21 mars 2015

Varia poétique

C’est fou le nombre de Journées internationales (ou mondiales) qui existent – 119 au cours de l’année.

Parfois il y a trois ou quatre journées dans la même!
Si bien qu’on ne sait plus laquelle choisir.

Par exemple en ce 21 mars nous avons :
- journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale (ONU)
- journée mondiale de la marionnette
- journée internationale du Norouz (ONU)
- journée mondiale de la poésie (UNESCO)

Va pour la journée mondiale de la poésie...

Street art : création OakOak.fr (via La boîte verte)  

Christian Bobin

L'écriture c'est le cœur qui éclate en silence.
L'épuisement

... écrire c'est ne rien oublier de ce que le monde oublie.
L'épuisement

Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, et en lisant le délivrer.
La lumière du monde

Écrire et voir, c'est pareil, et pour voir il faut la lumière. Le paradoxe, c'est qu'on peut trouver la lumière dans le noir de l'encre. C'est comme de la nuit sur la page, et c'est pourtant là-dedans qu'on voit clair.
La lumière du monde

L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse.
Ressusciter

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Walt Whitman (1819-1892)

POÈTES À VENIR

Poètes à venir! orateurs, chanteurs, musiciens à venir!
Ce n’est pas aujourd’hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale,
plus grande qu’on ait jamais vu, Levez-vous! Car vous devez me justifier.
Moi, je n’écris qu’un ou deux mots indicatifs pour l’avenir;
Moi, j’avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s’arrêter, tourne par
hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l’examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.

Feuilles d’herbes (traduction de Jules Laforgue)

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Francis Etienne Sicard

BONIMENTS DE POÈTE

En flânant dans mon âme à la pointe du jour,
J’ai revu mon enfance égrainer la richesse
De rêves en papier dont la profonde ivresse
A tendu ma raison d’une peau de tambour.

Un campanile en bronze et ses belles de jour,
Traversant le sommeil de ma prime jeunesse,
Réveillent dans mon cœur le gout des vins de messe,
Comme un sucre du temps au bout d’un calembour.

Je danse la carole au bal des costumiers,
Et je creuse les mots dans le bois des plumiers
Dont les trésors cachés ont rempli mes besaces.

Mais quand hélas je fuis du grenier de mes songes,
Mon âme endolorie aux coups de mes grimaces,
Verse une larme amère et crie aux grands mensonges.

Lettres de soie rouge, 2011
 

Louise Michel (1830-1905)

L’HIRONDELLE

Hirondelle qui viens de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,

Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.

Ah! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.

Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime!
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.

Chansons d’oiseaux, avril 1861
La Légende républicaine (1861-1870)

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