8 octobre 2014

Aimeriez-vous être plus jeune?

L'article s'adresse plus particulièrement aux 50 +
 

Quand on a bien vécu, avoir été jeune une fois suffit
Par Regina Barrecca, Ph.D.* 

Je ne voudrais pas être plus jeune même si vous m’offriez une fortune. Beaucoup de mes collègues enseignants pensent la même chose.

Mais d’autres de nos amis dans la cinquantaine (qu’on dit au milieu de leur vie – midlife – connaissez-vous beaucoup de gens qui sont âgés de 100 ans?) souhaiteraient frénétiquement ravoir vingt ou trente ans. Mais nous, qui avons accompagné des étudiants de premier cycle et des cycles supérieurs, nous ne voulons pas du tout voyager en arrière dans le temps.

Ne vous méprenez pas : bien sûr, il y a des après-midi, quand j’étais dans la vingtaine, que j’aimerais revisiter régulièrement. … Et oui, aujourd’hui, mes étudiants profitent de certains avantages qui auraient pu me rendre la vie plus facile – un large éventail de modèles, une culture qui tente au moins de reconnaître que la diversité est une force, les progrès technologiques et scientifiques, la régulation des naissances et Tab remplacé par Coke diète.

Croyez-moi, ça ne me dérangerait pas de me lever fraîche comme une rose avec l’esprit alerte après avoir fait la fête (plutôt que d'avoir besoin de dormir pendant trois jours pour récupérer). Mais, revivre l'ensemble du package deal? Vous plaisantez?

Être adorable et énergique serait fantastique, par contre être constamment dans l’anxiété par crainte de ne jamais trouver un emploi, un partenaire, une place dans le monde, ou un appartement que je n’aurais pas à partager avec six autres locataires? Certainement pas. Croire que le monde s’ouvre à moi serait formidable, mais vivre avec la peur d’aboutir en périphérie ou de finir en paria? Non merci. Me demander si je trouverai un travail significatif pour moi, ou au moins utile aux autres? Hors de question. Ne pas savoir quelle profession choisir ou quel prétendant aimer – ne pas savoir si je pourrai me fier à ma boussole intérieure pour me conduire à bon port, ou m’indiquer mon nord personnel? Non.

Possible qu’une fois dans la cinquantaine ou la soixantaine, nous soyons encore hantés par ces démons, mais au moins nous les connaissons.

Voici un autre quasi-secret : quand mes étudiants (actuels et anciens) me font part de leurs succès, c'est également un cadeau de célébrer avec eux sans réserve. C’est plus facile que ce ne l'était quand j’avais trente ans parce que la délimitation entre nous est plus claire : c'est à leur tour de publier un premier texte, d’accorder une première entrevue, de faire imprimer un premier livre. Étant donné que nous sommes de générations différentes, je peux maintenant leur dire «bravo!» sans arrière-pensée comme «j’aimerais bien que ce soit moi!» Bien sûr, tout n’est pas «champagne et marguerites» après la ménopause : chaque âge vient avec son propre bagage. Maintenant, je m'inquiète de choses qui horrifieraient les jeunes de vingt et trente ans.

Et à juste titre.

Donc, maintenant, je m’inquiète de savoir si le travail que j'ai accompli aura une valeur durable, si mes collègues devenus des amis le resteront après la retraite (la leur ou la mienne), si la profession elle-même offrira une chance aux plus talentueux et diligents de mes étudiants de donner leur meilleur.

Je ne souhaiterais pas avoir trente ans parce que je ne sais que trop bien ce que pensent les gens dans la trentaine. Ils pensent «oh dieu de miséricorde, j'ai trente ans, et qu'est-ce que je fais de ma vie?» Au moins, à cinquante ans, vous savez ce que vous faites de votre vie, même si vous ne l'aimez pas.

Mais je ne tiens pas à ravoir leur âge, et je ne veux surtout pas troquer le privilège de les fréquenter. Ils me rappellent que la jeunesse est quelque chose que je n’endurerai plus.

Et je me remémore quand on a bien vécu, avoir été jeune une fois suffit.

* Gina Barrecca est professeur de littérature anglaise (University of Connecticut) et auteur de It's Not That I'm Bitter: How I Learned to Stop Worrying About Visible Panty Lines et de Conquered the World.

http://www.psychologytoday.com  

------
Dans la même veine, mais plutôt pour les 60/70 ans :
You Know You’re Growing Old When
Fritz Coleman at a Senior Conference on Aging
http://biggeekdad.com/2014/09/know-growing-old/

Vraiment drôle! Si vous comprenez l’anglais, ça vaut les 15 minutes.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire