1 septembre 2013

Étiquette et politesse


J’ai noté, tel que le mentionne Susanna Howard dans l’article précédent, que les personnes atteintes de déficience cognitive, perdent en effet presque tous leurs filtres de bienséance élémentaire.

C’est frappant chez les personnes âgées, même si elles ne sont atteintes que de sénilité. Aucune contrainte comportementale. Retour à la petite enfance, non seulement parce qu’elles portent des couches, mais parce qu’elles disent tout haut ce qui leur passe par la tête; gentil ou méchant, elles ne font plus de différence. Ça peut parfois être gênant. Et si tout le monde se comportait de cette façon, nous aurions certainement encore plus de problèmes interrelationnels. Dire tout ce qu’on pense n’est pas toujours heureux…

L’autre jour, ma mère me disait à quel point elle était satisfaite des services de la pédicure. Puis elle ajoutait : «Oh, elle est tellement grosse, tellement énorme, je me demande comment elle peut faire ce travail. C’est terrible.» Je lui ai répondu : «J’espère que tu ne lui as pas dit ça?!» «Non, mais je lui ai demandé pourquoi elle était si grosse. Tu sais, il y a des gens qui sont gros parce qu’ils sont malades…» Gulp! 
       Si par hasard elle n’aime pas certains éléments de son repas, elle les balance à la poubelle – par chance, elle vise encore assez juste. Je trouve que c’est plus désagréable que «rafraîchissant»; il faut l’avoir connue autrefois pour apprécier la différence

Selon moi, la vraie politesse vient du cœur. On dit que la politesse est gentillesse artificielle. Peut-être que c’est la gentillesse qui est politesse naturelle. La politesse nous rend attentif, à la fois pour faire plaisir aux autres et éviter de les offenser. C’est un code social entre humains qui sert à exprimer extérieurement amitié et respect.

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Voici un extrait d’un guide vintage au sujet de la politesse.  

La capacité de garder le silence est un pré-requis pour tous ceux qui veulent briller, ou même plaire par leur conversation; et ceux qui ne peuvent pas garder le silence, n'ont vraiment rien dire. Ce silence qui, sans être déférent, écoute attentivement et poliment, est plus flatteur que les compliments et plus souvent rompu afin d'encourager les autres à prendre la parole qu'à afficher les réflexions de celui qui écoute. Voilà ce qu’est le silence éloquent. Il requiert beaucoup de génie – peut-être davantage que parler – et peu de gens ont ce talent...

La bonne humeur et la gaieté sans affectation, le désir sincère de faire plaisir et d'être apprécié, non motivé par un quelconque besoin de briller, sont des qualités que vous devez privilégier en société, si vous souhaitez converser. La sérénité et l’égalité d’humeur (cette attitude de l’esprit qui ne donne jamais dans l’exubérance ni ne sombre dans l’ennui mortel) qui se déplace élégamment du «grave au joyeux, du sérieux au serein», et de manière simple, font preuve de cœur, de sentiment et de générosité.

En société, l'objet de la conversation est bien sûr de se divertir et s’améliorer, et elle doit, par conséquent, s’adapter au cercle où elle a lieu; elle doit être à la hauteur du groupe dans son ensemble, ni trop légère ni trop profonde, afin que chacun puisse participer avec plaisir et au meilleur de sa capacité.

Vous ne devez pas dire toute la vérité, sauf à ceux qui ont le droit de la connaître. Mais tout ce que vous dites doit être vrai.

Les imbéciles se prétendent capables de prédire la tournure des choses, et l’on se moque de leurs conjectures maladroites. Les sages, conscients de l'incertitude des affaires humaines et après avoir observé à quel point une bagatelle peut souvent produire de grands changements, limitent leurs conjectures.

Donnez votre avis, modestement, mais librement; écoutez celui des autres avec candeur; et efforcez-vous de découvrir et de communiquer la vérité.

La fausse humilité est carrément plus insupportable que l’orgueil, tout comme l'hypocrisie est plus abominable que le libertinage. Veillez à ce que vos vertus soient authentiques, et restez toujours simples.

~ Arthur Martine
Handbook of Etiquette and Guide to True Politeness (1866)

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COMMENTAIRE

Nous avons perdu toute forme d’étiquette. Aujourd’hui, être authentique (vrai) c’est être vulgaire, hystérique, grossier, méchant, arrogant, etc., c’est cool. Et il faut hurler ses émotions en public… sans contrainte. On n’a qu’à s’asseoir dix minutes à une terrasse pour y goûter. Il faudra sans doute trouver une manière d'enseigner le respect tout court... ça s'apprend!

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