Il s'agit de la Saint-Valentin bien entendu...
Démantèlement de réseaux de pédophiles, fugues
d’adolescentes mineures séduites par de faux princes charmants (des
proxénètes), traite d’humains à des fins de prostitution, et quoi encore.
À l’image du procès cul-de-sac de Jian Ghomeshi.
Il est
vrai qu’il y a des femmes qui ne comprennent pas le point : agression et soumission
ne sont pas synonymes d’amour.
Résumé : l’ex-animateur de l'émission culturelle Q à la radio de CBC, Jian Ghomeshi, est accusé
d'avoir vaincu la résistance de ses victimes par l'étouffement pendant des
relations sexuelles à caractère BDSM. Malheureusement, la tournure du
procès risque de discréditer toutes les poursuites pour brutalité sexuelle –
les femmes doivent être nickel depuis le berceau. L’accusé a choisi une avocate particulièrement
féroce.
Pourquoi les avocats de la couronne n’attaquent-ils pas de front les
pratiques déviantes de l’accusé? La façon dont il a sans doute
utilisé son prestige pour manipuler les victimes, comme l’avait mentionné une
employée (non-victime) de CBC?
Caligula disait cyniquement à chaque fois qu’il
embrassait la nuque de son épouse ou d’une concubine : «cette si jolie nuque sera
tranchée dès que j’en donnerai l’ordre!»
Le rappeur québécois Koriass, de passage à Tout le monde en parle, m’a émue et bouleversée.
Y’a encore de très bon gars, et brillants de surcroît! Ça me réconcilie avec
l'espèce humaine.
Son dernier album : http://www.koriass.com/
Voici un de ces textes, publié sur Urbania.
Natural
Born Féministe
Par Koriass
Je connais une fille qui s’est fait violer.
En fait, c’était sa première relation sexuelle,
elle avait autour des 17 ans.
Le gars, lui, avait 27 ans.
Elle faisait du cirque au Club Med où elle allait
en vacances avec sa famille, le gars c’était son instructeur.
Ils flirtaient un peu pendant leurs sessions, elle
le trouvait de son goût, lui aussi. Un soir, il lui a donné rendez-vous dans la
salle d’entrainement. Intriguée et excitée à l’idée que le garçon lui demande
d’aller le voir en privé, elle est allée le rejoindre. Dès qu’elle est entrée
dans le local, l’instructeur a fermé les lumières et a brusquement mis son sexe
dans sa bouche. Il a ensuite descendue sa culotte et il l’a pénétrée debout,
elle avait mal. Elle ne voulait pas. Elle ne disait rien.
Il a continué.
Elle
subissait tout ça en silence, sans collaborer ou montrer du plaisir, elle
continuait de subir par peur d’avoir l’air idiote, de le décevoir.
Quand
ça s’est terminé et qu’il a ouvert la lumière, il y avait une flaque de sang
par terre. Le premier réflexe de l’instructeur était de lui dire de n’en parler
à personne, surtout pas à sa blonde. Pas de la réconforter ou de lui demander
si ça va. Je suis le seul homme à qui elle l’a dit à ce jour. Elle est dans la
mi-trentaine aujourd’hui.
Mon
amie se sent encore coupable, presque 20 ans après l’évènement. Elle a encore
du mal à se mettre dans la tête que ce n’est pas de sa faute, que c’était la
responsabilité du gars d’être sûr qu’elle était à l’aise à 100% avant de
prendre son pied. Que c’était bel et bien un viol, parce qu’il y avait un parti
non-consentant. Elle se dit encore que c’est de sa faute, qu’elle n’aurait
jamais dû y aller, qu’elle n’aurait jamais dû montrer de l’intérêt au départ,
qu’elle l’a cherché finalement.
Je sais
que je raconte l’histoire de milliers de filles en ce moment qui ont vécu ça et
qui en subissent encore les effets à long terme. Et qui croient que c’est de
leur faute.
Et je
sais que beaucoup de gars lisent ça en se disant que mon amie a raison de dire
que c’est de sa faute, parce que c’est pas du viol finalement, elle l’a
cherché, qu’est-ce qu’elle faisait là si elle voulait pas baiser?
Je
sais, parce que sincèrement, en entendant cette histoire il y a 5 ans, je
n’étais pas sûr si c’était vraiment du viol.
D’aussi
loin que je me souvenais, une femme qui se fait violer, ça court et ça crie
pour sa vie, ça se fait déchirer son linge et ça se fait frapper sur la yeule
avant de se faire baiser violemment contre son gré dans un parking sous-terrain
après les heures de fermeture. C’est violent, dégueulasse, fait dans le noir,
en vitesse, par un inconnu lugubre qui sort de nulle part.
Cette
histoire m’a un peu ouvert les yeux sur ce qu’est vraiment le viol. Ça m’a
poussé à sortir de la boite de mes certitudes un peu.
