23 octobre 2016

Inconduites sexuelles : le point de vue du sage Boucar

À faire circuler si la question vous importe...


Photo : Ryan McGuire/Pixabay

L’inculture du viol
Boucar Diouf

La Presse + (collaboration spéciale)
Le 22 octobre 2016

Il y a encore, dans nos sociétés, des gens qui ont de la difficulté à comprendre, comme disait mon grand-père, que pour jouer avec des fesses sans en avoir l’autorisation bien claire, mieux vaut les avoir dans ses propres caleçons?

Avant de vous parler de cette inculture du viol qu’on essaie de nous présenter comme une culture, en cette période de campagne américaine portant grandement sur les inconduites sexuelles, j’ai envie de rappeler l’histoire de Joycelyn Elders, première femme noire à atteindre l’un des postes les plus prestigieux de l’administration américaine : l’équivalent de notre ministre fédéral de la Santé.

Choisie et nommée par Bill Clinton en 1994, Joycelyn Elders affirmait quelques mois plus tard à San Francisco, lors de la journée mondiale sur le sida, que la masturbation faisait partie de la nature humaine et devrait être abordée dans les cours d’éducation sexuelle à l’école. Des propos bien sensés qui ne tardèrent pourtant pas à provoquer une levée de boucliers dans les milieux conservateurs de cette Amérique bourrée de contradictions.

Désireux d’éteindre le feu, l’administration Clinton décida de la congédier, sans savoir que la revanche était déjà en route. La pauvre Joycelyn était chez elle quand les télévisions du monde entier parlaient de la relation illicite entre Bill Clinton et Monica Lewinsky. On déblatérait sur la fameuse souillure de Bill trouvée sur un vêtement de Monica alors qu’il trompait sa femme dans les recoins de la Maison-Blanche. Le président qui avait joué le jeu des puritains traîne aujourd’hui une tache dans son dossier. Une frasque extraconjugale que Donald Trump, prédateur sexuel présumé, n’hésite pas à exploiter pour faire injustement mal à la mauvaise personne.

Si je vous raconte cette saga, c’est que tout comme Mme Elders, je crois que lutter contre cette inculture du viol de plus en plus décriée nécessite le retour à des cours d’éducation sexuelle décomplexés pour les ados, et même pour les élèves à la fin du primaire.

Pourquoi pas un cours d’éthique et de culture sexuelle pour contrer de façon durable les effets délétères de l’internet sur une certaine jeunesse?

Ce serait le rendez-vous idéal pour faire comprendre à tous qu’un non n’est pas le début d’un oui potentiel pour celui qui sait insister, mais plutôt une ligne bien claire qui sépare les séducteurs des criminels.

Qu’est-ce qui est mieux? Enseigner aux jeunes la vérité scientifique, la mesure et le respect, ou laisser l’internet leur faire croire que les femmes éprouvent un plaisir fou en vociférant en moins de trente secondes dans une position qui favorise surtout le plaisir de l’homme?

Si la maison ne peut t’éduquer, la jungle finit souvent par s’en charger. Et dans la touffue jungle de la toile, même les cours 101 sur la sexualité sont matière à pornographie extrême. Ce qui décuple les risques de dérive des étudiants, car celui qui toujours nage dans un univers où le gang bang, le viol et l’esclavage sexuel sont constamment mis en scène et banalisés peut, avec le temps, s’imprégner de cette agressivité et confondre la fiction et la réalité. On est bien loin de l’époque ou la section brassière du catalogue Sears faisait augmenter la testostérone sanguine des jeunes hommes dans les sous-sols des bungalows.

En matière de sexualité, quand le web devient professeur, les diplômés ont de grandes chances de rester analphabètes.

D’ailleurs, bien des sexologues rapportent que de plus en plus de jeunes hommes ont des problèmes érectiles induits par leur surconsommation de pornographie. Pour cause, voir une femme normale toute nue n’est plus assez pour les allumer. Ce qui est bien logique, car lorsqu’on est un grand champion de la conduite virtuelle, il se peut que monter dans une vraie voiture avec de vraies contraintes et l’obligation de respecter le Code de la route amoindrisse notre excitation.

