En tout cas, les propos de Stephen Harper portaient à équivoque. Mais il a rectifié son tir : «Les propriétaires d'armes à feu au Canada ne sont pas autorisés à se faire justice eux-mêmes. Personne ici ne laisse entendre qu'ils devraient se faire justice eux-mêmes. Au Canada, le propriétaire d'armes à feu a des responsabilités. Aux États-Unis, il a des droits. Et c'est une grande différence.» Ah bon, tant mieux.
Par ailleurs, les cours de tirs pour femmes gagnent en popularité en ce moment; j’entendais une adepte dire : «C’est extraordinaire le feeling qu’on ressent. On éprouve un sentiment de pouvoir incroyable...» (Ah oui?) Merci à la National Firearms Association (NFA) de sensibiliser les femmes au maniement des armes... au moins la violence conjugale se pratiquera à armes égales.
Bref, on n’est pas sorti(e)s du champ de tir!
Le mythique Far West (ou Wild West)
Dans les films westerns classiques, les propriétaires terriens rivaux s’entretuaient sans scrupules. Les shérifs étaient rarement disponibles ou n’intervenaient pas ou n’hésitaient pas à enfreindre la loi car ils étaient pour la plupart corrompus. Mais cette situation est loin d’être exclusive au Far West, elle existe depuis toujours, partout dans notre beau monde. Yeeeeeeeeehaw!
Les Hillbillies
Supposons qu’un touriste roule sur un chemin de campagne, qu’il arrête son véhicule devant la maison d’un fermier et descend pour demander une information. Eh bien, si le propriétaire n’aime pas sa tête, comme on dit, il pourrait lui tirer dessus et ensuite invoquer que l’individu avait l’air louche et menaçant et qu’il y avait eu agression. Pan! Pan! t’es mort! comme chez les Hillbillies. Pas de témoins, pas de preuves.
Croyez-le ou non, je venais à peine d’écrire ces lignes, que j’entendais un cultivateur de la Saskatchewan raconter à la radio une histoire personnelle similaire, sauf qu’il n’avait pas tué l’intrus – il n’avait pas pensé à mettre ses guns près de la porte d’entrée (en principe c’est illégal).
Temps de passer à autre chose peut-être?
Figurez-vous que Raymond Devos avait son mot à dire sur le «chromosome du tueur»...
Qui tuer?
(Matière à rire, première période 1977-1991, p. 47)
Un jour,
en pleine nuit...
mon médecin me téléphone :
-- Je ne vous réveille pas?
Comme je dormais, je lui dis :
-- Non.
Il me dit :
-- Je viens de recevoir du laboratoire le résultat de nos deux analyses.
J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer.
En ce qui me concerne, tout est normal.
Par contre, pour vous... c’est alarmant.
Je lui dis :
-- Quoi?... Qu’est-ce que j’ai?
Il me dit :
-- Vous avez un chromosome en plus...
Je lui dis :
-- C’est-à-dire?
Il me dit :
-- Que vous avez une case en moins!
Je lui dis :
-- Ce qui signifie?
Il me dit :
-- Que vous êtes un tueur-né! Vous avez le virus du tueur...
Je lui dis :
-- ... Le virus du tueur?
Il me dit :
-- Je vous rassure tout de suite.
Ce n’est pas dangereux pour vous, mais pour ceux qui vous entourent... ils doivent se sentir visés.
Je lui dis :
-- Pourtant, je n’ai jamais tué personne! Il me dit :
-- Ne vous inquiétez pas... cela va venir!
Vous avez une arme?
Je lui dis :
-- Oui! Un fusil à air comprimé.
Il me dit :
-- Alors, pas plus de deux airs comprimés par jour!
Et il raccroche!
Toute la nuit... j’ai cru entendre le chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en moins.
Le lendemain, je me réveille avec une envie de tuer... irrésistible!
Il fallait que je tue quelqu’un. Tout de suite!
Mais qui?
Qui tuer?... Qui tuer?
Attention! Je ne me posais pas la question : «Qui tu es?»
dans le sens : «Qui es-tu, toi qui cherches qui tuer?»
ou : «Dis-moi qui tu es et je te dirai qui tuer.»
Non!... Qui j’étais, je le savais!
J’étais un tueur... et un tueur sans cible!
(Enfin... sans cible, pas dans le sens du mot sensible!)
Je n’avais personne à ma portée.
Ma femme était sortie...
Je dis :
-- Tant pis, je vais tuer le premier venu!
Je prends mon fusil sur l’épaule... et je sors.
Et sur qui je tombe?
Le hasard tout de même!
Sur... le premier venu!
Il avait aussi un fusil sur l’épaule...
(Il avait un chromosome en plus, comme moi!)
Il me dit :
-- Salut, toi, le premier venu!...
Je lui dis :
-- Ah non! Le premier venu, pour moi, c’est vous!
Il me dit :
-- Non! Je t’ai vu venir avant toi et de plus loin que toi!
Il me dit :
-- Tu permets que je te tutoie? Je te tutoie et toi, tu me dis tu!
Je me dis :
«Si je dis tu à ce tueur, il va me tuer!»
Je lui dis :
-- Si on s’épaulait mutuellement?
D’autant que nous sommes tous les deux en état de légitime défense!
Il me dit :
-- D’accord!
On se met en joue...
Il me crie :
-- Stop!... Nous allions commettre tous deux une regrettable bavure...
On ne peut considérer deux hommes qui ont le courage de s’entre-tuer comme des premiers venus! Il faut en chercher un autre!
J’en suis tombé d’accord!
Là-dessus, j’entends claquer deux coups de feu et je vois courir un type avec un fusil sur l’épaule...
Je lui crie :
-- Alors, vous aussi, vous chercher à tuer le premier venu?
Il me dit
-- Non, le troisième! J’en ai raté deux!
Et tout à coup, je sens le canon d’une arme s’enfoncer dans mon dos.
Je me retourne. C’était mon médecin...
Qui me dit :
-- Je viens vous empêcher de commettre un meurtre à ma place...
Je lui dis :
-- Comment, à votre place?
Il me dit :
-- Oui! Le laboratoire a fait une erreur.
Il a interverti nos deux analyses.
Le chromosome en plus, le virus du tueur, c’est moi qui l’ai!
Je lui dis :
-- Docteur, vous n’allez pas supprimer froidement un de vos patients?
Il me dit :
-- Si! La patience a des limites.
J’en ai assez de vous dire : «Ne vous laissez pas abattre!»
Je lui dis :
-- Vous avez déjà tué quelqu’un, vous?
Il me dit :
-- Sans ordonnance... jamais! Mais je vais vous en faire une!
Raymond Devos
Matière à rire
L’intégrale de : Ça n’a pas de sens, Sens dessus dessous et À plus d’un titre
Plon, 1991 et 2006
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