J’ai
grandi avec Piment Fort, les jokes sur les différences homme-femme de Peter
Macleod, les skits sexuels d’albums de gangsta rap, le soft porn de Bleu Nuit,
le hardcore porn pas débrouillé du Canal Indigo aux postes 51 à 63 (j’avais une
télé dans ma chambre, je me couchais tard), l’idée générale qu’une femme c’est
à la maison et qu’un homme ça travaille, et mon oncle Richard qui m’a donné ce
bon conseil de relation de couple quand j’avais 7 ans: «quand tu vas choisir ta
femme, faut qu’elle soit belle et cochonne.» True story.
Étrangement,
au primaire, ma meilleure amie était une fille, Jade. Au secondaire, j’aimais
mieux faire rire les filles que les draguer. Ma première job? Je travaillais
avec 8 filles, aucun gars. J’étais ami avec mes collègues. Ma première
expérience sexuelle à 14 ans était un désastre, j’ai attendu à ma première
vraie blonde pour faire l’amour, à 18 ans. C’était sa première fois aussi,
c’était bien.
J’ai
grandi en étant programmé pour être un esti de salaud. Pour cultiver et
engendrer ce comportement de dominance face à la femme, cette position
d’autorité face au sexe féminin, qui sont perpétrés dans nos valeurs de société
fondamentales, ancrés dans notre mode de vie et même dans notre humour.
Mais je
n’ai jamais été comme ça. Parce que je suis gai? Pantoute. Les filles, je
voulais les voir nues et dans mon lit comme n’importe qui d’autre. J’aimais
tirer des cheveux et taper des fesses comme n’importe quel autre jeune homme
sexué qui a regardé beaucoup trop de porno. Parce que je suis trop gêné? Non
plus, j’avais un tas d’amies filles, avec qui j’échangeais librement sur plein
de sujets, à qui je me confiais et qui me le rendaient.
J’ai
réalisé pourquoi je n’ai jamais été comme ça.
Parce
que j’ai toujours vu les filles comme mes égales.
Je vois
naturellement les femmes et les hommes comme étant égaux depuis mon enfance. Je
fais mon coming out: je suis un Natural Born Féministe.
Je vais
me faire pitcher des roches en disant que je suis féministe. Parce que le mot
«féministe» aujourd’hui, c’est péjoratif. Ce qu’on voit en l’entendant c’est
des femmes moches frustrées qui brûlent leur soutien-gorge ou le FEMEN qui
brise des vitrines et smash des chars de la F1. Des femmes qui voient tous les
hommes comme des violeurs, des salauds, des éjaculateurs chroniques.
Mais le
féminisme, et je cite la définition, c’est «un ensemble de mouvements et
d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun :
définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle,
personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes.»
Donc en
vérité, si t’es féministe, c’est juste que tu veux que la femme soit égale à
l’homme, dans toutes les sphères sociales.
Je peux
alors redire sans aucune honte que je suis féministe.
Et
aujourd’hui, j’ai un peu honte d’être un homme. Parce qu’un certain humoriste
surnommé Le Gros Cave (ce qu’il n’est pas du tout) a fait une blague un peu
maladroite sur les femmes, et que des hommes se sont manifestés, beaucoup, de
façon violente et dégradante, accusant des femmes de féminisme extrémiste,
d’être des salopes frustrées, parce qu’elles s’opposaient à la blague en
parlant de culture du viol. Niant cette dernière, ne cherchant pas du tout à
connaitre la définition exacte de cette expression devenue une joke pour
plusieurs, croyant que c’est un terme utilisé pour parler de tous les hommes
qui osent aborder une femme en les traitant systématiquement de violeurs.
Là est
le problème. Cette absence de profondeur. Ne pas avoir envie de se forcer 2
secondes pour comprendre ce que c’est vraiment la culture du viol.
Que
c’est réellement de vouloir abolir la culpabilité chez les victimes, existant à
cause de l’ultime position de supériorité sexuelle de l’homme et la servitude
naturellement imposée à la femme, toutes deux présentes dans les certitudes
rétrogrades sur les relations homme-femme. La femme se met belle? C’est
INÉVITABLEMENT pour plaire à l’homme. Elle danse de façon suggestive? Elle
cherche ABSOLUMENT à se faire fourrer.
Cette
illusion est créée par la façon dont la nature est faite, le mâle pénètre la
femelle, il est par dessus elle, la domine pour mieux l’ensemencer, la vole aux
autres mâles pour se reproduire et assurer sa propre survie. On est
naturellement dominants, elles sont naturellement asservies.
Mais la
différence, c’est qu’on est des humains. Des humains qui ont évolué, et qui ont
des nuances EN TABARNAK comparé aux autres animaux au niveau social.
Je peux
alors redire sans aucune honte que je suis féministe.
Mon
amie qui s’est fait violer aussi est féministe. Elle milite dans ses actions et
ses paroles en faveur du féminisme. Mais elle a encore du mal à avouer que le
gars qui a profité d’elle était dans le tort. Elle croit encore que c’est de sa
faute, qu’elle l’a cherché.
Et mon
amie, j’en suis tombé amoureux. J’ai maintenant deux enfants avec elle.
Deux
filles.
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