30 novembre 2015

27 novembre 2015

L’humilité : une vertu?

«L’orgueil est la même chose que l’humilité : c’est toujours le mensonge.»
~ Georges Bataille

«Je ne me figure pas qu'un astronome puisse jamais être un croyant. La vue, pour ainsi dire immédiate, de l'infini dissipe, comme de légers nuages, les fables dont l'homme s'est plu à envelopper sa destinée. Il cesse de se croire un être assez important pour arrêter sur lui la pensée divine. Ce n'est pas cette humilité chrétienne si orgueilleuse, au fond, puisqu'elle s'imagine qu'il n'a pas fallu moins qu'un Dieu pour sauver l'humanité; c'est le sentiment de son propre néant qui saisit l'homme en face de ces espaces sans bornes. Il comprend que sa destinée, perdue dans une pareille immensité, est tout à fait insignifiante, et qu'il n'est lui-même qu'un simple atome emporté dans le mouvement universel.»
~ Louise Ackermann (Pensées d'une solitaire)


On ne peut considérer l'humilité comme une vertu
Swami Dayananda Saraswati

Ego et fierté sont étroitement liés, des effets presque synonymes de la même cause : l’ignorance de la relation du moi individualiste avec le monde. (...) Même si je suis doté de libre arbitre et que j'ai le pouvoir de choisir mes actions, je n'ai aucun pouvoir sur le résultat final de cette action; le résultat anticipé n’est rien d’autre qu'une probabilité parmi diverses possibilités. Je ne produis pas le résultat. Le résultat de mes actions est engendré par des facteurs matériels dont je ne suis pas le créateur ainsi que plusieurs circonstances passées et présentes, connues et inconnues, qui doivent converger.

Si la souplesse et la force de mon bras me permettent de réussir une passe gagnante durant les dernières secondes d'un match de football américain, les facteurs matériels et circonstanciels réunis sont trop nombreux pour qu’il y ait matière à me glorifier. Je n’ai pas inventé le football, et je n’ai pas créé mon corps athlétique. Beaucoup de gens et d’expériences ont contribué à développer les capacités du bras qui a lancé le ballon. Je ne suis pas responsable du fait que l’orage se soit éloigné et que le jeu n’ait pas été annulé, ou du fait que le tremblement de terre se soit produit 60 secondes après ma passe, si c’était arrivé une minute plus tôt je l’aurais ratée. Je ne peux pas non plus me créditer pour le travail de mon coéquipier qui a saisi le ballon et converti la possibilité en points gagnants.

On peut difficilement considérer  l’humilité comme une vertu parce que l'humilité, c’est simplement comprendre le monde, y compris moi-même parce que je fais partie de ce monde, tel qu’il est. Quand je saisis comment les choses fonctionnent, je n’ai aucune raison d’être fier ou déçu de moi. L’autodénigrement est aussi une expression de l'ego (...) dont on se défait en comprenant qu’il n’y a pas lieu de se condamner, pas plus qu’il n’y a lieu de s’attribuer du mérite pour quoi que ce soit. On apprécie simplement le monde tel quel, un champ d’exploration de la connaissance, sans fierté, sans égocentrisme.

Extrait du livre The Value of Values

Humility Really Cannot be Considered a Virtue
Source : http://www.awakin.org/

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Certaines écoles de positivisme vendent du rêve et du faux pouvoir personnel, et par extension, de la déception à pleines barges. «Si vous pensez ceci plutôt que cela et si vous faites ceci plutôt que cela, vous changerez votre vie pour le mieux à jamais.» Le positivisme à tous crins et la pensée magique sont des pièges insidieux qui hypothèquent le discernement et la lucidité dont nous avons besoin pour fonctionner dans cette jungle planétaire dysfonctionnelle, et inhumaine à bien des égards.

Nos pensées, positives et négatives, ont certes un impact sur nos humeurs et même sur notre vie en général. Il n'est pas défendu de rêver, d'espérer, de planifier et de programmer jusqu’à l’obsession, mais la vie est faite d’imprévus sur lesquels nous n’avons aucun contrôle en effet, et c’est probablement mieux ainsi!

Et puis, comme on disait au temps du nouvel-âge : l’univers fait ce qu’il peut avec ce qu’il a sous la main.

Vous aimerez peut-être :
http://artdanstout.blogspot.ca/2015/02/je-respire-mieux-la-tete-dans-le-sable.html

26 novembre 2015

T’as raison Charlie!

“I think I’m afraid to be happy because whenever I get happy, something bad happens.” ~ Charlie Brown



L’histoire du berger malinois DIESEL tué durant l’assaut à Saint-Denis (article Heart-rending, 2e partie) m’a donné envie d’aborder la maltraitance envers les animaux – comme disait Marguerite Yourcenar : «on se fait la main sur les animaux».

Utiliser les chiens comme des pare-bombes ou des kamikazes ne nous empêchent pas d’être blessés ou de mourir lors de conflits meurtriers ou d’attaques terroristes. Pas plus que la vivisection ne nous prémunit contre les maladies : «Demandez aux chercheurs pourquoi ils expérimentent sur les animaux et leur réponse est : parce que les animaux sont comme nous. Demandez aux chercheurs pourquoi c’est moralement acceptable d’expérimenter sur des animaux et leur réponse est : parce que les animaux ne sont pas comme nous. L’expérimentation animale repose sur une contradiction de logique.»
~ Charles Russell Magel (1920-2014), professeur de philosophie et d’éthique, et militant contre les tortures infligées aux animaux.



L’intelligence, la sensibilité, l’ouïe et le flair exceptionnels de nos amis canins devraient servir exclusivement à des fins charitables – comme détecter des maladies, alerter les épileptiques avant que la crise ne survienne, guider des handicapés, aider les personnes atteintes de problèmes psychologiques (zoothérapie), sauver des sinistrés, et j’en passe... ils sont tellement doués!

«Tous les animaux ont un comportement décent... hormis les Hommes.»
~ Martin Monestier

On n’utilise pas que les chiens, tous les animaux peuvent être conscrits... s’ils ont le moindrement des aptitudes particulières. Encore des illusions au sujet des humains? Si vous avez le cœur solide je vous suggère ces deux ouvrages. De toute façon il suffit de faire un tour du monde virtuel pour réaliser que ce n’est pas la sagesse et la compassion qui extermineront l’espèce humaine.



