31 octobre 2015

Les bonbons sont-ils bons?


Le montant dépensé par les Canadiens en bonbons, confiseries et grignotines selon les ventes enregistrées par les grands détaillants en octobre 2014 : 397,7 millions de dollars (Statistiques Canada). La plupart de ces friandises méritent d’aller droit aux ordures – encore un peu plus de gaspillage.

Que cachent les vibrantes couleurs des bonbons, si attirantes pour les enfants? Du fructose de sirop de maïs, bien sûr, mais aussi des ingrédients pas mal plus horrifiants que les monstres de l’Halloween – entre autres, des saveurs artificielles, des OGM et des agents de conservation carcinogènes.

Certains colorants nocifs sont encore utilisés dans les bonbons et les jus de fruits : Bleu # 1 et 2, Vert # 3, Rouge # 3 et 40, Jaune # 5 et 6. Entre 1985 et 2010, Betty Crocker et Con-Agra ont intégré dans leurs produits 200 000 livres de Rouge # 3, et 5 millions de livres de produits chimiques, incluant la benzidine et la tartrazine. Ces ingrédients sont reconnus pour avoir des incidences sur la santé – asthme, urticaire, rhinites, troubles de la vue, insomnies, allergies, hyperactivité, et ils sont possiblement cancérigènes, avec effets mutagènes et tératogènes.

Qui sont les personnes les plus vulnérables à ces poisons? Les enfants. Mais les adultes ne sont pas épargnés pour autant...

Le plus étonnant est sans doute le Rouge Carmin classé «colorant naturel» par la FDA car la teinture dérive de coccinelles broyées! On a constaté qu’il provoque de graves réactions allergiques. Franchement! quand on pense aux nombreuses plantes inoffensives dont on peut obtenir du rouge (pommes grenades, canneberges, betteraves, etc.) on se demande pourquoi les fabricants n’utilisent pas ces alternatives.

Tout n’est pas perdu

Plusieurs fabricants offrent maintenant des friandises de qualité, et la plupart sont en plus associés au marché équitable. Par exemple : Justin’s Candy Bars, Boom Chicka Pop Kettle Corn (mon maïs soufflé préféré...), Equal Exchange Milk Chocolate Minis, Yummy Earth Organic Pops, Heavenly Organics Chocolate.

Pour plus de détails (Care2) : 

Michelle Schoffro Cook
http://www.care2.com/greenliving/what-exactly-are-the-colors-in-candy.html

Jordyn Cormier
http://www.care2.com/greenliving/6-healthy-halloween-candies-to-replace-your-favorites.html

30 octobre 2015

Mon refuge d’hibernation


La citrouille ne se changera pas en carrosse doré le 31 octobre à minuit; c’est juste le retour de l’heure normale. Donc, je prépare mon hibernation avec soin.

En principe, si nous suivions les pulsions naturelles de la physiologie de l’hibernation, nous mangerions beaucoup en automne, puis nous nous endormirions dans notre trou jusqu’au printemps. Malheureusement infaisable…

«Lorsque les jours raccourcissent avec l’arrivée de l’automne puis de l’hiver, près d’une personne sur trois ressent un changement dans son énergie et ses impulsions. Ces changements semblent inspirés de la physiologie de l’hibernation : des nuits longues, un réveil difficile, une envie constante de pain, pommes de terre, pâtes, chocolat, bonbons, une baisse d’énergie et de la libido, une perte de motivation pour les projets nouveaux, des pensées ralenties… Entre les mois de novembre et mars, pour près de 10% des gens qui vivent au-dessus du 40e parallèle (Madrid en Europe, New York en Amérique), ces symptômes prennent la proportion d’une véritable dépression. Le plus frappant, c’est que ces symptômes sont bien davantage physiques que psychologiques
~ David Servan-Schreiber (Guérir le stress...) 

Article intégral : http://artdanstout.blogspot.ca/2014/01/physiologie-de-lhibernation.html

Et puis, certains ont tendance à boire de l’alcool pour se réchauffer. Alors :

Carlton cards

29 octobre 2015

Pourquoi s’émerveiller?

Comme le suggère William Martin dans Walk in Beauty, la capacité de s’émerveiller remplace adéquatement la religion, la prière et la dévotion. Il suffit d’admirer un ciel étoilé, un oiseau s’envoler, une fleur s’ouvrir, un bébé sourire, pour qu’un sentiment de gratitude monte spontanément. Mais, il faut prendre le TEMPS de s’arrêter.


Walk in Beauty

I follow no Jesus, Mohammed, or Buddha
but when I consider the idea that
the Mystery which I call the Tao somehow
brought into being what I call the universe;
which managed to evolve what I call consciousness,
is what I call amazing!
To be amazed each day is quite enough
religion to fill me with awe and reverence.
To see it all with gratitude and wonder
is quite enough prayer to move mountains.
To walk in beauty is quite enough worship
to satisfy the most demanding of deities.

William Martin http://www.taoistliving.com/

«Dans les instants d'émerveillement, on parvient aisément à sortir de la petitesse, à élever son esprit aux dimensions de l'univers jusqu'à embrasser le tonnerre et le murmure, le bon et le mauvais, le proche et le lointain.»
~ Nicole et Émile Martel (L'histoire de Pi)

-------

La méditation : pour quoi faire?

Zen! La méditation pour les nuls
Stephan Bodian
First Edition, 2002
http://stephanbodian.org/category/blog/

[Extraits du chapitre 2]

Même si vous avez du mal à l’admettre, tout du moins publiquement, votre vie ne répond pas toujours à vos attentes. Il en résulte une souffrance – due au stress, à la déception, à la peur, à la colère, à l’indignation, aux blessures infligées et à beaucoup d’autres émotions tout aussi désagréables. La méditation enseigne comment appréhender les circonstances difficiles et les émotions et tensions qu’elles engendrent avec équilibre, sérénité et compassion.

Le mythe de la vie parfaite
Au cours de ma vie de psychothérapeute et de professeur de méditation, j’ai remarqué que beaucoup de personnes souffraient uniquement parce qu’elles comparaient leur existence à une image idéalisée de ce que devrait être la vie. Amalgame hétéroclite de conditionnement infantile, de messages médiatiques et de désirs personnels, cette image erronée est tapie dans l’ombre et fait office de référence à laquelle tout succès, échec, événement est comparé et jugé. Arrêtez-vous un instant pour analyser votre propre image de la vie. [...]

