31 décembre 2015

Bilan annuel perso à la Google

Fin d’année = bilan / ménage / résolutions



MÉNAGE

Virtuel : boîtes de courriels, sites favoris Internet, livres virtuels gratuits (non lus), abonnements, relevés bancaires et de crédit, documents personnels (dont les articles glanés sur le Net). Quoi d’autre? Ça dépend de chacun... 
   En revoyant vos centres d’intérêt, vos obsessions, vos achats vous obtenez un étonnant portrait de vous, tout comme le fait Google. Fascinant!  C’est redécouvrir des aspects de votre personnalité peut-être oubliés ou qui ont changé. Ce nettoyage permet de dire bye-bye à plein de choses et de commencer en neuf.

Tridimensionnel : eh bien, les choses dont vous ne vous servez plus depuis deux ans mériteraient d'être données / recyclées. Encore une fois cela libère de l’espace pour du neuf. Bien que les espaces vides aient aussi leur charme...

RÉSOLUTIONS

Comme on dit : si la récompense ne vaut pas l’effort, abstiens-toi.

Mais beaucoup de gens prennent quand même des tas de résolutions au nouvel an. La psychologue Alice Boyes (Psychology Today) suggère de chercher des résolutions plus stimulantes (ou moins ennuyantes), de sorte qu’il sera peut-être plus facile d’y rester fidèle...

1. Laissez tomber les résolutions que vous n’avez jamais réussi à tenir 

Parfois les gens reprennent les mêmes résolutions, année après année, en dépit des échecs accumulés. Habituellement ça concerne les diètes et l’exercice physique. 
   Vous pourriez choisir des résolutions «ne pas». Par exemple : je ne commencerai pas une diète ou je ne m’abonnerai pas à un club d’exercice. Ce faisant, vous pourriez découvrir une autre résolution pour atteindre votre but, et plus facile à tenir.

2. Choisissez une résolution dans un domaine qui habituellement vous importe moins  

Nous attribuons généralement une importance démesurée à un ou deux domaines de notre existence – par exemple l’apparence, les finances ou la carrière. Essayez de trouver une résolution dans un domaine que vous valorisez mais que avez tendance à ignorer, comme l’expression créative, le plaisir ou l’humour.

3. Choisissez la forme et la fréquence 

- Au lieu de planifier un journal de gratitude quotidien (décrire trois choses dont vous êtes reconnaissant), planifiez un journal hebdomadaire (décrire une seule chose) et choisissez un endroit et un moment précis pour ce faire.

- Au lieu de fréquenter le même club de gym cinq jours par semaine, essayez différents types d’exercice physique dans des endroits différents. Peut-être le yoga pendant un mois, puis l’escalade le mois suivant, puis le Tai Chi, etc.

- Au lieu d’entreprendre un programme d’exercices (si vous n’aimez pas), décidez de ne pas utiliser votre voiture pour vous déplacer dans un rayon de 8 km de distance.

- Au lieu de moins dépenser, n’achetez rien de neuf pendant un mois. Si vous répétez à chaque mois, qui sait le nombre d’achats inutiles qui ne grugeront plus votre budget.

4. Il n’est pas nécessaire que votre résolution dure toute l’année

L’inflexibilité n’est pas la meilleure stratégie psychologique pour persévérer. Le mieux est de tester votre résolution pendant le mois de janvier, puis de continuer en février si cela vous chante. Tenir pendant un mois est plus facile et motivant et si les bénéfices valent les efforts, il est probable que vous continuerez mois après mois. Sinon, essayez un plan différent en février – ce qui pourrait apporter de meilleurs résultats que de rester accroché au plan de janvier.

5. Essayer de nouvelles choses devrait faire partie de votre résolution

Par exemple, vous pourriez avoir résolu de cuisiner un nouveau plat une fois par semaine, ou de pratiquer un nouveau type d’exercice par mois, comme mentionné précédemment. Trouvez des choses aussi simples que porter une couleur différente une fois par mois (vêtement, accessoire), cuisiner une fois par semaine un plat incluant un ingrédient jamais utilisé, planifier une fois par mois une sortie en terrain inconnu.

Conclusion

Ces suggestions n’impliquent aucun jugement de valeur sur ce qui peut être intéressant ou ennuyant, ce ne sont que des exemples pour illustrer les principes et apprivoiser la flexibilité. L’important c’est ce qui VOUS intéresse, vos préférences personnelles appliquées à vos résolutions.

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En quoi consistent les résolutions et que visent-elles à accomplir?
Jean Garneau, psychologue (http://www.redpsy.com)

Typiquement, nous prenons la résolution de remplacer une habitude par une autre façon d'agir qui nous apparaît plus saine ou plus profitable. Autrement dit, je décide de changer une façon d'être qui me semble inadéquate. Je mise, pour y parvenir, sur une décision ferme et un effort de volonté. Il peut même arriver, si je crains de manquer de ténacité, que j'essaie de renforcer ma décision en annonçant cette résolution à ceux qui m'entourent. 
   Et, la plupart du temps, ça ne marche pas! Les bonnes résolutions sont abandonnées à la première occasion. Même les promesses faites devant toute la famille se transforment rapidement en dissimulation, en culpabilité ou en prétextes pour excuser ma faiblesse. C'est tellement fréquent que personne ne s'attend à ce que les «résolutions du jour de l'an» tiennent jusqu'à l'Épiphanie! Pourquoi?

Résolution ou projet? 

Il me semble que le germe de l'échec est déjà présent dans la façon dont on décide. Lorsqu'on prend une résolution, on choisit la plupart du temps de se conformer à ce qu'on croit bon ou meilleur, même si ce n'est pas ce qu'on désire réellement. 
   Par exemple, je trouve qu'il serait bon (pour ma santé) que je cesse de fumer. On encore je crois qu'il serait mieux (pour le bonheur de ma famille) que je consacre plus de temps à jouer avec les enfants et à les accompagner au parc. Dans ces deux cas, c'est par devoir que je prends cette «décision» qui me crée une nouvelle obligation. Je sais très bien que ce n'est pas ce qui me tente, mais je considère que ce serait préférable. 
   Une étrange conception du changement se cache dans ces résolutions. Je suppose, en procédant ainsi, que les personnes peuvent normalement changer leur façon d'être par une simple décision, pourvu qu'elle soit accompagnée d'un effort de volonté suffisant. Mais la psychologie a découvert depuis longtemps que le changement personnel est beaucoup plus complexe et exigeant. Cette vision ascétique du développement ne fonctionne jamais. Les rares fois où elle semble efficace, c'est à cause de l'influence d'autres facteurs puissants comme la peur d'une catastrophe. 
   Il faut cependant reconnaître que le changement est possible et que, même si les résolutions sont typiquement vouées à l'échec, les changements majeurs reposent souvent sur des décisions volontaires. Mais il ne s'agit pas alors d'une résolution; c'est plutôt une décision complexe qu'on peut considérer comme un projet. La différence la plus importante entre cette décision et une résolution est dans la qualité du motif fondamental sur lequel repose la décision. 
   Dans le cas des «bonnes résolutions», on décide par devoir, parce que c'est «ce qu'il faudrait». On cherche à se forcer la main soi-même en transformant ce devoir en résolution. Pour les décisions efficaces, on «choisit ce qu'on préfère», non pas parce que c'est facile ou «bien», mais parce que c'est une nécessité qui, de l'intérieur, nous semble devenue évidente. On décide que c'est le seul chemin qui conduit vers une satisfaction éventuelle et on refuse de continuer à tolérer une situation inacceptable. Notre changement devient alors un projet à long terme. ... On sait que de nombreux obstacles se présenteront sur notre chemin et on espère parvenir, au bout du voyage, à une plus grande satisfaction. Tout le reste ne se définit que pendant la réalisation du projet.

