29 octobre 2016

La vie «off line»

«La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré et, pour être désespéré, il faut avoir beaucoup aimé, et aimer encore la vie.» ~ Blaise Cendrars



Humphrey Trevelyan soutenait que les grands artistes doivent avoir le courage de désespérer, de «se laisser ébranler par des vérités crues qu’on ne réconfortera pas. Le mécontentement, le déséquilibre, cet état de tension intérieure, est la source de l'énergie artistique». 

À 60 ans, la poète, romancière, essayiste et mémorialiste May Sarton (1912-1995) se retira pendant un an pour réfléchir sur sa vie intérieure; elle en livra l’essentiel dans Journal of a Solitude (public library).

«Il pleut. Je regarde l'érable, où quelques feuilles ont viré au jaune, j'écoute le perroquet Punch qui parle tout seul, et la pluie qui claque sur les fenêtres. Je suis seule ici pour la première fois depuis des semaines, afin de retrouver ma ‘vraie’ vie. Voilà  ce qui est étrange – les amis, même l'amour passionné, ne sont pas ma vraie vie, sauf si j’ai du temps seule pour explorer et découvrir ce qui se passe ou ce qui s'est passé. Sans ces interruptions à la fois nourrissantes et exaspérantes, ma vie deviendrait aride. Or je la goûte pleinement quand je suis seule...»

«Depuis longtemps déjà, chaque rencontre avec un autre être humain est une collision. Je suis trop sensible, les réverbérations, même après une simple conversation, m’épuisent. Mais la collision profonde existe et reste collée à cette partie de moi dévitalisée et tourmentée. J'ai écrit chaque poème, chaque roman, dans le même but : pour savoir ce que je pense, pour savoir où je me situe.»

«Mon besoin d'être seule s’équilibre avec ma peur de ce qui va se passer quand soudain j'entre dans l'immense silence vide où je ne pourrai trouver aucune aide. Je monte au ciel et descend en enfer en une heure, et je reste en vie uniquement en  m’imposant des routines strictes.»

À la mi-octobre, Sarton commence à émerger de l'abîme et s'émerveille de la transformation, du côté éphémère et transitoire des choses, même des états les plus profonds et déstabilisants :
«J'ai peine à croire que le soulagement de l'angoisse de ces derniers mois soit là pour rester, mais jusqu'à présent, je ressens comme un vrai changement d'humeur – ou plutôt, un changement d’état d’esprit où je suis capable de rester seule.»

«Une grande partie de ma vie est tellement précaire ici. Je n’arrive pas toujours à croire en mon travail. Mais ces derniers jours, je ressens à nouveau la valeur et l’utilité de mon combat ici, même si je ne ‘réussis’ pas en tant qu'écrivaine. Même les échecs dus à ma fébrilité et à mon tempérament difficile peuvent avoir un sens. C’est un âge où beaucoup de gens sont pris dans des vies où leurs décisions viennent de moins en moins de l'intérieur, où les choix réels existent de moins en moins. Le fait qu'une femme d’âge moyen, sans aucun vestige de famille, vive seule dans cette maison de village silencieux et ne soit responsable que de sa propre âme signifie quelque chose. Le fait qu'elle soit écrivaine et puisse dire où elle en est et décrire son chemin vers l'intérieur peut être rassurant. Il est réconfortant de savoir qu'il y a des gardiens de phares sur les îles rocheuses le long de la côte. Parfois, quand je revenais d’une promenade à la tombée de la nuit et que je voyais ma maison éclairée, qui semblait si vivante, je pensais que ma présence ici valait tous les enfers.»

Article intégral (en anglais) : Brainpickings http://www.brainpickings.org/



«La solitude vivifie; l’isolement tue.» ~ Jean Roux, zoologiste

«La paix et la sérénité justifient tous les renoncements.» ~ Yi King

25 octobre 2016

Le stress étouffe; la peur fournit la corde


Twittakine @  Ah, je me demande si Honnold a peur des araignées...


Alex Honnold, grimpeur professionnel américain réputé pour ses ascensions en solo intégral – le grimpeur n’utilise aucun système d’assurage (corde, équipement de protection) et se fie uniquement à sa capacité de ne jamais chuter; ce qui exige une maîtrise mentale hors du commun. Honnold fait partie des rares grimpeurs à pratiquer cette discipline grâce à sa capacité de maintenir sa concentration durant des ascensions de plusieurs centaines de mètres.

«Honnold ne ressent pas la peur ou l’angoisse que les humains éprouvent normalement. Il est capable de ‘fermer’ son cerveau.» ~ Nick Martino, grimpeur

Son cerveau fonctionne-t-il différemment? Il semble que oui :
Alex Honnold ne connaît pas la peur!
http://www.kairn.com/etude-alex-honnold-ne-connait-pas-la-peur/

Article intégral en anglais :
http://nautil.us/issue/39/sport/the-strange-brain-of-the-worlds-greatest-solo-climber

Mise en garde : cette vidéo peut causer le vertige, mais c’est fascinant! (Compilation 2014)
https://www.youtube.com/watch?v=yRoFQUdUL7E

Bien sûr, nous n’aspirons pas forcément à devenir des Alex Honnold. En tout cas pas moi! Mais l’on peut, sans risquer de se blesser ou de se tuer, minimiser l’emprise du stress généré par la peur.

«Les idées sont comme les puces, elles sautent de l'un à l'autre mais ne piquent pas tout le monde.» ~ Stanislaw Jerzy Lec 

Oubliez l’idée reçue selon laquelle les «stressés» sont des «gagnants»

Pourquoi nous obstinons-nous à vivre dans l’urgence? Pourquoi cédons-nous à l’esprit de compétition? Par peur, tout simplement. Nous craignons, en optant pour d’autres valeurs – le calme et la douceur –, de ne plus pouvoir réaliser nos ambitions. Si nous ne sommes plus «sous pression», ne risquons-nous pas de sombrer dans la paresse et l’apathie?

Je vous rassure, cette crainte n’a aucun fondement. C’est même l’inverse qui prévaut : l’angoisse et le stress consomment notre énergie, épuisent notre motivation et tarissent notre créativité. En proie à la panique, vous vous privez d’une bonne partie de votre potentiel – sans parler de votre bien-être. Sachez une fois pour toutes que les succès se remportent malgré la peur, jamais grâce à elle.

Dans ma vie de tous les jours, j’ai eu l’heureuse idée et la chance de m’entourer de personnes qui sont aussi calmes que disponibles. Certaines sont écrivains, parents, psychologues, informaticiens, secrétaires de direction, etc. Toutes sont appliquées à leurs tâches et d’une remarquable efficacité dans leurs domaines respectifs.

À leur contact, j’ai appris une leçon capitale : quand on obtient ce qu’on veut (la paix intérieure), on est moins distrait par ses désirs et ses angoisses. Il devient alors plus facile de se concentrer, d’atteindre ses objectifs et de se mettre à l’écoute des autres.

~ Richard Carlson, psychologue, psychothérapeute et écrivain

Ne vous noyez pas dans un verre d’eau
Cent conseils pour vous simplifier la vie!
J’ai lu, Bien-être, 1998



Il n’est pas toujours facile de garder son calme quand on est entouré de toupies; d’où l’importance de choisir son monde dans la mesure du possible.

23 octobre 2016

Inconduites sexuelles : le point de vue du sage Boucar

À faire circuler si la question vous importe...


Photo : Ryan McGuire/Pixabay

L’inculture du viol
Boucar Diouf

La Presse + (collaboration spéciale)
Le 22 octobre 2016

Il y a encore, dans nos sociétés, des gens qui ont de la difficulté à comprendre, comme disait mon grand-père, que pour jouer avec des fesses sans en avoir l’autorisation bien claire, mieux vaut les avoir dans ses propres caleçons?

Avant de vous parler de cette inculture du viol qu’on essaie de nous présenter comme une culture, en cette période de campagne américaine portant grandement sur les inconduites sexuelles, j’ai envie de rappeler l’histoire de Joycelyn Elders, première femme noire à atteindre l’un des postes les plus prestigieux de l’administration américaine : l’équivalent de notre ministre fédéral de la Santé.

Choisie et nommée par Bill Clinton en 1994, Joycelyn Elders affirmait quelques mois plus tard à San Francisco, lors de la journée mondiale sur le sida, que la masturbation faisait partie de la nature humaine et devrait être abordée dans les cours d’éducation sexuelle à l’école. Des propos bien sensés qui ne tardèrent pourtant pas à provoquer une levée de boucliers dans les milieux conservateurs de cette Amérique bourrée de contradictions.

Désireux d’éteindre le feu, l’administration Clinton décida de la congédier, sans savoir que la revanche était déjà en route. La pauvre Joycelyn était chez elle quand les télévisions du monde entier parlaient de la relation illicite entre Bill Clinton et Monica Lewinsky. On déblatérait sur la fameuse souillure de Bill trouvée sur un vêtement de Monica alors qu’il trompait sa femme dans les recoins de la Maison-Blanche. Le président qui avait joué le jeu des puritains traîne aujourd’hui une tache dans son dossier. Une frasque extraconjugale que Donald Trump, prédateur sexuel présumé, n’hésite pas à exploiter pour faire injustement mal à la mauvaise personne.

Si je vous raconte cette saga, c’est que tout comme Mme Elders, je crois que lutter contre cette inculture du viol de plus en plus décriée nécessite le retour à des cours d’éducation sexuelle décomplexés pour les ados, et même pour les élèves à la fin du primaire.

Pourquoi pas un cours d’éthique et de culture sexuelle pour contrer de façon durable les effets délétères de l’internet sur une certaine jeunesse?

Ce serait le rendez-vous idéal pour faire comprendre à tous qu’un non n’est pas le début d’un oui potentiel pour celui qui sait insister, mais plutôt une ligne bien claire qui sépare les séducteurs des criminels.

Qu’est-ce qui est mieux? Enseigner aux jeunes la vérité scientifique, la mesure et le respect, ou laisser l’internet leur faire croire que les femmes éprouvent un plaisir fou en vociférant en moins de trente secondes dans une position qui favorise surtout le plaisir de l’homme?

Si la maison ne peut t’éduquer, la jungle finit souvent par s’en charger. Et dans la touffue jungle de la toile, même les cours 101 sur la sexualité sont matière à pornographie extrême. Ce qui décuple les risques de dérive des étudiants, car celui qui toujours nage dans un univers où le gang bang, le viol et l’esclavage sexuel sont constamment mis en scène et banalisés peut, avec le temps, s’imprégner de cette agressivité et confondre la fiction et la réalité. On est bien loin de l’époque ou la section brassière du catalogue Sears faisait augmenter la testostérone sanguine des jeunes hommes dans les sous-sols des bungalows.

En matière de sexualité, quand le web devient professeur, les diplômés ont de grandes chances de rester analphabètes.

D’ailleurs, bien des sexologues rapportent que de plus en plus de jeunes hommes ont des problèmes érectiles induits par leur surconsommation de pornographie. Pour cause, voir une femme normale toute nue n’est plus assez pour les allumer. Ce qui est bien logique, car lorsqu’on est un grand champion de la conduite virtuelle, il se peut que monter dans une vraie voiture avec de vraies contraintes et l’obligation de respecter le Code de la route amoindrisse notre excitation.

Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais cette inculture du viol qui témoigne d’un mépris total des femmes, combinée à la honte qu’éprouvent désormais bien des jeunes filles à s’associer au féminisme et la marginalisation de l’éducation sexuelle dans nos écoles m’inquiètent grandement.

http://plus.lapresse.ca/screens/14bb78c2-6cdf-429e-94d0-2e19d896dcc1%7C_0.html

Quand on n’ose plus donner une accolade ou sourire aux hommes de peur que ce soit interprété comme une provocation, une invitation à l’agression sexuelle ou au viol, y’a un os, un gros! Ridicule et misérable. De leur côté, les hommes peuvent aussi craindre de se faire accuser d’agression sexuelle pour une simple accolade ou un compliment respectueux. En effet, notre société a besoin de balises, il faut informer, déterminer les limites, puisqu’on n’enseigne plus le respect et le savoir-vivre ni à l’école ni ailleurs.

Un sondage hallucinant pour mieux comprendre la culture du viol
Vincent Destouches

L’actualité  
Le 16 mars 2016 

Parmi les Français sondés, 21 % croient que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées et 19 % des personnes interrogées jugent que «beaucoup de femmes disent «non» mais ça veut dire «oui».

L’association Mémoire traumatique et victimologie a réalisé une enquête en forme de photographie des représentations des Français sur le viol et les violences sexuelles. Consternants, les résultats de ce sondage Ipsos réalisé auprès d’un échantillon de 1001 personnes sur Internet, entre le 25 novembre et le 2 décembre 2015, ont fait beaucoup de bruit dans l’Hexagone, car ils ont mis la société française en face d’une réalité dont elle ne peut plus s’échapper : la culture du viol y est bien implantée.

