L’ennui, c’est attendre sans fin
quelque chose ou quelqu’un
qui ne vient jamais.

Aimer la vie, c’est se faire un cadeau tous les jours.

On peut tout donner à ses enfants, sauf des conseils.

Il faut s’aimer sans illusions, afin de les garder pour les autres.

La joie de vivre est un feu d’artifice que l’on porte en soi. Il suffit de l’allumer.

Le tour de ma vie en 80 ans
Marguerite Lescop
Guy Saint-Jean Éditeur

Alors, si vous hésitez à vous lancer dans un projet quelconque (à cause de votre âge par exemple), eh bien inspirez-vous de cette femme exceptionnelle : à 97 ans, elle ne lâche toujours pas, en effet!

Marguerite Lescop : «J’ai refusé de laisser tomber»
Par Roxane Léouzon (Journal Métro septembre 2013)

Marguerite Lescop a été une grande source d’inspiration pour de nombreux auteurs, les poussant à «passer à l’action sans attendre qu’un grand éditeur» les publie, selon l’Association québécoise des éditeurs indépendants (AQÉI). L’AQÉI rendra hommage à Mme Lescop le 8 septembre dans le cadre du premier Salon du livre indépendant. À 97 ans, l’auteure du best-seller Le tour de ma vie en 80 ans jette un regard sur son passé, son présent et son avenir avec une joie de vivre rafraîchissante.

Comment réagissez-vous à l’hommage que vous rendent les éditeurs indépendants?
Quand on me l’a appris, je me suis dit : «Ils sont devenus fous!» Je ne crois pas mériter un tel honneur. Mais bon, il paraît que je suis un modèle.

Comment en êtes-vous venue à écrire votre premier livre à 80 ans?
Je n’ai jamais été très bonne en composition à l’école. Mais à presque 80 ans, j’ai décidé de suivre des ateliers d’écriture à l’université et j’ai bien aimé ça. Ils m’ont appris qu’il fallait écrire de façon naturelle, comme on pense et comme on parle. De fil en aiguille, j’ai écrit mon autobiographie. Mes enfants m’ont dit qu’ils trouvaient ça très bon et que je devrais essayer de la publier.

Comment en êtes-vous venue à fonder les Éditions Lescop?
J’avais été porter mon manuscrit à plusieurs maisons d’édition. Je pense que les éditeurs ne l’avaient pas lu, puisqu’ils l’ont tous refusé. Mon fils François a alors suggéré qu’on le publie nous-mêmes. Il a tout pris en main. J’étais d’accord parce que j’ai un sacré caractère. Rien ne me résiste, je saute par-dessus les clôtures.

Vous avez vendu plus de 100 000 copies de votre autobiographie. Aviez-vous imaginé que ça pourrait arriver?
Jamais. Je ne pensais pas que la vie me mènerait là, mais j’en suis contente. Je dois beaucoup à mon fils François, sans qui tout ça n’aurait pas pu arriver.

Prévoyez-vous écrire de nouveau?
J’avais l’intention de le faire, mais à cause d’une mauvaise chute, j’ai dû passer quatre mois à l’hôpital. Ma main est maintenant moins fonctionnelle, et j’ai de la difficulté à bien écrire. Mais on ne sait jamais. J’aimerais écrire sur la vieillesse, sur ce qu’on y perd et ce qu’on y gagne.

Un premier Salon du livre indépendant vient de naître à Montréal. Qu’en pensez-vous?
Je trouve ça très beau que les écrivains s’unissent et donnent leur chance à ceux qui ne peuvent pas se faire publier par un grand éditeur.