Projet, désir et rêve 

Si des projets exigeants peuvent être réalisés alors que tant de bonnes résolutions beaucoup plus faciles sont vite oubliées, c'est à cause surtout des forces de vie dont ils sont chargés. Le projet s'appuie sur un désir profond et un rêve important. C'est ce qui fait sa force. Il repose sur une amélioration qu'on désire vraiment : éliminer une souffrance devenue inacceptable, enrichir un aspect important de notre vie, ajouter un type de satisfaction dont on ne veut plus se priver. 
   Le projet est souvent aussi un rêve. Il s'agit d'une aspiration qu'on commence à prendre assez au sérieux pour décider de la transformer en réalité. L'objectif est relativement lointain, mais il nous apparaît comme très important. ... C'est la force du désir qui soutient toute cette démarche. Mais ce qui nous permet d'accepter les erreurs et les faiblesses inévitables, c'est l'ampleur de notre perspective, la vision à long terme. 
   Ce n'est donc pas l'effort de volonté qui est le principal garant du succès : c'est la qualité de l'objectif lui-même. La recherche de satisfaction sert à la fois de boussole et de carburant pour mener une telle entreprise à bon port. 
   Pour celui qui a pris de «bonnes résolutions», un obstacle est un prétexte pour se libérer du devoir qu'il s'était imposé. Pour celui qui est activement engagé dans un projet qui lui tient à coeur, l'obstacle est «une opportunité en habits de travail».

À VOS RÉSOLUTIONS / PROJETS 2016!

30 décembre 2015

Swing ton châr dans l’banc d’neige!


L’hiver est hypocrite. Décembre finit en lion.

Après les chants de Nôwel, on bascule dans le folklore trad...
Et swing la bacaisse dans l’fond d’la boîte à bois!
L’on voit aussitôt des images corrélées au sens le plus répandu de l’expression :
«fais danser la grosse dans le fond de la cabane» (ou similaire). 

Bacaisse, un mot qui porte à équivoque.  

Dictionnaire des injures – Baquais, baquaise. Vient du latin baccus; a donné bac : gros récipient. Puis baquais ou baquet : petit récipient pansu en forme de cruche. Sens : personne peu dégourdie, homme petit et gros, femme petite et boulotte (baquaise). Citation : Souigne la baquaise dans l’fond d’la boîte à bouâs! (Jeanne d’Arc Charlebois) Variantes : baquet, baquaisse, baquèse.

De kossé la bacaisse? 
La bacaisse ou la baquaisse!

Le terme bacaisse est l'un des p'tits trésors de la langue québécoise. Ce terme très familier n'étant pas univoque, il peut donc signifier plusieurs choses. 
   L'orthographie correcte de ce terme n'est pas «bacaisse» mais bien «baquaisse». Ce nom féminin reste conséquemment lié à son masculin : baquais. Un baquais c'est une personne corpulente! Le terme baquais est aussi connoté au nom baquet qui est pour sa part dérivé du terme latin populaire : baccus (récipient). [...] 
   Toutefois, le terme bacaisse a également un second sens qui est plus intimement lié à la culture canadienne et à ses traditions festives!
   La baquaisse ou son glissement orthographique bacaisse, est une bâche (un morceau de tissus) qui servait à transporter le bois de chauffage dans les maisons canadiennes en période hivernale. Le nom bacaisse est donc traditionnellement utilisé dans l'expression Swing la bacaisse dans l'fond d'la boîte à bois. Pour pouvoir se joindre à la fête il fallait swigner (lancer) son instrument de travail (la bacaisse) dans la boîte à bois pour ainsi se libérer les mains et se joindre à la danse. [...]
   Via le site Swing la bacaisse dans l'fond d'la boîte à bois, d’une Québécoise vivant en France.

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BONS RÉVEILLONS!

Oui, au pluriel! Autrefois dans les villages on avait coutume de visiter tous les voisins pour offrir ses vœux – après une quinzaine de p’tits verres de caribou* les gens marchaient à quatre pattes... Opération Nez Rouge n’existait pas (service de raccompagnement pour les gens qui ont dépassé le taux d’alcoolémie permis) https://operationnezrouge.com/

* Mélange de vin rouge et d’alcool fort; parfois, c’était simplement un verre d’eau-de-vie de bourgeons de sapin, yuck!

28 décembre 2015

C’est vrai!

Ils se sont rencontrés en ligne. 




@Twittakine Tomber amoureux peut prendre seulement un cinquième de seconde et provoquer la même euphorie que sniffer une ligne de coca. D’où la prolifération des flirts numériques!

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«Le chemin le plus court d'un point à un autre est la ligne droite, à condition que les deux points soient bien en face l'un de l'autre.» ~ Pierre Dac

26 décembre 2015

Attentes et réalité

Dans une civilisation ou le bonheur dépend des objets, nous pouvons facilement être déçus s’ils ne correspondent pas à nos attentes... Remarquez qu’on peut dire la même chose des personnes.

Solution pour ne pas s'affliger inutilement...  

Soyez réceptif à «ce qui est»

Dans de nombreuses traditions spirituelles, un des principes de base est l’acceptation de «ce qui est» par opposition au désir de changer à tout prix les choses. En effet, une grande partie de nos conflits intérieurs naissent de cette volonté démiurgique de contrôler la vie, ou simplement de la vouloir autre qu’elle n’est. Rêve impossible... Plus nous nous soumettrons à la vérité de l’instant présent, plus notre esprit sera en paix.

Nos idées préconçues sur ce que devrait être l’existence  nous empêchent d’apprécier le présent et d’en tirer des enseignements. Nous ne profitons pas vraiment des situations que nous traversons et qui pourraient être autant d’occasions d’éveil.

Votre enfant pique une colère ou votre femme vous fait une scène. Plutôt que de prendre la mouche, acceptez que vos proches n’agissent pas toujours comme vous le souhaiteriez. Si un projet sur lequel vous travaillez est rejeté, au lieu de vous prendre pour un raté, dites-vous : «bah, ce sera pour la prochaine fois». Inspirez profondément et modérez votre réaction.

Je ne vous demande pas d’avaler des couleuvres! Il ne s’agit pas de faire semblant de se réjouir de ses échecs, mais de les transcender. La vie ne correspond pas à vos espérances? Faites contre mauvaise fortune bon cœur. Lorsque vous prendrez votre parti des difficultés de l’existence quotidienne, les incidents qui hier vous faisaient bondir peu à peu ne vous atteindront plus. Vous saurez les mettre en perspective. En revanche, lorsque vous vous battez avec vos problèmes, la vie devient une partie de ping-pong – et vous jouez le rôle de la balle!