Je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, mais cette inculture du viol qui témoigne d’un mépris total des femmes, combinée à la honte qu’éprouvent désormais bien des jeunes filles à s’associer au féminisme et la marginalisation de l’éducation sexuelle dans nos écoles m’inquiètent grandement.

http://plus.lapresse.ca/screens/14bb78c2-6cdf-429e-94d0-2e19d896dcc1%7C_0.html

Quand on n’ose plus donner une accolade ou sourire aux hommes de peur que ce soit interprété comme une provocation, une invitation à l’agression sexuelle ou au viol, y’a un os, un gros! Ridicule et misérable. De leur côté, les hommes peuvent aussi craindre de se faire accuser d’agression sexuelle pour une simple accolade ou un compliment respectueux. En effet, notre société a besoin de balises, il faut informer, déterminer les limites, puisqu’on n’enseigne plus le respect et le savoir-vivre ni à l’école ni ailleurs.

Un sondage hallucinant pour mieux comprendre la culture du viol
Vincent Destouches

L’actualité  
Le 16 mars 2016 

Parmi les Français sondés, 21 % croient que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées et 19 % des personnes interrogées jugent que «beaucoup de femmes disent «non» mais ça veut dire «oui».

L’association Mémoire traumatique et victimologie a réalisé une enquête en forme de photographie des représentations des Français sur le viol et les violences sexuelles. Consternants, les résultats de ce sondage Ipsos réalisé auprès d’un échantillon de 1001 personnes sur Internet, entre le 25 novembre et le 2 décembre 2015, ont fait beaucoup de bruit dans l’Hexagone, car ils ont mis la société française en face d’une réalité dont elle ne peut plus s’échapper : la culture du viol y est bien implantée.

Pour beaucoup, la victime est encore souvent considérée comme coupable, que ce soit d’avoir menti, d’avoir provoqué ou d’avoir soi-disant consenti. Un Français sur trois (32 %) estime par exemple qu’il est fréquent de voir une victime accuser à tort son agresseur avec pour seule motivation la déception amoureuse ou la vengeance. Deux Français sur cinq (40 %) jugent que lorsqu’une femme affiche une attitude provocante en public, elle déresponsabilise en partie son violeur. Un Français sur cinq (21 %) croit qu’avoir un rapport sexuel avec une personne qui dit clairement être non consentante, mais qui cède quand on la force, ce n’est pas un viol, mais tout au plus une agression sexuelle.

Une proportion importante de Français déresponsabilise le violeur assez aisément dès lors qu’ils considèrent que la victime a «provoqué» son agresseur.

Autrement dit, le fait de céder constitue un comportement disqualifiant le viol. Cela sous-entend que la notion de contrainte est mal comprise par la population française, de même que la différence entre un viol et une agression sexuelle (le viol se distingue des autres agressions sexuelles en ce qu’il suppose un acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis également avec violence, contrainte, menace ou surprise).

Article intégral :
http://www.lactualite.com/societe/un-sondage-hallucinant-pour-mieux-comprendre-la-culture-du-viol/

À mon avis si l’on effectuait  le même sondage n’importe où en Amérique du Nord, on obtiendrait des résultats similaires...

Je veux souligner le remarquable travail d’éducation du rappeur québécois Koriass qui a visité plusieurs écoles pour sensibiliser les jeunes : http://artdanstout.blogspot.ca/2016/02/serie-fete-de-lamour-1.html

"Sous la ceinture" est un beau projet mené par Nancy B.-Pilon, c'est un recueil de textes sur un même sujet : la culture du viol. J'ai eu une correspondance écrite avec Aurélie Lanctôt et ça a donné la préface du livre. D'une importance capitale, je vous conseille fortement de vous le procurer. C'est varié, on passe de la poésie à l'information, de l'opinion à l'anecdote, du troublant au touchant. Parmi les auteurEs des textes, on retrouve entre autres : Judith Lussier, Webster, Véronique Grenier, Simon Boulerice, Sophie Bienvenu, Natasha Kanapé-Fontaine, Florence Longpré.
~ Koriass



En librairies depuis le 19 octobre 2016. #souslaceinture
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