Lorsque tout s’effondre
[...] La vie n’offre pas que la maladie et la mort : elle procure aussi d’extraordinaires moments d’amour, de beauté, d’Émerveillement, et de plaisir. Mais, en Occident, nous avons tendance à occulter la partie sombre de la vie. Nous reléguons nos personnes âgées ou en fin de vie dans des maisons de repos ou des hospices, nous sommes devenus indifférents aux sans domicile, cantonnons les minorités appauvries dans des cités-ghettos, enfermons les handicapés dans des hôpitaux ou des asiles et tapissons nos panneaux d’affichage et nos couvertures de magasines de sourires radieux, incarnations de la jeunesse et de la prospérité. 
   Mais en vérité, la vie est une riche et curieuse interaction entre l’ombre et la lumière, le succès et l’échec, la jeunesse et la vieillesse, le plaisir et la douleur et, bien entendu, la vie et la mort. Les événements changent tout le temps, semblant se désagréger à un moment donné pour se recomposer au suivant. Comme le décrit le maître zen Shunryu Suzuki, en permanence toute chose «est bouleversée dans un contexte d’équilibre parfait». [...]

Gérer les situations postmodernes difficiles
L’inconstance des conditions de vie n’est un secret pour personne – les pandits et les sages ont divulgué cette vérité depuis longtemps. Mais jamais encore les changements n’avaient été si envahissants et si incessants – touchant si profondément nos vies – qu’au cours des dix à quinze années passées. Les journaux et la télévision nous inondent de statistiques et d’images de violence et de famine, de déprédation de l’environnement, d’instabilité économique, qui décrivent un monde de plus en plus décousu. 
   Plus concrètement, vous avez peut-être perdu votre travail à cause du rachat de votre entreprise, brisé votre couple suite à une mutation lointaine, été victime d’un crime violent ou perdu une petite fortune sur un marché volatile. Peut-être consacrez-vous toute votre énergie à chercher une solution pour garder une longueur d’avance dans un environnement de travail très compétitif ou peut-être ne dormez-vous plus la nuit, angoissé par la vague de changement qui pourrait venir vous emporter. Avez-vous reconnu – ou vivez-vous – l’une de ces situations? 
   Les sociologues appellent cette période le postmodernisme. Le changement continuel y est érigé en mode de vie et les valeurs et vérités séculaires rapidement démantelées. Mais comment avancer dans la vie lorsqu’on ne sait même plus ce qui est vrai ni comment trouver la vérité? Doit-on la chercher sur l’Internet, dans la bouche des prophètes du petit écran? 
   En dépit des avantages incontestables de tous les gadgets électroniques devenus indispensables depuis les années 1980, vous avez peut-être remarqué que plus vous communiquiez vite, moins vous aviez de véritable contact riche et sérieux avec les autres. [...]
   Ces changements incessants ont un prix émotionnel et spirituel élevé que l’on a tendance à démentir dans notre effort collectif pour accentuer l’aspect positif et nier le négatif. Voici quelques-uns des effets secondaires négatifs de la vie de notre époque : 
   L’anxiété et le stress : Lorsque le sol commence à trembler sous vos pieds, votre première réaction alors que vous essayez de rétablir votre équilibre, est de vous alarmer ou d’avoir peur. Cette réponse des tripes a été génétiquement programmée par des millions d’années de vie dangereuse. Aujourd’hui, malheureusement, les secousses ne s’arrêtent plus et les petites peurs s’accumulent et se figent en tension et stress continuels. Votre corps se sent perpétuellement préparé à affronter la prochaine attaque de difficultés et de responsabilités – l’empêchant pratiquement de se relaxer et d’apprécier un tant soit peu la vie. En décontractant votre corps et réduisant votre stress, la méditation peut vous apporter un antidote bienvenu.
   La fragmentation : Autrefois, les gens vivaient, faisaient leurs courses, travaillaient, élevaient leurs enfants et se divertissaient au sein d’une même communauté. Tous les jours, ils voyaient les mêmes visages, se mariaient pour la vie, gardaient le même emploi et voyaient même leurs enfants élever leurs propres enfants tout près d’eux. Aujourd’hui, beaucoup habitent loin de leur lieu de travail, les enfants sont confiés à des nourrices, des baby-sitters et nous sommes obligés de gérer les emplois du temps de chacun au téléphone. Il est devenu de plus en plus improbable de garder le même travail toute sa vie, ni même d’ailleurs le même conjoint. Bien souvent, les enfants grandissent et partent à leur tour chercher du travail. S’il est impossible d’empêcher cette fragmentation, la méditation permet d’établir un lien avec une intégralité plus profonde que les événements extérieurs ne viennent pas perturber. 
   L’aliénation : Ne soyez pas surpris de vous sentir totalement stressé si votre vie semble n’être constituée que de bric et de broc. En dépit des statistiques et indices de prospérité, nombreux sont ceux qui subsistent avec un travail purement alimentaire, qui ne sert qu’à payer les factures sans donner ni but ni sens des valeurs. La tendance actuelle serait à un retour dans les petites villes pour retrouver le sens de la communauté. À chaque élection, la désertion des bureaux de vote s’amplifie, de plus en plus de gens ne croyant plus en leur pouvoir de faire changer les choses. Jamais auparavant les hommes ne s’étaient sentis si aliénés, non seulement de leur travail et de leur gouvernement mais aussi des autres, d’eux-mêmes et de leur propre être essentiel. Et la plupart n’ont pas la capacité ou le mode d’emploi pour se reconnecter! En comblant le gouffre qui nous sépare de nous-mêmes, la méditation permet de guérir notre aliénation envers les autres et le monde dans son ensemble. [...] 
   La solitude et l’isolement : La difficulté de trouver un emploi, l’éclatement des ménages et le manque de temps a abouti à l’éloignement des membres de la famille qui perdent contact avec ceux qu’ils connaissent et chérissent. J’ai entendu récemment sur une radio américaine une publicité vantant les mérites d’un pack Net pour la famille. Puisque les dîners en famille étaient devenus obsolètes, pourquoi ne pas acheter un Family Net – un téléphone portable pour le père, la mère et les enfants afin qu’ils puissent rester en contact! Difficile de résister aux forces qui nous séparent! La méditation fait en sorte que chaque moment ensemble se transforme en un moment «de grande qualité».
   La dépression : La solitude, le stress, l’aliénation, l’absence de sens ou d’objectif profondément ancré conduisent certaines personnes à la dépression. Dans un pays de recordman de la consommation de tranquillisants et d’antidépresseurs où le Prozac est devenu un terme ménager, plusieurs millions de personnes avalent quotidiennement des médicaments psychotropes pour ne pas souffrir de la vie moderne. La méditation, elle, vous aide à vous connecter avec votre source intérieure de bien-être et de joie qui dissipe naturellement les nuages de la dépression. 
   Les maladies liées au stress : L’augmentation progressive des maladies liées au stress – qu’il s’agisse de céphalées hypertensives, de brûlures d’estomac, de maladies cardiaques ou de cancers – reflète notre incapacité collective à gérer l’instabilité et la fragmentation de notre époque. Elle alimente en outre l’industrie pharmaceutique qui ne parvient à masquer que par moments les problèmes plus profonds de peur, de stress et de désorientation. Comme l’ont montré bon nombre d’études scientifiques, la pratique régulière de la méditation permet de renverser les attaques de maladies liées au stress.