Inclinez-vous devant l’instant présent, acceptez ce qui est. Faites l’expérience de cette technique sur les petits pépins que vous rencontrerez cette semaine. Progressivement, vous pourrez appliquer la même méthode à des ennuis plus graves.

Richard Carlson
Ne vous noyez pas dans un verre d’eau
Cent conseils pour vous simplifier la vie!
J’ai lu Bien-être; Psychologie; 1998

Et puis, rappelons-nous ce proverbe taoïste :
Ne critiquez pas ce que vous n’avez pas fait vous-même.
Pas fou.

24 décembre 2015

À défaut d’un Noël blanc

Un petit ange blanc. Une boule de douceur vivante.



Poussière de Noël

Frotte, frotte
cette petite étoile
à l’écorce blanche

C’est tant de souvenirs qu’on oublie
Quand on voit au loin, la lumière de Noël

Poussière d’infini
qui se disperse au fond du coeur
et revient chanter
comme un ange
qui pleure

Monte, monte,
au ciel
et revient nous consoler
comme on console un enfant
qui attend
la nuit éternelle

~ Élodie Santos, 2010

Via http://www.poetica.fr/a-propos/

Le Noël tout blanc est mythique ici. Beaucoup de gens sont extrêmement déçus cette année. Voltaire disait que le malheur des uns faisait le bonheur des autres. Oui, ce mois de décembre clément me réjouit. J’aime la neige, mais pas le trouble ni le froid extrême. Alors, j’apprécie : pas de tempêtes ni verglas, pas de sorties de route ni remorquage. Yé!

Bonnes célébrations, quelle que soit votre préférence météo!

No winta...

23 décembre 2015

Peas all over the world



French-Canadian Pea Soup

Lors du 400e anniversaire de l’arrivée des explorateurs français en Ontario (célébré en 2010), le chef Marc Miron (Cuisine & Passion, Ottawa) a fouillé des archives pour savoir ce qu’ils mangeaient durant leurs voyages transatlantiques  au 17e siècle. Ils n’avaient guère le choix d’emporter des denrées non périssables incluant entre autres du poisson salé/séché, de la viande fumée, des pois et des haricots secs. Il a ainsi découvert que la fameuse French-Canadian Pea Soup de marque HABITANT (1) s’inspirait d’une recette (française) qui aurait été transmise d’une génération à l’autre depuis plus de 400 ans. Champlain et ses marins avaient dû en manger plus d’une fois... Une vraie soupe d’habitant (on appelait les premiers colons français des «habitants»). A true colonial soup... qui fut au menu dans les camps de bûcherons, avec les bines (fèves au lard), notamment durant le dix-neuvième siècle jusqu’au milieu du vingtième.

(1) Habitant/habitante (Dictionnaire des injures québécoises) – Du latin habitare : habiter. Sens : propriétaire terrien qui borne son horizon à celui de son champ. Personne rustre, lourdaude, naïve, facile à tromper et à étonner parce qu’elle n’a pas vu grand chose. Faire habitant : être vêtu sans goût, avoir du foin dans ses souliers, ne pas être sorti du bois. 
   Au 19e siècle, les anglophones commencèrent à appeler les francophones «French Pea Soup», et les francophones appelèrent les anglophones «têtes carrées» (squarehead). Ils étaient quittes.
   Même si le Québec est la seule province à majorité francophone, d’autres provinces comme le Nouveau-Brunswick et le Manitoba par exemple, comptent de fortes minorités francophones. Encore aujourd’hui, des frictions entre francophones et anglophones subsistent dans ce Canada, dit bilingue. [En 1969, la Loi sur les langues officielles fait du français et de l'anglais les deux langues officielles du gouvernement fédéral. Cette disposition fut confirmée par la Loi constitutionnelle de 1982.]

Peas and love

La recette d’une Manitobaine

Intro (adaptation/traduction maison)

À chaque année, en février, de nombreux Manitobains célèbrent le patrimoine culturel canadien-français lors d’un événement appelé Le Festival du Voyageur. On sort les mitaines, les tuques, les parkas, les ceintures fléchées et l’on brave le froid pendant 10 jours. Un festival à la mémoire des voyageurs et des échanges commerciaux qui se faisaient à l’époque dans les prairies canadiennes.
   Le soir, les tentes chauffées se remplissent de monde. Après une journée d’activités, on peut savourer un délicieux repas canadiens-français : soupe aux pois, pain bannock, tourtière, tarte au sucre et caramel à l’érable. Et puis, tout le monde danse sur des airs entraînants de folklore canadien-français. Est-ce à cause du violon ou du verre de Caribou? 
   Quand j’étais jeune, j'adorais manger au Festival du Voyageur. Mais, depuis que je suis devenue végétarienne (il y a 16 ans), pas de chance – la majorité des plats contient de la viande. Donc, cette année, en l'honneur du Festival, j'ai remanié des recettes traditionnelles en éliminant la viande. 
   Normalement, la soupe aux pois cassés cuit lentement avec un gros morceau de jambon fumé. Afin de retrouver la saveur de fumé, j’ai fait frire du faux bacon* avec l'oignon et l'ail. «Love at first bite.»

French-Canadian Pea Soup végétarienne

1-3/4 tasse de pois cassés jaunes secs
4 grandes tranches de bacon végétarien*
2 cuillères à soupe d'huile végétale
1 petit oignon haché
2 gousses d'ail hachées
3 carottes pelées et coupées en dés
4 branches de céleri coupées en dés
1 cuillère à café de thym séché
2 feuilles de laurier
8 tasses de bouillon de légume (réduite en sodium)
Sel et poivre au goût 

   * Bacon de Tempeh fumé à l’érable. 

   1. Dans une grande casserole, faites chauffer l'huile à feu moyen-élevé. Ajoutez l'oignon et le bacon végétarien, et cuisez jusqu'à ce que l'oignon soit translucide et le bacon croustillant (environ 5 minutes). Ajoutez l'ail haché, les carottes et le céleri et faites sauter encore 5 minutes en remuant. 
   2. Ajoutez les pois cassés, le laurier, le thym, le sel et le poivre. Ajoutez les 8 tasses de bouillon. Amenez à ébullition, couvrez, réduisez le feu et laissez mijoter 1-1/2 heures (ou jusqu'à ce que les pois soient cuits et la soupe épaisse); remuez souvent.
   3. Retirer les feuilles de laurier. Broyez les pois avec le dos d'une cuillère en bois. Pour un potage velouté, réduisez en purée avec un mélangeur manuel. Assaisonnez de sel et de poivre au goût. 
   Servez avec un morceau de pain croûté ou une tranche de bannock. (6 portions)

Courtney Rae Jones, The Fig Tree
http://thefigtreeblog.com/2013/02/vegetarian-french-canadian-pea-soup.html

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Il y a malheureusement beaucoup d’excès et de gaspillage durant les Fêtes dans les pays dits riches où néanmoins beaucoup de gens crèvent de faim. On en fait trop – trop de cadeaux, trop d’alcool, trop de bouffe (dont on jette les restants aux ordures). Que ressentent les gens qui n’ont même pas l’essentiel devant cette exhibition de bombance? C’est scandaleux. Le p’tit Jésus n’est pas comestible, sauf dans l’hostie, mais ça ne remplit pas l’estomac vide d’un enfant. On pourrait ramasser tous les cookies du Père Noël laissés sur les manteaux de cheminée des bien-nantis et les distribuer... 
   Au Canada nous gaspillons six millions de tonnes de nourriture chaque année. Et cela, sans compter les aliments qu'on laisse pourrir au sol. Un aliment sur trois finit dans nos poubelles. En Amérique du Nord, environ 40 % des aliments produits sont perdus entre le champ et l'assiette. Et, 47 % des aliments jetés le seraient à la maison, selon les données provenant du rapport Food Waste in Canada. Au Québec, on estime qu'un ménage gaspille en moyenne près de 800 $ de nourriture par an (cela peut atteindre 1500 $). À l'échelle du pays, les Canadiens auraient gaspillé en 2014 l'équivalent de 31 milliards de dollars de nourriture (27 milliards de dollars en 2010). Ces aliments sont rarement récupérés par les banques alimentaires et se retrouvent généralement dans les sites d'enfouissement. 
   Or un million de Québécois vit dans une situation économique précaire. Alors, n’oublions pas de partager, de donner nos surplus, et pas seulement durant les Fêtes.


