Bonjour!
Profil (de face) :
Mon image, c’est toute ma vie. À un certain
moment, un voleur m’a cachée sous son lit pendant deux ans. De retour chez moi,
un gamin m’a blessée au coude en me lançant un caillou. J’ai visité New York et
Tokyo. Un touriste russe m’a envoyée une tasse de thé en pleine figure, mais la
vitre blindée m’a protégée; car, étant donné ma fragilité, je vis désormais dans
un caisson que je ne quitte plus. Un logiciel de reconnaissance des émotions a évalué
mon énigmatique sourire : bonheur à 83 %, dédain à 9 %, peur à 6 %, colère à 2
%, neutralité à 1 %, étonnement à 0 %. Sourire fixé, analysé, pour l’éternité,
comme un selfie.
Mais, j’en ai marre de faire tapisserie.
Alors j’ai décidé de revamper mon look, d’ajouter
une petite touche sexy. Tout le monde le fait sur Internet, pourquoi pas moi? Virtuelle
jusqu’au bout des ongles.
Si vous aimez mon selfie, envoyez-moi des «Like».
Rendez-vous dans mon smartphone!
Mona Lisa
(Source des éléments anecdotiques :
Wikipedia)
Image : Bruno Sousa (via Worth1000.com). J'ai vu beaucoup d'adaptations de La Joconde, mais celle-là sort de l'ordinaire.
~~~
En passant : si votre avatar Twitter /
Facebook est un authentique portrait de vous, pensez à mettre à jour ...au
moins aux 10 ans.
Au départ, l’intérêt des photos personnelles tenait
au lien affectif qui s’y rattachait – souvenirs d’événements marquants, bons
moments entre amis, etc. En général, les selfies servent le même but. Par
contre, je me demande comment on peut développer un lien affectif avec des centaines,
voire des milliers, d’«amis»? Hum. La surabondance donne parfois la nausée, un
peu comme le «séminaire gastronomique» du film La Grande Bouffe qui se termine par un suicide collectif – l’on
mange jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Certains adeptes défendent le selfie becs et
ongles, disant que le narcissisme n’a rien à y voir, et que c’est de la
psychologie de comptoir que de le prétendre.
Bon, je me fiche royalement qu’il s’agisse de
narcissisme ou non...
Ce qui me dérange c’est la facture environnementale
de ces activités, somme toute passablement égoïstes. La dope selfie coûte très
cher.
Les cartes de câblage web sous-marin font peur. Et
s’imaginer que cela n’a aucun effet sur la santé physique de la faune marine et
terrestre et la nôtre me semble très naïf (1). Sans parler de notre santé
psychologique.
On parle constamment des informations
disponibles «dans le nuage», mais ces données auxquelles on accède peu importe
où l'on se trouve ont besoin d'être logées physiquement quelque part. Avec
l'explosion de l'infonuagique vient le besoin grandissant de centres de données
pour les héberger. (La Sphère, ICI Radio Canada, Première, 25 avril 2015)
En effet,
la question revient souvent parce que le
web est un monstre énergivore sans équivalent. Internet coûte extrêmement
cher à la planète en énergies sales. Nos
communications magiques dévorent du charbon, du nucléaire et décapitent des
montagnes. Les structures matérielles de routage et de stockage courent
sous les océans, sous terre et dans les airs.
Le
documentaire Internet, la pollution
cachée (2014) m’a fait prendre conscience de cette réalité invisible. J’ai
eu un choc. C’est pitoyable. Il est impossible d’éliminer l’usage Internet car
on nous l’impose dans divers secteurs essentiels (services publics, bancaires,
gouvernementaux, etc.), mais pensons à tous les clicks futiles (je m’inclue
dans le lot de coupables).
Les
visiteurs qui me lisent régulièrement savent que je n’ai ni smartphone ni
tablette. On pourrait en conclure que je suis contre l’internet, mais ce n’est
pas le cas. Néanmoins, je déplore la pollution, l’esclavage et l’abrutissement
qu’entraînent les jouets électroniques dans leur sillage. (Extrait de «Le côté
sale du nuage», 30 avril 2015, L’art est dans tout)
Il suffirait pourtant d’être moins compulsif, plus
«conscient».