Vous aimerez peut-être :
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/09/pourquoi-ecrivez-vous.html
http://artdanstout.blogspot.ca/2013_08_01_archive.html  

22 janvier 2014

La pilule miraculeuse, encore une fois

Crédit photo : National Geographic
 
J’ai souvent fait l’éloge de la Nature en tant que source de guérison. Mais bon, il ne suffit pas de le lire ou d’en parler, car comme pour tout le reste, il faut essayer pour croire – parce qu’on aura eu des résultats tangibles. Bien sûr, Mick Dodge représente un extrême. Mais il est possible de partager équitablement son temps entre nature et tourbillon social, comme il le suggère, il suffit de parcourir des sentiers de montagne ou de la nature environnante le plus souvent possible pour en récolter des bénéfices.
 
Le légendaire Mick Dodge
Extraits d’interview
 
Il y a environ 25 ans, Mick Dodge a abandonné ses chaussures, laissé pousser sa barbe et quitté la civilisation moderne (et une famille) pour vivre seul dans la forêt de Pacific Northwest’s Hoh. Mais, il n’est pas totalement isolationniste puisqu’il fréquente une communauté de montagnards et qu’il a accepté (il a fallu le convaincre) de participer à une série documentaire de National Geographic Channel  intitulée The Legend of Mick Dodge. (…)

(Mick Dodge avait terriblement mal aux pieds, entre autres maux.) 

En suivant mes pieds, je suis sorti de l’isolement du monde moderne et j’ai atterri sur terre. Les résultats sont venus rapidement. Non seulement mes pieds ont guéri, mais mon mal de dos, mes douleurs au cou et surtout la douleur au cœur, ont disparu. Et en un rien de temps, je suis sorti du mode de vie sédentaire, stressé et soporifique de notre monde moderne. Je musclais mon esprit au cœur même de la matière. Je dansais comme le feu, courrais comme le vent, m'endurcissais comme la pierre et voguais comme l’eau, simplement en marchant pieds nus et en permettant à la Terre de m’enseigner. C’est aussi simple que suivre vos pieds, mais ça ne vient pas facilement. La Terre vous mange si vous ne faites pas attention.

La civilisation moderne vous manque-t-elle?
Elle ne me manque pas. Mais, il n’y a pas moyen d’en sortir. J’ai donc développé une méthode de conditionnement physique qui me permet d’en sortir et d’y revenir. Je peux sortir des murs, des machines, de l’électronique et du babillage social pendant un certain temps pour m’enraciner dans le mouvement naturel de la terre, et ensuite retourner à la civilisation.

Avez-vous rencontré des animaux dangereux?
Un jour, alors que je marchais le long de la route en direction de mon camp de base, un idiot qui parlait au téléphone cellulaire et roulait à au moins 80 miles à l’heure a failli percuter un chevreuil ainsi que moi ensuite. Les rencontres les plus dangereuses que j’ai eues dans les espaces sauvages, les murs des villes et les terres clôturées étaient des créatures à deux pattes.

Est-ce que ce mode de vie a fait grandir votre appréciation de Mère Nature?
Le mot appréciation n’est pas assez fort pour exprimer ce que je ressens envers la Terre et les transitions que j’ai vécues, et qui se poursuivent. Diable, je viens à peine de commencer! L’une des choses les plus marquantes que mes parcours sauvages m’ont apporté fut de me libérer de la polarisation du monde moderne. Les gens essaient toujours de vous mettre dans une boîte. En prenant une certaine distance par rapport au confort, aux habitudes de vie et aux structures physiques comme les chaussures, les machines, les murs et l’électronique, je me suis retrouvé dans une quête de sens, de ce qui me convenait; et m’intégrer à la nature sauvage avait un sens. Donc, j’ai appris à chercher et à suivre la voie du milieu. Ce n’est pas toujours facile de déterminer ce qu’est le milieu entre le monde moderne et la Terre. Mais c’est une aventure amusante.

Que souhaitez-vous faire savoir à l’auditoire?
Levez-vous, sortez de votre boîte à chaussures et marchez à travers votre habitat, dans votre région. Si vous le faites, peut-être que vous commencerez à remarquer des choses simples. Que se passera-t-il si vous commencez à suivre vos pieds? Je n’en ai aucune idée, personne ne sait. Je ne connais que ma propre histoire. Mais je sais aussi que nous sommes tous des conteurs, donc j’espère que les gens sortiront assez longtemps pour ressentir dans leur mémoire, développer une méthode de guérison et restaurer leur enracinement à la terre.

