10 octobre 2016

«Sixties Scoop» : enfants autochtones vendus par catalogue


ODAYA Dayna Danger, Emilie Monnet, Nahka Bertrand, Anik Sioui (mai 2016). Odaya est un groupe de jeunes femmes autochtones dynamiques et engagées. Le groupe est enregistré comme organisme à but non lucratif avec la vision de créer et d'appuyer divers projets qui visent l'amélioration des conditions de vie des Autochtones, que ce soit dans la région de Montréal ou ailleurs. Étant animées par des valeurs de partage et de compassion, elles ont décidé de façon consensuelle que la totalité de leurs profits serait réinvestie dans la communauté. https://www.facebook.com/Odaya-22131337257/?fref=ts

Une enquête de CBC révélait récemment que des enfants autochtones ont été enlevés (disons volés) à leur famille pendant la rafle des années 1960 pour être vendus à l'étranger – par catalogue! Ce ne sont pas les quêtes aux offices religieux qui ont enrichi les églises et leurs intermédiaires (1).

Dans ces temps

Dans ces temps
on nous donne
des droits artificiels sous réserve

Dans nos temps
on possédait
des droits naturels sans réserve

J’avais un bel arbre

J’avais un bel arbre devant ma maison
je méditais à l’ombre de ses branches
un grand vent brusque l’a fait tomber

Il m’a manqué longtemps

Aujourd’hui
je me souviens de lui
en regardant les pousses nouvelles
à l’endroit même où il était

Mon peuple est semblable
je sais qu’il survivra

~ Jean Sioui (Le Pas de l’Indien. Pensées wendates, Québec, Le Loup de Gouttière, 1997)

Source : Littérature amérindienne du Québec, Écrits de langue française; rassemblés et présentés par Maurizio Gatti (Société d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009)

~~~

L'homme croit quelquefois qu'il a été créé pour dominer, pour diriger.
Mais il se trompe. Il fait seulement partie du tout.
Sa fonction ne consiste pas à exploiter, mais à surveiller, à être régisseur.
L'homme n'a ni pouvoirs ni privilèges, seulement des responsabilités.

~ Oren Lyons, Iroquois Onondaga

~~~

Vous êtes comme des enfants, tout ce que vous voyez vous le voulez, vous voulez ceci, vous voulez cela. Vous avez la technologie, mais vous ne savez pas vous en servir proprement. Vous n'aimez pas la terre parce que vous la vendez, puis vous la saccagez pour faire du profit. [...]  

Pour nous, Amérindiens, nos valeurs c'est notre mère la Terre, elle est sacrée, c'est l'esprit de nos ancêtres, c'est notre culture, c'est notre liberté, c'est notre source de vie, ça n'a pas de prix.

~ Message d'un Amérindien

~~~

La nature n’est pas un simple décor joli au regard.
Si tu fermes les yeux, tu ressens mille présences.
On ne vient pas écouter le silence dans la nature.
On écoute le vent, la terre, la vie qui résonne et
fourmille à nos oreilles.

Si un jour tu as perdu ton équilibre,
que tu es dans le doute, trouve une forêt,
cherche un tapis d’herbe ou de mousse,
allonge toi dessus, ferme les yeux, vide tes pensées,
respire l’odeur de la terre, écoute la vie,
adapte ta respiration aux battements de ton cœur,
ressens les moindres recoins de ton corps
et relâche un à un les muscles
et les nerfs raidis par le temps.

Deviens oiseau au son du vent,
deviens arbre parmi les arbres,
deviens le vent qui bruisse dans le feuillage,
deviens le cerf qui t’observe et que tu n’avais pas vu,
deviens fleur, deviens ruisseau,
écoute le chant des ancêtres.

~ Sagesse Amérindienne

~~~

(1) Rafle des années 60 : des enfants autochtones ont été vendus à l'étranger

Publié le mercredi 28 septembre 2016

Connue en anglais sous le nom de «Sixties Scoop», cette politique gouvernementale a arraché des milliers d'enfants autochtones à leur famille pour les faire adopter par des familles blanches au Canada, aux États-Unis et en Europe. 
     Des documents liés à l'adoption d'enfants autochtones dans le cadre du programme fédéral révèlent que ceux-ci ont fait l'objet d'une campagne de commercialisation agressive auprès d'églises et d'agences d'adoption américaines. Les enfants étaient notamment répertoriés dans des catalogues, où on leur accordait une valeur monétaire
     Barbara Tremitiere était préposée à l'adoption au Tressler Lutheran Home for Children, un organisme basé en Pennsylvanie, dans les années 1970. Elle se souvient des catalogues envoyés à son agence dans lesquels figuraient les noms et photos d'enfants disponibles au Canada.


Articles faisant la promotion d'adoption d'enfants autochtones. Photo : Karen Pauls

«À cette époque-là, les règles entourant l'immigration étaient très différentes. Les enfants autochtones étaient considérés comme des citoyens des deux pays, donc il n'était pas nécessaire de passer par l'immigration pour les amener [aux États-Unis]», raconte Mme Tremitiere, ajoutant que son agence percevait entre 1000 $ et 2000 $ pour chaque adoption d'enfant autochtone en provenance du Canada. 
     Parmi les enfants adoptés par l'entremise du Tressler Lutheran Home for Children figurent les soeurs jumelles Alison Sweigart et Debra Floyd, qui ont été retirées de leur communauté au Manitoba et adoptées en Pennsylvanie. Leurs parents adoptifs les ont choisies dans un catalogue où leur valeur était «estimée à 10 000 $». 
     «[Ma mère] m'a dit que c'était comme feuilleter un magazine pour choisir celui que tu voulais», raconte Alison Sweigart, ajoutant que ses parents adoptifs ont payé la somme demandée. C'était comme un marché noir. C'est incroyable que des gens aient pu faire cela dans l'impunité.» 
     Carla Williams est née au Manitoba et a été adoptée par un couple néerlandais. Elle avait 11 ans lorsqu'elle a trouvé le reçu de son achat. «J'étais évaluée à 6700 $ canadiens», dit-elle, ajoutant que le reçu officiel avait été signé par un juge. 
     Marlene Oregon a été adoptée par une famille en Louisiane. Elle se souvient du jour où ses parents lui ont dit qu'ils l'avaient achetée pour 30 000 $ et qu'ils avaient obtenu ses deux frères en prime. «Ils m'ont dit que je devrais leur être reconnaissante, parce qu'ils avaient payé pour m'avoir. Je me sentais vraiment coupable», raconte-t-elle.
     Dianne Fast raconte que les parents adoptifs de son frère Willy lui rappelaient constamment qu'ils l'avaient «acheté pour 10 000 $». 
     «J'ai toujours senti que ce n'était pas juste que notre famille soit traitée de la sorte, mais je n'avais aucune idée qu'ils avaient fait ça [aux enfants autochtones] partout au Canada, poursuit Dianne Fast. C'est extrêmement douloureux, mais il était temps que quelqu'un en parle.»

Selon un texte de Donna Carreiro, CBC News
http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2016/09/28/004-enfants-autochtones-vendus-rafle-autochtones-sixties-scoop.shtml



Avec la mondialisation et les services d’adoption internationale, et surtout le réseautage Internet, le commerce des enfants n’a jamais été si facile et répandu. On achète/adopte des enfants, et s’ils ne font pas l’affaire on les revend à l’enchère par catalogue ou dans des foires organisées par des entremetteurs sans scrupules. On fait défiler les enfants devant des acheteurs potentiels, comme dans un chenil ou un encan de bétail. Les réseaux illégaux de marchandage n’enquêtent même pas sur les futurs parents, de sorte que la porte est grande ouverte aux prédateurs sexuels. Incroyable. Imaginez la souffrance psychologique des enfants...  

Le documentaire de Sophie Przychodny donne un aperçu du système de ré-adoption aux États-Unis.



États-Unis – Enfants jetables

Que faire d'un enfant adopté dont on ne veut plus? Aux États-Unis, on peut placer une petite annonce sur Internet et lui trouver une nouvelle famille. La pratique du «rehoming» ou réadoption – n'est pas reconnue légalement, mais facile à mettre en oeuvre. Rencontre avec des enfants vulnérables, échangés comme des marchandises, avec des parents qui ont eu recours à cette procédure et avec les agences qui gèrent ce nouveau marché.

Disponible seulement jusqu'au 28 octobre 2016 :
http://zonevideo.telequebec.tv/media/28750/etats-unis-enfants-jetables/etats-unis-enfants-jetables 

Aucun commentaire:

Publier un commentaire