Le bonheur : taper comme un pic-bois sur un iPad...  

Quatre «solutions» en vogue qui ne fonctionnent pas vraiment
Avant d’achever la litanie des malheurs du postmodernisme et de vous proposer des solutions qui marchent, j’aimerais que nous survolions quelques approches très prisées de gestion du stress et de l’incertitude qui créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. 

   La dépendance : En détournant les personnes de leurs souffrances, en les encourageant à laisser de côté leurs soucis et préoccupations et en modifiant la chimie du cerveau, la dépendance imite certains des bénéfices de la méditation. Malheureusement, elle fixe l’esprit sur une substance ou une activité dont on ne peut plus se défaire – drogues, alcool, sexe, jeu, etc. Il devient alors difficile de s’ouvrir aux merveilles du moment ou d’entrer en contact avec une dimension plus profonde de l’être. La majorité des dépendances entraînent un mode de vie autodestructeur qui aboutit à une intensification des problèmes que la personne voulait au départ fuir. 
   Le fondamentalisme : En proposant une réponse simple et superficielle aux problèmes complexes, un sens et un sentiment d’appartenance et en rejetant un grand nombre des fléaux évidents du postmodernisme, le fondamentalisme – tant dans sa forme religieuse que politique – offre un refuge contre l’ambiguïté et l’aliénation. Les fondamentalistes divisent malheureusement le monde en deux blocs : le blanc et le noir, le bon et le mauvais, nous et les autres, ce qui ne fait en fin de compte qu’attiser l’aliénation, les conflits et le stress. 
   Les divertissements : Lorsque vous vous sentez seul ou aliéné, il vous suffit d’allumer la télé ou de vous rendre au cinéma le plus proche et de vous jeter sur la dernière nouveauté. Cela calme votre anxiété et apaise votre souffrance. En plus de divertir, les médias donnent l’impression de recréer un esprit communautaire en établissant un contact entre les gens et le monde autour d’eux. Mais il est impossible d’avoir une conversation à cœur ouvert avec une vedette de télévision ni d’embrasser son acteur préféré! Sans oublier que les médias – intentionnellement ou non – manipulent nos émotions, remplissent nos têtes d’idées et d’images de la culture populaire et dirigent notre attention en dehors de nous-mêmes – au lieu de nous donner la possibilité de découvrir ce que nous savons, pensons et éprouvons vraiment. 
   Le consumérisme : Le consumérisme est une fausse réponse aux maux de la vie, fondée sur la croyance que la solution consiste à vouloir et avoir toujours plus – plus de nourriture, plus de biens, plus de vacances, plus de tout ce que les cartes de crédit peuvent acheter. Comme vous l’avez déjà peut-être compris, le plaisir s’estompe vite et vous planifiez activement votre prochain achat – à moins que vous n’essayiez de trouver un moyen de régler les factures de cartes de crédit qui tombent avec une précision d’horloge à la fin de chaque mois. J’en ai dit assez?

Comment survivre au XXIe siècle – avec la méditation
[...] Comme nous l’avons déjà vu dans ce chapitre, la méditation apporte un antidote bienvenu à la fragmentation, l’aliénation, l’isolement et le stress – et même aux maladies liées au stress ou à la dépression. Elle ne va certes pas résoudre vos problèmes extérieurs mais elle vous aidera à développer la résistance intérieure, l’équilibre et la force pour trouver des solutions créatives. 
   Pour avoir une idée du fonctionnement de la méditation, imaginez que votre corps et votre esprit constituent un ordinateur complexe. Au lieu d’être programmé pour ressentir la paix intérieure, l’harmonie, la sérénité et la joie, vous avez été programmé pour répondre aux inévitables hauts et bas de la vie avec stress, anxiété et frustration. Mais vous avez la capacité de modifier la programmation. En mettant de côté les autres activités, en vous asseyant tranquillement et en vous adaptant au moment présent pendant 10 à 15 minutes chaque jour, vous construisez un ensemble de nouvelles réponses et vous vous programmez pour connaître des émotions et des états mentaux plus positifs. Ou imaginez que la vie soit un océan dont les vagues agitées et bouillonnantes en surface représentent les hauts et les bas de la vie. Grâce à la méditation, vous plongez en profondeur pour trouver une eau plus calme et homogène. 
   La méditation est un moyen de transformer le stress et la souffrance en sérénité et tranquillité d’esprit.