 
Source (Mother Nature) :
http://www.mnn.com/earth-matters/wilderness-resources/stories/he-lives-in-a-tree-doesnt-wear-shoes-and-brushes-his

21 janvier 2014

Wrinkles don’t hurt


There is always a lot to be thankful for, if you take the time to look. For example, I'm sitting here thinking how nice it is that wrinkles don't hurt. (Author unknown) 

L’ardeur

Rire ou pleurer, mais que le coeur
Soit plein de parfums comme un vase,
Et contienne jusqu’à l’extase
La force vive ou la langueur.

Avoir la douleur ou la joie,
Pourvu que le coeur soit profond
Comme un arbre où des ailes font
Trembler le feuillage qui ploie;

S’en aller pensant ou rêvant,
Mais que le coeur donne sa sève
Et que l’âme chante et se lève
Comme une vague dans le vent.

Que le coeur s’éclaire ou se voile,
Qu’il soit sombre ou vif tour à tour,
Mais que son ombre et que son jour
Aient le soleil ou les étoiles…

Anna de Noailles, Le coeur innombrable

19 janvier 2014

L’instant-passerelle

À vrai dire, toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l’insaisissable progrès du passé rongeant l’avenir. ~ Haruki Murakami (Kafka sur le rivage)


Un autre coeur

Serait-ce un autre cœur que la Nature donne
À ceux qu’elle préfère et destine à vieillir,
Un cœur calme et glacé que toute ivresse étonne,
Qui ne saurait aimer et ne veut pas souffrir?

Ah! qu’il ressemble peu, dans son repos tranquille,
À ce cœur d’autrefois qui s’agitait si fort!
Cœur enivré d’amour, impatient, mobile,
Au-devant des douleurs courant avec transport.

Il ne reste plus rien de cet ancien nous-mêmes;
Sans pitié ni remords le Temps nous l’a soustrait.
L’astre des jours éteints, cachant ses rayons blêmes.
Dans l’ombre qui l’attend se plonge et disparaît.

À l’horizon changeant montent d’autres étoiles.
Cependant, cher Passé, quelquefois un instant
La main du Souvenir écarte tes longs voiles,
Et nous pleurons encore en te reconnaissant.

~ Louise Ackermann, Contes et poésies (1863)

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À cette époque-là, je ne savais pas encore qu'un jour je la blesserais irrémédiablement. Je ne savais pas que parfois un être humain peut en blesser un autre, par le seul fait d'exister et d'être lui-même. ~ Haruki Murakami (Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil)

18 janvier 2014

Merveilles de la Vie!

Quand on cherche de la laideur, on en trouve.
Quand on cherche de la beauté, on en trouve.

On s’entend que je ne parle pas d’esthétisme ni de critères subjectifs de beauté, bien que parfois ils se conjuguent comme ici.


Message accompagnant le pps :

Chaque année, le golf du Technopole à Metz accueille un couple de cygnes qui installe son nid à la bonne saison pour y pondre ses oeufs et y élever ses petits.

Cette année, l’emplacement choisi pour leur nid a obligé la direction du golf à interdire le passage entre les trous N°10 et 11 tout le temps qu’a duré la couvaison.

Quelqu’un a eu la bonne idée de créer un photoreportage de cette couvée 2013. 

Crédit : toutes les photos proviennent du Diaporama inédit réalisé par Monia 7; note de l’auteur – «photos personnelles, plagiat interdit, merci de respecter mon travail».

La photographe a suivi l’évolution de la couvée du début à la fin. Je me permets d’en partager quelques-unes, comme une grâce que la Vie nous offre, en espérant que l’auteur ne s’en offusquera pas si elle tombe sur ce message.