The true Christmas spirit...

Passons au plaisir auditif avec l’ensemble vocal Musique à bouches. De très belles voix! Chants traditionnels, arrangements a cappella, podorythmie (tapage de pied). 

Muni d’une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec, le groupe Musique à bouches part à la recherche de nouvelles chansons traditionnelles. L’album Jusqu’aux oreilles présente 15 pièces tirées du répertoire de l’Estrie, de la Loire (France) et de la collection de l’Alliance des chorales du Québec. Des chants marins ou chorals aux chansons grivoises, à boire ou à répondre, toutes les pièces mettent en valeur le style a cappella, puissamment livré avec une richesse harmonique des plus envoûtantes sur fond de podorythmie.

http://www.musiqueabouches.com/bio.html


19 décembre 2015

Un musicien fascinant

C’est ridicule, mais à chaque année, j’essaie de trouver une musique ou un chant de circonstance sans référence à Jésus-Marie-Joseph, au Père Noël, aux sapins-boules-guirlandes-neige-foyer-eggnog et bébelles. Inconcevable. Nativité oblige. Mais, j’ai trouvé une interprétation de l’Ave Maria Bach/Gounod originale, avec en bonus une note d’humour.

Bobby McFerrin - Ave Maria

Yo-Yo Ma disait de McFerrin : «Il n’y a aucun instrument de musique qu’il ne peut pas imiter. En fait, son corps est un instrument de musique!»

Un musicien qui milite pacifiquement pour la créativité, exprimée sans autocensure à travers la musique – voix, instruments, etc.

“As musicians, we transcend technique in order to seek out the truths in our world in a way that gives meaning and sustenance to individuals and communities. That’s art for life’s sake.” ~ Yo-Yo Ma
 


Et puis, que de vaines discussions sur les religions en ce moment. Une espèce d’antinomie universelle. Si les croyants se contentaient de vivre leur religion dans leur propre sanctuaire intérieur et de pratiquer ce qui est au cœur des messages desdits prophètes, c’est-à-dire l’amour du prochain (ou à défaut, le respect), il me semble qu’on aurait un petit peu plus de paix sur cette (jadis plus belle) planète.

Alors je vous propose cet entretien avec McFerrin – il explique sa conception de la spiritualité. Beaucoup de sagesse.

Bobby McFerrin Interview – Religion and ethics News Weekly
https://www.youtube.com/watch?v=dLMRHpw-QBs

“To me, just being is a religious experience. Just being is holy.”

“I always felt that artists have a huge responsibility because culture looks at them as a way of interpreting what’s going on. So I think it’s important for artists to be redeeming, to offer things that are redeeming, things that will lift people, encourage them. So you do have to be careful with what you say, with what the material is, because there is a lot of material out there that... bleeds violence.”

McFerrin says that one of his job descriptions as an artist is moving people to joy. “If there’s any one thing I want it’s for people to have that sense of joy, the joy that I feel just being able to sing.”

“Music has a way of communicating … that language does not. It can go past language.”

He frequently works with young people, trying to help them see the power of music. It’s a lesson his mother taught him when he was a boy. “She knew how music was a healing balm because whenever I was sick she’d give me two things: she’d give me medicine for my aches and pains and she’d give me music for my spirit,” he recalls. “Music does have incredible power to rearrange your insides, rearrange your thoughts, and heal your body. Music is about transformation and transcendance.”

CONCLUSION:  

18 décembre 2015

Croire à ce qu’on voit : oui et non

À s’y méprendre! 

1. Nébuleuse – maquillage, huile d'olive, craie, poudre pour bébé, sel, eau

2. Nébuleuse avec flux gazeux – poils de chat, poudre d'ail, sel, farine, cumin, curcuma

Quand on numérise un objet en laissant le couvercle  du scanner ouvert, l'arrière-plan de l’image est noir au lieu de blanc. Voilà ce qui a déclenché le projet du photographe Navid Baraty, Wander Space Probe. Baraty dispose soigneusement sur la vitre du scanner divers éléments, dont plusieurs sont comestibles. Du bicarbonate de soude, du sucre et de la cannelle créent des étoiles et des nébuleuses tandis que des verres contenant du lait, de l'eau et des colorants alimentaires créent des planètes. Une fois que tout est correctement agencé, Baraty numérise. Selon le photographe ce sont les «explorations cosmiques d’une sonde spatiale imaginaire» (cosmic explorations of an imaginary space probe). Vous pouvez suivre Baraty dans les profondeurs de l'inconnu sur Facebook et Instagram. (Via My Modern Met)

À propos : Navid Baraty a abandonné une carrière d’ingénieur insatisfaisante pour se consacrer à sa passion, la photographie. Son oeuvre évoque des histoires humaines de façon à la fois crue et poétique. Il veut capter l'émerveillement dont se nourrit la curiosité humaine, et aussi influencer notre façon de voir la terre. Son intense curiosité et son amour des voyages l’ont amené à explorer les environnements les plus extrêmes et les plus beaux du monde sur tous les continents.

Projet City

East Village, New York City – 2011

Projet 20 Days in India

1. Alipura, India – 2011

2. Taj Mahal, Agra – 2011

À voir : http://www.navidbaraty.com/

16 décembre 2015

Morty le protecteur


Premier squeak toy de Morty. C’est un cochon. Il pense qu’on lui fait mal à chaque fois qu’on le presse, alors il le protège depuis 45 minutes.

L’hypersensibilité auditive des chiens leur permet entre autres d’identifier les émotions en jeu. J’ai connu un chien qui ne pouvait pas supporter d’entendre pleurer un bébé ou un enfant – il angoissait et pleurait aussi... Identification? Compassion? Empathie?

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Compatir, c'est «souffrir avec». La compassion n'est pas une émotion. Il s'agirait plutôt d'une attitude qui nous porte à être sensible à la souffrance de quelqu'un. Devant la douleur d'autrui, nous vivons alors différentes émotions. Il peut s'agir de tristesse, de colère, de révolte, etc., toutes suscitées par ce que nous observons chez la personne qui pâtit.