Les animaux-soldats
Histoire militaire des animaux des origines à nos jours
Martin MONESTIER
Collection Documents; Cherche-Midi, mai 1996

Présentation de l’éditeur : 
   Les hommes, non contents de se faire la guerre tout au long des siècles, ont dressé des animaux à leur image afin que ceux-ci participent aux luttes armées.
   Des oies du Capitole aux dauphins de la marine américaine, en passant par les éléphants d'Hannibal et à ceux des Khmers rouges, les renards hébreux, les chiens de guerre japonais, les rats du Mossad, les pigeons, les ânes, les otaries, les cheveux, etc., peu d'animaux ont échappé à l'embrigadement.
   Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 14 millions d'animaux furent enrôlés dans les armées belligérantes, et 120 000 d'entre eux décorés pour faits de guerre. Le second conflit mondial verra 30 millions d'animaux servir sur tous les terrains d'opération. Aujourd'hui, les laboratoires militaires de para-psychologie animale continuent à étudier le comportement des animaux pour les éventuelles guerres à venir.
   Martin Monestier, avec force documents - pour la plupart inédits - à l'appui, évoque, depuis les origines jusqu'à nos jours, les missions et les actes d'héroïsme de ces auxiliaires malgré eux des armées.

http://www.cherche-midi.com/theme/detail-Les_animaux-soldats-9782862744384.html

«La Terre n’est faite que de crimes», explique Martin Monestier. «Il n’y a pas de société qui n’ait pu se développer sans police. Et l’homme aime ses crimes. Deux tiers de la littérature mondiale y fait référence : des femmes assassinent leurs enfants, d’autres sont tués par leurs conjoints, 300 millions d’enfants vivent esclaves dans le monde. [...] Nous sommes 7 milliards aujourd’hui. 1,5 milliard d’entre nous crèvent déjà de faim. Et nous serons 2 milliards de plus demain. ‘Je ne peux pas avoir beaucoup d’espoir pour un monde trop plein’, disait Claude Lévi-Strauss. J’aime beaucoup cette citation. Il faudrait repartir de zéro!»

Malfaisances et incongruités de l'espèce humaine
Martin MONESTIER
Encyclopédie
Collection Documents, Cherche-Midi,  novembre 2013

Présentation de l’éditeur : 
   L'histoire des hommes commence par le vol d'une pomme et se poursuit avec un assassinat et un inceste. Depuis, la haine et la rivalité sont ancrées dans le coeur de l'humanité. La nature intrinsèquement malfaisante de l'homme a élevé le meurtre, le viol, l'inceste, la trahison, l'arbitraire, la haine, le mensonge, l'orgueil, l'avarice et l'ambition à un niveau difficilement imaginable. Même les singes en ont assez d'imiter l'homme. 
   Depuis l'âge le plus lointain et aujourd'hui plus que jamais, l'homme vit dans l'univers qu'il bâtit, jour après jour un peu plus obscène, grossier, arrogant et féroce. C'est dans ce monde putride qu'il se multiplie sans discontinuer de façon exponentielle, se nourrissant du pire dans tous les domaines tandis qu'augmente sans cesse le nombre de ses crimes et exactions. 
   Martin Monestier, tel un «bousier», a travaillé plusieurs années à rassembler «les excréments» de l'histoire. Il a débusqué et décortiqué les secrets cachés, oubliés et honteux d'innombrables personnages illustres. 
   Roueries, bassesses, traîtrises, comportements incongrus ou crimes terribles, la preuve est faite : l'homme est viscéralement destructeur. Même les rats, qui régissent leur prolifique société par des règles intelligentes, regardent l'humain, cette bête à gueule plate, prédateur de tout ce qui vit, avec une pointe de satisfaction : «ils ne sont pas les derniers des derniers de dessus la terre». 

L'auteur : Autodidacte, encyclopédiste du bizarre, archéologue du pire, briseur de tabous, rien n’arrête Martin Monestier dans sa quête de l’inimaginable, du scandaleux et de l’occulte. Livre après livre, cet enquêteur de l’extrême pousse l’érudition des incongruités et des extravagances humaines à son comble et révèle ainsi une histoire du monde telle qu’on ne l’a jamais écrite. Ses nombreux livres, au carrefour des sciences humaines et du journalisme, sont des œuvres de référence, sans cesse réédités et traduits en de nombreuses langues.

24 novembre 2015

Training linguistique franco-québécois

@Twittakine Le ‘français de France’ serait en péril : y paraît que les Français parlent franglais encore plus que les Québécois.

Le clip de ‘Solange te parle’, le «Québécois pour les nuls», a créé un mini remous ici. Positif parce que le ton n’est pas condescendant (ou méprisant) pour une fois; plutôt sympathique à vrai dire. Elle passe en revue certaines tournures de notre pittoresque parlure : ah ben là, ch’pu capab, faque, l’fun, pantoutt, tsé, tanné, niaiseux, jaseux; et le célèbre double ‘tu’ des interrogations – selon le rappeur Biz ‘tu te souviens-tu?’ a remplacé ‘t’en souviens-t-il?’.

https://www.youtube.com/watch?v=qYm83H5TOMM

La Leçon de Québécois d'Élyse Lévesque, une Québécoise pure laine, est vraiment drôle (février 2015).
Les immigrants : https://www.youtube.com/channel/UCrAAkXtI3Iz0dRvc15K9Ozw



Un complément

Le Dictionnaire des injures québécoises répertorie 1500 injures de filiation latine, grecque, italienne, gauloise, etc., et Made in Quebec – car nous avons québécoïsé bon nombre d’injures anglo-américaines.

~ Tannant viendrait du gaulois tan : sombre ou assombrir. Sens : qui tape sur les nerfs; être tanné signifie ‘en avoir assez’.

~ Reluqueux viendrait du néerlandais loecken : regarder. Sens : curieux, fouineur. 

~ Badlucké (ou badloqué) vient de l’anglais bad luck : malchanceux. Synonyme : louseur vient de to lose/loser : perdant.

~ Twit (américanisme), vient de l’anglais to twit (to taunt) : narguer. Sens : injure fourre-tout, utilisée jusqu’à l’outrance par une jeunesse à court de vocabulaire injurieux. S’adresse aux nonos, niaiseux, ignorants, idiots, crétins, sans-plomb, caves, bozos, bâdrants, sans-dessein et autres bornés du même acabit.

~ Lousy-french. Sens : Français pouilleux. Remarque de Pierre Elliott Trudeau à propos du français parlé au Québec, ce qui à l’époque a injurié tout le peuple québécois, sauf les personnes qui se gargarisaient avec la langue académique. Citation : «Les Québécois sont des pas-d’allure et des placoteux (bavards) qui parlent un lousy-french de bécosses (latrines) (P. E. Trudeau) La spectaculaire arrogance de Trudeau envers les ‘french-pea-soup’ a laissé des marques de griffes indélébiles...