Pour beaucoup, la victime est encore souvent considérée comme coupable, que ce soit d’avoir menti, d’avoir provoqué ou d’avoir soi-disant consenti. Un Français sur trois (32 %) estime par exemple qu’il est fréquent de voir une victime accuser à tort son agresseur avec pour seule motivation la déception amoureuse ou la vengeance. Deux Français sur cinq (40 %) jugent que lorsqu’une femme affiche une attitude provocante en public, elle déresponsabilise en partie son violeur. Un Français sur cinq (21 %) croit qu’avoir un rapport sexuel avec une personne qui dit clairement être non consentante, mais qui cède quand on la force, ce n’est pas un viol, mais tout au plus une agression sexuelle.

Une proportion importante de Français déresponsabilise le violeur assez aisément dès lors qu’ils considèrent que la victime a «provoqué» son agresseur.

Autrement dit, le fait de céder constitue un comportement disqualifiant le viol. Cela sous-entend que la notion de contrainte est mal comprise par la population française, de même que la différence entre un viol et une agression sexuelle (le viol se distingue des autres agressions sexuelles en ce qu’il suppose un acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis également avec violence, contrainte, menace ou surprise).

Article intégral :
http://www.lactualite.com/societe/un-sondage-hallucinant-pour-mieux-comprendre-la-culture-du-viol/

À mon avis si l’on effectuait  le même sondage n’importe où en Amérique du Nord, on obtiendrait des résultats similaires...

Je veux souligner le remarquable travail d’éducation du rappeur québécois Koriass qui a visité plusieurs écoles pour sensibiliser les jeunes : http://artdanstout.blogspot.ca/2016/02/serie-fete-de-lamour-1.html

"Sous la ceinture" est un beau projet mené par Nancy B.-Pilon, c'est un recueil de textes sur un même sujet : la culture du viol. J'ai eu une correspondance écrite avec Aurélie Lanctôt et ça a donné la préface du livre. D'une importance capitale, je vous conseille fortement de vous le procurer. C'est varié, on passe de la poésie à l'information, de l'opinion à l'anecdote, du troublant au touchant. Parmi les auteurEs des textes, on retrouve entre autres : Judith Lussier, Webster, Véronique Grenier, Simon Boulerice, Sophie Bienvenu, Natasha Kanapé-Fontaine, Florence Longpré.
~ Koriass



En librairies depuis le 19 octobre 2016. #souslaceinture
https://fr-ca.facebook.com/hashtag/souslaceinture?source=feed_text&story_id=10154490412983930

22 octobre 2016

Éclatantes sous la pluie

C’est fou les couleurs en automne, quelle palette!


Canton de Wentworth (Argenteuil QC, CA)

Colette Gibelin (1936 - )

Poèmes parus dans la revue Multiples

Automne admirable et trompeur
Fête folle des couleurs
Comme si la terre était pétrie de joie et d’or

Les oiseaux s’en vont vers ailleurs
Ils ont bien tort
Le monde est superbe et fragile

Cette beauté qui s’éparpille
me fait un peu peur
Le ciel est un palais de mille fleurs

Il faut aimer chaque seconde
Vivre est miracle provisoire
emporté par le vent

~~~

Désormais je consens que la lumière
soit le souffle pur
qui transfigure toute ruine
et rédime le monde
et que la nuit revienne pourtant

D'un dernier mouvement
j'apaise ma révolte

J'accepte l'instant nu
Geste essentiel,
éclatement solaire
et que mes mots soient des fissures
où la vie se fragmente

Ombres et lumières
Un visage soudain traversé d'émotion
une envolée peut-être
puis la chute
brutale
dans le vide obscur
et nos regards dépossédés que le réel submerge

J'accepte la fracture
puisqu'il le faut
l'effritement,
et la beauté criblée du monde

En un long chant du cygne
je berce mes refus
prunes sauvages
soubresauts renoncés
de la trompeuse éternité

Je consens le partage
et l'équivoque
et les parfums qui s'éparpillent
Je tairai désormais
la fureur
et la soif jamais étanchée
de l'absolu

J'accepte enfin de vivre
mais c'est vieillir,
je sais.

Source : Esprits nomades
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/gibelin.html 


Le végétal vaincra le béton... Photo : Boudacool

19 octobre 2016

À ce compte-là, j’ai peu d’amis

Une recherche sur l’amitié révèle que 95 % des gens croient que leurs sentiments envers leurs amis sont réciproques. Erreur : en réalité, 47 % de nos «amis» ne nous aiment pas. Alex Pentland, chercheur en science sociale informatique au MIT et co-auteur de l’étude, a remarqué que les gens ne veulent pas savoir s’il y a réciprocité ou non parce cela pourrait contrarier leur image de soi. Par ailleurs l’écart peut venir de la définition de l’amitié qui varie sensiblement d’une personne à l’autre.


Illustration : Harold's planet

«C. qui joue à séduire, qui donne trop à tout le monde et ne tient jamais. Qui a le besoin d'acquérir, de gagner l'amour et l'amitié et qui est incapable de l'un et de l'autre. Belle figure de roman et lamentable image d'ami.» ~ Albert Camus (Carnets I, Mai 1935 – février 1942)

Il est vrai qu’aujourd’hui le mot «amis» couvre un large éventail d’individus allant de la personne avec qui vous partagez une part de votre jardin secret, jusqu’aux purs étrangers comme vos «fans» sur Facebook. 
     «Traiter les amis comme des investissements et des commodités pour rehausser son image, est antithétique au concept même de l’amitié. L’important n’est pas ce que l’autre peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous devenez en présence l’un de l’autre. La notion de passer du temps ensemble sans rien faire est un art qui s’est perdu, maintenant remplacé par des volées de textes et de tweets. Les gens veulent tellement maximiser l’efficacité de leurs relations qu’ils ne savent plus ce que signifie être un ami.» (Ronald Sharp, professeur d’anglais au Vassar College) Selon lui, l’ami est une personne que vous prenez le temps de comprendre et qui inversement prend le temps de vous comprendre.

«Notre temps étant limité, le nombre d’amis qu’on peut avoir l’est aussi», explique le psychologue évolutionniste britannique Robin I.M. Dunbar. «Le temps et le capital émotionnel que nous pouvons partager est restreint, de sorte que nous ne pouvons pas entretenir plus de cinq relations importantes ou intenses simultanément. Si quelqu’un affirme en avoir plus de cinq, vous pouvez être pas mal certain que ce ne sont pas des amitiés de qualité.» Dunbar classe l’importance des amitiés de la façon suivante :
- L’étage supérieur est constitué seulement d’une ou deux personnes, par exemple le conjoint et le meilleur ami avec qui vous êtes plus intime et interagissez quotidiennement.
- L’étage suivant peut accueillir tout au plus quatre personnes avec qui vous partagez une grande affinité, de l'affection, des intérêts communs; ces amitiés requièrent une attention hebdomadaire pour se maintenir.
- À l’étage inférieur, se trouvent les amis fortuits avec qui vous passez moins de temps. Les liens tendent à être moins profonds et durables. Sans contact régulier, ils tombent facilement au rang des connaissances – vous pouvez être friendly avec eux, mais ce ne sont pas des amis.

Un article du New York Times rapportait que le fait d'avoir trop de relations superficielles et non réciproques pouvait mener à des problèmes physiques, voire à une dysfonction cérébrale. La psychiatre Amy Banks, auteur de Wired To Connect: The Surprising Link Between Brain Science and Strong, Healthy Relationships, a noté que le nerf vague pouvait être négativement affecté par le sentiment d’isolement. Maintenir ce nerf en bon état est indispensable «pour moduler notre réaction instinctive de défense et/ou de fuite». En compagnie d’étrangers nous éprouvons naturellement de l’anxiété de sorte que ce système entre alors en action; par contre, en compagnie d’amis proches, nous nous sentons à l’aise et en sécurité. Il est impossible de déterminer la sincérité d’un sentiment sur internet, ce ne sont que des mots. Voilà pourquoi il vaut mieux mettre son temps et son énergie à renforcer nos liens avec des gens réellement intéressés à être proches de nous (en chair et en os); ainsi il y aura toujours quelqu'un que nous pourrons appeler un «ami».

Faites le décompte de vos amis... Qui vous manquerait? À qui manqueriez-vous? Qui vous donne du temps? À qui en donnez-vous? Les amitiés sont comme les relations de couple : pour le meilleur ou le pire dépendant des gens qu’on choisit.

(Source : différents articles au sujet de cette étude; j’ai picoré dans le buffet comme on dit...)


Illustration : Harold's planet

Je me demande ce que penserait Camus des «amis» Facebook...

«Chercher les contacts. Tous les contacts. Si je veux écrire sur les hommes, comment m'écarter du paysage? Et si le ciel ou la lumière m'attire, oublierai-je les yeux ou la voix de ceux que j'aime? À chaque fois, on me donne les éléments d'une amitié, les morceaux d'une émotion, jamais l'émotion, jamais l'amitié.
     On va voir un ami plus âgé pour lui dire tout. Du moins ce quelque chose qui étouffe. Mais lui est pressé. On parle de tout et de rien. L'heure passe. Et me voici plus seul et plus vide. Cette infirme sagesse que je tente de construire, quel mot distrait d'un ami qui m'échappe viendra la détruire! «Non ridere, non lugere...»* et les doutes sur moi-même et les autres.» ~ Albert Camus (Carnets I, Mai 1935 – février 1942)

* «Ni rire, ni pleurer, mais comprendre». Ce qui semble être une citation, nous vient du philosophe Baruch Spinoza : «Sedulo curavi, humanas actiones non ridere, non lugere, neque detestari, sed intelligere» j’ai mis tous mes soins à ne pas tourner en dérision les actions des hommes, à ne pas pleurer sur elles, à ne pas les détester, mais à en acquérir une connaissance vraie (trad. Émile Saisset).
http://www.accordphilo.com/

15 octobre 2016

L’invité s’incruste



Twittakine@  23 h 50 : tout l’monde est parti, sauf un invité – il te raconte sa vie domestique ... suggère-lui subtilement d’ouvrir un compte Facebook.

14 octobre 2016

Le cercle vicieux de la pauvreté

Naître dans un milieu défavorisé peut être une expérience traumatisante en raison du manque d’éducation des parents, de la violence conjugale, de la criminalité, etc. Parents dysfonctionnels, enfants dysfonctionnels... La pauvreté est souvent le principal déclencheur des tragédies familiales et sociales subséquentes. On n’a jamais autant parlé de l’éradication de la pauvreté, mais tant que la richesse ne ruissellera pas, les beaux discours resteront vains (1).

Heureusement, il y a des personnes qui travaillent concrètement pour améliorer le sort des familles défavorisées, en éduquant à la fois les parents et les enfants.


Docteur Gilles Julien, pédiatre

Quand le pouvoir de l’amour aura supplanté l’amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix.

Le modèle de pédiatrie sociale en communauté de la Fondation Dr Julien

La pratique de la pédiatrie sociale en communauté mise sur l'intégration sociale, le respect des droits fondamentaux et la réduction des impacts liés aux conditions de vie difficiles. Les services visent à soutenir les enfants et les familles à risque ou en situation de vulnérabilité, pour assurer le mieux-être et le développement optimal des enfants dans le respect de leurs droits et de leurs intérêts.

Cette pratique est basée sur la confiance, le respect et la proximité, pour assurer une action efficace de tous sur la trajectoire de développement des enfants, dans un concept de responsabilité commune partagée. Elle exige un travail en partenariat avec l'enfant, son réseau familial ainsi que les divers systèmes et organisations qui jouent un rôle dans sa vie, pour mieux répondre à ses besoins de santé et de bien-être. L'intervention vise l'intégration efficace des ressources, mais aussi leur création ou leur adaptation, afin de redonner le pouvoir à l'enfant et sa famille de reprendre le contrôle de leur vie, tout en étant accompagnés des membres de leur communauté et des systèmes environnants. En ce sens, le modèle proposé s'éloigne de la notion de «prise en charge» et adopte celle d'empowerment et d'engagement de l'enfant, de sa famille et de la communauté.

http://www.fondationdrjulien.org/qui-sommes-nous.aspx

~~~

(1) Médium large, ICI Radio-Canada Première, 13/10/2016 – «Je n'en peux plus du mensonge voulant qu'il n'y ait plus d'argent! Ce n'est pas vrai : il n'y a plus d'argent dans la sphère publique, mais dans la sphère privée, il n'y a jamais eu autant d'argent dans toute l'histoire de l'humanité», s'exclame l’animateur, qui réagit à un article de L'Obs, intitulé «Inégalités : ça va craquer». Selon lui, l'article s'attaque à un sujet dont il est rarement possible de discuter sur la place publique. «Ce n'est pas vrai que cette richesse bénéficie à tout le monde. Je suis pour la propriété privée, je suis pour le capitalisme, ce n'est pas ça, la question!»
~ Jean-Michel Dufaux, voyagiste

