2 janvier 2014

Nelligan / Leyrac : Soir d’hiver

«Ma vitre est un jardin de givre». Respirer dehors brûle les poumons – on n’est pas habitué à de l’air si «pur»! C'est bien beau, mais trop c’comme pas assez; "j'aguis" les fichus extrêmes. (Crédit photo : Josée Morin) 

Monique Leyrac* : «Soir d’hiver» 



Soir d’hiver
Émile Nelligan

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
Ô la douleur que j'ai, que j'ai!

Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je?
Tous ses espoirs gisent gelés:
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah! comme la neige a neigé!
Qu'est-ce que le spasme de vivre
A tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...

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* Née en 1928 à Montréal, Monique Leyrac s’est illustrée sur la scène internationale, notamment à New York, Paris et ailleurs en Europe, où elle a côtoyé de grands noms comme Edith Piaf et Charles Aznavour. En 1965, elle a raflé le Grand Prix du Festival international de la chanson de Sopot en Pologne pour son interprétation de «Mon pays» de Gilles Vigneault. Elle a par la suite enlevé les honneurs du Grand Prix du Festival de la chanson d’Ostende en Belgique.
       Fait marquant d'une brillante carrière, Leyrac remet le poète Émile Nelligan à l'ordre du jour en 1975 en construisant un spectacle musical lui étant entièrement consacré. Ce spectacle fut joué et repris régulièrement dans les années qui suivirent au Québec, au Canada et en France et fit l'objet d'un album intitulé "Monique Leyrac chante Nelligan". Ce fut l'occasion pour l'artiste de développer, durant les années quatre-vingt, une série de spectacles thématiques parmi lesquels figure celui consacré aux chansons de Félix-Leclerc avec qui elle avait travaillé pour le film Félix Leclerc, Troubadour, en 1958. Un album fut également produit autour de ce spectacle. On pût aussi voir une évocation de la vie de Sarah Bernhardt intitulée Divine Sarah en 1981, Les Paradis artificiels, sur l'oeuvre de Charles Baudelaire et un Spectacle 1900 constitué de chansons d'Aristide Bruant et Yvette Guilbert. Ces productions avaient souvent la particularité d'inclure chansons et comédie et étaient encensés par la critique.
       Artiste multidisciplinaire avant la lettre, elle a tenu divers rôles à la scène et est devenue au fil des ans une conceptrice de spectacles prisée et avant-gardiste. À 85 ans, cette icône des années 1960 profite d’une retraite confortable à la campagne dans les Cantons-de-l’Est.

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