31 mars 2015

Un chien «fidèle»?

Très doué pour les vocalises ce chien, waouwaou...ououou... wow!
Preuve que l’harmonie est possible, en tout cas en musique.

Duet qen-hoxhë në krujë / dog & imam duet / Duo chien et imam

30 mars 2015

Il ment comme un arracheur de dents

Tss...tss...tss... Menteur, mais pas stupide le docteur!  


Un défenseur de Monsanto dit que l'herbicide est potable, mais refuse d'en boire quand on lui en propose

... Interrogé par la chaîne de télévision française Canal +, un défenseur de Monsanto, le Dr Patrick Moore, a assuré que le produit chimique que contient l'herbicide Roundup ne présentait aucun danger pour l'être humain. 
       «Je ne crois pas que le glyphosate en Argentine cause le cancer (de la rate). Vous pouvez en boire un grand verre et ça ne fait aucun mal», explique-t-il au journaliste de l'émission Spécial Investigation. 
       «Ah bon, vous en voulez? J'en ai là si vous en voulez...», lui demande le journaliste.
       Le Dr Moore lui dit oui, puis se ravise aussitôt : «Bon en fait, pas vraiment, reconnait-il. Je ne suis pas un idiot

(Chris Jancelewicz; Le Huff Post, 26 mars 2015)

Vidéo (le journaliste conclut l’entretien en disant «connard!»...)
http://quebec.huffingtonpost.ca/2015/03/26/un-lobbyiste-pro-monsanto-dit-que-lherbicide-est-potable-mais-refuse-den-boire-quand-on-lui-en-propose_n_6950988.html

Voilà, les idiots, c’est nous! Si nous ne comprenons pas c’est probablement parce que nous sommes bourrés de psychotropes – intégrés au Roundup... pas étonnant que les oiseaux soient désorientés s’ils se nourrissent dans les cultures Monsanto.

«Regardez-nous. Tout régresse, tout fonctionne à l’envers. Les médecins sapent la santé, les avocats sapent la justice, les psychiatres sapent les esprits, les scientifiques sapent la vérité, les grands médias sapent l’information, les religions sapent la spiritualité et les gouvernements sapent la liberté.» ~ Michael Ellner
       J’ajouterais : l’agrobusiness au Roundup sape notre existence même...

Parodie/rap sur la mainmise globale de Monsanto :
 


Des cultures sans OGM ni glyphosate S.V.P. !  

Conrad Kirouac (un lien de parenté avec Jack Kerouac en passant), connu sous le nom Frère Marie-Victorin :

«... Sur ce squelette qu’est généralement une flore, nous avons voulu mettre un peu de chair et de peau, faire courir dans ce grand corps les effluves de la vie. Les espèces végétales sont situées dans un système d’antécédences temporelles et spatiales. Le cycle vital de chacune d’elles est une histoire qui se raconte, et toutes ces histoires s’enchaînent, s’engrènent, s’équilibrent dans la grande mosaïque que composent à la surface de l’exceptionnelle planète Terre, les innombrables vies végétales et animales. Enfin, les plantes ont mille points de contact avec l’homme, s’offrant à lui, l’entourant de leurs multitudes pour servir ses besoins, charmer ses yeux, peupler ses pensées : elles ont en un mot une immense valeur humaine.»

Nous lui devons le Jardin botanique de Montréal.

FLORE LEURENTIENNE Frère Marie-Victorin, É.C.;
Les Presses de l’Université de Montréal; deuxième édition 1964
80e anniversaire de la première édition (1935)

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Daniele Manta et Diego Semoldi :

La plante est, pour l’homme, une garantie de survie. Tant que nous verrons à nos pieds des étendues de verdure, nous pourrons être rassurés et penser que la vie est encore possible sur terre. Nous ne voudrions pas nous trouver, devant le spectacle d’une planète à l’agonie. Souhaitons pouvoir disposer toujours d’un vallon fleuri où délasser notre âme et notre corps.

Nous avons oublié la Nature. Et cependant il suffirait d’aller la trouver, de passer une heure à contempler la vie mystérieuse d’un champ. Chaque brin d’herbe, chaque buisson a sa raison de vivre ou de mourir. Mességué dit vrai : nous nous sommes fait de fausses idées sur l’utilité ou la nocivité de certains êtres vivants – animaux, plantes, insectes. Entre bêtes et plantes existe une merveilleuse complicité. Efforçons-nous de ne pas la gâcher. [...] 
       Combien de crimes commettons-nous dans la nature! Finalement, ils se retournent contre nous-mêmes, puisque nous faisons partie de la nature. Qu’avons-nous fait par exemple en débroussaillant les sous-bois? Nous avons tué des centaines de milliers de fourmis et d’insectes divers. Ce faisant, nous avons exterminé cette vaillante armée d’artisans et d’ouvriers qui assuraient l’ordre botanique. [...] 
       Micro-organismes, plantes, animaux, hommes sont liés et dépendent étroitement les uns des autres en un équilibre miraculeux. C’est celui qu’on désigne de nos jours, en sacrifiant à la mode, par l’expression «d’équilibre écologique». Un beau jour, sur quelques mètres carrés de champ où, à quelques pas sous terre s’élabore la vie... – et même, il faudrait dire «se ré-élabore» la vie... – ...un beau jour, disions-nous, arrive un bulldozer conduit par un être humain. La machine creuse, retourne, jette dans un effrayant désordre ce merveilleux équilibre. Personne ne s’est aperçu de rien. Un coin de nature a été saccagé et violé. Passe un promeneur qui, sur ce massacre, jette un œil distrait et continue tout aussi distraitement son chemin. Pour lui, il ne s’est rien passé. Et pourtant, ce monde dans lequel il vit n’est plus comme avant. 
       Oui, il faut que nous apprenions à regarder la nature, et surtout pour accepter d’en être complice. Nous sommes tous dans la même barque du destin.»

