4 octobre 2015

La pitoyable culture des armes


«Ah, les États-Unis... le seul pays où on peut aller à la messe en portant un gun... la terre de la liberté.» ~ Philippe Laguë (au sujet de la visite du pape, Radio-Canada) 

«Les autorités ont confirmé que le tireur du campus Umpqua de Roseburg (Oregon) possédait 14 armes (acquises légalement), dont 6 qu'il avait avec lui sur le site de la fusillade.» La logique pro-arme de la région : «C'est comme si un enfant commet un acte répréhensible avec un objet et qu'on le confisque à tous les autres qui ne sont pas coupables, ça paraît un peu extrême.» «Nous ne voulons pas perdre notre droit constitutionnel de posséder des armes.»

Je commence à trouver l’idée de Trump [1] (la construction d’un mur entre les États-Unis et le Canada) intéressante – au fond, ce serait tout à notre un avantage. Selon des données compilées par le groupe Everitown for Gunsafety (Toutes les villes pour une sécurité des armes à feu), il a y eu 142 incidents avec des tirs dans des écoles aux États-Unis depuis le massacre de Sandy Hook en 2012.

«Le fossé canado-américain se situe principalement à trois niveaux : la santé, la tolérance aux inégalités sociales et... la question du port d'armes. (...) Pendant que le Canada adoptait des règles plutôt contraignantes sur le port d'armes - du moins en comparaison avec les États-Unis -, les cours américaines interprétaient de manière assez large le droit de posséder une arme. Ajoutez à cela un lobby extrêmement puissant, le National Rifle Association, qui lutte contre toutes les mesures contraignantes et finance les campagnes des politiciens qui les appuient.»
~ Pierre Jury, Le Droit

A gun is just a tool
(until you find yourself at the wrong end of one)

By Anthony Taille

“Fuck you,” he said rising his Colt to my chest.

That’s it, I thought. This is where I end.

The gun was intensely black, its barrel only a few inches from me. This is what it feels like, I thought. I wondered if the bullet would cut across my body. I wondered if I would fall on my back under the force of the metal piercing through my flesh and hitting my bones and arteries. Maybe I would drop on my knees or take air like in movies. Maybe there would be a white flash and the last thing I’d see would be the dark blue sky over my head.

À lire :  
https://human.parts/a-gun-is-just-a-tool-until-you-find-yourself-at-the-wrong-end-of-one-95bdb4ab16d5

«Je sais, par expérience, qu'il vaut mieux ne pas les regarder [les victimes]. Il est plus facile de tuer ce qu'on ne connaît pas.»
~ Albert Camus (Le malentendu)

«J’en connais qui seraient capables de tuer pour avoir le prix Nobel de la paix.»
~ Jean Yanne (1933-2003) 

Peter Seeger (1919-2014) comptait parmi les troubadours de la paix des années 60+. Son oeuvre est un réquisitoire en faveur des droits civiques, de la justice, de la liberté d’expression et de l’écologie.

Cette ode au pacifisme n’a pas vieilli puisque nous n’avons rien appris.



Where have all the flowers gone
Peter Seeger

Where have all the flowers gone, long time passing?
Where have all the flowers gone, long time ago?
Where have all the flowers gone?
Young girls have picked them everyone

Oh, when will they ever learn?
Oh, when will they ever learn?

Where have all the young girls gone, long time passing?
Where have all the young girls gone, long time ago?
Where have all the young girls gone?
Gone for husbands everyone

Oh, when will they ever learn?
Oh, when will they ever learn?

Where have all the husbands gone, long time passing?
Where have all the husbands gone, long time ago?
Where have all the husbands gone?
Gone for soldiers everyone

Oh, when will they ever learn?
Oh, when will they ever learn?

Where have all the soldiers gone, long time passing?
Where have all the soldiers gone, long time ago?
Where have all the soldiers gone?
Gone to graveyards, everyone

Oh, when will they ever learn?
Oh, when will they ever learn?