Extraits de l’introduction (pour l’humour) :

Plusieurs mobiles nous ont fait commettre ce livre, et il est bon que le lecteur et la lectrice les connaissent de façon à ne pas nous prendre à première vue pour des auteurs bizarres. 
   Une des principales raisons nous a été dictée par notre pacifisme invétéré. Nous pensons, en effet, qu’il est préférable de s’injurier que de se blesser ou de se tuer. 
   Nous vivons une époque très difficile. Chacun vit replié sur lui-même, s’isole de plus en plus, devient plus méfiant et parfois plus violent. 
   Autrefois, les gens, lorsqu’ils n’étaient pas d’accord, se traitaient de toutes sortes de noms d’oiseaux, et, soulagés, repartaient à leurs occupations. Jusqu’à la prochaine engueulade. 
   Les gens d’aujourd’hui, lorsqu’ils ont un différent, sortent aussitôt le coup-de-poing américain, le pic à glace ou la Kalashnikov made in Russia, et c’est le carnage. 
   Il faut décidément abandonner cette pratique barbare et salissante qu’est la violence et retrouver au plus vite cette valeur d’antan : l’injure vigoureuse, cinglante, rude, mordante, ironique, mais toujours non violente, sans coups ni blessures. N’est-il pas plus sain de traiter le voisin qu’on hait de trou-d’cul ou de face-de-rat que de le saigner comme un cochon, sur le palier, d’un coup de couteau?
(...) 
   L’injure se contrôle, la violence non. 
   Dans un pays civilisé, on ne se bat pas, on ne se tue pas, on s’injurie. 
   Un autre des  buts de ce dictionnaire est de mettre à la disposition des gens les injures du passé, du présent et de l’avenir, afin qu’ils en connaissent le sens et sachent ce qui peut choquer les autres. Où est le plaisir d’injurier un importé frais débarqué si ce dernier ne comprend pas le mot ou l’expression injurieuse? Après avoir consulté ce dictionnaire, l’immigrant comprendra ce qu’on vient de lui dire et, par la même occasion, il pourra injurier à son tour le Québécois dans la langue d’ici. La communication s’établira très vite entre les ethnies. 
   L’affligeante pauvreté de notre vocabulaire injurieux nous a également poussés à entreprendre cette tâche. (...) Nous nous sommes tellement appauvris que nous avons dû emprunter à la langue américaine un certain nombre de nos injures contemporaines. Nous sommes vraiment mal placés pour nous moquer des Français qui ont farci de franglais leur «langue de moumounes».
(...) 
   Il est plus que temps de redécouvrir les injures de nos ancêtres, riches d’enseignement et de nous familiariser avec des injures contemporaines et de créer les injures de l’avenir. Ainsi, nous laisserons à nos descendants une bible des injures, avec lesquelles ils pourront copieusement nous abreuver à titre posthume lorsqu’ils se rendront compte que nous leur avons aussi laissé une atmosphère polluée, une eau pourrie, des déchets toxiques partout et des matières premières presque épuisées.
(...) 
   L’injure est psychologiquement saine (c’est reconnu par les plus grands psychoquelquechoses au monde), surtout pour la personne qui la profère. Des études avancées permettent d’établir que le fait d’injurier quelqu’un décongestionne le foie et active l’élimination de la bile; facilite l’assimilation de l’azote et de l’oxygène; fortifie le système cardiaque stimulant la circulation du sang; fait abondamment transpirer, favorisant ainsi l’élimination de la cellulite; et surtout détend énormément les nerfs. 
   L’injure développe aussi la franchise et pourrait devenir une merveilleuse soupape dans notre société sclérosée, nous aidant à passer notre colère par la bouche plutôt que par les poings.
(...) 
   Si nous apportons, tout au long de ce volume, des comparaisons, des rapprochements et des différences entre l’injure québécoise et sa mère, l’injure française, c’est pour une plus grande compréhension entre ces deux peuples. Certes, l’injure française est en partie à la base de nos injures québécoises, mais il faut dire qu’une fois « lâchée lousse » (permettez-nous l’expression), l’injure québécoise a fait son bonhomme de chemin et n’a, aujourd’hui, malgré sa stagnation, aucune raison de rougir face à n’importe quelle injure maternelle ou étrangère.
(...) 
   Si vous connaissez ou découvrez des injures québécoises (anciennes ou modernes) qui ne figurent pas dans ce dictionnaire, n’hésitez pas à nous les envoyer (...) vous contribuez, de cette façon, à enrichir le patrimoine national. Nous acceptons aussi vos lettres d’injures et vos lettres anonymes. 
   Maintenant que vous voilà prévenu, vous entrez dans ce livre à vos risques et périls. 
   Ne vaut-il pas mieux faire monter le sang au visage que de le répandre?

Proverbe de cocombre : «Si le chapeau te fait, mets-le!» (Lao Tsé-Veudîr)

Jean-Claude Trait, pataphysicien 
Yvon Dulude, bibitologue

Le dictionnaire des injures québécoises
Les éditions internationales Alain Stanké, 1996

22 novembre 2015

Dans l’air du temps


«La vie c’est magnifique, mais c’est aussi affreux. Être sensible à ce que la vie peut offrir de merveilleux est une source d’inspiration, ça encourage, ça remonte le moral, ça donne une perspective plus vaste, sans compter que ça donne de l’énergie. On se sent en phase avec la vie. Mais lorsque c’est tout ce qui se passe, on ne tarde pas à devenir arrogant et à regarder les autres de haut. On se prend pour le nombril du monde, et on veut que sa vie reste comme ça à jamais. Le merveilleux commence à se teinter d’avidité, on devient dépendant. 
   D’un autre côté, le malheur – ce que la vie a de pénible – peut nous attendrir beaucoup. Pour être présent à quelqu’un, il est essentiel de connaître la douleur. Quand on a du chagrin, on peut regarder tout droit dans les yeux de quelqu’un parce qu’on a l’impression de n’avoir plus rien à perdre – on est là, c’est tout. Le malheur peut rendre quelqu’un plus humble, plus doux, mais s’il n’y a que du malheur dans sa vie, on peut alors sombrer dans la dépression et le désespoir, au point de n’avoir même plus assez d’énergie pour manger une pomme. Le bonheur et le malheur ont besoin l’un de l’autre. L’un est source d’inspiration, l’autre est source d’attendrissement. Ils vont bien ensemble. 
   Atisha a dit : «Dans les deux cas sois patient.» Que la vie soit magnifique ou épouvantable, pleine de joie ou de haine, sois patient. Ici, la patience signifie laisser le temps aux choses de se dérouler à leur propre vitesse au lieu de réagir machinalement soit à la douleur, soit au plaisir. Le véritable bonheur, qui est à la base de ce que la vie a de magnifique et d’affreux, est souvent court-circuité parce qu’on retombe rapidement dans ses bonnes vieilles habitudes. 
   La sécurité n’enseigne pas la patience. On ne s’initie pas à la patience quand tout va comme sur des roulettes, quand règne l’harmonie. Quand tout baigne, à quoi sert la patience? Quand on reste dans sa chambre, la porte verrouillée et les rideaux tirés, tout peut sembler harmonieux, mais dès que quelque chose va de travers, on saute au plafond. Impossible de cultiver la patience lorsqu’on s’évertue à chercher l’harmonie et à faire disparaître toutes les difficultés. La patience implique qu’on est disposé à rester vivant et non à rechercher l’harmonie à tout prix.»

