1 novembre 2018

Gombo louisianais à la Zachary

J’aime Zachary Richard d’amour inconditionnel. Quel être charismatique, et drôle par-dessus le marché (1). 

Annonce de dernière minute : concert intime ouvert au grand public

Le samedi 3 novembre 2018 à 20h, ouverture des portes à 19h
L’Astral : 305, rue Sainte-Catherine Ouest
Montréal, QC

ZACHARY RICHARD SOLO
Présenté par COUP DE CŒUR FRANCOPHONE

Francophone militant, écologiste engagé, poète, chanteur, auteur et compositeur, Zachary Richard présente Gombo, son 21e album en carrière. Après une absence de quelques années, il est de retour au Québec pour présenter un spectacle solo intime, accompagné de sa guitare, son harmonica et son accordéon. Avec humour et quelques histoires louisianaises, il dévoile ses nouvelles chansons, empreintes de sonorités cajuns, et revisite ses plus grands succès.

Futures performances à travers le Québec :


Le gombo est le plat louisianais typique. Composé de plusieurs ingrédients et influencé par multiples traditions, le gombo est le produit et le symbole de la culture métissée.
[...] Coréalisé par une légende musicale de la Nouvelle-Orléans, David Torkanowsky, Gombo met en lumière les talents de plusieurs musiciens fabuleux dont les guitaristes Roddie Romero, Shane Theriot, Rick Haworth et le multi-instrumentaliste Francis Covan. Un hommage à la culture métissée de Louisiane, Gombo est un voyage passionnant à travers l'univers d'un des plus brillants auteur-compositeurs d'Amérique du Nord.



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(1) Transcription de l’interview à l’émission Gravel le matin (01/11/2018) :

Au sujet de la vie en Louisiane, compte tenu du climat politique tendu :
Z.R. : ... On est obligé d’espérer. L’espoir c’est pas un cadeau du ciel. Il y a un engagement qui est pris. ... La démographie... la jeunesse dans ce pays-là prendra le dessus pour créer une vision plus claire et plus saine de la vie sur la planète. Entretemps, il faut juste tenir le cap. ... Je ne me lève pas le matin en disant aujourd’hui ce sera encore une galère, je me lève en disant y va se passer des choses positives, on va pouvoir remonter la pente.

A.G. : En même temps on voit que le discours de Trump fait des petits, on l’a vu au Brésil et en d’autres pays, ce qui fait que l’inquiétude grandit partout.
Z.R. : Y faut dénoncer ces choses-là. La parallèle le plus flagrant et qu’on agite tout le temps c’est l’Allemagne des années 30, et c’est arrivé parce que les gens ne se sont pas soulevés contre. Je pense que c’est Talleyrand qui a dit que la démocratie ne marche pas quand les bonnes gens ne font rien. C’est la responsabilité des citoyens de s’engager, de s’impliquer et de ne pas simplement se lamenter. C’est sûr qu’on est en proie à une peur aux États-Unis. Une peur causée par rapport à la vie tout simplement. Pour une famille moyenne c’est difficile financièrement. Donc dans mon pays, dans la Louisiane, on est complètement attaché au pétrole comme activité économique. On a beaucoup de réticence à imaginer un avenir où on peut se défaire des fossil fuels, mais on est obligés. Ce qui est encourageant c’est que les jeunes partout dans mon pays, ils ont une vision de la chose qui est beaucoup plus inspirante et beaucoup plus lucide que ma génération de «vieux cons».

À propos du maintien du français en Louisiane :
Z.R. : À chaque jour qu’on s’apprête à fermer le cercueil sur le cadavre de la culture franco-acadienne en Louisiane, le corps se lève et demande une autre bière. Ça fait 250 ans que ma famille est en Louisiane, on aurait pu être assimilés, oubliés, depuis un siècle déjà. On est toujours là. Y’a quelque chose dans cette culture qui refuse de mourir. Et malgré ce que dit Madame Bombardier, et je pense que c’est un point de vue très Québeco-centré [1], nous sommes 33 millions en Amérique du Nord à parler français, dont la plupart sont aux États-Unis, comme moi. Et y’a des cultures vivaces qui se battent parce que c’est sûr qu’on vit en milieu minoritaire. C’est un peu comme valser avec un gorille dans l’espoir qu’y nous marche pas sur les pieds. Mais on y arrive quand même. Je suis très très fier d’être bilingue. Je suis même obligé d’être trilingue parce que dans mon pays maintenant c’est l’espagnol qui est parlé le plus souvent.

A.G. : Chantez-vous en espagnol?
Z.R. : Je fais semblant. Je parle un excellent espagnol de restaurant. Mais je dirais que le français en Louisiane  va beaucoup mieux depuis une génération. Parce qu’il y a une confluence de plusieurs choses. D’abord, l’éducation commence à porter fruit, on a une minorité dans une génération qui est lettrée en français. On a aussi nos voisins américains qui ont découvert la valeur économique, pas seulement culturelle et sociale, de la langue française, et quand il s’agit de la piasse, et si on peut faire une piasse en parlant français, c’est là que les Américains font «ding! ça vaut quelque chose». Et nous nous sommes débarrassés de cette hantise et de ce mépris dont mes parents ont été victimes. Mes parents sont allés à l’école à 6 ans sans voir entendu parler anglais et se sont fait dire qu’il était défendu de parler français.

A.G. : Que pensent les jeunes [Louisianais] du Québec? Viennent-ils au Québec?
Z.R. : Que les jeunes viennent ou pas au Québec, on est très conscients de la famille francophone. En Louisiane nous enseignons encore. Aujourd’hui, on dépend de la francophonie pour enseigner à nos enfants. Nous n’avons pas suffisamment d’enseignants de langue française, pas comme langue seconde, ça on en a plein. Mais pour enseigner les sciences et les mathématiques en français ça prend un certain niveau de compétence, on est train d’en former. Mais pour le moment, nos enseignants nous viennent de l’Afrique, de la France, de l’Acadie et du Québec. Et donc, on a un visage multiple de la francophonie et nous sommes très très conscients que nous faisons partie d’une grande famille dont pour le moment on dépend – cette grande famille dysfonctionnelle qu’est la francophonie dont le cousin le plus important et le plus riche avec la plus grosse Cadillac est quand même le Québec. Ça fait qu’on aimerait bien embarquer dans la voiture.

A.G. : Donc on pourra entendre les chansons de votre album Gombo à l’Astral samedi soir...
Z.R. : Oui, mais aussi des classiques, sinon je risque de me faire lyncher...

Audiofil :

[1] Zachary a suivi le débat de chez lui en Louisiane. À l’émission Tout le monde en parle, la journalise Denise Bombardier a tenu des propos démontrant son ignorance (une fois de plus), elle qui se croit au-dessus de la mêlée de par sa «grande culture». Elle a, bien entendu, suscité de vives réactions chez les francophones hors Québec. Je la cite : «À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba, je suis allée encore au mois de janvier chez les Métis, on ne parle plus français.»
   Selon le recensement de 2016 de Statistique Canada, 42 505 personnes parlaient le français au Manitoba et plus de 2,7 millions de Canadiens étaient en mesure de soutenir une conversation en français à l’extérieur du Québec.
   «Je trouve ça un petit peu dommage de parler comme ça de la francophonie quand on ne la connaît pas, cette francophonie. Si Mme Bombardier voyait vraiment ce qui se passe en francophonie, je pense qu’elle serait pleine d’admiration pour ces francophones, ce travail qu’ils font au quotidien et cette conscience qu’ils ont de leur identité, leur langue et leur culture.» Denis Desgagné, président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques.

Les justifications de Denise Bombardier :

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