Il faut distinguer la compassion de l'identification. Dans l'identification nous nous mettons plus ou moins clairement et plus ou moins volontairement à la place de l'autre et réagissons comme si nous étions lui. Par exemple, une collègue vient de recevoir des menaces de son amant (comme il m'est arrivé d'en recevoir du mien) : je réagis fortement et lui dis comment je réagirais si j'étais elle. Il est clair que j'ai fait un rapprochement entre les deux situations et que mes réactions sont liées à mon propre vécu. La situation de ma collègue a servi de déclencheur à mon propre vécu.
     L'identification se distingue de la compassion aussi par le fait qu'elle porte sur différents sujets, positifs comme négatifs, alors que la compassion n'existe que devant la souffrance. Je puis m'identifier à ma fille qui a des difficultés de relation avec ses copains comme à mon fils qui ne vit que pour le soccer.

Il faut également distinguer la compassion de l'empathie. L'empathie est une attitude qui rend capable de saisir ce qu'une personne vit émotionnellement, tel qu'elle le vit. C'est en quelque sorte la capacité de se mettre à sa place pour la comprendre «de l'intérieur».
     Lorsque nous sommes empathiques, nous choisissons volontairement d'essayer de voir et de ressentir la situation comme l'autre; nous adoptons volontairement son point de vue, incluant les réactions émotives qui en font partie. Mais nous restons toujours conscients qu'il s'agit de l'expérience de l'autre (ce qui n'est pas le cas dans l'identification). Contrairement à ce qui se passe dans la compassion, dans l'empathie nous ne sommes pas nécessairement touchés (même si nous pouvons l'être).

Pour être capable de compassion, il faut savoir être empathique. C'est en effet parce que nous saisissons ce que vit l'autre que nous sommes amenés à être touchés. Si nous n'en avions aucune représentation, il nous serait impossible d'être émus.

À quoi sert la compassion?

Ce sont les émotions vécues dans la compassion qui nous donnent de l'information. En extrapolant sur l'exemple ci-haut, on pourrait imaginer que je souffre parce que j'aime cette personne. S'il s'agissait d'un inconnu (un accidenté que j'assiste), mon bouleversement pourrait être avant tout d'ordre existentiel : un désarroi devant la vulnérabilité des êtres vivants... S'il s'agissait du chagrin d'un père face à son enfant mourant, je vivrais sans doute de la révolte devant l'injustice de la vie, etc.

L'usure de compassion

L'usure de compassion est une affection qui guette les personnes qui sont souvent en contact avec la souffrance d'autrui. Elle est causée par l'accumulation d'expériences émotionnelles vécues dans l'assistance de personnes souffrant de traumatismes.

http://www.redpsy.com/guide/compassion.html

13 décembre 2015

Le Mamba noir du Canada

(Photographe inconnu)

Nos gouvernants et leurs délégués ont paradé à la COP21, tout à l’euphorie d’un accord non contraignant. Pas de contraintes (punitions) si les pays n’appliquent pas les recommandations. Que les parlements cessent de parler et agissent!  

Ici, nous sommes de véritables cancres, comme le prouve cette béante fracture environnementale approuvée par nos gouvernants. Vendredi, j’étais vraiment enragée d’apprendre que le Mamba noir d’Enbridge (un des rejetons du grand serpent à cravate) avait déjà commencé à charrier son venin toxique jusqu’au fleuve pour le cracher dans L’Espada Desgagnés *. 
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2015/12/smile-as-you-go-under.html 
   Le Mamba noir (Dendroaspis polylepis) est une espèce de serpent venimeux de la famille des Élapidés. Il doit son nom à la coloration noire de l'intérieur de sa gueule. C'est le plus grand et le plus répandu des serpents venimeux d'Afrique, et le deuxième plus venimeux au monde. Il évolue avec une rapidité incroyable – sa vitesse de pointe officielle atteint 23 km/h; il serait donc le serpent le plus rapide au monde, et aussi le plus violent selon plusieurs experts scientifiques. Le reptile attaque sans provocation, et s'il est confronté à une menace importante, comme un homme, il défendra son territoire avec une agressivité redoutable. En mordant sa  proie, le Mamba noir injecte une grande quantité de venin neurotoxique (conotoxine), puis, il recule et attend que le venin la paralyse. Il chasse activement de jour et de nuit. L’analogie au pipeline est déconcertante de similitude, non?

* Le 7 octobre 2015 – Selon la Garde côtière canadienne, le tuyau reliant le navire de livraison de pétrole M/T Sarah au bassin s’est rompu lorsqu’il a été frappé par une hélice du bateau de la compagnie Desgagnés. Le déversement est d’environ 2 400 à 10 000 litres de pétrole. À Salluit, dans le  Nord-du-Québec. Le village est situé à environ 1 900 kilomètres au nord de Montréal. Territoire du Eeyou Istchee. Province de Québec. Canada.
http://meteopolitique.com/Fiches/petrole/deversements-de-petrole/2015/Deversements-de-petrole-en-2015.htm

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Chez les Cris, on l’appelle Kimisominaw, ce qui veut dire «notre grand-père», surnom affectueux, comme celui que portait Nelson Mandela – Tata dans la langue xhosa –, des mots qui veulent dire sage père ou grand sage, et qui désignent des gens reconnus pour leur humanité et leur sens de la justice. 
   À l’aube de ses 80 ans, David Suzuki, 6 fois grand-papa, tremble et rage devant l’état de la planète que nous laisserons aux jeunes. Son message est pourtant clair; il le claironne si brillamment depuis 50 ans : la survie de l’espèce humaine dépend de celle de la nature. Gaïa finira par avoir raison de la cupidité de Wall Street qui croit que la planète est une poubelle magique et que ses ressources sont illimitées. L’humanité est au bord du précipice. En fait, selon ce généticien, militant écologiste et grand communicateur, elle commence même à «pendre dans le vide». Aussi en appelle-t-il à un changement de conscience. Au Canada, par exemple, les dégâts de l’ère Harper sont incommensurables, à tel point que David Suzuki croit que ceux qui font fi de la science devraient être jugés pour «crimes intergénérationnels». D’ailleurs à quoi sert la science, si ce n’est à assurer la pérennité de l’humanité? 
   L’heure est si grave que Kimisominaw doute parfois que ses petits-enfants puissent mourir de mort naturelle.  

David Suzuki, sage et indigné
Propos recueillis par Lucie Pagé
Québec Science http://quebecscience.qc.ca/accueil

Adieu donc fleuve Saint-Laurent!
Adieu paysages bucoliques, promenades sur les battures à observer les bélugas, à rêvasser assis sur les rochers. Un vague souvenir nous en restera.

Puisque toutes beautés du Saint-Laurent se trouvent plus que jamais menacées de saccage, voici la version intégrale du poème Ode au Saint-Laurent. Le texte paraîtra pour la première fois aux Éditions du Jour (Montréal) en 1963. L'auteur précise dans un entretien accordé in Lettres québécoises, no 24, hiver 1981-82 qu'il a composé ce texte en deux jours et trois nuits, et que le titre initial était «L'homme en marche» mais que sous l'influence de certains de ses bons amis, «ça a pris ce titre horrible».