 





17 janvier 2014

Hauteur de vue

Quand les étoiles et la nature nous ramènent à notre juste proportion dans l’univers...
Un peu de distance avec l’humain qui se prend pour le nombril du monde. 

À voir plein écran.
Crystal Skies : Tom Lowe / John Stanford
TimeScapes : http://www.timescapes.org/4k/about_the_movie.aspx

 

16 janvier 2014

Maître du présent


Photographies : Elena Shumilova, originaire de Russie.
J’ai reçu ce lien tantôt – oh là là! Je suis renversée. Les photos de ces enfants sont si belles et apaisantes qu’on pourrait méditer devant un bon moment. Parlez-moi de beauté! Interview :
http://exopermaculture.com/2014/01/15/a-russian-mothers-photographs/
Portfolio de la photographe : http://www.flickr.com/photos/75571860@N06/with/10949174803/

Ne craignez point les événements
Georges Barbarin

L’homme a toujours eu peur des événements parce que son libre arbitre lui paraît nul ou peu de chose, balloté qu’il semble sur les flots du hasard.
       C’est le résultat d’une incompréhension des lois de la vie, car ce qu’on nomme improprement le hasard est capable d’une intelligente direction. Le hasard est, en réalité, l’ensemble des choses que notre raison n’a pas comprises et,  comme notre raison est des plus limitées, on voit quelle part considérable tient le hasard.

Placez-vous sur le terrain supérieur

Vous êtes un peu comme la fourmi dans sa fourmilière, à la merci, semble-t-il, des hautes puissances élémentaires qui surgissent on ne sait d’où. Mais comme vous êtes une fourmi consciente et réfléchissante, votre compréhension ne s’arrête pas au domaine superficiel et vous avez la faculté d’envisager un autre domaine dont le premier n’est que la conséquence et l’écho.
       Il est vrai que si vous demeurez sur le plan mental et matériel, vous êtes sans grande action sur la vie. C’est la vie, au contraire, qui a barre sur vous. Mais si vous vous haussez jusqu’au plan supérieur d’où toute vie découle, vous êtes supérieur aux événements.
       Lorsque vous vous avisez de ce pouvoir, plus rien n’existe pour vous comme précédemment et vous êtes doté d’une puissance remarquable qui vous permet de diriger votre vie au lieu d’être traîné par celle-ci. À maintes reprises nous avons indiqué les moyens pratiques d’être son propre chef, de conduire personnellement sa barque, sans difficulté et sans péril.

C’est maintenant qu’il faut assainir votre esprit

Nous sommes précisément à l’heure où les événements se font menaçants, car nous touchons à la fin d’une ère où tout doit se reclasser. L’agitation politique, sociale, religieuse, philosophique est un terrain propice à l’éclosion de nouvelles peurs.
       On ne compte plus aujourd’hui les gens qui ont peur de la bombe atomique, du communisme, du fascisme, de la guerre, de la révolution. Tout sert de prétexte à cet incendie généralisé des consciences. Le trouble s’étend de l’une à l’autre, affolant les poltrons et les indécis. Presque tous les hommes et presque toutes les femmes de notre siècle ont la conscience obnubilée par les perspectives nationales et internationales. Ils empoisonnent ainsi toutes leurs joies et multiplient leurs ennuis.
       Cette hygiène morale défectueuse comporte au moins deux sortes de redressement : 1° dissoudre sa peur; 2° agir sur les événements eux-mêmes.

On peut maîtriser sa peur, puis la faire disparaître par une asepsie de tous les instants. Pour cela, cessez la lecture des journaux qui ne vivent que de vos alarmes, évitez l’écoute de la radio et de la télévision, fermez votre oreille aux dires pessimistes de vos amis et relations. Il y a une certaine quantité de choses qui existaient avant les événements actuels et qui existeront encore après les événements de demain, notamment : une belle aurore, un beau couchant, de beaux jeux d’enfants, un beau sourire de femme, un beau tableau, une belle musique, un beau travail, une belle excursion. Je n’énumère là qu’une faible partie des belles choses qui vous sont offertes et qui, loin d’empoisonner votre existence, sont tout le charme de celle-ci. 
       Par conséquent, n’admettez rien de ce qui est laid, mauvais, cruel, malodorant, épineux, morbide. Recherchez et mettez en valeur tout ce qui est plaisant, constructif, utile, bienfaisant, heureux.

