16 mars 2015

Succès garanti!

De savoureuses parodies. On dirait un manuel d’instructions pour apprentis manipulateurs (en entreprise).

Photo : série Mad Men. Yuck, ça me rappelle les assommants meetings de production.
Quel supplice c’était! 

Les conseils du docteur Nicolas
(Auteur inconnu)

Le docteur Nicolas est l’un des spécialistes mondiaux les plus réputés dans les domaines de la psychanalyse. Après avoir prêté son serment d’Hypocrite, il devint professeur à la chaire de psychothérapie d’Oxford avant de devenir conseiller à la Maison Blanche auprès du président Bush, puis consultant à l’hôpital Sainte-Anne. Actuellement le docteur Nicolas partage son temps entre l’écriture de nouveaux conseils dont il nous fait profiter et ses fonctions à la médecine du travail auprès des agences de mannequins. Nous ne saurons jamais comment le remercier de tant de bonté.

10 conseils pour une carrière fulgurante

1. Ayez toujours l'air absorbé et légèrement soucieux; seuls les imbéciles, les subalternes et les Américains ont l'air détendu pendant les heures de travail.

2. Ayez toujours l'air pressé. Courez dans les corridors. Vous serez classé parmi les gens dynamiques, ce qui constitue un label des plus estimés.

3. Réapprenez au plus vite tout ce que votre mère vous a défendu pendant votre enfance; claquez les portes, raccrochez violemment le téléphone, ne saluez que vos supérieurs et soyez aussi toujours de leur avis lorsqu'ils sont présents.

4. Ne vous déplacez jamais sans un dossier bien rempli, c'est essentiel. Au besoin, bourrez-le avec des journaux.

5. Comme il est bien d'avoir des idées originales, ayez-en quelques-unes. Mais attention, que ces idées soient bien les mêmes que celles de vos collègues supérieurs, sans quoi vous passeriez pour un dangereux idéaliste.

6. Travailler, c'est bien. Le faire savoir, c'est mieux. La mode étant aux rapports concis, présentés de façon claire, rédigez les vôtres en style télégraphique. Affirmez ce qui vous passera par la tête et vous aurez l'esprit de synthèse. Car si vous rédigez une étude sérieuse et approfondie, vous aurez seulement l'esprit d'analyse et actuellement, ce n'est pas «dans le vent».

7. Ne quittez jamais le bureau à l'heure de la sortie. Vous devez partir au moins une demi-heure après et faire en sorte que votre départ coïncide avec celui d'un supérieur; sinon à quoi cela servirait-il?

8. Ne vous étonnez jamais de rien, d'abord parce que, quoi que l'on vous annonce, vous le saviez déjà. Y compris et surtout ce que vous ne deviez pas savoir... et que vous apprenez par cette méthode.

9. Émaillez votre conversation de locutions techniques américaines. Quelles qu'elles soient, même si elles n'ont aucun rapport avec le sujet. L'important est que personne ne comprenne. Les termes abstraits forgent le respect.

10. Et si, au bout d'un certain temps, cette politique ne vous a pas fait progresser, c'est que vous avez affaire à des patrons intelligents; alors changez d'entreprise et recommencez.

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Notez les buzzwords et leur fréquence d'utilisation... ça passe le temps et c'est très instructif.  

L'intelligence à la portée des cons
(Auteur inconnu)

90 % des gens sont cons. Vous avez vos chances. Gardez-les mais ne les ruinez pas. Être con est salutaire. Avoir l'air con est rédhibitoire. Soyez assez intelligents pour saisir la nuance.

Premier exercice : Comment ne plus avoir l'air con 

a) Le con parle pour ne rien dire. Ne dites rien. Vous ne direz rien d'intelligent, mais ça vous empêchera de dire des conneries. Vous y gagnerez. Au lieu de dire : «Quel con!», votre interlocuteur se dira : «Joue-t-il au con?». C'est un premier point.

b) Si vous avez vraiment envie de parler, ne vous retenez pas. Dites vos conneries. Et concluez : «Bon, j'arrête de déconner.» Votre interlocuteur se dira : «Il joue au con!». C'est un deuxième point.

Deuxième exercice : Comment avoir l'air intelligent 

- Vous avez à votre disposition une série de mimiques qui donnent inévitablement l'air intelligent; soyez assez cons pour les copier sans complexes :

a) L'air entendu : Repérez la personne intelligente. Si vous êtes dans un groupe de dix, il y a neuf cons, dont vous. La personne intelligente, c'est celle qui vous semble bizarre. Dès qu’elle dit quelque chose de bizarre, faites comme si vous compreniez. Même si vous n'y comprenez rien, les autres auront l'air plus con que vous.

b) L'air pénétrant : Pensez très fort aux contraventions, aux impôts, à votre bagnole emboutie. N'en parlez surtout pas, ça ferait con. Mais pensez-y. Si vous êtes vraiment très con, ça ne vous donnera pas l'air intelligent. Mais l'air emmerdé fait toujours bien quand on ne donne pas ses raisons.

c) L'air pénétré : Même exercice que le précédent mais avec un compas dans le cul. Avantage : donne une dimension souffreteuse.