Inégalités : vent de panique chez les élites

Deux «Nobel» d'économie, Joseph Stiglitz et Angus Deaton, et nombre d'intellectuels, dont le géographe Christophe Guilluy et le sociologue Louis Chauvel, sonnent l'alarme : à force d'ignorer les démunis et d'oublier les classes moyennes, nos dirigeants mettent en péril la démocratie. Ils ont désormais un nom, lancé avec mépris par Hillary Clinton : les «déplorables». [...] Dans les sphères dominantes de nombreux pays, c’est la panique. Les élites se rendent compte qu’elles ont creusé un gigantesque piège, en imposant trente ans de recettes libérales au nom d’une mondialisation à laquelle il fallait «s’adapter». Elles ont laissé la société se déglinguer, créant souffrances et frustrations, et un retour de bâton s’annonce. Plus personne ne peut ignorer les «déplorables». Encore moins les mépriser.

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/social/20160921.OBS8497/inegalites-vent-de-panique-chez-les-elites.html

Joseph Stiglitz : «Les inégalités sont un choix!»
Le Nobel d'économie 2001 ouvre le Sommet international des coopératives 2016, à Québec.

François Normandin  
Gestion HEC Montréal 11/10/2016

Les propos sont durs, autant que puisse l’être le quotidien de dizaines de millions d’Américaines et d’Américains, victimes collatérales de la dernière crise financière de 2008-2009, et qui tentent de survivre au sein d’une société de plus en plus inégalitaire. Ces propos, ce sont ceux tenus par Joseph Stiglitz, professeur d’économie à la prestigieuse Columbia University (New York) et lauréat du Prix Nobel d’économie en 2001, lors de la conférence d’ouverture du Sommet international des coopératives (11 au 13 octobre, à Québec).


Le professeur Joseph Stiglitz, éconnomiste, lauréat du prix Nobel, professeur à l'Université Columbia, auteur du livre à  succès Le prix de l'inégalité, États-Unis. 

Les inégalités… À qui la faute?

Sans ambages, le nobélisé a amorcé son allocution par l’énonciation d’un fait que tous soupçonnent, sinon que tous assument pleinement aujourd’hui : le monde n’a jamais été aussi inégal qu’il l’est aujourd’hui. «Qui est coupable d’une telle situation?», demande Joseph Stiglitz. «Serait-ce les lois économiques? Serait-ce les forces du marché? Doit-on pointer du doigt les politiques?». Pour l’économiste, la réponse à cette interrogation ne fait aucun doute. C’est davantage du côté de la sphère politique qu’il faut regarder afin de trouver la source de ces inégalités : «Les inégalités sont un choix, et un choix perpétué par notre système politique», a précisé l’éminent universitaire. «Ce que nous avons fait au cours des dernières années a essentiellement donné plus d’inégalités, une croissance plus faible et plus d’instabilité sociale et politique», a-t-il renchéri.

Une cascade qui ne coule plus

Pour le professeur Stiglitz, la prémisse néolibérale sur laquelle nombre de gouvernements se sont appuyés depuis trois décennies est profondément contre-productive. «Les économistes néolibéraux ont avancé qu’en dérégulant et en réduisant l’impôt des mieux nantis, la richesse ainsi créée serait redistribuée en cascade (trickle down) vers le bas de la pyramide sociale. Rien n’est plus faux!» De fait, une kyrielle de faits tendent à démontrer l’inverse. L’universitaire en veut pour preuve la fonte progressive de la classe moyenne, la concentration de la richesse aux mains des 1 % les mieux nantis, le salaire des hauts dirigeants d’entreprise qui s’est accru d’un facteur de 300 par rapport au salaire moyen d’un Américain. Fait important, signale le professeur Stiglitz, ceux qui ont été probablement les plus affectés par la situation économique actuelle sont les hommes blancs de la classe moyenne, dont le revenu moyen ne s’est, dans les faits, pas accru d’un iota. «Si vous jetez un œil aux gens qui sont présents aux assemblées de Donald Trump, vous comprendrez ce que je veux dire», ajoute-t-il.
     Les conséquences, pour cette frange de la société américaine et pour bien d’autres au passage, ne sont pas qu’économiques. L’accès aux soins de santé s’est dégradé, les prisons sont aujourd’hui surpeuplées, le nombre de personnes expulsées de leur domicile s’est accru et, pis encore, les plus démunis ont perdu à la fois la possibilité de se faire entendre et, chose encore plus grave, tout espoir d’un jour s’en sortir. «Une économie qui ne sert pas la plupart des citoyens est une économie qui a échoué», tranche l’économiste.

The land of opportunities?

Le rêve américain serait-il passé? De fait, selon Jospeh Stiglitz, «Les États-Unis sont le pays où les chances de saisir ces occasions de s’en sortir [opportunities] sont les plus basses.» À l’inverse, a indiqué l’universitaire, les pays qui ont mis en place des politiques afin de favoriser l’égalité des chances (dont le Canada fait partie, a-t-il précisé) sont ceux qui s’en sortent le mieux à l’heure actuelle. Peut-on faire quelque chose afin de rectifier le tir? «Il existe des alternatives», signale Joseph Stiglitz. Mais il ne faudra pas compter sur les entreprises, car elles sont les premières responsables de la montée des inégalités. Les gouvernements ont les mains liées, notamment du fait de la division idéologique qui perdure aux États-Unis. «Les problèmes sont profonds et fondamentaux. Et de petits correctifs ne feront pas l’affaire!» Le défi fut ainsi lancé par Joseph Stiglitz aux quelque 3 000 participants du Sommet, en guise de conclusion, afin que ce troisième pilier, celui de la société civile, au sein desquelles les coopératives s’insèrent, se fasse entendre bruyamment pour aplanir un tant soit peu les inégalités constatées au sein de nos sociétés occidentales.

http://www.revuegestion.ca/informer/joseph-stiglitz-les-inegalites-sont-un-choix/

Je ne vois pas comment l’accord Canada-UE pourrait rafistoler la classe moyenne, comme le prétendent nos gouvernements... Les adversaires du traité ont émis des inquiétudes sur les répercussions pour les agriculteurs, le droit du travail, le respect de l’environnement et les pouvoirs des multinationales. Je comprends le véto du Parlement de Wallonie dont je salue la lucidité! Imaginez la mainmise toujours plus imposante des grandes entreprises telles que Walmart et Monsanto dont on ne parvient pas à se débarrasser.

