10 mars 2015

Subjugués par la peur

(Photographe inconnu)  

C’est fou ce qu’on nous manipule en ce moment, avec des menaces de tous ordres – réelles ou hypothétiques. Voyons-nous des bombes à tous les coins de rue? Non. Mais, la peur a toujours été un excellent outil de contrôle, faut-il le redire.

Toutefois, parallèlement aux peurs collectives, nous avons des petites peurs intimes qui parfois nous empêchent de réaliser des projets valorisants ou de vivre tout court. Qui plus est, à force d’avoir peur de nos anticipations mélodramatiques, nous nous rendons malades.

Un aperçu, par Lissa Rankin, médecin et auteur
(OwningPink.com  et LissaRankin.com) 

Comment la peur rend malade  

- Vous avez peur de démarrer votre propre entreprise au cas où vous échoueriez.
- Vous avez peur d'aller chez le médecin au cas où il découvrirait quelque chose qui cloche.
- Vous avez peur de vous marier car vous pourriez éventuellement divorcer.
- Vous avez peur d’aller en Afrique car voyager là-bas pourrait être dangereux.
- Vous avez peur de faire ce que vous aimez au cas où vos revenus ne suffiraient pas à payer vos factures.
- Vous avez peur d’inviter une personne qui vous intéresse car vous elle pourrait vous rejeter.
- Vous avez peur d’apprendre la guitare au cas où vous seriez nul.
- Vous avez peur de quitter votre boulot vampirisant au cas où vous n’en trouveriez pas d’autre.
- Vous avez peur de prendre votre retraite au cas où vous n'auriez pas assez d'argent.
- Vous avez peur d'acheter la maison de vos rêves au cas où vous auriez de la difficulté à rembourser l'hypothèque.
- Vous avez peur qu’on vous voit pleurer car on pourrait penser que vous manquez de professionnalisme.
- Vous avez peur de révéler votre vraie personnalité au cas où l’on ne l’aimerait pas.

La peur est omniprésente

Elle nous entoure. Beaucoup de gens sont entièrement gouvernés par la peur, d’instant en instant, jour après jour. Nous sommes comme des rats en panique qui courent dans un labyrinthe, pourchassés par des dragons. La vie est effrayante. 
       Mais saviez-vous que la peur est encore plus dommageable pour votre santé que fumer ou boire de l'alcool ou manger des frites ou passer votre temps affalé devant la télé? Voilà. Maintenant, vous avez de quoi avoir peur. (Je plaisante.) 
       Sérieusement, nous éprouvons de la peur pour une raison bien simple. Son but est de nous protéger, de sorte que si un ours nous poursuit par exemple, notre réaction physiologique à la peur nous aidera à le fuir. 
       Mais, la plupart du temps, il n’y a pas d’ours. Tout est dans notre tête. En fait... tout se passe dans le corps. Voici comment.

Réactions physiologiques au stress

Votre cerveau reptilien est un ordinateur qui ne fait pas de différence entre la peur de l’ours qui vous poursuit et les peurs qui ne menacent pas votre intégrité physique, comme la peur d’être rejeté par la personne que vous aimez, de quitter votre emploi ou de perdre de l'argent. 
       Aussitôt que votre cerveau détecte une peur quelconque, il appuie sur un bouton qui active le circuit hypothalamus-hypophyse-surrénales. L'hypothalamus libère de la corticotrophine dans le système nerveux de sorte que la glande pituitaire secrète de la prolactine, l’hormone de croissance, et l’hormone adrénocorticotrope qui stimule la glande surrénale. Celle-ci libère du cortisol pour maintenir son taux d'homéostasie pour réagir à un vrai danger – comme l’ours – en temps réel.
       Lorsque vous avez peur, votre cerveau reptilien stimule aussi votre système nerveux sympathique de sorte que les glandes surrénales libèrent de l'épinéphrine et de la norépinéphrine, ayant pour effet d’accélérer le pouls et la pression artérielle, par exemple. Ces hormones provoquent divers changements métaboliques dans tout le corps. 
       Les vaisseaux transportant le sang vers l'appareil gastro-intestinal, les mains et les pieds se contractent, tandis que les vaisseaux transportant le sang vers le cœur, les grands muscles et le cerveau, se dilatent. Le sang est poussé vers les organes qui vous aideront à sortir du danger rapidement. Vos pupilles se dilatent beaucoup pour absorber plus de lumière. Afin de vous booster, le métabolisme s’accélère en décomposant les réserves de graisse et en libérant du glucose dans le sang. Votre fréquence respiratoire s’amplifie, vos bronches se gonflent pour faire entrer plus d'oxygène et vos muscles se tendent pour fuir l’ours. 
       L'estomac augmente son taux d’acide, et la production d’enzymes digestives diminue, provoquant souvent des contractions œsophagiennes, de la diarrhée ou de la constipation. Le cortisol modifie votre système immunitaire pour prévenir l’inflammation au cas où l’ours vous blesserait. Le système reproducteur se bloque (le sexe est un luxe quand un ours vous pourchasse!). 

La peur prédispose à la maladie et rend la guérison difficile

En résumé, si un ours vous attaque, votre corps vous empêchera de dormir, bloquera votre système digestif et reproducteur pendant qu'il se concentre pour courir, respirer, penser et diriger l'oxygène et l'énergie là où c’est nécessaire pour assurer votre sécurité. 
       Or si vous avez peur de perdre de l'argent, d’être rejeté ou d’échouer, étant donné que le corps ignore qu’il n’y a pas d’ours, il déclenche la même réaction physiologique au stress. Si cette réaction biologique naturelle se produit à répétition (inutile quand il n’y a pas de menace physique) eh bien elle cause plus de tort que de bien. La récurrence abîme les organes. Les cellules cancéreuses que nous produisons, et qui sont habituellement détruites par le système immunitaire, prolifèrent. Les effets de la peur usent le corps et causent des ravages qui mènent à la maladie.

Quand il n’y a pas d’ours

Si le corps est constamment en mode de réaction physiologique au stress, il ne peut pas se réparer. Le corps peut se détendre à l’aide de techniques scientifiquement éprouvées (pour plus de détails : le best-seller du Dr Herbert Bensen The Relaxation Response). 
       Quand le cerveau frontal conscient se concentre sur des pensées positives et les ressent – comme l'amour, la connexion, l’intimité, le plaisir et l’espoir – la peur se dissipe et l'hypothalamus cesse de déclencher les réactions physiologiques au stress. Lorsque vous vous sentez optimiste et plein d'espoir, aimé et soutenu, en harmonie avec votre vie professionnelle ou créative ou spirituelle, ou sexuellement connecté à une personne que vous aimez, une réaction de détente remplace la réaction physiologique au stress.

L’amour, la confiance et le plaisir sont des remèdes préventifs et des traitements très efficaces

Quand le corps se détend, le système nerveux sympathique s’apaise. La sécrétion de cortisol et d'adrénaline, qui endommage le corps au fil du temps, diminue. Le système nerveux parasympathique prend la relève. Le système immunitaire se réactive. Et le corps peut suivre son processus naturel d'autoréparation.

Voila! Votre esprit peut guérir votre corps, et ce n'est pas quelque chose de métaphysique ou nouvel âge. C'est de la simple physiologie.

Via Care2
(Traduction/adaptation maison)

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