15 février 2016

Je m’appelle Mona

Bonjour!

Profil (de face) :

Mon image, c’est toute ma vie. À un certain moment, un voleur m’a cachée sous son lit pendant deux ans. De retour chez moi, un gamin m’a blessée au coude en me lançant un caillou. J’ai visité New York et Tokyo. Un touriste russe m’a envoyée une tasse de thé en pleine figure, mais la vitre blindée m’a protégée; car, étant donné ma fragilité, je vis désormais dans un caisson que je ne quitte plus. Un logiciel de reconnaissance des émotions a évalué mon énigmatique sourire : bonheur à 83 %, dédain à 9 %, peur à 6 %, colère à 2 %, neutralité à 1 %, étonnement à 0 %. Sourire fixé, analysé, pour l’éternité, comme un selfie. 

Mais, j’en ai marre de faire tapisserie.

Alors j’ai décidé de revamper mon look, d’ajouter une petite touche sexy. Tout le monde le fait sur Internet, pourquoi pas moi? Virtuelle jusqu’au bout des ongles.

Si vous aimez mon selfie, envoyez-moi des «Like».

Rendez-vous dans mon smartphone! 

   Mona Lisa  

(Source des éléments anecdotiques : Wikipedia)


Image : Bruno Sousa (via Worth1000.com). J'ai vu beaucoup d'adaptations de La Joconde, mais celle-là sort de l'ordinaire.

~~~

En passant : si votre avatar Twitter / Facebook est un authentique portrait de vous, pensez à mettre à jour ...au moins aux 10 ans.

Au départ, l’intérêt des photos personnelles tenait au lien affectif qui s’y rattachait – souvenirs d’événements marquants, bons moments entre amis, etc. En général, les selfies servent le même but. Par contre, je me demande comment on peut développer un lien affectif avec des centaines, voire des milliers, d’«amis»? Hum. La surabondance donne parfois la nausée, un peu comme le «séminaire gastronomique» du film La Grande Bouffe qui se termine par un suicide collectif – l’on mange jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Certains adeptes défendent le selfie becs et ongles, disant que le narcissisme n’a rien à y voir, et que c’est de la psychologie de comptoir que de le prétendre.

Bon, je me fiche royalement qu’il s’agisse de narcissisme ou non...

Ce qui me dérange c’est la facture environnementale de ces activités, somme toute passablement égoïstes. La dope selfie coûte très cher.

Les cartes de câblage web sous-marin font peur. Et s’imaginer que cela n’a aucun effet sur la santé physique de la faune marine et terrestre et la nôtre me semble très naïf (1). Sans parler de notre santé psychologique. 
   On parle constamment des informations disponibles «dans le nuage», mais ces données auxquelles on accède peu importe où l'on se trouve ont besoin d'être logées physiquement quelque part. Avec l'explosion de l'infonuagique vient le besoin grandissant de centres de données pour les héberger. (La Sphère, ICI Radio Canada, Première, 25 avril 2015) 
   En effet, la question revient souvent parce que le web est un monstre énergivore sans équivalent. Internet coûte extrêmement cher à la planète en énergies sales. Nos communications magiques dévorent du charbon, du nucléaire et décapitent des montagnes. Les structures matérielles de routage et de stockage courent sous les océans, sous terre et dans les airs. 
   Le documentaire Internet, la pollution cachée (2014) m’a fait prendre conscience de cette réalité invisible. J’ai eu un choc. C’est pitoyable. Il est impossible d’éliminer l’usage Internet car on nous l’impose dans divers secteurs essentiels (services publics, bancaires, gouvernementaux, etc.), mais pensons à tous les clicks futiles (je m’inclue dans le lot de coupables). 
   Les visiteurs qui me lisent régulièrement savent que je n’ai ni smartphone ni tablette. On pourrait en conclure que je suis contre l’internet, mais ce n’est pas le cas. Néanmoins, je déplore la pollution, l’esclavage et l’abrutissement qu’entraînent les jouets électroniques dans leur sillage. (Extrait de «Le côté sale du nuage», 30 avril 2015, L’art est dans tout)

Il suffirait pourtant d’être moins compulsif, plus «conscient».

«Être inconscient, c’est tout simplement ne pas savoir ce qu’on fait, c’est-à-dire être incapable d’évaluer la portée de ses actes.» ~ Charlotte Joko Beck


Via :  site paixetdéveloppement.net  

(1) Dans un rapport consacré à l’impact sanitaire et environnemental des nanomatériaux, l’EEB (Bureau européen de l’environnement) pointe du doigt l’absence d’information sur les volumes de production, la nature des procédés et des nanomatériaux utilisés (sous couvert, notamment, du secret industriel), les risques accrus d’exposition pour les êtres humains, et de dispersion dans l’environnement, d’autant que l’on ne connaît pas les risques potentiels que font peser, à moyen et long terme, chacun de ces nanomatériaux. 
   Du fait de leur nature chimique, mais aussi de leurs propriétés physiques (dimension, surface, forme et structure), les nanoparticules se comportent de façons très différentes, et peuvent, par inhalation, ingestion ou absorption au travers de la peau ou des organes internes, traverser des barrières qui, d’ordinaire, protègent nos organes de toute intrusion extérieure. Ainsi, certains nanomatériaux seraient susceptibles de traverser la barrière placentaire, et aller au contact des bébés avant même qu’ils ne soient nés, affirment les rapporteurs. 
   De nombreux nanomatériaux sont reconnus comme toxiques pour les tissus humains et les cellules en culture. Ils induisent un stress oxydant, des inflammations à la cytokine et la nécrose cellulaire. Contrairement aux particules plus larges, les nanomatériaux peuvent être absorbés par les mitochondries et par le noyau cellulaire. Des études ont démontré la possibilité pour les nanomatériaux de causer des mutations de l’ADN et d’induire des changements majeurs à la structure mitochondriale, pouvant conduire à la mort de la cellule. Les nanoparticules peuvent être mortelles pour le cerveau des truites avec des effets comparables à un empoisonnement au mercure. 
   Un projet dit «Nanogenotox» coordonné par l’Afsset mais impliquant plusieurs pays européens [...] étudie quatorze nanomatériaux manufacturés (classés en trois groupes : dioxyde de titane, silice et nanotubes de carbone choisis car déjà utilisés dans des produits tels que cosmétiques, aliments, produits de consommation courante) du point de vue des risques d’exposition (orale, cutanée, inhalée, avec test in vivo). Les nanoparticules sont comme l’amiante dans les années 1960, une révolution dangereuse si elle n’est pas encadrée. Même si les nanotechnologies sont censées économiser de la matière en favorisant la miniaturisation ou la substitution, dans l’immense majorité des cas, les applications conduisent à des usages dispersifs, en incorporant des particules de métaux dans des produits sans espoir de recyclage. Cela est particulièrement gênant pour des métaux comme le zinc, le titane et l’argent. Les volumes en jeu ne sont pas anecdotiques. Par exemple, la production de nano-argent représentait 500 tonnes en 2008, soit près de 3 % de la production mondiale d’argent métal. (InternetActu.net)

Aussi :
http://www.paixetdeveloppement.net/monde-science-et-technologies-dangers-risques-technologiques-et-impasses/

Un court métrage (9 min.) en anglais : https://thoughtmaybe.com/who-pays-the-price/

Who Pays the Price?
Heather White, Lynn Zhang; 2014

The Human Cost of Electronics is a short film that seeks to humanize the largely hidden and anonymous global labor force that enables the ubiquitous technoculture, documenting the harsh conditions in which electronics are made and how this really impacts those people’s lives, and the environment. Toxic chemicals, plastics, and sweat-shop working conditions all contribute to the global machine that disseminates digital technologies, hidden in plain sight. Through direct footage of factory workers, interviews with them and analysis of the conditions, Who Pays the Price asks the question of the viewer, calls to action to stop the exploitation and toxification of people and the natural world.

Résumé : La facture de la techno en vies humaines. – Dans les manufactures chinoises les ouvriers souffrent de leucémie. Tous les objets (smartphones, ordinateurs, jouets, chaussures, crayons, papeterie, etc.) fabriqués en Chine  (et ailleurs) contiennent des composants chimiques hautement toxiques. Ces produits menacent la santé des ouvriers, mais également celle des consommateurs. Plus de 200 millions de Chinois travaillent dans ces environnements pollués. Selon les statistiques gouvernementales, une personne est empoisonnée à toutes les 5 heures, majoritairement par le benzène. Les experts affirment que ce nombre est beaucoup plus élevé. En ce moment, nous n’avons aucune alternative; il faut en réclamer auprès des grands fabricants. Un produit électronique sans benzène coûterait aux consommateurs seulement 1 $ de plus.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire