26 juin 2020

Bien sage pour qui affirme ne pas l’être

Quelques bribes d’une conversation entre le journaliste Patrick Lagacé et le poète et chanteur Gilles Vigneault  

Gilles Vigneault fait les sucres
La Presse 29 mars 2020

Je ne me considère pas comme un oracle ou quelqu’un de sage. Enfin, sage : peut-être la semaine prochaine! Mais je suis une personne à risque, j’ai 91 ans, c’est la seule chose qui me donne le droit de parler...

Ce que je fais aujourd’hui? Eh bien, le Bouddha a dit : «Fais ce que tu fais d’habitude, en ayant beaucoup d’empathie.» Bouddha, j'en ai une statue dans mon jardin. Des fois, je vais la voir... Et je lui pose des questions. C’est drôle, elle me répond! Elle me dit : «Pense à l’autre.» Elle me dit : «Tu es dans l’impermanence.» Je pense que c’est ce que la pandémie nous a laissé de plus précieux : nous ne serons plus les mêmes, comme nous n’avons plus été les mêmes après la bombe atomique. Aujourd’hui, il faut des réflexions qui ne soient pas toujours conduites par les taux d’intérêt et l'argent. Des fois, je me dis : «Est-ce que nous méritons la Terre?»

 
Photo : Didier Charrette © Ben Photo / VOIR.CA / Septembre 2019

Si je m’ennuie? Je ne m’ennuie jamais! L’expression «je m’ennuie» a une curieuse signification pour moi, c’est pronominal, ça rebondit sur le pronom : je suis celui qui ennuie moi! Quand tu fais face à ça, tu te dis : «Je vais attendre que les autres m’ennuient, et là je vais me plaindre!» Je ne m’ennuie jamais. Je rêve beaucoup. Il m’arrive de parler. Mais il m’arrive beaucoup, beaucoup plus de me taire! C’est simplement un exercice de préparation pour plus tard, c’est du rodage...

Ça ne sert à rien de se confiner à écouter la peur... La peur! On la connaît, la peur. Elle arrive, laide comme un pou, on lui dit qu’elle est laide, elle retourne se maquiller et revient belle comme une déesse des variétés : faut jamais se laisser abuser par la peur!

C’est bien de prier! Mais on ne peut pas se confier qu’aux prières. Quand on se confie aux prières, on donne le job à quelqu’un d’autre. Mais quand on se confie à soi-même, là on est à l’ouvrage!

On apprend qui nous sommes dans cette pandémie, on apprend que nous sommes tous devenus responsables de nous, et du voisin. C’est extraordinaire. Ça ne nous est jamais arrivé avant. C’est un moment de réflexion, de réalisation de ce qu’est la planète, de ce qu’on est... C’est la première fois dans l’histoire de la Terre habitée qu’on a une photographie instantanée de nous-mêmes. Et chacun de nous peut faire un selfie : c’est un immense miroir qui nous dit qui nous sommes et ce que nous faisons sur cette Terre. Qui nous dit d’où nous venons. Qui nous demande : «Êtes-vous digne de cette planète?» Et on ne sait pas trop quoi répondre. C’est la première fois qu’on a une photographie qui nous renvoie notre image : est-ce qu’on continue comme ça? Oui, il faut penser à l’autre, l’autre juste à côté... L’autre qu’on a un peu oublié...

Réfléchir, c’est fléchir le genou de nouveau, s’apercevoir qu’on s’est trompé. Réfléchir, c’est s’arrêter... Il y aura un après, il en est sûr. Mais l’après se prépare maintenant.

Alors le Bouddha m’a dit ce matin : «Que fais-tu aujourd’hui?» J’ai répondu : «Du sirop!» Il m’a dit : «Continue et donnes-en à tout le monde...»

Article intégral :

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Le réchauffement climatique est un tueur en série, comme le coronavirus

Le suicide collectif amorcé avec la révolution industrielle se poursuit sans interruption, et l’ensemble des industries y veille, menaçant espèce après espèce – et la nôtre par voie de conséquence – grâce à son incomparable savoir-faire.
   On voit des désastres à la hauteur des scénarios apocalyptiques du cinéma. J’aimerais croire à la prière. Il n’y a pas de mots pour qualifier le film d’horreur qui joue en boucle à l’échelle planétaire. Restaurer des lieux, relocaliser des gens, limiter la propagation des épidémies, soigner, fournir de l’eau potable, de la nourriture, des vêtements, rétablir l’électricité... c’est un casse-tête colossal. Comment sortir de pareil bourbier? Où fuir? Il n’y a pas de refuges. C'est infiniment triste et l'on se sent impuissant devant l'ampleur de la tâche, même avec la quantité de bonnes âmes qui se dévouent.
   Pour inciter des grands pollueurs tels que l’industrie pétrochimique et l’agrobusiness à devenir éco-responsables, tout ce que nous pouvons faire est de changer nos propres habitudes de consommation et nos comportements. Sinon, ils continueront à détruire la terre sans se faire de souci.
   Quand on sait, on peut choisir, choisir d’aller d’un côté ou de l’autre selon sa propre conscience et non pas selon celle de Joe Blow à Radio-Poubelle. L’ignorance n’offre aucun choix.

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Mots du jour :

La peur mène à la panique
La panique mène à la souffrance
La souffrance mène à la haine

Optimisme : Le monde va frire, mais les eaux de la fonte des glaciers vont l’arroser.

19 juin 2020

C’est pourtant simple, non?

Les nouvelles «mesures» québécoises de distanciation physique sanitaire requièrent un minimum de math... il faudrait une application dans les smartphones pour calculer et émettre un bip nous avisant que nous avons dépassé la limite. 

Caricature : Serge Chapleau / La Presse 16.06.2020

Tout le monde s’est fié aux recommandations du Dr Arruda, appuyées sur la science selon ses dires. Mais là, on frôle le ridicule.

«Sur notre merveilleuse planète il y a une espèce qui est totalement imprévisible, irréfléchie inconséquente, et surtout tellement abrutie qu’elle ne remarque même pas que la moitié des études disponibles sur un sujet vont contredire l’autre moitié.»
(André Draw, internaute)

L’heure est au test de dépistage Covid. Mais aussi au test de patience, apparemment négatif chez plusieurs Québécois. On le voit dans les épiceries, les pharmacies et autres lieux publics, les gens ne respectent pas la distanciation physique parce qu’ils veulent dépasser les «lents»; et les masqués roulent de gros yeux réprobateurs vers les démasqués en haussant les épaules. Tolérance zéro.

«C'est une époque politique», disait George Orwell en 1948. «La guerre, le fascisme, les camps de concentration, les matraques en caoutchouc, les bombes atomiques, etc., voilà ce à quoi nous pensons quotidiennement... Nous ne pouvons pas nous en empêcher. Quand vous êtes sur un navire qui coule, vos pensées sont centrées sur les naufrages.»

À quoi pensons-nous en temps de pandémie?!

14 juin 2020

Riez derrière votre masque

@Twittakine – c’est la meilleure façon de montrer les dents au virus.

Au resto
Caricature : Serge Chapleau / La Presse 10 juin 2020 

À l’heure du déboulonnage des effigies de personnages associés à l’impérialisme, au colonialisme, au racisme, à la traite d’esclaves, etc. Christophe Colomb a été décapité en Virginie; une statue du roi de Belgique Léopold II a été couverte de graffitis à Bruxelles; une statue de Winston Churchill a été taguée «was a racist» à Londres...
   «Juger le passé avec les valeurs d’aujourd’hui? – Le rédacteur en chef Michel Guerrin, dans Le Monde du 12 juin, écrit : «Beaucoup craignent que les statues entraînent dans leur chute la complexité historique, que l’anachronisme s’impose – juger le passé avec nos valeurs d’aujourd’hui –, sans prendre en compte les facettes multiples d’un personnage.»
   Un affrontement se dessine, entre la tabula rasa exigée par les plus radicaux, et d’autres qui voudraient nuancer… Il ne fait sans doute que commencer.»

François Brousseau, Déboulonner ou non? La guerre mondiale des statues

J’imagine mal des statues à l’effigie des chefs d’état actuels!

L’école à la maison – possible d’ignorer les bouffons de la classe? 

Toujours de bonnes raisons pour nous chicaner...
Caricature : André-Philippe Côté / Le Soleil 13 juin 2020

Ma femme a recommencé à jardiner, mais elle ne me dit pas ce qu’elle va planter.




Téléréalité pour extraterrestres 

5 juin 2020

Gagnant du jour de la «distanciation sociale»


La terminologie «distanciation sociale» est-elle française? Est-elle une récupération simpliste de l’anglophone «social distancing»? Nous avons posé la question soumise par un résidant de la Rive-Sud à l’Office québécois de la langue française...

Luc Couture a mal aux yeux et aux oreilles quand il lit et écoute les reportages sur la COVID-19. «L’expression “distanciation sociale”, apparue récemment, est devenue vite une expression à la mode depuis l’arrivée de la crise du coronavirus», écrit-il. «[Elle] n’est rien d’autre qu’une bête traduction mot à mot et simpliste de l’expression anglaise “social distancing”.»

M. Couture ajoute : «En français, le sens exact de distanciation sociale est l’écart entre classes sociales. Ça n’a rien à voir avec la distance qui sépare des personnes.»

Réponse de l’OQLF

Nous avons soumis le commentaire de M. Couture à l’Office québécois de la langue française (OQLF) qui a tranché en publiant une fiche terminologique sur le Webhttp://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=26557739

Réponse courte : «Les termes distanciation sociale et distanciation physique sont présentés comme étant acceptables», indique au Soleil Chantal Bouchard, conseillère en relations médias et porte-parole.

Anglicisme ou pas, «distanciation sociale»
Baptiste Ricard-Châtelain / Le Soleil, 2 avril 2020


L’expression «distanciation physique sanitaire» me semblerait adéquate.

Rappel des consignes :