Les bénéfices psychophysiologiques de la méditation

Les bénéfices physiologiques :
- Le ralentissement du rythme cardiaque pendant la méditation silencieuse
- Une diminution de la tension artérielle chez les sujets normalement ou modérément hypertendus
- Un rétablissement plus rapide après une période de stress
- Une augmentation du rythme alpha – activité électrique cérébrale lente et de haute amplitude qui apparaît lors du repos ou de la relaxation
- Une meilleure synchronisation – c’est-à-dire un fonctionnement simultané – des deux hémisphères gauche et droit du cerveau
- Une diminution des taux de cholestérol sérique
- Une consommation plus faible d’énergie et d’oxygène
- Une respiration plus profonde et plus lente
- La relaxation des muscles
- Une réduction de l’intensité de la douleur

Les bénéfices psychologiques :
- Une meilleure empathie
- Une meilleure créativité et réalisation de soi
- Une précision et une sensibilité perceptives accrues
- Une régression de l’anxiété chronique ou aiguë
- Un complément à la psychothérapie et aux autres approches dans le traitement de la dépendance

28 octobre 2015

L’envers de la broderie


Je suis bouche bée devant les portraits de Cayce Zavaglia. Essayez d’imaginer le nombre de piqûres d’aiguille : tout est cousu à la main avec du fil de coton, de soie ou de laine à tapisserie! Sa technique est stupéfiante et le résultat tout autant : des portraits d’amis, de la famille ou d’artistes qui nous regardent dans les yeux : «le regard du sujet centré sur le spectateur est constant dans mon oeuvre», dit-elle. 

Elle a troqué la peinture à l’huile contre la broderie il y a une douzaine d’années parce qu’elle voulait travailler dans un studio non-toxique. C’est en se souvenant d’une broderie réalisée dans l’enfance qu’elle a eu l’idée d’explorer la technique.

«De loin, on dirait des peintures hyper réalistes et c’est seulement en les examinant de près que le véritable ouvrage de construction se révèle. Au fil des ans, j'ai mis au point une technique qui me permet de mélanger des couleurs, des tonalités et des textures qui donnent l’illusion d’un tableau à l'huile classique. Le sens donné aux fils imite les traces des coups de pinceau superposés et créent la profondeur, le volume et la forme. Ma façon de broder est aux frontières du trouble obsessionnel, mais ultimement cela me permet de représenter la texture de la peau, des cheveux et des tissus comme en peinture.»

Détail des points de broderie

Folie, obsession, passion? Il est vrai que la passion ne requiert ni patience ni détermination tant que l’intérêt, la fascination et la curiosité restent à l’avant-plan.

Un jour, en observant attentivement l’envers d’une broderie, Cayce Zavaglia a entrevu la possibilité de nouvelles images. Le verso chaotique avec ses noeuds et ses fils lâches était très différent du recto lisse et méticuleusement brodé... et peut-être plus profond psychologiquement : «Cette découverte a suscité un ‘retour à la peinture’ avec une série de reproductions des ‘verso’ à la gouache ou à l’acrylique. L’envers des broderies, toujours caché au spectateur, reflète peut-être la divergence entre le moi affiché et le moi privé.» 

Verso de la broderie

Reproduction du verso; tableau à l'acrylique


Vidéo – onglet ‘News’ : http://www.caycezavaglia.com/

Leonard Cohen disait à propos du processus créatif : «Avant d’abandonner, nous devons avoir investi tout ce que nous avions pour que l'image complète se révèle d’elle-même. Cela s'applique à tout, du travail à l’amour.»

Ressources de base pour donner libre cours à la créativité

La créativité jaillit de l’intérieur. Nos ressources créatives sont illimitées, mais pour en profiter, il faut leur ouvrir la porte, faire confiance, et être réceptif aux idées de de la «Twilight Zone»...

L’intuition
L’intuition est la connaissance immédiate d’une chose sans passer par le processus du raisonnement; elle se présente souvent comme un éclair de perspicacité inattendu.

La volonté
La volonté est l’énergie qui nous permet de réaliser nos buts. Les créateurs ont souvent l’impression d’avoir une mission qui les pousse malgré eux à aller de l’avant en dépit des obstacles.

Le courage
On décrit souvent la créativité comme une percée car pour briser le mur de la peur et de la critique qui menace de nous bloquer, il faut du courage. La créativité implique de prendre des risques; le courage nous permet d'utiliser notre intuition et notre volonté.

La compassion
La compassion appliquée à soi contribue à calmer la voix du critique intérieur qui nous décourage de prendre des risques.

La joie
Lorsque la joie imprègne une activité, la pratiquer est en soi l’unique récompense.

À quoi ressemblerait notre vie si nous exploitions pleinement nos ressources intérieures? 

26 octobre 2015

Mélomanie du jour : Charles Richard-Hamelin

Photo : La Presse

Je me réjouis doublement car ce pianiste est aux antipodes des concurrents-robots dont la technique est parfaite mais l’interprétation dépourvue d’âme...

---
Parmi ses concurrents, il apprécie beaucoup le Polonais Nehring, «qui a joué un très beau 1er Concerto, avec plus d’esprit et d’âme que d’autres, qui ne font aucune faute, mais avec lesquels on quitte la salle sans que notre vie soit changée.»
http://www.ledevoir.com/culture/musique/453078/charles-richard-hamelin-prime-au-concours-chopin

---
Charles Richard-Hamelin, a remporté la médaille d'argent du 17e Concours International de Piano Frédéric-Chopin à Varsovie, qualifié d'Olympiques du piano. Il a ainsi reçu une bourse de 25 000 € pour son interprétation du deuxième concerto de Chopin. Il a également reçu le prix Krystian Zimerman pour la meilleure interprétation d'une sonate. 
    «Juste faire la finale de ce concours vaut plus que beaucoup de premiers prix internationaux. J'étais tellement content d‘être là que j'étais moins nerveux pour le concerto», dit le musicien au sujet du grand sourire qu'il affichait lors de la finale. «S'il n'y a pas de plaisir dans l'acte de faire de la musique, il n'y a pas grand-chose. Ça dépend du caractère de la pièce, mais pour ce qu'on vit ensemble, s'il n'y a pas un petit sourire en coin, on manque le bateau, je pense.» (C. Richard-Hamelin) 
(Émission Médium large, ICI-Radio-Canada Première, 21/10/2015)

Site du pianiste : http://www.charlesrichardhamelin.com/biographie/

Si vous êtes amateur de concours vous avez sans doute entendu des extraits du concerto, alors je vous propose quelque chose de différent (une exclusivité d'ICI Radio-Canada Musique) :
FRATRES d’Arvo Pärt interprété par Stéphane Tétreault et Charles Richard-Hamelin.


25 octobre 2015

Va-t-en, arrête de détruire ma maison!

«Marche doucement, car tu marches sur mes rêves.» ~ William Buttler Yeats

Image : Chris Westwood / The Sun

Fou comme brume mêlée de neige
William Buttler Yeats 

Verrouille bien le volet
Puisque les vents se déchaînent.
Nous voyons vraiment clair ce soir
Et j'ai l'impression que je sais
Que là-dehors tout est fou
Comme brume mêlée de neige.

