10 avril 2017

Les jours filent...

Oui, les jours filent et disparaissent pour toujours.
À chaque soir, on en soustrait un du total.

"L'espérance et le souvenir m'ont trompée tous les deux, sans que j'aie pu me corriger ni de me souvenir ni d'espérer." -- Anne Barratin, 1845-1911 
(Chemin faisant, Éd. Lemerre, Paris, 1894) 

Photo : © Yva Momatiuk / John Eastcott (au Montana).

Extraits de :  

Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines

Charles Bukowski
Traduction : Thierry Beauchamp
Éditions du Rocher 2008

Ces choses

Ces choses auxquelles nous apportons notre soutien
n'ont rien à voir avec nous,
et nous nous en occupons
par ennui par peur par avidité
par manque d'intelligence;
notre halo de lumière et notre bougie
sont minuscules,
si minuscules que nous le supportons pas,
nous nous débattons dans l'Idée
et perdons le Centre :
tout en cire mais sans la mèche,
et nous voyons des noms qui jadis signifièrent sagesse,
comme des panneaux indicateurs dans des villes fantômes,
et seules les tombes sont réelles.

Un poème

un poème est une ville remplie de rues et d'égouts
remplie de saints, de héros, de mendiants, de fous,
remplie de banalité et de bibine,
remplie de pluie et de tonnerre
et de périodes de sécheresse, un poème est une ville en guerre,
un poème est une ville demandant à une horloge pourquoi,
un poème est une ville en feu,
un poème est une ville dans de sales draps
ses boutiques de barbier remplies d'ivrognes cyniques,
un poème est une ville où Dieu chevauche nu
à travers les rues comme Lady Godiva,
où les chiens aboient la nuit et chassent le drapeau ;
un poème est une ville de poètes,
la plupart d'entre eux interchangeables,
envieux et amers...
un poème est cette ville maintenant
à 80 kilomètres de nulle part,
à 9h09 du matin,
le goût de l'alcool et des cigarettes,
pas de police, pas de maîtresses, marchant dans les rues,
ce poème, cette ville, fermant ses portes,
barricadée, presque vide,
mélancolique sans larmes, vieillissante sans pitié,
les montagnes rocheuses,
l'océan comme une flamme lavande,
un lune dénuée de grandeur,
une petite musique venue de fenêtres brisée...

un poème est une ville, un poème est une nation,
un poème est le monde... 

et maintenant je colle ça sous verre
pour que l'éditeur fou l'examine de près,
et la nuit est ailleurs
et les dames grises indistinctes font la queue,
les chiens suivent les chiens vers l'estuaire,
les trompettes font pousser les gibets
tandis que de petits hommes enragent contre des choses
qu'ils n'arrivent pas à faire

~~~

The Days Run Away Like Wild Horses Over The Hill 

Charles Bukowski
Black Sparrow Press, 1969

“the worst men have the best jobs
the best men have the worst jobs
or are unemployed
or locked in madhouses.”

“well, we all have our sharks, I’m sure, and there’s only one way to get them off before they hack and nibble you to death stop feeding them; they will find other bait; you fattened them the last dozen times around now set them out to sea.”

“I am old when it is fashionable to be young; I cry when it is fashionable to laugh. I hated you when it would have taken less courage to love.”

“we are dying birds we are sinking ships the world rocks down against us and we throw out our arms and we throw out our legs like the death kiss of the centipede: but they kindly snap our backs and call our poison “politics.”

“we are like roses that have never bothered to bloom when we should have bloomed and it is as if the sun has become disgusted with waiting it is as if the sun were a mind that has given up on us.”

~~~

“You have to die a few times before you can really live.” 

The laughing heart

your life is your life.
don’t let it be clubbed into dark
submission.
be on watch.
there are ways out.
there is light somewhere.
it may not be much light but
it beats the
darkness.
be on watch.
the gods will offer you
chances.
know them, take them.
you can’t beat death but
you can beat death in life,
sometimes.
and the more often you
learn to do it,
the more light there will
be.
your life is your life.
know it while you have
it.
you are marvelous.
the gods wait to delight
in
you.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire