29 octobre 2015

Pourquoi s’émerveiller?

Comme le suggère William Martin dans Walk in Beauty, la capacité de s’émerveiller remplace adéquatement la religion, la prière et la dévotion. Il suffit d’admirer un ciel étoilé, un oiseau s’envoler, une fleur s’ouvrir, un bébé sourire, pour qu’un sentiment de gratitude monte spontanément. Mais, il faut prendre le TEMPS de s’arrêter.


Walk in Beauty

I follow no Jesus, Mohammed, or Buddha
but when I consider the idea that
the Mystery which I call the Tao somehow
brought into being what I call the universe;
which managed to evolve what I call consciousness,
is what I call amazing!
To be amazed each day is quite enough
religion to fill me with awe and reverence.
To see it all with gratitude and wonder
is quite enough prayer to move mountains.
To walk in beauty is quite enough worship
to satisfy the most demanding of deities.

William Martin http://www.taoistliving.com/

«Dans les instants d'émerveillement, on parvient aisément à sortir de la petitesse, à élever son esprit aux dimensions de l'univers jusqu'à embrasser le tonnerre et le murmure, le bon et le mauvais, le proche et le lointain.»
~ Nicole et Émile Martel (L'histoire de Pi)

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La méditation : pour quoi faire?

Zen! La méditation pour les nuls
Stephan Bodian
First Edition, 2002
http://stephanbodian.org/category/blog/

[Extraits du chapitre 2]

Même si vous avez du mal à l’admettre, tout du moins publiquement, votre vie ne répond pas toujours à vos attentes. Il en résulte une souffrance – due au stress, à la déception, à la peur, à la colère, à l’indignation, aux blessures infligées et à beaucoup d’autres émotions tout aussi désagréables. La méditation enseigne comment appréhender les circonstances difficiles et les émotions et tensions qu’elles engendrent avec équilibre, sérénité et compassion.

Le mythe de la vie parfaite
Au cours de ma vie de psychothérapeute et de professeur de méditation, j’ai remarqué que beaucoup de personnes souffraient uniquement parce qu’elles comparaient leur existence à une image idéalisée de ce que devrait être la vie. Amalgame hétéroclite de conditionnement infantile, de messages médiatiques et de désirs personnels, cette image erronée est tapie dans l’ombre et fait office de référence à laquelle tout succès, échec, événement est comparé et jugé. Arrêtez-vous un instant pour analyser votre propre image de la vie. [...]

Lorsque tout s’effondre
[...] La vie n’offre pas que la maladie et la mort : elle procure aussi d’extraordinaires moments d’amour, de beauté, d’Émerveillement, et de plaisir. Mais, en Occident, nous avons tendance à occulter la partie sombre de la vie. Nous reléguons nos personnes âgées ou en fin de vie dans des maisons de repos ou des hospices, nous sommes devenus indifférents aux sans domicile, cantonnons les minorités appauvries dans des cités-ghettos, enfermons les handicapés dans des hôpitaux ou des asiles et tapissons nos panneaux d’affichage et nos couvertures de magasines de sourires radieux, incarnations de la jeunesse et de la prospérité. 
   Mais en vérité, la vie est une riche et curieuse interaction entre l’ombre et la lumière, le succès et l’échec, la jeunesse et la vieillesse, le plaisir et la douleur et, bien entendu, la vie et la mort. Les événements changent tout le temps, semblant se désagréger à un moment donné pour se recomposer au suivant. Comme le décrit le maître zen Shunryu Suzuki, en permanence toute chose «est bouleversée dans un contexte d’équilibre parfait». [...]