Horace ici, près d'Homère  
S'étale, et Platon dessous
Près d'un Cicéron grand ouvert.
Que de temps depuis que tous deux
Nous étions ignares, et fous
Comme brume mêlée de neige!

Vous me demandez, mon ami,
Pourquoi je soupire et frissonne?
C'est de comprendre que même
Cicéron, et Homère qui
En savait tant, furent fous
Comme brume mêlée de neige.

24 octobre 2015

Le réseau de complices

Aussitôt que je me réconcilie avec la race humaine, je reçois une gifle.

Les nations autochtones n’arrivent pas à sortir du cercle vicieux où nous les tenons en otage depuis des siècles. Suprématie oblige!

Femmes autochtones disparues.

Mon pays rêvé ou la Pax Kanata
Myra Cree *

Mon pays rêvé commence, à l’évidence,
au lendemain d’un ultime référendum,
une fois le «verduct rendi»
pour écrire comme l’ineffable Jean Chrétien parle.
L’autonomie nous est acquise,
nous avons notre propre Parlement,
Il y a dorénavant trois visions de ce pays.
Au Québec, on est copains comme cochons avec la
     communauté francophone
qui s’est mise à l’étude des langues autochtones.
Nos réserves, sur lesquelles nous en émettions tant,
sont devenues des colonies de vacances
et nos chefs, qui se répartissent également
entre hommes et femmes, de gentils organisateurs.
À Kanesatake, où j’habite,
y’a du bouleau et du pin pour tout le monde.
Le terrain de golf a disparu
et tous, Blancs et Peaux-Rouges (je rêve en couleurs)
peuvent, tel qu’autrefois, profiter de ce site enchanteur.
Nos jeunes ne boivent plus, ne se droguent plus,
la scolarisation a fait un bon prodigieux.
Tout va tellement bien dans nos familles
(il n’y a plus trace de violence)
que l’association Femmes autochtones du Québec
s’est recyclée en cercle littéraire.
Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir
vient d’être traduit en mohawk;
l’XY de l’identité masculine, d’Elizabeth Badinter,
devrait l’être en montagnais pour le Salon du livre
qui se tiendra à Kanawake,
et L’Amant de Duras, en inuktitut
(ça va dégivrer sec les iglous).
Il est question que Marie Laberge soit jouée en cri
et Denys Arcand s’apprête à tourner une comédie musicale,
musique de Pierre Létourneau, inspirée de la vie
     d’Ovide Mercredi,
qui a accepté de jouer son propre rôle.
Titre provisoire : Je veux t’aimer tous les jours de la semaine.
Bref, c’est beau comme l’antique,
tout le monde il est content, tout le monde il est gentil,
on est bien TRAITÉ.
Je me pince pour y croire, trop fort sans doute,
car c’est à ce moment-là que je me suis réveillée.

Avec mes meilleurs vœux,
que l’an prochain,
si nous ne sommes pas plus,
nous ne soyons pas moins.

(Terres en vues, vol. 3, no 4, 1995, p. 23)

* Myra Cree (1937-2005) est originaire de Kanesatake (Oka) où elle a demeuré toute sa vie. Sa carrière d’animatrice pour la radio de Radio-Canada lui a valu plusieurs prix et distinctions. [Cette satire] fait partie d’une série intitulée Les bouts rimés de Myra Cree, publiée dans la revue Terres en vues entre 1995 et 1996 comme une sorte d’éditorial alternatif.

Source : Littérature amérindienne du Québec, Écrits de langue française; rassemblés et présentés par Maurizio Gatti (Société d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009)

Un reportage de Josée Dupuis et d'Emmanuel Marchand pour Enquête présente les témoignages bouleversants de nombreuses femmes autochtones, qui, pour la première fois, prennent la parole et dénoncent publiquement le mépris, les sévices sexuels, les abus de pouvoir et l’intimidation qu'elles subissent de la part de ceux qui normalement devraient les protéger : les policiers. Une enquête sur les agents de la Sûreté du Québec de Val-d'Or a été confiée au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) au lendemain de la diffusion. 
   «Ils m'ont brutalisée. J'avais 16 ans. Ils m'ont cassé le bras, ils m'ont ramassée, ils étaient huit sur moi. J'étais toute seule. Bien souvent, ils m'embarquaient, pis au lieu de m'emmener au poste de police, ils m'emmenaient dans un autre endroit. [...] On allait dans un chemin dans le bois, pis là ils me demandaient de faire une fellation. J'en ai connu six ou sept agents de la SQ qui me demandaient de faire des fellations.»
~ Bianca Moushoun, 26 ans 
   Tout ça à l’abri des regards. Priscillia Papatie et Bianca Moushoun nous ont conduits vers l'un de ces endroits à l'extérieur de la ville. Un petit chemin forestier. «C'était ici que les policiers venaient débarquer des filles», raconte Bianca, montrant le chemin devant elle. «Elles se faisaient demander des affaires et se faisaient laisser là. (...) Pis les filles marchaient tout ça pour revenir au centre-ville», poursuit Priscillia. 
   Porter plainte à la police, surmonter sa peur, c’est un défi immense pour une femme autochtone. Certaines l’ont fait. Mais ces plaintes sont restées sans réponse.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2015/10/cindy-ruperthouse-femmes-autochtones/index.html  

En effet, quand on connaît la solidarité qui existe au sein des fraternités de policiers et de militaires, porter plainte est doublement anxiogène – peut-on faire confiance à un collègue de l’agresseur, espérer être entendu et dénoncer sans représailles? Hum. 