~ Pema Chödrön (Maîtriser le paradoxe; in Bien-être et incertitude)

«Si je mets dix hommes sur une île déserte, la loi d'attraction va les rassembler en deux groupes, et la loi d'opposition leur inspirer des idées absolument contraires sur la façon d'organiser l'île. Si un groupe pense «nord», l'autre groupe, par réflexe immédiat, pensera «sud». Et ils commenceront à ramasser des cailloux pour se convaincre réciproquement en se les envoyant sur la figure. Si un des deux groupes se montre plus fort et absorbe l'autre, une force d'opposition va naître en lui, grandir et le couper de nouveau en deux ou en plusieurs morceaux. C'est la loi! 
   Ce n'est pas cela qui fait le malheur des hommes. Ils pourraient entre l'attraction et l'opposition, trouver un équilibre et vivre en paix, comme le soleil et les planètes. Ce qui les rend malheureux, c'est le bonheur. L'idée qu'ils s'en font, et le besoin de l'attraper. Ils s'imaginent qu'ils sont malheureux aujourd'hui, mais qu'ils pourront être heureux demain, s'ils adoptent certaine forme d'organisation. Chaque groupe a une idée d'organisation différente. Non seulement il se l'impose à lui-même, à grande souffrance, mais il cherche à l'imposer à l'autre groupe, qui n'en veut absolument pas, et qui essaie au contraire de lui faire avaler de force sa propre cuisine. 
   Et chaque individu croit qu'il sera heureux demain, s'il est plus riche, plus considéré, plus aimé, s'il change de partenaire sexuel, de voiture, de cravate ou de soutien-gorge. Chacun, chacune attend de l'avenir des conditions meilleures, qui lui permettront, enfin, d'atteindre le bonheur. Cette conviction, cette attente, ou le combat que l'homme mène pour un bonheur futur, l'empêchent d'être heureux aujourd'hui. Le bonheur de demain n'existe pas. Le bonheur, c'est tout de suite ou jamais. Ce n'est pas organiser, enrichir, dorer, capitonner la vie, mais savoir la goûter à tout instant. C'est la joie de vivre, quelles que soient l'organisation et les circonstances. C'est la joie de boire l'univers par tous ses sens, de goûter, sentir, entendre, le soleil et la pluie, le vent et le sang, l'air dans les poumons, le sein dans la main, l'outil dans le poing, dans l'oeil le ciel et la marguerite. 
   Si tu ne sais pas que tu es vivant, tout cela tourne autour de toi sans que tu y goûtes, la vie te traverse sans que tu ne retiennes rien des joies ininterrompues qu'elle t'offre.»

~ René Barjavel (in Si j'étais Dieu...)

«La différence entre le théisme et le non-théisme n’est pas liée au fait de croire ou de ne pas croire en Dieu. (...) Le théisme, c’est une conviction fortement ancrée qu’il existe une main à tenir : si on sait faire juste ce qu’il faut, quelqu’un va y être sensible et nous prendre sous son aile. Cela veut dire qu’on s’imagine qu’on aura toujours une baby-sitter à portée de la main, en cas de besoin. Nous avons tous tendance à nous démettre de nos responsabilités et à déléguer notre pouvoir à quelque chose d’extérieur. 
   Le non-théisme, au contraire, consiste à se détendre dans l’ambigüité et l’incertitude du moment présent, sans rien chercher pour se protéger. (...) C’est apprécier pleinement l’impermanence et le changement. (...) Le dharma n’a jamais été destiné à devenir une croyance à laquelle on adhère aveuglément. Le dharma ne procure absolument rien à quoi on peut s’accrocher. 
   Le non-théisme, c’est se rendre compte enfin qu’il n’y a pas de baby-sitter sur laquelle on peut compter. Juste au moment où on en a une bonne, on la perd. Le non-théisme, c’est prendre conscience qu’il n’y a pas que les baby-sitters qui vont et viennent. Toute la vie est comme ça. C’est ça la vérité, et la vérité dérange.»

~ Pema Chödrön (La vérité dérange; in Bien-être et incertitude)

Le nom de Dieu a trop servi.
Nul ne sait plus ce que signifie le nom de Dieu.
L'adorer ou le haïr est pareillement infantile.
Le Dieu-papa que nous proposent les religions leucémiques est une tentative aussi dérisoire et aussi cocasse d'apaiser notre soif que l'octroi d'une goutte de sirop à un déshydraté.

~ René Barjavel (in La faim du tigre)

20 novembre 2015

Une famille hétéroclite

Après une semaine horrifiante où une attaque terroriste n’attendait pas l’autre, retour à des «valeurs sûres», c’est-à-dire mes amis à fourrure et à plumes. Quasi les seuls à pouvoir m’attendrir et me faire sourire ces jours-ci. Comme j’ai de très bons fournisseurs de réconfortants (pas des pushers de drogue!), j’ai reçu ce singulier exemple d’acceptation des différences. Une leçon bienvenue...

En résumé, un brésilien, Luiz Higa Junior, a gagné les cœurs sur Instagram en publiant des photos de sa famille d’animaux composée de Bob (un golden retriever de deux ans), d’un hamster et de huit oiseaux.

Il raconte qu’au début il avait uniquement Bob, un cacatoès et une perruche. «Je les mettais parfois ensemble pour observer leurs comportements. C’était tellement agréable que j’ai décidé de les laisser jouer, explorer et faire dodo en commun durant mes temps libres; ensuite, j’ai adopté le hamster et d’autres oiseaux.»

En plus, ils acceptent de poser pour la galerie!

La famille au complet. Bob a l’air d’un vieux sage. 

 
 
 
 

18 novembre 2015

Heart-rending


«Deux choses nous éclairent, qui sont toutes les deux imprévisibles : un amour et une mort. C'est par ces événements seuls qu'on peut devenir intelligents, parce qu'ils nous rendent ignorants. Ces moments, où il n'y a plus de social, plus de vie ordinaire, sont peut-être les seuls où on apprend vraiment, parce qu'ils amènent une question qui excède toutes les réponses.» ~ Christian Bobin (La lumière du monde)

Un journaliste dont l’épouse a été tuée au Bataclan a écrit aux terroristes. À la fois un hommage poignant à sa femme et un refus de «répondre à la haine par la haine».

Que son message devienne «viral» et son attitude imitée par le plus grand nombre.
Car, que pouvons-nous contre des machines à tuer?

Antoine Leiris, journaliste (France Bleu)  © Christophe Abramowitz / RF

Interrogé sur France Info par Jean Leymarie, Antoine Leiris, a expliqué sa démarche.
     «J'ai l'impression que c'est la meilleure réponse à donner : ils n'auront pas ce qu'ils cherchent. Je continuerai à aimer la musique et à sortir» dit-il. Avant d'ajouter : «Je continuerai à vivre parce que je ne veux pas que mon fils grandisse dans la haine, la violence ou le ressentiment.»
     «De toute façon, une grande partie de moi est partie avec Hélène ce jour-là, ce qui reste de moi est pour Melvil. Pour lui, je suis obligé d'oublier la haine, le ressentiment et la colère. S'il grandit là-dedans, il deviendra exactement ce que eux sont devenus : des gens aveugles, violents, qui préfèrent les raccourcis aux chemins plus complexes de la réflexion, de la raison, de la culture...»