Développez vos pouvoirs spirituels

Cela est le premier point de pure hygiène morale. Reste le second point qui est le développement de vos pouvoirs. Ne croyez pas qu’il s’agisse d’occultisme ou de magie car ce seraient là de pauvres et inutiles procédés. Ce que nous vous conseillons est bien plus pur en même temps que plus efficace.
       Orientez votre pensée constructive dans le sens que vous désirez voir prendre aux événements, mais pas tels événements en particulier, car cette précision n’est point souhaitable, mais les événements de toute sorte pris dans leur ensemble et en raison de leur universelle orientation.
       Délibérez en vous, ayez en vous la certitude formelle que tout ira pour le mieux et dans l’axe du propos divin. Acceptez d’avance ces événements, quelles qu’en soient la portée et la nature. Soyez comme le pilote du navire qui l’emporte mais dont il règle la marche selon l’état des flots.
        Devenez directeur d’événements et n’admettez pas le rôle d’épave, traînée au gré des courants.

Comment agir sur les événements

Dans l’état de peur où vous êtes et conscient de votre impuissance individuelle, il vous semble excessif et même ridicule que vous puissiez « agir » sur l’événement. Et vous n’avez pas tort, car tant que vous croupirez dans ce sentiment d’impuissance aucune force ne naîtra de vous.
       Mais si vous secouez vos peurs, vos doutes, vos indécisions, si vous relevez enfin la tête et vous présentez à la vie, non comme un vaincu mais comme un vainqueur, il en sera autrement et vous allez le comprendre. Sur un million d’hommes, combien sont réellement sans peur? Bien plus : sur le même million, combien d’hommes ont conscience de leurs pouvoirs invisibles? Ce serait déjà une remarquable chose qu’il y en eût un ou deux. Tout le reste n’est que peur, atermoiement, contradiction, étroitesse, jouissance, mollesse, incompréhension.

Nous vous demandons : d’un tel troupeau, que peut-il sortir de valable et d’efficace, quelle influence peut avoir sur l’humanité, la terre et le monde cette multitude de carences et de médiocrités? Quand même vous les multiplieriez par cent, vous n’obtiendriez pas une valeur et une efficacité plus grandes. Au contraire, cette multiplication des incompréhensions et des faibles accroîtrait la dispersion générale et l’unanime contradiction. L’immense majorité des hommes n’a donc pas la moindre action sur les événements et ne peut, par suite, rien faire pour les aider, les détourner, les neutraliser, les combattre ou les utiliser. Dans ces conditions, vous êtes effectivement fondé à craindre les événements qui, sous divers aspects, peuvent vous choir sur la tête et anéantir vos réalisations comme vos projets.

Seuls, les rares hommes qui ont identifié en eux l’Homme Total et qui connaissent le pouvoir d’une pensée consciente sont en mesure de se soustraire à l’universel déterminisme et, en collaboration avec les organisateurs du monde, capables de faire prévaloir leur volonté. Leur action n’est limitée que par celle de leurs égaux en intelligence et en sagesse, ce qui revient à dire que, spirituellement, une aristocratie réduite de conscience administre le monde et l’humanité.

       À vous de sortir du flot immense et anonyme des non-pensants pour vous agréger à la petite troupe des pensants et participer ainsi à la conduite des affaires universelles. Dès que vous aurez pris conscience de vous-même, vous ne serez plus à la merci des événements. Ce sont les événements qui s’assoupliront, se prêteront, s’accommoderont, se modèleront, à votre ordre, sur le gabarit idéal que vous et les penseurs constructifs leur assignerez.
       Cela est malheureusement possible pour le mal comme pour le bien et explique l’empire fatal que certains hommes exercent sur la société.

