Liking Is for Cowards. Go for What Hurts.
Par Jonathan Franzen
Quand j’étais au collège j’aimais bien le monde naturel. Je ne l’aimais pas, mais je l’aimais bien, assurément. La nature peut être très belle. Comme je recherchais ce qui allait mal dans le monde, je me suis naturellement tourné vers l’écologie, parce qu’il y avait plein de choses qui clochaient en environnement. Et plus je regardais ce qui clochait – la croissance démographique galopante, l’explosion de la consommation des ressources, le réchauffement climatique, le saccage des océans, la destruction de nos dernières anciennes forêts – plus j’enrageais.
Finalement, au milieu des années 90, j’ai décidé d’arrêter de m’en faire au sujet de l’environnement. Personnellement, je ne pouvais rien faire de valable pour sauver la planète, et je voulais consacrer mon temps à des choses que j’aime. [...]
Mais alors, quelque chose d’étrange est arrivé. C’est une longue histoire, mais en résumé, je suis tombé en amour avec les oiseaux. Non sans résistance car être ornithologue amateur ce n’est pas cool, parce que, par définition, tout ce qui trahit une vraie passion ce n’est pas cool. Mais peu à peu, malgré moi, j’ai développé cette passion. Cinquante pourcent de la passion c’est de l’obsession, mais l’autre moitié c’est de l’amour.
Alors, oui, je gardais une liste méticuleuse des oiseaux que j’avais vus, et, oui, je parcourais de grandes distances pour observer de nouvelles espèces. Mais, non moins important, à chaque fois que je regardais un oiseau, n’importe quel oiseau, même un pigeon ou un moineau, je sentais mon cœur déborder d’amour. [...]
Et c’est alors qu’un curieux paradoxe a émergé. Ma colère, ma souffrance et mon désespoir à propos de la planète ont augmenté avec mon intérêt pour les oiseaux. Cependant, en m’impliquant dans un organisme de conservation et en étudiant les nombreuses menaces auxquelles les oiseaux font face, étonnamment, il devint plus facile de vivre avec ma colère, mon désespoir et ma souffrance.
Comment se faisait-il? Je pense que mon amour des oiseaux a ouvert un portail vers un aspect de moi important, moins égocentrique, dont j’ignorais l’existence. Au lieu de continuer à vivre en citoyen du monde, à aimer et détester, et à reporter indéfiniment mon engagement, j’ai été obligé d’affronter ce «moi» que je devais soit accepter ou carrément rejeter.
Voilà ce que l’amour peut faire. Nous vivons pendant un certain temps et nous mourons tôt ou tard, et cette vérité fondamentale est la véritable cause de notre colère, de notre souffrance et de notre désespoir. Et vous pouvez soit nier ce fait ou bien, à travers l’amour, l’accueillir.
Quand on reste dans sa chambre à rager ou ricaner ou hausser les épaules, come je l’ai fait durant des années, les problèmes mondiaux deviennent excessivement décourageants. Quand vous sortez et rencontrez de vrais humains, ou de vrais animaux, vous courez le grave danger d’en aimer certains parmi eux.
Et qui sait ce qui pourrait vous arriver?
Via http://www.awakin.org
Je comprends sa passion pour les oiseaux, une fois qu'on a été "ensorcelé", c'est pour la vie. Ça m'arrive à tous les jours de me dire la même chose : "À chaque fois que je regardais un oiseau je sentais mon cœur déborder d’amour". Et c'est vrai qu'être ornitho amateur c'est pas du tout "glamour", oh que non. C'est à peu près autant ridiculisé qu'être végétarien. Encore une fois, je crois que c'est parce que les gens ne prennent pas le temps de s'arrêter pour découvrir leur beauté et leur incroyable utilité dans la nature. Et même s'ils étaient inutiles, le fait qu'ils embellissent notre environnement visuel est en soi plus qu'utile...
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