Un tribunal international informel accuse Monsanto d'«écocide»

Agence France-Presse LA HAYE
La Presse, le 14 octobre 2016

Des militants internationaux ont lancé vendredi à La Haye l'Assemblée des peuples, tribunal citoyen informel accusant le géant américain Monsanto de violer les droits de l'homme et de commettre le crime d'«écocide», en représentant une «importante menace» pour l'environnement. 
     Les juges de La Haye devront répondre à plusieurs questions : le géant Monsanto a-t-il violé les droits à un environnement sûr, à l'alimentation ainsi qu'à des critères exigeants en matière de santé?
     Est-il complice de crimes de guerre en produisant le défoliant agent orange utilisé par les forces armées américaines durant la guerre du Viêtnam? Et ses activités pourraient-elles constituer «un crime d'écocide, à savoir la provocation de sérieux dégâts et la destruction de l'environnement»?
     Récemment, la Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye elle aussi, a émis l'intention de se concentrer davantage sur les crimes environnementaux, tels que l'accaparement des terres.

http://www.lapresse.ca/environnement/201610/14/01-5030401-un-tribunal-international-informel-accuse-monsanto-decocide.php

Blague du jour

Le clin d'œil de Stéphane Laporte (La Presse) :
«Pour voter pour Hillary Clinton faites un X, pour voter pour Donald Trump, faites XXX.»

13 octobre 2016

Le mariage : une affaire mercantile, culturelle et religieuse

Nous n’avons pas peur du futur, nous craignons que le passé se répète! 

Pour mille et une raisons, il vaut mieux naître dans une famille athée (ou agnostique)... Les traditions, les croyances et les dogmes religieux préservent l’ignorance et la culpabilité qui détruisent la liberté individuelle ainsi que le respect de soi et d’autrui.


Aimer... honorer... ...et quoi?!? (Collage : Anne Tainter Inc.)

Le pape François et le mariage

S'exprimant devant quelques dizaines de représentants de la petite communauté catholique géorgienne, très minoritaire dans la Géorgie orthodoxe, le pape argentin a alors évoqué «une guerre mondiale pour détruire le mariage». Elle ne se fait pas avec des armes, mais «avec des idées», a-t-il affirmé, évoquant une «colonisation idéologique».
     «L'homme et la femme qui ne font qu'une seule chair sont l'image de Dieu», et «il faut tout faire pour sauver le mariage», a-t-il insisté. «Quand on divorce, on salit l'image de Dieu», a-t-il encore dit.
     Revenant sur les difficultés des couples mariés, souvent tentés par la séparation, le pape les a encouragés à se quereller autant qu'ils le veulent, «c'est une chose normale», mais à se réconcilier ensuite dans la même journée. (ICI Radio-Canada Info)

Je n’arrive à me figurer qu’il y ait encore des gens qui croient à cette fabulation de l’indissolubilité du mariage. Ainsi, vous mourez et vous retrouvez votre psychopathe de l’autre côté ...pour l’éternité?! Aille-oille.

Le lien surnaturel et indissoluble

Selon Gaudemet (1987 : 43-47), les fondements scripturaires de la doctrine chrétienne sur le mariage sont peu nombreux : deux passages de la Genèse, les versets des évangiles synoptiques qui rapportent la parole du Christ qui interdit le divorce et quelques passages des épîtres de Paul. La doctrine tire des passages de la Genèse que le mariage est monogame; elle tire des versets des évangiles et de deux passages de Paul qu’il est indissoluble. Elle tire d’autres passages des épîtres de Paul qu’il est un remède à la concupiscence et que chaque époux a le droit d’user du corps de l’autre. La doctrine retient aussi de ces passages de la Genèse, des évangiles et des écrits de Paul des notions d’une nature tout à fait différente. Elle tire de la Genèse que les époux ne font qu’une seule chair : 
     Au commencement, le Seigneur Dieu dit : «Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra.» Alors, le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l'homme s'endormit. Le Seigneur Dieu prit de la chair de son côté, puis il referma. Avec ce qu'il avait pris à l'homme, il forma une femme et il l'amena vers l'homme. L'homme dit alors : «Cette fois-ci, voici l'os de mes os et la chair de ma chair. On l'appellera : femme.» À cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. (Genèse 2, 18-24)
     L’Église tire également ce qui suit du passage de l’épître aux Éphésiens qui s’appuie sur ce passage de la Genèse : ...l’épître compare l’union des époux à celle du Christ avec son Église. Le mariage symbolise cette union. En conclusion, le mystère de l’union conjugale est vu comme le symbole du mystère de l’union du Christ avec son Église. 
     Ce passage conduira l’Église à faire du mariage un sacrement et à rapprocher l’indissolubilité du mariage de l’éternité de l’union du Christ et de son Église. L’indissolubilité est l’innovation la plus radicale de la doctrine chrétienne du mariage : on ne la trouve ni dans le droit romain ni dans la loi mosaïque. Cette métaphore servira de prémisse à des raisonnements théologiques, mais aussi à des raisonnements juridiques dont on tirera des conséquences pratiques, comme si elles étaient des réalités.

La dissolution du lien

Le droit canonique ne permet pas de dissoudre le mariage autrement que par la mort. Il admet cependant que dans des causes déterminées, les époux puissent être relevés, par un tribunal, de l’obligation de faire vie commune. Les causes doivent être graves : l’adultère de l’un ou l’autre époux, l’apostasie ou l’hérésie de l’un des époux ainsi que les sévices graves commis par un époux contre l’autre. L’indissolubilité du mariage rompait avec le droit romain classique qui admettait le divorce et la répudiation.

https://www.erudit.org/revue/efg/2011/v/n15/1008148ar.html

La pédophilie légitimée


Les mariages forcés. Des fillettes sont mariées avec des hommes qu’elles n’ont pas choisis et souvent jamais vus. Et les maris sont généralement beaucoup plus âgés qu’elles. 
    
