2 mars 2015

Comment se porte le Diable?

Mais très bien!

Photographe : Lori Nix. Des scènes construites à échelle réduite; intéressante démarche artistique qui combine plusieurs techniques : http://www.lorinix.net/about.html

«Une fois que nous avons pris conscience de nos erreurs, nous avons alors le choix : nous pouvons continuer comme avant et vivre du mieux possible avec notre malhonnêteté; ou nous pouvons nous efforcer de changer notre façon de penser et de vivre.» ~ Wendell Berry

Même si elle a son importance, l’instruction ne fait pas de nous des humains. L’éducation, c’est-à-dire l’apprentissage du savoir-vivre et du respect de soi et d’autrui, devrait être prioritaire, de la garderie à l’université. Et je ne parle pas ici d’éducation religieuse ni de fausse morale.

L’évolution du Diable
Sam Keen (An inquiring philosopher)

http://samkeen.com/the-evolution-of-the-devil/

Carnet de notes du Diable

Je réfléchissais récemment à l’évolution du mal.

À la façon dont il commence innocemment et grandit invisiblement.

Le Diable est dans les détails.

Son premier truc est d'encourager le sentiment d’ayant-droit.

Je le mérite. C’est mon juste dû.

Ajoutez à cela une touche d'envie; de désir mimétique.

Je le veux (et je le mérite) parce que vous l'avez.

Pourquoi Bill Gates devrait-il posséder autant et moi si peu?

Quand mes (impossibles) attentes ne se réalisent pas, j’éprouve du ressentiment, ma sympathie se transforme en antipathie.

Le ressentiment se transforme en paranoïa. J'imagine que l’autre – mon voisin, mon (ma) partenaire – m’est hostile, dissimule, triche, ne me donne pas ma juste part d’argent ou d’attention (care).

Je donne plus que je reçois.

La paranoïa incite à créer une forteresse – le moi revêt son armure, la nation échafaude ses défenses, la quête de vengeance se traduit par une demande de fausse justice. Vaincre, humilier ou tuer l'ennemi remet le monde en ordre, équilibre les plateaux de la balance. Priver l’autre d’amour et le punir me permet d’égaliser les comptes. Vous avez eu ce que vous méritiez, ce qui vous revenait.

Une fois établi, le cycle du ressentiment et de la vengeance devient autonome : une chaîne de rétroactions auto-renforcées où les attentes hostiles deviennent des prophéties qui s’auto-exécutent.

Pour échapper à l'emprise du Diable je dois m’efforcer de vivre avec un sentiment de gratitude pour ce qui m’a été donné. Ma vie est un présent, non pas un droit. Mon (ma) partenaire, mon enfant et mon voisin ne me doivent pas d’amour (néanmoins j’ai droit au respect et à la justice).

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Ce qui suit reflète bien l’article «Le psychopathe d’à côté» (27.02.2015).

Appliquée à la globalisation, cette mentalité du «je prends tout, j’y ai droit» est désastreuse. «Les richesses mondiales se concentrent de plus en plus aux mains d’une petite élite fortunée. Le patrimoine des 80 personnes les plus riches a doublé entre 2009 et 2014. Elles possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres.» (Rapport d’Oxfam de janvier 2015 intitulé Insatiable richesse : toujours plus pour ceux qui ont tout)

Dangereuses inégalités
Gérald Fillion (1) 
Lundi 19 janvier 2015

[Extraits]

L’un des endroits dans le monde occidental où les inégalités  sont les plus faibles, c’est au Québec. L’explication est assez simple : le Québec s’est bâti un tissu social étendu pour réduire la souffrance, l’exclusion et améliorer le sort du plus grand nombre de ses citoyens. Ça s’est fait par une intervention massive de l’État dans l’économie et des impôts élevés. On aime ou on n’aime pas ce modèle, mais il est factuel de dire qu’il a contribué à maintenir un niveau d’inégalités parmi les plus bas d’Occident.

Ce modèle n’est pas celui des États-Unis, du Royaume-Uni et d’une bonne partie des pays de l’OCDE. Et c’est ce qui explique pourquoi les inégalités de richesse ne cessent de croître. Oxfam calcule, dans une étude publiée aujourd’hui, que les 1 % les mieux nantis détiendront une plus grande part de la richesse mondiale que le reste de la population mondiale en 2016. Et un total de 80 individus détiendront plus de richesse que la moitié de la population planétaire, soit 3,5 milliards de personnes, les 50 % les moins riches.

Tendance dangereuse
       ... De 2000 à 2010, la richesse des 50 % les moins nantis a progressé, sauf durant la période de la crise financière. La croissance de la richesse des 50 % les moins nantis a suivi la tendance des 80 personnes les plus riches de la planète. Ainsi, la richesse des 50 % les moins nantis est passée d’environ 600 milliards de dollars en 2002 à 2500 milliards de dollars en 2010. Au même moment, la richesse des 80 personnes les mieux nanties de la planète a progressé également, avec une pause en 2008, pour atteindre 1500 milliards en 2010. (...)
       Mais, depuis 2010, les courbes se déchaînent : la richesse des 50 % les moins nantis chute, alors que celle des 80 personnes les plus riches grandit. En 2014, les 50 % les moins riches possédaient moins que les 80 individus les mieux nantis. Ainsi, la théorie entretenue par ceux qui croient au ruissellement de la richesse, fortement contestée, ne tient pas : les riches qui s’enrichissent n’améliorent pas le sort de ceux qui sont moins choyés. On note un effet contraire : une baisse de richesse pour les 50 % les moins riches, alors que les 80 individus les mieux nantis profitent pleinement de la reprise des marchés financiers depuis 2009.
       Une projection pour les prochaines années indique une même tendance. La part de la richesse mondiale qui revient aux 1 % les mieux nantis grandira, alors que la part qui sera détenue par les 99 % de la population va décroître. (...) 
       Les marchés financiers créent de la richesse pour les plus riches. Ce sont des politiques d’éducation et de santé publiques qui vont aider les plus pauvres de notre société. Les marchés financiers ont un apport plus que modeste pour les moins bien nantis.
       L’impact des inégalités est multiple et il a été démontré, expliqué des centaines de fois par quantité d’économistes réputés, à commencer par Thomas Piketty et Joseph Stiglitz. L’une des conséquences les plus inquiétantes, et c’est l’OCDE qui l’a récemment expliqué, ce sont les troubles sociaux qu’engendrent les écarts de richesse. Le manque d’accès à l’éducation, le rejet social, une faible qualité de vie sont des contributeurs importants à la criminalité, la violence et certainement au terrorisme.

Éducation d’abord
       Améliorer le sort des moins nantis, c’est miser sur l’éducation et la santé certainement. Mais plusieurs économistes sont d’avis que le moyen le plus simple de réduire les écarts de richesse, c’est de taxer les riches, taxer les entreprises, taxer le capital. (...)

Source : http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/author/gfillion/

(1) Gérald Fillion anime RDI Économie du lundi au vendredi à 18 h 30 et à 22 h HE sur RDI. Il présente et analyse l'actualité économique à la télévision et à la radio de Radio-Canada.

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Citations du jour :

- Pourtant, pour être heureux, certains font des actes très méchants : violer, tuer, massacrer, torturer, découper, écorcher... Mais il n'est pas toujours nécessaire d'en arriver là. 
    Merci on va essayer!

- Pour des personnes c'est trop compliqué de faire les choses pour être heureux, donc ils laissent tomber et se disent qu'il vaut mieux être malheureux.

Source : Perles du bac 2014 

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