3 octobre 2016

Là où le roi va seul


Le water closet (ou lieu d’aisance) sert parfois de refuge pour un moment de tranquillité – à la condition d’en avoir un!

En 2004, il restait toujours environ 2,6 milliards de personnes dans le monde qui ne disposaient pas de toilettes dites «améliorées» (soit 41 % de la population mondiale), c'est-à-dire devant quotidiennement utiliser des toilettes publiques, ou des endroits insalubres et inadaptés, voire devant faire leurs besoins dans la nature. L'immense majorité habite dans les pays en développement et notamment en Asie du Sud et en Afrique. Cette situation est qualifiée de «crise sanitaire globale» en raison des conséquences non seulement sur la santé publique, mais aussi pour la dignité et l'état de pauvreté des personnes affectées. L'année 2008 a ainsi été déclarée «année internationale de l'assainissement» par l'Assemblée générale des Nations Unies. (Wikipédia)

Quand je lis ce genre de rapport, je trouve honteux de gaspiller de l’argent pour recevoir avec tant de faste des dignitaires, des monarques, des ministres ou autres qui ne valent pas plus que n’importe quel humain en ce bas-monde, quel que soit leur statut, leur rôle ou leur origine. La paupérisation se répand comme feu de brousse même dans les pays dits riches de sorte que cet étalage d’opulence est encore plus odieux que ridicule.

Étant une monarchie constitutionnelle, le Canada assume les frais des visites «royales». En 2009, la tournée de 11 jours de Charles et Camilla a coûté 2,57 millions de dollars aux contribuables. En 2011, la tournée de 9 jours de William et Kate a coûté autour de 2,2 millions de dollars (incluant le million attribué à la sécurité). Nous ne savons pas encore le coût de la récente visite de 8 jours de W & K; ils ont reçu 100 000 $ en cadeau, qu’ils verseront, bien sûr, à des œuvres caritatives. En fait, ils devraient voyager à leurs propres frais; de sorte que les sommes normalement prévues (économisées) pourraient être attribuées à des services vraiment utiles aux contribuables. Pourquoi les gouvernements accusent-ils les assistés sociaux de fraude alors que les monarchies vivent elles-mêmes aux dépens de l’assistance sociale provenant de leurs colonies et que leur principal travail consiste à parader? Il faudrait être logique, non?

«Je souhaiterais vivre cinquante ans de plus; je crois que je verrais les trônes de l'Europe vendus aux enchères contre du vieux fer. Je crois que je verrais réellement la fin de ce qui est sûrement la plus grotesque de toutes les escroqueries jamais inventées par l'homme : la monarchie. Il y a imposture et imposture; il y a fraude et fraude, mais la plus transparente de toutes est celle des couronnés», disait Mark Twain en 1889. 
     Je me demande ce qu’il dirait de notre monde actuel, plus de cent ans après sa mort. Sa page Facebook ne dérougirait pas, avec des cibles comme le néocolonialisme, le néolibéralisme, l’aristocratie corporative, l’incrustation des monarchies, les autocraties, les prédicateurs religieux, la corruption, les mensonges et l’hypocrisie des politiciens, les bonzes de la croissance économique, les faux-jetons des médias, les ravages pétrochimiques et miniers, les guerres sans merci et la méga farce Trump/Clinton. Comment ne pas être consterné, choqué et cynique? 
     «Chaque civilisation porte les semences de sa propre destruction, et ce cycle apparaît dans toutes les civilisations. Une République naît, s’épanouit, se délabre dans la ploutocratie, puis, un cordonnier s’en empare avec l’aide de mercenaires et de millionnaires qui feront de lui un souverain. Les gens créent leurs oppresseurs, et les oppresseurs remplissent la fonction pour laquelle ils ont été créés.» ~ Mark Twain (Eruption)

«Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir , de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter puisqu’il est seul ni aimer puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. Si donc une nation, contrainte par la force des armes, est soumise au pouvoir d’un seul comme la cité d’Athènes le fut à la domination des trente tyrans , il ne faut pas s’étonner qu’elle serve, mais bien le déplorer. Ou plutôt, ne s’en étonner ni ne s’en plaindre, mais supporter le malheur avec patience, et se réserver pour un avenir meilleur.» ~ Étienne de La Boétie (Discours de la servitude volontaire)

De beaux emballages de marque tout sourire quand même! Suggestion pour la prochaine sortie de W & K : bénévolat en immersion dans un camp de réfugiés. Rien comme l’expérience pour comprendre...


Catherine, Duchess of Cambridge, Prince William, Duke of Cambridge and Canadian Prime Minister Justin Trudeau attend the Official Welcome Ceremony for the Royal Tour at the British Columbia Legislature on September 24, 2016 in Victoria, Canada. Chris Jackson/Getty Images/AFP

Des mondes parallèles coexistent sans jamais se voir... Photographe : Collin Rodefer

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