NOS AMIES LES PLANTES, tome III Encyclopédie des plantes; Éditions Famot, Genève; 1977; Extraits de l’introduction 

28 mars 2015

Hommage à Tomas Tranströmer, 1931-2015

Simple IS beautiful – always.
Pas de «beaux mots» creux ni de guirlandes poétiques. Voilà pourquoi j’aime tant ce poète, très proche du dépouillement haïku.

Photo : Lütfi Özkök (archives de la maison Bonnier)

Extraits cueillis sur le site Esprits nomades
Auteur : Gil Pressnitzer

Tomas Tranströmer
Le parti pris d’être au milieu de la vie

[...] Il est l'un des poètes contemporains les plus traduits au monde, en plus de 60 langues. Deux traducteurs en particulier, Robert Bly et Adonis ont été ses passeurs en anglais et en arabe. Czeslaw Milosz fut son ami. 
     On doit à un petit éditeur français, Le Castor Astral, qui a eu le courage ou l’inconscience de publier toute son œuvre, de le connaître en France. Les traductions lumineuses de Jacques Outin ont aboli les frontières du langage. [...]

Il se méfie des mots pour les mots. Tomas Tranströmer a cherché toute sa vie un langage, un sens profond au monde, fuyant toute futilité. Ne se consolant qu’avec la musique, lui, paraît-il pianiste de talent, mais il ne peut plus jouer maintenant que de la main gauche, suite à son attaque d’hémiplégie en 1990, à 59 ans seulement, qui l’a laissée en fauteuil roulant et quasi aphasique. Mais jamais loin de son cher et tendre piano et de sa feuille de papier. Il vit en solitaire, avec sa femme, sur une île de la mer Baltique, toujours aussi attentif au réel qu’aux fantômes. [...] 
     Il y a chez Tomas Tranströmer un amour fusionnel avec la nature, avec les choses immobiles, les étoiles rares, les hommes muets. Avec surtout les gens et leurs histoires, leurs toutes petites histoires, plus émouvantes que les épopées des bardes. 
     Il est un homme humble et silencieux qui regarde le monde et sa course. Il essaie de rester devant lui, en lui et à l’écoute des autres, mais sans se mêler aux honneurs, « aux fioritures ». Il croule pourtant sous les récompenses littéraires, et se forment autour de lui des disciples aussi bien américains que chinois. 
     Certes il fut longtemps psychologue, donc sachant suivre les fils des labyrinthes des âmes. 
     Il se crut aussi compositeur. 
     Mais son univers est la nature suédoise, son éclatement au printemps, sa brume secrète en hiver entre neige et pluie. [...]

La vie au fond de la gorge

Les poèmes sont des méditations actives qui ne cherchent pas à nous assoupir, mais à nous ouvrir les yeux.

Dans ses souvenirs Tomas Tranströmer parle ainsi avec une infinie pudeur de son existence.
     «‘Ma vie’. Quand je pense à ces mots, je vois devant moi un rayon de lumière. Et, à y regarder de plus près, je remarque que cette lumière a la forme d'une comète et que celle-ci est pourvue d'une tête et d'une queue. Son extrémité la plus lumineuse, celle de la tête, est celle de l'enfance et des années de formation. Le noyau, donc sa partie la plus concentrée, correspond à la prime enfance, où sont définies les caractéristiques les plus marquantes de l'existence. J'essaie de me souvenir, j'essaie d'aller jusque-là. Mais il est difficile de se déplacer dans cette zone compacte : cela semble même périlleux et me donne l'impression d'approcher de la mort. Plus loin, à l'arrière, la comète se dissout dans sa partie la plus longue. Elle se dissémine, sans toutefois cesser de s'élargir. Je suis maintenant très loin dans la queue de la comète : j'ai soixante ans au moment où j'écris ces lignes.»

Il est né à Stockholm le 15 avril 1931. [Décédé le 26 mars 2015]
Tranströmer est élevé par sa mère, institutrice, de par l’abandon rapide du foyer par le père, journaliste. 
     Il a fréquenté l'Université de Stockholm, où il a étudié la psychologie et la poésie, l’histoire des religions, alors que c’était les sciences naturelles qui le fascinaient. Son lieu de rêve était le Muséum National d'Histoire Naturelle, pour rêver et échapper à la dureté de ses maîtres. Dans le climat de sa jeunesse, il aurait dû être formaté dans le rigorisme ambiant, le traditionalisme tout puissant. Il s’en échappera. Et ses vacances à l’île de Runmarö seront ses joies, et ses futurs poèmes en sont imprégnés. 
     Il obtient un diplôme de psychologie en 1956 puis est embauché par l'université de Stockholm en 1957, avant de s'occuper de 1960 à 1966 de jeunes délinquants dans un institut spécialisé. Très engagé socialement tout au long de sa vie, il travaille avec des handicapés, des délinquants et des toxicomanes, tout en écrivant des poèmes. Puis il va devenir psychologue du travail à mi-temps. Et le psychologue qu’il était aura une influence sur sa façon d’écrire. 
     Dès l'âge de 23 ans, encore étudiant, il publie son premier recueil. Recueil nommé 17 poèmes.

Il poursuivra de pair son métier de psychologue pour les rejetés de la société suédoise. Il se rêvait entomologiste ou explorateur, il sera les deux en tant que poète. [...] 
     Pour lui l’important est «d’avoir été l’endroit où la création elle-même travaille», afin d’en rendre les frémissements, les battements parfois. 
     Les yeux lisant droit dans l’invisible. Mais tous les pans de la réalité sont aussi présents : avions, situations concrètes, villes, monde en marche; la vie présente donc. 
     Et sa femme est devenue sa voix. Sa fille Emma est chanteuse et souvent donne des récitals des poésies de son père. Lui fuit les médias.

Il a la vie chevillée dans la gorge, même si la parole lui est si difficile. Il lit le choc entre ses forêts d’antan et l’industrie dévorante. Tomas Tranströmer est une vigie qui sait que : «J’ai hérité d’une sombre forêt, mais je vais aujourd’hui dans une autre forêt toute baignée de lumière. Tout ce qui vit, chante, remue, rampe et frétille!» 
     Homme peu enclin à la tristesse, et souvent jovial, il sourit à la vie, car il sait encore être toujours émerveillé. L’eau, la musique, quelques bribes de langage, il n’a besoin de rien d’autre. Lui l'humble, le sage. [...]

Le guetteur des signes

Il arrive au milieu de la vie que la mort vienne
prendre nos mesures. Cette visite
s'oublie et la vie continue. Mais le costume
se coud à notre insu.
(Sombres cartes postales)

Tranströmer est une sorte d’observateur mystique des signes obscurs du monde. Sa poésie se veut comme un grimoire où s’entassent de mystérieuses formules, qui si nous parvenions à les déchiffrer nous éclaireraient sur notre passage terrestre. Dans «ses songes d’éveil» il dessine quelques poteaux indicateurs pour cerner «cette grande inconnue» qui est en chacun de nous, qui gravite en nous et nous dépasse. «L’éveil est un saut en parachute hors du rêve» (Prélude). [...]

Textes choisis

Les œuvres complètes (1954-2004) de Tomas Tranströmer sont parues sous le titre Baltiques dans la collection Poésie Gallimard. Les traductions, ici utilisées, sont toutes de Jacques Outin, sauf indication contraire.

Allegro

Après une journée noire, je joue du Haydn,
et je ressens un peu de chaleur dans mes mains.
Les touches sont prêtes. Les gentils marteaux tombent.
Le son est vif, vert, et plein de silence.
Le son dit que la liberté existe
et que quelqu'un ne paie pas d'impôt à César.

Je mets mes mains dans mes poches pleines de Haydn
et j’agis comme un homme qui reste serein à tout cela.
Je hisse mon drapeau de Haydn. Le signal est :
«Nous ne nous rendrons pas. Mais nous voulons la paix.»
La musique est une maison de verre debout sur une pente ;
Les rochers volent, les rochers roulent.
Les rochers roulent tout droit à travers la maison
mais chaque panneau de verre est toujours intact.
(Ciel à moitié achevé, 1962) 
Adaptation personnelle d’après l’anglais [Gil Pressnitzer]

Sonata in E-Flat Major for Piano, Hob. XVI:49: II. Adagio e cantabile; Joseph Haydn  
Interprète : Vladimir Horowitz

La similitude morphologique entre le portrait de Tranströmer (ci-haut) et celui de Haydn est assez étonnante...   



Madrigal 

J'ai hérité d'une sombre forêt où je me rends rarement. Mais un jour, les morts et les vivants changeront de place.
Alors, la forêt se mettra en marche. Nous ne sommes pas sans espoir. Les plus grands crimes restent inexpliqués, malgré l'action de toutes les polices.
Il y a également, quelque part dans notre vie, un immense amour qui reste inexpliqué.
J'ai hérité d'une sombre forêt, mais je vais aujourd'hui dans une autre forêt toute baignée de lumière.
Tout ce qui vit, chante, remue, rampe et frétille! C'est le printemps et l'air est enivrant.
Je suis diplômé de l'université de l'oubli et j'ai les mains aussi vides qu'une chemise sur une corde de linge.
(Pour les vivants et les morts, 1989)

En mars –79

Las de tous ceux qui viennent avec des mots
Des mots, mais pas de langage,
Je partis pour l'île recouverte de neige.
L'indomptable n'a pas de mots!
Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens.
Je tombe sur les traces de pas d'un cerf dans la neige
Pas des mots, mais un langage.
(Baltiques, 1983)

La grande énigme (2004) Extraits.

Le toit s’est lézardé
et le mort peut me voir.
Ce visage.
--
Écouter bruire la pluie
Je murmure un secret pour
entrer en son centre
--
La mort se penche
sur moi, un problème d’échecs
Et elle a la réponse

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/transtromer/transtromer.html

Site officiel du poète : http://tomastranstromer.net/


Une vidéo (sur le site) réalisée après qu’il eut reçu son Nobel en 2011 débute avec cette citation d’Octavio Paz (Nobel de littérature 1990) :
“To read a poem is to hear it with our eyes; to hear it is to see it with our ears.” 

"I read Tranströmer everyday", dit l’acteur Krister Henriksson.
Son poème préféré :

Alone (1966) 

       Part 1 

One evening in February I came near to dying here.
The car skidded sideways on the ice, out
on the wrong side of the road. The approaching cars –
their lights – closed in.

My name, my girls, my job
broke free and were left silently behind
further and further away. I was anonymous
like a boy in a playground surrounded by enemies.

The approaching traffic had huge lights.
They shone on me while I pulled at the wheel
in a transparent terror that floated like egg white.
The seconds grew – there was space in them –
they grew as big as hospital buildings.

You could almost pause
and breathe out for a while
before being crushed.

Then something caught: a helping grain of sand
or a wonderful gust of wind. The car broke free
and scuttled smartly right over the road.
A post shot up and cracked – a sharp clang – it
flew away in the darkness.

Then – stillness. I sat back in my seat-belt
and saw someone coming through the whirling snow
to see what had become of me. 

       Part 2

I have been walking for a long time
on the frozen Östergötland fields.
I have not seen a single person.

In other parts of the world
there are people who are born, live and die
in a perpetual crowd.

To be always visible – to live
in a swarm of eyes –
a special expression must develop.
Face coated with clay.

The murmuring rises and falls
while they divide up among themselves
the sky, the shadows, the sand grains.

I must be alone
ten minutes in the morning
and ten minutes in the evening.
– Without a programme.

Everyone is queuing at everyone's door.

Many.

One.

27 mars 2015

Le prix de l’auto-gratification

L’eau est un élément indispensable à la vie, mais pas le pétrole. Les humains ont vécu sans pétrole pendant des millénaires. Par contre, sans eau c’est l’extinction assurée de toute vie. Demandez aux peuples qui en sont privés. Avec la chute du prix du pétrole, je vois le nombre des énormes véhicules tout-terrain se multiplier... ça donne froid dans le dos. Dans cette veine «Détruisons la planète dans la joie et la bonne humeur» :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/01/polluer-dans-la-bonne-humeur-cest.html

Photo : Train de luxe réservé aux aristocrates, États-Unis 1910-1920.
Source Shorpy.com

L’aristocratie 
William Martin
24 mars 2015

Quiconque se fie au TAO pour gouverner les hommes n'essaie pas de forcer les choses ou de vaincre des ennemis par la force des armes.
Pour chaque force il y a une contrepartie.
La violence, même bien intentionnée, rebondit  toujours sur soi-même.

Le maître fait son travail et puis s'arrête.
Il comprend que l'univers est toujours hors de contrôle,
et qu'essayer de dominer les événements va à contre-courant du TAO.

(From The Tao Te Ching, Chapter 30 – trans. Stephen Mitchell)

Le terme «aristocratie» désigne généralement un groupe d’individus considérés comme supérieurs, c’est-à-dire les plus élevés et privilégiés de la hiérarchie – bref, ce sont les gens qui croient avoir le droit inné de gouverner le monde à leur guise.

Les aristocraties traditionnelles étaient composées de membres de la royauté et de riches propriétaires terriens. Aujourd'hui l'aristocratie se compose principalement de quelques privilégiés au contrôle de vastes quantités de richesses et dont l’influence s'étend sur tout le globe grâce aux structures d'entreprises. Cette aristocratie moderne contrôle la structure politique des pays du «premier-monde» (first-world) sous une façade de «démocratie» où la richesse équivaut à des votes. À l’instar de tous ces groupes durant l'histoire, ces aristocrates modernes autoproclamés ne voient pas les conséquences de leurs actions ni qu’ils s’exposent à la révolution et à la destruction. Cependant, contrairement aux aristocraties précédentes, cette version moderne a le pouvoir de détruire non seulement son propre statut privilégié, mais aussi le tissu même de la vie sur la planète.

La dernière pièce d’Anton Tchekhov, La Cerisaie, constitue une puissante illustration des forces en opération au sein de la structure des groupes d'élites. C'est l'histoire d'une famille d’aristocrates russes menés à la faillite en raison de leur auto-gratification. Ils se voient contraints de vendre leurs biens immobiliers, y compris leur fameuse cerisaie. On leur propose diverses solutions pour sauver leur propriété, notamment en rentabilisant le verger. Mais ils refusent. Au lieu de cela, ils continuent de vivre comme s’ils n’allaient jamais faire face aux conséquences de leur mode de vie, empruntant et dépensant jusqu'au dernier centime. Dans l'acte final, ils quittent leur propriété pour toujours, abandonnés à un avenir inconnu. Pendant qu’ils quittent, on entend au loin le bruit des haches dans le verger.

Nous continuons tous (pas seulement l'aristocratie) de nous accrocher à une quelconque "cerisaie". Beaucoup de gens proposent des solutions de rechange qui pourraient aider à sauver la planète et créer un monde juste et équitable, mais l'arrogance, le pouvoir aveugle, les habitudes et l'évitement dominent les discussions. Le bruit de la hache dans le bois est de plus en plus fort, mais peu de gens l’entendent. En fin de compte, si jamais nous devons quitter la «propriété», nous n’aurons nulle part où aller; et le rideau tombera sur notre pièce de théâtre humaine, peut-être pour toujours.

Je continue de garder espoir. Comme je l'ai dit la semaine dernière (1), la vie communautaire est notre seul espoir. Voici un site utile pour contrer le pouvoir de l'aristocratie : Food Not Lawns http://www.foodnotlawns.org/.

Autre site suggéré par l’auteur : https://communitygarden.org/

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(1) Les Jardins de la Victoire (Victory Gardens)
19 mars 2015

[Extraits] 

Au début de la seconde guerre mondiale, l'Angleterre était presque entièrement tributaire de l’importation de produits alimentaires. L'Allemagne avait immédiatement exploité cette vulnérabilité avec un énorme blocus U-Boat. Le commandement allemand estimait que la famine était la meilleure stratégie pour faire capituler rapidement la nation insulaire. Mais, l’agronome John Raeburn initia sur le champ une campagne de sensibilisation : «Creusez la Victoire» (Dig for Victory). Aussitôt, les gens se mirent à cultiver dans les arrière-cours, les cours de récréation, les parcs, les terrains vagues, les terrains de golf – partout où il y avait un peu de terre et de soleil. Ces jardins «extra» produisirent bientôt deux fois plus de denrées alimentaires que ce que l’importation avait pu fournir jusque-là. Les Américains emboîtèrent le pas avec leurs «Jardins de la Victoire».

En période de graves sécheresses ici, en Californie, je suis toujours surpris de voir le nombre de pelouses parfaites autour de mon complexe d’appartements et des maisons du quartier. Des milliers de gallons d'eau se déversent quotidiennement, puisés à même la nappe aquifère en déclin, pour arroser du gazon indigène sur lequel les gens marchent ou jouent rarement, sinon jamais. Pendant un moment aujourd'hui, j'ai imaginé tous ces hectares de pelouse remplacés par des jardins; non pas un arrangement désordonné de mauvaises herbes, mais un véritable aménagement paysager avec de superbes potagers, des fleurs, des espaces pour s’asseoir et causer, des fontaines et des aires de jeux éparpillées dans l'ensemble. Un aménagement rempli de beauté et utile. Au lieu d'avoir une centaine d'individus avec une centaine de tondeuses à gazon, isolés sur une centaine de pelouses divisées, j'ai vu une centaine d'amis et de voisins travaillant ensemble à cultiver des aliments sains dans un jardin communautaire – un jardin que nous pourrions appeler «Jardin de la Victoire».

Source : http://www.taoistliving.com/

Inspirant :
Les potagers du parc Paolo Pini, paradis des salades et des lapins ravis!


«J’aime que la chose ne soit visuellement pas trop organisée : pas de parcelles, seulement de vagues allées envahies par les coquelicots, un partage des espaces sous le sceau du bon-sens, on ne désherbe pas trop, on en laisse un peu aux oiseaux, aux limaces, aux amateurs de rhubarbe qui passent…»
http://www.completementflou.com/les-potagers-du-parc-paolo-pini-paradis-des-salades-et-des-lapins-ravis/

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Autres suggestions :

Les Jardins de la Grelinette à St-Amand (réf. livre Le jardinier-maraîcher)
http://lagrelinette.com/

Les publications d’Yves Gagnon, les Jardins du Grand-Portage 
http://www.jardinsdugrandportage.com/publications.html?2015

COMMENTAIRE

Je me souviens du tintamarre occasionné par des propriétaires qui cultivaient un potager urbain (côté rue) à Drummondville, QC. La municipalité avait décrété que ce potager était illégal et devrait être en partie détruit; elle entendait également interdire cette pratique à l'ensemble de son territoire. Les jardiniers avaient déclaré : «Cultiver ses propres produits devrait être un droit. Cette illégalité est un nonsense.» Les propriétaires ont été supportés par une pétition qui leur a permis de conserver leur potager.

J’étais renversée. Des lois idiotes datant de l’époque idiote où le top du top était d’avoir du gazon clôture à clôture et une piscine (creusée ou pire, hors terre). The American way of life! Un peu de DDT et de Roundup avec ça…?

Des idées comme ça…

1. Si les lois de votre municipalité vous empêchent de cultiver un potager en façade, cultivez du couvre-sol – vous pourrez y dissimuler des fines herbes (thym, persil, etc.) et des plantes médicinales; ni vu ni connu je t’embrouille. Qui plus est, vous ne dérangerez plus vos voisins le dimanche matin en tondant votre pelouse.

2. Quant à votre cour arrière, si vous avez adopté l’American Way of life parce que vous ne connaissiez pas mieux à l’époque (tout le monde le faisait...!), il n’est jamais trop tard pour changer de rêve. Débarrassez-vous de votre piscine – vous pourrez toujours vous rafraîchir avec le boyau d’arrosage utilisé pour votre magnifique potager clôture à clôture. Bonus : les enfants du voisinage ou les vôtres ne pourront pas se noyer dans votre jardin... 
       Pensez aux économies que vous réaliserez en n’achetant plus de produits d’entretien toxiques que vous devrez balancer dans la nature avec l’eau de la piscine à l’automne. 
       Pensez au bruit de moteur que vous n’entendrez plus et aux corvées – vérifications de PH équilibré, nettoyages à l’aspirateur, etc. Pouah, je sais ce que c’est, j’ai déjà eu une piscine!

3. Si vous cultivez des légumes qui se conservent dans un caveau ou une chambre froide humide; des légumineuses, des céréales, fruits séchés et pâtes alimentaires au sec dans des bocaux de verre (de préférence bio sans OGM), eh bien, vous ne serez pas pris au dépourvu si les prix des denrées essentielles grimpent à l’extrême en bourse. Et si jamais vous devenez végétarien, alors là, vous n'avez pas idée des économies substantielles que vous réaliserez!

Extrait de :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/06/carres-verts-et-casseroles.html

Dans la même veine :
http://artdanstout.blogspot.fr/2014/05/alternative-au-gazon.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/06/nature-lamie-bafouee-raccommoder.html

25 mars 2015

L'avril boréal

Photo : Junco ardoisé, site ‘Dans notre maison’.
Ça fait une éternité que je n’ai pas vu de Junco – j’espère qu’il y en a encore...! 

L’avril boréal
Nérée Beauchemin (1850-1931) *

Est-ce l’avril? Sur la colline
Rossignole une voix câline,
    De l’aube au soir.
Est-ce le chant de la linotte?
Est-ce une flûte? est-ce la note
    Du merle noir?

Malgré la bruine et la grêle,
Le virtuose à la voix frêle
    Chante toujours;
Sur mille tons il recommence
La mélancolique romance
    De ses amours.

Le chanteur, retour des Floride,
Du clair azur des ciels torrides
    Se souvenant,
Dans les bras des hêtres en larmes
Dis ses regrets et ses alarmes
    À tout venant.

Surpris dans son vol par la neige,
Il redoute encor le cortège
    Des noirs autans;
Et sa vocalise touchante
Soupire et jase, pleure et chante
    En même temps.

Fuyez, nuages, giboulées,
Grêle, brouillards, âpres gelées,
    Vent boréal!
Fuyez! La nature t’implore.
Tardive et languissante aurore
    De floréal.

Avec un ciel bleu d’améthyste.
Avec le charme vague et triste
    Des bois déserts,
Un rythme nouveau s’harmonise.
Doux rossignol, ta plainte exquise
    Charme les airs!

Parfois, de sa voix la plus claire,
L’oiseau, dont le chant s’accélère,
    Égrène un tril :
Dans ce vif éclat d’allégresse,
C’est vous qu’il rappelle et qu’il presse,
    Beaux jours d’avril.

Déjà collines et vallées
Ont vu se fondre aux ensoleillées
    Neiges et glaçons;
Et, quand midi flambe, il s’élève
Des senteurs de gomme et de sève
    Dans les buissons.

Quel souffle a mis ces teintes douces
Aux pointes des frileuses pousses?
    Quel sylphe peint
De ce charmant vert véronèse
Les jeunes bourgeons du mélèze
    Et du sapin?

Sous les haleines réchauffées
Qui nous apportent ces bouffées
    D’air moite et doux,
Il nous semble que tout renaisse.
On sent comme un flot de jeunesse
    Couler en nous.

Tout était mort dans les futaies;
Voici, tout à coup, plein les haies,
    Plein les sillons,
Du soleil, des oiseaux, des brises,
Plein le ciel, plein les forêts grises,
    Plein les vallons.

Ce n’est plus une voie timide
Qui prélude dans l’air humide,
    Sous les taillis;
C’est une aubade universelle;
On dirait que l’azur ruisselle
    De gazouillis.

Devant ce renouveau des choses,
Je rêve des idylles roses;
    Je vous revois,
Prime saison, belles années,
De fleurs de rêves couronnées,
    Comme autrefois.

Et, tandis que dans les clairières
Chuchotent les voix printanières,
     Et moi j’entends
Rossignoler l’âme meurtrie,
La tant douce voix attendrie
    De mes printemps.

Les floraisons matutinales

(Selon l’édition 1997, Victor Ayotte éditeur, Trois-Rivières, Québec)
Via : La Bibliothèque électronique du Québec
Collection Littérature québécoise

* Associé aux «poètes du Terroir», Nérée Beauchemin a passé sa vie à Yamachiche où il était médecin de campagne. Il a publié (de son vivant) deux recueils de poésie : Les floraisons matutinales (en 1987)  et Patrie intime (en 1928). 

23 mars 2015

Les maux ont leur mot à dire

Nous préférons ignorer que nos paroles influencent notre monde car si nous en prenions conscience nous n’aurions pas le choix de reconnaître notre responsabilité.

Les mots ne sont pas seulement des éléments du langage et de l’écriture, ils peuvent être utilisés pour influencer la manière dont se propage l’énergie dans l’espace. Car prononcés à voix haute, les mots se transforment en vibrations qu’on peut employer pour diriger intentionnellement l’énergie. Les vibrations, ou les ondes, ont des propriétés magnétiques et électriques.

Ainsi, lorsque nous parlons, nous projetons des pensées par des sons qui émettent des vibrations dans le champ magnétique de la terre (ou champ vibratoire). Lorsqu’on connaît le pouvoir des mots et des sons, on sait qu’ils peuvent affecter notre réalité car jusqu’à un certain point, c’est une façon de contrôler l’énergie.

Pourquoi les mots peuvent-ils nous blesser? Lorsqu’on nous dit des paroles qui nous blessent profondément, nous pouvons avoir l’impression de recevoir un coup de poing. Les paroles blessantes nous heurtent parce qu’elles portent une vibration, une énergie qui nous atteint physiquement. A contrario les paroles bienveillantes ont la capacité de nous apaiser, et même de nous guérir.

Pour plus de détails : onglet «Changement de fréquence» sur Situation planétaire.

Comme on le voit dans cette vidéo, les sons ont des fréquences vibratoires différentes et spécifiques qui peuvent modifier, organiser et désorganiser les composantes de la matière. Le son est une force naturelle que la nature utilise pour créer des structures et des géométries – pierres angulaires de la formation de la matière.



Matière à réflexion : 

Être bienveillant ne signifie pas être stupide : c’est une qualité que certaines personnes stupides ne comprennent pas. Et la stupidité n’est pas le plus grave. Car la méchanceté fait beaucoup de dégâts : chez le destinataire, celui qui est pris pour cible, puis également chez tous ceux que cela éclabousse aux alentours; et, chez l’émetteur lui-même, peut-être de manière plus profonde, plus sourde, mais plus durable encore...
(Anonyme)

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La psychologie des mots
Luis R. Valadez, psychologue et auteur

«Peu importe ce que les gens en disent, les mots et les idées peuvent changer le monde.» ~ Robin Williams

Pour la plupart des gens de notre société les «mots ne comptent pas»; tant qu’ils ne sont pas suivis par des actions, ils n’ont aucune importance. J'aimerais expliquer aux négationnistes pourquoi les mots importent et l’effet profond qu’ils ont sur chacun de nous. Parce que, tant et aussi longtemps que personne ne se lèvera pour exprimer un doute, rien ne s’améliorera; et ce monde mérite de devenir un endroit où les mots peuvent à la fois nous sortir du précipice et nous faire voir l’aventure à travers les yeux de nos voisins.

Les mots et notre cerveau

Selon le Dr Scott (University College of London) : «Le cerveau enregistre le discours et le classe en mots et en ‘mélodies’ (les variations d'intonation qui révèlent l’humeur, le sexe, etc.). Les mots sont acheminés vers le lobe temporal gauche du cerveau pour les traiter, tandis que la mélodie est acheminée vers le lobe temporal droit, une région davantage stimulée par la musique.»

Cette recherche est révolutionnaire, car elle explique pourquoi le rythme et l'intonation d’une voix peuvent nous affecter profondément au plan émotionnel. (...)

Les mots prédisent nos comportements

Les mots sont plus que de simples outils pouvant modifier notre état émotionnel ou exprimer ce que nous ressentons. Les dernières études réalisées par de grands spécialistes du comportement révèlent que les mots que les gens utilisent prédisent avec exactitude leurs comportements et leur état psychique. Le professeur de psychologie James W. Pennbaker (University of Texas), dit : «La façon dont les gens réfèrent aux autres et à eux-mêmes, constitue un diagnostic concluant de leur état mental.» Il poursuit en disant que chez les gens qui mentent lors des tests en laboratoire, l’utilisation du ‘je’ chute de façon significative : «l'utilisation du ‘je’ est l'un des meilleurs indices d'honnêteté».  

Le psychologue Jack Schafer, un ancien analyste du FBI, dit ce qui suit : «Certains mots reflètent les caractéristiques psychologiques de la personne qui parle ou écrit. J'appelle ces mots, mots-clés (word clues). Analyser le choix des mots-clés des gens quand ils parlent ou écrivent, augmente la capacité de déterminer leurs caractéristiques comportementales.»

Ainsi, ce que vous dites et votre façon d’utiliser les mots, en dit très long sur vous. Il serait donc sage de faire attention à vos pensées et plus encore à vos paroles. Elles fournissent un portrait détaillé de votre personnalité aux personnes que vous rencontrez. Chacun peut utiliser son inconscient pour se faire une très bonne idée de vous quand vous lui parlez, et vice-versa. Alors, si vous voulez en apprendre plus au sujet d'une personne, soyez attentif à son choix de mots.

La philosophie des mots

Donc, les mots nous touchent au plan émotionnel, et ils peuvent nous décrire avec une précision extraordinaire. Pourquoi les mots sont-ils si importants pour le psychologue?

Les mots sont des instruments de changement et d'inspiration, ils permettent aux esprits les plus brillants de la terre de se libérer des chaînes du mental. Les mots transforment les rêves et les visions en réalité, ils donnent vie à tout ce qui est caché et tenu à l'écart. Ils permettent à des idées, des innovations et des mouvements initiateurs de changement de se manifester. Autrement ils resteraient enfouis dans notre chaos mental. Nous avons tous connu ce phénomène : vous savez ce que vous devez faire, comment le faire, mais vous manquez de courage. La porte de l’inspiration reste fermée si nous ne prenons pas le temps de réfléchir aux possibilités. Et, les réponses  se présenteront dans un moment de tranquillité sous la forme d’une simple, mais profonde, combinaison de mots. Des mots qui ouvriront la porte à l’espoir et au courage.

En complément :


Photoquote et histoire : Parcours du loup blanc 

Notre langage véhicule notre pensée. Les mots que vous utilisez transmettent une vision du monde, un état émotionnel, une clarification. Ils encouragent, stimulent, menacent, désespèrent, trébuchent dans le vide.

Petite histoire sur le pouvoir des mots :

Un orateur parle du pouvoir de la pensée positive et des mots.

Un participant lève la main et dit : «Ce n’est pas parce que je vais dire bonheur, bonheur, bonheur! que je vais me sentir mieux, ni parce que je dis malheur, malheur, malheur! que je me sentirai moins bien: ce ne sont que des mots. Les mots sont en eux-mêmes sans pouvoir...»

L’orateur répond : «Taisez-vous espèce d’idiot, vous êtes incapable de comprendre quoi que ce soit!»

Le participant est comme paralysé, il change de couleur et s’apprête à faire une répartie cinglante : «Vous, espèce de...»

L’orateur lève la main : «Je vous prie de m’excuser. Je ne voulais pas vous blesser. Je vous prie d’accepter mes excuses les plus humbles.»

Le participant se calme. L’assemblée murmure, il y a des mouvements dans la salle.

L’orateur reprend : «Vous avez la réponse à la question que vous vous posiez : quelques mots ont déclenché chez vous une grande colère. D’autres mots vous ont calmé. Comprenez-vous mieux le pouvoir des mots?» 

22 mars 2015

Le besoin de gagner


Le besoin de gagner

Quand un archer tire pour rien,
il maîtrise totalement sa technique.
S'il tire pour un prix en bronze,
il est déjà nerveux.
S'il tire pour un prix en or,
il devient aveugle ou voit deux cibles.
Il n’a plus tout son esprit!
Sa compétence n'a pas changé,
mais le prix divise son esprit.
Il pense à gagner plutôt qu’à tirer.
Et le besoin de gagner le prive de pouvoir.

~ Chuang Tzu

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Indifférent au succès et à l’échec

Jian Wu demanda à Shun Shu Ao :
«Vous avez été nommé trois fois premier ministre et n’en avez tiré aucune gloire, vous avez été destitué trois fois et n’avez exprimé aucun chagrin. Comment êtes-vous resté si serein?» 

«Quand le poste me fut donné, j’ai pensé que je devais refuser. Quand on me l’a retiré, j’ai pensé que je ne devais pas le retenir. 
   Je n’accorde aucune valeur à perdre ou gagner, ainsi je n’ai ressenti aucune peine. De plus, je n’ai jamais su si l’honneur revenait à la fonction ou à moi. S’il appartenait à la fonction, il ne m’était rien, s’il me revenait, il n’avait rien à voir avec la fonction.
  Considérant ces incertitudes et observant les êtres et les choses, pourquoi me serais-je inquiété des soucis mondains relatifs à la gloire et à l’humiliation?» 
 
L’homme sage est indifférent aux mots et aux tentations, nul ne peut lui faire peur, même la mort ne le trouble pas. Il n’a rien à faire des honneurs et des disgrâces.