«Vous n’aurez pas ma haine»

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son coeur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un oeil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans. Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

 ~ ~ ~

Citations du jour 

«... ce ne sont ni les brigands ni les incendies qui détruisent le monde, mais la haine, l'hostilité, les petites intrigues...» ~ Anton Tchékhov

«L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l'équation.» ~ Michael Moore

«L'éducation est le seul vaccin contre la violence.» ~ Edward James Olmos

«Aucune violence n'a jamais ajouté à la grandeur des hommes.» ~ Jean Guéhenno

«Les faibles ont recours à la violence en la pensant force.» ~ Eric Hoffe

«De tous les animaux, l’homme est le plus cruel. C’est dans les tragédies, les combats de taureaux et les crucifixions qu’il s’est trouvé le mieux sur terre. Et lorsqu’il inventa pour lui l’enfer, voyez, ce fut pour lui le ciel sur la terre.» ~ Nietzsche

«Ne combattez l'opinion de personne; songez que, si l'on voulait dissuader les gens de toutes les absurdités auxquelles ils croient, on n'en aurait pas fini, quand on atteindrait l'âge de Mathusalem.
[...] cent fous mis en un tas ne font pas encore un homme raisonnable.»
~ Arthur Schopenhauer

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Correction 19/11/2015 : des drones ont été utilisés. J'ai lu le déroulement des opérations du directeur de l'assaut, M. Jean-Michel Fauvergue (Le Figaro). Mes excuses pour les suppositions erronées.

Quoiqu'il en soit, on devrait réserver les chiens au sauvetage, non pas s'en servir comme appâts ou détecteurs de bombes.


Pour moi, les chiens comptent aussi...


Diesel © Twitter / Police nationale.

"Ce mardi matin, la Police nationale a fait savoir que Diesel, un malinois de 7 ans, a été tué par les terroristes dans l'opération du RAID à Saint-Denis."

On rapporte qu’il est venu mourir aux pieds de son maître.

Certains se scandalisent des hommages rendus à Diesel sur #jesuischien.
Eh bien voilà (première fois que j’utilise ce genre de slogan) : JE SUIS DIESEL.

Les visiteurs qui me lisent depuis un bout de temps savent que j’aime les animaux. Les chiens sont des êtres sensibles et intelligents qui en outre sont souvent plus bienveillants et serviables que nous. (Si le sujet vous intéresse : libellé Zoofriendly, Situation planétaire)

Bien sûr, je suis peinée pour les policiers blessés, mais aussi pour le chien de combat. Même si je suis nulle en tactiques d’assaut, il me semble que c’est une mort collatérale qui aurait pu être évitée, que sa présence n’était pas indispensable. RAID savait sûrement que l’endroit risquait d’être bourré d’explosifs.


Pourquoi ne pas lancer des drones en éclaireurs ou même à l’assaut? Il s’en vend probablement des tonnes sur Internet, et pour pas cher... ce n’est plus de la science fiction depuis longtemps.

“Military robots are appealing: they save soldiers' [and dogs’] lives...”
http://www.cbc.ca/doczone/episodes/remote-control-war

16 novembre 2015

Quand le monde n'a plus de sens

Donnons lui un nouveau sens...  

Ce que les psychopathes et extrémistes religieux veulent nous faire croire au sujet de la vie

Linda Esposito * (Psychology Today, 14/11/2015)

La semaine dernière, j'ai posté une vidéo de 15 secondes sur Instagram concernant un principe psychologique que les thérapeutes enseignent à leurs clients : «Si vous pensez que le monde est en soi un endroit sécuritaire où la plupart des gens sont de bonne volonté, vous pouvez alors faire confiance aux autres et, plus important encore, vous faire confiance, de sorte que si des problèmes surviennent, vous vous sentez capable de les résoudre. Vous avez foi en la vie.»

Je ne me souviens pas si j'ai appris cela au collège, ou de mon mentor clinique – peu importe. L’important c'est l’impact de notre vision du monde sur notre santé mentale.

Bien sûr, la vie ne se résumera jamais à une leçon de «thérapie» de 15 secondes, et rien n’est plus complexe que le comportement humain.

Alors, que se passe-t-il quand nos esprits sont submergés et nos coeurs remplis de chagrin à la suite du tragique massacre à Paris, et de tous les autres actes abominables qui se produisent à l'échelle mondiale?

Des humains sans humanité

Le terrorisme n'est pas seulement un problème, c’est un cancer métastasé aux stéroïdes qui menace de nous entraîner dans une vitriolique escalade de haine, d'inhumanité et d'anéantissement. Le pire c’est que personne ne sait comment l’isoler, le guérir ou le détruire. L'État Islamique (EI) revendique la responsabilité des attentats du 13 novembre à Paris. Mais qu’est-ce que l'État Islamique, et que veut-il?

«Nous pouvons constater que cet État a comme principe de rejeter la paix; qu'il a faim de génocide; que ses opinions religieuses rendent constitutionnellement impossibles certains types de changement, même si ce changement pouvait assurer sa survie; et qu’il se considère comme le messager – et le leader principal – de l’imminente fin du monde.» (Graeme Wood)

Quand il n'y a pas de mots

Être témoins de gestes aussi horribles contre des personnes innocentes nous amène souvent à penser que le monde est dangereux, que la vie est imprévisible, et donc, que nous n'avons pas le contrôle de notre survie. Toutefois, ce mode de penser catastrophiste (même en lien avec la catastrophe) génère des émotions intenses et des peurs irréalistes.

Cas à l’appui : en réaction à la terreur de l’attentat à Paris, un internaute qui a lu mon message sur Instagram m'a envoyée un article en me demandant ce que je pensais maintenant d’un ‘monde intrinsèquement sécuritaire’ :
«J’ai inclus une liste d'activités pour lesquelles les islamistes imposent la peine de mort. Comment pouvez-vous avoir foi en l'humanité, puisqu’on peut vous tuer pour des activités normales pratiquées partout dans le monde? Du journal The Atlantic :
  - Aller en vacances en Égypte
  - Magasiner à Nairobi
  - Se rendre au travail à New York
  - Prendre l’avion aux États-Unis
  - Voyager en train à Madrid
  - Prendre l’autobus à Londres
  - Assister à un mariage à Amman
  - Monter la garde devant un monument commémoratif canadien
  - Prier dans une mosquée non approuvée
  - Être juif
  - Visiter un night-club à Bali
  - Aller à l'école en Russie
  - Aller à l'école à Peshawar
  - Publier des caricatures
  - Être un journaliste du Wall Street Journal au Pakistan
  - Pratiquer la liberté d’expression au Bangladesh
  - Être un ingénieur français au Pakistan
  - Travailler dans une banque à Istanbul
  - Conduire un traversier aux Philippines
  - Boire un café à Mumbai
  - Produire un film critiquant le traitement des femmes dans l'Islam
  - Publier des bibles en Turquie
  - Dormir à l’hôtel à Islamabad
  - Se trouver à proximité d'une station de recrutement militaire à Little Rock
  - Prier dans une église en Égypte
  - Acheter des cadeaux de Noël en Suède
  - Acheter du poisson au Nigéria
  - Faire un pèlerinage en Iraq
  - Être au Marathon de Boston
  - Être une jeune chrétienne au Nigéria
  - Se faire bronzer en Tunisie
  - Être journaliste

Garder confiance

Je n'ai pas de réponses quant à la manière de réagir à cette inexplicable tragédie. Surtout pas avec des platitudes telles que «pardonnez mais n'oubliez pas» ou des images Instagram patriotiques pour apaiser la psyché ou donner un sens à des meurtres brutaux. Je ne suis pas responsable de la santé mentale des autres, uniquement de la mienne. Certains actes sont impardonnables. Mais le ressentiment n'est pas la solution non plus. Le ressentiment, la peur et les réactions fatalistes sont toxiques, elles s’autogérèrent et créent plus de ténèbres et de désespoir – ce sont ces émotions extrêmes que les psychopathes et les fanatiques religieux veulent justement implanter.

