22 mars 2015

Le besoin de gagner


Le besoin de gagner

Quand un archer tire pour rien,
il maîtrise totalement sa technique.
S'il tire pour un prix en bronze,
il est déjà nerveux.
S'il tire pour un prix en or,
il devient aveugle ou voit deux cibles.
Il n’a plus tout son esprit!
Sa compétence n'a pas changé,
mais le prix divise son esprit.
Il pense à gagner plutôt qu’à tirer.
Et le besoin de gagner le prive de pouvoir.

~ Chuang Tzu

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Indifférent au succès et à l’échec

Jian Wu demanda à Shun Shu Ao :
«Vous avez été nommé trois fois premier ministre et n’en avez tiré aucune gloire, vous avez été destitué trois fois et n’avez exprimé aucun chagrin. Comment êtes-vous resté si serein?» 

«Quand le poste me fut donné, j’ai pensé que je devais refuser. Quand on me l’a retiré, j’ai pensé que je ne devais pas le retenir. 
   Je n’accorde aucune valeur à perdre ou gagner, ainsi je n’ai ressenti aucune peine. De plus, je n’ai jamais su si l’honneur revenait à la fonction ou à moi. S’il appartenait à la fonction, il ne m’était rien, s’il me revenait, il n’avait rien à voir avec la fonction.
  Considérant ces incertitudes et observant les êtres et les choses, pourquoi me serais-je inquiété des soucis mondains relatifs à la gloire et à l’humiliation?» 
 
L’homme sage est indifférent aux mots et aux tentations, nul ne peut lui faire peur, même la mort ne le trouble pas. Il n’a rien à faire des honneurs et des disgrâces.

(Chuang Tseu 2 La musique de la vie, Tsai Chich Chung; Philo Bédé, Carthame Éditions)

Le fou de Chu

Le fou de Chu rencontra un jour Confucius. Constatant l’inutilité de ses efforts pour réformer la société, il dit :
«Oh Phénix! Oh Phénix! Comme tu es bien tombé! Quand le Tao règne sur terre, le sage atteint la perfection. Quand le Tao est absent, le sage se protège et attend son heure. En des temps comme les nôtres, il est préférable de s’éloigner du trouble.
   Oublie! Oublie! En ce moment, n’essaie pas de dissiper la noirceur d’esprit des autres par ta lumineuse vertu.
   Chardon! Chardon! Ne blesse pas mes pieds, je m’en vais suivre un nouveau chemin.»
 
Un homme avisé sait quand avancer et quand reculer. On doit comprendre les nécessités de chaque situation.

(Chuang Tseu 2 La musique de la vie, Tsai Chich Chung; Philo Bédé, Carthame Éditions)

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Pensée du jour :

Qu’est-ce que cela veut dire, être superficiel? Cela veut dire être subordonné. Dépendre d’un stimulant, d’une provocation, d’une personne, dépendre psychologiquement de certaines valeurs, de certaines expériences, de certains souvenirs – n’est-ce pas là le propre d’un esprit superficiel? Lorsque je dépends de mes dévotions quotidiennes et hebdomadaires pour me sentir aidé ou exalté, ne suis-je pas superficiel? Si je dois me livrer à des gestes rituels pour maintenir mon sens d’intégrité, ou pour recapturer une émotion que j’ai déjà éprouvée, est-ce que cela me rend superficiel? Est-ce que je ne deviens pas superficiel lorsque je me «donne» à un pays, à un plan, à tel groupe politique? Tout ce processus de subordination est une fuite hors de moi-même; cette identification avec plus grand que moi est la négation de ce que je suis. Mais comment puis-je nier ce que je suis? C’est me comprendre qu’il me faut, et non pas essayer de m’identifier à l’univers, à Dieu, à un parti politique, à autre chose. Tout cela mène à une façon creuse de penser, et les pensées creuses engendrent une activité perpétuellement nocive, aussi bien à l’échelle mondiale qu’à l’échelle individuelle.
[...]
Devenant conscients du creux de votre esprit, n’essayez pas de devenir profonds. L’esprit creux ne peut jamais connaître les grandes profondeurs. Il peut accumuler beaucoup de connaissances, des informations, il peut répéter des mots – vous connaissez tout le capharnaüm des esprits superficiels, lorsqu’ils sont actifs. Mais si vous vous savez superficiel et creux, étant conscient de ce creux, observez-le dans toutes ces activités, sans juger, sans condamner et vous verrez bien vite, que la chose creuse a disparu entièrement, sans qu’il y ait action sur elle de votre part. Il y faut beaucoup de patience et d’observation, et l’absence du désir de réussir. Ce n’est qu’un esprit creux qui veut réussir. [...] Observez les activités de l’esprit sans essayer de les faire cesser; car dès que vous cherchez une fin, vous êtes de nouveau tombé dans la dualité.

~ Krishnamurti
(La première et dernière liberté; Stock 1954; 33. Sur l’esprit superficiel, p. 280)

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