18 septembre 2013

Être différent a un prix, mais...

(J'ignore le nom du photographe - quel splendide cliché!)

Le manifeste pour une éducation différente d'Albert Jacquard est fort inspirant (article précédent), mais je me demande bien s'il se concrétisera un jour dans les institutions publiques.

Leo Babauta a osé sortir ses enfants de l'école. Ce n'est pas à la portée de tous, bien sûr, mais je trouve fantastique que certains parents passent à l'action. 

Assumer le fait d’être différent
Par Leo Babauta

J’ai eu mon lot de tracas parce que j’étais différent de la majorité. J'ai dû m'expliquer plus souvent qu’on ne peut imaginer, et j'ai dû composer avec des gens qui m’évitaient à cause de ma différence.

Pourtant, malgré les tracas et l'isolement, je ne souhaite pas renoncer à ma différence. Si j’étais comme tout le monde, je serais moins authentique.

Comment suis-je différent ? En voici quelques exemples :
- je suis végétalien
- mes enfants ne vont pas à l’école publique (unschooling)
- je suis minimaliste (je porte les mêmes vêtements encore et encore, j’en ai très peu)
- ma famille et moi n’avons pas de voiture
- je ne mange plus de sucre ni farine ni fritures
- je médite
- je n'ai pas de «vrai» travail (personne ne semble comprendre ce que fait un blogueur)
- je vis presque sans buts
- je ne mange pas de fast-food
- je n'ai pas de dettes, ni de maison (et je ne prévoie pas en acheter une bientôt)

Je ne dis pas ça pour me vanter – rien de tout cela ne me rend meilleur que quiconque, je ne suis pas non plus le premier à le faire. Ces choses font partie de ce que je suis – et en fait, je suis différent dans bien d’autres domaines moins visibles.

Et, je suis pareil à la plupart des gens de bien des façons : j’échoue, je souffre, j'ai peur, je me fâche, je suis timide, je doute de moi. Je suis humain et imparfait.

Mais les différences ressortent quand je socialise.

Conséquences sociales

Mes différences m'isolent, m’obligent à m’expliquer, et font en sorte que j’ai moins de choses en commun avec les autres.

Par exemple, quand je socialise :
- Si nous mangeons, je dois toujours expliquer mon option végétaliste. J'ai dois toujours répondre à des questions au sujet des protéines, de ce qui se passerait avec les animaux si l’on ne s’en occupait pas (avant de l’abattage), au sujet du soja qui n’est peut-être pas bon pour moi, et ainsi de suite. Le végétalisme devient le point central de la conversation. Et je me sens un peu bizarre parce que je ne mange pas comme tout le monde.
- Si tout le monde est en train de manger du fast-food ou des desserts, je m'abstiens. Ils semblent aimer ça, mais je ne peux pas être d’accord, donc je ne suis pas de la partie.
- Être différent fait en sorte que certaines personnes ne savent pas de quoi parler, parce que les sujets habituels ne s'appliquent pas à moi. C’est plus difficile pour eux de se lier.
- Les gens sont sur la défensive à propos mes différences – puisque j’ai sorti mes enfants de l’école, ils peuvent avoir l’impression d’être de mauvais parents si leurs enfants y vont, et comme pour le végétalisme, ils essayent de défendre leurs choix.
- On me taquine, habituellement de façon cordiale (mais encore), parce que je mange de la nourriture de lapin (allez, tu aimeras sûrement ce délicieux morceau de viande – pas vraiment), ou parce que ma maison est vide.
- Les gens me jugent; s'ils ne jugent pas, ils me voient simplement comme différent.
- Parfois des membres de la famille sont réellement furieux parce que nous sommes différents, ou ils nous traitent de mauvais parents parce que nous sommes végétaliens et que nos enfants ne vont pas à l’école.
- Certaines personnes refusent de manger notre nourriture, ce qui signifie qu'ils sont moins susceptibles de nous visiter.
- Parfois, je n’ai pas envie de faire la bringue avec des gens qui vivent mal, qui se fichent de ce qu’ils font ou qui veulent juste s'enivrer ou se droguer. Ce ne sont pas de mauvaises personnes, mais ces choses-là ne m’amusent pas.