C'est en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud que la pratique du mariage précoce des filles est la plus répandue. Cependant, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans certaines parties de l'Asie, le mariage à la puberté ou peu de temps après est courant chez certaines catégories de population. Par ailleurs, dans certaines régions d'Afrique occidentale et orientale et d'Asie du Sud, il n'est pas rare que les filles se marient bien avant leur puberté. 
     Les parents décident de marier leurs filles de bonne heure pour un certain nombre de raisons. Les familles pauvres peuvent considérer une fille jeune comme un fardeau économique et son mariage comme un indispensable moyen de survie pour la famille. Elles peuvent penser que le mariage d'enfant protège leur fille contre les dangers de la violence sexuelle ou, d'une façon plus générale, la confie aux bons soins d'un protecteur de sexe masculin. Le mariage d'enfant peut aussi être considéré comme un moyen d'éviter aux filles d'être rendues enceintes en dehors du mariage.
     Le mariage d'enfant peut également être inspiré par la discrimination fondée sur le sexe. On peut marier les filles de bonne heure pour s'assurer de leur docilité au sein de la famille de leur mari et de maximiser le nombre de leurs grossesses.
     Le mariage précoce peut avoir des conséquences tout à fait préjudiciables pour ces enfants, parmi lesquelles :
- Refus d'accès à l'éducation : une fois mariées, ces filles ne vont généralement pas à l'école.
- Problèmes de santé : il s'agit notamment des grossesses prématurées, qui élèvent les taux de mortalité maternelle et infantile. Par ailleurs, les adolescentes sont plus vulnérables aux infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/SIDA.
- Maltraitance : elle est fréquente dans les mariages d'enfants. En outre, il arrive souvent que les enfants qui refusent de se marier ou qui choisissent leur futur conjoint contre la volonté de leurs parents soient punis, voire deviennent les victimes de « crimes d'honneur » commis par leur famille.

http://www.unicef.org/french/protection/index_earlymarriage.html

Chaque année, 15 millions de filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans.

L'ONU estime que près de 41 000 jeunes filles de moins de 18 ans sont mariées dans le monde chaque jour. ​Dans certains pays, des petites filles peuvent être mariées dès l'âge de 6 ans. 
     Le mariage précoce mène souvent à la grossesse précoce. Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont parmi les principales causes de décès parmi les filles de 15 à 19 ans.
     Dans les 4 pays où les mariages d’enfants sont les plus courants – Niger, Tchad, Bangladesh et Guinée – plus de 65 % des filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans.
     Les filles des jeunes mères non scolarisées sont particulièrement susceptibles d’abandonner l’école, de se marier jeunes et de tomber dans le cycle de la pauvreté.
     Une fille qui obtient au moins 7 ans de scolarisation se mariera 4 ans plus tard, et aura moins d’enfants, lesquels seront en meilleur santé. 

https://plancanada.ca/fr/mariage-d-enfants

Nojoom, 10 ans, divorcée  


Un plaidoyer contre le mariage des enfants au Yémen
 
Inspiré d'une histoire vécue, le nouveau film de Khadija al-Salami raconte l'histoire d'une petite Yéménite qui a fui son mari pour se réfugier dans un tribunal. Elle a réussi à convaincre un juge de lui accorder le divorce dans un pays où il n'y a pas d'âge légal pour se marier. 
     «Notre grand ennemi, c'est l'ignorance et la pauvreté», souligne la cinéaste, qui a elle aussi été mariée de force, à 11 ans. «Dans certains pays plus riches comme l'Arabie saoudite, [les mariages forcés] se font au nom de la religion, mais au Yémen, c'est la pauvreté et l'ignorance. J'ai essayé de montrer cela. À l'époque [où ça m'est arrivé, j'ai détesté toute ma famille, mais avec l'âge et le recul, je vois que ces gens sont des victimes. Ma mère a accepté [mon mariage de force]. Ma grand-mère aussi. Elle me disait : «La femme est née pour deux choses : être enterrée ou être mariée.»

Au Québec, le film prend l'affiche le 14 octobre à Montréal, Laval, Boucherville, Sherbrooke, Québec et Gatineau. (Médium large, Radio-Canada, 12 octobre 2016)
 
Une fillette de 8 ans a obtenu le divorce au Yémen (2008)
 
 
Noyoud avait été mariée de force à un homme de 30 ans. Trop petite pour porter plainte, mais pas pour se marier. Du haut de ses 8 ans, Noyoud a osé se rebeller contre les traditions de son pays : deux mois après avoir été mariée de force à un homme de vingt-deux ans son aîné, la fillette vient d'obtenir le divorce. Une première au Yémen, où plus de la moitié des jeunes filles sont mariées avant leur majorité. «Je suis soulagée, a soupiré la petite, drapée de noir, en sortant du tribunal. Je vais pouvoir retourner à l'école», en deuxième année de primaire. 
     C'est la première mineure à avoir osé déposer plainte contre son père, Muhammed Nasser, son mari, Faez Ali Thamer, et demander le divorce. «Mon père m'a battue et m'a dit que si je n'épousais pas cet homme, je serais violée et personne dans ce pays ne m'aiderait, a raconté l'enfant au Yémen Times. J'ai supplié mon père, ma mère, ma tante : rien n'y a fait.»
 

10 octobre 2016

«Sixties Scoop» : enfants autochtones vendus par catalogue


ODAYA Dayna Danger, Emilie Monnet, Nahka Bertrand, Anik Sioui (mai 2016). Odaya est un groupe de jeunes femmes autochtones dynamiques et engagées. Le groupe est enregistré comme organisme à but non lucratif avec la vision de créer et d'appuyer divers projets qui visent l'amélioration des conditions de vie des Autochtones, que ce soit dans la région de Montréal ou ailleurs. Étant animées par des valeurs de partage et de compassion, elles ont décidé de façon consensuelle que la totalité de leurs profits serait réinvestie dans la communauté. https://www.facebook.com/Odaya-22131337257/?fref=ts

Une enquête de CBC révélait récemment que des enfants autochtones ont été enlevés (disons volés) à leur famille pendant la rafle des années 1960 pour être vendus à l'étranger – par catalogue! Ce ne sont pas les quêtes aux offices religieux qui ont enrichi les églises et leurs intermédiaires (1).

Dans ces temps

Dans ces temps
on nous donne
des droits artificiels sous réserve

Dans nos temps
on possédait
des droits naturels sans réserve

J’avais un bel arbre

J’avais un bel arbre devant ma maison
je méditais à l’ombre de ses branches
un grand vent brusque l’a fait tomber

Il m’a manqué longtemps

Aujourd’hui
je me souviens de lui
en regardant les pousses nouvelles
à l’endroit même où il était

Mon peuple est semblable
je sais qu’il survivra

~ Jean Sioui (Le Pas de l’Indien. Pensées wendates, Québec, Le Loup de Gouttière, 1997)

Source : Littérature amérindienne du Québec, Écrits de langue française; rassemblés et présentés par Maurizio Gatti (Société d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009)

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L'homme croit quelquefois qu'il a été créé pour dominer, pour diriger.
Mais il se trompe. Il fait seulement partie du tout.
Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être régisseur.
L'homme n'a ni pouvoirs ni privilèges, seulement des responsabilités.

