@Twittakine – En voyant ce photoquote tellement «oh yes!», j’ai eu envie d’un à-côté. J’ai pensé à Krishnamurti, le maître-serrurier qui décadenassait portes et barrières. Cette question complétait le message d’hier – une entourloupette de mon subconscient assez comique.
Section Questions et réponses
36. Sur le sens de la vie (p. 287-288)
– Nous vivons, mais ne savons pas pourquoi. Pour un grand nombre d’entre nous, la vie n’a aucun sens. Pouvez-vous nous dire la raison d’être et le but de nos vies?
– Pourquoi me posez-vous cette question? Pourquoi me demandez-vous de vous dire quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que nous appelons vivre? La vie a-t-elle un sens? Un but? Vivre, n’est-ce pas son propre but et son propre sens? Pourquoi voulons-nous plus? Parce que nous sommes si mécontents de nos vies, elles sont si vides, si vulgaires, si monotones, avec l’infinie répétition des mêmes gestes, que nous voulons autre chose. Notre vie quotidienne est si insignifiante, assommante, intolérablement stupide, que nous disons : «il faut qu’elle ait un autre sens» et c’est pour cela que vous posez la question. Mais l’homme qui vit dans la richesse de la vie, qui voit les choses telles qu’elles sont, se contente de ce qu’il a; il n’est pas confus : il est clair et c’est pour cela qu’il ne demande pas quel est le but de la vie. Pour lui, le fait même de vivre est le commencement et la fin. Notre difficulté est que, notre vie étant vide, nous voulons lui trouver un but et lutter pour y parvenir. Un tel but dans la vie ne peut être qu’une expression de l’intellect, sans aucune réalité. Un but poursuivi par un esprit stupide et un cœur vide, sera vide. Ainsi vous vous demandez comment enrichir vos vies (intérieurement, non pas d’argent, j’entends bien) : cela n’a pourtant rien de mystérieux. Lorsque vous dites que le but de la vie est d’être heureux, ou de trouver Dieu, ce désir de trouver Dieu n’est qu’une fuite devant la vie et votre Dieu n’est qu’une chose appartenant au connu. Vous ne pouvez vous acheminer que vers un objet que vous connaissez; si vous construisez un escalier vers ce que vous appelez Dieu, ce n’est certainement pas Dieu. La vérité est comprise en vivant, non en s’évadant de la vie. Lorsque vous cherchez un but à la vie, vous vous évadez, vous n’êtes pas en train de la comprendre. La vie est relations, la vie est action en relation; mais lorsque je ne comprends pas mon monde de relations ou lorsque celles-ci sont confuses, je cherche un «sens» à ma vie en me demandant pourquoi elle est vide. Pourquoi sommes-nous si seuls, si frustrés? Parce que nous n’avons jamais regardé en nous-mêmes pour nous comprendre. Nous ne voulons pas nous avouer que cette vie est tout ce que nous connaissons, et que nous devrions, par conséquent, la comprendre pleinement et complètement. Nous préférons nous fuir nous-mêmes et c’est pour cela que nous cherchons le but de la vie loin de nos relations. Si nous commençons à comprendre l’action – c’est-à-dire nos relations avec les personnes, les possessions, les croyances et les idées – nous voyons que la relation elle-même est sa propre récompense. Vous n’avez nul besoin de chercher, c’est comme chercher l’amour. Pouvez-vous le trouver en le cherchant? L’amour ne peut pas être cultivé. Vous ne le trouverez que dans le monde des relations, et c’est parce que nous n’avons pas d’amour que nous voulons un but dans la vie. Lorsque l’amour est là, qui est sa propre éternité, il n’y a pas la recherche de Dieu, parce que l’amour est Dieu.
C’est parce qu’elles sont si remplies de faits techniques et de superstitieuses litanies que nos vies sont vides; et c’est pour cela que nous cherchons un but en dehors de nous-mêmes. Pour trouver le but de la vie, nous devons passer par la porte de nous-mêmes; mais consciemment ou inconsciemment, nous évitons de voir les choses telles qu’elles sont, et voulons, par conséquent, que Dieu nous ouvre une porte située au-delà. Cette question sur le but de la vie n’est posée que par ceux qui n’aiment pas. L’amour ne peut être trouvé que dans l’action, laquelle est relation.
La première et la dernière liberté
Par Krishnamurti (1895-1986)
Traduction de Carlo Suares
Préface d’Aldous Huxley
Éditions Stock; 1954
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