[...]
Si
j’ai digéré tout ce que je sais et ce que je suis, alors quand j'écris une
phrase, elle atteint directement votre cœur et votre esprit, et il n'y a pas de
mots grinçants qui ne conviennent pas, pas de mots qui ont peur.
[...]
Un
écrivain peut faire cela avec équanimité et clarté parce que ses os, son cœur
et ses muscles l'ont mangé et qu'il est prêt à affronter sa peur. En définitive,
un écrivain doit être prêt à s'asseoir au fond de la fosse, à s'engager à y
rester et à laisser tous les animaux sauvages s'approcher, même à les appeler, à
les affronter, à les noter et à ne pas s'enfuir.
~ Natalie
Goldberg (Wild Mind, Living the writer’s
life)
Le
haïku est la forme d’écriture la plus dépouillée. Pourtant, elle éveille
instantanément une image, un sentiment, une émotion, en dépit de l’économie de
mots. Ce genre poétique peut à la fois «pacifier» et «illuminer».
Issa (Kobayashi Yataro) 1763-1828
Sortant
du sommeil
après
de longs bâillements
les
amours du chat
Ce
monde imparfait
Mais
pourtant recouvert de
Cerisiers
en fleurs
Les
hommes encore
même
les épouvantails
ne
sont pas droits
Le
croissant de lune –
comme
courbé par le froid
tellement
intense
Lorsque
l'on vieillit
même
la longueur des jours
est
source de larmes
ISSA
HAÏKU
Traduction :
Joan Titus-Carmel
ISBN
: 2864321998
Éditeur
: Verdier (01/10/1992)
À
chaque fois que je lis les textes de l’écrivaine (française) Mireille Bergès, je ressens qu’elle «a gardé honnêtement son
expérience au fond de son coeur, qu’elle a digéré qui elle est : un être humain
avec des expériences humaines». Vision, humour, joie, nostalgie, tristesse, espoir,
toute une panoplie d’émotions et de sentiments étalés sans autocensure. Visitez
sa page, vous aimerez j’en suis certaine.
À
propos
Scribouilleuse
de petits textes que je partage ici pour me faire connaître. Certains ont déjà
été publiés, d'autres non. Tous sont protégés.
Le
8 novembre 2018
De
ces nuits où tout nous remonte à la gueule. Les erreurs. Les déceptions. Les
trahisons. Les échecs. Les choses moches. Uniquement les choses moches. Alors
on lit. On fume. On dévalise le frigo. On se remplit. Pour les chasser. Ne pas
leur laisser de place. Une heure. Deux heures…
Les
garces se faufilent. En douce. Au détour d’une lampe éteinte. On a beau enfouir
la tête sous l’oreiller, se lover sous la couette, se recroqueviller. Elles
sont là, ces idées tordues. Rallumer la lampe. Se lever. Marcher. Ouvrir la
fenêtre. Écouter les bruits de la nuit… Frissonner et se coucher à nouveau. Et
voilà que les sales souvenirs repartent à l’assaut. Quatre heures. Cinq heures…
De
ces nuits où plus rien ne vaut la peine. Ni les amis. Ni les plus proches ni
les plus chers. Pas même la vie. Six heures…
La
nuit meurt à petit feu. Une lueur s’infiltre dans la fente du volet. Les
oiseaux ne s’y trompent pas et rivalisent de trilles et vocalises. Se lever une
fois encore. Faire couler le café. Ouvrir grand la fenêtre et humer l’air du
jour. Et soudain, là, devant nous, le soleil jaillit et colorie l’herbe, les
arbres, les toits… Un éblouissement de matin nouveau.
Alors
les chagrins de la nuit sont effacés. Ce sera une belle journée.
M.B.
Essen'ciel
Illustration :
Aleutie (insomnie)
Bonheur
Le
22 novembre 2018
Il
y aurait le mauve, celui de l'encre de mes premiers mots
et
l'odeur de la craie hanterait ma mémoire.
Je
tournerais émue les pages fragiles
d'un
livre au papier jauni.
L'argent
de l'olivier scintillerait,
Là,
j'ai grandi, là, on m'a aimée.
Le
vert bouteille du chêne apparaîtrait, parfois,
Selon
les caprices du vent qui soulèvent la jupe de la tonnelle.
Par-dessus
nos têtes, le ciel, bleu saphir parlerait de l'Orient.
Changeante,
câline ou cruelle,
Outremer
ou turquoise,
La
Méditerranée bercerait nos sommeils,
Elle
nous embarquerait pour d'audacieux périples.
Il
y aurait des géraniums devant la fenêtre,
Des
pétunias et des bouquets de capucines,
Fuchsia,
framboise, incarnat,
Lilas,
parme, rose thé,
Des
couleurs qui chantent la gaieté.
Il
y aurait plus loin, tout au long du chemin,
Des
genêts bouton d'or
Au
parfum de miel entêtant.
Une
bougainvillée téméraire grimperait à l'assaut de la grille,
Abri
précaire mais rassurant,
Orangé
flamboyant
Sur
le gris de l'ennui.
Il
y aurait des tomates,
Des
fraises,
Quelques
poivrons,
Les
étals du marché
Quand
l'été se fait lourd.
Il
y aurait un chat bien sûr,
Yeux
mi-clos,
Vautré
en plein soleil
Et
je m'apaiserais à caresser son dos.
Il
y aurait les pins
Plus
loin sur la colline,
Émeraudes
penchées,
Bruissantes
de cigales.
Il
y aurait le noir corbeau de ses cheveux,
Le
bleu pâle de tes yeux,
Et
puis sa peau couleur brugnon que le soleil avive,
Le
rose de tes joues répondrait aux lauriers
Qui
bordent la restanque.
Oh
! vous, mes aimés!
Il
y aurait tout cela
Et
bien plus encore,
L'odeur
du pain perdu,
Celle
du lavandin,
Un
ami,
Un
amour,
Un
sourire...
Des
couleurs plein les mirettes
Pour
le feu d'artifice
Et
puis des coquelicots dans un champ de blé,
Pour
la simplicité,
Pour
le bonheur discret,
Pour
dire que j'existe
Et
que ...
J’aime
la vie!
M.B.
Rêves-Poussières
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