- Vous avez aussi à votre disposition une série d'attitudes :

d) Le penseur de Rodin : Asseyez-vous. Mettez votre poing fermé sous votre menton et regardez dans le vide. C'est radical. Même si vous ne pensez à rien (ce qui est normal pour un con), il se trouvera toujours un autre con pour vous dire «À quoi penses-tu?».

e) L'air du type qui n'en pense pas moins : On développe devant vous une théorie saisissante. Vous n'y comprenez rien. Reportez-vous au petit a) : l'air entendu. Pour corser, ayez l'air non seulement de comprendre, mais d'avoir votre idée pas con là-dessus. Appliquez le petit b) : l'air pénétrant.

f) Le rictus de connivence : Hochez un peu la tête de bas en haut. Appliquez l'air pénétré (le compas vous aide à crisper finement les maxillaires).

- Méfiez-vous des révélateurs involontaires de votre connerie!

g) Surveillez votre regard. Votre oeil vide et sans vie vous trahit. Par définition, vous êtes trop con pour avoir la pupille pétillante. Ne vous laissez pas abattre. Gardez l'oeil fixe.

h) Fermez bien votre bouche. Rien ne fait plus con qu'une bouche entr'ouverte. Maîtrisez-vous : ne mâchez plus de chewing-gum. Si vous êtes trop con pour exécuter en même temps les exercices oeil fixe - bouche close, utilisez le truc de la cigarette : tirez sur votre mégot et fixez la fumée.

Troisième exercice : Comment passer pour quelqu'un d'intelligent 

a) Ne perdez pas votre temps à lire des livres intelligents, à voir des films pensés... Vous n'y comprendrez rien et ça vous déprimerait. Lisez plutôt des critiques intelligentes. Apprenez-les par coeur et changez quelques mots. Exemple : «Ce film a la beauté désertique d'une douleur sans fin» devient «Ce film a la beauté squelettique d'une couleur sans teint». Vous ne plagiez pas vraiment et vous gagnez en hermétisme. L'hermétisme est le secret de ce troisième exercice. Quand vous dites des conneries, dites des conneries incompréhensibles. Les cons les prendront pour des finesses qu'ils ne comprennent pas et, double avantage, les gens intelligents se sentiront cons.

b) Ne faites jamais de citations. Ça fait très con. Appropriez-vous les carrément. Mais attention, ne faites pas le con! N'utilisez pas des citations trop connues. Si un autre con vous dit : «C'est de toi ça?», ne prenez pas l'air confus. Ne doutez pas de vous. Votre connerie native vous y aidera.

Voilà. Maintenant, vous passez à peu de frais pour quelqu'un d'intelligent. Méfiez-vous! Des gens intelligents vont venir vous poser des questions intelligentes. Vous risquez d’être assez con pour répondre. Comment faire? Renvoyez la balle : «Pourquoi me poses-tu cette question?». Quand vous ne pouvez plus la renvoyer, affrontez l'adversaire. Utilisez les quelques célèbres formules qui répondront pour vous - par ordre chronologique :
- «Tu vois ce que je veux dire...» (la formule qui sauve)
- «Il me semble que tu limites le problème...» (l'autre a l'air con)
- «Tu crois vraiment ce que tu dis?» (l'autre a l'air hypocrite)
- «C'est tout ce que tu trouves à dire, ben merde!» (l'autre a l'air limité)
- «Tais-toi, tu m'atterres.» (l'autre a l'air très con)
S'il se tait, vous avez gagné.


Ultime traquenard : la tentation de l'intelligence véritable 

Attention! Ne tombez pas dans ce panneau démoniaque! Les gens intelligents sont malheureux. Ils ont compris qu'on était là pour vieillir et crever. Avant, il n'y a rien, après non plus, et pendant, on en chie. Comprendre, c'est perdre les avantages du con. C'est connaître le doute, la solitude, la marginalité odieuse, l'insomnie, l'angoisse, les battements de coeur, la souffrance. Et tout ça pour rien puisque vous serez toujours un con. Surtout, ne changez pas.
Soyez assez intelligents pour rester cons.
Et longue vie.

«Tout au long de ma carrière je me suis tellement ennuyé durant les meetings qu’avec le temps j’ai développé une écriture convenable avec ma main non-dominante. Pas mal.»

Pas mal en effet! :-)) 

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