Photo : routedesnavigateurs.ca

Ode au Saint-Laurent (L’homme en marche) 
Gatien Lapointe
Éditions du Zéphir, 1986

Et je situerai l’homme où naît mon harmonie

Ma langue est d'Amérique
Je suis né de ce paysage
J'ai pris souffle dans le limon du fleuve
Je suis la terre et je suis la parole
Le soleil se lève à la plante de mes pieds
Le soleil s'endort sous ma tête
Mes bras sont deux océans le long de mon corps
Le monde entier vient frapper à mes flancs 

J’entends le monde battre dans mon sang

Je creuse des images dans la terre
Je cherche une ressemblance première
Mon enfance est celle d’un arbre
Neiges et pluies pénètrent mes épaules
Humus et germes montent dans mes veines
Je suis mémoire je suis avenir
J’ai arraché au ciel la clarté de mes yeux
J’ai ouvert mes paumes aux quatre vents
Je prends règne sur les saisons
Mes sens sont des lampes perçant la nuit

Je surprendrai debout le jour naissant

Une hirondelle s’agrippe à ma tempe gauche
Je pressai dans ma main le clair présage

Ô que je m’embarque sur la mer verte et bleue
Ô que je saisisse les reflets qui m’aveuglent
Le temps dispersé en mille figures
Le mot prisonnier de la chair
L’accord caché au fond du sang
L’infini de l’univers et du cœur
La solitude sans fin de chaque être
Trouverai-je le secret de ma vie

Trouverai-je un jour l’événement qui commence

Être homme est déjà une tragédie
Et j’ai pleuré en découvrant le monde

J’ai allumé un feu sur la haute clairière
Je suis descendu dans l’aine des sources
Le parfum du sol me frappe au visage
La femme aux hanches brillantes d’aurore
L’homme à genoux inventant Dieu
Je suivrai la marche du fleuve
Je connais ensemble hier et demain
Et c’est aujourd’hui qu’il me faut construire

Je découvre ma première blessure
Je plante dans le sol ma première espérance

Espace et temps ô très charnelle phrase

Toutes les routes dans une même figure
L’instant et toute l’année en un pas

Je regarde au plus profond de la terre

C’est de l’homme désormais qu’il s’agit
C’est dans ce pays que j’habiterai

Quelle est cette tige à cinq branches
Jetée en travers de mon corps
Est-ce une main profonde et fluide
Est-ce l’ombre tremblante d’un oiseau
Quels sont ces cinq Grands Lacs
Flottant comme de grandes fleurs sur ma poitrine
Fleuve dont les flots m’entraînent m’enchaînent
J’apprendrai la phrase âpre et belle de tes rives

Ta bouche est le début de la mer
J’entrevois une très longue patience
Le cœur plein d’énigmes je rêve d’un ciel pur
Ma langue est une feuille en pleine terre
Je dis tout ce qui éclot sur la terre
J’inventorie et j’évalue je nomme et j’offre
J’investis la journée de l’homme
J’ouvre des routes je jette des ponts
Je prends des images de chaque événement
J’invente un paysage pour chaque âge
Je taille chaque chose selon sa fonction

Je m’assure d’un souvenir charnel

Donnerai-je visage à tout ce qui existe
Sauverai-je chaque instant de la chair

Solitaire et habité d’amour
J’unis la bouche au flanc qui frissonne
J’unis l’arbre à la terre étonnée
Je mène à leurs noces tous les désirs
Mon pas enflamme chaque saison
Mon souffle agrandit chaque demeure
Et l’expérience ondule au large de ma main
La mer remplit toute ma main

Je ne laisse rien dans la nuit
Chaque peine chaque plaisir recommencent ma vie

Je dresse sur la terre une image de l’homme

Ma bouche est une double cicatrice
Un double horizon découpe mes yeux
Vulnérable on m’a jeté parmi les hasards
Mortel on m’a marqué d’éternité
Je ferai une échelle de mon corps
Et j’étendrai mes bras en largeur de la terre
Mon enfance est un sapin plein de neige
Mon enfance est un prisme dans l’espace

Le temps me donnera un visage durable
Aujourd’hui est un chantier à ras de sillons

Je frappe du poing la vivace énigme

La vieille nostalgie soulève mon talon
Je remonte le cours du sang
Je parle d’un commencement du monde
L’ombre et la lumière s’emmêlent sur mon front
Je ne refuse rien je n’oublie rien
J’éclaire mon passé j’affirme l’avenir
Multiple et nouveau dans l’instant
On m’entraîne jusqu’à l’ultime choix

J’ai dans mon cœur une grande souffrance

Ma langue est un champ de bataille
Toute menace accroît mon sang

Je dirai le frisson d’un outil dans mes paumes
Je veux savoir je veux me rappeler
Je dirai le vent qui prend sur mon front
Je donne parole à tout ce qui vit
Je donne confiance je donne élan
Je caresse et j’éveille
Je descends sur la langue chaude et verte du fleuve
Le soleil se lève en chant sur ma nuque

J’imagine tout ce qui peut être sauvé

Je vis dans le présent
Mes souvenirs m’entraînent

Je suis un mot qui fait son chemin dans la terre
Chaque aube me réveille au bord de mon enfance
Un air de printemps me met sur la route
Et la montagne monte au rythme de mon pied
Ma main est une aile guidant le feu
Ma main emporte le vif témoignage
Je fais mon lit dans la chaleur des bêtes
Et le crépuscule m’ouvre ses bras en fleurs

J’avance en suivant un reflet sur le fleuve
Je suis dans ma chair le frisson d’un arbre

Mon rêve prend racine dans le temps

Je me reconnaîtrai dans une image de la terre 
Je creuse mon berceau et j’élève mon toit
Je dis la force d’une forêt reverdie
Je dis l’extrême faiblesse d’un grain qui germe
Je n’ai plus peur j’énumère mes songes
J’apprends à parler je vous reconnais
L’automne de mon pays est le plus beau de la terre
Octobre est un érable plein de songe et de passion

Ma maison fait face à tous les pays
Et toutes mes tables seront complètes

Je vous nomme et je vous invite

Je suivrai le pas précis des saisons
Ma main s’ouvre comme un miroir
Je me figure le corps de femme d’une moisson
Et je confonds les fleurs avec l’aulne enneigé
Ici le printemps est un bref éclat de rire
Et l’automne un grand fruit qui joint les rives
L’hiver est une bête qui souffre et s’ennuie
Et l’été est un bonheur excessif

Arbres douloureux et pleins d’impatience
Nous faisons du givre et du feu d’un même souffle

Et c’est une même foudre qui nous abat

Le soleil nous cache notre plus grand secret
Et la nuit brûle toutes les étoiles de l’année
Janvier remplit nos premiers pas de neige
Et d’un seul flot avril efface notre enfance
Le jour la vase nous recouvre la figure
Et l’aile du soir souffle en nous toute lumière
Le désespoir s’éteint lentement dans nos mains
Et lentement pourrit la noce dans nos bouches

Mais qui a connu les combats de mon pays

A-t-on vu cet espace immense entre chaque maison
A-t-on vu dans nos yeux ce grand exil

Montrez-moi mes compagnons d’espérance
Ô mes amis de neige et de grand vent
Et ce ciel froid qui nous brûle le front
Et cette forêt vaste où s’égarent nos cris
Et ce pas aveugle des bêtes dans l’orage
Et ce signe incompréhensible des oiseaux
Comment l’homme pourrait-il vivre ici
Par quel mot prendrait-il possession de ce sol