Where have all the graveyards gone, long time passing?
Where have all the graveyards gone, long time ago?
Where have all the graveyards gone?
Gone to flowers, everyone

Oh, when will they ever learn?
Oh, when will they ever learn?

Where have all the flowers gone, long time passing?
Where have all the flowers gone, long time ago?
Where have all the flowers gone?
Young girls have picked them everyone

Oh, when will we ever learn?
Oh, when will we ever learn?

Commentaire d’un internaute : Where has all the (war) money gone?

Pete Seeger at age 88 photographed on 6-16-07 at the Clearwater Festival 2007 by Anthony Pepitone. 

“In the beginning of a change the patriot is a scarce man, and brave, and hated and scorned. When his cause succeeds, the timid join him, for then it costs nothing to be a patriot.” ~ Mark Twain (Notebook; 1904)

“Man is the only Patriot. He sets himself apart in his own country, under his own flag, and sneers at the other nations, and keeps multitudinous uniformed assassins on hand at heavy expense to grab slices of other people's countries, and keep them from grabbing slices of his. And in the intervals between campaigns he washes the blood of his hands and works for “the universal brotherhood of man” – with his mouth.”
~ Mark Twain (The Lowest Animal

---

[1] Le psychologue Gregg Henriques a publié une analyse psychosociale intéressante sur le phénomène Donald Trump : The psychosocial dynamics of Trump's rise

«Quelles sont les courants sociaux et psychologiques qui nourrissent la popularité de Trump? Mon analyse de base suggère que Trump incarne un fantasme narcissique et une défense contre l’anxiété présente chez les mâles blancs chrétiens traditionnels (Traditional Christian White Males – TCWM) en perte de pouvoir et de prestige, en particulier chez ceux dont le statut économique est inférieur à la moyenne. 
   D’où vient cette anxiété? Depuis les années 60, les États-Unis ont connu des changements relativement au pouvoir et à la domination, surtout sur le plan socioculturel normatif (c'est-à-dire, ce qui était socialement justifié). Tout au long de l'histoire de notre nation (et en Europe de l'Ouest plus largement encore), les structures du pouvoir ont été dominées par des mâles blancs chrétiens hétérosexuels, et cette position dominante fut explicitement légitimée. ... Pensez seulement aux pères fondateurs pour qui l'idée d'égalité entre les races ou les sexes était un anathème indigne d’examen.
   Mais (heureusement) l’hégémonie (normative) des TCWMs s’est effritée, surtout au cours des 50 dernières années, grâce aux mouvements de droits civils des années 60, au mouvement féministe des années 70 et plus récemment aux mouvements LGBT et laïque/non-religieux. Ces forces ont certes mené notre société vers plus de justice, mais les TCWMs éprouvent de l’anxiété et de la rancoeur parce qu’ils se considèrent privés de certains de leurs pouvoirs. Les rôles traditionnels relatifs à l’identité sexuelle continuent à s’assouplir, et cela soulève des questions sur ce qui définit l’«homme».
   Trump plaît aux hommes blancs défavorisés en colère non pas parce qu’il présente une idéologie politique claire mais parce que sa personnalité égoïste et narcissique, jumelée au succès, les séduit.
   Ils s’imaginent qu’avec Trump, ils retrouveront le «bon vieux temps» où ils avaient du pouvoir. D’ailleurs, le slogan de Trump “Make America Great Again” est à l’image de son ego surdimensionné. Il est clair qu'il joue avec une dynamique psychosociale directement reliée à l’état de confusion et de contradiction qui règne dans notre pays. J'espère que nous pourrons utiliser le phénomène Trump pour «diagnostiquer» cette dynamique et ensuite, avec conscience, commencer à développer des systèmes éducatifs et politiques, et des mouvements qui s'y attaqueront de façon constructive plutôt que d’essayer de vivre un fantasme narcissique pathologique au niveau des systèmes sociaux.»

https://www.psychologytoday.com/blog/theory-knowledge/201509/trump-psychosocial-analysis

Aucun commentaire:

Publier un commentaire