Lorsque nous ne voyons rien d’autre que du noir, il est essentiel de croire à la deuxième partie de la leçon de «thérapie» : la grande majorité des gens sur la planète est de bonne volonté.

* Linda Esposito, LCSW, est psychothérapeute à Los Angeles, CA, depuis 1999.
 
------  

Le psychologue Eric Haseltine, suggère que la «riposte impitoyable» préconisée par le président François Hollande et ses alliés, n’est pas la solution, même si elle est compréhensible et naturelle.

Selon lui, les frappes militaires intempestives ne peuvent pas résoudre le problème. Ni contribuer aux efforts de «dé-radicalisation». Pas plus que les efforts diplomatiques des gouvernements étrangers ne peuvent gagner «les cœurs et les esprits» des populations sunnites qui soutiennent l’État Islamique (EI). On a essayé ces approches, qui n’ont réussi que partiellement. Leur succès mitigé vient du fait qu’on se concentre sur «eux» (terroristes) et très peu sur «nous» (victimes ou potentielles victimes d’actes terroristes).

Un des objectifs de l’EI avec les attentats de Paris était de polariser les non-musulmans contre les musulmans. La montée de colère crée les deux choses que désire l’EI : provoquer des frappes militaires contre les pays musulmans, augmenter le ressentiment et la partialité des Occidentaux envers les musulmans, de sorte que l’aliénation de la jeunesse islamique dans les pays occidentaux grandira. En conséquence les populations des pays musulmans se braqueront et appuieront davantage l’EI.

(...)

Ainsi, les messages que nous envoyons aux enfants – consciemment ou non – influenceront la façon dont leur cerveau triera automatiquement les «bons» et les «méchants». Si les attaques à Paris augmentent le nombre d'enfants qui – en vertu des attitudes de leurs parents – placent en permanence les musulmans dans la catégorie «mauvaises personnes», l’EI aura gagné la manche.

Nous pouvons résister au réflexe naturel d'exiger uniquement des frappes militaires auprès des gouvernements. Une opération militaire peut être nécessaire, mais nous devrions être conscients de ses limites et de son prix terrible en souffrances humaines et en répercussions sur «les coeurs et les esprits».

Une solution plus équilibrée serait d'agir à l'extérieur (p. ex., action militaire, diplomatie, etc.) et à l'intérieur (tempérer nos attitudes conscientes et inconscientes).

Nous devons garder un oeil sur l’EI et un oeil dans le miroir.

Article intégral : Terrorism in Paris: New Neuroscience Tells Us How to Respond; Controlling ourselves is as important as controlling ISIS; Eric Haseltine Ph.D.

https://www.psychologytoday.com/blog/long-fuse-big-bang/201511/terrorism-in-paris-new-neuroscience-tells-us-how-respond 

14 novembre 2015

«Un goût amer en nous»

D’habitude, quand j’ai les bleus je regarde des vidéos de chats et de chiens et je me porte mieux. Mais là, je suis tellement bouleversée et choquée que ça ne pourrait pas m’apaiser. C’est trop énorme, trop absurde, trop ignoble. Je tiens à offrir toute mon empathie à nos amis français.

Photo : Eric Zamora 

Évidemment

Y a comme un goût amer en nous,
Comme un goût de poussière dans tout
Et la colère qui nous suit partout.

Y a des silences qui disent beaucoup
Plus que tous les mots qu'on avoue
Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout.

Évidemment, évidemment,
On danse encore
Sur les accords
Qu'on aimait tant.

Évidemment, évidemment
On rit encore
Pour les bêtises,
Comme des enfants,
Mais pas comme avant.

Et ces batailles dont on se fout,
C'est comme une fatigue, un dégoût;
À quoi ça sert de courir partout?
On garde cette blessure en nous
Comme une éclaboussure de boue
Qui ne change rien, qui change tout.

Évidemment, évidemment,
On rit encore
Pour les bêtises,
Comme des enfants,
Mais pas comme avant,
Pas comme avant.

~ France Gall

«Les choses se passent dans la vie comme au jeu d'échecs : nous combinons un plan; mais celui-ci reste subordonné à ce qu'il plaira de faire, dans la partie d'échecs à l'adversaire, dans la vie au sort. Les modifications que notre plan subit à la suite sont, le plus souvent, si considérables que c'est à peine si dans l'exécution il est encore reconnaissable à quelques traits fondamentaux.»
~ Arthur Schopenhauer (1788-1860) 

Un baume musical de mon thérapeute JS Bach (je sais, ça ne console pas mais ça peut calmer un peu la colère) 

Concerto en ré mineur BWV974 - Adagio d'après Marcello.
Violoncelle : Élise Robineau


12 novembre 2015

Tous athées à la naissance

Au départ, nous naissons tous athées, pas vrai? Par conséquent, ce sont les parents et les milieux socioculturels qui fabriquent diverses sortes de «croyants» : chrétiens, bouddhistes, musulmans, juifs, etc. Mais nous avons toutefois la possibilité de changer en vieillissant, pour le meilleur ou le pire. 

Qu’enseignent la plupart des religions? Le jugement. Jugement égale condamnation et punition. La foi religieuse soulève des montagnes, oui ... des montagnes de conflits. Vénérer un Dieu partial et vindicatif cautionne la violence du croyant.  

Les résultats de recherche ci-dessous n’ont rien de surprenant.

(Via The Guardian) The moment of truth. No pressure, kid.
Photograph: Allen Donikowski/Getty Images/Flickr RM

Les enfants religieux sont plus mesquins que les enfants non religieux
Harriet Sherwood
(The Guardian,  06/11/2015)

Selon une nouvelle étude, les enfants des familles religieuses sont moins bienveillants que ceux des familles non religieuses. La foi religieuse semble avoir une influence négative sur l'altruisme et le jugement moral des enfants, bien que leurs parents les considèrent comme «plus empathiques».