(Chuang Tseu 2 La musique de la vie, Tsai Chich Chung; Philo Bédé, Carthame Éditions)

Le fou de Chu

Le fou de Chu rencontra un jour Confucius. Constatant l’inutilité de ses efforts pour réformer la société, il dit :
«Oh Phénix! Oh Phénix! Comme tu es bien tombé! Quand le Tao règne sur terre, le sage atteint la perfection. Quand le Tao est absent, le sage se protège et attend son heure. En des temps comme les nôtres, il est préférable de s’éloigner du trouble.
   Oublie! Oublie! En ce moment, n’essaie pas de dissiper la noirceur d’esprit des autres par ta lumineuse vertu.
   Chardon! Chardon! Ne blesse pas mes pieds, je m’en vais suivre un nouveau chemin.»
 
Un homme avisé sait quand avancer et quand reculer. On doit comprendre les nécessités de chaque situation.

(Chuang Tseu 2 La musique de la vie, Tsai Chich Chung; Philo Bédé, Carthame Éditions)

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Pensée du jour :

Qu’est-ce que cela veut dire, être superficiel? Cela veut dire être subordonné. Dépendre d’un stimulant, d’une provocation, d’une personne, dépendre psychologiquement de certaines valeurs, de certaines expériences, de certains souvenirs – n’est-ce pas là le propre d’un esprit superficiel? Lorsque je dépends de mes dévotions quotidiennes et hebdomadaires pour me sentir aidé ou exalté, ne suis-je pas superficiel? Si je dois me livrer à des gestes rituels pour maintenir mon sens d’intégrité, ou pour recapturer une émotion que j’ai déjà éprouvée, est-ce que cela me rend superficiel? Est-ce que je ne deviens pas superficiel lorsque je me «donne» à un pays, à un plan, à tel groupe politique? Tout ce processus de subordination est une fuite hors de moi-même; cette identification avec plus grand que moi est la négation de ce que je suis. Mais comment puis-je nier ce que je suis? C’est me comprendre qu’il me faut, et non pas essayer de m’identifier à l’univers, à Dieu, à un parti politique, à autre chose. Tout cela mène à une façon creuse de penser, et les pensées creuses engendrent une activité perpétuellement nocive, aussi bien à l’échelle mondiale qu’à l’échelle individuelle.
[...]
Devenant conscients du creux de votre esprit, n’essayez pas de devenir profonds. L’esprit creux ne peut jamais connaître les grandes profondeurs. Il peut accumuler beaucoup de connaissances, des informations, il peut répéter des mots – vous connaissez tout le capharnaüm des esprits superficiels, lorsqu’ils sont actifs. Mais si vous vous savez superficiel et creux, étant conscient de ce creux, observez-le dans toutes ces activités, sans juger, sans condamner et vous verrez bien vite, que la chose creuse a disparu entièrement, sans qu’il y ait action sur elle de votre part. Il y faut beaucoup de patience et d’observation, et l’absence du désir de réussir. Ce n’est qu’un esprit creux qui veut réussir. [...] Observez les activités de l’esprit sans essayer de les faire cesser; car dès que vous cherchez une fin, vous êtes de nouveau tombé dans la dualité.

~ Krishnamurti
(La première et dernière liberté; Stock 1954; 33. Sur l’esprit superficiel, p. 280)

21 mars 2015

Varia poétique

C’est fou le nombre de Journées internationales (ou mondiales) qui existent – 119 au cours de l’année.

Parfois il y a trois ou quatre journées dans la même!
Si bien qu’on ne sait plus laquelle choisir.

Par exemple en ce 21 mars nous avons :
- journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale (ONU)
- journée mondiale de la marionnette
- journée internationale du Norouz (ONU)
- journée mondiale de la poésie (UNESCO)

Va pour la journée mondiale de la poésie...

Street art : création OakOak.fr (via La boîte verte)  

Christian Bobin

L'écriture c'est le cœur qui éclate en silence.
L'épuisement

... écrire c'est ne rien oublier de ce que le monde oublie.
L'épuisement

Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, et en lisant le délivrer.
La lumière du monde

Écrire et voir, c'est pareil, et pour voir il faut la lumière. Le paradoxe, c'est qu'on peut trouver la lumière dans le noir de l'encre. C'est comme de la nuit sur la page, et c'est pourtant là-dedans qu'on voit clair.
La lumière du monde

L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse.
Ressusciter

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Walt Whitman (1819-1892)

POÈTES À VENIR

Poètes à venir! orateurs, chanteurs, musiciens à venir!
Ce n’est pas aujourd’hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale,
plus grande qu’on ait jamais vu, Levez-vous! Car vous devez me justifier.
Moi, je n’écris qu’un ou deux mots indicatifs pour l’avenir;
Moi, j’avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s’arrêter, tourne par
hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l’examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.

Feuilles d’herbes (traduction de Jules Laforgue)

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Francis Etienne Sicard

BONIMENTS DE POÈTE

En flânant dans mon âme à la pointe du jour,
J’ai revu mon enfance égrainer la richesse
De rêves en papier dont la profonde ivresse
A tendu ma raison d’une peau de tambour.

Un campanile en bronze et ses belles de jour,
Traversant le sommeil de ma prime jeunesse,
Réveillent dans mon cœur le gout des vins de messe,
Comme un sucre du temps au bout d’un calembour.

Je danse la carole au bal des costumiers,
Et je creuse les mots dans le bois des plumiers
Dont les trésors cachés ont rempli mes besaces.

Mais quand hélas je fuis du grenier de mes songes,
Mon âme endolorie aux coups de mes grimaces,
Verse une larme amère et crie aux grands mensonges.

Lettres de soie rouge, 2011
 

Louise Michel (1830-1905)

L’HIRONDELLE

Hirondelle qui viens de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime!
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.

Chansons d’oiseaux, avril 1861
La Légende républicaine (1861-1870)