Sa dernière bourde (10 mars) :
Le maire de Saguenay Jean Tremblay accuse les écologistes de compromettre le développement de projets économiques et invite les syndicats et les travailleurs à se mobiliser «contre Greenpeace et les intellectuels de ce monde» afin de préserver les emplois au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il reproche aux membres de l'organisation écologiste de se prétendre «plus intelligents que nos gouvernements qui établissent des règles et qui sont élus démocratiquement», et les accuse de terrorisme économique : «Ce sont des indésirables. Il y a des pays bien pires que nous. On aime la nature, mais on aime plus nos travailleurs. Qu’ils nous laissent en paix.»
Ah mais, si M. Tremblay prie Jésus assez fort, peut-être sera-t-il exaucé... Amen, Alléluia!
Drôle de coïncidence, je suis en train de lire les sketchs désopilants de Raymond Devos. Ils n’ont pas pris une seule ride en plus de 40 ans... preuve que le monde n’évolue pas.
Xénophobie
(Matière à rire, Deuxième période, 1969-1976; p. 300)
On en lit des choses sur les murs!...
Récemment, j’ai lu sur un mur :
«Le Portugal aux Portugais!
Le Portugal aux Portugais!»
C’est comme si l’on mettait :
«La Suisse aux Suisses!»
Ou :
«La France aux Français!»
Le racisme, on vous fait une tête
comme ça avec le racisme!
Écoutez...
J’ai un ami qui est xénophobe.
C’est-à-dire qu’il ne peut pas supporter
les étrangers!
Il déteste les étrangers!
Il déteste à tel point les étrangers
que lorsqu’il va dans leur pays,
il ne peut pas se supporter!
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Les antipodes
(Matière à rire, Deuxième période, 1969-1976; p.295)
On pourrait en pousser des cris d’alarme,
à propos de pas mal de choses!
Parce qu’il s’en passe, des choses, dans le monde!...
Vous avez vu que les Russes avaient découvert l’antimatière...
Vous savez ce que c’est l’antimatière?...
C’est le contraire de la matière.
Oh! ce n’est pas nouveau, je sais!...
De tout temps, chaque chose a eu son «anti».
Exemple :
Un muet, c’est un antiparlementaire.
Un athée, c’est un antimoine.
Un croyant, c’est un antiseptique.
Les Arabes du Caire sont antisémites,
et les sémites sont anti-Caire.
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En juin 2015, les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été critiqués de s'être gardés d'intervenir alors que leurs collègues, avec d'autres employés municipaux, manifestaient bruyamment devant l'hôtel de ville. Certains ont même brûlé leurs casquettes et des sacs de poubelles, alors que des pompiers ont arrosé l'édifice de la Ville en signe de protestation contre le projet de loi sur les régimes de retraite des employés municipaux.
À croire que les manifestants s’étaient inspirés de ce sketch :
À-propos
(Deuxième période, 1969-1976; p.298)
Il y a quelque temps.
Eh bien... c’est le jour où les agents
s’étaient mis en grève...
et où les pompiers avaient le feu quelque part à titre d’exercice.
Simplement, pour se prouver qu’ils pouvaient l’éteindre.
Donc, ce
jour-là... je descends dans la rue.
Je vois
un attroupement. Je m’approche.
Je demande à quelqu’un qui était là :
-- Qu’est-ce qui se passe?... Il y a le feu?
-- Non. Il y a une manifestation.
-- Ah!... Et... il n’y a pas d’agents?
-- Si! Nous sommes tous là!
-- Alors? Qu’est-ce que vous attendez?
-- Qu’on nous augmente!
-- Pourquoi?... Vous n’êtes pas assez nombreux?
-- Si!... Mais on n’est pas assez payés.
-- Alors?...
-- !... On se met en grève!
-- Si les agents se mettent en grève... qui va rétablir l’ordre?
-- Il n’y a qu’à faire appel aux pompiers.
-- Pourquoi les pompiers ne sont-ils pas là?
-- Parce qu’ils sont occupés ailleurs!
(Effectivement, un peu plus loin, il y avait des pompiers partout.)
Je m’approche... Je demande à un pompier qui était là :
-- Qu’est-ce qui se passe? Il y a une manifestation?
-- Non! Il y a le feu!
-- Ben...! vous allez l’éteindre?
-- Faut d’abord qu’on l’allume...
-- ... Je croyais qu’on vous payait pour l’éteindre?
-- Ah...! mais après... on l’éteint!
-- Comme ça, vous serez payés!
-- Si on ne l’est pas, on se met en grève!
-- Si les pompiers se mettent en grève... qui va éteindre le feu?
-- Il n’y a qu’à faire appel à l’armée.
-- Pourquoi l’armée n’est-elle pas là?
-- Parce qu’elle est occupée ailleurs.
(Effectivement, un peu plus loin, il y avait des militaires partout.) Je m’approche... Je demande aux militaires qui étaient là :
-- Hé! les gars...! qu’est-ce qui se passe? Vous n’êtes pas en grève?