Gérer les situations postmodernes difficiles
L’inconstance des conditions de vie n’est un secret pour personne – les pandits et les sages ont divulgué cette vérité depuis longtemps. Mais jamais encore les changements n’avaient été si envahissants et si incessants – touchant si profondément nos vies – qu’au cours des dix à quinze années passées. Les journaux et la télévision nous inondent de statistiques et d’images de violence et de famine, de déprédation de l’environnement, d’instabilité économique, qui décrivent un monde de plus en plus décousu. 
   Plus concrètement, vous avez peut-être perdu votre travail à cause du rachat de votre entreprise, brisé votre couple suite à une mutation lointaine, été victime d’un crime violent ou perdu une petite fortune sur un marché volatile. Peut-être consacrez-vous toute votre énergie à chercher une solution pour garder une longueur d’avance dans un environnement de travail très compétitif ou peut-être ne dormez-vous plus la nuit, angoissé par la vague de changement qui pourrait venir vous emporter. Avez-vous reconnu – ou vivez-vous – l’une de ces situations? 
   Les sociologues appellent cette période le postmodernisme. Le changement continuel y est érigé en mode de vie et les valeurs et vérités séculaires rapidement démantelées. Mais comment avancer dans la vie lorsqu’on ne sait même plus ce qui est vrai ni comment trouver la vérité? Doit-on la chercher sur l’Internet, dans la bouche des prophètes du petit écran? 
   En dépit des avantages incontestables de tous les gadgets électroniques devenus indispensables depuis les années 1980, vous avez peut-être remarqué que plus vous communiquiez vite, moins vous aviez de véritable contact riche et sérieux avec les autres. [...]
   Ces changements incessants ont un prix émotionnel et spirituel élevé que l’on a tendance à démentir dans notre effort collectif pour accentuer l’aspect positif et nier le négatif. Voici quelques-uns des effets secondaires négatifs de la vie de notre époque : 
   L’anxiété et le stress : Lorsque le sol commence à trembler sous vos pieds, votre première réaction alors que vous essayez de rétablir votre équilibre, est de vous alarmer ou d’avoir peur. Cette réponse des tripes a été génétiquement programmée par des millions d’années de vie dangereuse. Aujourd’hui, malheureusement, les secousses ne s’arrêtent plus et les petites peurs s’accumulent et se figent en tension et stress continuels. Votre corps se sent perpétuellement préparé à affronter la prochaine attaque de difficultés et de responsabilités – l’empêchant pratiquement de se relaxer et d’apprécier un tant soit peu la vie. En décontractant votre corps et réduisant votre stress, la méditation peut vous apporter un antidote bienvenu.
   La fragmentation : Autrefois, les gens vivaient, faisaient leurs courses, travaillaient, élevaient leurs enfants et se divertissaient au sein d’une même communauté. Tous les jours, ils voyaient les mêmes visages, se mariaient pour la vie, gardaient le même emploi et voyaient même leurs enfants élever leurs propres enfants tout près d’eux. Aujourd’hui, beaucoup habitent loin de leur lieu de travail, les enfants sont confiés à des nourrices, des baby-sitters et nous sommes obligés de gérer les emplois du temps de chacun au téléphone. Il est devenu de plus en plus improbable de garder le même travail toute sa vie, ni même d’ailleurs le même conjoint. Bien souvent, les enfants grandissent et partent à leur tour chercher du travail. S’il est impossible d’empêcher cette fragmentation, la méditation permet d’établir un lien avec une intégralité plus profonde que les événements extérieurs ne viennent pas perturber. 
   L’aliénation : Ne soyez pas surpris de vous sentir totalement stressé si votre vie semble n’être constituée que de bric et de broc. En dépit des statistiques et indices de prospérité, nombreux sont ceux qui subsistent avec un travail purement alimentaire, qui ne sert qu’à payer les factures sans donner ni but ni sens des valeurs. La tendance actuelle serait à un retour dans les petites villes pour retrouver le sens de la communauté. À chaque élection, la désertion des bureaux de vote s’amplifie, de plus en plus de gens ne croyant plus en leur pouvoir de faire changer les choses. Jamais auparavant les hommes ne s’étaient sentis si aliénés, non seulement de leur travail et de leur gouvernement mais aussi des autres, d’eux-mêmes et de leur propre être essentiel. Et la plupart n’ont pas la capacité ou le mode d’emploi pour se reconnecter! En comblant le gouffre qui nous sépare de nous-mêmes, la méditation permet de guérir notre aliénation envers les autres et le monde dans son ensemble. [...] 
   La solitude et l’isolement : La difficulté de trouver un emploi, l’éclatement des ménages et le manque de temps a abouti à l’éloignement des membres de la famille qui perdent contact avec ceux qu’ils connaissent et chérissent. J’ai entendu récemment sur une radio américaine une publicité vantant les mérites d’un pack Net pour la famille. Puisque les dîners en famille étaient devenus obsolètes, pourquoi ne pas acheter un Family Net – un téléphone portable pour le père, la mère et les enfants afin qu’ils puissent rester en contact! Difficile de résister aux forces qui nous séparent! La méditation fait en sorte que chaque moment ensemble se transforme en un moment «de grande qualité».
   La dépression : La solitude, le stress, l’aliénation, l’absence de sens ou d’objectif profondément ancré conduisent certaines personnes à la dépression. Dans un pays de recordman de la consommation de tranquillisants et d’antidépresseurs où le Prozac est devenu un terme ménager, plusieurs millions de personnes avalent quotidiennement des médicaments psychotropes pour ne pas souffrir de la vie moderne. La méditation, elle, vous aide à vous connecter avec votre source intérieure de bien-être et de joie qui dissipe naturellement les nuages de la dépression. 
   Les maladies liées au stress : L’augmentation progressive des maladies liées au stress – qu’il s’agisse de céphalées hypertensives, de brûlures d’estomac, de maladies cardiaques ou de cancers – reflète notre incapacité collective à gérer l’instabilité et la fragmentation de notre époque. Elle alimente en outre l’industrie pharmaceutique qui ne parvient à masquer que par moments les problèmes plus profonds de peur, de stress et de désorientation. Comme l’ont montré bon nombre d’études scientifiques, la pratique régulière de la méditation permet de renverser les attaques de maladies liées au stress.

Le bonheur : taper comme un pic-bois sur un iPad...  

Quatre «solutions» en vogue qui ne fonctionnent pas vraiment
Avant d’achever la litanie des malheurs du postmodernisme et de vous proposer des solutions qui marchent, j’aimerais que nous survolions quelques approches très prisées de gestion du stress et de l’incertitude qui créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. 