À l’émission Le 15-18, (ICI Radio-Canada Première)  Alexis Wawanoloath avouait qu'il n'était malheureusement pas surpris : «C'est un problème de racisme, carrément. Encore aujourd'hui, on ne comprend pas la réalité des Premières Nations. En particulier chez les policiers en région, le racisme est très présent.» Il a été député d'Abitibi-Est et a travaillé à la réserve de Lac-Simon, située près de Val-d'Or. Il connaît très bien la réalité autochtone sur le terrain. «J'avais entendu cette histoire il y a trois ans, mais les femmes à ce moment-là ne voulaient pas parler. (...) Nous faisons face à un réel problème de société. Nous ne sommes pas encore sortis de cette logique coloniale.» (1)

Le racisme est nouveau en Amérique 
Georges Sioui *
(Extraits)

«Le lendemain de leur retour, mes deux fils parlèrent en conseil de quantité de gens qu’ils avaient vus en France réduits à quémander un peu de nourriture à des compatriotes français à qui rien ne manquait, lesquels se montraient très souvent insensibles à la peine et à la misère de ces gens, qui étaient leur propre peuple. Ils parlèrent d’une autre chose tout aussi monstrueuse, dont il me fut malheureusement donné de témoigner cette même année de 1535 ... Cette expérience horrible fut d’observer que plus quelqu’un avait le teint foncé, plus il devait s’attendre à être traité durement et injustement...»

«Au milieu de la nuit, je fus éveillée par deux hommes ivres. Ils entrèrent où j’étais en vociférant. L’un d’eux, assez vieux et le regard méchant, voulut me pousser vers mon grabat. L’autre, plus jeune mais très laid, m’arracha à lui et me serra si fort que je criai... Ils voulurent m’arracher mes vêtements, mais je me sauvai. Je montai vivement une échelle et réussis à trouver un petit recoin où, tremblante de peur et de froid, je passai le reste de la nuit. (...)
   Mes deux frères capturés l’année antérieure par les mêmes hommes nous ont dit, à leur retour, que les hommes blancs sont susceptibles d’utiliser leur force et leur statut de mâles pour violenter les femmes et les déshonorer. (...) 
   Or, puisque pauvreté, teint foncé et croyances différentes vont généralement ensemble, ces femmes sont des victimes de ce que l’on nomme ‘racisme’.»

(Écrire contre le racisme : le pouvoir de l’art, Montréal, Les 400 coups, 2002, p. 20-22) 

* Né à Wendake en 1948, Georges Sioui est professeur au Département d’études anciennes et de sciences des religions et coordonnateur du programme d’études autochtones à l’Université d’Ottawa.

Source : Littérature amérindienne du Québec, Écrits de langue française; rassemblés et présentés par Maurizio Gatti (Société d’édition Bibliothèque Québécoise, 2009)

--------

(1) Quelle que soit l’époque, quand une nation ou un empire colonialiste s’empare d’un pays, l’envahisseur se conduit plus sauvagement que les sauvages qu’il veut «civiliser», convertir ou exterminer.

Napoléon aurait dit que «la religion servait à empêcher le pauvre de tuer le riche».

J’ai sauté au plafond la première fois que j’ai lu des passages du rapport d’enquête Hidden No Longer; Genocide in Canada, Past and Present par Kevin D. Annet, non pas tant à cause des méthodes génocidaires utilisées – ce sont toujours les mêmes horreurs! – mais parce que nous ne savions rien de ce qui se passait. 
   Qui étaient les assassins? De fervents chrétiens supposés suivre religieusement le Décalogue qui stipule entre autres : «tu ne tueras point», «tu ne déroberas point», «tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain» – ah mais... le mot «prochain» n'incluait pas les autochtones, bien entendu, puisqu’à leur point de vue, ils avaient le statut d’animaux
   Ils ont plutôt appliqué le code du Deutéronome :
“When the Lord your God brings you into the land you are entering to possess, and drives out before you many nations, and you have defeated them, then you must destroy them totally. Make no treaty with them and show them no mercy. Do not allow any of them to live. This is what you are to do them: break down their altars, smash their sacred stones, cut down their trees and burn them in the fire. For you are a people chosen by the Lord over all others on the face of the earth.” ~ From the Old Testament of the Bible; Deuteronomy 7: 1-2, 5-6

The stories, documentation and other evidence in this book are based in part on the living testimonies of nearly three hundred survivors of thirty eight separate Indian residential or hospitals across Canada. These accounts were offered freely and unconditionally in open public forums, or in private interviews, between December 1995 and July 2010. All documents, letters, photos and other evidence were obtained from public records of the Department of Indian Affairs (the RG 10 series) held in the microfilm section of the Koerner Library, University of British Columbia, from newspaper archives, and from the public internet or private collections. 

Versions web et PDF :
http://fr.scribd.com/doc/86619003/Hidden-No-Longer-Genocide-in-Canada-Past-and-Present-by-Kevin-D-Annett-M-A-M-Div


«Cette histoire de génocide délibéré implique tous les niveaux de gouvernement au Canada, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chaque église dominante, les grandes entreprises, la police locale, des médecins et des juges. Le réseau de complices de cette machine à tuer était, et demeure, si vaste que sa dissimulation a nécessité une procédure complexe de camouflage conçue par les hautes sphères du pouvoir au pays. Le cover-up se poursuit, surtout que maintenant des témoins oculaires des meurtres et des atrocités commis par l'Église dans les «pensionnats» sont révélés pour la première fois : 
   On entend toujours des histoires au sujet de tous les enfants qui ont été tués à Kuper Island. L’existence du cimetière au sud de l’école, où l’on enterrait les bébés des jeunes filles violées par les prêtres, a été ignorée jusqu'à ce qu'il soit creusé par les prêtres à la fermeture de l’école en 1973. Les religieuses pratiquaient les avortements et parfois elles tuaient les mères. Il y avait beaucoup de disparitions. Ma mère, âgée de 83 ans maintenant, a vu un prêtre descendre un escalier en traînant une fille par les cheveux; la jeune fille est morte. Des filles ont été violées, tuées et enterrées sous le plancher. Nous avons demandé à la GRC de la région d'exhumer cet endroit et de rechercher les restes, mais ils ont toujours refusé jusqu’à récemment, en 1996. Le caporal Sampson nous a même menacés. Ce genre de cover-up est la norme. Les enfants ont délibérément été mis en contact avec des malades atteints de tuberculose à l'infirmerie. C'était une procédure standard. Nous avons recensé 35 meurtres sur une période de sept ans.» ~ Témoignage de Diane Harris au Tribunal IHRAAM, le 13 juin 1998 (agente en santé communautaire pour le Conseil de bande Chemainus, Vancouver) 
   Vidéo documentaire (en anglais) : http://hiddennolonger.com/

18 octobre 2015

Ce mail me réconcilie avec les humains

En regardant cette photo, je ressentais ce que le secouriste avait éprouvé. Du bonbon pour le cœur.