-- Non!... On n’a pas le temps!
-- Le cas échéant... Vous pourriez éteindre un incendie?
-- Ça tombe mal. On est venu ici pour ranimer la flamme!
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Le «Printemps Érable» désigne l'ensemble des événements, mouvement sociaux et perturbations induits par une grève étudiante générale et illimitée dans certains établissements d'enseignement supérieur québécois du 13 février au 7 septembre 2012.
Certains observateurs prédisent un second Printemps Érable cette année...
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Les manifestations
(Deuxième période, 1969-1976; p. 351)
Pendant les émeutes...
Au Quartier latin...
J’en ai vu des choses!
J’ai vu d’abord les universités se vider et les rues se remplir. «Le principe des vases communicants», comme disait un doyen qui n’avait plus toutes ses facultés.
Et puis, lorsque j’ai vu des cars de police remplis de C.R.S. je me suis dit : «Tiens! ils en ont arrêté pas mal!»
Et puis j’ai entendu les manifestants qui criaient :
-- Libérez-les! Libérez-les!...
Ils parlaient des étudiants.
Mais le brigadier... lui... qui n’était au courant de rien... il a libéré les C.R.S.! Le malheureux!
C’était un malentendu!
Tout est parti de là!
Après, ç’a été l’affrontement.
J’ai vu un C.R.S. qui avait agrippé un étudiant... Il le secouait d’une main... De l’autre il tenait sa matraque, et disait :
-- Quand je pense que moi qui n’ai rien dans la tête, moi qui n’ai aucune idée, dont le crâne est creux comme un radis... je vais être obligé de frapper sur une tête pleine! Un puits de science... un futur savant peut-être! Ah! tiens! ça me révolte!...
Et de rage..., il tapait sur l’étudiant!
Ah! j’en ai vu!
J’ai vu, alors que tout le monde était en grève, un chômeur qui réclamait du travail et que personne n’écoutait!
J’ai vu un commerçant lancer un pavé dans la vitrine de sa propre boutique et, stupéfait, déclarer en pleurant :
-- Avec ces grèves tournantes, je suis complètement désorienté!
J’ai vu un fonctionnaire qui était appointé... complètement désappointé!
Un coiffeur raser les murs!
Un oisif occuper ses propres loisirs!
J’ai vu un boucher peser ses mots... en faire un paquet... et le jeter à la tête du service d’ordre en criant :
-- Mort aux vaches!
-- Mort aux dents! hurlait un dentiste qui ramenait tout à sa profession!
Et toujours le chômeur qui réclamait du travail et que personne n’écoutait.
Et les étrangers qui se trouvaient là par hasard...! complètement dépaysés!
J’ai vu une Anglaise sur le quai de la Seine qui attendait le métro!... Quand elle a vu qu’il ne passait aucune rame, elle a repris le bateau!
J’ai vu un touriste américain qui demandait à un C.R.S. où se trouvaient les Folies-Bergères se faire matraquer!... (Sur place.)
J’ai vu un Russe, aussi, qui essayait de comprendre le chômeur qui réclamait toujours du travail et que personne n’écoutait! Parmi les grévistes... j’ai vu un chauffeur de taxi débrayer hors de son véhicule!
De la démence!
J’ai vu..., de mes yeux vu, un C.R.S., pris d’une folie subite, arracher un piquet de grève!
Alors, les manifestants ont crié :
-- Arrêtez-les! Arrêtez-les! Ils parlaient des C.R.S., évidemment!
Mais le brigadier, lui, qui n’avait pas encore compris... il a arrêté les étudiants!
Toujours le même malentendu!
Alors, les rues se sont vidées... et les cars de police se sont remplis.
«Le principe des vases communicants», comme disait le doyen qui n’avait même plus la faculté de se faire entendre!
Et puis... quand j’ai vu le chômeur qui avait enfin trouvé du travail – il était en train de remettre les pavés à leur place... – menacer de faire grève parce qu’il n’était pas assez payé... j’ai compris qu’on n’était pas sorti de l’auberge!
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Je suis un imbécile
(Deuxième période, 1969-1976; p. 327)
Dernièrement,
j’ai rencontré un monsieur
qui se vantait d’être un imbécile.
Il disait :
-- Je suis un imbécile!
Je suis un imbécile!
Je lui ai dit :
-- Monsieur... c’est vite dit!
Tout le monde peut dire :
«Je suis un imbécile!»
Il faut le prouver!
Il m’a dit :
-- Je peux!
Il m’a apporté les preuves
de son imbécillité
avec tellement
d’intelligence et de
subtilité
que je me demande
s’il ne m’a pas pris
pour un imbécile!
Raymond Devos
Matière à rire
L’intégrale de : Ça n’a pas de sens, Sens dessus dessous et À plus d’un titre
Plon, 1991 et 2006
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