Des chercheurs de sept universités à travers le monde ont testé des enfants chrétiens, musulmans et non religieux pour évaluer la relation entre religion et morale. 
     «L’ensemble de nos constatations ... contredisent la croyance populaire que les enfants des ménages religieux sont plus altruistes et bienveillants envers les autres», déclarent les auteurs de The Negative Association Between Religiousness and Children’s Altruism Across the World, publié dans Current Biology
     «De façon plus générale, ces constatations incitent à se demander si la religion est indispensable au développement moral, et à soutenir l’idée que la sécularisation du discours moral ne diminue pas la bienveillance chez l’humain – en fait, c’est tout le contraire.» 
     Près de 1200 enfants de 5 à 12 ans, des États-Unis, du Canada, de la Chine, de la Jordanie, de la Turquie et de l'Afrique du Sud ont participé à l'étude. Près de 24 % étaient chrétiens, 43 % des musulmans et 27,6 % des non religieux. La proportion de juifs, de bouddhistes, d’hindouistes, d’agnostiques et autres, étaient trop minime pour être statistiquement valide.
     On a invité les enfants à choisir des autocollants, puis on leur a dit qu'il n’y en avait pas assez pour tous les enfants de l’école afin de voir s’ils partageraient. On leur a également montré des vidéos où les enfants se chamaillaient afin de jauger leurs réactions.

Oh! pas l'air de bonne humeur le p'tit gars.

Les résultats «ont démontré sans équivoque que les enfants des familles affiliées aux deux plus grandes religions (le christianisme et l'islam) étaient moins altruistes que ceux des familles non religieuses». Les enfants plus âgés, ceux qui avaient été exposés plus longtemps à leur religion, «présentaient les comportements relationnels les plus négatifs». 
     L'étude a également révélé que «la religiosité accentuait la tendances à condamner et à vouloir punir les actes des autres enfants». 
     Les enfants musulmans jugeaient les interactions agressives plus sévèrement que les enfants chrétiens; les enfants non religieux étaient les moins portés à condamner. Les enfants musulmans exigeaient des punitions plus sévères que les chrétiens ou les non religieux. 
     En même temps, le rapport indiquait que les parents religieux sont plus enclins que les autres à considérer leurs enfants «plus empathiques et sensibles à la détresse d'autrui».
     Le rapport précise que 5,8 milliards de personnes, soit 84 % de la population mondiale, se disent religieuses. «Même si généralement l’on présume que la religion forge le jugement moral et le comportement pro-social des gens, le rapport entre la religion et la morale reste un aspect des plus litigieux.» 
     Néanmoins, ce rapport est bienvenu comme «antidote à la présomption que la religion soit une condition préalable au sens moral», déclare Keith Porteus Wood de la UK National Secular Society. «Il serait intéressant de voir de plus amples recherches dans ce domaine, mais nous espérons que ce rapport contribuera d'une certaine manière à démolir l'idée que l'éthique religieuse est intrinsèquement supérieure à la l’éthique laïque. Nous supposons que les gens, de toutes les confessions et d’aucune confession, partagent des principes éthiques similaires dans leur vie quotidienne, néanmoins ils peuvent les exprimer différemment selon leur vision du monde.» 
     Selon le Pew Research Center qui étudie les attitudes et les pratiques religieuses, la plupart des gens dans le monde pensent qu'il est nécessaire de croire en Dieu pour être pourvu de sens moral. Aux États-Unis, 53 % des adultes pensent que la foi en Dieu est indispensable à la morale, une donnée qui au Moyen-Orient a grimpé de 7 adultes à 10, et dans six pays africains le trois quarts des adultes le pensent.

Source :
http://www.theguardian.com/world/2015/nov/06/religious-children-less-altruistic-secular-kids-study

Dans cette veine je vous suggère : Sommes-nous racistes?

Cet article est au sujet du travail colossal de l’éducatrice Jane Elliott pour déplanter le racisme (inclut deux vidéos).
     En 1968, elle commença par une expérience avec des élèves de troisième année. Le documentaire, Blue eyes, Brown eyes, montre comme il est facile d’amener des enfants à se mépriser en leur inculquant des valeurs subjectives de supériorité et d’infériorité basées, aux fins de l’expérience, sur la couleur des yeux. La métaphore voulait démontrer que le racisme et la ségrégation résultent en effet de fausses affirmations (croyances) présentées et acceptées comme des vérités absolues.
     Étant malléables, les enfants n’ont aucune difficulté à gober les «croyances» des parents et des éducateurs. Et, si les jeunes n’apprennent pas à penser par eux-mêmes, garanti qu’une fois adultes ils perpétueront d’insensées croyances de masse.
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/07/sommes-nous-racistes.html

Des à-côtés :

Les croyants moins intelligents que les athées?
Philippe Mercure (La Presse, 16/08/2013) 

Les découvertes scientifiques font parfois l'effet de petites bombes, et celle-ci risque de détonner fort. Selon une étude publiée récemment dans la revue Personality and Social Psychology Review, les gens religieux sont en moyenne moins intelligents que les athées. 
     Ces conclusions, loin d'être lancées en l'air, découlent d'une vaste analyse de 63 études menées sur le sujet entre 1928 et 2012. Les chercheurs Miron Zuckerman et Jordan Silberman, de l'Université Rochester (New York), et Judith Hall, de la Northeastern University (Boston), concluent qu'il existe une différence significative entre l'intelligence analytique des croyants et celle des non-croyants. 
     «La question est délicate, a admis à La Presse Miron Zuckerman. Mais nous n'avons fait que suivre les données. Il n'y a aucun jugement de valeur sur la religion ou les gens religieux dans cet article, qui mentionne d'ailleurs plusieurs facettes positives de la religion.» [...]

Article intégral :
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/08/les-athees-plus-intelligents-que-les.html

Les athées sont-ils insensibles?

Je n’ai rencontré aucun parangon de vertu de ma vie, ni croyant ni athée. Nous faisons de notre mieux avec le bagage acquis – cet amalgame d’expériences, de connaissances, de conditionnements, d’apprentissages, d’intuitions, etcetera. 
     Athéisme et foi religieuse soulèvent encore bien des polémiques, et j’ai succombé plusieurs fois à la tentation d’en parler dans mes autres blogs. J’y reviens avec cet article de Sam Harris car je trouve la sagesse de cette mise au point fort pertinente en ce moment. Si seulement on pouvait croire et laisser croire, vivre et laisser vivre. [...]

Article intégral :
10 mythes – et 10 vérités – sur l’athéisme 
http://artdanstout.blogspot.ca/2012/07/les-athees-sont-ils-insensibles.html

Aussi : libellé «Religions» (Situation Planétaire) 

8 novembre 2015

«J’aime» ou «j'aime bien»

Il n’existe pas d’équivalent français pour like (intensité inférieure à love); on dit donc «ça me plaît» ou «j’aime bien» pour faire la distinction – toujours plus de mots français...

Liking Is for Cowards. Go for What Hurts.
Par Jonathan Franzen

Quand j’étais au collège j’aimais bien le monde naturel. Je ne l’aimais pas, mais je l’aimais bien, assurément. La nature peut être très belle. Comme je recherchais ce qui allait mal dans le monde, je me suis naturellement tourné vers l’écologie, parce qu’il y avait plein de choses qui clochaient en environnement. Et plus je regardais ce qui clochait – la croissance démographique galopante, l’explosion de la consommation des ressources, le réchauffement climatique, le saccage des océans, la destruction de nos dernières anciennes forêts – plus j’enrageais.