«Être
inconscient, c’est tout simplement ne pas savoir ce qu’on fait, c’est-à-dire
être incapable d’évaluer la portée de ses actes.» ~ Charlotte
Joko Beck
Via : site paixetdéveloppement.net
(1) Dans un rapport consacré à l’impact sanitaire
et environnemental des nanomatériaux, l’EEB (Bureau européen de l’environnement)
pointe du doigt l’absence d’information sur les volumes de production, la
nature des procédés et des nanomatériaux utilisés (sous couvert, notamment, du
secret industriel), les risques accrus d’exposition pour les êtres humains, et
de dispersion dans l’environnement, d’autant que l’on ne connaît pas les
risques potentiels que font peser, à moyen et long terme, chacun de ces
nanomatériaux.
Du fait
de leur nature chimique, mais aussi de leurs propriétés physiques (dimension,
surface, forme et structure), les nanoparticules se comportent de façons très
différentes, et peuvent, par inhalation, ingestion ou absorption au travers de
la peau ou des organes internes, traverser des barrières qui, d’ordinaire,
protègent nos organes de toute intrusion extérieure. Ainsi, certains
nanomatériaux seraient susceptibles de traverser la barrière placentaire, et
aller au contact des bébés avant même qu’ils ne soient nés, affirment les
rapporteurs.
De
nombreux nanomatériaux sont reconnus comme toxiques pour les tissus humains et
les cellules en culture. Ils induisent un stress oxydant, des inflammations à
la cytokine et la nécrose cellulaire. Contrairement aux particules plus larges,
les nanomatériaux peuvent être absorbés par les mitochondries et par le noyau
cellulaire. Des études ont démontré la possibilité pour les nanomatériaux de
causer des mutations de l’ADN et d’induire des changements majeurs à la
structure mitochondriale, pouvant conduire à la mort de la cellule. Les
nanoparticules peuvent être mortelles pour le cerveau des truites avec des
effets comparables à un empoisonnement au mercure.
Un projet
dit «Nanogenotox» coordonné par l’Afsset mais impliquant plusieurs pays
européens [...] étudie quatorze nanomatériaux
manufacturés (classés en trois groupes : dioxyde de titane, silice et nanotubes
de carbone choisis car déjà utilisés dans des produits tels que cosmétiques,
aliments, produits de consommation courante) du point de vue des risques
d’exposition (orale, cutanée, inhalée, avec test in vivo). Les nanoparticules
sont comme l’amiante dans les années 1960, une révolution dangereuse si elle
n’est pas encadrée. Même si les nanotechnologies sont censées économiser de la
matière en favorisant la miniaturisation ou la substitution, dans l’immense
majorité des cas, les applications conduisent à des usages dispersifs, en
incorporant des particules de métaux dans des produits sans espoir de
recyclage. Cela est particulièrement gênant pour des métaux comme le zinc, le
titane et l’argent. Les volumes en jeu ne sont pas anecdotiques. Par exemple,
la production de nano-argent représentait 500 tonnes en 2008, soit près de 3 %
de la production mondiale d’argent métal. (InternetActu.net)
Aussi :
http://www.paixetdeveloppement.net/monde-science-et-technologies-dangers-risques-technologiques-et-impasses/
Un court métrage (9 min.) en anglais : https://thoughtmaybe.com/who-pays-the-price/
Who Pays the Price?
Heather
White, Lynn Zhang; 2014
The Human Cost of Electronics is a short film that seeks to humanize the
largely hidden and anonymous global labor force that enables the ubiquitous
technoculture, documenting the harsh conditions in which electronics are made
and how this really impacts those people’s lives, and the environment. Toxic
chemicals, plastics, and sweat-shop working conditions all contribute to the
global machine that disseminates digital technologies, hidden in plain sight.
Through direct footage of factory workers, interviews with them and analysis of
the conditions, Who Pays the Price
asks the question of the viewer, calls to action to stop the exploitation and
toxification of people and the natural world.
Résumé :
La facture de la techno en vies humaines.
– Dans les manufactures chinoises les ouvriers souffrent de leucémie. Tous les
objets (smartphones, ordinateurs, jouets, chaussures, crayons, papeterie, etc.)
fabriqués en Chine (et ailleurs)
contiennent des composants chimiques hautement toxiques. Ces produits menacent
la santé des ouvriers, mais également celle des consommateurs. Plus de 200
millions de Chinois travaillent dans ces environnements pollués. Selon les
statistiques gouvernementales, une personne est empoisonnée à toutes les 5
heures, majoritairement par le benzène. Les experts affirment que ce nombre est
beaucoup plus élevé. En ce moment, nous n’avons aucune alternative; il faut en
réclamer auprès des grands fabricants. Un produit électronique sans benzène
coûterait aux consommateurs seulement 1 $ de plus.
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