Les cygnes sont généralement très territoriaux et n'aiment pas la compagnie des humains, mais Richard Wiese (1) a vécu un moment intense et touchant lors d’une opération de sauvetage organisée par une fondation qui rescape les oiseaux blessés (Angleterre).


«Je l'ai soulevé et j’ai doucement pressé sa poitrine pour qu'il se sente en confiance et en sécurité. Après quelques instants, le cygne a cessé de résister et s'est littéralement enroulé autour de mon cou. Je pouvais sentir son coeur battre contre le mien. J’ai voulu fermer les yeux pour profiter totalement de ce moment. C'est tellement merveilleux quand vous ressentez une véritable connexion et une confiance réciproque – quand un animal réalise que vous ne lui voulez aucun mal.»

---

(1) Richard Wiese est un explorateur et cinéaste américain. Il est l'auteur du guide Born to Explore: How to Be a Backyard Adventurer. Il anime et produit la série télévisée Born to Explore with Richard Wiese, diffusée par ABC depuis septembre 2011.

http://www.littonweekendadventure.com/born-to-explore/

La confiance : clé de la relation

Hurler, brutaliser, contraindre par la force ne mènent nulle part. La douceur, la délicatesse et le vrai respect éliminent la résistance; ce que le macho intrusif et envahissant ne comprend pas. L’abandon survient uniquement si un lien de confiance et de réceptivité s’établit avec l’animal. Et comme le dit Wieser, c’est quelque chose d’extraordinaire. Sans confiance : pas d’abandon ni d’amour. Il faut être loyal : pas de tricherie ni de trahison, sinon c’est foutu. Pareil avec les humains : impossible d’accorder sa confiance une seconde fois à quelqu’un qui nous a  menti.

Pour avoir des rapports harmonieux avec les humains ou les animaux il faut renoncer au désir de dominer. La sensibilité, l’intuition, la complicité et la compassion doivent occuper l’avant-plan pour éliminer les obstacles qui nous séparent. Nous centrer dans le cœur pour nous relier au monde et aux êtres permet l’écoute vraie et l’oubli de soi. À pratiquer...

17 octobre 2015

Poison d’automne

À ce temps-ci, la marche paisible en forêt est impossible à cause de la chasse – à moins d’aller dans une réserve faunique où la chasse est interdite, ce qui n’est pas à la portée de tous. Il suffit d’une balle perdue, bang! c’en est terminé de vous. Un ami (non chasseur) en a entendu une siffler près de lui tandis qu’il circulait sur ses propres terres en Estrie! Il a eu la frousse de sa vie.

Quelle horreur...

Parades et trophées

«Entre les meneaux, elle vit un pick-up arriver paresseusement par la rue du Moulin avec, allongée sur le capot, une magnifique biche tachetée. La camionnette fit lentement le tour du parc, ralentissant le pas des villageois. C’était la saison de la chasse, mais ces chasseurs-ci venaient surtout de Montréal ou d’autres villes. Ils louaient des pick-up et, tels des mastodontes en quête de nourriture, régnaient sur les routes de terre, de l’aube au crépuscule, à la recherche de cerfs. Lorsqu’ils en repéraient un, ils s’arrêtaient sournoisement, sortaient du camion et tiraient. ... Ayant ligoté le cerf au capot de leur camionnette, ces mêmes chasseurs parcouraient la campagne, certains d’exhiber la preuve de leur grandeur, allez savoir pourquoi! 
       Chaque année, des chasseurs tiraient sur des vaches ou des chevaux, sur des chiens ou des chats, et les uns sur les autres. Incroyablement, il leur arrivait de se tirer eux-mêmes, peut-être au cours d’un épisode psychotique où ils se prenaient pour du gibier. Les gens savaient que certains chasseurs – pas tous – ont de la difficulté à distinguer un pin d’une perdrix ou d’une personne.» (Réflexion de Clara, p. 8-9)

Source : En plein cœur (Still life), LOUISE PENNY, trad. Michel Saint-Germain, Éd. Flammarion 2010

«L'essence de ce prétendu ‘sport’ consiste en une sorte d’excitation dérivant de la poursuite et de la mise à mort des animaux. Parmi les arguments du sportsman, le fleuron de l’absurdité, une absurdité qui bat toutes les faussetés servies, est l’affirmation que ce sport ennoblie le caractère parce qu’il adoucie et humanise! Le vrai sportsman, comme le vrai soldat, n'est jamais cruel. Il est miséricordieux, chevaleresque, réfléchi, il a le cœur tendre, et il est sympathique. Et ces qualités résultent de la pratique du sport. Il est parfois difficile de rester sérieux quand on essaie de réfuter ces fieffés nonsenses. La chasse sportive est peut-être la plus stupide et la plus vulgaire de toutes les formes de cruauté.»

~ Henry S. Salt (1851-1939) humaniste et homme de lettre britannique

Et puis, il y a la catégorie «grands» chasseurs. Ceux-là se font amener leurs proies sous le nez par des guides, et vlan! voilà un autre éléphant, un autre lion ou un autre rhinocéros rayé de la liste des espèces en voie d’extinction... Pour moi, ils ne sont pas au courant, sinon ils ne feraient jamais ça, voyons donc! 


Le dernier du genre a tué (dans une zone officiellement protégée où la chasse est interdite) le plus grand éléphant recensé en Afrique depuis 50 ans. L’éléphant aurait été traqué afin de l’acheminer du parc Kruger vers le parc Gonarezhou au Zimbabwe. Le braconnier allemand aurait déboursé 53 000 euros pour la traque. Il visait un ‘Big Five’, soit un léopard, un lion, un buffle, un rhinocéros ou un éléphant. Johnny Rodriguez, président du groupe de conservation du Zimbabwe, déplore l'immunité des touristes qui abattent des animaux au Zimbabwe tandis que les habitants du pays risquent gros pour ce type d'action : «Si un Zimbabwéen tue un animal pour nourrir sa famille, il risque entre 5 et 15 ans de prison, mais quand un riche chasseur étranger arrive pour abattre un animal, il a le droit de le faire.» 