La distance est trop grande entre chaque homme
Nous n’avons pas le temps de regarder la terre

Le froid nous oblige à courir

Mais a-t-on vu de près l'homme de mon pays
A-t-on vu ces milliers de lacs et de montagnes
Qui s'avancent à pas de bêtes dans ses paumes
A-t-on vu aussi dans ses yeux ce grand désert
Ici chacun marche sur des échasses
Nous existons dans un geste instinctif
Naîtrons-nous dans une parole
Quelles marées nous amèneront aux rives du monde

Ce paysage est sans mesure
Cette figure est sans mémoire

J’écris sur la terre le nom de chaque jour
J’écris chaque mot sur mon corps

Phrase qui rampe meurt au pied des côtes

J’ai refait sept fois le geste qui sauve
Et chaque fois l’éclair disparut

Tu nais seul et solitaire ô pays

D’abord je te baptiserai dans l’eau du fleuve
Et je te donne un nom d’arbre très clair
Je te donne mes yeux mes mains
Je te donne mon souffle et ma parole
Tu rêveras dans mes paumes ouvertes
Tu chanteras dans mon corps fatigué
Et l’aube et midi et la nuit très tendre
Seront un champ où vivre est aimer et grandir

J’assigne le temps d’aujourd’hui
Je m’assure d’un espace précis

Le ciel tremble des reflets de la terre

Je m’élancerai du plus haut de l’horizon
Et nu je connaîtrai dans ma chair
Je me cherche à tâtons dans la terre
Je perce des galeries je creuse des puits
J’écoute les oiseaux je regarde les bêtes
J’imagine un modèle avec mes propres mains
Le doute et l’espérance éclaboussent mes yeux
La pluie et le soleil annulent ma mémoire

Je ne suis qu’un bloc de terre plein de racines

J’apprendrai par tous les chemins
Le temps me nommera

J’apprivoise et je noue j’épelle et je couronne
Je compare toutes les images du sang
J’adapte ma face à celles des heures
Je suis le chant du pain les verdures de givre
Je suis un paysage d’ailes et de vagues
Je me rêve dans un arbre dans une pulpe
Je touche de la main pour connaître mon cœur
Et ma voix est un jour et une nuit très proches

Je suis un temps jumeau et solitaire
Je suis un lien de pollens et de cendres

J’ai toute la confusion d’un fleuve qui s’éveille

Qui me montrera les sept jours du monde
Quel arbre quelle bête m’indiquera le chemin
Je pose dans l’instant les poutres de l’année
J’enferme dans un épi toute la prairie
Je fais de chaque blessure un berceau
Je vais de souvenir en avenir
Je vais du cri du sang aux yeux de la beauté
J’essaie de voir et de parler avec mon corps

Je ne puis qu’étreindre mon cœur en pleine nuit

Ô que sourde le premier visage de l’homme
Et que j’entende son premier récit

Je mêle ma langue aux racines enneigées
Je mêle mon souffle à la chaleur du printemps
Je m’imprègne de chaque odeur
J’invente des nombres j’invente des images 
Je me construis des lettres avec du limon
Je plante dans la plaine un mot nouveau
Et cela monte peu à peu à l’horizon
Comme un homme plein de songe et plein de rosée

L’homme naît d’un frisson du ciel et de la terre
Je m’accomplirai dans les pas du temps

Je vois dans une phrase l’espace de l’homme

L’homme de mon pays sort à peine de terre
Et sa première lettre est un feuillage obscur
Et son visage un rêve informe et maladroit
Cet homme fait ses premiers pas sur terre
Il s’initie au geste originel
Et ses poignets saignent sur la pierre sauvage
Et les mots écorchent sa bouche
Et l’outil se brise dans ses mains malhabiles

Et c’est toute sa jeunesse qui éclate en sanglots

Ici tout commence au ras de la terre
Tout s’improvise ici à corps perdu

Ma langue est celle d’un homme qui naît
J’accepte la très brûlante contradiction
Verte la nuit s’allonge en travers de mes yeux
Et le matin très bleu se dresse dans ma main
Je suis le temps je suis l’espace
Je suis le signe et je suis la demeure
Je contemple la rive opposée de mon âge
Et tous mes souvenirs sont des présences

Je parle de tout ce qui est terrestre
Je fais alliance avec tout ce qui vit

Le monde naît en moi

Je suis la première enfance du monde
Je crée mot à mot le bonheur de l’homme
Et pas à pas j’efface la souffrance
Je suis une source en marche vers la mer
Et la mer remonte en moi comme un fleuve
Une tige étend son ombre sur ma poitrine
Cinq grands lacs ouvrent leurs doigts en fleurs
Mon pays chante dans toutes les langues

Je vois le monde entier dans un visage
Je pèse dans un mot le poids du monde

Je balise le premier jour de l’homme

L’homme de mon pays pousse et grandit
Telle une jeune plante dans la terre
Tous les chemins se croisent sur son front
Toutes les saisons s’accrochent à ses épaules
Flammes et flots se heurtent sur sa tempe
Et cela oscille dans le vent violent
Et cela pleure et rit dans l’éphémère
Et cela parle d’un jour infini

Je définirai l’homme en un pas quotidien

Dans mon pays il y a un grand fleuve 
Qui oriente la journée des montagnes

Je dis les eaux et tout ce qui commence
Dans ma chair dans mon cœur
Je dis ce mot qui s’éveille en mes paumes
Je lancerai un chant dans l’univers
J’entre dans le temps je borne l’espace
Je dispose couleurs et formes
J’unis et j’agrandis j’abrège et je dénude
Je me construis un abri ici-bas

Nommerai-je infini chaque visage
Deviendrai-je le monde que je rêve

Trouverai-je une seule parole

J’ai pris mon élan sur la haute vague
J’apprends sur terre le songe de dire

Je marche dans les pas du temps

Je m’informe de chaque route
Et j’accompagne par-delà la nuit

J’ouvre à l’homme un champ d’être

On a refait en moi le grand rêve de Dieu
Je souffle sur le limon de mon flanc
J’attache l’enfant à ma hanche
Je tends les bras à ma famille
En secret j’écoute bouger le nom nouveau
Toute une forêt descend sur les rives
Toute une récolte porte l’horizon
Une cité naît au creux de ma main

J’affirme dans le temps et l’espace de l’homme
Je parle à des hommes vivants

Rien ne reste pur que dans la souffrance

Qui détachera de moi la charnelle phrase
J’ai la bouche pleine de terre
J’ai les yeux pleins de sang
J’ai bâti ma maison sur cette terre
J’ai mesuré le poids de mon désir
Le mouvement commence au milieu de mon cœur
Et j’ai dessein d’organiser
Ordonner afin de ne pas mourir

Saurai-je la grandeur exacte de l’homme

Un détail me promet la possession du monde
Un sentier m’amène à la rencontre des hommes

Je me suis revêtu d’un manteau millénaire
Et le haut fleuve me prit par la main
Je trace les grandes lignes du cœur
J’accorde la terre au souffle de l’homme
Je porte secours à la plante foudroyée
Je creuse toute solitude
L’air germe dans ma bouche ouverte
Et vert l’espoir engendre tout espoir