~ Oren Lyons, Iroquois Onondaga

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Vous êtes comme des enfants, tout ce que vous voyez vous le voulez, vous voulez ceci, vous voulez cela. Vous avez la technologie, mais vous ne savez pas vous en servir proprement. Vous n'aimez pas la terre parce que vous la vendez, puis vous la saccagez pour faire du profit. [...]  

Pour nous, Amérindiens, nos valeurs c'est notre mère la Terre, elle est sacrée, c'est l'esprit de nos ancêtres, c'est notre culture, c'est notre liberté, c'est notre source de vie, ça n'a pas de prix.

~ Message d'un Amérindien

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La nature n’est pas un simple décor joli au regard.
Si tu fermes les yeux, tu ressens mille présences.
On ne vient pas écouter le silence dans la nature.
On écoute le vent, la terre, la vie qui résonne et
fourmille à nos oreilles.

Si un jour tu as perdu ton équilibre,
que tu es dans le doute, trouve une forêt,
cherche un tapis d’herbe ou de mousse,
allonge toi dessus, ferme les yeux, vide tes pensées,
respire l’odeur de la terre, écoute la vie,
adapte ta respiration aux battements de ton cœur,
ressens les moindres recoins de ton corps
et relâche un à un les muscles
et les nerfs raidis par le temps.

Deviens oiseau au son du vent,
deviens arbre parmi les arbres,
deviens le vent qui bruisse dans le feuillage,
deviens le cerf qui t’observe et que tu n’avais pas vu,
deviens fleur, deviens ruisseau,
écoute le chant des ancêtres.

~ Sagesse Amérindienne

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(1) Rafle des années 60 : des enfants autochtones ont été vendus à l'étranger

Publié le mercredi 28 septembre 2016

Connue en anglais sous le nom de «Sixties Scoop», cette politique gouvernementale a arraché des milliers d'enfants autochtones à leur famille pour les faire adopter par des familles blanches au Canada, aux États-Unis et en Europe. 
     Des documents liés à l'adoption d'enfants autochtones dans le cadre du programme fédéral révèlent que ceux-ci ont fait l'objet d'une campagne de commercialisation agressive auprès d'églises et d'agences d'adoption américaines. Les enfants étaient notamment répertoriés dans des catalogues, où on leur accordait une valeur monétaire
     Barbara Tremitiere était préposée à l'adoption au Tressler Lutheran Home for Children, un organisme basé en Pennsylvanie, dans les années 1970. Elle se souvient des catalogues envoyés à son agence dans lesquels figuraient les noms et photos d'enfants disponibles au Canada.


Articles faisant la promotion d'adoption d'enfants autochtones. Photo : Karen Pauls

«À cette époque-là, les règles entourant l'immigration étaient très différentes. Les enfants autochtones étaient considérés comme des citoyens des deux pays, donc il n'était pas nécessaire de passer par l'immigration pour les amener [aux États-Unis]», raconte Mme Tremitiere, ajoutant que son agence percevait entre 1000 $ et 2000 $ pour chaque adoption d'enfant autochtone en provenance du Canada. 
     Parmi les enfants adoptés par l'entremise du Tressler Lutheran Home for Children figurent les soeurs jumelles Alison Sweigart et Debra Floyd, qui ont été retirées de leur communauté au Manitoba et adoptées en Pennsylvanie. Leurs parents adoptifs les ont choisies dans un catalogue où leur valeur était «estimée à 10 000 $». 
     «[Ma mère] m'a dit que c'était comme feuilleter un magazine pour choisir celui que tu voulais», raconte Alison Sweigart, ajoutant que ses parents adoptifs ont payé la somme demandée. C'était comme un marché noir. C'est incroyable que des gens aient pu faire cela dans l'impunité.» 
     Carla Williams est née au Manitoba et a été adoptée par un couple néerlandais. Elle avait 11 ans lorsqu'elle a trouvé le reçu de son achat. «J'étais évaluée à 6700 $ canadiens», dit-elle, ajoutant que le reçu officiel avait été signé par un juge. 
     Marlene Oregon a été adoptée par une famille en Louisiane. Elle se souvient du jour où ses parents lui ont dit qu'ils l'avaient achetée pour 30 000 $ et qu'ils avaient obtenu ses deux frères en prime. «Ils m'ont dit que je devrais leur être reconnaissante, parce qu'ils avaient payé pour m'avoir. Je me sentais vraiment coupable», raconte-t-elle.
     Dianne Fast raconte que les parents adoptifs de son frère Willy lui rappelaient constamment qu'ils l'avaient «acheté pour 10 000 $». 
     «J'ai toujours senti que ce n'était pas juste que notre famille soit traitée de la sorte, mais je n'avais aucune idée qu'ils avaient fait ça [aux enfants autochtones] partout au Canada, poursuit Dianne Fast. C'est extrêmement douloureux, mais il était temps que quelqu'un en parle.»

Selon un texte de Donna Carreiro, CBC News
http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2016/09/28/004-enfants-autochtones-vendus-rafle-autochtones-sixties-scoop.shtml



Avec la mondialisation et les services d’adoption internationale, et surtout le réseautage Internet, le commerce des enfants n’a jamais été si facile et répandu. On achète/adopte des enfants, et s’ils ne font pas l’affaire on les revend à l’enchère par catalogue ou dans des foires organisées par des entremetteurs sans scrupules. On fait défiler les enfants devant des acheteurs potentiels, comme dans un chenil ou un encan de bétail. Les réseaux illégaux de marchandage n’enquêtent même pas sur les futurs parents, de sorte que la porte est grande ouverte aux prédateurs sexuels. Incroyable. Imaginez la souffrance psychologique des enfants...  

Le documentaire de Sophie Przychodny donne un aperçu du système de ré-adoption aux États-Unis.



États-Unis – Enfants jetables

Que faire d'un enfant adopté dont on ne veut plus? Aux États-Unis, on peut placer une petite annonce sur Internet et lui trouver une nouvelle famille. La pratique du «rehoming» ou réadoption – n'est pas reconnue légalement, mais facile à mettre en oeuvre. Rencontre avec des enfants vulnérables, échangés comme des marchandises, avec des parents qui ont eu recours à cette procédure et avec les agences qui gèrent ce nouveau marché.

Disponible seulement jusqu'au 28 octobre 2016 :
http://zonevideo.telequebec.tv/media/28750/etats-unis-enfants-jetables/etats-unis-enfants-jetables