   La dépendance : En détournant les personnes de leurs souffrances, en les encourageant à laisser de côté leurs soucis et préoccupations et en modifiant la chimie du cerveau, la dépendance imite certains des bénéfices de la méditation. Malheureusement, elle fixe l’esprit sur une substance ou une activité dont on ne peut plus se défaire – drogues, alcool, sexe, jeu, etc. Il devient alors difficile de s’ouvrir aux merveilles du moment ou d’entrer en contact avec une dimension plus profonde de l’être. La majorité des dépendances entraînent un mode de vie autodestructeur qui aboutit à une intensification des problèmes que la personne voulait au départ fuir. 
   Le fondamentalisme : En proposant une réponse simple et superficielle aux problèmes complexes, un sens et un sentiment d’appartenance et en rejetant un grand nombre des fléaux évidents du postmodernisme, le fondamentalisme – tant dans sa forme religieuse que politique – offre un refuge contre l’ambiguïté et l’aliénation. Les fondamentalistes divisent malheureusement le monde en deux blocs : le blanc et le noir, le bon et le mauvais, nous et les autres, ce qui ne fait en fin de compte qu’attiser l’aliénation, les conflits et le stress. 
   Les divertissements : Lorsque vous vous sentez seul ou aliéné, il vous suffit d’allumer la télé ou de vous rendre au cinéma le plus proche et de vous jeter sur la dernière nouveauté. Cela calme votre anxiété et apaise votre souffrance. En plus de divertir, les médias donnent l’impression de recréer un esprit communautaire en établissant un contact entre les gens et le monde autour d’eux. Mais il est impossible d’avoir une conversation à cœur ouvert avec une vedette de télévision ni d’embrasser son acteur préféré! Sans oublier que les médias – intentionnellement ou non – manipulent nos émotions, remplissent nos têtes d’idées et d’images de la culture populaire et dirigent notre attention en dehors de nous-mêmes – au lieu de nous donner la possibilité de découvrir ce que nous savons, pensons et éprouvons vraiment. 
   Le consumérisme : Le consumérisme est une fausse réponse aux maux de la vie, fondée sur la croyance que la solution consiste à vouloir et avoir toujours plus – plus de nourriture, plus de biens, plus de vacances, plus de tout ce que les cartes de crédit peuvent acheter. Comme vous l’avez déjà peut-être compris, le plaisir s’estompe vite et vous planifiez activement votre prochain achat – à moins que vous n’essayiez de trouver un moyen de régler les factures de cartes de crédit qui tombent avec une précision d’horloge à la fin de chaque mois. J’en ai dit assez?

Comment survivre au XXIe siècle – avec la méditation
[...] Comme nous l’avons déjà vu dans ce chapitre, la méditation apporte un antidote bienvenu à la fragmentation, l’aliénation, l’isolement et le stress – et même aux maladies liées au stress ou à la dépression. Elle ne va certes pas résoudre vos problèmes extérieurs mais elle vous aidera à développer la résistance intérieure, l’équilibre et la force pour trouver des solutions créatives. 
   Pour avoir une idée du fonctionnement de la méditation, imaginez que votre corps et votre esprit constituent un ordinateur complexe. Au lieu d’être programmé pour ressentir la paix intérieure, l’harmonie, la sérénité et la joie, vous avez été programmé pour répondre aux inévitables hauts et bas de la vie avec stress, anxiété et frustration. Mais vous avez la capacité de modifier la programmation. En mettant de côté les autres activités, en vous asseyant tranquillement et en vous adaptant au moment présent pendant 10 à 15 minutes chaque jour, vous construisez un ensemble de nouvelles réponses et vous vous programmez pour connaître des émotions et des états mentaux plus positifs. Ou imaginez que la vie soit un océan dont les vagues agitées et bouillonnantes en surface représentent les hauts et les bas de la vie. Grâce à la méditation, vous plongez en profondeur pour trouver une eau plus calme et homogène. 
   La méditation est un moyen de transformer le stress et la souffrance en sérénité et tranquillité d’esprit.

Les bénéfices psychophysiologiques de la méditation

Les bénéfices physiologiques :
- Le ralentissement du rythme cardiaque pendant la méditation silencieuse
- Une diminution de la tension artérielle chez les sujets normalement ou modérément hypertendus
- Un rétablissement plus rapide après une période de stress
- Une augmentation du rythme alpha – activité électrique cérébrale lente et de haute amplitude qui apparaît lors du repos ou de la relaxation
- Une meilleure synchronisation – c’est-à-dire un fonctionnement simultané – des deux hémisphères gauche et droit du cerveau
- Une diminution des taux de cholestérol sérique
- Une consommation plus faible d’énergie et d’oxygène
- Une respiration plus profonde et plus lente
- La relaxation des muscles
- Une réduction de l’intensité de la douleur

Les bénéfices psychologiques :
- Une meilleure empathie
- Une meilleure créativité et réalisation de soi
- Une précision et une sensibilité perceptives accrues
- Une régression de l’anxiété chronique ou aiguë
- Un complément à la psychothérapie et aux autres approches dans le traitement de la dépendance

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