«[La chasse] ce n’est pas pour se nourrir. Ce n’est pas pour le tir parce que des boîtes de conserve feraient l’affaire. Ce doit être simplement pour le plaisir de tuer. Débile. Ce qui est vraiment triste de nos jours, c’est que les chasseurs de gros gibier à trophées voient leur célébrité comme un bonus à leur perversité. Exactement comme les tueurs en série.»
~ Ricky Gervais (PETA)

Un journaliste québécois blâmait les réseaux sociaux pour avoir tenté de détruire la réputation du dentiste américain Walter Palmer (le tueur du lion Cecil). Ce n’est pas le dentiste qui était visé, mais le chasseur d’animaux protégés, notamment le dernier spécimen à crinière noire.

Dans cette veine :
Les trophées de la cupidité et de la vanité 
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/07/les-trophees-de-la-cupidite-et-de-la.html
La barbarie : une maladie de civilisation 
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/07/la-barbarie-une-maladie-de-la.html

«Chasse gardée» : le point de vue de l’écrivain et anthropologue Serge Bouchard

Le dentiste du lion
Serge Bouchard 
22/09/2015

Photo: Andrew Loveridge / Wildlife conservation unit

L’idée de pureté est une idée curieuse. Elle suppose une discrimination entre le pur et l’impur, entre le net et le moins net. Lorsque nous pensons protéger une nature vierge, nous la supposons intouchée, inaltérée, pure comme de l’eau de roche. En principe, il ne faudrait pas y poser le pied puisque nous avons le pied aussi sale que la main. Dès lors, cette nature vierge demeurerait inaccessible à jamais, puisque le seul fait d’y pénétrer pour mieux la contempler constitue un viol, une prise de virginité.

Les Américains ont un mot pour désigner les espaces sauvages : wilderness. Ils ont aussi la manière. Au XIXe siècle, ils ont développé leurs parcs nationaux en considérant qu’il fallait protéger ces territoires chastes de l’industrialisation et de la patte de l’homme. En réalité, il s’agissait de mettre de côté des réserves de paradis luxuriants pour le bénéfice des élites et des privilégiés, bien sûr au détriment des classes populaires et des couches inférieures de l’humanité. La nature pure exclut les humains cachés dans ses broussailles; seuls les anges fréquentent le paradis.

La wilderness américaine a même son icône : Theodore Roosevelt. Le président était un chasseur compulsif, tout comme ce dentiste qui a tué récemment au Zimbabwe un lion intouchable. Pouvoir se payer la tête d’un lion, cela indique bien le statut de l’ultra-prédateur. Teddy Roosevelt aimait les armes, la virilité, la race blanche. Ces qualités réunies, il ne lui restait plus qu’à créer des terrains de jeux pour les puissants de ce monde, des lieux sacrés où le prédateur suprême pourrait chasser en paix l’ours et le gros gibier, pêcher la truite à la mouche et le noble saumon, sans être importuné par le menu fretin de la société.

Nous avons été au Québec à l’avant-scène de cette comédie. La nature sauvage, dont le pays regorgeait, n’appartenait nullement aux petits Canadiens français, et surtout pas, ironiquement, aux Sauvages. La nature appartenait à celui qui avait des loisirs et assez de goût, de raffinement, pour en jouir pleinement. Servir l’Américain, guider ces messieurs, fut notre destin. Nous avions tous le statut de «boy», comme dans les colonies. Autrement, si nous affichions quelque indépendance, si nous tuions l’orignal ou le saumon pour le manger, on faisait de nous des braconniers, des moins que rien, de petits pygmées qu’il fallait chasser des bonnes terres. Bas les pattes! Laissés à nous-mêmes, nous étions capables de détruire les ressources. Nous avions de la pureté à la pelle, mais nous étions trop impurs pour en profiter.

Monsieur Menier, le riche chocolatier qui devint propriétaire d’Anticosti en 1895, investit une fortune pour développer son île : il en fit une réserve de chasse pour l’élite mondiale désirant se divertir à la manière des rois. Et pour faire les choses proprement, il n’eut de cesse d’en éloigner les Innus et les Cayens, ces parasites de la nature. Le comte de Gobineau, auteur de l’Essai sur l’inégalité des races humaines, était un grand ami de Menier et un grand amateur de safari. Où l’on voit que tout se tient. Le cercle des bien-pensants s’entendait sur les privilèges des humains supérieurs en face d’une nature qui leur revenait de droit. Terre sauvage, carré de sable des puissants messieurs de ce monde, chasse gardée des seigneurs aryens, nature réservée à l’usage des tenants de l’infériorité des races impures. Expulsons le Massaï du Serengeti, l’Indien de Yosemite, l’Algonquin du parc de La Vérendrye, le Montagnais de sa rivière, expulsons ces peuples de Métis, ces braconniers qui chassent pour manger; ne trouvez-vous pas que l’humain original fait tache dans les décors vierges du paradis terrestre?

Au tournant du XXe siècle, des journalistes américains des magazines de type outdoor cherchaient encore des autochtones «n’ayant jamais vu d’hommes blancs», quelque part au nord du lac Ashuanipi, dans la région de Petisikapau. Car la présence de Sauvages, naturellement, était gage de sauvagerie... Il suffit pourtant d’évoquer les explorations du géologue Henry Youle Hind au Labrador vers 1860, les réflexions du chroniqueur Arthur Buies sur le territoire québécois tout au long des années 1870 ou le fameux essai sur la Côte-Nord du naturaliste Napoléon-Alexandre Comeau, publié en 1909, pour se rendre compte que la nature sauvage, déjà, n’existait plus. Les sportsmen anglais et américains s’étaient donné des privilèges exclusifs de pêche au saumon sur les rivières québécoises depuis au moins 1850. La chasse sportive, la pêche à la mouche, le droit de tirer sur tout ce qui bougeait, du martin-pêcheur jusqu’au huard et à l’ourson – sans oublier le droit de chasser le Sauvage –, tout cela avait sonné le glas de la fameuse wilderness.

Le lion doit être tué par un riche dentiste du Minnesota. Cela est dans l’ordre de la nature. Seul le dentiste aux dents plus blanches que blanches a le droit d’entrer nuitamment dans la réserve faunique africaine. Autrement, ce serait le chaos. L’Américain sacrilège a tué le lion à crinière noire, un lion protégé et interdit, le symbole même de la savane pure. L’argent s’est toujours arrogé la part du lion.

L'ESPRIT DU LIEU
http://quebecscience.qc.ca/accueil