Ne laissez pas aux mauvais l’initiative d’une pensée forte. C’est lorsque le monde est le plus malade qu’il a le plus besoin de bons penseurs.

Restez maître du présent

Vous ne parviendrez à l’état de constructeurs qu’en vous libérant de vos attitudes destructives.
       Chaque fois que vous critiquez ou maudissez les institutions humaines et les hommes eux-mêmes, vous renforcez l’inertie et le mal. Chaque fois que vous bénissez ou louez les institutions humaines et les hommes, vous fortifiez dans les uns et les autres ce qu’ils peuvent contenir de bon. Car rien n’est absolument mauvais comme rien n’est absolument bon. Une pensée néfaste peut tirer le mauvais du bon, de même qu’une pensée faste peut tirer le bon du mauvais. Tout réside dans l’intention de celui qui pense, et cela donne la mesure de sa responsabilité.

Bénissez donc, au nom de la Force Bienveillante, et les peuples et les nations et les chefs qui les mènent, et les hommes qui sont menés. Aidez les conducteurs de foule à se dégager des événements en se dégageant d’eux-mêmes.
       Faites de votre âme une terre qui chante et non un saule pleureur. Pointez vos espoirs vers le ciel. Riez obstinément à la vie. Soyez les maîtres du présent.

Aussi bornez-vous à l’immédiat. Ne prenez des prophéties que ce qu’elles contiennent de force et de possibilités résurrectrices. Soyez d’abord des hommes de l’heure. Et l’heure sonnera exprès pour vous.


Amour et paix sont éternellement associés

Ne craignez donc pas de vous servir de l’amour comme d’une mystérieuse panacée qui panse tous les maux, guérit toutes les blessures, cicatrise la jalousie, cautérise l’hostilité.
       Vous ne serez pas dupé comme certains voudraient vous le faire croire. Il n’y a que la haine et la malice qui ne paient point.

Regardez les hommes de haine; ils soulèvent la haine partout. De toutes part, ils sont investis, escortés, traqués par les haines individuelles et générales. Leurs jours sont des cauchemars de haine; leurs nuits sont des cauchemars de peur. Ils ont peur instinctivement, logiquement, continûment, perpétuellement. La peur souille l’eau qu’ils boivent, le pain qu’ils mangent, la route qu’ils suivent, les amitiés qu’ils rencontrent, les succès qu’ils ont.
       Mais vous, qui souffrez de la peur et ne voulez pas qu’elle paralyse votre vie, guérissez-vous en par l’antidote divin de la peur : l’amour.

Si vous décidiez seulement, à partir d’aujourd’hui, d’avoir des pensées, des paroles, des gestes d’amour, si vous adoptiez un visage d’amour, une intelligence et un cœur d’amour, vous verriez fondre les obstacles qui vous entourent. Vos amis, vos proches, vos relations seraient, peu à peu, métamorphosés. Toute votre existence s’orienterait vers des conclusions heureuses. Et il viendrait un moment où vous ne pourriez croire que la peur a trouvé asile en vous.

Source :
Comment vaincre peurs et angoisses
Guide pratique pour retrouver confiance, sérénité et joie de vivre
Les Éditions Dangles

La première édition de 1949 s’intitulait « La peur, maladie no 1 ». L’ouvrage a été réédité/adapté par la suite. L’auteur est décédé en 1965, mais Les Éditions Dangles l’ont réimprimée en 1983. L’éditeur dit ceci : « Nous avons tenu à rééditer ce texte merveilleux; nous n’y avons rien changé, à l’exception de quelques termes que nous avons réactualisés. »

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Vous trouverez plusieurs textes de Georges Barbarin dans Situation planétaire, il suffit de taper son nom dans le bidule de recherche du blogue…