Le vent vient naître dans l’œil d’un enfant

Je suis un ordre d’avant la souffrance
Je suis un plaisir d’avant la nécessité

Ivre d’éternité et proche de mourir
J’imprime mes yeux sur le flanc de l’arbre
J’épelle ma chair sur le flot patient
Je mêle mes souvenirs à ceux des saisons
Et mon sang aux couleurs des fleurs
Je cherche un moyen de durer
Je tends la main j’ouvre mon cœur
J’appelle la grande aurore d’une parole

On m’a lié à la terre

J’accorde les premiers contrastes
Et de visage en visage s’éveille la nuance élémentaire

Je dis ce qui pousse et fleurit dans mon pays
J’ai entendu le chant profond du fleuve
J’ai senti sur moi les lames du froid
Et j’ai vu la grande solitude des arbres
Je me suis forgé des outils avec des branches
Je me suis forgé un alphabet avec de la vase
J’ai dormi flanc à flanc avec les bêtes
Et j’ai souri en même temps que le soleil

Ô que la lumière jaillisse de ma bouche

J’ai plein mon souffle d’étincelles
Mes mains sont pleines de blessures

Je dis ce qui souffre et mûrit dans l’homme
Je dis ce qui chante et crie dans la terre
Je cerne une proche merveille
Ma face est reflets d’ombre et de lumière
Ma face est mémoire de chaque jour
Je m’élève et je tombe au même instant
Et c’est la même douleur qui m’oblige d’avancer
Je soutiens pas à pas mon espérance

Le monde ne peut plus m’abandonner

Je chante le plein air de l’homme
J’augure la neuve harmonie

Mais qu’ai-je retenu du souffle de la terre
Qu’ai-je reconnu des grands signes de la mer
Sur le sein de la femme affleure une caresse
Et dans la voix de l’homme une vaste musique
La mer lance ses bateaux dans le ciel
Le feu ouvre un sentier dans la forêt
Et dans le cœur enfantin de la terre
Commence le vivace souvenir

Le jour commence à hauteur de mes yeux

Je cherche une mesure d’homme
Aujourd’hui est un pont qui me lie aux deux rives

C’est la terre que je veux sentir dans mes mains
Je réchaufferai cette terre de mon souffle
J’en ferai des oiseaux planant dans le grand vent
J’en ferai du pain pour nourrir les hommes
Et des fleurs pour guider les ténèbres
J’en ferai des maisons pour abriter les hommes
Et des lettres pour dire leur amour
J’en ferai un chant à visage d’homme

Je vois l’homme jetant sur la nuit sa rouge aurore
La forme se leva de ses mains souples

Et le soleil se mit en marche dans mon cœur

Je dis l’homme arrivant sur terre
Accueillant dans ses mains le terrestre plaisir
Je dis l’homme ployant sous le fardeau
Et construisant son nom jour après jour
Je dis l’homme découvrant la première peine
Et traçant sur le sol la première aventure
Toute la saveur du monde éclaire sa bouche
Toute l’angoisse du monde assombrit ses yeux

Deux mots soudain ont chanté sur ses lèvres
Et c’est le chant du sol qu’on crut entendre

C’est son propre cœur que l’homme crut voir

Arbre plein de neige je rêve d’un pur printemps
Je plante des phares dans chaque enfance
J’allume des lampes dans chaque solitude
J’éveille un amour dans chaque demeure
J’étouffe l’angoisse de mourir
Le soleil étend jusqu’à la mer l’ombre de ma main
Je navigue de présence en présence
La fête d’un verger m’éclaire et me réchauffe

On m’enferme dans l’œil très pur des bêtes

La terre imagine en mon corps
Je reviens du plus profond de la terre

Je figure en plein air les songes de la mer
Je dis ce que la terre a gardé du soleil
J’annonce à pleine voix le désir habitable
On me nomme en un présent infini
Je suis destination je suis lieu d’origine
Je suis le cantique et je suis l’outil
Tout ce que j’aime est mon propre héritage
Et la face de mes enfants

J’ouvre le premier paysage

Mais qui peut regarder de près un arbre
A-t-on vu un homme mourir

Je poserai mon front sur les genoux de l’aube
J’apporterai le tribut de fruits et de laine
Un récit s’éveille en largeur du temps
Je commence à pied mon premier voyage
Les bêtes parlent de noces prochaines
Et c’est l’été debout parmi l’heure de pluie
Mes mots poussent comme des plantes
Rêveuse ma phrase s’incline en mesurant le monde

Ô très belle irremplaçable réalité

Je ne veux pas pleurer les morts
Je voudrais sauver les vivants

J’entraîne au jour tout ce qui est nocturne
J’ajuste l’arc-en-ciel sur la cuisse des mers
Ma main rêve d’un continent à l’autre
Ma main est une baie au large du grand fleuve
Tous les méridiens passent sur ma tempe
Toutes les sources frappent à mes flancs
Je porterai sur mon épaule à vif
L’aube comme un faisceau de fleurs

J'affirme un grand besoin d'être et d'aimer

Le bras en visière sur l'horizon
Je guette un très lointain secret

Une longue vallée affleure en ma mémoire
Le soleil monte pas à pas vers mon enfance
Je reconnais un à un tous mes songes
Les Appalaches ferment leurs yeux sous la neige
Et l'Etchemin se met à rire dans les trèfles rouges
Là-haut près des Frontières
Veille une maison de terre et de bois
Je sais qu'un grand bonheur m'attend

Tout ce que j'ai appris me vient d'ici
Je retrouve ici mes premières images

Et brille en mes doigts la première ville

Québec rose et gris au milieu du fleuve
Chaque route jette en toi un reflet du monde
Et chaque paquebot un écho de la mer
Tu tiens toute la mer dans ton bras recourbé
Une figure naît sur ton double profil
Une parole creuse son nid dans tes paumes
Je me rappelle un soir avoir vu la lumière
Ton coeur battait sur chaque front

C'est le fleuve qui revient d'océan chaque soir
Et c'est l'océan qui tremble dans chaque regard

C'est ici le plus beau paysage du monde

Mais que devient tout cela que je nomme

Que sont devenus ceux que j’ai laissés
Là-bas tremblants sur le bord du matin

Je vous montrerai la mer verte et bleue
Je reviens à la mer comme un arbre qui souffre

J’ouvrirai les paupières du temps
Je jetterai debout chaque enfance

Car l’homme ne peut que grandir

Et que s’agrippe l’aube à mon dos couturé
Soleil de chair ô lumière la plus belle
Tout me lie et tout me brûle en secret
La parole de l’homme est ma seule présence
Je réduis la distance entre chaque être
Je célèbre chaque chose qui vit
Le blé grandit à hauteur d’homme
Je planterai des arbres pour nos haltes

Mais ne dites pas que vous m’avez vu pleurer

J’ai remis en terre l’épi de ma mémoire
La douceur me revient plus forte qu’une épée

Je prends pied sur une terre que j'aime
L'Amérique est ma langue ma patrie
Les visages d'ici sont le mien
Tout est plus loin chaque matin plus haut
Le flot du fleuve dessine une mer
J'avance face à l'horizon
Je reconnais ma maison à l'odeur des fleurs
Il fait clair et beau sur la terre

Ne fera-t-il jamais jour dans le coeur des hommes?