Ce n'est qu'un aperçu, mais vous comprenez l’idée. Ça vous est familier? Si vous êtes différent, vous sentez-vous rejeté par beaucoup de gens? Vous n'avez peut-être pas les mêmes différences que moi, mais vous pourriez trouver certains points communs dans ce qui suit.

Que faire? Voici quelques stratégies.

Comment faire face 

Le portrait ci-dessus est peut-être négatif. En réalité, ces défis incluent plusieurs aspects positifs, et il existe plusieurs façons d’y faire face :

1. Accueillez vos différences. Être différent est un peu difficile, mais ce n'est pas une mauvaise chose. Être différent fait de vous ce que vous êtes. Cela signifie que vous avez l’audace de vivre votre propre vie, selon vos préférences, selon vos propres valeurs. Cela signifie que vous avez le courage de vous dégager de la tendance dominante. Cela signifie que vous êtes intéressant. Appropriez-vous ces différences, soyez-en reconnaissant. Soyez-en fier.

2. C’est une occasion d’apprendre. Je vis différemment pour plusieurs raisons. L’une d’entre elles est que je veux démontrer qu'il existe des alternatives, que nous ne sommes pas obligés d’être consuméristes, de nous soumettre au système, de soutenir l’agrobusiness, d’être malades, de confier l'éducation de nos enfants à d’autres (par exemple). Ainsi, quand on me questionne, même si ça peut être fastidieux à la longue, je suis heureux d’avoir l'occasion de renseigner, de partager, et d'explorer des avenues différentes avec les gens. En fait, j'adore parler de l’éducation hors de l’école (unschooling) même si les gens s’objectent. Je l’ai déjà fait moi-même, j'ai exploré et trouvé des solutions que j'aime partager. Ça peut être épuisant, mais c’est aussi merveilleux de voir quelqu’un de curieux. La curiosité est un don.

3. Apprenez à être bien avec vous-même. Vous pouvez être à un party, au milieu d'une foule de gens qui ne vous parlent pas, et pourtant vous sentir parfaitement bien. Vous ne vous sentirez pas seul si vous êtes bien avec vous-même. Mais il n'est pas nécessaire de vous isoler non plus – voyez le point suivant.

4. Soyez curieux. Même si vous êtes isolé à un party, rien ne vous empêche de socialiser. Par exemple, ce n’est pas parce que les gens sont  différents de vous que vous  n’avez rien de commun avec eux. Soyez curieux à leur sujet, et au lieu de penser «ils ne comprennent pas», réalisez que c’est peut-être vous qui ne comprenez pas. Apprenez à les connaître, voyez leur beauté, trouvez des choses que vous aimez, essayez de comprendre pourquoi ils vivent comme ils le font. Écoutez. Regardez.

5. Trouvez des amis qui comprennent. Nonobstant ce qui précède, il y a des gens qui vont accueillir vos différences et même penser que vous êtes génial à cause d’elles. Des végétaliens (par exemple), ou des individualistes convaincus que la marginalité c’est cool. Partagez mutuellement vos histoires, vous voudrez peut-être vous revoir. Et à travers cette exploration, vous pourriez rencontrer des gens fascinants et ouverts d’esprit avec qui partager.

6. La dérive des dénigreurs. J'aime ma famille et mes vieux amis qui ne comprennent pas mes différences. Mais s’ils se fâchent, m’attaquent et parlent constamment derrière mon dos, je n’ai pas envie de les fréquenter. Ils ont tendance à disparaître de ma vie parce qu’ils ne veulent pas vraiment avoir des discussions franches; conséquemment il est difficile d’être en relation.

7. Convertissez vos différences en avantages. Même s’il faut payer le prix des différences, en réalité, celles-ci comportent d'énormes avantages aussi. Être différent signifie sortir du moule, et c’est une bonne chose dans un monde où chacun essaie de s’y glisser. Vous êtes intéressant parce que vous êtes différent. Cela signifie que vous êtes moins restreint par votre besoin de confort, que vous êtes capable d'explorer de nouveaux terrains, et que vous n’avez pas peur des choses que vous ne connaissez pas. Cela signifie que vous apprenez plus que la plupart des gens. Ce sont d'immenses avantages que vous pouvez utiliser pour démarrer une entreprise, vous faire des amis et vivre la vie que vous voulez vivre.

Je ne prétends pas qu'être différent est facile. Mais, je ne voudrais pas vivre autrement.

Note de l’auteur :
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