Finalement, au milieu des années 90, j’ai décidé d’arrêter de m’en faire au sujet de l’environnement. Personnellement, je ne pouvais rien faire de valable pour sauver la planète, et je voulais consacrer mon temps à des choses que j’aime. [...]


Mais alors, quelque chose d’étrange est arrivé. C’est une longue histoire, mais en résumé, je suis tombé en amour avec les oiseaux. Non sans résistance car être ornithologue amateur ce n’est pas cool, parce que, par définition, tout ce qui trahit une vraie passion ce n’est pas cool. Mais peu à peu, malgré moi, j’ai développé cette passion. Cinquante pourcent de la passion c’est de l’obsession, mais l’autre moitié c’est de l’amour.

Alors, oui, je gardais une liste méticuleuse des oiseaux que j’avais vus, et, oui, je parcourais de grandes distances pour observer de nouvelles espèces. Mais, non moins important, à chaque fois que je regardais un oiseau, n’importe quel oiseau, même un pigeon ou un moineau, je sentais mon cœur déborder d’amour. [...]

Et c’est alors qu’un curieux paradoxe a émergé. Ma colère, ma souffrance et mon désespoir à propos de la planète ont augmenté avec mon intérêt pour les oiseaux. Cependant, en m’impliquant dans un organisme de conservation et en étudiant les nombreuses menaces auxquelles les oiseaux font face, étonnamment, il devint plus facile de vivre avec ma colère, mon désespoir et ma souffrance.

Comment se faisait-il? Je pense que mon amour des oiseaux a ouvert un portail vers un aspect de moi important, moins égocentrique, dont j’ignorais l’existence. Au lieu de continuer à vivre en citoyen du monde, à aimer et détester, et à reporter indéfiniment mon engagement, j’ai été obligé d’affronter ce «moi» que je devais soit accepter ou carrément rejeter.

Voilà ce que l’amour peut faire. Nous vivons pendant un certain temps et nous mourons tôt ou tard, et cette vérité fondamentale est la véritable cause de notre colère, de notre souffrance et de notre désespoir. Et vous pouvez soit nier ce fait ou bien, à travers l’amour, l’accueillir.

Quand on reste dans sa chambre à rager ou ricaner ou hausser les épaules, come je l’ai fait durant des années, les problèmes mondiaux deviennent excessivement décourageants. Quand vous sortez et rencontrez de vrais humains, ou de vrais animaux, vous courez le grave danger d’en aimer certains parmi eux.

Et qui sait ce qui pourrait vous arriver?

Via http://www.awakin.org

Je comprends sa passion pour les oiseaux, une fois qu'on a été "ensorcelé", c'est pour la vie. Ça m'arrive à tous les jours de me dire la même chose : "À chaque fois que je regardais un oiseau je sentais mon cœur déborder d’amour". Et c'est vrai qu'être ornitho amateur c'est pas du tout "glamour", oh que non. C'est à peu près autant ridiculisé qu'être végétarien. Encore une fois, je crois que c'est parce que les gens ne prennent pas le temps de s'arrêter pour découvrir leur beauté et leur incroyable utilité dans la nature. Et même s'ils étaient inutiles, le fait qu'ils embellissent notre environnement visuel est en soi plus qu'utile...

4 novembre 2015

«Qui-es-tu-tu-tu?» demande la mésange

Photo : mésange à tête noire, Musée canadien de la nature 

«Le mot identité vient du latin idem, qui signifie ‘le même’. L’identité renvoie à ce qui demeure le même, à ce qui est stable et permanent à travers les changements et les vicissitudes de la vie d’une personne. 
   À la suite du vide créé par le lâcher prise [des pertes et deuils], la question ‘qui suis-je?’ émerge et se fait de plus en plus pressante. Dans la période d’entre-deux ou de ‘marge’, on voit poindre une crise d’identité; on ne peut plus se définir par ses relations, son travail, sa fonction, son statut social, ses richesses, sa réputation, etc. Dépouillé de ses attributs extérieurs, on est seul avec soi pour découvrir qui on est. »
   ~ Jean Monbourquette

L’aiglon qui se croyait une poule

Un promeneur en montagne découvrit un nid
d’aigle abandonné où il trouva un œuf. Il le prit
avec délicatesse et le confia à un fermier,
dans l’espoir de le faire couver par une poule.

Peu de temps après, naquit un aiglon parmi une
couvée de poussins. La poule en prit soin et
l’éleva comme le reste de ses rejetons.
Un jour, il vit un aigle planer dans le ciel.
Il dit tout haut : «Quand je serai grand,
je volerai comme cet oiseau.» Il s’attira
le ridicule des autres poussins qui déclarèrent :
«Tu es une poule comme nous!» Tout honteux,
l’aiglon continua de se comporter comme
une poule et de picorer des grains.

Voyant grandir l’aiglon, le fermier voulut
le faire voler. Le prenant dans ses mains,
il le lança dans les airs. Mais l’aiglon,
convaincu qu’il ne pouvait pas voler, n’ouvrit pas
les ailes. Il atterrit maladroitement sur le sol,
provoquant un fou rire général.

Un peu plus tard, le fermier fit un second essai.
Cette fois, il monta sur le toit de la grange avec
l’aiglon et il le lança dans le vide en disant :
«Vole, tu es un aigle!» Timidement, l’oiseau
ouvrit les ailes et se mit à planer au-dessus de la
basse-cour avant de s’envoler vers la montagne.

(À chacun sa mission; JEAN MONBOURQUETTE, Novalis 1999; p. 103-104)

Photographe : Claude Renaud (promeneur solitaire, Ponts des Arts 1963) 

Citaquote du jour :

«Bientôt Maurice est parti, mais il n’est pas retourné chez ses amis de Boston, il a abandonné ses études et est devenu un voyageur infatigable : il a parcouru plus de terre que le vent. À son âge personne ne meurt d’un cœur brisé. Maurice n’a besoin que de temps pour s’épuiser. À force de marcher de par le monde il se consolera peu à peu et un jour, lorsqu’il sera capable de faire un pas de plus, il se rendra compte qu’on ne peut échapper à la douleur; il faut la domestiquer, afin qu’elle cesse de faire mal.» ~ Zarité (L’île sous la mer, ISABEL ALLENDE, Grasset, 2011; p. 521-522)

«Vient le jour où tu dois cesser de traverser des océans pour des gens qui n’enjamberaient même pas une flaque d’eau pour toi.» (Auteur inconnu)

«Notre grand tourment dans l’existence vient de ce que nous sommes éternellement seuls, et tous nos efforts, tous nos actes ne tendent qu’à fuir cette solitude.»
~ Guy de Maupassant

«L’esprit est son propre lieu, et en lui-même peut faire de l’enfer un ciel et du ciel un enfer.» ~ John Milton